Chapitre 1 : les théories béhavioristes de l’apprentissage Le béhaviorisme est un courant de pensée qui a largement dominé les recherches en psychologie, de la première guerre mondiale à la fin de la seconde. Selon cette approche, l’apprentissage est conçu essentiellement comme un processus de modification de comportement provoqué par les stimuli venant de l’environnement. Apprendre à répondre, de telle ou telle manière en présence de tels facteurs déclenchants constitue le point de départ de la conception béhavioriste. Le conditionnement est considéré comme un processus universel d’apprentissage. Essayant de comprendre comment les êtres vivants (animaux et humains) apprennent, ce courant vise les comportements observables de ces êtres plongés dans certaines situations bien définies. Plusieurs travaux ont vu le jour dès le début du siècle notamment du russe Ivan Pavlov et ceux des américains (Watson, Thorndike, Skinner…) La démarche behavioriste est intéressante car elle permet de sortir des incantations en matière de formation, de savoirs ou de compétences pour proposer des modes opératoires de la transmission Avant de passer à l’étude détaillée du courant et son influence sur le domaine de l’éducation, il serait peut-être peut-être utile d’expliciter un certain nombre de points et d’éclairer un certain nombre de notions concernant les types de conditionnement. I)
Types de conditionnement
On peut distinguer deux types de conditionnement ; le l e conditionnement classique et le conditionnement opérant a. Le conditionnement classique (ou répondant) :un réflexe naturel répond à un stimulus de l’environnement. Le schéma de base est le suivant :
Stimulus
Réponse
Ce modèle est illustré par l’expérience de I. Pavlov sur son chien. Un stimulus neutre (Sa) (qui ne provoque pas d’effet, une écuelle par exemple)associé à un stimulus qui provoque un effet (Sb) (un morceau de viande)provoque à lui seul, après conditionnement, conditionnement, l’effet l’effet observé, c'est-à-dire la salivation du chien (R). Il en conclut que le chien peut apprendre à saliver en entendant le son d’une cloche qui annonce l’heure du repas ou à la vue du réfrigérateur ou des photos agréables de plats. Avant le conditionnement : Sa n’implique pas R Pendant le conditionnement : Sa associé à Sb implique R
Sb implique R
Après le conditionnement : Sa implique R
Sb implique R
Certains de nos goûts ou de nos sensations résultent probablement de ce type de conditionnement. b. Le conditionnement opérant : dans ce cas, la réponse à un stimulus donné est renforcée. En fait, il s’agit d’un simple système de feed-back. feed-back. Ce processus est symbolisé par le schéma suivant : Stimulus
Réponse
Conséquence
A la différence de Pavlov, Skinner introduit la notion de renforcement pour que le processus se vérifie. Pour Pour lui, ce n’est plus le stimulus déclencheur déclencheur du comportement qui qui retient l’attention, mais les conséquences qui encouragent ou découragent sa reproduction. Deux modèles à distinguer : -
Renforcement positif : positif : c’est le cas où une récompense est associée à la réponse fournie à un stimulus. La réponse deviendra donc, de plus en plus probable. Exemple : la nourriture pour le rat, une bonne note pour l’élève. Renforcement négatif : dans ce cas une punition suit automatiquement la réponse non non voulue (choc électrique pour le rat, une mauvaise note note pour les élèves).
Ces effets ou conséquences détermineront alors le comportement à adopter : éviter les renforcements négatifs et augmenter la survenue des renforcements positifs. II)
la conception béhavioriste de l’apprentissage :
les béhavioristes ont mis l’accent uniquement sur les indicateurs externes et directement observables de l’apprentissage humain, puisque les processus internes(mentaux)ne peuvent être observés. Pour Skinner, enseigner consiste à organiser les contingentes de renforcement de façon à provoquer l’apprentissage. Les enseignants et le matériel d’enseignement sont les stimuli ; les habiletés que les élèves démontrent sont les réponses. Skinner n’est pas un militant de la pédagogie de découverte mais pour une pédagogie pédagogie programmée. Il affirme que tous les comportements prévus doivent être envisagés par l’enseignant, afin qu’il puisse prévoir les stimuli à produire pour obtenir des réponses correspondant aux attentes. Il tient pour idéal un apprentissage sans erreur. erreur. L’erreur risque de se fixer, a-ta-t-il il dit, il faut éviter l’erreur en programmant la réussite. La théorie béhavioriste repose sur trois paradigmes de base : Postulat 1 : les béhavioristes choisissent l'analyse des comportements observables afin de rester dans une démarche scientifique. C'est le concept de la "boîte noire". L'observateur ne s'intéresse qu'aux imputs et aux outputs. Postulat 2: On peut contrôler et donc prédire les connexions entre les stimulations externes ou internes (les stimuli) et les réponses. "Donnez-moi une douzaine d'enfants bien portants, bien conformés, et mon propre milieu spécifique pour les
élever, et je garantis de prendre chacun au hasard et d'en faire n'importe quel type de spécialiste existant : docteur, juriste, artiste, commerçant et même mendiant et voleur, sans tenir compte de ses talents, penchants, tendances, capacités, de sa vocation ni de la race de ses ancêtres" John Broadus Watson, l'ambition de l'aventure behavioriste était grande Postulat 3 : On peut décomposer les comportements en unités. Nous sommes là dans la démarche taylorienne où non seulement on peut décomposer un processus en tâches élémentaires mais encore des "spécialistes" peuvent et doivent construire une structuration optimale. En terme d’apprentissage Skinner a dressé huit phases essentielles1 : - Phase d’attention : l’apprenant sélectionne un ou plusieurs stimuli parmi un ensemble. - Phase de perception sélective : l’apprenant encode les items d’information sélectionnés et les stocke dans la mémoire à court terme. - Phase de répétition : l’apprenant maintient les données dans la mémoire à court terme, par répétition. - Phase de stockage : l’information l’information est alors stockée dans la mémoire à long terme, prête à servir au moment voulu(ce phénomène est appelé l’encodage sémantique). - Phase d’extraction : l’apprenant recherche et extrait l’information requise quand il en a besoin. - Phase d’organisation de la réponse : l’apprenant détermine et organise la réponse qu’il va donner en fonction de la performance positive à réaliser. - Phase de renforcement : l’apprenant réussit et la perception de cette réussite enclenche un renforcement positif : positif : l’apprenant souhaite continuer à apprendre. - Phase de contrôle de l’exécution : l’apprenant sélectionne et met en œuvre les stratégies cognitives appropriées à sa performance : il acquiert une méthode de travail. III)
L’influence du béhaviorisme en éducation :
L'approche béhavioriste a eu une grande influence en psychologie. Sa démarche expérimentale, fondée sur l'observation minutieuse des faits, a d'abord favorisé une plus grande objectivité dans l'étude des pratiques d'enseignement. C'est dans son prolongement pédagogique que l'on a conçu des outils pour l'évaluation en mathématiques, en lecture et en écriture : des grilles d'observation des comportements individuels, des comportements en groupes, etc. 1° l’approche par objectifs : l'une des influences sans doute les plus visibles du béhaviorisme a été de favoriser, dès la fin des années 50 aux Etats-Unis, l'élaboration de programmes d'études en fonction d'« objectifs d'apprentissage ». Cette approche consiste à définir pour chaque discipline des étapes et des seuils à accomplir par l'élève pour atteindre un but donné. Cette approche « par objectifs » a également favorisé les pratiques d'évaluation. On évalue un élève en fonction d'objectifs précis (« (« est capable d'effectuer une multiplication ») » ) et à l'aide de critères connus tant des élèves que des enseignants.
2°la pédagogie de maîtrise : Formulée par Benjamin S. Bloom,cette pédagogie propose un modèle néo-béhavioriste pour l’apprentissage l’apprentissage en classe . Elle consiste à présenter une matière (français, mathématiques, langue étrangère, etc.) par l'intermédiaire d'objectifs définis sous forme de comportements divisés en étapes d'apprentissage. Des tests diagnostiques sont administrés avant chaque étape. L'élève aborde donc une tâche nouvelle à un niveau où il peut réussir, parce qu'on est sûr qu'il maîtrise les étapes antérieures de l'apprentissage. Les tâches sont or ganisées dans un ordre séquentiel. Cette approche contient autant d’éléments néo-béhavioristes néo-béhavioristes ; la structuration de l’enseignement, la formulation d’objectifs, d’ objectifs, le rôle important que jouent le feed- back, indices, l’activité de l’étudiant l’étudiant et l’idée que chaque élève peut apprendre quasiment toute tâche si l’enseignement lui est adapté. Autrement dit, le béhaviorisme a été toujours et restera un sujet d’actualité même s’il n’est pas d’actualité. Il est interessant de garder à l’esprit l’épistémologie même du concept de modèle, il porte dans son essence les limites qu’on lui reproche. IV)
Remise en cause et affaiblissement du béhaviorisme :
Au cours du dernier quart du XX° siècle, la théorie béhavioriste tombe en discrédit à cause des critiques importantes portées par des théories cognitiviste et innéiste, qui ont pour objet principal : les problèmes du langage. La thèse innéiste stipule qu’il y a une part importante des activités mentales(internes) dans le processus d’apprentissage de l’individu. Les auteurs appartenant à cette tendance s’opposent au béhaviorisme par la faible importance qu’ils accordent aux facteurs d’environnement, et plus spécialement à l’apprentissage. Chomsky considère que la compétence linguistique est innée et universelle. L’idée du renforcement introduite par Skinner vise en particulier la vérification du processus S/R. Le sujet attend toujours un renforcement pour apprendre un telle ou telle habileté. Ce procédé pourra faire de l’homme l’homme une machine ou un automate qui attend des effets extérieurs pour progresser. Pour certains, le béhaviorisme manque de modèles ou de théories car il privilégie l’expérimentation ; il ne s’intéresse qu’à l’observable. D’autres lui reprochent reprochent de transposer à l’homme des expériences faites aux animaux en laboratoire. Certaines habiletés complexes telles la pensée critique et la créativité ne peuvent s’enseigner de la même façon que les savoirs, il faut prévoir pr évoir d’autres démarches que celles développées par les béhavioristes. En dépit de ces critiques acerbes , plusieurs méthodes thérapiques d’inspiration comportementales ont produit des résultats remarquables auprès des personnes en difficulté ou handicapé.