4. Malherbe et ses disciples Malherbe est considéré comme le maitre de la poésie moderne. Il a vécu et écrit entre le XVI et le XVII siècle et il reflète le développement des tendances littéraires : au début, l’écriture baroque domine, caractérisée par l’outrance, les contradictions, l’accumulation des images, ce que l’on peut noter dans son poème religieux Les Larmes de saint Pierre. Mais, peu à peu Malherbe se tourne vers une modération, vers la logique et la raison, ce qui constituera la doctrine du classicisme. Donc, on peut dire que Malherbe est un précurseur du classicisme. La recherche d’équilibre et de simplicité dans la poésie est perceptible dans sa Consolation à M. du Perier ou l’Ode à Marie de Médicis qui datent de 1600. Malherbe a transformé la poésie en lui donnant une nouvelle orientation. Il a joué un rôle signifiant dans l’affirmation de l’ordre. L’écriture poétique est a ce moment-la une activité politique. Les guerres de religions ont terminé et les poètes aident à restaurer la paix et l’espoir du peuple en célébrant le pouvoir royal. Malherbe débute en 1605 a la cour de Henri IV avec l’ode La Prière pour le Roi Henri le Grand allant en Limousin. Il devient poète officiel et commence à écrire régulièrement des odes a la commande du roi ou des hommes de pouvoir, souvent a l’occasion d’un événement. Cette poésie politique est étroitement liée à la poésie religieuse, puisque la religion est fondamentale pour la monarchie. Malherbe écrit pour obtenir la pension de ses protecteurs, bien sur, mais il croit sincèrement que seulement un ordre stable peut garantir la prospérité, la paix et le bonheur du peuple. On trouve la même constatation chez Horace, poète latin qui célèbre le pouvoir d’Auguste après les guerres civiles romains. Donc, il est nécessaire d’avoir une image du prince idéal qui est considéré comme un Dieu sur terre. Quelques odes célèbres de Malherbe sont : Ode au roi (Henri IV), Ode de bienvenue a la reine Marie de Médicis, Ode pour la reine mère du Roi pendant sa régence, Ode pour le roi (Louis XIII) allant châtier la rébellion des Rochelois etc. Apres la mort d’Henri IV, il devient même plus proche du pouvoir, sous protection de Marie de Médicis. Mais il ne peut plus soutenir l’image idéale des Grands à cause de leur égoïsme et leur ingratitude et vers 1615 il se retire de la cour. Il commence à fréquenter le salon de Mme de Rambouillet. Il dédie les vers de ses dernières années au Cardinal Richelieu qui le nomme trésorier de France. Malherbe s’oppose à la doctrine des poètes de la Pléiade et a leur conception de la fureur poétique, c’est-a-dire l’inspiration divine. L’art poétique pour lui n’est pas un don de Dieu, mais le fruit d’un travail minutieux. Donc le poète n’est qu’un artisan qui s’efforce à perfectionner son expression et a trouver les meilleures images et les meilleurs rythmes. Il rejette la poésie intime et croit que le poète ne doit chanter que des thèmes eternels, compréhensibles au grand public. C’est pourquoi il choisit la simplicité, la clarté et la concision. Quant à l’inspiration antique, il ne faut pas, d’après Malherbe, choisir les mythes qui sont peu connus, mais qui appartiennent à la culture générale. La doctrine de Malherbe s’illustre dans ses critiques et ses commentaires sur les poètes ses contemporains, en particulier a travers une analyse sévère de l’œuvre de Philippe Desportes, un poète de cour d’Henri III. Malherbe se montre ici non seulement comme maitre de poésie, main comme maitre de la langue et comme grammairien. Il milite pour épurer la langue française, particulièrement des archaïsmes et de néologismes introduits par la Pléiade. Il pousse à l’ extreme cette exigence de netteté en construisant ses vers avec une grande rigueur. La poésie, pour lui, est pareille a la dance – seulement la perfection et la sévérité des règles garantissent l’harmonie. Il se décrivait lui-même comme un tyran des mots et des syllabes. Il faut mentionner encore ses stances, similaires aux odes, mais plus mesurées et plus musicales. Ce sont des poèmes intimes, exprimant des sentiments familiers à tous, des prières,
des plaintes, mais aussi des consolations, surtout après la mort de quelqu’un. Ils servent à montrer que la souffrance et universelle et que les rois n’en sont pas délivrés. A la demande des Grands, Malherbe écrit même des poèmes d’amour adressés aux certaines dames. Il chante les lieux communs comme la séparation des amants ou l’indifférence, mais il n’y a pas de grandes passions déchirantes, plutôt une mélancolie mesurée. Malherbe assemblait autour de lui de jeunes poètes, une école poétique luttant pour défendre sa doctrine, sa reforme de la langue et de la poésie françaises. Ce sont Racan, Maynard, Godeau, Guez de Balzac, Vaugelas etc. Malherbe était un maitre autoritaire qui leur a imposé une discipline draconienne, mais la groupe a quand même eu un grand succès et elle a posé les fondements de la tradition classique.