Qu’une nouvelle ère commence, et que sa peinture soit née vers 1869, nul nul ne l’ignore plus. plus. Mais qu’avec qu’avec elle commence commence un passé de l’art sans précédent, à peine en avons-nous pris conscience. Que !gurer les dieu" ait été pendant des millénaires la raison d’#tre de l’art, on le savait. 8 $e sens du mot art a c%angé lorsqu’il a cessé de s’appliquer d’a&ord à des 'uvres destinées à susciter l’admiration, comme le monde de l’art a c%angé lorsqu’il a cessé d’#tre seulement celui de telles 'uvres ( lorsque s’) sont introduites celles qui e"ercent sur nous une action mani*estement étrangère au dessin de leur créateur. +i l’entrée en scène de milliers d’'uvres religieuses que nul n’avait admirées ensem&le, que nul n’admirait il ) a un siècle, met en question l’art tel que le concevaient elacroi", audelaire et agner, mais aussi /aine et Mar", c’est que les arts sacrés 0comme le ntre, auquel leurs *ormes sem&lent apporter une inépuisa&le et m)stérieuse légitimation2 récusent ou dédaignent la soumission des images au témoignage de nos sens. 9 $es !gures sacrées au temple par un lien plus pro*ond que celui de la soumission à l’arc%itecture 3 comme l’arc%itecte, le sculpteur restitue au" divinités souterraines, et d’a&ord à l’a&solu, une om&re désin*ectée de l’apparence. 11 4our toutes, à des degrés divers, le réel est apparence ( et autre c%ose e"iste, qui n’est pas apparence et ne s’appelle pas tou5ours ieu. 1-17 4ourquoi vo)ons-nous si clairement ce que les contemporains voient si mal, mal, ne virent pas du tout 4arce 4arce qu’entre qu’entre le :;;e et le ; siècle, le monde de l’art < l’ensem&le des 'uvres au"quelles les spectateurs sont sensi&les < a c%angé de nature. 4arce que ce monde s’est imposé à nous lorsque le Musée imaginaire a montré que l’%istoire de l’art ne co=ncidait avec celle de l’imitation de la nature que pour quelques siècles.
4arce que nous savons au5ourd’%ui, qu’un mosa=ste &)>antin su&issait le st)le &)>antin plus que les *ormes de sa rue, plus que le visage de sa mère. Que nature, spectacles, vie, se glissent presque tou5ours dans un art à travers le !ltre de l’art e"istant, et non un st)le à travers les passants. 6?? $’@ntiquité était un répertoire de su5ets parce qu’elle était un répertoire d’actes e"altants. 6?6 $’art ne s’adressait plus au pu&lic de /ien et de +%aAespeare, mais à une société dont un &ourgeois latiniste *aisait partie plus qu’un grand seigneur illettré < et dont les mem&res étaient unis par l’imaginaire culturel, la qualité de l’%omme qu’il appelait, et le st)le qui l’e"primait. 6? $e romantisme n’a pas eBacé Cacine, mais nous a presque *ait ou&lier le goDt tel qu’on l’entendait alors, et qui était avant tout celui d’une qualité de civilisation. 6? $es romantiques illustres sont d’a&ord les poètes, et c’est en tant que poème, qu’ils ressuscitent la peinture du passé. 6?8 $e s)m&ole, non le modèle 3 la gloire du maEtre que nul n’imite succède à la gloire de ceu" que tous voudraient imiter. 6?9 +i le &eau qui succède à la &eauté < est F le reGet H de l’in!ni, peu importe qu’il soit e"primé par des mots, des notes ou des *ormes. $es artistes cessent d’en #tre le 5uge. $a nouvelle poésie, qui *ait de l’art une valeur supr#me, crée le milieu qui la reconnaEt pour telle ( comme les 4rop%ètes, elle appelle sa communauté en proclamant sa *oi. 6?9 $es adversaires de Cacine étaient, pour ses admirateurs, des ignorants qui méconnaissaient son art ( les adversaires de :ictor Iugo sont, pour ses !dèles, des adversaires de l’art. 6?9 $e 4ant%éon du premier romantisme se crée contre ce monde de *ormes, par des *ormes également transmissi&les.
Jn F avait du génie H, on n’était pas un génie ( l’%omme était son Kme et non son pouvoir, m#me quand ce pouvoir créait des images li&érées du 5ugement. 661 Malgré le divin con*us qu’e"alte le romantisme, le &eau n’est pas pour lui un don de ieu, mais le plus %aut pouvoir d’un %omme privilégié 3 l’artiste. Lamais +%aAespeare et ervantès, Cem&randt et Mic%el-@nge ne *urent si grands pour eu"-m#mes que pour le ;e siècle ( /itien, qui eDt reconnu en elacroi" un !ls, n’eDt pas compris la nature de la vénération que audelaire lui porte, et que tous les romantismes portent à Cem&randt. ;ls inventent leur personnage de génie, dont les dernières incarnations seront agner et Codin ( et, le pro5etant sur tout le passé, trans*orment uonarroti en Mic%el-@nge. $a communauté de l’art découvre ses %éros en m#me temps qu’elle découvre ses mart)rs ( ce qu’elle appelle désormais le &ourgeois, qu’il s’agisse de l’épicier ou de $ouis-4%ilippe, c’est l’;n!dèle. 661 @lors le musée cesse d’#tre une collection ( alors la création apparaEt à l’artiste, non comme l’e"pression du pouvoir qui permit à 4oussin de continuer Cap%ael, ou m#me à Nragonard de continuer Cu&ens, mais comme celle d’un pouvoir qui transcende l’%istoire et *ait, de l’appel que /itien entendit comme une voi" secrète, la sommation des siècles.