Thème 4 – La monnaie et le financement
Science Economique
Sous-thème 4.2 : Comment l’activité économique est-elle financée ?
Notions du référentiel : Autofinancement, financement direct/indirect, taux d’intérêt, risque de crédit.
Introduction – L’investissement, élément central de la croissance économique
Les entreprises ont besoin de capital pour produire. Le capital est un stock qui résulte des flux qui réalisés durant les périodes précédentes. Ces flux représentent l’investissement. On distingue :
l’investissement brut ou FBCF (Formation Brute de Capital Fixe) : la valeur des biens durables acquis pour être utilisés pendant au moins un an dans le processus de production
Cet investissement ne se traduit pas obligatoirement par une augmentation du potentiel productif de l’entreprise équivalente aux nouveaux investissements. En effet, une partie de ceux-ci servent à remplacer les machines usées ou obsolètes. Ces investissements dits de remplacement correspondent aux amortissements, puisqu’ils sont achetés grâce aux sommes mises de côté par l’entreprise pour faire face à ces renouvellements
l’investissement net ou FNCF désigne alors uniquement l’investissement nouveau permettant une augmentation du volume du capital technique de l’entreprise. Il exclut donc les amortissements
Cet investissement est alors indispensable aux entreprises pour résister à la concurrence. En effet, l’investissement permet d’atteindre deux formes de compétitivité :
Compétitivité-prix : les parts de marché augmentent grâce à des prix plus faibles Compétitivité-qualité : les parts de marché augmentent grâce à des produits de meilleure qualité
Le problème est alors de savoir comment financer cet investissement. Il faut donc étudier les différentes sources de financement.
I.
La distinction financement interne/externe A. Le financement interne
Le financement interne correspond à la situation où un agent économique finance l’achat de son capital par des ressources propres ; il y a donc autofinancement .
B. Besoin et capacité de financement Mais tous les agents ne peuvent investir à partir de leurs fonds propres. On distingue alors deux types d’agents :
Certains agents économiques dégagent durablement ou momentanément un revenu supérieur à leurs dépenses : ils disposent d’une capacité de financement à laquelle il recherche un emploi. d’autres agents économiques souhaitent dépenser plus que leur revenu : ils ont donc un besoin de financement.
Traditionnellement, on considère que les ménages ont une capacité structurelle de financement. Au contraire, structurellement et en particulier en période de crise, les administrations ont un besoin de financement qui s’est beaucoup creusé dans les années 90. La situation des entreprises est plus paradoxale : elles ont traditionnellement un besoin de financement, mais, entre 93 et 98, elles ont dégagé une capacité de financement.
C. Le financement externe Quand le financement interne se révèle insuffisant pour assure le développement d’une société dans un contexte très concurrentiel, l’entreprise est obligée de recourir à un financement externe : il faut alors mettre en relation les agents à capacité de financement et ceux à besoin de financement.
II.
Quelles sont les différentes modalités de financement externe ?
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Introduction - Financement direct – financement indirect
le financement indirect ou intermédié : correspond à l’intermédiation qui est la situation dans laquelle une institution financière collecte des ressources auprès de ceux qui ont des excédents au profit de ceux qui ont des déficits
le financement direct ou désintermédié : consiste en une mise en rapport direct de l’emprunteur ayant une capacité de financement et du prêteur ayant un besoin de financement.
A. Quels types d’actifs ?
Dans le financement intermédié, l’emprunt bancaire est une créance détenue par les agents (comptes bancaires, livrets) qui est différente de la dette des agents à déficit, et ce d’autant plus, qu’une partie de l’intermédiation correspond à la capacité des banques à créer de la monnaie , en accordant des crédits aux agents économiques sans collecte d’épargne préalable .
Dans le financement direct, la créance détenue par l’agent qui épargne est la contrepartie de la dette de celui qui emprunte. On distingue deux types d’actifs : L’obligation : c’est un titre de créance au rendement sûr mais limité. Acheter une obligation revient à acheter une part d'un emprunt émis par l'Etat, une entreprise ou un organisme public: c'est un titre de créance .L’ obligation a un rendement prédéterminé au moment de l'acquisition qui dépend du taux d’intérêt L’action est un titre de participation dans une société de capitaux, potentiellement très rentable mais toujours risqué. A cheter une action signifie acheter une part du capital social. L’actionnaire peut donc prendre, en théorie, part aux décisions et a droit à des dividendes.
Les deux différences principales entre action et obligation sont donc le rendement et le risque.
B. Comment mettre en relation agents à capacité de financement et à besoin de financement ? 1. Le financement intermédié (emprunts bancaires) La principale fonction des intermédiaires financiers va donc être de servir d’intermédiaires entre les agents ayant des besoins et des capacités de financement, c’est-à-dire de collecter l’épargne des agents ayant un excédent afin de financer les agents exprimant un besoin de financement.
2. Le financement de marché (actions et obligations)
La relation entre l’agent à capacité de financement et celui à besoin de financement s’opère sur un marché régulé par le prix (taux d’intérêt pour les obligations, cours pour l’action) : l’agent économique ayant un besoin de financement émet un titre (action , obligation , bons du Trésor ) qui est acquis par un agent disposant d’une capacité de financement .
Le marché financier est le marché où se négocient des titres. On distingue alors deux compartiments : le marché des actions, qui permet la négociation de titres de propriété des entreprises qui y sont cotées. le marché obligataire qui permet aux entreprises, aux institutions financières ou aux Etats d'emprunter des capitaux sur le moyen ou long terme.
On distingue aussi marché primaire et marché secondaire : Le marché primaire est celui des émissions de titres. Ce compartiment remplit une fonction de financement des entreprises. Le prix est appelé prix d’émission et est fixé par l’entreprise en fonction de ses objectifs de financement. Le marché secondaire ne concerne que l’échange des valeurs mobilières déjà émises. Par exemple, un épargnant ayant souscrit à une émission d’obligations d’Etat peut souhaiter
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revendre ce titre acheté à l’Etat ; c’est sur le marché secondaire qu’il pourra réaliser cette opération. Sur le marché secondaire, qui correspond au terme de « Bourse », l’émetteur n’intervient plus (sauf s’il souhaite racheter ses propres actions) .Le prix est appelé cours de la Bourse et il est déterminé par la confrontation entre l’offre et la demande. Ces cours peuvent alors s’écarter considérablement du cours d’émission fixé par l’émetteur de valeur mobilières (marché primaires).
Marché primaire et marché secondaire sont des marchés indissociables car un épargnant n’achètera des valeurs lors de leur émission que s’il dispose de la possibilité de s’en défaire à de bonnes conditions (sans perte) sur le marché secondaire. La bonne santé de la Bourse (cours à la hausse) est donc une condition pour attirer l’épargne vers ceux qui ont besoin de capitaux (marché primaire).
C. Quel coût (pour l’entreprise émettrice) /rémunération (pour l’acheteur) 1. Le taux d’intérêt pour les emprunts Les emprunts bancaires et les obligations sont des créances. Le coût est donc le taux d’intérêt Le taux d’intérêt est : le prix de l’argent que l’on n’a pas et que l’on emprunte pour une durée et selon des modalités déterminées. Inversement, c’est le prix de l’argent que l’on a et que l’on prête pour un certain temps.
Le taux d’intérêt mesure : la rentabilité pour le prêteur le coût pour l’emprunteur.
C’est le prix du temps : le prix que l’on est prêt à attendre avant de consommer ou investir. Est-on prêt à attendre pour consommer ? Ou bien préfère-t-on consommer ou investir tout de suite ? quand on prête, on renonce, pendant un certain temps, à consommer immédiatement et, plus largement, à avoir la libre disposition de son argent.
Plusieurs variables influencent la fixation du taux d’intérêt : Des variables macro-économiques qui affectent tous les emprunteurs de la même manière : la durée du prêt : en théorie, plus celle-ci est longue, plus le risque de nonremboursement s’accroît et plus les taux augmentent la conjoncture économique qui influence la politique de la Banque Centrale : celle-ci fixe le taux d’intérêt directeur qui détermine le taux d’intérêt des banques commerciales.
Des variables micro-économiques propres à l’emprunteur la qualité de l’emprunteur qui détermine sa solvabilité présumée. La qualité de l’emprunteur provient essentiellement de la confiance que le banquier lui accorde : plus le risque de non-remboursement augmente, plus la rémunération du capital prêté sera importante. Cela est également valable pour les États, qui ont à supporter des « primes de risques» fixées par les marchés en fonction de leur situation économique la destination de l’emprunt, selon la rentabilité présumable du secteur dans lequel l’entreprise investit
2. Le dividende pour les actions
Le dividende est un revenu de la propriété versé aux actionnaires (propriétaires) qui ont mis des capitaux à la disposition d'une société. Le dividende par action dépend de 2 variables : Des bénéfices de l’entreprise De la politique de l’entreprise, c’est-à-dire du partage des bénéfices entre bénéfices mis en réserve (épargnés) et bénéfices distribués sous formes de dividendes aux actionnaires
D. Les risques
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Pour le financement intermédié, le risque est le risque crédit : C’est le risque de perte sur une créance : un emprunteur qui ne paie pas sa dette à temps L'analyse traditionnelle distingue différents types de risques : le risque général (crise mondiale, guerre...), le risque professionnel (crise affectant une branche d'activité : agriculture, énergie, immobilier) et le risque de l'entreprise. Elle doit être complétée par l'apparition plus récente du risque né de l'endettement excessif de certains pays, appelé risque-pays ou risque souverain. La dette souveraine est l’ensemble des emprunts réalisés par un Etat : les crédits bancaires, les emprunts à d’autres Etats, et les titres émis par le Trésor public.
Pour le financement externe direct : les marchés financier , comme l’affirmait déjà Keynes au début des années 30 , ne sont pas rationnels . Les agents économiques adoptent des comportements moutonniers qui génèrent des anticipations auto réalisatrices à l’origine de l’apparition de bulles spéculatives. Celles-ci accroissent potentiellement le risque de crise financière , d’autant plus dommageable que les marchés financiers ne sont plus cloisonnés et réglementés ( risque de contamination successive, exemple de la crise des subprimes )
III.
La transformation du financement de l’économie A. La distinction économie d’endettement/ économie de marché
Hicks oppose ces deux grands modes de financement de l’économie.
1. Les caractéristiques d’une économie d’endettement Le financement externe indirect est majeur. On peut mettre en évidence 3 grandes caractéristiques d’une économie d’endettement : un endettement élevé des entreprises un contrôle très actif des marchés financiers par les pouvoirs publics dont les principales manifestations sont : le contrôle des changes qui vise à contrôler les mouvements de capitaux entre la France et l’étranger un encadrement du crédit, un contrôle des prix c’est-à-dire du taux d’intérêt une concurrence faible entre les intermédiaires financiers liée à l’intervention des pouvoirs publics tant sur les prix que sur les quantités des crédits distribués et au cloisonnement du système financier français
2. Les caractéristiques d’une économie de marché Une économie de marché financier se caractérise par : une capacité d’épargne forte et suffisante pour assurer le financement de l’investissement un financement externe direct c'est-à-dire la rencontre entre les agents à besoins de financement et ceux ayant des capacités de financement Cette rencontre s’opère soit sur le marché monétaire (pour les capitaux à court terme), soit sur le marché financier (pour les capitaux à long terme)
B. Le passage d’une économie d’endettement à une économie de marché : la désintermédiation financière des années 80 Ce mouvement de libéralisation s’exprime par 3 mouvements complémentaires connus sous le nom de 3D :
un mouvement de déréglementation : qui vise à limiter la capacité de contrôle de l’Etat sur les activités financières. Ainsi, progressivement à partir des années 8 , le contrôle des changes et le contrôle des prix sont remis en cause
un mouvement de décloisonnement des canaux de financement qui vise à élargir les modalités de financement des agents économiques
un mouvement de désintermédiation consistant en un recours accru au financement par les actions et les obligations ( titrisation ) au détriment des crédits bancaires
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