Sommaire
Thème 1
Les enjeux du développement
Chapitre 1
Du développement au développement durable . ..........................................................................
Thème 2
Gérer les ressources terrestres
Chapitre 2
Nourrir les hommes
Chapitre 3
L’eau, ressource essentielle
Chapitre 4
L’enjeu énergétique
Thème 3
Aménager la ville
Chapitre 5
Villes et développement durable
Thème 4
Gérer les espaces terrestres
Chapitre 6
Les mondes arctiques, une « nouvelle frontière » sur la planète
Chapitre 7
Les littoraux, espaces convoités
Chapitre 8
Les espaces soumis aux risques majeurs
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PROGRAMME Bulletin officiel nº 4 du 29 avril 2010
GÉOGRAPHIE Sociétés et développement durable Introduction À l’école primaire et au collège ont été fixés les grands repères territoriaux et initié l’apprentissage des principales notions géographiques. Le programme de géographie de la classe de seconde permet la consolidation de ces acquis et la poursuite de l’étude de l’organisation, de l’aménagement et du développement des territoires à toutes les échelles. Le programme de seconde est centré sur les questions de développement durable ; les approches effectuées dans ce domaine dans les classes précédentes seront ainsi enrichies et approfondies.
Le développement durable : fil conducteur du programme Plaçant l’homme et l’humanité au cœur des problématiques, l’étude du développement durable met en relation le développement humain avec les potentialités de la planète. En croisant les dimensions sociales, économiques et environnementales, on s’interroge sur la façon dont les sociétés humaines améliorent leurs conditions de vie et subviennent à leurs besoins sans compromettre la satisfaction des besoins des générations futures. Le développement durable apparaît ainsi comme une autre façon de lire le monde, de le penser et de le gérer. En classe de seconde, cette démarche fournit l’occasion de progresser dans la maîtrise des approches systémiques et dans la prise en compte de la complexité et de la hiérarchie des facteurs d’explication. La diversité des situations analysées conduit au constat qu’il n’y a pas un mode de développement durable, mais une grande pluralité d’entrées et d’actions possibles dans les politiques et les stratégies de développement. Toute étude du développement durable nécessite donc un croisement des regards, des savoirs et des méthodes des différentes disciplines ; en ce qui concerne la classe de seconde, on s’attache en particulier à mettre en relief les approches complémentaires des programmes de géographie, de sciences de la vie et de la Terre et des sciences physiques et chimiques, par exemple à propos de thèmes tels que la nourriture, l’alimentation, l’eau ou l’énergie.
La démarche géographique, une contribution essentielle à l’éducation au développement durable Par ses concepts, ses outils et ses méthodes conduisant à une mise en relation permanente des sociétés humaines avec leurs environnements, la géographie apporte une contribution majeure aux approches du développement durable, réactivant les questions de développement et les replaçant au cœur des débats de société. Elle intègre la nécessaire mise en perspective historique, ancre les problématiques dans les territoires à toutes les échelles spatiales, met en scène les acteurs et inscrit les réflexions dans une indispensable vision prospective. La géographie porte aussi une attention particulière aux villes qui accueilleront, en 2025, les deux tiers de la population de la planète. Privilégiant le questionnement, l’exercice de l’esprit critique et l’apprentissage de l’argumentation qui conduisent à des choix raisonnés, la démarche géographique participe à la construction d’une citoyenneté éclairée et responsable qui constitue une des priorités du lycée.
Pour traiter le programme Le programme comporte quatre thèmes, dont le premier et le troisième sont obligatoires ; un choix s’opère au sein des questions des thèmes deux et quatre. Le thème introductif doit permettre de cerner les enjeux du développement conduisant à une réflexion sur des modes plus durables de développement pour l’ensemble des sociétés de la planète ; il est abordé à partir de trois problématiques dont l’étude s’appuie sur des exemples. Chacune des questions des trois autres thèmes est développée à partir d’une étude de cas (deux pour les villes). Les thèmes 2, 3 et 4 et les questions qui les composent peuvent être traités dans un ordre différent en fonction du projet pédagogique du professeur. Le programme de géographie de la classe de seconde privilégie en effet les études de cas conduites de préférence à grande échelle ; celles-ci sont mises en perspective par des comparaisons et des approches aux autres échelles spatiales en particulier à l’échelle planétaire. Au cours de l’année, leur choix doit prendre en compte la diversité des situations des sociétés sur l’ensemble de la planète, celles des pays riches où les politiques de développement durable progressent selon des modalités diverses, et celles des pays émergents ou en développement confrontés au double défi du développement et de la durabilité.
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Chapitre 1 ● Du développement au développement durable 3
Sociétés et développement durable Thème introductif – Les enjeux du développement
7-8 h
Question obligatoire
Mise en œuvre L’étude de cette question prend appui sur les problématiques indiquées et intègre des exemples.
Du développement au développement durable
– Un développement inégal et déséquilibré à toutes les échelles. – De nouveaux besoins pour plus de 9 milliards d’hommes en 2050 – Mettre en œuvre des modes durables de développement .
Thème 2 – Gérer les ressources terrestres
Mise en œuvre Chaque question est abordée à partir d’une étude de cas mise en perspective et prend appui sur les problématiques indiquées.
Nourrir les hommes
– Croissance des populations, croissance des productions. – Assurer la sécurité alimentaire. – Développer des agricultures durables ?
L’eau, ressource essentielle
– Inégalité de répartition et d’accès à la ressource. – Maîtrise de l’eau et transformation des espaces. – Gérer une ressource convoitée et parfois menacée ?
L’enjeu énergétique
– Besoin en énergie et gestion des ressources. – Impacts environnementaux et tensions géopolitiques. – Quels choix énergétiques pour l’avenir ?
14-15 h On choisit deux questions parmi les trois proposées.
Thème 3 – Aménager la ville Question obligatoire
9-10 h
Mise en œuvre L’étude de cette question est abordée à partir de deux études de cas mises en perspective, l’une choisie dans les pays développés, l’autre prise dans les pays émergents ou en développement. Elle s’appuie sur les problématiques indiquées.
Villes et développement durable
– Croissance urbaine, étalement urbain, inégalités socio-spatiales. – Transports et mobilités. – Aménager des villes « durables » ?
Thème 4 – Gérer les espaces terrestres
Mise en œuvre Chaque question est abordée à partir d’une étude de cas mise en perspective et s’appuie sur les problématiques indiquées.
Les mondes arctiques, une « nouvelle frontière » sur la planète
– Un milieu contraignant, un nouvel espace en voie d’intégration. – Des ressources convoitées, des tensions entre les États. – L’Arctique, un enjeu pour les équilibres mondiaux ?
Les littoraux, espaces convoités
– La concentration des hommes et des activités. – La concurrence pour l’espace. – Quels aménagements durables pour les littoraux ?
Les espaces exposés aux risques majeurs
– L’exposition aux risques naturels et technologiques – L’inégale vulnérabilité des sociétés – Quelles capacités d’adaptation, quelles politiques de prévention ?
14-15 h On choisit deux questions parmi les trois proposées.
4
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THÈME 1 Les enjeux du développement Introduction Le programme concentre son contenu sur les enjeux majeurs de l’humanité : comment fournir à tous les ressources indispensables à la vie et aux productions humaines ? Comment gérer l’extension des sociétés sur leurs territoires et sur la planète ? Les grands thèmes sont inscrits dans un fil conducteur général : « Sociétés et développement durable ». La géographie s’intéresse dès le collège au « développement ». Le développement durable, expression souvent galvaudée, confère à la géographie enseignée une intention citoyenne. Des approches multiples sont utilisées pour décrypter les logiques du monde. Le développement durable donne une grille de lecture de la planète familière aux géographes : environnement, économie, société et culture sont des dimensions travaillées en géographie, sans oublier le rôle des gouvernances évoquées notamment par les approches géopolitiques. Lire les grands problèmes de notre planète en s’interrogeant sur « la façon dont les sociétés humaines améliorent leurs conditions de vie et subviennent à leurs besoins sans compromettre la satisfaction des besoins des générations futures » relève d’une approche connue dans cette discipline, ce programme incitant à la rendre plus courante, sans cependant la banaliser. La démarche géographique établit, à travers la diversité des cas étudiés, qu’il n’y a pas un seul développement durable, mais des développements durables. Enfin, ce programme intègre une dimension prospective à cette géographie qui « participe à la construction d’une citoyenneté éclairée et responsable ».
Pour centrer les apprentissages dans le cadre du développement durable, il est impératif de commencer par le thème introductif sur les « Enjeux du développement ». Ce chapitre se conçoit en trois étapes : • une réflexion et une étude préalables doivent porter sur les niveaux de développement actuels et leurs inégalités ; • une seconde phase doit caractériser l’évolution de la population d’ici 2050, la pression sur les ressources, les besoins qui s’ensuivront, et les conséquences prévisibles sur les potentialités de développement des sociétés ; • une troisième phase évoque de manière prospective les solutions possibles face aux constats précédents et envisage des modes durables de développement. Cette démarche correspond à cette « autre façon de lire le monde, de le penser, de le gérer » évoquée dans le préambule du programme. Elle se retrouve à tous les niveaux de lecture des différents thèmes déclinés dans l’année scolaire.
Ouverture Malé, capitale de l’archipel des Maldives p. 10-11 Pour étudier la photographie de l’île de Malé, on peut inviter les élèves à réfléchir sur la localisation, la densité de cette ville, sa spécificité, demander s’il y a des ressources, de quelle nature et terminer sur les menaces qui pèsent sur cette île.
Chapitre 1 Du développement
au développement durable
OUVERTURE
p.12-13
Palm Island à Dubaï (Émirats arabes unis) Cette photographie aérienne oblique de Palm Island à Dubaï, permet de voir, dans son intégralité, cette île artificielle en forme de palmier géant qui prévoit d’abriter près de 500 appartements, 2 000 villas, 25 hôtels et 200 boutiques de luxe. Palm Island est un projet de construction de trois îles artificielles (Palm Jumeirah, Palm Jebel Ali, Palm Deira) qui devraient pouvoir accueillir, à la fin de son aménagement, 1,7 million de touristes. Avec un IDH à 0,903, les Émirats arabes unis se donnent les moyens de réaliser leurs ambitions : devenir le premier centre mondial du tourisme de luxe. Ils se situent dans la péninsule arabique où l’IDH est dans la moyenne haute, et tendent bien à se démarquer du reste de la péninsule. Quels défis ont dû être surmontés pour en arriver à ce résultat ? Ce palmier géant a nécessité l’extraction de millions de mètres cube de sable en provenance du fond du Golfe. Quel est l’impact sur l’environnement marin ? La société responsable du projet répond que tout a été fait pour limiter l’impact sur l’environnement : les eaux usées produites par les usines de dessalement sont recyclées pour l’irrigation, les poissons, requins et dauphins se sont accommodés et vivent dans un véritable écosystème autour et à l’intérieur des digues du palmier. Dans la réalité, on peut s’inquiéter de l’érosion de la côte, de la modification de la houle, de l’impact des rejets polluants, des changements engendrés sur la faune et la flore marine, et surtout du surcroît d’énergie et de ressources (eau et alimentation) consommées par les touristes. © Hachette Livre
Il est légitime de s’interroger et d’interroger les élèves sur la durabilité d’un tel projet, peut-on continuer à défier la nature et à construire des hôtels de luxe dans un endroit désertique touché par des pénuries d’eau ? Comment vont réagir les populations locales aux inégalités de partage des ressources au profit des touristes ? Les moyens financiers, par les progrès techniques et technologiques qu’ils permettent, doivent-ils combler tous les caprices humains sans se soucier des logiques de gestion durable des ressources planétaires ?
PLANISPHÈRE 1
p. 14-15
Les inégalités de développement Décrire • Les pays les plus développés se situent dans l’hémisphère Nord, notamment en Amérique du Nord, en Europe occidentale et en Asie de l’Est (Japon). Mais on en trouve aussi dans l’hémisphère Sud (Australie, océan Indien,…). C’est pourquoi on parle des Nords. • Les pays les moins développés se situent principalement dans l’hémisphère Sud, comme en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud et en Amérique centrale. C’est pourquoi, on parle des Suds. Mais au sein de l’hémisphère Nord, on trouve quelques pays moins développés, notamment en Europe centrale. • La limite Nord/Sud de ce fait peut paraître globalement exacte pour évoquer la division entre pays développés et ceux en développement, mais il subsiste quelques exceptions. Chapitre 1 ● Du développement au développement durable 5
Passer au cours Quelles sont les inégalités de développement sur Terre ? La limite Nord/Sud respecte-t-elle scrupuleusement les deux hémisphères ? Des différences à l’intérieur des Nords existent-elles ? et à l’intérieur des Suds ?
COURS 1 Un développement inégal et déséquilibré p. 16-17 ●
Présentation des documents
Doc. 1 Ce planisphère met en relief les inégalités de richesse entre les différents pays de la planète grâce à l’indicateur qui mesure la valeur totale des biens et des services produits dans un pays au cours d’une année, le PIB. Les pays dont le PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat est compris entre 35 000 et 85 400 dollars US sont peu nombreux : les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, la Norvège et la Suède, les Émirats arabes unis, le Koweït, la Suisse, l’Autriche et les Pays-Bas. À l’inverse, les territoires où le PIB par habitant est inférieur à 5 000 dollars par an sont beaucoup plus répandus, notamment en Afrique et en Asie du Sud. On est en face d’une inégalité flagrante : 15 % des habitants des pays les plus riches détiennent 80 % de la richesse mondiale.
Doc. 2 Le PIB ne mesure que la richesse produite par un pays, il mesure le développement économique d’un pays mais n’indique en rien son développement social ; aussi le PNUD a-t-il mis en place un nouvel indicateur, l’IDH qui intègre le PIB par habitant en PPA (1/3), l’espérance de vie à la naissance (1/3) et le niveau d’instruction (taux d’alphabétisation des adultes (2/9) et taux combiné de scolarisation dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur (1/9)). Il varie de 0 (exécrable) à 1 (excellent) et indique le développement et le bien-être social d’un pays. On remarque deux choses dès lors : – La France, qui a un PIB par habitant compris entre 15 000 et 35 000 dollars, se classe dans les pays à l’IDH le plus élevé, alors que le Koweït, qui a un PIB plus important, est loin derrière (31e pays sur 182, et la France, 8e). – D’autre part, le Gabon, qui se trouve dans la même catégorie de pays que la France sur la carte 1, se trouve en 103e position à l’échelle mondiale avec un IDH à 0,75, du fait sûrement d’un taux de scolarisation moins élevé et une espérance de vie plus faible.
Doc. 3 On peut voir que 8 pays se partagent plus des trois quarts du gâteau, celui-ci symbolisant la richesse mondiale. En effet, le développement des échanges à l’échelle planétaire n’a en rien atténué les disparités, au contraire, le fossé s’est creusé entre pays riches et pays pauvres. Ce fossé est maintenant bien matérialisé sur les cartes grâce à « la limite Nord/Sud ». ●
Proposition d’activité pédagogique
Comparez deux indices, le PIB et l’IDH à partir de deux planisphères : p. 14-15 et p. 17 Citez deux exemples de pays ne figurant pas dans le même classement. À partir du document 3, déterminez quelle proportion de la richesse mondiale est détenue par les pays développés et par les pays en développement.
COURS 2 Des disparités à toutes les échelles ●
p. 18-19
Présentation des documents
Doc. 1 La limite Nord/Sud est le nom donné à une ligne imaginaire séparant les pays développés (du Nord) des pays en développement (du Sud) qui illustre les inégalités de développement. Parmi les pays du « Nord » figure Israël. Or, sur cette photographie, on remarque que la bande de Gaza, territoire peuplé de 1,6 million de Palestiniens, fait partie 6
des pays du Sud. Pays riche et pays pauvre sont littéralement face à face, ce qui peut approfondir le ressentiment du pays qui est considéré comme « un pays en développement », puisqu’il côtoie le pays « riche » en partie responsable de son retard.
Doc. 2 Le Nord du Mexique profite de sa proximité avec les États-Unis, pays le plus riche de la planète, puisque son IDH est supérieur à 0,80 (moyenne mexicaine) alors que le Sud a un IDH inférieur à 0,75. Les inégalités sont donc très fortes selon les régions : à Mexico par exemple, le revenu par habitant est de 23 000 dollars, près de la frontière étasunienne, il est de 20 000 dollars alors que les habitants du Sud se contentent d’un revenu de 4 000 dollars.
Doc. 3 Cette photographie permet de se rendre compte des inégalités de richesse à l’échelle locale. Paris compterait ainsi plus de 16 000 sansabris. Ici, l’un d’eux dort au pied d’une affiche publicitaire, symbole de la société de consommation. Dans les pays du Nord, il existe une frange non négligeable de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté. En France, on dénombre 4 216 millions de personnes, soit 7,1 % de la population, vivant en dessous du seuil de « pauvreté relative ». ●
Proposition d’activité pédagogique
À quelles échelles s’observent les inégalités de richesse ?
EXEMPLE 1 Le développement de Shenzhen est-il profitable à tous ?
p. 20-21
Shenzhen s’est imposée comme choix pour cet exemple, car c’est une ville de la province du Guangdong en Chine, doublement intéressante : – La Chine est considérée comme un pays du Sud (sauf pour Hong Kong et Macao) mais a le deuxième PIB en PPA du monde (plus de 8 000 milliards de dollars) et une croissance économique de 11,9 % (1er semestre 2010). – Le Guangdong contribue à 12 % de la richesse nationale, possède trois zones économiques spéciales et absorbe la moitié des investissements étrangers en Chine. La ville de Shenzhen, limitrophe de Hong Kong, est devenue la première zone économique spéciale de Chine, elle est censée être une fenêtre de la réforme et de l’ouverture vers l’extérieur de la Chine ; or développement économique spectaculaire est loin de rimer avec progrès social pour tous, comme le montrent ces documents. ●
Présentation des documents
Doc. 2 Le document témoigne de l’émergence d’une bourgeoisie capitaliste qui côtoie quotidiennement la population pauvre et « illégale ». Cette classe émergente est le reflet de l’évolution des mentalités en Chine : loin des idées communistes de partage et d’égalitarisme, les Chinois sont devenus de plus en plus ouverts à l’idée de pouvoir faire fortune et surtout de le montrer. Ils réussissent dans les affaires sans rien devoir au gouvernement et aspirent maintenant à se démarquer du reste de la population, voire même à faire entendre leur voix au gouvernement pour préserver leur bien-être.
Doc. 4 Les inégalités de développement en Chine ne s’observent pas simplement à l’échelle de la ville (document 2), mais aussi et surtout à l’échelle nationale. L’IDH va du simple au double selon les provinces, les plus développées étant situées sur le littoral. L’écart des fortunes entre les communautés rurales et urbaines de la Chine est parmi l’un des plus marqués au monde. Le revenu individuel des citadins est d’une moyenne de 1 000 dollars par an alors qu’il dépasse à peine 300 dollars par an en milieu rural. L’espérance de vie des habitants des villes est également supérieure de 5 ans à celle des habitants des campagnes. Au Tibet, seule la moitié de la population sait lire et écrire, alors que le taux d’alphabétisation des habitants de Beijing, Shanghai ou Tianjin dépasse 97 %. Ces inégalités ne permettent donc pas à la Chine un développement socio-économique « équitable ». © Hachette Livre
Doc. 5
●
Il est révélateur du malaise social : les entreprises et usines qui profitent du boom économique ne le répercutent pas sur les salaires de leurs employés. La main-d’œuvre abondante garantit « l’approvisionnement en ouvriers ». La figure emblématique de ce marché du travail inégalitaire est le mingong, le travailleur migrant, exploité pour un salaire très bas – même si des augmentations furent accordées il y a peu. On se retrouve, dès lors, à Shenzhen avec 10 millions d’habitants illégaux, venus d’autres régions de Chine à la recherche d’un emploi.
Doc. 1, 4 et 5
●
Réponses aux questions
1. La proximité de Hong Kong et la création de « zones économiques spéciales » dès les années 1980 ont permis de créer une ouverture de la Chine sur les investissements privés des entreprises, sur le commerce et le monde. Hong Kong, un des premiers ports mondiaux, a drainé de ce fait vers Shenzhen des flux commerciaux, qui lui ont profité et l’ont fait croître. 2. Le dynamisme économique de Shenzhen s’explique par la proximité d’autres zones spéciales (Macao), le delta de la rivière des Perles, et la proximité de grandes métropoles, Hong Kong et Guangzhou, qui sont aussi de grands ports internationaux et commerciaux. Les activités et les emplois sont variés, entre services et industries. De plus, nous sommes dans un monde plein, et l’exode rural contribue à concentrer une population de plus de 100 millions d’habitants (10 % de la population chinoise). 3. Les populations les plus fragiles vivent dans l’illégalité, ce sont des migrants, temporaires ou définitifs, les mingong, ou ceux venus du Hunan. Installés dans des logements précaires, souvent insalubres, ils sont souvent employés dans les succursales des firmes multinationales étrangères, qui utilisent la Chine comme atelier. Leurs temps de travail est énorme pour un salaire de misère. À l’opposé, on assiste à un enrichissement d’une minorité vivant des activités commerciales. Enfin, une classe moyenne, nouvelle bourgeoisie, commence à s’organiser dans des groupes de pression pour bloquer tel ou tel développement d’autoroute, au nom de l’environnement. Un début de démocratisation ? 4. Les deux documents montrent que le développement de la Chine se fait à deux échelles : l’échelle littorale et l’échelle nationale où les écarts subsistent. À l’échelle littorale, à l’est de la Chine, la croissance économique est forte du fait de l’ouverture sur l’Occident et de la mondialisation (doc. 5), avec des contrastes sociaux importants et la vie de nouveaux migrants qui n’est pas facile. Globalement, la Chine garde pourtant un IDH moyen, loin de l’image du développement qu’elle veut donner. La Chine intérieure reste encore très traditionnelle. 5. Le développement de Shenzen est limité par de grands contrastes sociaux : une frange encore étroite de la population profite des bienfaits de la mondialisation, mais une large partie d’ouvriers reste chroniquement sous-payée pour des horaires de travail indignes (plus de 12 heures par jour pour 156 euros par mois).
Présentation des documents
Ils sont à étudier de concert : ils permettent de mesurer le poids de la population de Mumbai habitant dans un bidonville, l’extension géographique que cela représente et la ségrégation socio-spatiale qu’elle induit. Le bidonville de Dharavi est le plus grand bidonville d’Asie, environ un million de personnes s’y entasse sur moins de 1,5 km². Il est situé en plein cœur de la ville, ce qui en fait un emplacement stratégique, à proximité du nouveau centre international financier et d’affaires du Bandra Kurla Complex (doc. 1). Il est également idéalement situé à la croisée des deux principales lignes de chemin de fer desservant Mumbai (doc. 1).
Doc. 3
La libéralisation économique et la volonté de Mumbai de devenir une ville globale ont conduit les autorités à vouloir réhabiliter l’ensemble du bidonville grâce au Dharavi Redevelopment Project et au Slum Rehabilitation Authority. L’objectif est de « libérer » des terres, de reloger les habitants plus loin afin que les promoteurs immobiliers puissent construire des logements neufs et des espaces commerciaux vendus aux prix élevés du marché. Ce projet est difficilement applicable, les décideurs indiens excluant de leur politique urbaine les logements à bas coût. La solution trouvée en attendant est littéralement de « contourner » ou de « passer au-dessus » des bidonvilles. ●
Réponses aux questions
Quelles sont les disparités de développement p. 22-23 à Mumbai ?
1. La croissance de Mumbai se fait de manière relativement anarchique vers la périphérie, en suivant les axes de communication et le pourtour de la baie sur la mer d’Oman. Des activités nouvelles s’installent de l’autre côté de la baie, notamment un nouveau port, ce qui montre les ambitions de s’insérer dans la mondialisation. De nombreux centres d’affaires jalonnent la baie, ainsi que des activités touristiques, preuve de l’ouverture sur le monde. Mumbai veut être une ville tournée vers les Nords. Enfin, une volonté de préserver l’environnement existe, puisque le gouvernement indien installe des parcs nationaux en périphérie de la mégapole. 2. Les bidonvilles sont aussi répartis assez anarchiquement : on trouve les plus importants à proximité du centre-ville, comme celui de Dharavi, lieu de tournage du film de D. Boyle, Slumdog Millionnaire (2008). Ils suivent pourtant les voies de communication, ce qui prouve que ce développement est récent, et lié à l’exode rural. 3. La photographie peut être divisée en deux plans : au premier, le bidonville de Dharavi est constitué d’un habitat précaire fait de tôles, avec des immondices et des habitations provisoires (« provisoires » depuis de nombreuses années). Les habitants n’ont pas l’eau courante, et voient passer les canalisations d’eau qui sont celles des quartiers riches. 6 millions de personnes vivent dans des bidonvilles de ce type. Au second plan, les quartiers modernes, en pleine construction, symbolisent la prospérité montante de cette mégapole de 12 millions d’habitants. Les contrastes spatiaux sont très importants et sont aussi une des caractéristiques des villes des Suds. Le passage d’un monde à l’autre est brutal et le passage de la canalisation au sein du bidonville illustre la frustration des habitants les plus pauvres vis-à-vis des plus riches, ce qui crée des tensions. 4. Mumbai est l’une des grandes mégapoles de l’Inde : son poids est énorme, surtout dans la partie occidentale et nord de l’Inde en matière d’entreprises contrôlées. Presque partout dans cette région, le poids des entreprises contrôlées est supérieur à 40 %. Cela correspond à la partie de l’Inde la plus active et la plus ouverte. 5. Mumbai Vision respecte au moins deux piliers du développement durable, à savoir la dimension économique (devenir une ville globale), et le pilier social (favoriser le développement et lutter contre l’insalubrité dans les bidonvilles ou slums).
Une mégapole du Sud aux aspirations de métropole mondiale qui tente de concilier développement urbain et croissance économique avec développement durable, et qui, de surcroît, doit gérer le flot de millions de migrants potentiels prêts à s’installer dans des bidonvilles, tels sont les défis de Mumbai en Inde. Les disparités socio-spatiales et les inégalités économiques de cette ville sont pertinentes à étudier ici.
Bilan. Mumbai, une mégalopole de 12 millions d’habitants, qui fait donc partie des plus grandes villes du monde, ambitionne d’avoir des fonctions nationales (doc. 2) et mondiales, notamment avec le projet Mumbai Vision. Dans le même temps, de nombreuses inégalités socio-spatiales (entre quartiers aisés et bidonvilles) persistent. Certains secteurs de la ville sont à 80 % constitués de bidonvilles. Il s’agit donc de réorganiser la ville pour en faire une métropole mondiale.
Bilan. Shenzen est une vitrine de la Chine (grands ports internationaux, ville à l’occidentale, augmentation du trafic automobile et pollution), mais les contrastes sociaux sont encore très vifs, même si une conscience politique semble émerger. Shenzhen est à l’image de la Chine, un pays encore divisé et pourtant en train de se responsabiliser.
EXEMPLE 2
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Chapitre 1 ● Du développement au développement durable 7
PLANISPHÈRE 2 La croissance démographique
p. 24-25
Décrire • Les régions du monde les plus peuplées sont l’Asie orientale, l’Asie du Sud-Est, et l’Asie centrale et du Sud. L’ensemble de ces trois régions comporte plus de 3 milliards d’habitants, c’est-à-dire la moitié de la population mondiale. Des foyers secondaires existent en Afrique orientale, et en Amérique du Nord. • Elles se situent toutes au sud de la limite Nord/Sud, entre pays développés et pays en développement. • D’ici 2050, la population mondiale va surtout croître dans les pays des Suds. • – Les augmentations les plus fortes concerneront, d’après les prévisions de l’ONU, surtout l’Afrique (occidentale et orientale), les États arabes et l’Asie de l’Est (qui passera à 2,5 milliards d’habitants à elle seule, devenant le premier foyer mondial de peuplement). – La stabilisation concerne surtout l’Asie orientale, l’Europe méridionale, l’Amérique centrale et les Caraïbes, où la transition démographique semble achevée. – Les diminutions seront présentes dans les États européens de l’Ouest et l’Europe orientale où le vieillissement de la population s’accélère. Passer au cours Y a-t-il aujourd’hui des dynamiques démographiques à plusieurs vitesses ? Et pour demain ? Quelles sont les régions en forte croissance ? En faible croissance ? Quelles pressions sur les ressources à la disposition des hommes à cause de cette pression démographique ?
Quels problèmes pose la concentration des habitants dans les villes africaines ? (doc. 2) À partir du doc. 3, calculez approximativement par combien la population du Congo sera multipliée d’ici 20 ans. Cherchez-en les raisons à partir du planisphère 2. De quel type de pays le Congo fait-il partie ? Quelles sont les conséquences de cette croissance démographique sur le territoire du Congo ? au niveau de l’espace ? de l’environnement ? Quels besoins pour les congolais peut-on déduire à partir de cette pression sur les ressources ?
COURS 4 De nouveaux besoins pour 9 milliards d’hommes en 2050 ●
p. 28-29
Présentation des documents
Doc. 1 L’empreinte écologique mesure les surfaces biologiquement productives de terre et d’eau nécessaires pour produire les ressources qu’un individu, une population ou une activité consomme et, pour absorber les déchets générés compte tenu des technologies et de la gestion des ressources en vigueur. Cette surface s’exprime en hectare par habitant. La carte révèle de profondes disparités entre pays développés et pays en développement. Le peu de pression exercée par de nombreux pays africains met en évidence leur faible consommation en eau et en énergie et leur carence de développement. À l’opposé, les champions de la consommation sont les États-Unis, le Canada, les Émirats arabes unis, entre autres. Ils ponctionnent bien au-delà de leur capacité biologique.
Doc. 2
COURS 3 Des dynamiques démographiques à plusieurs vitesses ●
p. 26-27
Présentation des documents
Doc. 1 Les grands foyers de peuplement de la planète apparaissent nettement sur cette carte, l’Asie de l’Est et l’Asie du Sud rassemblent à elles deux plus de 3 milliards d’individus. Les densités y sont supérieures à 100 hab. /km². Dans le monde occidental, les deux foyers importants se localisent en Europe et en Amérique du Nord-Est mais avec des chiffres qui ne sont pas comparables à ceux de l’Asie (590 millions d’habitants). À côté de ces foyers de peuplement, le monde apparaît comme bien vide : l’Amérique latine a essentiellement une densité inférieure à 1 hab. /km² sauf sur les littoraux, l’Afrique a majoritairement une densité comprise entre 1 et 10 hab. /km². Cela n’empêche pas d’y trouver des foyers de peuplement importants comme le Sudeste brésilien ou autour du golfe de Guinée (doc. 2).
Doc. 3 L’Afrique est le continent le plus touché par la déforestation, l’exemple du Congo est ici développé. Dans les régions tropicales et équatoriales, les villageois déboisent les terres pour agrandir leurs champs, l’agriculture étant souvent la seule source de revenus. D’année en année, les sols s’appauvrissent, les rendements baissent, ce qui implique de nouveaux déboisements, la végétation disparaît et les sols s’érodent. Au final, la pression démographique provoque le recul des terres arables, une perte de fertilité et donc une aggravation de la pauvreté. Ce texte veut mettre en évidence que la pauvreté ne permet pas une gestion durable des ressources environnementales. ●
Proposition d’activité pédagogique
À partir du repère B, montrez l’évolution de la population mondiale depuis 1950. Quels sont les pays les plus concernés par cette croissance ? Quels sont les grands foyers de peuplement dans le monde actuel (doc. 1) ? Expliquez leur origine. Quelles sont les zones désertiques sur la Terre ? Expliquez à l’aide des planisphères p. 316 et p. 317. 8
C’est un exemple de cette surexploitation des ressources, ici halieutiques. Le thon rouge est l’un des poissons les plus convoités au monde, notamment au Japon où il est très consommé. Afin d’éviter l’extinction de l’espèce, Monaco a proposé de suspendre les exportations de thon rouge d’Atlantique et de Méditerranée, mais la proposition a été rejetée en mars 2010.
Doc. 3 L’auteur aspire à faire prendre conscience que la croissance démographique a un impact direct sur l’environnement et le développement, et que l’humanité doit fournir des efforts pour une consommation raisonnable des ressources de la planète. ●
Proposition d’activité pédagogique
Pour quels besoins assiste-t-on à une augmentation des ressources depuis le XVIIIe siècle (doc. 2 et 3) ? Quels en sont les risques ? Comment agir efficacement pour limiter cette pression sur les ressources ? À partir du doc. 1, définissez l’empreinte écologique. Quelles sont les zones qui ont une empreinte forte ? faible ? Expliquez pourquoi. Pour approfondir, il est possible d’aller calculer son empreinte écologique sur le site : http://www.wwf.fr/s-informer/calculer-votre-empreinte-ecologique.
EXEMPLE 3 La situation démographique de l’Inde est-elle une entrave à son développement ? p. 30-31 L’Inde fait partie des B.R.I.C. (Brésil-Russie-Inde-Chine), ces superpuissances émergentes, mais plus que les trois autres, c’est un pays de paradoxes : c’est le moins développé et le futur pays le plus peuplé de la planète. Comment concilier alors son désir de développement économique avec transition démographique inachevée ? Un cas à étudier ici pour comprendre les défis à relever de l’Union indienne. ●
Présentation des documents
Doc. 1 Il permet de se rendre compte de l’évolution démographique de l’Inde dans les prochaines années, les prévisions pour 2030 étant de plus 1,4 milliard de personnes. © Hachette Livre
Doc. 2
Il explique justement les raisons des infanticides des filles et celles qui poussent les Indiens à avoir beaucoup d’enfants.
(Photo. 1). Avant d’être « naturelle », la catastrophe est avant tout « humaine », elle était prévisible et repose sur des erreurs de jugement de la part des autorités.
Doc. 3 et 4
Doc. 4
La comparaison entre les cartes permet de faire le lien entre PIB par habitant élevé et faible taux de fécondité. Les régions du nord de l’Inde sont les plus pauvres mais aussi celles où le taux de fécondité par femme est élevé.
Doc. 5
C’est un exemple de mesures prises par le gouvernement pour limiter les naissances et lutter contre l’infanticide des filles. ●
Réponses aux questions
1. La tendance démographique en Inde est à une forte croissance depuis le début du XXe siècle. L’accélération s’est faite depuis l’indépendance en 1947, passant de 400 millions d’habitants à 1,2 milliard aujourd’hui (population multipliée par 3). On parle de géant démographique pour parler de l’Inde et de la Chine, car ce sont des pays comportant une population très nombreuse (dépassant 1 milliard d’habitants), qui pèse un grand poids sur le continent concerné. 2. La croissance démographique s’explique par le maintien d’une forte fécondité, et une baisse de la mortalité engagée depuis les années 1920, et accélérée depuis 1947 (c’est-à-dire depuis l’indépendance). 3. Les principaux contrastes sont des inégalités sociales (faible revenu, parfois inférieur à 1 dollar par jour), et des différences régionales sur le plan de la richesse : le PIB moyen de l’Inde en 2007 est de 1 000 $ hab./ an, mais il ne dépasse pas 260 dans certaines régions de l’est ou du nord, comme le Bihar. Le Nord reste encore pauvre, et la fécondité y est forte. Inversement, le Sud est plus riche, et la fécondité se rapproche du seuil des 2 enfants par femme. Les enfants qui travaillent représentent une source importante de revenus pour la famille, même si l’éducation progresse. Les filles souffrent de nombreuses discriminations, du fait de la dot à payer pour les familles au moment du mariage. 4. La croissance démographique canalisée peut favoriser et augmenter le développement de l’Inde, car la pression sur les ressources peut ainsi diminuer. Pour cela, des campagnes d’éducation des femmes, et des filles en particulier, sont menées, via le planning familial (doc. 5). Bilan. La croissance indienne s’est stabilisée depuis les années 1980 et a tendance à diminuer considérablement depuis les années 2000, du fait des campagnes de prévention sur l’éducation et la contraception. La mortalité continue faiblement de diminuer, et la fécondité s’est stabilisée à 2,6 enfants par femme. Il n’en reste pas moins que l’Inde dépassera la Chine d’ici 2030, et sera à 1,6 milliard d’habitants, devenant ainsi le pays le plus peuplé du monde. Cette situation oblige à des choix de développement, et conditionne la réussite du développement du pays, car les régions ayant la plus forte fécondité sont aussi les plus pauvres. Il s’ensuit des problèmes sanitaires et d’éducation, qui ralentissent considérablement la progression de l’IDH. C’est un enjeu majeur pour le pays.
EXEMPLE 4 Quels risques pour l’humanité au xxie siècle ? L’exemple du cyclone Katrina p. 32-33 Le pays le plus développé de la planète n’est pas exempt d’une mauvaise évaluation des risques encourus par sa population ni d’une mauvaise gestion de la catastrophe survenue. Pourquoi un tel manquement ? La gestion de la crise dépend-elle du niveau économique des victimes ? L’exemple du cyclone Katrina permet de rendre compte des failles dans le système de gestion des risques aux États-Unis. ●
Présentation des documents
Doc. 1 et 2
Il est ici central pour comprendre l’absence de prise de précaution de l’État et du gouvernement. Des aménagements urbains risqués furent à l’origine des inondations qui causèrent la mort de 1 800 personnes © Hachette Livre
La carte montre que les populations les plus touchées étaient pauvres. Le lien est à faire avec le texte 2, où l’on rappelle que ceux qui furent coincés étaient les populations pauvres sans véhicule. ●
Réponses aux questions
1. Le cyclone a eu des effets dévastateurs sur les hommes (1 800 morts et des centaines de milliers de sans-abris), et sur le matériel (entre 100 et 300 milliards de dégâts). Beaucoup de personnes n’ont pu être évacuées face à ce cyclone exceptionnel (niveau 5). 2. Les zones humides (marécages et mangroves) ont été peu à peu utilisées par l’homme pour faire de l’agriculture. Or, ces espaces protégeaient naturellement le littoral. 3. Les digues ont été mal entretenues (rapport remis au président Bush dès juin 2005). Les risques ont été mal évalués, et l’évacuation mal organisée. Certains habitants ont préféré rester chez eux. D’autre part, beaucoup de zones pauvres ont été touchées par les inondations consécutives au cyclone. Et cette population n’a pas toujours de véhicule. 4. Les risques ont été mal pris en compte, que ce soit au niveau fédéral (le gouvernement américain n’a pas tenu compte de l’avis des experts), ou au niveau du gouverneur, qui a donné l’ordre d’évacuation trop tard. Les autorités ont décidé tardivement d’aider les habitants touchés par le sinistre, et ont peiné à lancer un plan d’envergure pour la reconstruction. 5. Les nouvelles maisons sont construites sur pilotis, mais ne montrent pas de réelles protections efficaces contre les cyclones : elles sont encore en bois. Par contre, elles respectent souvent les normes environnementales, et sont destinées en priorité aux plus défavorisés. Bilan. La catastrophe était prévisible depuis une vingtaine d’années, puisque des précédents ont existé et que les autorités compétentes n’ont pas émis un niveau d’alerte suffisant et usé de prévention à destination des habitants. Le besoin de sécurité crée par la concentration des habitants sur les littoraux n’a pas été suffisamment pris en compte à tous les niveaux de compétence (local, État, fédéral). Le développement durable dans cette région semble mieux pris en compte, mais essentiellement par des associations humanitaires, comme celle fondée par Brad Pitt. On insiste dans la reconstruction sur les matériaux en faveur de l’environnement, mais on ne fonde pas de réelle politique s’appuyant sur les trois piliers du développement durable : économique, social et environnemental.
PLANISPHÈRE 3 Les grands enjeux du développement durable p. 34-35 Décrire • Les causes du changement climatique sont probablement liées à une crise écologique mondiale, dénoncée en particulier par les experts scientifiques du GIEC (Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat). Cette crise écologique peut être en partie naturelle, mais aussi renforcée par l’homme : – des éléments climatiques : la fonte des glaciers et des neiges, la remontée du niveau des mers, la désertification en Afrique sahélienne… ; – des activités humaines qui renforcent ces éléments climatiques : les émissions de gaz à effet de serre (en particulier le dioxyde de carbone), le défrichement et l’épuisement des ressources de la planète sous le poids de la pression démographique. Les conséquences sont nombreuses. On pense par exemple aux réfugiés climatiques (Maldives, Tuvalu) menacés dans leur environnement. Une adaptation à un développement plus respectueux du développement humain, sans le ralentir, associant les trois piliers (économiques, sociaux et environnementaux), semble nécessaire. • La limite conventionnelle Nord/Sud est appelée d’ici 2050 à évoluer à cause de la croissance économique et des pays émergents, qui sont Chapitre 1 ● Du développement au développement durable 9
désormais intégrés à la mondialisation. En Amérique centrale, le Mexique et le Brésil sont des pays producteurs de matières premières, où la main-d’œuvre est bon marché, permettant ainsi aux économies de connaître des taux de croissance élevés, et donc un développement plus important dans les années à venir. Il en va de même pour l’Asie orientale et du sud. La Chine est d’ores et déjà la troisième puissance industrielle du monde, et du coup, le plus gros pollueur en volumes d’émissions de la planète. Seuls les PMA restent véritablement à l’écart du développement, ou tout du moins des fruits du développement. Le développement durable n’est absolument pas une priorité pour ces pays : il s’agit avant tout d’essayer de se développer. • La mise en application a historiquement été mise en place à un niveau global avec les préoccupations environnementales depuis les années 1980 et le rapport Brundtland. Les grandes conférences (notamment Rio) qui ont fixé les objectifs du millénaire ont permis d’affiner le concept de développement durable dans ses aspects environnementaux et sociaux. Puis, les États et les collectivités locales ont initié une application des principes du développement durable, surtout en Europe occidentale dans le cadre de l’Union européenne (Natura 2000, traité d’Amsterdam), ou en France dans le cadre du Grenelle de l’environnement. Au niveau local, de nombreux « Agendas 21 » permettent de mettre en place les principes du développement durable, et de fonder des écoquartiers ou des villes durables. La question des ONG – acteurs du développement durable – se pose aussi : elles agissent par l’intermédiaire de campagnes d’information à un niveau local ou international. Elles sont également engagées dans la lutte contre le réchauffement climatique, et ont été à l’initiative d’indicateurs reconnus, comme l’empreinte écologique (WWF). Passer au cours Quels sont les changements climatiques induits par les activités humaines ? Quelles catégories de pays intègrent des notions de « durabilité » dans leur développement ? pourquoi ? Quels sont les acteurs à l’échelle mondiale qui se mobilisent pour le développement durable ? Par quels moyens ? Quelles en sont les répercussions à l’échelle locale ? Quelles en sont les limites ?
– un pilier social, qui vise à satisfaire les besoins humains et à répondre à des objectifs d’équité et de cohésion sociale en englobant les questions de santé, de logement, de consommation, d’éducation, d’emploi, de culture, etc. ; – un pilier environnemental, qui vise à préserver, améliorer et valoriser l’environnement et les ressources naturelles sur le long terme. ●
Proposition d’activité pédagogique
Existe-t-il un ou des développements durables ? Comment les pays en développement peuvent-ils accéder au développement durable ? En recherchant dans le paragraphe B de la leçon p. 36, caractérisez les deux types de développement durable que l’on peut distinguer ? (Attente de durabilité forte ou faible). Le développement durable est-il unique et de quoi dépend-il ? À l’aide du doc. 3, indiquez quels sont les trois adjectifs qui permettent d’envisager sur un plan idéal le développement durable ? Quelles sont les limites à cet idéal ?
COURS 6 Quelle gouvernance pour le développement p. 38-39 durable ? ●
Présentation des documents
Doc. 1 Cette carte met en lumière les 10 premiers pays émetteurs de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique. La Chine a devancé les États-Unis dans le palmarès des plus gros pollueurs. D’autre part, cette carte met en avant le nombre relativement restreint de pays ayant ratifié le protocole de Kyoto et engagés à limiter ou réduire les émissions de gaz à effet de serre, et ceux qui l’ont ratifié mais sans engagement. Le protocole de Kyoto a été ratifié par 184 pays, il ne comporte toutefois d’engagement que pour 38 pays industrialisés, avec un objectif de réduction moyenne de 5,2 % par rapport aux émissions de 1992 de six gaz à effet de serre entre 2008 et 2012. On constate toutefois que les États-Unis, deuxième pollueur planétaire n’a pas ratifié le protocole.
Doc. 2
COURS 5 Quelle conception du développement durable p. 36-37 favoriser ? ●
Présentation des documents
Doc. 1
Cette carte met en relief les manques de terres des pays : – où les conditions climatiques ne sont pas favorables pour l’agriculture (Péninsule arabique, Suède) ; – où la population nationale est excédentaire par rapport aux ressources du territoire (Chine, Japon) ; – où la population est en forte croissance (Inde). La solution pour ces pays est d’acheter ou de louer des terres à l’étranger. L’Afrique apparaît comme pourvoyeuse d’espace, ainsi que la Russie et l’Indonésie. Les pays du Golfe, l’Arabie saoudite, Bahrein, Oman, Qatar se sont dirigés vers l’Afrique pour y acquérir des terres et ont été les pionniers de cet agro-colonialisme qui doit servir à nourrir leur population. La Chine, quant à elle, se tourne vers la Russie, le Laos ou les Philippines pour compenser la perte de terres agricoles à cause de l’urbanisation galopante.
Doc. 2
Adapter le développement durable au niveau de développement économique du pays apparaît plus judicieux que d’imposer un modèle unique de gestion durable des ressources de la planète.
Doc. 3
Ce concept de développement durable repose sur 3 piliers : – un pilier économique, qui intègre des objectifs de croissance et d’efficacité économiques ; 10
« Penser global, agir local », ce slogan induit que les décisions prises lors des sommets mondiaux doivent être mises en application à l’échelle locale. Ce schéma fait une rétrospective des objectifs et des mises en application des « Agendas 21 ». L’objectif est de mettre en œuvre, progressivement et de manière pérenne, le développement durable à l’échelle d’un territoire : élus, habitants, associations, entreprises, réseaux d’éducation doivent agir de concert pour y parvenir.
Doc. 3 La photographie montre des militants de Greenpeace autour d’un bateau transportant de l’huile de palme, huile la plus consommée dans le monde car elle est utilisée dans l’industrie agro-alimentaire et cosmétique. Or, comme son exploitation est très rentable, elle attire les investisseurs qui remplacent peu à peu les forêts vierges par des monocultures de palmiers à huile. Cela a conduit à la dégradation de 100 millions d’hectares de forêt indonésienne (la plus vaste après l’Amazonie). Greenpeace se fait l’écho de ce désastre écologique : il n’est pas nécessaire d’être un gouvernement pour alerter l’opinion internationale, cette ONG l’a compris et médiatise ses interventions chocs. ●
Proposition d’activité pédagogique
On peut demander aux élèves de montrer que : – l’environnement est une préoccupation constante depuis les années 1990 ; – l’application d’un accord mondial s’est faite progressivement, mais qu’un accord global sur les labels environnementaux et les émissions de gaz à effet de serre tend à se généraliser ; – les ONG ont un rôle actif auprès des États et de la mondialisation (preuve en est leur présence à toutes les grandes réunions internationales) ; – l’action locale des « Agendas 21 » permet une mise en œuvre au sein des communes pour plus d’équité. © Hachette Livre
EXEMPLE 5 Le front pionnier amazonien devient-il un laboratoire du développement durable ? p. 40-41 L’agriculture est le secteur qui a le plus modifié la planète. Pour se nourrir, l’humanité a colonisé d’immenses espaces autrefois vierges, comme ce fut le cas en Amazonie. Le défrichement irraisonné de cette forêt pendant des décennies peut-il servir de leçon aujourd’hui quant aux méfaits d’une agriculture productiviste sur un écosystème indispensable à la planète ? Les documents des pages 40 et 41 tentent justement de répondre à cette question. ●
Présentation des documents
Doc. 3 et 4 Le texte est central pour expliquer les raisons de la destruction accélérée de la forêt amazonienne. Une bonne partie de la déforestation est faite illégalement par des personnes ayant de gros moyens pour exploiter le bois et développer l’élevage bovin extensif, la monoculture de soja (doc. 2) et les monocultures forestières (pour la pâte à papier). Il y a aussi la colonisation et la déforestation par des millions de pauvres migrants venus d’un peu partout du Brésil. Les photos satellites du document 4 viennent confirmer cette vérité.
Doc. 5 Le schéma laisse penser qu’un développement durable peut être une alternative au développement prédateur : – un tiers de l’Amazonie est constitué « d’aires protégées » ; – les surveillances par satellites ont beaucoup progressé afin d’empêcher toute plantation clandestine, de canne à sucre, par exemple. ●
Réponses aux questions
1. La surface de la forêt a tendance à diminuer depuis les années 1970, d’environ 19 000 km2 par an. L’Amazonie, selon WWF, aurait perdu 17 % de sa superficie totale. La pénétration au Brésil se fait selon un arc au nord-ouest du Maranhão, du Mato Grosso et du Rondônia. La déforestation se fait généralement le long d’une route percée, de type transamazonienne. Les acteurs de la déforestation sont l’État et les colons (éleveurs, bûcherons ou agriculteurs). 2. À partir de la route, des champs généralement géométriques, car divisés en parcelles, sont attribués à des colons en quête de terres, chassés généralement des régions pauvres du Brésil, comme le Nordeste. Ces terres sont généralement défrichées par brûlis, avant d’être cultivées en céréales destinées à l’élevage, comme le soja (doc. 1), ou destinées à l’élevage (30 millions de têtes de bétail en Amazonie). Sur place, l’agriculture est irriguée, comme nous pouvons le voir dans la photographie 1 (champ circulaire qui correspond à la rampe d’arrosage). Les fermes sont installées à proximité, et il subsiste quelques bois, témoins de l’ancienne forêt dense. 3. Les activités pratiquées sont d’abord de l’agriculture sur brûlis, puis deux ou trois ans de cultures annuelles, avant que des sociétés agricoles de grande taille ne se lancent dans la culture intensive du soja par exemple. Certaines sont légales et ont pu être encouragées par le gouvernement même, dans un souci de développer le pays. Mais d’autres sont illégales, car les industriels de la viande encouragent à développer l’élevage, et donc financent frauduleusement le défrichement. L’objectif économique est atteint dans une certaine mesure, car le Brésil est devenu un grand pays exportateur (1er exportateur de bœuf avec 30 % du marché). 4. Pour protéger la forêt, des aires de protection ont été créées, mais ces aires sont parfois défrichées illégalement. Pour lutter contre la déforestation, les mesures à venir consisteraient à poursuivre les exportateurs de viande, à surveiller la forêt par satellite, à établir un cadastre et à mettre en place la traçabilité des produits issus de la forêt. 5. Les principaux acteurs de la protection sont des ONG (Greenpeace, WWF) et l’État brésilien (fédéral et local). Bilan. Le front pionnier amazonien est l’un des plus importants du monde, il concerne 7 millions d’habitants environ. Le développement © Hachette Livre
durable semble progresser, si l’on en juge la volonté de concilier développement économique du pays et protection de la nature (aires protégées par l’État et les régions). Le rôle des ONG, comme WWF ou Greenpeace, est important. Pour la première fois en 2009, la déforestation a reculé, mais il reste tout de même 150 000 hectares déboisés illégalement, et la pression démographique et économique est forte sur la forêt. La zone est donc toujours très attractive, et en faire un sanctuaire inaccessible est encore difficile.
EXEMPLE 6 L’Union européenne est-elle un modèle de gouvernance du développement durable ? p. 42-43 Parmi les 3 pôles de la Triade, l’Union européenne est celui qui semble s’engager le plus dans la mise en œuvre d’un développement durable. Elle a ratifié le protocole de Kyoto contrairement aux États-Unis et doit apparaître comme un modèle des régions développées économiquement mais aussi soucieuses de l’environnement et de la préservation des ressources. Comment espérer que les pays en développement emboîtent le pas si les plus riches – les premiers développés – ne montrent pas l’exemple ? Les documents tentent de faire le point sur les capacités de plusieurs pays à coopérer pour s’entendre sur une gestion durable des ressources même quand cela va à l’encontre d’intérêts économiques. ●
Présentation des documents
Doc. 2 et 3
Les textes mettent en lumière les efforts entrepris par l’Union européenne pour préserver d’une part les ressources halieutiques et d’autre part pour lutter contre le réchauffement de la planète. Dans les deux cas, des efforts doivent être entrepris, de la part des pêcheurs pour le document 2 et des entreprises et particuliers pour le document 3.
Doc. 4 et 5
Le tableau permet de faire le point sur les réelles avancées de la mise en œuvre du développement durable. Il peut être relié à la carte 4, qui permet de mettre en évidence l’étendue des sites protégés Natura 2000. Avec la constitution du réseau Natura 2000, l’Europe s’est lancée dans la réalisation d’un ambitieux réseau de sites écologiques dont les deux objectifs sont de préserver la diversité biologique et de valoriser le patrimoine naturel des territoires européens. ●
Réponses aux questions
1. L’Union européenne est le principal laboratoire du développement durable : elle agit pour la protection de l’environnement (dépasser les objectifs de Kyoto ; instaurer des sites Natura 2000 ; imposer des quotas à la pêche, etc.), sans négliger le pilier économique. 2. Le conflit sur le thon rouge est révélateur des problèmes qui peuvent subvenir dans le cadre de la mise en place du développement durable. La direction européenne impose à tous les pays membres des quotas de pêche, pour protéger une espèce menacée, le thon rouge. Mais cette limitation pèse plus sur les petits pêcheurs que sur la pêche industrielle, et les petits marins-pêcheurs indépendants réclament la possibilité de continuer de pêcher. À cela s’ajoute la pression des ONG, qui dénoncent la poursuite de la pêche par des bateaux battant pavillon hors de l’Union européenne. Le conflit est donc triple avec l’Union européenne, faisant entrer en jeu les États, les pécheurs et les écologistes. 3. Les indicateurs servent à mesurer l’implication de l’Union européenne dans le développement durable. Le taux de croissance du PIB par habitant, la consommation d’énergie des transports, la productivité des ressources et l’aide publique au développement entrent dans le pilier économique. Le pilier social correspond à l’espérance de vie en bonne santé, au taux de risque de pauvreté et au taux d’emploi des travailleurs âgés. Enfin, le pilier environnemental est mesuré grâce à l’émission totale des gaz à effet de serre, la part des énergies renouvelables et l’indice d’abondance des ressources animales. Il y a beaucoup plus de soleil que de nuages dans l’évaluation de la commission européenne : c’est donc le signe d’une vision assez optimiste des choses. Chapitre 1 ● Du développement au développement durable 11
4. Les autres acteurs impliqués sont les États, et les communes, ou collectivités locales. 5. L’Union européenne se veut un acteur mondial comme les autres pôles de la Triade : en cela, elle essaie d’avoir un rôle dans de grandes conférences, comme Copenhague en 2009, ou en faisant pression sur la Russie pour qu’elle signe le protocole de Kyoto. Les principaux pollueurs de la planète restent la Chine et les États-Unis. Bilan. L’Union européenne engage des actions volontaires pour protéger l’environnement au sein de ses territoires, en organisant une politique commune de gestion des ressources. Elle s’engage aussi bien mondialement que localement, pour favoriser la protection de la nature, du climat, et mettre en œuvre les trois piliers du développement durable. Cependant, elle rencontre quelques obstacles. Sa réussite dépend aussi de ses voisins et partenaires mondiaux. L’Europe n’est qu’un pôle de développement, et la Chine et les États-Unis par exemple n’ont pas encore ratifié le protocole de Kyoto. Par ailleurs, elle doit encore équilibrer la compétition économique entre les acteurs (pêche, agriculture…), et prendre en compte les organisations écologistes.
MÉTHODE 1 Lire une carte : les différentes projections p. 44-45 1. Présenter • Les trois documents sont des planisphères qui représentent l’ensemble de la Terre mise à plat. • L’Europe et l’Afrique sont au centre. Dans le doc. 3, qui est une projection polaire, c’est le pôle Nord qui est au centre. • Dans les trois documents, on ne voit jamais l’Antarctique. 2. Comparer • Dans le planisphère 1, le Groenland semble plus grand que l’Afrique, car la projection de Mercator agrandit considérablement les distances à la hauteur des pôles. Dans le planisphère 2, on respecte la surface réelle des continents, ce qui explique que l’Afrique soit beaucoup plus grande. On applique ici leur superficie réelle, mais l’Afrique est exagérément étirée. Dans le planisphère 3, les trois ensembles géographiques apparaissent dans une position intermédiaire, mais éclatés. • La zone intertropicale est réduite dans le planisphère 1, car la projection de Mercator exagère les surfaces vers les latitudes élevées. C’est l’inverse pour le planisphère de Peters. • La ligne aérienne Buenos Aires-Tokyo passe par les pôles dans le doc. 3, réalisant un trajet plus court de 6 000 km par rapport à celui effectué dans le doc. 1. Le trajet le plus proche de la réalité est donc celui du planisphère 3. • La déformation majeure mise en évidence dans les doc. 1 et 3 est la
distance océanique, très fortement accentuée dans la projection de Fuller. 3. Choisir La projection à favoriser pour exprimer : – la richesse : la projection de Peters (si on veut donner de l’importance aux pays en développement), ou la projection de Mercator, pour les pays développés. – la mortalité infantile : la projection de Peters. – l’importance des flux de marchandises : la projection de Fuller. – les routes maritimes vers l’Amérique du Nord et l’Asie orientale : la projection de Fuller. • Aucun planisphère n’est exact car la terre est une sphère, et qu’il faut toujours une projection, c’est-à-dire une déformation pour réussir à la cartographier.
MÉTHODE 2 Confronter des images à différentes échelles p. 46-47 Sujet : La frontière entre les États-Unis et le Mexique, une coupure dans le paysage 1. Présenter Les documents sont quatre photographies de la frontière du Mexique et des États-Unis, une frontière asymétrique à la fois fermée par un mur pour les Mexicains, et ouverte dans le cadre des échanges régionaux de l’ALENA (association de libre-échange nord américain). La partie de la frontière concernée est celle de San Diego/Tijuana, sur la côte Pacifique. • Le doc. 2 est une vue aérienne oblique, le doc. 1 une vue aérienne verticale, les doc. 3 et 4 des vues prises du sol. • Ces images sont classées de la petite échelle (vue globale) dans le doc. 1 à la grande échelle (un point particulier du mur séparant les États-Unis et le Mexique). 2. Situer San Diego est aux États-Unis et Tijuana au Mexique, sur la façade Pacifique. 3. Comparer Le mur, les voies de communication, la présence de l’océan, les habitations côté mexicain, et les activités (la patrouille mobile, la Plaza Monumental) facilitent la comparaison. Doc. 1 : côté américain au Nord, côté mexicain au Sud. Doc. 2 : côté américain à l’Ouest, côté mexicain à l’Est. Doc. 3 : côté américain à gauche, côté mexicain à droite. Doc. 4 : côté mexicain au premier plan, côté américain à l’arrière-plan (mirador).
Qu’apporte…
le doc.1 concernant…
le doc. 2 concernant…
le doc. 3 concernant…
le doc. 4 concernant…
le côté américain
– zone semi-désertique, une zone protégée ou de réserve. – nombreuses voies de communication.
– zone semi-désertique avec la présence de la patrouille, ce qui montre la surveillance de la frontière.
– présence de miradors, de la patrouille frontalière, et du mur.
– miradors de surveillance.
la frontière
– tracé rectiligne (plusieurs milliers de kilomètres).
– mur fait de barbelés et – tracé rectiligne et une sorte de fossé entre le Mexi- haut de 2 ou 3 m. que et les États-Unis.
le côté mexicain
– zone densément peuplée et urbanisée. – activités de loisirs visibles. – voies de communication et échangeurs routiers.
– habitations – voies de communication – activités de loisir (Plaza Monumental).
12
– habitat dégradé côté mexicain.
– mur fait de tôles.
– présence de cercueils qui renseignent sur la dangerosité de la frontière, et la mortalité importante (un mort par jour à cause de la faim, des trafics d’armes ou des passeurs).
© Hachette Livre
• Plus l’échelle est grande, plus les informations sur les flux et sur la dangerosité de cette frontière prennent de l’importance. 4. Rédiger une synthèse La frontière est une coupure visible de l’espace, mais aussi bien présente sur le sol. Elle est rectiligne et composée d’un mur, surveillé par une patrouille américaine très présente. Elle a pour but d’empêcher une immigration illégale aux États-Unis. Elle sépare aussi deux niveaux de vie différents : l’habitat côté mexicain est encore dégradé parfois, même si des activités modernes existent au Mexique, mais destinées aux Américains qui veulent acheter moins cher ou se divertir à moindre coût côté mexicain. Les flux ne sont pas absents : dans le cadre de l’ALENA, le Mexique est un pays atelier où sont assemblés des objets conçus aux États-Unis, pour des raisons de main-d’œuvre à bon marché.
MÉTHODE 3 Choisir les informations à cartographier
p. 48-49
Sujet : Les contrastes de population et de développement en Chine 1. Analyser le sujet A. – Contrastes : différences, inégalités. – Population : habitants du pays. La population chinoise n’est pas composée d’une seule ethnie, mais de nombreuses minorités ethniques (voir doc. 2). – On mesure le développement par l’IDH et la richesse par le PIB/hab., qui est une composante de l’IDH. B. – Le sujet concerne la Chine, un pays qui a un IDH moyen, donc un pays en émergence. – La population chinoise est la première du monde (1,2 milliard d’habitants), et a longtemps été en forte croissance. Celle-ci est aujourd’hui ralentie. Elle connaît de fortes densités de peuplement (sur le littoral), alors que certaines zones sont vides (à l’Ouest). C. La problématique 2 semble la plus adaptée, car elle montre que cette répartition et ce niveau de développement organisent le territoire et la construction de la Chine. L’histoire et la géographie expliquent donc l’organisation de l’État le plus peuplé du monde.
2. Relever des informations cartographiques • D’après le doc. 1 : – les régions de fortes densités se situent à l’Est, sur le littoral et le long des vallées fluviales ; – les régions de faibles densités se trouvent à l’Est, dans la Chine intérieure ; – les deux mouvements de population sur le territoire chinois sont : l’exode rural des campagnes vers les villes du littoral et le déplacement des chinois vers les fronts pionniers de l’Est ; – l’exode rural est le départ des ruraux vers les villes pour y chercher de meilleures conditions de vie, un salaire plus élevé, un accès à l’éducation facilité… ; – un front pionnier est un espace en cours de peuplement et de mise en valeur par les hommes. • D’après le doc. 2 : – le berceau de la civilisation chinoise se trouve au nord-est de la Chine, sur le littoral entre Shanghai et Beijing ; – les fortes densités littorales de la carte 1 s’expliquent par la carte 2, grâce à l’indicateur sur le berceau de la Chine des Han, à la mise en évidence sur la carte 2 de la présence de fleuves, et à la riziculture et à la culture du blé ; – des facteurs naturels interviennent ; – les minorités nationales sont les Mandchous, les Mongols, les Ouigours, les Tibétains, les Zhuangs. Ils sont situés dans les espaces périphériques. Cela s’explique par les conquêtes des Han qui ont, au fil de l’Histoire, repoussé les minorités sur les espaces en marge. • D’après le doc. 3 : – des tensions ethniques existent sur le territoire entre Han et Tibétains et entre Han et Ouigours ; – la Chine a eu des tensions frontalières avec la Russie mais celles-ci sont résolues, par contre existent toujours les tensions avec Taiwan et l’Inde ; – l’IDH est très inégal selon les régions. Les provinces littorales où se concentre la population Han ont un IDH plus élevé que les populations de l’intérieur où vivent les minorités ; – Shanghai, Hong Kong et Macao atteignent des niveaux de développement comparables aux pays développés, grâce à l’ouverture de ces territoires, du fait qu’ils sont les portes d’entrée de la mondialisation en Chine et qu’ils attirent les investissements étrangers.
3. Élaborer une légende hiérarchisée Thèmes
1. Une densité inégale de population
Informations
Figurés
– densités fortes (> à 200 hab. /km²) – densités faibles (< à 10 hab. /km²) – facteur historique : le berceau des Han basé sur le riz ou sur le blé. – plus de 90 % à l’est de cette ligne – principales villes de plus de 2 millions d’habitants – minorités nationales
Ouïgours
– tensions ethniques 2. Des inégalités de développement
– flux d’exportation/importation – zones industrielles
▲
– ports de rang mondial
■
– IDH (0,7-0,9) – IDH (> à 0,9) – limite Nord/Sud – routes principales 3. Les dynamiques de population
– exode rural – front pionnier
On élimine des éléments pour conserver un croquis lisible : ports, routes, régions viticoles, etc. © Hachette Livre
Chapitre 1 ● Du développement au développement durable 13
4. Choisir des figurés • Voici les figurés choisis pour représenter : – les fortes densités : – un IDH faible : – l’exode rural : – les grandes villes chinoises :
• On peut donc compléter la légende : 1. Des densités inégales de population
2. Des inégalités de développement
3. Les dynamiques de population
forte densité
IDH élevé
exode rural
faible densité
IDH faible
front pionnier
grandes villes chinoises
Plus de 90 % de la population concentrée à l’est de cette ligne
5. Compléter la légende et le croquis
Les contrastes de développement et de population en Chine RUSSIE KAZAKHSTAN
Harbin
MONGOLIE
Urumqi Shenyang
Ouïgours
CORÉE DU NORD
Beijing Tianjin
CORÉE DU SUD
CHINE Lanzhou
Tibétains
Xi’an Shanghai Wuhan
Chengdu
Lhassa NÉPAL
Mer de Chine orientale
Chongqing
INDE BANGLADESH
0
1 000 km
MYANMAR
1. Une population inégalement répartie forte densité (> à 200 hab./km2)
Hong Kong
2. Un développement contrasté IDH élevé
faible densité (< à 10 hab./km2)
IDH moyen
grandes villes chinoises
IDH faible
plus de 90 % de la population concentrée à l'est de cette ligne
limite Nord/Sud du développement
berceau de la civilisation chinoise du riz et du blé Ouïgours minorité nationale tension ethnique
14
TAÏWAN
Nanning
N
3. Les dynamiques de peuplement front pionnier exode rural
© Hachette Livre
PROLONGEMENT
p. 51
Passerelle SVT Quelle est l’influence de la présence humaine sur la biodiversité ? Le schéma général d’un écosystème permet de mettre en évidence le fait que tous les éléments sont imbriqués et interagissent. L’homme, faisant partie des animaux, a donc également un impact. L’idée générale développée ici, et dans le programme de SVT, est que l’homme doit être conscient des conséquences de ses actes (implantation, activité, agriculture…). Un organisme vivant qui ne semble pas bénéfique directement à l’homme peut l’être indirectement : c’est l’exemple des insectes auxiliaires qui se nourrissent des insectes parasites des cultures implantées par l’homme. Des pratiques réfléchies et raisonnées permettent de limiter notre impact. Réponses au quizz de l’INRA sur l’agriculture et la biodiversité : 1a ; 2b ; 3c ; 4c ; 5b ; 6a ; 7a ; 8a ; 9a ; 10a ; 11b ; 12a ; 13c ; 14a ; 15b ; 16b ; 17a ; 18c ; 19c ; 20b ; 21c ; 22b. Ce quizz permet d’apporter des exemples concrets et parfois surprenants pour illustrer le cours.
B2i Réduisons nos déchets, un site de l’ADEME ● Présentation
p. 51
du site
L’ADEME dépend du ministère de l’Environnement (Établissement public à caractère industriel et commercial, placé sous la tutelle conjointe des ministères en charge de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer, en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat, et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche). ● Réponses
aux questions
– L’ADEME (Agence de l’environnement de la maîtrise de l’énergie) est à l’origine du site. Ce site est destiné au grand public pour l’informer de la nécessité de gérer mieux les déchets et de protéger l’environnement. – Chaque français produit chaque année 390 kg de déchets. – Chacun peut agir au quotidien sur ses achats et sa consommation d’énergie. Les bons gestes peuvent être : l’utilisation d’appareils électriques à basse consommation, l’utilisation des énergies renouvelables, l’isolation de sa maison, un tri des déchets efficace, des achats intelligents (emballages réutilisables, produits de saison, etc.). – Le site suggère que tous les acteurs économiques (entreprises) sont concernés, dans la mesure où ils peuvent concevoir, fabriquer et vendre autrement. L’État doit aussi jouer son rôle. D’après le Grenelle de l’Environnement, la France doit réduire ses déchets de 7 % par an. Les institutions locales, communes, départements ou régions, doivent inciter les citoyens à protéger l’environnement, et faire de la sensibilisation. Les communes peuvent aussi développer des « Agendas 21 ». – L’ensemble des piliers sont mis en action : l’action en faveur de la protection de la nature à travers le tri des déchets, mais aussi le volet économique, puisqu’on incite à produire différemment, tout en restant compétitif. Le volet social est le moins présent, c’est donc le pilier du développement durable à encourager.
BIBLIOGRAPHIE Ouvrages généraux ■ Collectif, Comprendre le développement durable, Bordeaux, CRDP d’Aquitaine, 2008. ■ Collectif, « La vie meilleure. Mode d’emploi », Courrier international, HS, octobre-novembre-décembre 2009. ■ E. Arnaud E., A. Berger A. et C. De Perthuis, Le développement durable, éditions Nathan, 2008.
© Hachette Livre
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SITOGRAPHIE www.defipourlaterre.org www.actu-environnement.com ■ www.association4d.org ■ www.constructiondurable.com ■ www.assohqe.org ■ www.agoravox.fr ■ www.unep.org ■ www.decroissance.org ■ www.delaplanete.org ■ ■
Chapitre 1 ● Du développement au développement durable 15
THÈME 2 Gérer les ressources terrestres Chapitre 2 Nourrir les hommes Introduction
1. Quelle est la situation alimentaire ?
Réduire la faim dans le monde est un des objectifs premiers du développement durable. Les Objectifs du Millénaire définis par l’ONU en 2000 ont réaffirmé l’engagement pris lors du sommet mondial de l’alimentation en 1996 de diviser par deux le nombre de malnutris d’ici 2015. Force est de constater qu’il s’agit d’un échec puisque 850 millions de personnes souffrent de sous-alimentation chronique et que la malnutrition touche 2 milliards de personnes. La forte croissance démographique rend le problème de l’insécurité alimentaire plus aigu : l’agriculture devra nourrir 9 milliards d’individus en 2050. Si produire plus ne doit pas se faire au détriment de la santé ou de l’environnement, il faudra également produire mieux : c’est tout l’enjeu des agricultures alternatives. Le chapitre présente dans un premier temps les grands problèmes alimentaires auxquels sont confrontées les sociétés humaines (malnutrition, sous-alimentation, famine) aggravés par l’essor démographique. Les agricultures traditionnelles s’avèrent insuffisantes pour assurer la sécurité alimentaire, et les agricultures sont intégrées de manière trop inéquitable au commerce mondial (fracture Nord/Sud). Il faut explorer d’autres voies : des alternatives durables s’offrent à nos sociétés pour produire mieux (OGM, agriculture biologique, agriculture raisonnée). Certaines sont contestées, d’autres trop peu productives, mais toutes montrent la réelle prise de conscience à l’échelle mondiale de la nécessité d’adopter une agriculture plus durable.
● Présentation
OUVERTURE
p. 54-55
Agriculture biologique à Kasrawad, dans l’État de Madhya Pradesh (Inde) L’Inde est un géant démographique, avec une population estimée à 1,18 milliard d’habitants en 2010. À partir des années 1960, le pays a mis en place la révolution verte, pour augmenter la production agricole et atteindre l’autosuffisance alimentaire. La photographie d’ouverture, qui illustre la pratique d’une agriculture biologique, témoigne d’une prise de conscience des impacts environnementaux négatifs des politiques d’intensification agricole. L’augmentation de la production n’est donc plus le seul objectif de l’agriculture indienne. Cette photographie montre l’inscription dans une démarche de développement durable.
ÉTUDE DE CAS 1 L’Afrique subsaharienne peut-elle vaincre p. 56-61 la faim ? Le choix de l’Afrique subsaharienne place le problème de la faim au cœur de l’étude puisque c’est la région du monde la plus sousalimentée. Le plan choisi (bilan de la situation, facteurs explicatifs, solutions) ne déroutera pas les élèves. C’est dans ce continent que la sous-alimentation risque de s’aggraver le plus en raison de l’accroissement démographique. Les facteurs explicatifs sont multiples et très loin d’être seulement « naturels » : les conflits, l’instabilité politique sont une cause majeure de l’insécurité alimentaire. Mais la situation n’est pas désespérée : de nombreuses initiatives durables émergent et permettent de nourrir plus et mieux la population tout en préservant l’environnement. 16
p. 56-57
des documents
Doc. 1 La carte 1 montre que l’insécurité alimentaire est présente dans une majorité de pays subsahariens même si la situation est inégale. L’Afrique du Sud, pays émergent est relativement épargnée.
Doc. 2 et 3 L’insuffisance de l’agriculture africaine peine à suivre l’augmentation de la population. Ce phénomène est à confronter à la tendance mondiale illustrée par le doc. 2 p. 75. Le graphique 3 met en évidence l’augmentation des ressources alimentaires extérieures (aide alimentaire et importation) mais aussi l’irrégularité de l’aide. Cette dernière est en fort déclin depuis 2003, cette solution n’est donc pas durable.
Doc. 4 Sur cette photographie, on peut voir une distribution alimentaire dans un camp de réfugiés. L’aide provient des États-Unis, ce qui soulève le problème de la dépendance alimentaire des pays africains.
Doc. 6
La confrontation des cartes 1 et 6 met en évidence la situation particulièrement catastrophique de pays en forte insécurité alimentaire et qui connaissent un essor démographique supérieur à 2,5 %. La République démocratique du Congo est dans ce cas, comme l’illustre le doc. 4. ● Réponses
aux questions
1. La situation alimentaire de l’Afrique subsaharienne est alarmante, 30 % de la population est sous-alimentée. Mais le continent souffre inégalement de la faim, certains pays comme la République démocratique du Congo sont plus touchés : 45 % de sa population souffre de sous-alimentation. À l’inverse, moins de 5 % de la population souffre de sous-alimentation en Afrique du Sud. 2. La sous-alimentation chronique peut se transformer en véritable disette lorsque les récoltes sont particulièrement mauvaises. Au Niger, la période de soudure pendant laquelle les grains des dernières récoltes s’amenuisent a plongé 7,8 millions de Nigériens dans la crise alimentaire. La famine, à l’origine d’une forte hausse de la mortalité, est le phénomène le plus aigu de la crise alimentaire. Elle est due aux conflits : les personnes réfugiées sont les plus vulnérables. Ces crises alimentaires provoquent une instabilité politique forte. En 2008, suite aux hausses des prix des produits alimentaires, de violentes émeutes de la faim ont explosé en Côte d’Ivoire, en Éthiopie ou encore au Nigeria. 3. L’augmentation des besoins alimentaires du continent s’explique par son fort taux d’accroissement naturel : 2,3 %. Entre 1961 et 2010, la population d’Afrique subsaharienne a été multipliée par 3,7. Dans le même temps, la production agricole a seulement été multipliée par 2,6. Malgré des progrès significatifs, elle reste insuffisante pour nourrir la population. 4. Pour répondre à la forte croissance de leur population, de nombreux pays africains importent des produits alimentaires. Les importations ont été multipliées par douze depuis 1961. Ils ont également recours à l’aide alimentaire par le biais d’ONG telle qu’Action contre la faim ou d’organisations internationales telle que le PAM (Programme alimentaire mondial de l’ONU). Ces solutions ne sont pas durables, car © Hachette Livre
ces aliments concurrencent les produits locaux souvent moins compétitifs et les pays receveurs de l’aide deviennent dépendants des pays exportateurs. De plus en plus, les pays préfèrent gérer eux-mêmes les crises alimentaires, c’est le cas au Niger où le gouvernement a racheté des produits locaux qu’il a remis sur le marché à moindre prix. Cette solution assure la subsistance des petits agriculteurs locaux tout en augmentant les disponibilités alimentaires pour la population, mais elle demande des investissements coûteux que tous les États ne sont pas en mesure de supporter. BILAN 1. La situation alimentaire de l’Afrique subsaharienne est alarmante car 30 % de sa population est sous-alimentée. La proportion atteint même 45 % dans certains pays comme la République démocratique du Congo. Les famines sont des épisodes plus violents et entraînent une hausse de la mortalité, elles se déclarent dans tous les pays qui connaissent des conflits. La sous-alimentation du continent est liée à la forte hausse de la population : elle a été multipliée par quatre depuis cinquante ans alors que dans le même temps la production agricole a seulement doublé. Les problèmes alimentaires risquent encore de s’aggraver car les démographes prévoient un doublement de la population d’ici à 2050.
2. Pourquoi la population souffre-t-elle de la faim ? ● Présentation
p. 58-59
des documents
BILAN 2. La faim est en partie liée à des facteurs naturels. Des espaces sont très défavorables à une mise en culture en raison de leur aridité (la région du Sahel ou le désert du Kalahari). Mais d’après Sylvie Brunel, « les famines ne tombent plus du ciel » et les facteurs explicatifs sont surtout humains. La désertification par exemple est aggravée par les défrichements. Plus généralement, la grande pauvreté et le faible développement des pays africains ne leur permettent pas d’investir suffisamment dans l’agriculture. Cette dernière reste essentiellement vivrière ; peu mécanisée, utilisant peu d’intrants, elle est peu productive mais gourmande en main-d’œuvre ce qui explique la forte part des agriculteurs dans la population africaine. Par ailleurs, les États fragiles sont en proie à de multiples conflits. Les populations résidant en zone de guérillas doivent migrer et ces réfugiés sont très exposés aux risques de famine.
3. Comment vaincre durablement la faim ? p. 60-61 ● Présentation
des documents
Doc. 12
Doc. 7 et 8
Le texte 8 met en lumière le rôle des conflits dans l’insécurité alimentaire africaine. Il est à relier à la carte 7 qui présente la multitude des régions touchées par l’instabilité politique depuis les années 1990. La carte met en avant un paradoxe : la majorité de la population travaille dans le secteur agricole mais peine à subvenir à ses besoins alimentaires. La faible productivité s’explique en partie par le manque de moyens pour investir dans l’agriculture.
Doc. 9 et 10
Les doc. 9 et 10 présentent les grandes caractéristiques de l’agriculture vivrière agricole par opposition aux agricultures intensives présentes dans les pays développés et émergents.
Doc. 11
La carte permet de nuancer l’idée selon laquelle l’Afrique serait un milieu hostile et aride, difficile à mettre en culture. Si les régions désertiques existent, elles sont très largement compensées par de grandes réserves de terres. La désertification, elle, progresse à un rythme soutenu mais s’explique autant par des causes naturelles (changement climatique) que par une surexploitation agricole qui fragilise les terres. ● Réponses
5. L’instabilité politique est un facteur aggravant des problèmes alimentaires dans cette région du monde. Des mouvements armés, parfois dirigés par les États ou opposés à eux, pillent des villages et détournent l’aide alimentaire apportée aux victimes des conflits. « Les famines ne tombent aujourd’hui plus du ciel en Afrique », elles sont instrumentalisées pour déplacer des populations, recruter une maind’œuvre jeune qui sert au front, etc.
aux questions
1. Malgré quelques régions arides difficiles à mettre en culture (désert du Kalahari, Sahara), l’Afrique possède 733 millions d’hectares de terres arables, ce qui est suffisant pour nourrir sa population. Avec les forêts du bassin du Congo, elle dispose également de réserves de terres importantes (2 millions de km2, deuxième massif forestier tropical après la forêt amazonienne) même si l’expansion agricole dans ces massifs est fortement contestée. 2. L’agriculture vivrière domine largement en Afrique. Cette agriculture, essentiellement manuelle, est peu productive. Ainsi, à Tombouctou, le battage du riz entraîne une perte de grains conséquente. 3. L’agriculture africaine dispose pourtant de moyens humains considérables : dans la majorité des pays, plus de 50 % de la population active travaille dans le secteur agricole. En revanche, elle dispose de peu de moyens techniques : l’irrigation reste insuffisante (les superficies irriguées sont dix fois moins nombreuses qu’en Afrique du Nord), la mécanisation est faible et l’apport d’intrants est quasiment dix fois inférieur à la moyenne mondiale. Cette faiblesse technique s’explique essentiellement par la pauvreté des États d’Afrique subsaharienne qui peinent à investir dans l’agriculture. 4. Malgré sa faible productivité, l’agriculture africaine est néfaste pour l’environnement. La technique de la culture sur brûlis dégage de fortes émissions de CO2. L’extension des terres agricoles par le biais des défrichements réduit les forêts tropicales du Congo. © Hachette Livre
La carte montre que le continent africain est à la croisée des chemins pour le développement de son agriculture : il y a une hésitation à imiter le modèle productiviste des pays développés et émergents (cultures OGM, défrichements et déforestation des forêts tropicales).
Doc. 13 et 14 La voie de l’agriculture intensive est illustrée par le Kenya qui augmente ses investissements agricoles et n’hésite pas à avoir recours aux OGM pour lutter contre la malnutrition. La FAO et certains pays africains plaident pour une autre voie spécifique au continent, une voie plus durable qui concilierait intensification agricole et respect de l’environnement.
Doc. 15 Cette voie est notamment illustrée par la photographie d’une pépinière d’acacias destinés à lutter contre la désertification : cette variété est utilisée dans le projet de la Grande Muraille Verte (doc. 12).
Doc. 16 La carte 16 met en lumière le spectre du changement climatique et son impact négatif sur la production céréalière principalement dans la région sahélienne. Il peut servir de document d’accroche pour expliquer la nécessité de trouver des alternatives durables. ● Réponses
aux questions
1. La première solution envisageable est l’extension des terres agricoles par le biais des défrichements des terres qui ne sont pas encore cultivables comme celles du bassin du Congo. La seconde solution consiste à intensifier la production en investissant davantage dans la production. La FAO, en distribuant des semences à haut rendement à des villageois kenyans, a permis une augmentation de la productivité. Produire davantage ne suffit pas, il faut également favoriser les exportations (cacao, café). Le commerce équitable est une voie privilégiée pour assurer aux petits producteurs locaux des revenus décents. 2. L’investissement agricole engendre un cercle vertueux sur l’agriculture africaine. Il permet d’augmenter la productivité ce qui a pour conséquence la hausse des revenus des agriculteurs et la baisse des prix des produits agricoles. À l’inverse, l’aide alimentaire concurrence la production locale et ne fournit aucun revenu aux producteurs locaux. 3. Les cultures OGM sont de plus en plus présentées comme des alternatives à la malnutrition. Elles sont autorisées au Niger, au Kenya, au Mali ou encore au Burkina Faso. Dans ces pays, les chercheurs ont développé un plant de sorgho OGM enrichi en fer qui pourrait, à terme, réduire les anémies causées par les carences en fer. 4. Les projets d’intensification agricole ne se font pas toujours au détriment de l’environnement. Le projet transnational de la Grande Chapitre 2 ● Nourrir les hommes 17
Muraille Verte doit lutter contre l’avancée du Sahel afin de préserver les terres agricoles de l’avancée du désert. L’acacia est un arbre clé du projet : il permet une intensification agricole car il enrichit le sol en nutriment, il joue le rôle de fertilisant naturel et il protège les terres agricoles en limitant l’érosion. 5. En affectant le régime des précipitations et les températures, le changement climatique risque de diminuer la production céréalière dans certaines régions d’Afrique subsaharienne et notamment les régions du Sahel plus vulnérables, qui risquent de voir leur production baisser de moitié. Cette menace environnementale explique la prise de conscience des États africains. BILAN 3. L’Afrique subsaharienne doit faire face à deux défis : augmenter sa production agricole pour faire face à une population croissante tout en préservant son environnement menacé par le réchauffement climatique. Plusieurs alternatives sont à sa disposition. Elle cherche à intensifier sa production en utilisant des intrants durables tels que l’acacia qui fertilise les sols tout en limitant l’érosion. Le projet transnational de la Grande Muraille Verte permet également d’étendre ou de conserver les surfaces cultivées en luttant contre la progression du désert. La culture des OGM est également une voie explorée par certains pays africains : elle permet de lutter contre la malnutrition. Enfin les échanges de produits agricoles doivent être plus justes et permettre aux petits producteurs locaux de vivre décemment de leur métier tout en préservant l’environnement, c’est le but poursuivi par le commerce équitable.
ÉTUDE DE CAS 2 L’agriculture américaine est-elle un modèle p. 62-67 pour nourrir les hommes ? Les États-Unis sont la première puissance agricole mondiale. L’agriculture, variée et performante, permet de nourrir la population étatsunienne mais contribue aussi, par les exportations, à l’alimentation du reste de la population mondiale. Pourtant, cette réussite agricole, qui sera analysée dans la deuxième partie de l’étude de cas, ne doit pas faire oublier certains problèmes. Le plus inquiétant (d’autant plus que les modes de vie et donc d’alimentation des États-Unis tendent à se diffuser donc le contexte de mondialisation) est celui de l’obésité, abordé dans la première partie de l’étude de cas. L’autre problème est celui des conséquences pour l’environnement d’une agriculture intensive. La troisième partie de l’étude de cas permet de s’interroger sur les solutions et les alternatives proposées pour une meilleure prise en compte de l’environnement et de la santé des Étatsuniens.
1. Quelle est la situation alimentaire ? ● Présentation
p. 62-63
des documents
Doc. 1 Le document met en évidence la progression rapide de l’épidémie d’obésité, par la comparaison de deux cartes par État, en 1990 et en 2008. L’évolution est d’autant plus évidente que la légende est commune aux deux cartes. Tous les États en 1990 étaient sous les 15 %, tous sont au-dessus en 2008. Concernant l’obésité, des différences spatiales (entre États) existent, mais des différences sociales aussi.
Doc. 2 Le doc. 2, commun avec la première étude de cas, permet la comparaison entre deux situations extrêmes : le régime alimentaire aux États-Unis (la première puissance mondiale) et le régime alimentaire en République démocratique du Congo (un PMA). La comparaison doit être à la fois qualitative (analyse des pourcentages) et quantitative (apport calorique global).
Doc. 3 et 4 L’obésité concerne davantage les minorités et les foyers modestes.
Doc. 5 et 6 Les documents permettent du nuancer l’idée d’une population américaine suralimentée (à l’image de la famille visible sur la photographie 4). En effet, une partie de la population des États-Unis souffre d’insécurité alimentaire. 18
● Réponses
aux questions
1. La comparaison entre les États-Unis et la République démocratique du Congo doit d’abord se faire sur le plan quantitatif, à partir de l’apport total de calories : plus de 2 000 calories d’écart ! Un Étatsunien ingère 3 770 kcal/jour, largement plus du double d’un habitant de la République démocratique du Congo. C’est un apport très supérieur aux besoins de l’organisme. Le plus gros apport est constitué par les céréales (22 %). L’apport en graisses et en sucres représente plus d’un tiers de la ration alimentaire moyenne d’un Étatsunien, les protéines et les laitages un quart. Relativement, la consommation de fruits et de légumes, indispensables à une alimentation saine, est très faible. Il s’agit donc d’une alimentation riche, trop riche. Cet excès de calories, en particulier celles issues de graisses et de sucres, permet de parler de suralimentation, responsable de maladies telles que l’obésité ou le diabète. 2. Food, Inc. est le titre d’un film documentaire américain sorti en 2009. Il analyse les rouages de l’industrie alimentaire des États-Unis, et soutient l’idée que sa principale préoccupation est de produire plus vite et moins cher. Le film insiste sur les dangers pour la santé des consommateurs et pour l’environnement. Dans le film, une femme affirme que pour le prix d’un légume, elle peut acheter deux hamburgers. Sur cette image du film, on voit une famille (un couple et une adolescente) consommer, dans leur voiture, des produits d’une célèbre chaine de restauration rapide (fastfood). C’est en famille que sont partagés ces hamburgers, frites et sodas, preuve de l’ancrage de ces habitudes dans les mentalités. Par ailleurs, la consommation se fait à l’intérieur même de la voiture : cette alimentation hypercalorique (riche en graisses et sucres) est associée à l’absence totale d’effort physique. La surcharge pondérale de ces individus est éloquente. Le fait de manger sans couvert ni assiette concourt à la séduction de ce mode d’alimentation, qui génère par ailleurs une grande quantité d’emballages. Avec la généralisation de ce mode d’alimentation, les Américains perdent l’habitude de cuisiner et de prendre leurs repas chez eux. Au cours de l’année 2005 aux États-Unis, 546 milliards de dollars ont été dépensés pour manger à l’extérieur (contre 40 milliards pour le Royaume-Uni). Chaque année, un Américain dépense 2 500 dollars pour manger à l’extérieur (restaurant, fastfood, cantine…). 3. Les deux cartes de la part de la population atteinte d’obésité par État en 1990 et 2008 montrent la fulgurante progression de l’obésité, au point que l’on peut aujourd’hui parler d’épidémie. En 1990, cette maladie touchait moins de 15 % des individus. Conséquence de la suralimentation, en 2010, elle affecte 26,7 % de la population. Dans une majorité des États, plus d’une personne sur 4 est obèse. Dans six États (Caroline du Sud, West Virginie, Tennessee, Alabama, Mississipi, Oklahoma) le taux dépasse les 30 %. En 2008, tous les États dépassent le seuil de 15 %, qui n’était atteint par aucun en 1990. Une étude américaine a comparé le nombre de calories contenues dans quelques portions individuelles représentatives (part de pizza, salade César, muffin, etc.) en 2010 et 20 ans auparavant. Les portions se sont enrichies d’au moins 300 calories. L’obésité a un coût pour l’économie américaine. Celui-ci est estimé à 215 milliards de dollars (coûts directs tels que les dépenses médicales, et coûts indirects comme la perte de productivité). 4. L’obésité touche principalement les individus les plus modestes, ceux qui n’ont pas un accès correct aux soins et à l’éducation et qui ont plus de difficultés à se nourrir de manière équilibrée. C’est flagrant au sein de la population adolescente (graphique 3.b). Les jeunes issus de foyers modestes sont deux fois plus concernés que ceux des foyers aisés. Le graphique 3.a met en évidence une autre inégalité (ethnique) face à l’obésité, mais qui est en fait liée à la première. Il montre que l’obésité affecte davantage les populations noires et hispaniques que les populations blanches. Aux États-Unis, le revenu moyen par foyer des populations noires (environ 34 000 dollars en 2008) est inférieur à celui des populations hispaniques (38 000 dollars), lui-même bien en-deçà du revenu moyen des populations blanches (52 000 dollars). Enfin, l’obésité touche plus les femmes que les hommes. L’obésité aux États-Unis touche davantage les pauvres, car l’alimentation à hautes calories est moins chère que les produits sains. Elle n’est © Hachette Livre
d’ailleurs pas une maladie réservée aux pays riches et se développe dans certains pays du Sud comme le Brésil (doc. 3 p. 75) ou l’Égypte (croquis de synthèse p. 88). Pour Robert Beaglehole de l’OMS : « L’obésité, dans les pays riches, est un problème de pauvres, dans les pays pauvres, c’est un problème de riches. ». 5. L’insécurité alimentaire existe aussi sur le territoire de la première puissance agricole mondiale. Elle est même en augmentation. Autour de 10 % en 1999, elle est en 2009 de 14,6 %. Ses fluctuations suivent le même rythme que la courbe du chômage : baisse entre 2004 et 2007, progression depuis (inférieur à 5 % en 2007, le chômage aux États-Unis a dépassé les 9 % en 2009). Les foyers monoparentaux sont les plus touchés et, comme pour l’obésité, les populations noires et hispaniques. Le nombre de bénéficiaires de bons alimentaires est en augmentation, preuve de l’aggravation de l’insécurité alimentaire. Bilan 1. La suralimentation touche une grande partie de la population des États-Unis. L’alimentation moyenne est trop abondante et trop riche en graisses et en sucres. L’explosion de l’obésité (près d’un Américain sur trois) est un phénomène relativement récent, mais qui se poursuit. La suralimentation touche surtout les plus pauvres, notamment car les produits alimentaires industriels sont bon marché, plus accessibles que des produits frais, fruits et légumes. Les stratégies des firmes agroalimentaires (publicité, restauration rapide…) ont leurs responsabilités. Mais l’insécurité alimentaire touche aussi les plus pauvres. Obésité et insécurité alimentaire sont donc les deux faces d’un même problème, la pauvreté.
2. Une agriculture modèle ? ● Présentation
p. 64-65
des documents
Doc. 7 et 8 La photographie du feedlot et les chiffres du doc. 8 permettent d’insister sur l’extrême modernité de l’agriculture américaine, qui utilise d’énormes moyens techniques et scientifiques, et nécessite peu de main-d’œuvre.
Doc. 9 Le texte fait la transition entre la suralimentation de la population des États-Unis et les performances et l’organisation de l’agriculture américaine. D’après le texte, la production de maïs et de soja, soutenue par l’État et transformée par les firmes agroalimentaires, n’est pas sans lien avec la progression de l’obésité.
Doc. 10 La carte montre deux fondements de la puissance agricole des ÉtatsUnis : sa diversité et sa relative spécialisation, et son insertion dans les échanges mondiaux.
Doc. 11 Les États-Unis exportent des produits agricoles et des produits transformés par une industrie agroalimentaire puissante et très organisée. ● Réponses
aux questions
1. L’agriculture des États-Unis est puissante et très diversifiée grâce à l’immensité du territoire et la variété des conditions climatiques. La région des Grandes Plaines (dans le Middle West) est la première région agricole. L’élevage laitier bovin y est important, en lien avec la proximité des grands marchés de consommation de la côte Est. Au sud de Chicago et des Grands Lacs, la culture du maïs et du soja est dominante. L’expansion du soja est plus récente que celle du maïs ; aussi l’expression corn-soy belt remplace-t-elle celle de corn belt. L’agriculture y est intensive, moderne et industrialisée. Cet espace est l’un des principaux greniers du monde. Dans les régions de la sun belt, au climat subtropical humide ou tropical, les cultures maraîchères et fruitières sont dominantes. La Floride est une grande région productrice d’agrumes. Les États-Unis sont le deuxième producteur d’oranges, derrière le Brésil. Les autres espaces agricoles sont moins spécialisés. L’Ouest et ses immenses superficies sont le domaine de l’élevage extensif associé à une polyculture. Mais l’agriculture intensive y est aussi présente : dans des périmètres irrigués et dans les feedlots. © Hachette Livre
Les feedlots sont majoritairement situés dans l’ouest des États-Unis. L’espace y est disponible pour ces immenses parcs d’engraissement. La proximité des régions céréalières et celle des axes de transport permettant d’acheminer la nourriture du bétail (stockée dans les silos) et d’expédier la production, expliquent aussi leur localisation. À partir de l’indication donnée (puce c) dans le doc. 7, on pourrait demander aux élèves d’évaluer le nombre de bovins visibles sur la photographie. 2. La productivité de l’agriculture américaine est permise par des moyens énormes : des moyens techniques (tracteurs, irrigation) et scientifiques (engrais). La faible part d’agriculteurs dans la population active (2,3 %) résulte de l’extrême intensivité de cette agriculture. Celle-ci bénéficie aussi de l’efficacité et de l’organisation de la filière agroalimentaire (20 % de la population active). Enfin, comme le montre le doc. 9, l’agriculture des États-Unis bénéficie d’un grand soutien de l’État. Les subventions aux agriculteurs sont nombreuses et leur assurent des revenus stables. Ces subventions sont critiquables à l’échelle nationale d’un point de vue sanitaire, lorsqu’elles encouragent l’utilisation massive de sirop de maïs (à haute teneur en fructose) dans la fabrication de la majorité des boissons gazeuses et des produits alimentaires industriels, contribuant à l’épidémie d’obésité. Elles le sont aussi à l’échelle mondiale par les pays émergents (Brésil, Inde), qui accusent ces politiques de subvention de fausser la concurrence mondiale et donc de freiner leurs possibilités d’exportations agricoles. 3. L’agriculture américaine est vouée à l’exportation. 25 % de la production agricole est exportée (doc. 8). Cette dimension apparaît bien sur la carte 10. Les États-Unis disposent de grands ports céréaliers sur leurs trois façades océaniques (atlantique, pacifique, golfe du Mexique) et sur les Grands Lacs, reliés par canaux à la côte Est, pour exporter les productions des Grandes Plaines. Les exportations réalisées par les États-Unis représentent la moitié des exportations mondiales de maïs et 40 % de celles de soja. Les ÉtatsUnis contrôlent les marchés de produits agricoles (bourse de Chicago). Une partie des produits alimentaires exportés est constituée de produits transformés par l’industrie agroalimentaire. Sept des dix premières firmes agroalimentaires mondiales sont étatsuniennes (Cargill, Kraft, Unilever, par exemple). 4. L’agriculture américaine s’intègre à un secteur économique complet, l’agro-business. La production et la commercialisation de produits alimentaires comprennent de nombreuses activités, en amont et en aval de la production agricole, qui emploient au total 20 % de la population active (doc. 8). Outre l’agriculture, les secteurs concernés sont divers : chimie (production des intrants), logistique (stockage, exportation), transformation (conditionnement), services (distribution, vente), communication (marketing, publicité). On peut rappeler que les firmes agroalimentaires ne transforment pas que les produits agricoles produits sur le territoire américain, mais aussi des produits agricoles importés (café, cacao, thé, etc.). Bilan 2. Un territoire immense, maîtrisé et aux conditions climatiques favorables, des moyens financiers et techniques considérables et une organisation efficace de la filière agroalimentaire font de l’agriculture des États-Unis un modèle de performance. L’agriculture américaine est intensive (cultures et élevage) et intégrée aux marchés mondiaux. Elle contribue donc à nourrir le monde.
3. Quelles alternatives pour une meilleure alimentation ? ● Présentation
p. 66-67
des documents
Doc. 12 La photographie illustre la prise de conscience de l’obésité et les efforts de la Maison-Blanche pour faire changer les habitudes alimentaires. L’État a un rôle à jouer en matière de santé et donc d’alimentation.
Doc. 14
Le texte pose les enjeux du débat sur les OGM : rendements, conséquences environnementales et pour la santé humaine.
Doc. 15
Le document permet d’étudier sur une même carte la culture d’OGM et l’agriculture biologique. Le maïs OGM est surtout cultivé dans les Chapitre 2 ● Nourrir les hommes 19
Grandes Plaines. L’agriculture biologique est présente également dans cette région et à proximité des grandes régions urbaines consommatrices (Nord-Est et côte Ouest). ● Réponses
aux questions
1. Face à l’évidence de l’épidémie de l’obésité, les mentalités commencent à changer aux États-Unis. Si la suralimentation assure des profits aux firmes agroalimentaires, elle a aussi un coût non négligeable pour l’économie américaine (dépenses de santé, perte de productivité). La lutte contre l’obésité devient peu à peu une préoccupation politique. La photographie illustre les efforts de la Maison-Blanche contre l’obésité infantile, cause pour laquelle Michelle Obama s’est particulièrement impliquée. On peut parler ici d’une opération de communication. Les enfants sont ciblés. La pratique du jardinage est symbolique pour deux raisons. Il s’agit non seulement d’amener les enfants à privilégier les aliments sains, mais aussi à pratiquer une activité physique. Cette double dimension est présente dans le nom du programme lancé pour lutter contre l’obésité des enfants : « Let’s Move ». 2. Le doc. 13 montre que les ventes de produits issus de l’agriculture biologique progressent. Elles ont quadruplé en dix ans, preuve là aussi que les mentalités évoluent. Les consommateurs sont prêts à payer plus pour des aliments de qualité et issus d’une agriculture plus respectueuse de l’environnement. On peut noter que même des produits transformés (plats préparés, snacks) sont concernés : les firmes agroalimentaires s’adaptent à ces changements. Le développement d’une agriculture urbaine et de jardins communautaires montrent que les consommateurs souhaitent davantage contrôler l’origine de leurs aliments. L’existence de toits jardinés au cœur même de New York est symbolique de cette nouvelle exigence (de qualité et de proximité). On peut faire remarquer que l’agriculture urbaine existe aussi dans les villes du Sud, notamment les villes africaines. Mais elle répond alors à d’autres exigences, car il s’agit surtout d’une agriculture de survie. Dans les pays riches, l’agriculture urbaine est plutôt un luxe ou un loisir, alors que dans les pays pauvres, c’est une nécessité. 3. Une grande partie de la production agricole des États-Unis est issue d’organismes génétiquement modifiés, maïs et soja essentiellement. Dans certains États du Middle West (Kansas, Nebraska, Dakota), plus de 90 % du maïs cultivé est génétiquement modifié. Les partisans des OGM défendent l’idée que les OGM ont un intérêt écologique, car ils permettent de réduire l’usage de pesticides et d’engrais. Certains OGM sont en effet résistants aux insectes et ont de meilleurs rendements. Ce dernier point est pourtant contesté par certains experts américains, comme le montre le texte 14, qui rappelle aussi les incertitudes quant aux effets des OGM sur l’environnement et la santé humaine. On ne peut donc pas affirmer que les stratégies des filières agroalimentaires répondent à une demande des consommateurs. Le développement d’une agriculture biologique est plus révélateur d’une nouvelle exigence de qualité et de transparence sur l’origine des aliments. Elle est surtout pratiquée dans les Grandes Plaines, au Nord-Est à proximité du marché de consommation de la mégalopole et sur la côte Ouest. Mais les superficies concernées sont encore très minoritaires. 4. Les OGM font débat. Des arguments écologiques en leur faveur sont avancés : ils permettraient de limiter l’usage de pesticides et d’engrais. Leurs détracteurs font valoir leurs risques sur la santé et sur l’environnement, tout en remettant en cause l’idée que les OGM donnent de meilleurs rendements et donc qu’ils seraient un remède contre la faim dans le monde. 5. Malgré leur relatif dynamisme, les agricultures biologiques et urbaines sont très minoritaires. Elles sont révélatrices d’une prise de conscience sur l’origine des aliments et leur impact sur la santé, mais on ne peut pas les considérer aujourd’hui comme une alternative à l’agriculture conventionnelle. L’agriculture biologique n’occupe que 1,7 million d’hectares et les produits alimentaires qui en sont issus ne représentent que 3 % du marché, malgré la hausse de cette part depuis 10 ans. L’agriculture urbaine peut davantage être appréhendée comme un loisir pour certains urbains en manque de nature. Étant donné les aménagements nécessaires et la rareté des espaces disponibles, les coûts de production d’une telle agriculture sont très élevés, leur durabilité est donc difficile à soutenir. Certains architectes se pen20
chent sur des projets de fermes urbaines verticales, au sein de grandes tours hypermodernes, qui permettraient de produire de manière biologique, d’alimenter les citadins, tout en veillant à l’autonomie énergétique et au recyclage des déchets. Mais ces projets relèvent pour l’instant de l’utopie urbaine. Bilan 3. L’amélioration de l’alimentation aux États-Unis commence à devenir une préoccupation. Des efforts sont consentis par le gouvernement pour lutter contre l’obésité, notamment infantile. La qualité des aliments est aussi en jeu. L’agriculture biologique aux États-Unis connaît un essor, mais elle est encore loin de remplacer l’agriculture intensive. En revanche, la culture des OGM est très développée, mais fait l’objet de débats.
PLANISPHÈRE 1 La situation alimentaire
p. 68-69
Faire un bilan En Afrique subsaharienne, les disponibilités alimentaires sont insuffisantes. Dans les pays développés, comme aux États-Unis, la sous-alimentation est un phénomène rare. La disponibilité alimentaire est largement supérieure aux besoins de l’organisme. Mais les inégalités existent aussi à l’échelle nationale. Aux États-Unis, certains individus ne mangent pas à leur faim. Comparer et changer d’échelle En Asie du Sud, la situation est proche de l’Afrique subsaharienne, les disponibilités alimentaires sont globalement insuffisantes (inférieures à 2 500 calories par personne et par jour) mais la situation est moins critique, la part de la population souffrant de sous-alimentation est moindre. Le cas étudié met en lumière les grandes inégalités face à la sous-alimentation. Le planisphère met en évidence la fracture Nord/Sud. Passer au cours Comment nourrir une population mondiale qui augmente ? Comment réduire les inégalités ?
PLANISPHÈRE 2 Les agricultures conventionnelles
p. 70-71
Faire un bilan En Afrique subsaharienne, les agriculteurs sont majoritaires dans la population active. Les rendements sont faibles et l’agriculture ne suffit souvent pas à nourrir la population, d’où un recours aux exportations. Malgré sa nombreuse population agricole, l’Afrique subsaharienne est peu intégrée au marché mondial, elle exporte peu, elle est dans une situation de dépendance à l’égard de pays tels que la France ou les États-Unis considérés comme les greniers du monde. L’agriculture des États-Unis, très moderne, n’emploie que 2,3 % de la population active. Les agricultures modernes nécessitent peu de main-d’œuvre. Comparer et changer d’échelle À l’échelle mondiale, dans les pays développés ayant une agriculture performante (Europe occidentale), les agriculteurs ne représentent qu’une minorité de la population active. Les échanges de produits agricoles sont très déséquilibrés à l’échelle mondiale, la fracture Nord/ Sud est une fois encore évidente. Les flux de produits alimentaires sont mondialisés. Les pays en développement exportent essentiellement des produits non transformés. Les pays développés exportent aussi des produits transformés (par les FMN) à plus forte valeur ajoutée. Ce sont aussi eux qui contrôlent les marchés : les principales bourses de produits agricoles sont situées dans des pays du Nord. Passer au cours Quels sont les types d’agriculture dominants dans le monde ? Ces modèles sont-ils efficaces ? Comment augmenter les productions agricoles ? Comment intégrer les pays en voie de développement aux marchés mondiaux ? © Hachette Livre
PLANISPHÈRE 3
p. 72-73
Des alternatives agricoles Faire un bilan Comme de nombreux pays en voie de développement les pays africains tentent de s’intégrer aux marchés par le biais du commerce équitable. En revanche, le développement d’alternatives agricoles telles que les OGM ou l’agriculture biologique n’en est qu’à ses prémices en Afrique subsaharienne. Les États-Unis font figure de poids lourds en matière de culture d’OGM.
variation. Sur le graphique il y a toujours une année base (ici 1960) grâce à laquelle on peut calculer la progression de toutes les autres données en pourcentage. Par exemple, on veut connaître l’évolution de la production agricole de 1960 à 1990 : En 1960, l’indice est 100 ; en 1990, l’indice est 200. Calcul : 200-100 = 100. La production agricole a augmenté de 100 %, elle a donc été multipliée par deux. 1) Faites le même calcul pour la production agricole et la population. La base reste toujours l’année 1960.
Comparer et changer d’échelle
La question des alternatives agricoles divise le monde. Les OGM sont utilisés par les pays émergents tels que la Chine, l’Inde, le Brésil ou encore l’Argentine et par les pays développés. Ils se répartissent sur les continents américain (Argentine, Brésil, Canada) et asiatique (Inde, Chine). En Europe, leur culture est encore peu présente, voire non autorisée. Les OGM, qui concernent une part croissante des surfaces cultivées, sont critiqués notamment par les pays européens qui préfèrent développer une agriculture raisonnée ou biologique. Le souci de respect de l’environnement et de la qualité des aliments explique le développement d’une agriculture biologique, pratiquée surtout dans les pays du Nord (exceptions : Argentine, Brésil, Chine, Inde, Uruguay), en mesure de mettre en place les réglementations strictes liées à ce type d’agriculture. Autre alternative agricole, l’agriculture raisonnée veille à limiter l’usage d’intrants d’origine chimique. Moins contraignante que l’agriculture biologique, elle assure aussi de meilleurs rendements, d’où son développement en Europe. La filière équitable connaît un essor. Pour les consommateurs du Nord, elle garantit des échanges moins inégaux avec les producteurs du Sud, en accord avec l’exigence d’équité sociale du développement durable. Mais elle est aussi en accord avec la sphère environnementale du développement durable, puisque les filières équitables imposent des critères environnementaux, qui contribuent à séduire des consommateurs (aisés) soucieux de leur alimentation.
Passer au cours
Pourquoi faut-il mettre en place des alternatives aux agricultures conventionnelles ? Quelles sont les limites de ces alternatives ?
COURS 1 Nourrir les hommes, un enjeu majeur ● Présentation
p. 74-75
des documents
Production agricole
1990
2000
2009
160-100 = 60. De 1960 à 1980 la production agricole a augmenté de 60 %.
Population 2) De 1980 à 2009, la production agricole a-t-elle augmenté davantage que la population ? Dans quelle proportion ? • Une seconde activité propose d’analyser la carte 3 : 1) Quelles sont les régions brésiliennes les plus touchées par la sousalimentation ? et par la malnutrition ? 2) D’après la carte, l’obésité est-elle incompatible avec la sous-alimentation ? Donner un exemple précis.
COURS 2 Des agricultures inégalement performantes p. 76-77 ● Présentation
des documents
Doc. 1 C’est dans les pays émergents et en voie de développement que la solution extensive est la plus utilisée. Les défrichements se font au détriment des forêts primaires, souvent tropicales (Indonésie, bassin du Congo, Amazonie). Les pays développés ont également utilisé cette solution, le Moyen Âge en Europe a été une grande période de déforestation. On estime ainsi que la France était couverte à 90 % de forêts (23 % aujourd’hui).
Doc. 2 et 3
Doc. 1 La représentation de deux indicateurs (taux d’accroissement naturel et État où la part de la population souffrant de la faim est supérieure à 25 %) permet de faire trouver aux élèves les pays pour lesquels le problème de la faim va être le plus problématique dans les années qui viennent.
Doc. 2
Le graphique permet de lutter contre une représentation fréquente des élèves selon laquelle on ne produirait pas assez : la production agricole a augmenté plus vite que la population mondiale. L’agriculture peut théoriquement nourrir toute la population mais les produits agricoles sont mal distribués à l’échelle de la planète.
Doc. 3
La carte à l’échelle du Brésil met en évidence l’émergence d’un nouveau fléau : l’obésité. Elle ne touche pas seulement les pays développés mais aussi les pays émergents. La carte illustre les disparités à l’échelle nationale : entre le Nordeste (où l’agriculture vivrière est dominante) fortement touché par l’insécurité alimentaire à l’inverse du Sudeste. ● Proposition
1980
d’activité pédagogique
• Voici une proposition d’activité à partir du doc. 2 pour apprendre à lire des indices et exploiter des données. Les indices évitent l’usage de la calculatrice et le calcul d’un taux de © Hachette Livre
Les deux documents ont été choisis dans la même région du monde mais dans des pays inégalement développés. Le Myanmar (Birmanie) est un pays faiblement développé et environ 15 % de sa population souffre de sous-alimentation. À l’inverse, le Japon, très développé, ne souffre quasiment pas d’insécurité alimentaire. Les paysages sont emblématiques de deux agricultures opposées : l’une vivrière, l’autre intensive. ● Proposition
d’activité pédagogique
• Une première activité propose d’analyser la carte 1 et le graphique repère. D’après ces deux documents, quelle est une des solutions pour augmenter la production agricole ? Dans quelles régions du monde cette solution est-elle utilisée ? Quelles sont ses limites ? • Pour comparer des paysages, l’activité suivante propose d’étudier les photographies 2 et 3 en relation avec le planisphère des pages 14-15 (Les inégalités de développement). 1) Repérer le Myanmar (Birmanie) et le Japon sur le planisphère p. 14-15. Ces pays sont-ils également développés ? Justifier la réponse. 2) Construire un tableau qui présente les différences entre ces deux modèles agricoles : Chapitre 2 ● Nourrir les hommes 21
Myanmar (pays en voie de développement)
Japon (pays développé)
Travail manuel qui nécessite une main-d’œuvre nombreuse
Mécanisation, moins demandeuse en main-d’œuvre
Petites parcelles
Grandes parcelles, monoculture
Agriculture pluviale, dépendante des conditions climatiques
Agriculture irriguée (canaux)
3) Comment nomme-t-on l’agriculture dominante au Myanmar ? et au Japon ?
COURS 3 Une mondialisation croissante des approvisionnements ● Présentation
p. 78-79
des documents
Doc. 1 La carte du commerce de produits alimentaires dans le monde met en évidence l’ampleur des flux et des enjeux économiques (plus de 1 000 milliards de dollars). Elle montre également l’extrême concentration des flux et la faible participation de l’Afrique (continent le plus touché par la sous-alimentation). L’essentiel des flux, 80 % des échanges, se fait entre trois grandes régions : l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie. Mais l’Amérique latine est aussi intégrée dans le commerce alimentaire mondial, car le Brésil est aujourd’hui une grande puissance agricole exportatrice.
Doc. 3
L’exemple original du succès récent de l’açaï montre que les modes alimentaires sont en constante évolution, et pas uniquement influencées par les États-Unis. Ce fruit originaire d’Amérique latine voit sa notoriété se diffuser. Le texte évoque le rôle joué par Internet et les chemins de la mondialisation de l’açaï. ● Proposition
d’activité pédagogique
• Pour étudier le doc. 1 sur le commerce mondial des produits alimentaires, voici quelques questions : 1) Entre quelles régions du monde se fait la majorité des échanges de produits alimentaires ? Europe, Amérique du Nord, Asie et Amérique latine. Ces quatre régions sont à la fois importatrices et exportatrices. 2) Quelle est la particularité de l’Europe concernant le commerce de produits alimentaires ? Elle pratique particulièrement le commerce intrazone. 3) Comparer la situation de l’Amérique latine, de l’Afrique et du MoyenOrient face au commerce de produits alimentaires. L’Amérique latine est une région exportatrice. L’Afrique et le Moyen-Orient sont deux régions essentiellement importatrices, donc dépendantes du commerce mondial pour nourrir leur population. • Pour étudier le texte 3 sur l’açai : Relever les espaces mentionnés et les classer dans deux catégories : pays producteurs d’açaï et pays consommateurs (avérés ou potentiels). Quel constat peut-on faire ? Pays producteurs : pays du Sud (Amérique latine, question de l’Asie) ; Pays consommateurs : Brésil (pays d’où est originaire l’açaï, où sa consommation est traditionnelle) et pays du Nord (diffusion, effet de mode).
COURS 4 Des alternatives agricoles durables ? ● Présentation
p. 80-81
des documents
Doc. 1 Une vision durable de l’agriculture doit prendre en compte les effets du changement climatique. Si l’augmentation des températures à la surface de la planète ne se fera pas de manière uniforme, les effets 22
sur la production agricole devraient, eux aussi, être variables selon les régions. Les prévisions montrent que les effets seront surtout négatifs dans les régions intertropicales, donc dans une majorité de pays du Sud. Certaines régions (Europe, Canada, Grandes Plaines des ÉtatsUnis, Chine) pourraient en revanche être gagnantes.
Doc. 2
L’exemple de l’aubergine en Inde illustre le débat sur les OGM, autour de leurs avantages et des incertitudes. L’Inde est pleinement intégrée dans le circuit des OGM. Ce texte montre la multiplicité des acteurs intervenant dans le débat (ministère, experts, société civile, firmes…). ● Proposition
d’activité pédagogique
* Pour approfondir l’étude du café du commerce équitable, voici quelques questions : 1) Les acteurs sont-ils les mêmes dans les deux filières ? Dans la filière équitable, les intermédiaires sont supprimés. Des acteurs nouveaux apparaissent : la coopérative (organisation de producteurs) et l’association internationale Max Havelaar, à l’origine du label équitable. 2) Comment expliquer l’écart de prix final ? L’essentiel de l’écart de prix s’explique par la meilleure rémunération au producteur (0,47 euro). • Une proposition de question pour animer l’étude de la carte 1 consacrée au changement climatique : Selon ces prévisions, quelles seraient les régions gagnantes ? les régions perdantes ?
MéTHODE 1 Analyser une affiche
p. 82
Sujet : L’obésité, un problème nouveau en Chine 1. Identifier * Le document est une affiche publicitaire lancée en 2010 par une ONG, la Beijing Women and Children Development Foundation, qui lutte contre l’obésité en Chine. Elle est essentiellement destinée aux parents chinois responsables du régime alimentaire de leurs enfants. Ils sont interpellés par le titre de l’affiche « Que savez-vous de ce qu’il mange ? » * L’affiche présente les dangers alimentaires et notamment la malnutrition. L’enfant s’amuse dans un univers alimentaire menaçant. 2. Décrire • Le décor est constitué d’aliments très caloriques et souvent hyperprotéinés : les sushis, les frites, les pizzas, les hamburgers. Ces aliments symbolisent la nouvelle mode du snacking c’est-à-dire du grignotage en dehors des repas, devant la télévision par exemple. • Le décor est truffé de dangers mortels : bris de verre, scorpions (cachés dans le hamburger et à l’arrivée du toboggan) et serpent (caché dans les frites) sont censés alerter les parents sur les mauvaises habitudes alimentaires de leurs enfants. • L’enfant joue et semble insouciant, il n’est pas en âge de comprendre les dangers qui l’entourent, c’est donc à ses parents de le protéger des dangers de l’obésité. 3. Interpréter * L’enfant est seul sur l’affiche en référence à la politique de l’enfant unique en Chine dans le cadre de la limitation des naissances. L’enfant roi est au cœur de la société chinoise. • L’affiche représente des produits alimentaires venus de tous horizons, peu typiques du régime alimentaire chinois, ce qui illustre la mondialisation des échanges et des goûts. • Ce document met en lumière la consommation accrue de viande dans les pays émergents et donc un régime très carné et calorique. C’est un exemple de malnutrition source d’obésité. 4. Rédiger un texte organisé Les pays émergents tels que la Chine ne luttent plus seulement contre la sous-alimentation mais aussi contre la malnutrition et l’obésité. Ainsi 9,2 % des enfants chinois de moins de 5 ans étaient en surpoids entre 2000 et 2007. Ce nouveau fléau touche surtout les enfants des familles les plus favorisées. La politique de l’enfant unique conduit ces familles à trop choyer © Hachette Livre
leur enfant. Le régime alimentaire des enfants est déséquilibré (trop riche en graisses, en sucres). Leur comportement alimentaire imite de plus en plus les habitudes des pays développés qui ont adopté un régime carné. Face à l’essor de l’obésité, des ONG telles que la Beijing Women and Children Development Foundation lancent des campagnes publicitaires pour alerter les parents sur les dangers d’une mauvaise alimentation.
MéTHODE 2
Réaliser un graphique
p. 83
Sujet : L a transition démographique 1. Comprendre un modèle • La baisse de la mortalité s’explique par les progrès économiques et sanitaires. La baisse de la natalité s’explique par la limitation volontaire des naissances. • L’accroissement naturel est le plus fort au moment du passage de la phase 1 à la phase 2 de la transition démographique, lorsque l’écart entre natalité et mortalité est le plus grand. • À la fin de la transition, la population augmente peu, puisque l’écart entre les deux taux est faible. 2. Réaliser un graphique Évolution de l’accroissement naturel en Inde entre 1901 et 2011 4% 3%
du monde est très faible, elle compte une trentaine de PMA. C’est la région la plus touchée par le problème de la faim : 30 % de sa population est sous-alimentée. B. Il faut penser aux différents degrés des problèmes alimentaires : sous-alimentation, disette, famine mais aussi malnutrition. Il faut penser aux solutions : investissement agricole, lutte contre la désertification. 2. Élaborer la légende • – Une situation alimentaire alarmante : titre accrocheur suffisamment large pour englober tous les problèmes alimentaires ; – Un continent touché par la famine : trop précis, la sous-alimentation n’est pas la famine ; – La région du monde la plus sous-alimentée : même remarque, il ne faut pas se focaliser sur un seul problème dans le titre. • Propositions de titre : – Partie 2 : Des facteurs explicatifs multiples ; – Partie 3 : Les solutions pour combattre la faim. • 1. Une situation alimentaire alarmante
2. Des facteurs explicatifs multiples
– zone de famine des trente dernières années – pays dont plus de 25 % de la population est sousalimentée – aucune donnée
– PMA – agriculture vivrière majoritaire – principal conflit depuis les années 1990 – désertification
3. Les solutions pour combattre la faim – projet de la Grande muraille verte – pays dont plus de 5 % du budget national est consacré à l’agriculture
2% 1% 0% 1901 1911
1951
2001
3. Confronter deux situations • Comme dans le schéma théorique, la baisse de la natalité en Inde se produit après la baisse de la mortalité, même si le décalage est moins net. La chute de la natalité est moins brutale, elle se fait de manière plus progressive. • L’Inde entre dans la transition démographique entre 1911 et 1921, lorsque la mortalité baisse nettement : elle baisse de 20 ‰ en 40 ans. Aujourd’hui, l’Inde est encore dans la phase 2 de la transition démographique : la natalité baisse encore, mais elle reste relativement élevée, supérieure de plus de 10 ‰ à la mortalité. La population de l’Inde est donc encore en forte croissance, comme le montre le graphique réalisé ci-dessus. 4. Rédiger une définition La transition démographique correspond au passage d’un régime démographique traditionnel (forte natalité et forte mortalité) à un régime démographique moderne (faible natalité et faible mortalité). Dans un premier temps (phase 1), la mortalité chute, grâce aux progrès économiques et sanitaires. Puis (phase 2), la natalité baisse à son tour, grâce à la limitation des naissances. Au cours de cette transition, la population connaît une forte croissance, due à l’écart fort entre la natalité et la mortalité.
MéTHODE 3 - Croquis de synthèse Construire une légende organisée p. 84-85 Sujet : L es problèmes alimentaires en Afrique subsaharienne 1. Analyser le sujet A. Il faut se limiter aux pays au sud du Sahara. Les pays d’Afrique du Nord sont hors sujet. Le niveau de développement de cette région © Hachette Livre
3. Compléter la légende • Titre : Les problèmes alimentaires en Afrique subsaharienne. • Des solutions pourraient être ajoutées : les pays intégrés au commerce mondial par le biais des cultures d’exportation (café, cacao), les OGM ou le commerce équitable. Ces données qui auraient tout à fait leur place sur le croquis, risquent néanmoins de le surcharger.
MéTHODE 4 - Étude d’un dossier de document Confronter des informations
p. 86-87
Sujet : L’inde, nourrir plus d’un milliard d’hommes 1. Analyser le sujet • Le sujet concerne un pays, l’Inde. • Le sujet porte sur l’alimentation, c’est-à-dire la consommation de nourriture par la population, mais le thème de l’agriculture (activité productrice d’aliments) indienne est abordé (doc. 2 et 3), car ses productions participent à l’alimentation de la population indienne. • Le sujet invite à réfléchir sur les problèmes (le défi) que pose l’alimentation d’une population énorme (« plus d’un milliard d’hommes »). 2. Identifier les documents Doc. 1 : carte à l’échelle nationale. Doc. 2 et doc. 4 : textes issus d’ouvrages scientifiques récents. Doc. 3 : graphique construit à partir d’indices. Doc. 5 : photographie (issue d’une série photographique « What the world eats »), il ne s’agit pas d’une scène de vie quotidienne, mais d’une mise en scène visant à montrer ce que mange cette famille de quatre personnes en une semaine. 3. Confronter les documents • Situation alimentaire : état de satisfaction ou non des besoins alimentaires. Révolution verte : voir p. 76 du manuel, l’Inde en est le berceau. Croissance de la production agricole : voir doc. 2 p. 75, elle peut être liée à une augmentation des superficies agricoles ou à une augmentation des rendements. Croissance démographique : hausse de la population, en lien avec la transition démographique, voir p. 83. Chapitre 2 ● Nourrir les hommes 23
Sous-alimentation : voir p. 88. Habitudes alimentaires : manière de s’alimenter, liée aux lieux et modes de vie et à la culture. Documents
Thèmes
1
alimentation, sous-alimentation
2
révolution verte, croissance démographique, intensification de l’agriculture, inégalités, environnement
3
révolution verte, croissance démographique, croissance de la production agricole
4
habitudes alimentaires (consommation de viande et de lait), élevage
5
habitudes alimentaires
4. Répondre aux questions 1. La disponibilité alimentaire moyenne de l’Inde, 2 330 kcal./hab./ jour (doc. 5), est assez satisfaisante, proche des besoins énergétiques moyens. La production agricole par habitant ayant augmentée depuis 1965 (doc. 3), on peut dire que la situation alimentaire de l’Inde a tendance à s’améliorer. La révolution verte a en effet permis de dégager « 20 % de nourriture supplémentaire par habitant ». Mais ces données cachent de profondes inégalités. Une partie de la population indienne n’a pas les moyens de faire deux repas corrects par jour (doc. 1). Comme l’écrit Sylvie Brunel, « un cinquième de la population indienne n’a toujours pas accès à une alimentation suffisante » (doc. 2). Il s’agit d’inégalités sociales, car les plus pauvres n’ont « pas les moyens d’acheter la nourriture » (doc. 2), mais aussi spatiale (doc. 1), car le manque de nourriture est plus fort dans les régions qui n’ont pas connu la révolution verte ou les « régions arides non irriguées » (doc. 2) par exemple. 2. L’alimentation des Indiens est surtout composée de légumes, de riz (l’Inde est le deuxième producteur mondial de riz après la Chine) et de lait. La faible part de la viande (seulement 5 kg/hab./an) dans le régime alimentaire indien s’explique surtout par un facteur culturel : le végétarisme, très répandu en Inde, notamment en raison de la croyance en la réincarnation (doc. 4). Mais elle résulte aussi du faible niveau de vie moyen. La forte consommation de lait (doc. 4) compense en partie, en permettant un apport en protéines. 3. Le doc. 3 peut être comparé avec le doc. 2 p. 75, conçu exactement sur le même principe. On remarquera que, sur le long terme, le cas de l’Inde est emblématique de l’évolution de la situation mondiale. Mais dans le détail, la singularité de l’Inde apparaît. Depuis 1961, la population de l’Inde augmente régulièrement. Entre 1961 et 1982, la production agricole augmente aussi, mais à un rythme moindre, d’où une production agricole par habitant en baisse. À partir de 1982, la production agricole augmente plus vite que la population, d’où une production agricole par habitant en hausse : la disponibilité alimentaire moyenne est en hausse. 4. Pour nourrir une population nombreuse et en hausse, l’Inde a mis en œuvre la révolution verte, qui a permis d’augmenter les rendements, grâce à des progrès techniques (utilisation de l’irrigation) et scientifiques (sélection de semences, usage d’intrants). Il s’agit donc d’une intensification de l’agriculture. Comme le montre la croissance de la production agricole (doc. 3), la révolution verte a été un succès. Les productions de blé et de riz ont plus que doublé, « dégageant 20 % de nourriture supplémentaire par habitant » (doc. 2). La révolution verte a donc permis de nourrir une population en hausse, et même de mieux la nourrir à partir des années 1980. Pourtant, plusieurs limites existent. Elle n’a pas permis d’effacer ni la sous-alimentation ni les inégalités entre les Indiens. D’après le texte 2, elle aurait même renforcé les inégalités de revenus entre les paysans aisés, qui ont eu accès aux progrès agronomiques, et les paysans pauvres, exclus de cette révolution. D’autre part, d’après le doc. 2, cette intensification a des conséquences environnementales non négligeables, liées à l’utilisation d’intrants : « de nombreuses terres sont saturées de produits chimiques » et à l’irrigation : « remontées de sel ». 24
5. Le régime alimentaire indien connaît des évolutions, dont il est question dans le doc. 4. La consommation de viande par les Indiens, faible pour l’instant, tend à augmenter. Si l’Inde choisit de développer son élevage, elle devra utiliser une partie de sa production de céréales et d’oléagineux pour nourrir le bétail. Cela pourrait conduire à détériorer la situation alimentaire de la population. Pour répondre à cette nouvelle demande en viande sans courir ce risque, l’Inde devra augmenter sa production agricole (céréales et oléagineux) ou avoir recours aux importations. Étant donné l’impact environnemental de l’intensification, on peut craindre la première solution. La deuxième est plus envisageable, mais elle créera une dépendance alimentaire à l’égard des pays exportateurs.
PROLONGEMENT
p. 89
Passerelle SVT Quels sont les besoins nutritionnels de l’organisme ? ● Présentation
La dépense énergétique de base correspond à ce que l’organisme dépense comme énergie au repos (position allongée) à une température idéale limitant la régulation thermique. Le graphique représente l’évolution des besoins énergétiques en fonction de l’effort. Les hommes et les femmes n’ayant pas les mêmes besoins, ils sont donc différenciés sur ce document. Plus un individu fournit d’effort physique et plus ses besoins énergétiques sont importants. L’activité physique régulière est un moyen efficace pour limiter le surpoids, responsable de pathologies diverses. L’alimentation doit être adaptée à l’activité physique effectuée. Un aliment faiblement volumineux peut être très énergétique. La personne ne sera pas rassasiée et va manger une quantité considérée comme normale mais qui sera très énergétique. Pour les boissons, le problème essentiel est que l’eau est de plus en plus remplacée par des boissons qui apportent très souvent des calories cachées (c’est-à-dire que l’on n’identifie pas comme apportant de l’énergie, des nutriments comme le sucre). ● Réponses
aux questions
1. Évolution des besoins alimentaires selon l’âge : – pour des nourrissons, les besoins sont très importants, car la croissance est très forte ; – à partir de 40 ans, les besoins alimentaires diminuent. En revanche, plus l’âge avance et plus la proportion en protéines doit être augmentée. 2. Comment manger mieux ? Avant tout, il faut manger des aliments divers. Favoriser au maximum les fruits et légumes, consommer des féculents à tous les repas, des protéines une à deux fois par jour (œufs, fromage, volaille, viande rouge, poisson). Il faut aussi varier les graisses (végétales non transformées, animales). La boisson idéale du repas (et du reste de la journée) reste l’eau.
B2i Le rôle d’un grand acteur des relations internationales pour lutter contre la faim
p. 89
http://www.fao.org 1. – Le sigle FAO signifie The Food and Agriculture Organization of the United Nations. – L’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture joue un rôle de chef de file dans les efforts internationaux de lutte contre la faim. La FAO, qui est au service à la fois des pays dévelop© Hachette Livre
pés et des pays en développement, est une tribune neutre au sein de laquelle tous les pays se réunissent sur un pied d’égalité pour négocier des accords et débattre de politiques. La FAO est également une source de savoir et d’informations. Elle aide les pays en développement et les pays en transition à moderniser et améliorer les pratiques agricoles, forestières et halieutiques, et à garantir une bonne nutrition pour tous. Depuis sa création en 1945, elle a consacré une attention particulière au développement des zones rurales, où vivent 70 % des populations pauvres et affamées de la planète. 2. – Nous avons cliqué sur le bandeau Pétition : « Faites pression sur les responsables politiques pour éliminer la faim. Signez la pétition et incitez à l’action, où que vous soyez. » Le thème de l’année 2010, « Unis contre la faim », a été choisi afin de reconnaître les efforts réalisés dans la lutte contre la faim dans le monde au niveau national, régional et international. S’unir contre la faim devient une réalité quand les institutions publiques, les organisations de la société civile et le secteur privé travaillent en partenariat à tous les niveaux pour vaincre la faim, l’extrême pauvreté et la malnutrition. En 2009, le seuil critique d’un milliard de personnes souffrant de la faim dans le monde a été atteint, en partie à cause de la flambée des prix des denrées alimentaires et de la crise financière. Il s’agit là d’« un terrible bilan » selon Jacques Diouf, le Directeur général de la FAO. À la veille du « Sommet contre la faim », Le Directeur général a lancé une pétition en ligne afin de dénoncer le caractère immoral de la situation : le projet « 1 milliard d’affamés » s’adresse à nous tous et nous invite, par le biais des réseaux de communication sociaux en ligne, à signer la pétition sur le site www.1billionhungry.org. – Avec la modique somme de 5 dollars (3,70 €), on peut acheter un arbre fruitier destiné à un jardin scolaire à Haïti. L’arbre donne des fruits, mais il permet aussi de préserver le sol et sert de support pédagogique aux enfants qui apprennent ainsi à prendre soin de l’environnement. Le don permet de financer l’achat d’un jeune plant d’avocatier, de manguier ou autre, sa plantation, un peu d’engrais, et l’arrosage et le désherbage pendant la première année. Les élèves seront mieux nourris et adopteront un comportement écologique. Planter des arbres deviendra une habitude dont tireront profit aussi bien les écoliers que l’environnement fortement dégradé d’Haïti. – On veut sensibiliser les populations des pays développés dans ces campagnes. 3. – Le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde, qui avoisine le milliard en 2010, se maintient à un niveau inacceptable malgré une baisse attendue – la première en 15 ans. Cette baisse s’explique dans une large mesure par un environnement économique plus favorable en 2010 – notamment dans les pays en développement – et par la diminution des prix des denrées alimentaires sur les marchés intérieurs et internationaux depuis 2008. Selon les estimations de la FAO, le nombre de personnes sous-alimentées s’élève à 925 millions en 2010, contre 1,023 milliard en 2009. C’est l’Asie qui a contribué le plus fortement à cette diminution : la faim touche aujourd’hui 80 millions de personnes en moins sur ce continent. L’Afrique subsaharienne a également progressé puisque le nombre de personnes souffrant de la faim y a baissé de 12 millions dans cet intervalle de temps. Cependant, le nombre de personnes en proie à la faim est plus élevé en 2010 qu’avant les crises alimentaire et économique de 2008-2009. Bien qu’ils aient diminué, le nombre et la proportion de personnes sousalimentées se maintiennent à des niveaux inacceptables. Le nombre de personnes sous-alimentées étant plus élevé qu’avant les crises alimentaire et économique, il sera encore plus difficile d’atteindre les objectifs internationaux fixés en matière de réduction de la faim. Les pays en situation de crise prolongée doivent faire l’objet d’une attention particulière. Ils sont marqués par des crises de longue durée ou récurrentes et leur capacité d’y faire face est limitée, ce qui aggrave
© Hachette Livre
les problèmes liés à l’insécurité alimentaire. On ne saurait améliorer la sécurité alimentaire lors des crises prolongées par de simples mesures à court terme si on veut protéger et promouvoir durablement les conditions de subsistance des personnes. Pour intervenir de manière appropriée, il faut prendre conscience des différents impacts des crises prolongées sur les hommes et les femmes. L’appui aux institutions est essentiel pour faire face aux crises prolongées. Les institutions locales, en particulier, peuvent contribuer à résoudre les problèmes liés à la sécurité alimentaire lors des crises prolongées, mais elles sont souvent ignorées par les intervenants extérieurs. L’agriculture et l’économie rurale sont des secteurs clés à l’appui des moyens de subsistance lors des crises prolongées, mais elles ne bénéficient pas d’une aide proportionnée. L’agriculture ne reçoit en effet que 4 % de l’aide humanitaire et 3 % de l’aide au développement, alors qu’elle représente un tiers du revenu national dans les pays touchés par une crise prolongée. Il est nécessaire de modifier la configuration actuelle de l’aide au développement afin de mieux répondre aux besoins immédiats tout en remédiant aux causes structurelles des crises prolongées. Les domaines d’intervention importants (notamment la protection sociale et la réduction des risques) souffrent souvent d’un manque de financement. L’aide alimentaire, qui contribue à poser les bases de la sécurité alimentaire à long terme, est particulièrement importante dans les pays en situation de crise prolongée. L’utilisation d’un large éventail d’outils d’aide alimentaire, complété par des innovations en matière d’achat des denrées alimentaires, constituera une assise solide pour la sécurité alimentaire à plus long terme. Des mesures générales de protection sociale sont de nature à aider les pays à faire face aux crises prolongées et à favoriser une reprise durable. La mise en place de filets de sécurité sociale, de systèmes d’assurance – le cas échéant – et la prestation de services, notamment de santé ou d’éducation, sont autant d’interventions essentielles dans ce sens.
BIBLIOGRAPHIE S. BRUNEL, Nourrir le monde, Vaincre la Faim, éditions Larousse, 2009. J.-P. CHARVET, L’agriculture mondialisée, La documentation photographique n° 8059, 2007. ■ J.-P. CHARVET (dir.), Nourrir les hommes, éditions SEDES, 2008. ■ J.-P. CHARVET, L’alimentation dans le monde. Mieux nourrir la planète, éditions Larousse, 2009. ■ J.-P. CHARVET et J.-L.CHALEARD, Géographie agricole et rurale, éditions Belin, 2004. ■ G. FUMEY, Géopolitique de l’alimentation, éditions Sciences humaines, 2008. ■ E.MILLSTONE et T. LANG, Atlas de l’alimentation dans le monde, éditions Autrement, 2003. ■ V. MORINIAUX (dir.), Nourrir les hommes, Éditions du temps, 2008. ■ B. PARMENTIER, Nourrir l’humanité : Les grands problèmes de l’agriculture mondiale au XXIe siècle, éditions La Découverte, 2009. ■ G. WACKERMANN, (dir.), Nourrir les hommes. Manuel et dissertations corrigées, Ellipses, 2008. Collectif, Nourrir les hommes : un dictionnaire, Atlande, 2009. ■ ■
SITOGRAPHIE FAO : www.fao.org INED : www.ined.fr ■ IFPRI (International Food Policy Research Institute) : www.ifpri.org ■ OMC : www.wto.org ■ PNUD : www.undp.org/french ■ ■
Chapitre 2 ● Nourrir les hommes 25
Chapitre 3 L’eau, ressource essentielle Introduction L’eau va devenir un des problèmes majeurs de la planète dans les vingt prochaines années. En effet, selon les estimations, la population mondiale devrait s’accroître de 2 milliards d’individus et ce, principalement dans les régions les moins biens dotées d’un point de vue hydrologique. Or, l’eau douce est une ressource doublement vitale pour les hommes : non seulement elle est nécessaire à leur fonctionnement biologique, mais elle est, de plus, indispensable pour produire la nourriture dont ils ont besoin et pour de nombreuses autres activités. Il s’agit donc d’un enjeu essentiel du développement durable des sociétés humaines. Trois problématiques sont au cœur de ce thème : − Les ressources en eau sont inégalement réparties. C’est un premier constat. Plus de 1,1 milliard d’êtres humains ne bénéficient pas de l’eau potable et 2,4 milliards ne disposent pas d’installations sanitaires décentes. Bien que l’eau soit largement répandue sur la planète, sa distribution est fortement inégale. Alors que quelques pays se partagent 60 % des réserves d’eau douce, l’Asie, qui concentre près de 60 % de la population, ne dispose que de 30 % de ces ressources. Le manque d’eau est structurel dans le triangle qui s’étend de la Tunisie au Soudan et au Pakistan. Chaque habitant y dispose en moyenne de moins de 1 000 m3 d’eau douce par an, une situation dite de « pénurie chronique ». Celle-ci implique donc que les hommes livrent un véritable combat pour accéder à cette ressource. Une lutte qu’il leur faut mener contre la nature, parfois au prix de formidables travaux, d’où la deuxième problématique. − Les sociétés humaines réalisent des aménagements et organisent leur espace afin d’exploiter les ressources en eau dont elles disposent. Pour régler la question de l’eau, qu’il s’agisse de la trouver, de la capter, de la conserver ou de la transporter vers les villes, les hommes ont entrepris de modifier la nature. Il s’agit d’abord de domestiquer le cours des fleuves grâce aux barrages et aux prouesses technologiques qui engendrent des chantiers gigantesques. Les progrès scientifiques permettent aujourd’hui aux hommes de dessaler l’eau de mer, les perspectives sont immenses, la ressource semble inépuisable, mais l’entreprise reste coûteuse et « énergivore », même si elle progresse au rythme de 8 % par an à l’échelle mondiale. Les solutions purement technologiques à la pénurie d’eau n’auront donc qu’un effet limité en raison de leur coût, d’où les divergences d’opinion aujourd’hui quant aux remèdes à promouvoir. – La question à poser, dès lors, concerne les modalités que pourrait prendre une gestion durable des ressources en eau. Les institutions financières internationales et certains gouvernements préconisent la « privatisation » de l’eau. De nombreux mouvements issus de la société civile condamnent cette vision marchande et prônent l’accès à l’eau comme un « droit fondamental de l’être humain », qui doit être gratuit ou tarifé à prix coûtant. Le premier défi sera donc d’assurer une gestion rationnelle de l’eau, tout en garantissant aux plus pauvres le droit à cette ressource vitale. Le deuxième problème concerne la qualité de l’eau. Plus la consommation augmente, plus les rejets d’eaux usées sont importants. Dans les pays en voie de développement, 90 % des eaux résiduaires et 70 % des déchets industriels sont rejetés sans traitement préalable dans les eaux de surface. En conséquence, plus de 5 millions de personnes meurent chaque année de maladies liées à l’eau, soit dix fois plus que le nombre de victimes tués dans un conflit. Enfin, il faudra s’étendre sur les enjeux géopolitiques de l’eau puisque des rivalités politiques apparaissent sur certains bassins hydrographiques, dans la répartition de débit des cours d’eau, ou même dans l’exploitation de ressources hydrologiques souterraines. De telles rivalités, qui s’expriment par des ouvrages ou des projets hydrauliques, existent non seulement entre des États dont les territoires sont traversés ou bordés par un même fleuve (la question de la « souveraineté » sur le Tigre et l’Euphrate, dont les barrages turcs du Taurus contrarient les cours, pourrait bien déclencher une guerre 26
entre la Turquie, la Syrie ou l’Irak), mais aussi au sein d’un même État entre des régions ou des grandes villes, qui visent chacune à tirer parti de ressources hydrauliques de bassins hydrographiques plus ou moins proches. Ce chapitre s’insère dans le thème 2 « Gérer les ressources terrestres », il fait partie des propositions de questions à choisir avec « Nourrir les hommes » et « L’enjeu énergétique ». Ces trois chapitres mettent l’homme face à ses responsabilités : peut-on continuer à puiser et épuiser les ressources que nous fournit la planète ? Le thème de l’eau est d’autant plus crucial que celle-ci est indispensable à la vie. Il est donc nécessaire que l’humanité se mobilise pour une gestion « durable » de cette ressource, pour en effectuer également une distribution « équitable » et, pour trouver des modes de consommation « viables ». Sans ces efforts, de nombreuses régions de la planète ne seront, dans l’avenir, plus « vivables ». Il est donc nécessaire de choisir des études de cas pertinentes au regard des protagonistes touchés par le « problème de l’eau » (États, sociétés civiles, secteurs économiques…) qui ont souvent des intérêts divergents voire contradictoires (question de survie pour certains, enrichissement pour d’autres). Des informations objectives et des données récentes doivent permettre aux élèves de faire le point sur « l’eau, ressource essentielle », d’être à même d’en comprendre les intérêts locaux comme internationaux et, peut-être de modifier leur appréhension de cet « or bleu ».
Ouverture
p. 90-91
L’approvisionnement en eau de Phœnix en Arizona (États-Unis) Cette vue aérienne oblique de Phœnix permet d’introduire les trois problématiques du chapitre. En interrogeant les élèves sur le milieu naturel, ils seront à même de remarquer que Phœnix fut construite en plein désert, et que même si le planisphère (en encart) montre que les États-Unis ont une ressource en eau « équilibrée » sur le sol américain, toutes les régions ne sont pas approvisionnées de la même manière. Avec une pluviosité moyenne de 18 centimètres par an, l’Arizona, qui est située dans le sud-ouest des États-Unis, est l’un des États les plus secs du pays. On observe, d’autre part, au premier plan, la myriade de pavillons dotés de piscines et des espaces verts bien entretenus. La question des usages de l’eau devra être posée aux élèves (usages domestiques, pour les loisirs, le tourisme). Ceci soulèvera la question de l’approvisionnement en eau de cette ville. Les élèves remarqueront aisément le canal au centre de la photographie. La légende et la carte du sud-ouest des États-Unis leur permettront de comprendre qu’il s’agit d’un aqueduc en ciment de 536 kilomètres de long, le « Central Arizona Project » qui achemine l’eau du Colorado jusqu’à Phœnix. Ce canal distribue 2 milliards de m3 par an pour irriguer l’oasis de Phœnix. Des moyens techniques et économiques colossaux furent mis en œuvre afin de pourvoir aux exigences des populations locales (on pourra également faire remarquer que le Colorado approvisionne Las Vegas, ville du jeu et de la démesure, grosse consommatrice d’eau pour ses hôtels, golfs, fontaines…). On ébauchera l’idée ici des sociétés humaines réalisant des aménagements et organisant leur espace afin d’exploiter les ressources en eau dont elles disposent. Enfin, il sera pertinent de soulever la question des conflits d’usage, premièrement, entre les agriculteurs dépendants du Colorado et les urbains qui ne souhaitent pas être restreints (plus de 80 % des eaux sont absorbées par l’agriculture alors que les grandes agglomérations américaines réclament des dotations accrues d’eau potable) ; d’autre part, en interrogeant les élèves sur les différents pays se « partageant » les eaux du Colorado, ils remarqueront, grâce à la carte, que le Colorado débouche dans le golfe de Californie au Mexique et donc que les Mexicains sont lésés d’une grande partie des eaux du fleuve. Au final, il ne s’écoule à la mer que 4 % du débit théorique © Hachette Livre
restant. Depuis 1922, le fleuve a fait l’objet d’une multitude de conventions, règlements, partages en tout genre. Le Colorado est le fleuve du monde le plus réglementé et le plus cité devant les tribunaux… et cela n’est pas terminé. Les États-Unis ont longtemps géré les eaux du Colorado dans une perspective purement nationale alors que le cours terminal du fleuve se situe au Mexique. Ce n’est qu’en 1944 que les doléances mexicaines sont prises en compte. Un traité bilatéral attribue au Mexique une dotation minimale de 35 m3/s… mais c’est en fait une eau polluée, saturée d’engrais et de pesticides venus d’amont. Cet exemple n’est pas un cas unique et met en évidence les tensions géopolitiques entre États pour le partage de l’eau qui seront approfondies plus tard dans le chapitre.
Étude de cas 1 Le Moyen-Orient peut-il satisfaire tous ses besoins en eau ?
p. 92-97
Étudier les besoins en eau au Moyen-Orient permet de comprendre comment une région touchée par de faibles précipitations, et où la population s’accroît, relève le défi d’approvisionner ses populations grâce à de coûteux aménagements, parfois à l’origine de tensions géopolitiques.
1. Quelle disponibilité en eau ? Quel accès à cette ressource ? ● Présentation
p. 92-93
des documents
aux questions
1. Cette région est marquée par l’aridité. Le littoral turc, l’Irak, le littoral proche-oriental (Syrie, Liban, Israël) constituent les régions qui reçoivent le plus de précipitations (plus de 600 mm par an) alors que la péninsule arabique et l’Égypte en reçoivent nettement moins (moins de 400 mm par an). 2. Les principales ressources en eau douce du Moyen-Orient sont les grands fleuves (Tigre, Euphrate et Nil), les lacs intérieurs (lac Nasser, lac Tuz) et les nappes aquifères fossiles. 3. Les États qui prélèvent plus d’eau qu’ils n’ont de ressources renouvelables sont ceux de la péninsule arabique, c’est-à-dire les Émirats arabes unis, le Qatar, le Koweït, le Yémen, l’Arabie saoudite et Bahreïn. Ils puisent la différence dans les nappes d’eau souterraines (eau fossile). 4. Le niveau d’accès à l’eau potable des populations est variable. Dans le doc. 1, on met en évidence que les populations villageoises d’Égypte sont restreintes en eau au profit des stations balnéaires, ce qui les contraint à être dépendantes des distributions d’eau potable par camions-citernes. On peut faire remarquer aux élèves les conflits d’usage de l’eau entre secteurs domestique et économique. Le doc. 2 permet d’observer un inégal accès à l’eau potable selon les pays (ex : au Yémen 66 % de la population y a accès, alors qu’au Qatar et en Israël le taux est de 100 %), mais aussi la variation d’accès dans certains pays entre urbains et ruraux (Irak 88 % pour les urbains et 56 % pour les ruraux). Le doc. 5 montre les nombreuses infrastructures d’irrigation construites pour satisfaire les besoins agricoles (conduites d’eau, canal © Hachette Livre
Bilan 1. Le Moyen-Orient est situé en milieu aride ou aux marges de ce domaine, tous les pays (sauf la Turquie et l’ouest et le nord de l’Iran) reçoivent moins de 300 mm d’eau. L’approvisionnement en eau devient donc problématique en saison sèche pour les régions les mieux dotées et toute l’année pour le reste des territoires, on parle dans ce cas de pénurie. Les eaux renouvelables accessibles proviennent des précipitations – quand il y en a – ou de l’écoulement des eaux de surface avec les grands fleuves (Tigre, Euphrate, Nil). Pour les pays dénués de ces potentiels, comme l’Arabie saoudite, on a recours aux eaux non renouvelables se situant dans les nappes aquifères fossiles. Ces dernières sont difficilement accessibles car nécessitent des investissements coûteux. Les différents documents de l’étude de cas montrent que pour les populations rurales (Égypte par exemple), l’accès à l’eau est moins aisé que pour les populations urbaines ou que pour les touristes. D’autre part, même si un pays est traversé par un fleuve, il n’est pas à l’abri de prélèvements en eau des pays en amont de ce fleuve qui le pénalisent et amoindrissent son approvisionnement.
2. Quels besoins en eau ? Quels aménagements pour y répondre ? p. 94-95 ● Présentation
Cette étude de cas doit montrer que la répartition entre les grandes zones climatiques est très inégale : les régions arides et semi-arides ne reçoivent que 6 % des précipitations globales et il ne s’y forme que 2 % de l’écoulement terrestre. Les documents sont centrés sur le MoyenOrient, en effet une dizaine de petits territoires situés dans des régions sèches ou désertiques disposent de moins d’un km3 d’eau par an. Le document 4 est central dans cette étude de cas. Il met en évidence que les eaux douces accessibles proviennent des précipitations et des nappes fossiles. Or, toute ressource n’est pas directement mobilisable. Il y a une grande différence entre la ressource dont peut, en théorie, disposer une population et le prélèvement destiné à la consommation finale. Les potentialités en eau, déjà très inégalement réparties, sont aussi inégalement exploitables. Les documents 1 et 5 permettent de mettre en évidence que l’accès est conditionné souvent par les moyens économiques. ● Réponses
de drainage). Pourvoir les populations locales en eau semble primordial.
des documents
Le document 4 permet d’identifier tous les moyens techniques et technologiques mis en œuvre pour prélever toujours plus d’eau. On peut ainsi comprendre que le manque d’eau peut être surmonté grâce aux moyens financiers. Cette idée se rapproche des documents 6 et 10, où l’on peut voir deux usages différents de l’eau (tourisme et agriculture) qui ont nécessité de lourds investissements. ● Réponses
aux questions
1. Au Moyen-Orient, l’eau est utilisée dans les infrastructures touristiques (parc aquatique), pour l’agriculture (irrigation), pour les usages domestiques et industriels. Le doc. 8b montre qu’entre 57,7 % (pour Israël) et 90 % (pour le Yémen) de l’eau utilisée est destinée à l’agriculture. 2. Le doc. 10 implique un paysage de l’eau puisque l’image satellite dévoile des milliers de pastilles d’irrigation verdoyantes en plein désert. Elles sont le résultat de bras d’irrigation de 400 m de long qui effectuent une rotation complète autour d’un pivot et dessinent ainsi de grands cercles. 3. Pour faire face à la faible disponibilité en eau douce, la péninsule arabique et Israël ont fait appel à la technologie en construisant des usines de dessalement d’eau de mer pour satisfaire leurs consommations urbaine et industrielle. 10 % de l’eau consommée en Arabie saoudite provient des 23 complexes de dessalement de la Mer Rouge et du golfe Persique. La plupart des villes saoudiennes sont alimentées grâce à un réseau de canalisations depuis les usines du littoral. On peut faire remarquer aux élèves que les usines de dessalement présentent une grande vulnérabilité en cas de conflit. Ces pays peuvent utiliser cet outil de pression car ils en ont les moyens économiques (et énergétiques pour l’Arabie saoudite). 4. L’Égypte et la Turquie mobilisent leurs ressources en eau par la mise en place de barrages nécessaires à l’irrigation des terres arables. La conquête de terre sur le désert et la création de retenues d’eau permettent d’avoir une réserve d’eau en cas de sécheresse mais aussi constituent des lacs artificiels (le lac Nasser servant ainsi de base nautique). À partir de ces réservoirs, les deux États ont mis en place de grands équipements de transfert d’eau. Bilan 2. Parvenir à gérer l’approvisionnement en eau est un enjeu important du développement économique des pays dépendants du secteur touristique. Les Émirats arabes unis utilisent l’eau pour satisfaire de gigantesques complexes touristiques destinés à un tourisme de luxe (piscine, parc aquatique, doc. 1). Combler les touristes n’est pas le seul souci des pays du Moyen-Orient, ils doivent répondre à la demande urbaine croissante et au secteur agricole, indispensable à l’alimentation. Pour y arriver, de gigantesques barrages doivent permettre de constituer des réservoirs d’eau accessibles toute l’année, Chapitre 3 ● L’eau, ressource essentielle 27
nécessaires au développement du secteur agricole. Les gouvernements n’hésitent pas à investir dans de nouveaux projets pour répondre aux besoins d’une population toujours plus nombreuse. C’est le cas du gouvernement égyptien : l’Égypte étant un pays non auto-suffisant d’un point de vue alimentaire, pour remédier à ce problème, le gouvernement a décidé en 1997 de lancer le projet de « Nouvelle Vallée », et de porter la superficie des terres arables en Égypte de 6 % à 35 %, grâce à un système de canaux détournant les eaux du lac Nasser vers des régions désertiques. L’eau douce ne suffisant pas, certains pays du Moyen-Orient, pourvus de richesses économiques et énergétiques, ont multiplié les usines de dessalement pour subvenir aux besoins de leurs populations urbaines. Tous ces aménagements contribuent à façonner des paysages spécifiques comme le montre le document 10 avec ses pastilles de verdure en plein désert, vues du ciel. Les lacs artificiels, fruits des retenues d’eau, bouleversent les milieux naturels préexistants. Il en va de même pour les méga-complexes touristiques de la péninsule arabique qui rivalisent d’ingéniosité pour faire oublier aux touristes qu’ils se situent, à l’origine, dans un désert.
3. Quel partage de l’eau ? Quels enjeux ? ● Présentation
p. 96-97
des documents
Le document 11 permet de comprendre tous les enjeux d’un partage de l’eau équitable dans cette région, ce qui n’est pas le cas. D’où les tensions adjacentes entre États, d’autant plus que certains sont dépendants à plus de 90 % de ressources en eau provenant d’autres États. Les documents 12 et 13 révèlent deux cas différents de tensions entre pays, l’un concernant l’exploitation de l’aquifère transfrontalier de Disi, et l’autre évoquant les risques encourus par les pays en aval du Tigre et de l’Euphrate pénalisés par la construction de 22 barrages en Turquie. ● Réponses
aux questions
1. Plusieurs tensions liées à l’eau sont apparues au Moyen-Orient ces dernières années. En traversant les frontières nationales, l’eau entraîne les États riverains dans une situation d’interdépendance : • Les fleuves du Tigre et de l’Euphrate naissent tous deux dans les montagnes de la Turquie orientale. L’Irak et la Syrie sont tous deux à la merci de la Turquie. Les projets turcs en amont visent à retenir un volume important des ressources hydrauliques disponibles. Dès 1980, la Turquie a entrepris de développer son potentiel agricole et de devenir le « grenier à blé » du Moyen-Orient. Le Great Anatolian Project ou Guneydogu Anadolu Projesi (GAP) comprend un projet de développement des ressources hydrauliques, réparti entre deux sections (Euphrate et Tigre). Les 22 barrages et 19 centrales électriques auront pour objectif d’irriguer 1,7 million d’hectares, et de produire 27 milliards de kWh. Le GAP a été amplement revendiqué par la Turquie pour compenser sa pauvreté en ressources pétrolières. Les projections les plus rigoureuses relèvent que, si les projets d’irrigation et de production d’énergie du GAP sont menés à terme, leur réalisation entraînerait une coupure significative du débit de l’Euphrate. Les travaux turcs sur le Tigre planifient, par ailleurs, de retirer entre 20 à 25 % des flots qui parviennent à l’Irak. • L’Égypte, entièrement tributaire du Nil pour ses ressources en eau, doit néanmoins partager celles-ci avec dix autres États du bassin du Nil : notamment avec l’Éthiopie où le Nil bleu prend sa source, et avec le Soudan. Pour des raisons historiques, l’Égypte a toujours exploité la plus grosse partie du débit du fleuve. La taille de sa population ainsi que sa dépendance quasi absolue à l’égard des eaux du Nil pour son approvisionnement en eau, rendent ce pays particulièrement nerveux face aux tentatives des pays d’aval de remettre en cause le partage établi des eaux ou de construire de nouvelles infrastructures. Or, l’Éthiopie projette de détourner de plus grands volumes d’eau du Nil. • Autre exemple de tensions liées à l’eau : les partages des eaux du Jourdain entre Israël et ses voisins. Le contrôle du bassin du Jourdain est important car le fleuve possède des eaux de surface et des eaux souterraines. 90 % de l’eau de la Cisjordanie est utilisée au profit d’Israël, les Palestiniens ne disposant que des 10 % restants. La question de l’eau a donc pris un caractère géopolitique évident dans les relations entre Israël et les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza, où les tensions prennent leur origine dans une disparité flagrante de consommation 28
entre ces deux communautés qui partagent les mêmes sources d’approvisionnement en eau. 2. La compétition pour l’eau n’est pas sans conséquences. D’abord, le prélèvement d’eau des aquifères fossiles va conduire inéluctablement à l’épuisement de la ressource. Peut-on continuer à utiliser cette eau non renouvelable sans se préoccuper des générations futures ? Cela va à l’encontre d’une gestion durable des ressources hydrologiques. Deuxièmement, les divergences concernant le partage de l’eau pourraient conduire à des « guerres de l’eau ». 3. Pour éviter d’en arriver à une situation de conflit armé, les pays tentent avant tout de trouver des compromis et de signer des accords de partage. Le document 12 fait état « d’un seul accord passé entre les États » qui « établit une zone tampon de 15 km à la frontière, sans forage », de même le document 13 mentionne qu’en « 2008, les 3 pays étaient tombés d’accord pour ouvrir un Institut de l’eau, pour étudier le flux et les besoins en eau de la région ». 4. L’État d’Israël tire ses ressources en eau du Jourdain, donc des eaux de surface, il peut également puiser dans les nappes aquifères non renouvelables. L’accès à ces ressources dépend du tracé des frontières, d’où l’occupation par Israël de territoires qui ne lui étaient pas destinés par le tracé international. En effet, l’accès au littoral lui permet de prélever dans l’aquifère littoral et de contrôler l’importation d’eau douce en provenance de Turquie. D’autre part, l’occupation de terres riveraines du Jourdain lui permet de puiser dans le fleuve l’eau nécessaire et en plus d’accéder à l’aquifère cisjordanien puisque 82 % de l’eau est prélevée par Israël, ce qui rend le partage inégal. Bilan 3. Près de 40 % de la population mondiale s’alimentent en eau dans 214 grands réseaux fluviaux que se partagent plusieurs pays. Les eaux de ces fleuves sont à divers endroits détournées pour assurer l’approvisionnement en eau potable, la production d’électricité et l’irrigation des terres, ce qui rend, de fait, vulnérables les pays situés en aval. Beaucoup de pays où l’eau est rare se partagent des lacs, des fleuves ou des aquifères limitrophes. Le Moyen-Orient est un concentré de divergences de point de vue quant à la répartition du débit des cours d’eau et de désaccords sur l’exploitation de ressources hydrologiques souterraines. Cette situation est à l’origine de tensions géopolitiques entre plusieurs États. Plusieurs exemples sont le reflet de ces rivalités pour l’eau : entre Israël et ses voisins, la rivalité dans ce domaine est initiée par le partage inéquitable des ressources de la région. Le gouvernement israélien contrôle toutes les ressources en eau, y compris celles de Cisjordanie, ainsi que les nappes souterraines. Aussi est-il interdit de creuser des puits ou d’effectuer des forages sans son autorisation. Aujourd’hui, 40 % des réserves d’eau souterraines d’Israël proviennent des territoires occupés ; Israël détourne les eaux du Jourdain pour son propre compte, laissant la Jordanie se débattre avec une diminution de ses ressources hydriques. La rareté de l’eau douce a aiguisé les tensions avec les 2,3 millions de Palestiniens vivant dans les territoires occupés. Malgré les sécheresses de ces dernières années, les Israéliens ne renoncent pas à leurs parcs verts et continuent de favoriser des cultures très gourmandes en eau comme le coton. Un Israélien consomme, en moyenne, 3 fois plus d’eau qu’un Palestinien. Une tension encore plus exacerbée oppose la Turquie à ses voisins au point de faire craindre « une guerre de l’eau ». En effet, la Turquie a construit dans les hautes vallées, principalement celles de l’Euphrate et de ses affluents, toute une série de barrages (22). Ces derniers permettent à la Turquie de stocker l’équivalent de plus d’une année entière du débit du Tigre et de l’Euphrate et donc inquiètent les populations syrienne et irakienne. L’arrêt de l’écoulement des fleuves, organisé par la Turquie si elle le souhaitait, aurait des conséquences catastrophiques pour des millions d’hommes. Un autre pays s’inquiète de prélèvements abondants à l’amont de son fleuve, c’est l’Égypte. En effet, le Soudan et l’Éthiopie comptent davantage utiliser les potentialités offertes par le Nil qui les traverse. Le Soudan étant essentiellement aride, le gouvernement a décidé qu’il fallait tirer parti des eaux du Nil : il a lancé de grands projets d’irrigation, dans les vastes plaines en amont de Khartoum, en utilisant les eaux du Nil blanc et celles du Nil bleu. L’Éthiopie s’est également lancée dans des projets similaires, ce qui inquiète le gouvernement égyptien, car ces barrages réduiraient le niveau des eaux retenues derrière le barrage d’Assouan. © Hachette Livre
Les aménagements réalisés pour s’emparer d’une eau de moins en moins abondante ne sont pas sans conséquences politiques comme nous venons de le voir, mais sont aussi à l’origine de répercussions environnementales. D’après le site web du Nile Countries Hydromanagement Project (http:// nchp.epf.fr), l’Égypte subit le revers de la médaille de la prolifération des grands barrages. Des centaines de milliers d’hectares gagnés sur le désert, une navigation facilitée, une production électrique équivalente à celle de deux centrales nucléaires, et la fin des caprices d’un fleuve qui soumettait la vallée du Nil à des périodes de sécheresse et de famine : le barrage d’Assouan, mis en eau en 1971, a nourri des millions de personnes et contribué à sortir le pays de la pauvreté. Mais à quel prix ? Il a fallu déplacer 100 000 personnes et submerger plus de 5 000 ans d’Histoire afin de créer le réservoir, aujourd’hui appelé lac Nasser par les Égyptiens et lac de Nubie par les Soudanais. Aujourd’hui, le barrage ne laisse plus circuler les limons et sédiments charriés par le fleuve. Ceux-ci remplissent le lac Nasser, favorisant l’eutrophisation et la prolifération de plantes. L’évaporation accélère le phénomène : 10 milliards de mètres cubes d’eau se volatilisent chaque année du lac. En aval, le barrage a supprimé les crues : plus un grain de limon n’atteint les hautes terres et les agriculteurs ont recours à des engrais artificiels, coûteux et polluants. Pire, déjà appauvries, 30 à 40 % des terres du delta sont stérilisées par le sel, car les intrusions d’eau de mer ne sont plus repoussées par les flots d’eau douce retenus par le barrage. Comme le delta assure 45 % de la production agricole du pays, les pertes sont lourdes. Par ailleurs, pendant des millénaires, les sédiments charriés par le Nil ont compensé l’érosion de la côte. Aujourd’hui, bloqués par le barrage, ils ne remplacent plus les sables emportés par les courants. Le lit du Nil s’enfonce. Le delta recule, grignoté par la mer. Un désastre lorsqu’on sait que cette région concentre les deux tiers de la zone habitable du pays.
Étude de cas 2 L’eau du Mékong peut-elle contribuer au développement durable de la région ? p. 98-103 Le choix du Mékong permet de montrer un contraste par rapport à l’étude de cas précédente. Elle permet à la fois de se concentrer sur un bassin hydrographique, donc de réduire l’échelle, mais aussi d’étudier une région où les précipitations sont fortes et qui bénéficie, pour une partie, d’un climat de mousson. La maîtrise de l’eau y est tout aussi vitale, les aménagements y sont nombreux, notamment pour l’agriculture. Néanmoins, les projets de construction de barrages sont actuellement controversés. En effet, la Chine ne semble pas se préoccuper des pays de l’aval et a mis en place un vaste programme de construction de barrages sur le fleuve. L’impact social et environnemental est préoccupant. La baisse du niveau du fleuve depuis 20 ans commence à poser un certain nombre de problèmes, particulièrement au Cambodge où l’approvisionnement en eau dépend du fleuve, mais aussi dans la région du delta où la faible pente laisse craindre des remontées d’eau de mer qui pourraient perturber l’équilibre de ce riche pôle agricole.
1. Quels usages de la ressource en eau dans la région ? ● Présentation
p. 98-99
des documents
l’eau y est précisée et permet d’en comparer la répartition entre les différents secteurs. La forte consommation du secteur agricole ressort de façon flagrante.
Doc. 3, 4 et 5 Les deux photographies permettent d’appréhender l’usage agricole du fleuve. La première indique un arrosage manuel d’un jardin à partir de l’eau du fleuve. La seconde montre la complexité de la maîtrise de l’eau dans la région du delta, où il s’agit à la fois de contrôler les crues du fleuve, par un système de digues et de canaux de drainage, mais aussi d’organiser la culture du riz dont les champs doivent être irrigués par un système ingénieux de casiers, de chenaux et de diguettes. Le texte aide les élèves à lire et à comprendre le paysage tout en mettant en évidence des pratiques séculaires à l’équilibre fragile. ● Réponses
aux questions
1. Le Mékong est un fleuve du sud-est de l’Asie qui prend sa source sur le plateau tibétain, traversant la Chine, le Laos et le Cambodge, longeant le Myanmar et la Thaïlande et dont l’embouchure se situe au Vietnam. Il se jette alors dans la mer de Chine méridionale. 2. Les eaux du Mékong ont un usage essentiellement agricole, à travers l’irrigation, qu’elle soit manuelle (au moyen d’arrosoirs remplis directement dans le fleuve, doc. 3), ou plus élaborée (à travers les aménagements de la rizière : casiers, chenaux et diguettes, doc. 4). Ainsi, en 2000, 98 % de l’eau consommée au Cambodge l’était dans l’agriculture, 98,2 % au Myanmar, 95,1 % en Thaïlande, les autres pays ayant des taux supérieurs à 67 %. 3. L’espace le plus densément peuplé du bassin hydrographique du Mékong se situe au niveau de l’embouchure, au Vietnam. Ces fortes densités s’expliquent par la riziculture qui nécessite à la fois une main d’œuvre nombreuse et beaucoup d’eau. Le milieu est favorable à ce type de culture grâce à la présence du fleuve et de ses alluvions, rendant le delta très fertile, mais aussi de la mousson qui inonde chaque année la plaine. Enfin, la riziculture permet de nourrir une population nombreuse. La mise en valeur historique du delta est liée à la transmission des techniques hydrauliques par la Chine qui a diffusé dans la région les techniques d’endiguement, d’irrigation et de drainage. 4. La maîtrise de l’eau, notamment pour la riziculture, a donné naissance à un paysage spécifique où des digues de terres serpentent le long du fleuve afin d’en contrôler les crues. On y trouve aussi des canaux de drainage qui permettent d’évacuer l’eau des plaines inondables. Mais, le paysage est surtout marqué par les rizières dont les casiers, séparés par des chenaux, forment un quadrillage. Les villages sont repoussés sur les hauteurs, à l’abri des inondations provoquées par les crues et la mousson. Bilan 1. La ressource en eau est abondante dans la région du Mékong qui bénéficie à la fois de l’écoulement fluvial, mais aussi des pluies apportées par la mousson. Les sociétés s’y sont adaptées par la pratique de la riziculture – culture ayant besoin de beaucoup d’eau. La maîtrise de l’eau y est ancienne et a nécessité de nombreux aménagements. En effet, le fleuve est sujet à des crues annuelles, ce qui a conduit à la construction de digues pour en limiter les impacts, mais aussi de canaux de drainage pour en évacuer les eaux (issues de la mousson qui inondent les plaines).
2. Les barrages, des ouvrages essentiels au développement de la région ? ● Présentation
p. 100-101
des documents
Doc. 1
Doc. 6
La carte 1 montre l’étendue du bassin hydrographique du Mékong, dixième fleuve du monde et quatrième d’Asie par son débit. Les pays traversés et les densités de population mettent en évidence à la fois les États dépendants du fleuve, mais aussi les hommes dont les densités augmentent au fur et à mesure que l’on se rapproche du delta. Elle permet enfin de faire un lien avec le climat de mousson dont dépend l’Asie du Sud-Est pour la culture du riz.
La carte présente les barrages existants, en construction ou à l’étude le long du Mékong et de ses affluents. On peut remarquer que ce sont surtout les affluents qui sont aménagés ; pour le fleuve lui-même, les barrages construits sont tous en Chine. C’est aussi dans ce pays que les projets sont les plus nombreux. La carte présente également l’IDH des pays du bassin fluvial, ce qui permet d’établir un lien entre le niveau de développement et les aménagements du fleuve.
Doc. 2
Doc. 7
Ce tableau met en évidence les différences de consommation d’eau dans les pays du bassin du Mékong. La part des différents usages de
Cette carte permet de changer d’échelle et de mettre en évidence les contrastes régionaux par rapport à l’équipement sanitaire au Cam-
© Hachette Livre
Chapitre 3 ● L’eau, ressource essentielle 29
bodge. Elle indique aussi les types d’accès à l’eau selon le nombre de foyers. Ces données soulignent les écarts de développement entre les régions où la majorité des foyers possède un accès à l’eau à l’intérieur de leur logement, et celles où la plus grande partie de la population doit aller chercher de l’eau à l’extérieur (puits, fleuve…). On pourra remarquer qu’aucune des régions ne possède l’intégralité des foyers avec un accès à l’eau à l’intérieur du logement.
Doc. 8 et 9 Ces deux documents permettent d’aborder l’utilisation du Mékong comme source d’énergie. La construction des barrages permet de fournir de l’électricité pour la consommation locale. De plus, le fait de disposer de cette ressource d’énergie est un facteur favorable au développement. La photographie permet également de souligner la volonté des États de montrer leur niveau technique, donc leur développement, comme la Chine qui, avec le barrage de Xiaowan, réalise le barrage le plus haut du monde. Il est donc important de souligner le lien entre prouesse technique et niveau de développement.
Doc. 10 Ce texte est important pour bien comprendre que la Chine dispose d’un avantage indéniable sur les pays de l’aval. Il doit être mis en relation avec la carte 6 qui montre l’importance des projets de barrages de la Chine sur le Mékong, dont le barrage de Xiaowan (doc. 9), et des problèmes que cela peut engendrer pour les autres pays. ● Réponses
aux questions
1. Le niveau de développement des pays arrosés par le Mékong est faible puisque tous les IDH sont inférieurs à 0,7. L’eau consommée l’est essentiellement pour l’agriculture, les autres usages ne sont que faiblement satisfaits : les régions du centre du Cambodge ont moins de 12 % des maisons équipées de sanitaires en 2007, et les régions bordant le Mékong ne le sont qu’entre 12 % et 25 %. 2. Les États qui multiplient les constructions de barrages sont le Cambodge, le Laos et la Chine. (La question induit les projets de barrages et non ceux déjà construits, la Thaïlande n’est donc pas attendue comme réponse.) Ces pays ont des besoins croissants d’électricité notamment pour leur développement industriel, mais surtout pour satisfaire les besoins de la population. Cela doit aussi permettre de fournir une électricité « bon marché et fiable » (doc. 8). 3. L’argument officiel qui justifie ces réalisations est celui de l’essor économique du pays qui nécessite de produire davantage d’énergie, permettant ainsi de développer les services dans les zones les plus défavorisées. 4. La construction de barrages est un enjeu géostratégique car elle permet aux pays détenteurs de contrôler les eaux disponibles, surtout s’ils sont situés en amont, car ils peuvent alors exercer une pression sur les pays en aval, notamment en contrôlant le débit du fleuve et son niveau. Bilan 2. La maîtrise de l’eau est un facteur essentiel du développement de la région. Le contrôle de la ressource se fait essentiellement par la construction de barrages. Ceux-ci fournissent l’électricité nécessaire au développement économique des pays qui les détiennent. Cependant, tous les pays du Mékong n’ont pas encore procédé à l’aménagement du fleuve. La Chine détient ainsi une avance importante sur ses voisins pour la maîtrise des eaux. Cette domination est renforcée par le fait que ce pays se situe en amont du cours d’eau et en détient la source, ce qui lui permet de contrôler l’approvisionnement en eau du reste du bassin.
3. Quel est l’impact de ces choix politiques p. 102-103 sur l’environnement ? ● Présentation
des documents
Doc. 11 Le document met en évidence les effets positifs et négatifs de la construction du barrage de Nam Theun 2. Il fait ressortir les conséquences économiques, sociales et environnementales du projet, ce qui est l’occasion d’analyser le problème sous l’angle du développement durable, notion centrale du programme. 30
Doc. 13, 14 et 15 Ces documents montrent les problèmes environnementaux liés à la construction des barrages. Même s’ils fournissent de l’électricité pour le développement, ils sont aussi à l’origine des déséquilibres écologiques, économiques et sociaux. Les projets de construction risquent d’amplifier ces problèmes, surtout pour les pays situés en aval du fleuve. ● Réponses
aux questions
1. La principale conséquence économique de la construction du barrage de Nam Theun 2 est que celui-ci permet de produire davantage d’électricité. Le Laos augmentera ainsi ses capacités énergétiques et pourra même vendre à la Thaïlande voisine ses surplus, ce qui amènerait le Laos à accroître son PIB de 6 %. Les conséquences sociales concernent les déplacements des populations des villages ennoyés (6 300 personnes et 17 villages), le déracinement pouvant être traumatisant pour les personnes concernées. Ce projet a néanmoins des effets positifs pour la population puisqu’il assure son approvisionnement en eau. 2. Les conséquences environnementales prévisibles de ces aménagements sont une atteinte à la biodiversité, une pollution accrue, une atteinte aux ressources naturelles du Mékong (poissons et eau pour la riziculture), un risque de remontées d’eau de mer dans l’embouchure avec salinisation si le niveau du fleuve diminue. Les opposants au barrage dénoncent un risque de conflit international, des problèmes écologiques, mais aussi économiques pour les populations de l’aval du fleuve. Ils s’inscrivent donc bien dans une optique de développement durable puisqu’il s’agit de protéger la biodiversité, mais aussi les ressources pour les populations actuelles et à venir. 3. La gestion de la ressource en eau est freinée par l’absence de gouvernance car les pays du bassin du Mékong n’ont pas fait de cette question un sujet de préoccupation nationale. De plus, la Chine gère l’amont sans se soucier des préoccupations de l’aval. Bilan 3. Les aménagements hydrauliques permettent de produire de l’électricité et de constituer des réserves d’eau, ils facilitent aussi l’approvisionnement en eau des populations. Par contre, ils provoquent un certain nombre d’inquiétudes notamment au niveau environnemental. Ainsi, la construction des barrages met en danger la biodiversité, notamment de la faune locale : éléphants sauvages de Thaïlande, poissons du grand lac au centre du Cambodge. Une baisse du niveau du fleuve trop importante pourrait provoquer une remontée des eaux de mer dans la plaine du delta du Mékong, ce qui serait catastrophique pour cette zone agricole vitale.
Planisphère 1
p. 104-105
Les ressources en eau Faire un bilan Cette carte montre la disponibilité en eau dans le monde. Elle se mesure en m3 par habitant et par an. Selon cette disponibilité, les régions les moins bien pourvues entrent dans la catégorie des pays subissant une pénurie (moment auquel l’impact total de tous les usagers affecte l’alimentation ou la qualité de l’eau, dans le cadre des arrangements institutionnels en vigueur, au point que la demande de tous les secteurs, y compris l’environnement, ne peut être entièrement satisfaite), ou dans la zone de stress hydrique (lorsque la demande en eau dépasse la quantité disponible pendant une certaine période ou lorsque sa mauvaise qualité en limite l’usage). Les pays entrant dans ces catégories se localisent en Afrique du Nord, au Moyen-Orient, et à l’est de l’Afrique. Les États-Unis, l’Europe occidentale, l’Asie centrale et orientale sont les régions confrontées à des manques durant la saison sèche alors que le Canada, l’Amérique latine, la Russie, l’Asie du Sud-Est, dont la vallée du Mékong, ont des ressources suffisantes. Comparer et changer d’échelle Le Moyen-Orient (notamment la péninsule arabique) n’est donc pas la seule région touchée par la pénurie d’eau. L’Afrique du Nord est également une zone aride ou semi-aride, le Maroc, par exemple, doit cher© Hachette Livre
cher des sources d’approvisionnement autres que les précipitations. À l’échelle mondiale, on retrouve des cas similaires à celui de la Turquie : le partage inégal des eaux du Colorado en faveur des États-Unis et de ses villes millionnaires du sud-ouest prive les Mexicains d’une eau dont ils s’estiment spoliés. De même, la Chine avec ses barrages, réduit les ressources en eau des pays en aval du Mékong.
Une dépendance supérieure à 60 % se retrouve au Soudan, en Syrie ou au Cambodge. Cette situation peut être à l’origine de tensions entre États (entre le Soudan et l’Égypte, entre Israël et la Jordanie, par exemple). Les retenues d’eau (barrages) à l’origine de ces rivalités ne sont pas sans conséquence sur l’environnement : le delta du Nil recule, ainsi que celui du Mékong.
Passer au cours Quelles sont les régions où la ressource en eau douce renouvelable est suffisante ? Dans quelle zone climatique se situent-elles ? À l’inverse, quelles sont les régions touchées par des pénuries d’eau ? Représentent-elles une part importante de la population mondiale ? Quels États sont conduits à utiliser plus de 50 % de leurs ressources en eau ?
Comparer et changer d’échelle On retrouve des situations analogues à l’échelle mondiale : • Les États-Unis et le Mexique se disputent les eaux du Colorado, et parallèlement, les eaux du lac Mead ont considérablement diminué. • L’Inde et le Bangladesh sont en désaccord sur les prélèvements des eaux du Gange et du Brahmapoutre ; la population croissante y est très concentrée, ce qui conduit au recul du delta du Gange. • Différents lacs et mers ont vu leur niveau baisser de façon très inquiétante, (comme la mer d’Aral), jusqu’à devenir de véritables catastrophes écologiques du fait de la pression démographique et agricole. Toutefois, des accords de coopération sont parfois signés afin de permettre des distributions équitables ou éviter un accroissement des désastres écologiques : c’est le cas pour la protection du Rhin, pour la mer Noire, le fleuve Sénégal ou le Saint-Laurent.
Planisphère 2 La maîtrise de l’eau
p. 106-107
Faire un bilan Le Moyen-Orient fait partie des territoires qui ont majoritairement investi dans le dessalement de l’eau de mer (20,1 millions de m3 par jour), d’autre part des efforts ont été entrepris pour transférer l’eau vers les villes importantes de la péninsule arabique. Pour permettre l’irrigation des zones cultivées, de gigantesques barrages avec retenue d’eau furent édifiés (sur le Nil, l’Euphrate). Le Mékong n’est pas exempt de tels aménagements comme le montre le planisphère. Comparer et changer d’échelle Cette maîtrise de l’eau doit avant tout servir à assurer l’irrigation des cultures et donc la survie alimentaire des populations. Le planisphère met en évidence la part importante du prélèvement d’eau destiné à l’agriculture. On observe, qu’outre le Moyen-Orient et la vallée du Mékong, d’autres territoires sont des civilisations agricoles grandes consommatrices d’eau fournie soit par des précipitations abondantes, soit par des aménagements permettant l’irrigation. L’Asie des moussons a de l’eau en surabondance mais sa maîtrise n’en demeure pas moins primordiale : digues et canaux doivent assurer la riziculture. Le Moyen-Orient, l’Asie centrale et la Méditerranée sont des régions plus ou moins arides, qui ont des espaces irrigués restreints mais surpeuplés : le problème majeur de ces civilisations de l’irrigation renvoie au rapport entre croissance démographique et insuffisance des ressources en eau. L’absence de grandes zones cultivées irriguées en Afrique tropicale montre, qu’en dépit de la sécheresse qui sévit une grande partie de l’année, les populations rurales pratiquent une culture « sous pluie ». L’Europe et l’Amérique sont des mosaïques plus ou moins serrées de champs labourés et de prairies. Pour ces civilisations agricoles, la maîtrise de l’eau passe par la capacité à prélever dans les nappes phréatiques et par la mobilisation des écoulements de surface quand les précipitations sont insuffisantes. On remarque également que divers aménagements hydrauliques doivent permettre de répondre à la pression touristique croissante, notamment sur le littoral du golfe du Mexique, sur le littoral pacifique des États-Unis, ou encore sur le pourtour de la Méditerranée. Passer au cours D’après le planisphère, quel est le premier usage de l’eau ? Quels aménagements permettent à l’homme de mobiliser davantage de ressources hydrologiques ? Quels sont les autres secteurs qui exercent une pression sur les ressources en eau ?
Planisphère 3 L’eau convoitée et menacée
p. 108-109
Faire un bilan Les pays en vert foncé sur le planisphère sont à plus de 90 % dépendants de ressources en eau provenant d’autres États comme l’Égypte.
© Hachette Livre
Passer au cours Quels sont les pays où le taux de dépendance (part des ressources en eau d’un État provenant de l’étranger) est le plus élevé ? À quoi cette situation conduit-elle parfois ? Quels sont les impacts sur l’environnement d’une pression excessive ? Quelles solutions s’offrent aux États pour une gestion durable de la ressource ?
Cours 1 Une ressource inégalement disponible p. 110-111 ● Présentation
des documents
Doc. 1 Ce document permet de mettre en évidence l’inégal accès à l’eau potable en 2007. Les populations d’Amérique du Nord et l’Europe occidentale ont, à plus de 99 %, accès à l’eau potable. À l’opposé, moins de 50 % de la population africaine a accès à une eau saine, voire même à un point d’eau aménagé à proximité où elle pourrait s’approvisionner. On remarquera toutefois que des progrès ont été réalisés sur ce dernier point, puisque tous les chiffres comptabilisant les personnes sans accès à un point d’eau aménagé ont diminué entre 1990 et 2004. Il pourra être précisé aux élèves que la situation sanitaire demeure néanmoins catastrophique : 1,3 milliard d’hommes n’ont pas accès à l’eau potable, 2 milliards sont privés d’installations sanitaires, 4 milliards ne sont pas raccordés à un réseau d’assainissement. L’eau contaminée (malaria, diarrhée, fièvre de dengue) tue chaque année 5 millions d’individus, bien davantage que le SIDA. Cette dernière information sera à rapprocher du document 3.
Doc. 2 Le Chili fait partie des pays où 75 à 90 % de la population a accès à l’eau potable. L’assainissement et l’approvisionnement abondant sont destinés ici au secteur touristique. Véritable lac artificiel, la piscine Crystal Clear Lagoon est actuellement la plus grande piscine ayant jamais été construite au monde. D’une superficie de 8 hectares, pas moins de 250 millions de litres d’eau filtrée servent à la remplir.
Doc. 3 Les femmes munies de récipients en métal vont chercher de l’eau manuellement sans aucune infrastructure pour leur faciliter la tâche. Chacune descend à tour de rôle accomplir sa corvée. Mettre en relation cette photographie avec la carte devrait permettre aux élèves de situer l’Inde parmi les pays où seulement 50 à 75 % de la population a accès à l’eau potable puisque l’eau prélevée, ici, n’a pas fait l’objet d’un assainissement préalable. Toutefois, il ne faut pas faire de cette photographie un cliché accroché à l’image des pays en développement, le document 2 permet de nuancer.
Chapitre 3 ● L’eau, ressource essentielle 31
Cours 2
Cours 3
Une ressource maîtrisée ● Présentation
p. 112-113
des documents
Repère A Une remarque importante sur ce document : la différence entre le prélèvement et la consommation réelle qui ne cesse d’augmenter. Des hypothèses pourront être émises par les élèves sur les raisons de ce différentiel. Dans les villes, de très grandes quantités d’eau sont perdues en réseau, à cause de la vétusté, de l’absence d’entretien des conduites et de défaillances diverses. Ces pertes sont de l’ordre de 10 à 20 %, mais dans les villes du Sud, les pourcentages sont beaucoup plus considérables. En Amérique latine, par exemple, la proportion des fuites est quatre fois plus élevée que dans les pays développés, les ruptures de canalisation vingt fois plus. Lutter contre ces pertes permettrait de récupérer des volumes importants.
Doc. 1
Le Canada, les États-Unis, l’Islande et les Émirats arabes unis utilisent entre 100 et 200 m3 d’eau pour leur consommation domestique alors que la majeure partie de la planète moins de 50 m3. Pourquoi une telle différence ? On estime que, au niveau mondial, la consommation d’eau se répartit de la façon suivante : 70 % environ pour l’irrigation, 22 % pour les activités industrielles et 8 % pour la consommation urbaine et touristique. Dans certains pays en développement, 90 % des prélèvements sont destinés aux champs. L’extension des surfaces irriguées est tout à fait spectaculaire, elles ont quintuplé depuis le début du siècle : 250 millions d’hectares sous irrigation assurent aujourd’hui 40 % de la production agricole mondiale.
Doc. 2
Le projet du barrage des Trois Gorges, outre la production d’hydroélectricité (équivalente à celle d’une vingtaine de centrales nucléaires ou à 50 millions de tonnes de charbon) capable de fournir 10 % de la consommation d’électricité totale de la Chine, doit transférer 1 200 km plus au nord quelques 10 milliards de m3 vers Perkin et la plaine de Chine du Nord. En effet, alors que la moitié méridionale de la Chine subit des inondations de plus en plus graves, le nord-est de la Chine connaît une sécheresse chronique et le fleuve Huang He, à certaines saisons, n’a presque plus d’eau, d’autant qu’il est soumis à d’importants prélèvements pour l’irrigation. Cet exemple conduit les élèves à comprendre que la construction de barrages pour la mobilisation de l’eau reste encore largement répandue.
Doc. 3
Le barrage autorise le stockage de l’eau et, donc, un accès régulier à la ressource. Depuis 1950, nombre de barrages furent édifiés (360 ouvrages par an ont été construits entre 1951 et 1977), puis le mouvement s’est ralenti (180 depuis 1980). Jusqu’au début des années soixantedix, les grands aménagements fluviaux étaient perçus de façon positive : ils créaient des ressources énergétiques nouvelles, permettaient la mise en valeur de vastes espaces grâce à l’irrigation, réduisaient les contraintes de la navigation fluviale. Un revirement d’attitude s’est opéré, initié par les mouvements écologistes qui dénoncent à la fois l’impact sur le milieu naturel, mais aussi sur les collectivités humaines impliquées dans ces aménagements de grande envergure. Or ce texte, récent (2008), atteste du regain d’intérêt pour la construction de barrages ; de grands projets sont en cours de réalisation, en Chine ou en Turquie par exemple. La première question à poser aux élèves doit se tourner vers les motivations des pays engagés dans ces chantiers coûteux et pharaoniques. Deuxièmement, quels types de pays sont entrés dans ce mouvement de reprise de construction ?
Une ressource convoitée ● Présentation
p. 114-115
des documents
Repère L’Aquifère Guarani est un des plus grands aquifères de la planète centré sur le bassin du Paraná-Plata, constitué il y 65 millions d’années. Il représente le troisième réservoir d’eau souterraine mondial. Il s’étend sur quatre pays : Brésil, Paraguay, Argentine et Uruguay ; sa superficie, encore mal délimitée, serait de plus de 1 500 000 km² (près de trois fois la France).
Doc. 1
Le Tibet constitue le principal château d’eau de l’Asie : 10 fleuves majeurs y prennent naissance (dont le Huang He, le Chang Jiang, le Mékong, l’Indus et le Brahmapoutre) et traversent 11 pays. Il est l’origine principale du système hydrographique asiatique, allant du Pakistan au nord-est de la Chine, en incluant la majeure partie du subcontinent indien et de la péninsule indochinoise. La Chine est le pays le plus peuplé au monde mais aussi celui dont les réserves en eau potable par habitant sont parmi les plus faibles. Le plateau tibétain a les commandes d’une grande partie de l’approvisionnement en eau douce de la Chine ainsi que de ses réserves : le plateau tibétain concentrerait 70 % des eaux lacustres chinoises. Ce document met donc en évidence plusieurs constats : • Les glaciers et les neiges sont à l’origine de l’approvisionnement de bon nombre de bassins hydrographiques de l’Asie. Que va-t-il advenir de ces fleuves avec le réchauffement climatique ? • Étant donné que 10 fleuves traversant 11 États prennent leur source dans les hauteurs tibétaines et himalayennes, comment gérer le partage et la distribution de cette eau de surface ? Que montre la carte ? Que des tensions entre États sont liées au partage de l’eau. • La population asiatique est croissante et localisée traditionnellement dans les vallées fluviales. À quels prélèvements supplémentaires cela va-t-il conduire ? Est-ce que l’approvisionnement sera suffisant ? • L’augmentation de la population va conduire de façon inéluctable à des conflits d’usage entre agriculteurs, industriels et sociétés urbaines. Tant la Chine que l’Inde ont des ressources hydriques limitées. Or, l’utilisation croissante de l’eau dans l’agriculture et l’industrie, à quoi s’ajoute la demande d’une classe moyenne montante, génère une véritable tension pour l’eau. Si la pénurie continue de s’aggraver et que le déficit hydrique se creuse, la croissance économique pourrait en pâtir. La Chine et l’Inde, toutes deux exportatrices dans le secteur alimentaire, se transformeraient en pays largement importateurs.
Doc. 2
Le texte met en évidence l’important dilemme de l’usage de l’eau dans des territoires faiblement pourvus mais attractifs d’un point de vue touristique. Quand la ressource est limitée, une compétition entre populations locales (qui ont besoin d’eau pour leurs usages domestiques et agricoles) et secteur touristique peut apparaître. Qui privilégier ? Le tourisme apporte des devises et contribue pour certains pays à une part importante de leur PIB, mais celui-ci doit-il se développer au détriment des locaux qui risquent de voir leurs ressources alimentaires s’amoindrir corollairement à leur restriction en eau ? L’Espagne est un exemple révélateur de ces conflits d’usage : de nombreuses régions sont considérées par les autorités espagnoles comme en voie de désertification (1 quart de l’Espagne), des villages sont rationnés, or parallèlement, sur la côte méditerranéenne, les complexes touristiques fournissent aux milliers de Britanniques, d’Allemands ou de Scandinaves, qui affluent l’été, des piscines remplies et des centaines de golfs (160 ont vu le jour entre 2000 et 2005), ce qui ne manque pas de susciter la consternation des Ibériques.
Doc. 3
Malgré les différentes tensions géopolitiques apparues à la surface de la planète sur le partage de l’eau, aucun véritable conflit armé ne semble en résulter. Les rivalités hydrauliques se sont, certes, multipliées mais elles se superposent souvent à des rivalités géopolitiques plus ou moins anciennes. Par exemple, la rivalité de l’eau entre Israël et la Palestine s’inscrit dans le conflit géopolitique entre Israéliens et Pales32
© Hachette Livre
tiniens, les uns et les autres se disputant leur territoire historique. Selon certains commentateurs, le risque d’une véritable « guerre de l’eau » peut éclater entre la Turquie et la Syrie ou l’Irak puisque la Turquie a construit, dans les hautes vallées de l’Euphrate et de ses affluents, toute une série de barrages (le GAP) qui nuit au développement agricole et urbain de la Syrie et de l’Irak. Les médias annoncent souvent l’imminence d’une « guerre de l’eau » dans cette région, l’eau étant présentée comme un enjeu primordial qui expliquerait à lui seul tous les conflits. Or, elle s’insère simplement dans des tensions géopolitiques préexistantes entre les États. Le litige concernant le débit du Tigre et de l’Euphrate est plutôt la conséquence de raisons géopolitiques bien antérieures à la construction des barrages du grand projet anatolien.
Cours 4 Une ressource menacée ● Présentation
p. 116-117
des documents
Doc. 1 Cette carte révèle deux types de pénurie : la pénurie physique et la pénurie économique. Elles sont définies par la FAO de façon suivante : – Pénurie économique : elle est provoquée par le manque d’investissement en eau ou le manque de capacité humaine pour satisfaire les demandes en eau. La grande partie de la pénurie provient de la manière dont les institutions fonctionnent, favorisant un groupe au détriment d’un autre et n’écoutant pas les voix des divers groupes, particulièrement celles des femmes. Les symptômes de la pénurie économique de l’eau comprennent le développement insuffisant des infrastructures, aussi bien à petite qu’à grande échelle, ce qui fait que les gens ont des difficultés pour obtenir suffisamment d’eau pour l’agriculture ou pour boire. Et même là où existent des infrastructures, la distribution de l’eau peut être inéquitable. Une grande partie de l’Afrique subsaharienne est caractérisée par une pénurie économique, ainsi davantage de développement des ressources en eau peut aider considérablement à réduire la pauvreté. Les régions concernées par la pénurie économique avec un prélèvement inférieur à 25 % se situent principalement en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. L’eau est abondante, mais la fournir aux gens s’avère difficile à cause du manque d’infrastructures et de l’accès limité, une conséquence des problèmes politiques et socioculturels. – Pénurie physique : elle a lieu lorsqu’il n’y a pas assez d’eau pour faire face à toutes les demandes, y compris les écoulements environnementaux. Les régions arides sont plus souvent associées à la pénurie physique d’eau, mais la pénurie d’eau existe aussi là où l’eau est apparemment abondante, lorsque les ressources en eau sont surexploitées par divers usagers à cause du surdéveloppement des infrastructures hydrauliques, souvent pour l’irrigation. Dans de pareilles situations, il Types d’espaces
n’existe tout simplement pas assez d’eau pour satisfaire à la fois les demandes humaines et les besoins environnementaux des écoulements des rivières. Les symptômes de la pénurie physique d’eau sont une extrême dégradation de l’environnement, l’épuisement de la nappe souterraine et les distributions d’eau qui favorisent certains groupes au détriment d’autres. Les régions concernées par une pénurie physique car leur prélèvement dépasse les 75 % sont : – Le sud-ouest des États-Unis et le nord du Mexique ; – Le nord de l’Afrique et le Moyen-Orient ; – Une partie de l’Asie centrale et orientale. Dans ces cas, les demandes humaines vont au-delà de ce que les ressources naturelles de base peuvent offrir, et chacun n’est pas assuré de l’accès à l’eau.
Doc. 2 Selon l’ouvrage intitulé Wastewater Use in Irrigated Agriculture : Confronting the Livelihood and Environmental Realities (sous la direction de C. Scott, N. I. Faruqui et L. Raschild-Sally, CAB International/IWMI/ CRDI, 2004), près du dixième de la population mondiale consommerait des aliments produits en utilisant des eaux usées. Étant donné la croissance démographique et le fait que davantage d’eau douce est détournée vers les villes pour la consommation domestique – dont 70 % repart en eaux usées –, le recours aux eaux usées est appelé à augmenter, tant en volumes qu’en superficies irriguées. Cet article du Monde se fait l’écho de cette pratique alternative. L’utilisation des eaux usées urbaines – souvent non traitées ou mal traitées – dans l’agriculture irriguée est une pratique courante et souvent ancienne, qui connaît depuis peu un regain d’attention parce que les ressources en eau propre s’amenuisent dans les pays en développement, alors que les quantités d’eaux usées urbaines y augmentent.
Méthode 1 Analyser une photographie
p. 118-119
Sujet : L ’approvisionnement en eau d’une ville p. 118 du Nord : Phœnix (États-Unis) 1. Présenter La photographie est une vue aérienne oblique. 2. Situer Phœnix est une ville du sud-ouest des États-Unis, elle se situe dans l’État d’Arizona. 3. Repérer A. banlieue résidentielle ; B. canal ; C. milieu naturel. 4. Décrire et analyser
Je décris ce que je vois
J’analyse ce que j’ai décrit
A. banlieue résidentielle
- Maisons individuelles spacieuses avec jardins et piscines pour population moyenne ou aisée. - Limite de l’espace urbanisé en progression constante : ce quartier est une nouvelle extension de l’agglomération de Phœnix (voir légende, p. 91).
- Augmentation continue de la consommation d’eau et extension des réseaux d’approvisionnement d’eau et d’évacuation des eaux usées. - Forte consommation urbaine : plusieurs WC et salles d’eau, remplissage des piscines, arrosage des pelouses…
B. canal
- Long canal de 536 km destiné à transférer l’eau à partir du fleuve Colorado (voir légende, p. 91).
- La ville dépend du canal pour son approvisionnement en eau. - Il est nécessaire d’aller chercher cette eau très loin.
C. milieu naturel
- Le paysage montre une vaste étendue plane et aride avec un faible couvert végétal.
- L’aridité est une contrainte naturelle qui oblige le transfert d’eau d’espaces lointains.
5. Rédiger une synthèse La ville de Phœnix, située en Arizona s’est développée dans un milieu aride. Cette oasis a bénéficié de la construction d’un aqueduc de 536 km de long, le Central Arizona Project, qui transfert plus de 2 milliards de m³ annuels du Colorado vers Phœnix. La ville est ainsi approvisionnée en eau potable par cet aménagement qui a nécessité un investissement technique et financier important. Il démontre aussi l’importance de l’eau dans la société américaine, grande consommatrice malgré l’aridité de certaines régions. © Hachette Livre
Sujet : L’accès à l’eau dans un village près de Gao (Mali)
p. 119
1. Présenter La photographie est une vue aérienne verticale. 2. Situer Il s’agit d’un village localisé à proximité de Gao au Mali sur le continent africain.
Chapitre 3 ● L’eau, ressource essentielle 33
3. Repérer A. point d’eau, B. jardin de case, C. milieu naturel. 4. Décrire et analyser Types d’espaces
Je décris ce que je vois
J’analyse ce que j’ai décrit
A. point d’eau
- Un puits qui sert de point d’eau au village.
- C’est la source d’eau du village qui permet aux habitants de boire et d’irriguer les cultures. - C’est aussi un lieu de sociabilité où l’on se rencontre, où l’on discute.
B. jardin de case
- Les jardins de cases qui regroupent les cultures du village.
- Ces jardins n’existeraient pas sans le travail des hommes et l’eau du puits. - Les surfaces sont restreintes.
C. milieu naturel
- Une étendue de sable entourant le village.
- Le milieu est aride et contraignant.
5. Rédiger une synthèse À travers l’étude de ce paysage, on observe le lien important existant entre l’accès à l’eau d’une société et les conditions naturelles. En effet, un milieu naturel aride oblige les habitants à trouver leur eau dans une nappe souterraine. Ils doivent utiliser avec parcimonie cette eau, vitale pour leur survie. Elle leur sert essentiellement à l’irrigation de leurs champs. Ici pas de moyens modernes, mais de simples arrosoirs. Ce manque d’infrastructures hydrauliques est révélateur du niveau de développement local. 1. Un espace urbanisé polder
Polder
Méthode 2 Réaliser un croquis d’interprétation
p. 120
Sujet : La maîtrise de l’eau à Tokyo (Japon) 1. Organiser la légende
2. Des ressources en eau fleuve Edo Fleuve Edo
3. Des aménagements hydrauliques Digue fluviale digue fluviale
Espace densément bâti espace densément bâti
Station d’épuration station d’épuration
Zone inondable zone inondable
de drainage canaux Canaux de drainage
2. Choisir les figurés Ces informations correspondent à des aires. 3. Réaliser le croquis
34
© Hachette Livre
trouve aussi une importante consommation d’eau dans le monde agricole.
Méthode 3 Compléter un organigramme à partir d’un texte
p. 121
Sujet : L as Vegas, une ville face au manque d’eau 1. Le Colorado est un fleuve qui traverse plusieurs États des États-Unis, dont le Nevada où se situe la ville de Las Vegas. Celle-ci peut bénéficier de l’eau du Colorado, d’une nappe aquifère et du lac Mead. Le climat est aride. 2. Les passages qui doivent être soulignés sont : « La SNWA […] verbalise les gaspillages jusqu’à 3 200 euros ». 3. Les origines de la surconsommation d’eau sont liées aux usages domestiques, notamment l’entretien de pelouses dans un milieu désertique, l’effet étant amplifié par la croissance de Las Vegas. On
4. Les solutions proposées pour trouver plus de ressources en eau sont de construire une troisième prise au fond du lac Mead, d’obtenir une part plus importante de l’eau du Colorado et d’exploiter une vaste nappe aquifère à 500 km au nord de Las Vegas. Les aménagements pour la dernière proposition sont coûteux (3 milliards de dollars) mais financièrement et techniquement possibles. Le problème réside dans le risque écologique, puisqu’une exploitation de l’aquifère pourrait entraîner une baisse du niveau de la nappe et mettre en danger la biodiversité du milieu, ce qui n’est pas respectueux d’un développement durable. De plus, il s’agit d’une ressource non renouvelable. 5. Les conflits d’usage opposent à la fois la ville de Las Vegas et les agriculteurs, mais aussi l’État du Nevada et de la Californie pour le partage des eaux du Colorado.
6. Organigramme contraintes climatiques : milieu aride et ................................................ désertique ................................................
origines économiques et humaines : – surconsommation domestique ................................................
................................................
– surconsommation agricole ................................................
problème à Las Vegas : manque d’eau ............................................... ...............................................
solutions diverses : –.................................................... trouver d’autres approvisionnements (aquifère) .................................................... –.................................................... réduire les gaspillages
conséquences
conséquences
pour la ville :
pour les campagnes :
stopper la croissance ............................................
menace sur certaines espèces ............................................
de Las Vegas ............................................
animales et végétales ............................................
Méthode 4 Argumenter
p. 122-123
Sujet : L’eau sur le littoral méditerranéen de l’Espagne au centre de nombreux conflits d’usage 1. Comprendre le sujet • L’espace concerné est l’Espagne (échelle nationale), Barcelone (échelle locale), et l’Andalousie (échelle régionale). • Un conflit d’usage est une rivalité entre les différents utilisateurs d’une même ressource (l’eau, ici). • L’intitulé du sujet mentionne que l’eau est au centre de nombreux conflits d’usage, ce qui induit que les populations s’en disputent le partage et l’attribution. 2. Comprendre les documents • Doc. 1 : carte concernant la gestion de l’eau en Espagne. Elle témoigne de l’inégale répartition des ressources en eau dans la péninsule ibérique, puisque certaines régions sont en surplus et d’autres en déficit. Les différents usages de l’eau (irrigation, consommation urbaine ou © Hachette Livre
touristique) sont mentionnés ainsi que les différents aménagements nécessaires à l’approvisionnement. Doc. 2 : article du journal El Pais, repris par Courrier international le 10 avril 2008. Il met tout d’abord en relief les difficultés d’approvisionnement en eau de Barcelone, et deuxièmement, les différences de consommation entre agriculteurs, l’industrie et la consommation domestique. Pour pallier la sécheresse, la solution du dessalement de l’eau de mer fut adoptée. Doc. 3 : photographie aérienne verticale d’une partie de la ville de Benidorm, sur laquelle on peut apercevoir de nombreux hôtels et piscines. Doc. 4 : photographie aérienne oblique des cultures sous serre à Almería en Andalousie. Elles s’étendent à perte de vue jusqu’aux montagnes à l’arrière plan. Doc. 5 : carte de l’Espagne sur les usages de l’eau, où la consommation domestique est mesurée en litre d’eau utilisé par jour et par habitant, selon les régions. Les diagrammes circulaires apposés sur chaque région indiquent la part des surfaces cultivées soumises à l’irrigation. • On peut mettre en relation les doc. 1 et 2 sur le transfert de l’eau, les doc. 1 et 4 sur les différents usages de l’eau, les doc. 1 et 3 sur les usages touristiques, les doc. 4 et 1 sur les usages agricoles. Chapitre 3 ● L’eau, ressource essentielle 35
3. et 4. Répondre aux questions et rédiger les réponses. Réponses aux questions
Arguments
1
Les ressources en eau du littoral méditerranéen espagnol sont limitées du fait de la très forte pression exercée par les activités touristiques sur les prélèvements en eau.
2
Les cultures sous serre d’Andalousie et du littoral méditerranéen permettent de pallier la sécheresse.
3
On peut dire que Barcelone est une ville connaissant un stress hydrique car son approvisionnement n’est garanti ni par les précipitations, ni par les fleuves, ce qui le rend aléatoire et dépendant de la météo.
4
Différents aménagements comme les barrages, l’importation d’eau, les usines de dessalement doivent satisfaire les besoins de ce secteur économique ainsi que pourvoir aux besoins des usages domestiques.
5
La péninsule ibérique est bien connue pour les sécheresses qui l’accablent régulièrement, notamment dans sa partie méridionale. Les conséquences sont souvent désastreuses, tant pour l’agriculture, secteur clé de l’économie de ces régions, qu’en ce qui concerne les relations, souvent conflictuelles, qu’entretiennent les autorités régionales avec l’État fédéral quant aux mesures à prendre pour une gestion optimale des ressources en eau.
Exemples Le document 1 met en relief l’étendue du littoral touristique sur la côte méditerranéenne de l’Espagne, dans des régions considérées comme en déficit d’eau.
« Deux cours d’eau alimentent Barcelone, le Ter et le Llobregat, dont les réserves sont désormais quasi nulles pour deux raisons : une sécheresse persistante et l’imprévoyance des gouvernements successifs ».
D’ailleurs, en période de forte sécheresse comme durant l’été 2008, des bateaux-citernes ont approvisionné la métropole en eau douce et ses 5,5 millions de consommateurs.
L’Espagne est la seconde destination touristique mondiale, derrière la France. Il s’agit d’un secteur essentiel pour l’économie espagnole, représentant 10 % de son PIB, de ce fait il est impératif de fournir à ce secteur l’eau nécessaire aux 50 millions de touristes. Le gouvernement fédéral espagnol a mis en place le Plan hydraulique national (PHN). Cette planification de la gestion de l’eau, conçue de manière centralisatrice par un État qui s’impose comme « grand redistributeur », prévoit la construction de quelques 118 grands barrages mais aussi une dérivation des eaux de l’Èbre vers le sud-est de l’Espagne.
« Protégeons l’eau ! », un jeu interactif de l’UNICEF p. 125 ● Présentation du site Le jeu consiste à s’assurer que les habitants du village ont de l’eau potable, qu’ils vivent dans un environnement sûr et sain, et que les enfants vont à l’école. Chaque décision prise peut donner des points. La meilleure décision vaut 5 points, les décisions qui donnent zéro point ne sont ni bonnes ni mauvaises, et la pire décision enlève 5 points.
Bibliographie S. Diop, P. Rekacewicz et E. Rivière, Atlas mondial de l’eau : Une pénurie annoncée, éditions Autrement, février 2009. ■ D. Blanchon et A. Boissière, Atlas mondial de l’eau : De l’eau pour tous ?, éditions Autrement, février 2009. ■ Y. Lacoste, L’eau dans le monde : Les batailles pour la vie, éditions Larousse, mars 2008.
36
C’est en effet l’arc méditerranéen qui reçoit l’essentiel des 50 millions de touristes, gros consommateurs d’eau, qui visitent chaque année l’Espagne.
Les cultures sous serre d’Andalousie et du littoral méditerranéen permettent de faire une agriculture productiviste hors sol.
B2i
■
Connaissances personnelles
Cette décision est à l’origine de tensions pour la maîtrise des eaux de l’Ebre. Pour Madrid, il faut rendre l’accès à l’eau plus démocratique. 70 % de l’eau disponible se concentre dans le Nord. L’arc méditerranéen et l’Andalousie, où se concentrent le tourisme et l’agriculture intensive irriguée, regroupent 55 % de la population mais disposent seulement de 23 % de l’eau. Le PHN optimiserait l’utilisation d’une ressource naturelle fondamentale. Au final, les écologistes s’inquiètent des conséquences sur le fleuve et son delta et le transfert est accusé de servir les intérêts de l’industrie touristique (piscines, golfs,…) au détriment de l’agriculture.
■ J. Assouline et S. Assouline, Géopolitique de l’eau : Nature et enjeux, Studyrama, janvier 2009. ■ F. Galland, A. Bauer et L. Fauchon, L’Eau : Géopolitique, enjeux, stratégies, CNRS, septembre 2008. ■ M. Barlow, T. Clarke et P. Noyart, L’or bleu : L’eau, le grand enjeu du XXIe siècle, Hachette Littératures, juin 2007. ■ G. Mutin, De l’eau pour tous ?, La Documentation française, Dossier n° 8014, 2000. ■ Spécial eau, La Recherche, nº 421, juillet-août 2008.
Sitographie ■ Portail eau de l’Unesco : www.unesco.org/water/index_fr.shtml ■ Planète bleue : www.planetebleue.info ■ H²O : www.h2o.net. ■ The water Barons : www.icij.org/water ■ http://www.aquaportail.com
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Chapitre 4 L’enjeu énergétique Introduction Dans le cadre du nouveau programme, l’accent est porté sur la gestion des ressources terrestres dont l’énergie est un des enjeux majeurs du xxie siècle à la fois sur le plan économique, géopolitique et environnemental. En l’espace d’un siècle, environ 1 000 milliards de barils de pétrole sont déjà partis en fumée. Or, le monde en consomme et en demande toujours plus. Sur combien d’années de réserves de pétrole peut-on réellement compter ? Quelles énergies prendront la relève après ? gaz ? charbon ? nucléaire ? ou des énergies respectueuses de l’environnement ? Aujourd’hui, les transports dépendent à 97 % du pétrole. Pour préparer l’avenir, il faut donc progressivement changer de carburants. Le Brésil a depuis longtemps montré l’exemple, avec le bioéthanol. La fin du pétrole ne mettra pas immédiatement un terme aux tensions créées par l’instabilité politique des pays producteurs d’énergie. En effet, le gaz est concentré dans les mêmes régions. L’utilisation d’autres combustibles fossiles pourrait, en revanche, redistribuer les pouvoirs de façon plus équitable. L’objectif est de faire comprendre aux élèves, par une étude de cas et des documents récents et pertinents, les différents aspects souvent interactifs du problème de l’énergie dans le monde et des solutions durables pour sortir de l’impasse énergétique actuelle.
OUVERTURE
p. 126-127
Dubaï, la nuit (Émirats arabes unis) La photographie montre à la fois la consommation et le gaspillage d’énergie de nos sociétés. Dubaï, bien que dépourvue de ressources pétrolières, tire ses revenus de sa fonction de centre de commerce des hydrocarbures. Cet émirat prépare sa conversion aux énergies renouvelables. L’utilisation massive de l’énergie pour le transport automobile (autoroutes au premier plan), pour l’éclairage urbain et pour la consommation domestique (que l’on devine dans les tours) pose le problème de l’approvisionnement et de la maîtrise de cette énergie.
ÉTUDE DE CAS 1 Le Brésil peut-il résoudre la question énergétique p. 128-133 avec les agrocarburants ? Le Brésil est un espace pauvre en énergie. Par le développement ancien des agrocarburants (depuis 1925), il tente de réduire sa dépendance énergétique tout en s’inscrivant dans une démarche de développement durable.
1. Quelle réponse aux besoins énergétiques ? p. 128-129 ● Présentation des documents Doc. 1, 2 et 5 Les deux cartes de l’énergie au Brésil et de la production de canne à sucre permettent de localiser les ressources, tandis que le graphique permet de mesurer l’évolution de la production et de la consommation.
Doc. 3 Le texte rappelle les raisons du choix de l’éthanol au Brésil.
Doc. 4 La photographie d’une exploitation de canne à sucre près de São Paulo rappelle leur caractère historique. ● Réponses
aux questions
1. Le pétrole demeure la première énergie utilisée mais sa part dans la consommation se réduit ; les agrocarburants deviennent la seconde © Hachette Livre
source d’énergie utilisée avec 16 % alors que la biomasse et l’hydroélectricité se maintiennent aux alentours de 13 à 15 %. 2. Le Brésil a fait le choix de l’éthanol issu de la canne à sucre dont il est l’un des premiers producteurs mondiaux (569 millions de tonnes en 2008). La dépendance vis-à-vis du pétrole et les chocs pétroliers ont été les facteurs déterminants de ce choix. En effet, après le 1er choc pétrolier, les militaires au pouvoir lancent le plan PRO-ALCOOL, l’objectif étant d’alléger la facture pétrolière. C’est un succès car l’éthanol représente plus de la moitié du carburant utilisé dans le pays (plus de 8 millions d’automobiles l’utilisent) et il est largement produit et distribué dans tout le pays. 3. D’immenses champs de canne à sucre s’étendent à perte de vue, au second plan, derrière les réservoirs d’éthanol d’une usine de distillation, prouvant que l’éthanol est un carburant d’origine agricole. Aujourd’hui, la canne à sucre occupe 5 millions d’hectares, sachant qu’un hectare permet la production de 7 500 litres d’éthanol (tandis que le maïs, utilisé aux États-Unis n’a une rentabilité que de 3 000 litres par hectare). On comprend l’usage de l’expression « or vert » pour cette production. La canne à sucre n’a par ailleurs pas besoin de beaucoup d’eau, ni de beaucoup d’engrais. 4. Les régions productrices de canne à sucre se concentrent essentiellement dans le Nordeste pour des raisons historiques mais surtout et de plus en plus au Centre-Ouest et Sudeste pour des raisons économiques (rapprochement des métropoles, centres de consommation de l’éthanol produit). C’est en effet la région la plus urbanisée et la plus industrialisée, avec trois villes très importantes : Rio de Janeiro, Belo Horizonte et São Paulo. 60 % des champs de canne à sucre brésiliens sont concentrés dans l’État de São Paulo et la surface de plantation ne cesse d’augmenter. BILAN 1. Le Brésil satisfait une part importante de ses besoins énergétiques grâce à l’éthanol. Aujourd’hui, 30 % des 19 millions de véhicules en circulation au Brésil permettent l’utilisation d’alcool. La majorité de ceux-ci disposent de la technologie dite flex, qui permet d’utiliser indifféremment de l’éthanol ou du super. On estime qu’en 2015, le parc roulant atteindra 30 millions de véhicules, dont 19 millions à bi-carburation flex. Cette stratégie permet au Brésil de limiter sa dépendance vis-à-vis du pétrole et des chocs pétroliers. Il a profité des cultures anciennes de canne à sucre pour développer cette énergie, devenant l’un de ses premiers producteurs mondiaux.
2. Les agrocarburants, un outil de développement ? p. 130-131 ● Présentation des documents Doc. 6 Une carte classique évoquant les contrastes de développement au Brésil et l’opposition Sud-Est/Nord-Est.
Doc. 7 et 8 Les deux textes, dont l’un est issu du journal brésilien Veja, posent le débat sur les atouts et limites de l’éthanol.
Doc. 9 La photographie illustre les conditions difficiles de récolte de la canne.
Doc. 10 Le graphique montre que c’est une minorité de producteurs qui contrôle la majeure partie des terres. ● Réponses
aux questions
1. Caractéristique d’un PVD, le Brésil présente d’importants contrastes de développement entre les régions du Sudeste et du Sud où l’IDH est élevé et proche des niveaux des pays développés et les régions du Nord et surtout du Nordeste où l’IDH est faible et comparable à celui des pays en voie de développement. Chapitre 4 ● L’enjeu énergétique 37
2. Les régions productrices de canne se situent surtout dans les régions les plus développées, près des grands centres urbains et des espaces de consommation. 3. Atouts
Limites
– un outil de développement pour les PVD tropicaux ; – approvisionner les pays riches et ainsi s’enrichir ; – augmenter les exportations vers l’Union européenne, grande importatrice d’agrocarburants ; – le monde est plus propre grâce aux agrocarburants.
– « crime contre l’humanité » ; – monopolise les terres fertiles et réduit la superficie consacrée aux céréales ; – culture subventionnée dans les pays développés, concurrence jugée déloyale.
qu’elle est plus rentable, et la surface consacrée au haricot, au maïs et au bétail laitier chute. Les agrocarburants mènent à l’expansion de la monoculture. Or, celle-ci est nuisible pour l’environnement car elle détruit les autres plantes et réduit la biodiversité.
3. Les agrocarburants, l’énergie de l’avenir ? p. 132-133 ● Présentation des documents Doc. 11
Le doc. 11 est une carte originale montrant l’effet domino de la culture de canne à sucre poussant vers l’Amazonie les autres cultures (soja, maïs) et contribuant de fait à la déforestation.
Doc. 12 et 13
Les deux textes posent le débat de l’intérêt environnemental que peut poser l’éthanol.
Doc. 14 4. La culture de la canne profite surtout aux grandes exploitations agricoles, très concentrées et très capitalistiques. Les petites exploitations, très nombreuses, ne sont guère productives et rentables. De même, les conditions de travail des ouvriers des plantations sont très difficiles, on parle « d’esclaves de l’éthanol ». La canne à sucre emploie 1 300 000 personnes au Brésil. Le travail est payé au rendement : moins d’1 € par tonne de canne à sucre. Aujourd’hui, le rendement moyen est de plus de 10 tonnes par jour, et certains travailleurs atteignent des records de 20 à 25 tonnes quotidiennes. Un rythme de travail difficilement supportable pour l’organisme humain. Cela n’est pas sans conséquence : affections musculaires, problèmes d’articulation, douleurs dans le dos et les reins sont le lot de la plupart des coupeurs de canne, qui, bien souvent, souffriront de séquelles à long terme. Ces dernières années, plusieurs ouvriers agricoles seraient morts d’épuisement. Rajoutons que 80 % de ces travailleurs sont des salariés temporaires, embauchés pour les huit mois de récolte. Sur le document 9, on peut voir aussi le brûlis de paille de canne à sucre qui facilite la récolte à la main des travailleurs agricoles mais cette pratique disperse dans l’atmosphère d’innombrables particules et gaz polluants, tels que le dioxyde de carbone et le soufre. 5. Par l’intermédiaire de son président Lula, le Brésil pense pouvoir produire le quart de l’éthanol mondial et s’affirmer ainsi comme une grande puissance énergétique. Il veut également servir de modèle, grâce à son savoir-faire, pour les PVD tropicaux. BILAN 2. La production d’éthanol est un outil de développement pour les PVD tropicaux. L’approvisionnement des pays riches est une source de revenu. Le Brésil pense pouvoir produire le quart de l’éthanol mondial et s’affirmer ainsi comme une grande puissance énergétique. Le secteur du sucre et de ses dérivés représente 2 % du PIB du Brésil, ce qui correspond à 39 milliards de réals par an. La production d’alcool a donc eu un impact positif sur la balance commerciale brésilienne. Elle a réduit la dépendance nationale envers le pétrole et a permis de maintenir l’essence à des prix raisonnables. Le pays veut également servir de modèle. Mais cette culture profite surtout aux grandes exploitations agricoles, les petites exploitations très nombreuses n’étant guère productives et rentables. Les conditions de travail des ouvriers des plantations sont aussi très difficiles. La majorité des travailleurs de l’industrie sucrière est recrutée dans les régions les plus pauvres du pays. Beaucoup d’usines font de la récolte de la canne à sucre un service tertiaire. Ainsi, les travailleurs n’ont pas de contrat de travail, sont rémunérés en dessous du salaire légal et se voient encore retirer de leur salaire les sommes correspondant aux frais d’alimentation et de logement -insalubre- sur leur lieu de travail. De plus, elle a aggravé les problèmes sociaux en promouvant la concentration de propriétés terriennes, en réduisant les zones rurales et en incitant à l’exode rural. D’autre part, la production de canne à sucre réduit la quantité de terres fertiles disponibles pour une production alimentaire. S’il est plus rentable de produire de l’éthanol ou d’autres agrocarburants que de produire du maïs, du blé ou des haricots, l’agriculteur va remplacer les cultures vivrières, qui dégagent généralement une marge bénéficiaire moindre, par des cultures appropriées pour la production d’agrocarburant. La surface, consacrée à la canne à sucre augmente, parce 38
Le doc. 14 montre les zones de production par une carte et par un tableau montre la progression de cette culture.
Doc. 15
La photographie du doc. 15 illustre une des potentialités de cette énergie, permettant de faire voler un avion. ● Réponses
aux questions
1. La production d’éthanol va tripler au cours de cette décennie et les exportations brésiliennes quadrupler. Pour cela, la superficie consacrée à la canne à sucre va augmenter de plus de 50 %. De nombreux équipements, usines d’éthanol, canalisation et ports d’exportation, sont à l’étude ou en cours de réalisation. 2. La partie méridionale du pays profite davantage du développement des agrocarburants et renforce les inégalités spatiales avec les régions du Nord. De plus, l’expansion de la culture de la canne à sucre provoque un effet domino, en déplaçant les zones de cultures et d’élevage vers l’Amazonie, provoquant indirectement le défrichement de la forêt amazonienne. 3. Atouts
– moins d’émission de gaz à effet de serre que le pétrole ; – 5 % d’électricité produite en plus grâce à la biomasse de la canne à sucre ; – la mécanisation réduira le brûlis des cannes ; – moins d’engrais utilisés que pour les autres cultures ; – l’eau utilisée est recyclée et fonctionne en circuit fermé.
Limites
– nombreux résidus à éliminer ; – danger de la monoculture qui épuise les sols ; – pratiques culturales contestées (herbicides, brûlis) ; – amplification de la pollution de l’air, de l’eau et érosion des sols.
4. L’éthanol issu de la canne à sucre est une énergie durable, renouvelable et peu polluante. Elle s’inscrit totalement dans une démarche de développement durable même si l’on peut regretter ici l’épandage de produits phytosanitaires polluants. L’éthanol est une énergie puissante capable non seulement de faire rouler des automobiles mais aussi de faire voler des avions, elle peut apparaître comme une énergie de l’avenir. Au Brésil, grâce à l’éthanol, la production de gaz à effet de serre a baissé de 13 % en quelques années, une baisse qui dépasse celle fixée par le protocole de Kyoto. BILAN 3. L’éthanol issu de la canne à sucre est une énergie durable, renouvelable et peu polluante (moins d’émission de gaz à effet de serre que le pétrole) qui s’inscrit dans une démarche de développement durable. Toutefois, cette culture entraîne de nombreux résidus, risque d’épuiser les sols et le brûlis de la canne entraîne une pollution de l’air. Beaucoup de scientifiques sont favorables à cette production, mais en petites unités, intégrées dans les cultures paysannes, pour la consommation locale et avec pour objectif de promouvoir la souveraineté énergétique. Or, un grand nombre de districts ruraux sont devenus d’immenses plantations de canne à sucre, complètement dépendants des autres régions brésiliennes pour leur alimentation. De plus, cette © Hachette Livre
culture requiert tout de même du diesel et des engrais provenant de dérivés pétroliers, et les véhicules qui utilisent un mélange de pétrole et d’alcool continuent de contribuer au réchauffement climatique.
ÉTUDE DE CAS 2 Pourquoi les hydrocarbures font-ils du Caucase p. 134-139 un espace convoité ? Le Caucase est une zone peu connue des élèves, alors que son intérêt géopolitique est majeur comme le montrent ses ressources en hydrocarbures ainsi que les agissements diplomatiques, économiques et militaires de la Russie et des États-Unis. La situation particulière de la mer Caspienne, mer enclavée d’où provient l’essentiel du pétrole de la région, pose l’intéressant problème de l’évacuation de la ressource vers les marchés consommateurs et donc le tracé des oléoducs fortement dépendant de choix géopolitiques.
1. Quelles réserves d’hydrocarbures ? Pour quels consommateurs ? ● Présentation
p. 134-135
des documents
Doc. 1 La photographie montre des exploitations pétrolières près de Bakou avec des derricks rouillés polluant le sol.
Doc. 2 Le tableau permet d’évaluer la place de l’Azerbaïdjan dans les réserves et la production mondiale d’hydrocarbures.
Doc. 3 La carte 3 permet de situer les gisements autour de la mer Caspienne et de localiser les reliefs et leurs contraintes.
Doc. 4 Le doc. 4 est une dépêche d’actualité montrant l’intérêt des grandes compagnies pétrolières pour la région. ● Réponses
aux questions
1. Les gisements sont répartis dans la mer Caspienne et sur ses littoraux, au nord près du Kazakhstan et au sud près des côtes azéries et turkmènes. La façade maritime russe est peu riche en hydrocarbures. Les trois pays les mieux dotés en ressources sont le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan et le Turkménistan. Les zones russe et iranienne auraient des ressources modestes. Ces disparités expliquent largement l’âpreté des négociations sur le statut juridique de la Caspienne (mer ou lac), statut qui détermine les conditions de disposition des ressources. C’est finalement une solution bâtarde qui a été retenue : gestion commune des ressources halieutiques mais partage « équidistant » du sous-sol, conférant à chaque État la pleine souveraineté sur les ressources fossiles de sa zone. 2. On relève trois principales contraintes dans l’exploitation et le transport des hydrocarbures de la région : – d’importants gisements se trouvent en mer et entraînent une exploitation offshore principalement via des plateformes ; – la mer Caspienne étant une mer enclavée, les hydrocarbures doivent être transférés (via des oléoducs et gazoducs) vers la mer Noire pour être exportés vers les zones de consommation (Union européenne et États-Unis) ; – enfin, le relief prononcé du Caucase limite les possibilités de tracé des oléoducs. 3. Les pays riverains de la Caspienne disposent d’importantes réserves (plus pour le gaz que pour le pétrole cependant). L’Azerbaïdjan dispose d’une production la situant au même niveau qu’un émirat du golfe Persique, le Qatar. Ses réserves sont importantes et lui permettent d’envisager encore plus d’une vingtaine d’années d’exploitation. 4. L’exportation des hydrocarbures est absolument fondamentale pour l’économie des pays de la région. Par exemple, en Azerbaïdjan, pétrole et gaz représentent 90 % des exportations. Les ports pétroliers, les raffineries et les pipelines indiquent tout le circuit économique basé sur ces ressources. 5. L’exploitation est aux mains des compagnies pétrolières étrangères, les « majors » comme BP (cité dans la dépêche). © Hachette Livre
BILAN 1. Le Caucase est une région riche en hydrocarbures. Ceux-ci assurent aux pays riverains de la Caspienne, notamment l’Azerbaïdjan, une part fondamentale de leurs exportations. Toutefois, pétrole et gaz sont exploités par des compagnies étrangères comme BP et ils sont exportés vers les pays consommateurs par des oléoducs et gazoducs suivant les vallées du Caucase et se dirigeant vers la mer Noire, la Turquie et la Russie.
2. Les hydrocarbures, facteur de tensions dans la région ? ● Présentation
p 136-137
des documents
Doc. 5
La photographie illustre l’importance du relief régional en arrière-plan avec au premier plan un oléoduc et la mer que l’on devine dans le coin gauche, fenêtre d’exportation du pétrole.
Doc. 6 et 7
Le premier texte évoque les compétitions géopolitiques sur le choix et le tracé des oléoducs et l’autre, le difficile partage de la Caspienne.
Doc. 8
La carte illustre les tensions régionales ainsi que le tracé des oléoducs qui tient compte de ce contexte.
Doc. 9
La caricature illustre de façon ironique la présence croissante des investisseurs américains dans la région. ● Réponses
aux questions
1. Le Caucase du Sud connaît des tensions de plusieurs ordres : – des problèmes frontaliers, notamment le partage des eaux de la Caspienne (doc. 7) et de ses ressources en hydrocarbures, pour les pays d’ex-URSS. La mer Caspienne a toujours été dépourvue d’un véritable statut légal. Avant 1992, elle était partagée par deux États, l’Iran et l’URSS, et le pétrole n’était exploité que par l’Union soviétique. Après le démembrement de l’URSS, le nombre des États riverains a été porté à cinq : à la Russie et l’Iran se sont ajoutés l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan et le Turkménistan. La question de la souveraineté sur le pétrole et de son partage entre les États intéressés a débouché sur une controverse juridique, à savoir la nature légale de la mer Caspienne. L’interrogation porte sur la qualification de cette étendue d’eau en lac ou en mer fermée. Le statut de lac ne fait pas totalement abstraction de la question de la propriété des gisements mais, en impliquant une possession indivise, suppose un partage égal du pétrole entre les États riverains. En revanche, si l’on considère la Caspienne en tant que mer fermée, le principe d’égalité doit être écarté au profit de celui d’équité. En effet, les règles applicables en la matière sont celles de la Convention de Montego Bay de 1982 sur le droit de la mer, lesquelles prévoient la notion des eaux territoriales et les droits souverains de chaque État sur ses fonds marins ; – des tensions géopolitiques : les États-Unis ont rapidement négocié avec les nouveaux pays indépendants des accords économiques pour le contrôle et l’évacuation de leur pétrole et gaz. Le transit du brut attise les rivalités dans la mesure où il est une source de revenus non négligeables pour les pays abritant les pipelines. La Géorgie rejoint même l’OTAN, l’alliance militaire dirigée par les États-Unis ; – enfin, de nombreuses tensions ethniques, entraînant des conflits armés (en Azerbaïdjan, Ossétie du Sud et Adjarie) suscitant des interventions extérieures (russes surtout). 2. La Russie souhaite continuer à exercer dans cette région l’influence qu’elle avait du temps de l’URSS. Les États-Unis, séduits par la richesse énergétique des pays riverains de la mer Caspienne, s’intéressent à la région depuis 1994, et y investissent massivement. À l’avenir, la Chine et l’Inde pourraient aussi être intéressées par les hydrocarbures du Caucase. 3. Les oléoducs suivent une direction est-ouest, de la mer Caspienne vers la mer Noire et la mer Méditerranée (à travers la Turquie). Leur longueur est impressionnante (plus de 900 km par exemple pour celui reliant Bakou à Soupsa) et le tracé doit suivre les contraintes du relief imposant du Caucase (comme en Arménie). Tous les oléoducs partent d’Azerbaïdjan et traversent la Géorgie et la Turquie (pour les occidentaux) ou partent vers le nord (pour desservir la Russie). Chapitre 4 ● L’enjeu énergétique 39
4. Les États-Unis et la Russie cherchent chacun à contrôler le tracé des oléoducs en s’appuyant sur leurs alliés dans la région (le pouvoir géorgien et la Turquie pour les États-Unis, les minorités pro-russes et l’Arménie pour Moscou) et en évitant les zones dangereuses ou instables (Adjarie, Ossétie du Sud). Les Américains ont déjà réussi à mettre fin au monopole russe de l’évacuation du pétrole de la Caspienne tout en isolant l’Iran, pays considéré comme « voyou ». Les enjeux politiques compliquent le choix des tracés et la réalisation des investissements. Les républiques exportatrices souhaitent s’émanciper de la Russie, laquelle possède le seul réseau existant d’exportation vers l’Europe. Elles veulent diversifier au maximum leurs voies d’accès aux marchés afin de limiter les risques. La Russie a l’ambition inverse : conserver un rôle clé dans la gestion des exportations d’hydrocarbures de la zone en faisant passer les hydrocarbures par son territoire. Les États-Unis ont des objectifs contradictoires qui compliquent considérablement le problème : d’abord, éviter que l’Iran ne retire de sa position géographique favorable des revenus substantiels et surtout un contrôle sur les exportations et ensuite, maintenir la stabilité de la région en n’écartant pas les Russes des affaires énergétiques locales sans octroyer à ces derniers un pouvoir de contrôle sur les exportations de la Caspienne. BILAN 2. Région déjà troublée pour des raisons politiques et ethniques, le Caucase connaît des tensions supplémentaires par l’intérêt que les États-Unis et la Russie lui portent pour ses richesses en hydrocarbures. Chacun de ces pays s’appuie sur ses alliés et cherche à négocier le contrôle de l’exploitation du pétrole et gaz ainsi que le tracé des conduites visant à rejoindre rapidement leur zone d’influence (la Turquie pour les États-Unis, son propre territoire pour la Russie). La Géorgie, passage obligé pour les oléoducs, illustre cette compétition entre les deux puissances qui soit soutiennent le pouvoir en place (pour les États-Unis), soit cherchent à le déstabiliser (la Russie) en soutenant les minorités séparatistes. Le pétrole de la mer Caspienne, par les convoitises qu’il suscite et par l’importance stratégique qu’il confère aux États qui en maîtrisent les différents paramètres, est sans conteste un facteur d’instabilité dans le Caucase. Il est indéniable que les rivalités entre les divers acteurs s’expliquent par la contradiction de leurs intérêts ; les uns cherchant à poser les jalons de leur implantation durable, les autres essayant de ne pas perdre leur influence dans la région.
3. Le Caucase peut-il durablement se développer p. 138-139 grâce à l’exploitation pétrolière ? ● Présentation
des documents
Doc. 10 et 11 La photographie montre le nouveau quartier d’affaires de Bakou, une ville en plein développement comme l’indique l’article du doc. 11. Celui-ci évoque aussi l’inégale répartition de la richesse tirée du pétrole.
Doc. 12 et 13
zones portuaires submergées par la montée de la Caspienne). À cela s’ajoutent les pollutions laissées par les anciens complexes industriels soviétiques (mines, industries lourdes). La pollution de la mer est tellement importante qu’elle s’observe depuis l’espace (doc. 14). 4. Suivant probablement une tendance mondiale et souhaitant anticiper la fin du pétrole dans une vingtaine d’années, l’Azerbaïdjan montre un intérêt récent mais encore modéré pour les nouvelles énergies. La péninsule d’Apchéron sur laquelle se situe la capitale serait ainsi très propice au développement d’éoliennes. Toutefois, l’environnement déjà très dégradé de la région et la rente pétrolière, qui incite peu à l’innovation, limitent les modestes tentatives. BILAN 3. Une rente pétrolière peut assurer à un pays des revenus confortables et réguliers grâce à la vente des hydrocarbures. L’argent est cependant souvent mal réparti et si les villes se modernisent, seuls quelques-uns profitent réellement des richesses obtenues. De plus, l’exploitation pétrolière massive entraîne au bord de la Caspienne une forte pollution des sols et de l’eau, menaçant à terme la production elle-même. Enfin, l’habitude et le confort octroyé par des revenus réguliers liés au pétrole, incitent peu à envisager de nouvelles énergies et une reconversion de l’économie (pourtant nécessaire du fait de l’épuisement programmé de la ressource).
PLANISPHÈRE 1
La consommation d’énergie Faire un bilan
Pour sortir de sa dépendance énergétique, le Brésil a misé sur l’éthanol de la canne à sucre dont ce pays est un producteur majeur. Les pays du Caucase espèrent se développer grâce à une production croissante des hydrocarbures. Comparer et changer d’échelle Le planisphère montre la consommation d’énergie en millions de TEP par pays avec de profondes différences et les différents types d’énergie consommée par grandes aires géographiques. Passer au cours – Quels sont les grands producteurs de charbon ? À quels types de pays appartiennent-ils ? – Quels sont les grands producteurs d’hydrocarbures ? À quels types de pays appartiennent-ils ? – Quels sont les grands pays consommateurs d’énergies fossiles ? Comment expliquez-vous leur grande diversité ? – Comment expliquez-vous les grands flux d’hydrocarbures ? D’où partent-ils ? Pourquoi ? – Vers quels espaces se dirigent-ils ? Pour quelles raisons ? – Comment expliquez-vous l’importance de l’énergie nucléaire aux États-Unis, en Europe et en Russie ?
Si l’article du doc. 12 illustre la réflexion récente de l’Azerbaïdjan pour un développement d’énergies alternatives aux hydrocarbures, la carte dévoile, elle, l’ampleur de la pollution côtière (sols et littoraux) ainsi que celle héritée du passé industriel sur le modèle soviétique.
L’énergie, un enjeu géopolitique
Doc. 14
Faire un bilan
L’image satellite permet de constater que cette pollution est tellement importante qu’elle s’observe depuis l’espace. ● Réponses
aux questions
1. L’argent obtenu grâce à la vente des hydrocarbures permet en Azerbaïdjan un développement rapide, observable notamment dans les transformations urbaines de Bakou. Le pétrole est une richesse (il assure 90 % des exportations du pays), mais aussi un frein au développement plus global du pays qui peut se contenter de la rente pétrolière, pourtant épuisable. 2. La richesse est peu partagée et seuls quelques-uns, liés aux compagnies pétrolières étrangères ou au pouvoir en place, semblent vraiment en profiter. Face à quelques nouveaux quartiers d’affaires, beaucoup d’habitations de la capitale restent vétustes. 3. L’exploitation pétrolière, entamée depuis un siècle et poursuivie pendant l’époque communiste sans aucune préoccupation environnementale, a entraîné une forte pollution des sols (derricks abandonnés, remontées d’hydrocarbure) et des côtes (plate-formes obsolètes, 40
p 140-141
Planisphère 2
p. 142-143
Le Brésil espère s’affirmer comme une grande puissance énergétique grâce à sa production d’éthanol, en approvisionnant les pays riches. Région déjà troublée pour des raisons politiques et ethniques, le Caucase connaît des tensions supplémentaires par l’intérêt que les ÉtatsUnis et la Russie lui portent pour ses richesses en hydrocarbures.
Comparer et changer d’échelle Le planisphère à caractère géopolitique insiste sur les contrastes entre régions de consommation et de production, les flux générés et les tensions ou menaces sur l’approvisionnement en hydrocarbures ou leur tentative de contrôle.
Passer au cours – Où se situent les espaces de production ? Et ceux de consommation ? – Comment s’orientent les grands flux d’hydrocarbures ? – Quelles menaces pèsent sur les flux ? – Comment les grandes puissances tentent-elles de sécuriser leurs approvisionnements ? © Hachette Livre
Planisphère 3
Des énergies pour le xxie siècle
p. 144-145
Faire un bilan
Le Brésil répond au défi énergétique du xxie siècle par la production d’une énergie renouvelable et moins polluante. La région du Caucase, trop axée sur les hydrocarbures, n’envisage que timidement d’autres énergies alternatives.
Comparer et changer d’échelle
Le planisphère est consacré à l’avenir énergétique au xxie siècle tourné vers des énergies renouvelables. Il montre les tentatives de certains États de sortir des énergies fossiles et la part croissante des énergies renouvelables avec quelques réalisations ou projets à venir.
Passer au cours
– Quelles sont les principales sources de nouvelles énergies ? Quelles sont celles qui sont le plus développées ? – Où se situent-elles ? – Quels grands projets sont à l’étude ou en cours de réalisation ? Par qui sont-ils mis en œuvre et pour quelles raisons ?
COURS 1
Besoin en énergie et gestion des ressources p. 146-147 ●
Présentation des documents
Repère Ce graphique révèle quels sont les trois grands marchés consommateurs d’énergie primaire (Europe, Amérique du Nord et Chine). Le pourcentage au Moyen-Orient est révélateur des réserves de la région (largement consommées), car les 5 % attribués à la zone ne sont pas proportionnels à son importance réelle dans la population mondiale.
Doc. 1
Les deux indicateurs, accès à l’électricité et utilisation de la biomasse, révèlent le niveau de développement des pays. Un accès répandu à l’électricité correspond aux pays du Nord. En contrepoint, l’utilisation élevée de la biomasse concerne plutôt des pays en voie de développement. En effet, dans les pays du Sud, le bois est bien plus utilisé comme combustible que dans les pays industrialisés : il représente ainsi jusqu’à 90 % des besoins énergétiques des ménages en Afrique subsaharienne, 70 % dans la Chine rurale et entre 30 et 90 % de ces besoins en Amérique latine.
Doc. 2
Plusieurs éléments sont observables sur le graphique : – d’abord, l’importance du trio charbon (toujours largement consommé notamment dans les PED), pétrole, gaz sur le total des énergies consommées. Le charbon, même s’il ne représente qu’un cinquième de l’énergie primaire produite, fournit 41 % de l’électricité mondiale. On l’utilise d’ailleurs dans ce but pour 90 % aux États-Unis et pour 70 % en Europe. Le pétrole est devenu la première source d’énergie primaire au monde. Ces trente dernières années, à l’échelle du globe, sa part dans la consommation finale d’énergie a certes diminué : le pétrole représentait 43,1 % en 2006, contre 48,1 % en 1973. Mais ce recul n’est que relatif : sur la même période, la consommation mondiale de pétrole a augmenté de moitié. Le gaz naturel, lui, représente 20 % de l’énergie fournie, sur trente ans sa consommation a quasiment doublé ; – ensuite, les prévisions à partir de 2010 qui ne font que confirmer les tendances précédentes malgré une augmentation relative des énergies renouvelables ; – enfin, l’augmentation globale de la consommation d’énergie est notable. Elle est passée de 7 milliards de TEP en 1980 à 16 milliards de TEP prévus en 2030.
Doc. 3
Cette photographie permet d’illustrer un poste majeur de consommation de l’énergie, les transports, ici avec le développement de l’automobile en Chine. Les embouteillages renforcent la pollution atmosphérique. En dépit des chocs pétroliers, la part des transports dans la consommation finale de pétrole n’a cessé de croître depuis 1973 : © Hachette Livre
à l’échelle du globe, elle est passée de 42 % à 60,5 %. Si le recours à l’avion ou aux transports maritimes et fluviaux a sa part de responsabilité, elle est bien moindre que celle du transport individuel en voiture. En l’espace de 50 ans, le parc automobile mondial a été multiplié par 9 : on comptait 100 millions de véhicules en 1956 ; il y en a depuis 2007 plus d’un milliard. En Chine, le taux de motorisation de 28 voitures pour 1 000 habitants est encore loin d’égaler celui des pays occidentaux de près de 824 pour 1 000 habitants. Mais, croissance économique oblige, ce taux est en train d’exploser : entre 1990 et 2007, il a pratiquement été multiplié par 6. ●
Proposition d’activité pédagogique
Nous proposons d’étudier particulièrement le document 2 avec les questions suivantes : 1. Quel est le type de ce graphique ? Que représente-t-il ? 2. Comment la consommation totale d’énergie a-t-elle évolué entre 1980 et 2030 ? Quel est le coefficient multiplicateur ? 3. Comment la consommation mondiale de charbon, pétrole et gaz a-t-elle évolué de 1980 à 2030 ? 4. Repérez sur ce graphique les énergies renouvelables. Quelle est la plus importante ? 5. Quelle part les énergies renouvelables représentaient-elles en 1980 par rapport aux énergies fossiles ? Quelle part auront-elles en 2030 ?
COURS 2
L’énergie, source de tensions géopolitiques p. 148-149 ● Présentation des documents Repère A Le document permet de comparer dans le secteur pétrolier, les pays producteurs (surtout des PED) et les pays consommateurs (surtout des pays développés). Les pays les plus remarquables sont l’Arabie saoudite pour les producteurs et les États-Unis pour les consommateurs.
Repère B Le cours du pétrole est directement lié à la situation géopolitique et économique mondiale. Des guerres dans les pays du Moyen-Orient (comme en 1990 ou en 2003) entraînent des hausses de prix tandis que les crises financières font baisser le cours (par le ralentissement de la demande).
Doc. 1 Cette carte démontre la dépendance forte à très forte d’une partie de l’Europe vis-à-vis du gaz russe, selon un gradient est/ouest (Bulgarie et Serbie à hauteur de 100 % ; pour moins de 25 % pour l’Espagne par exemple). La route des gazoducs renforce le rôle géopolitique de certains États (Ukraine, Biélorussie) qui, en cas de tensions avec la Russie et une coupure de l’approvisionnement, privent les pays plus à l’ouest du gaz. Certaines routes de contournement visent à limiter cette dépendance (gazoduc Nabucco depuis la mer Caspienne qui suit un itinéraire plus au Sud). La Russie est, en effet, le premier fournisseur de gaz naturel des Vingt-Sept (avec 40 % des importations, ce qui représente 19 % de la consommation totale de gaz de l’Union européenne) et le deuxième fournisseur de pétrole (avec 20 % des importations et 16 % de la consommation totale). La dépendance énergétique à l’égard de la Russie varie cependant fortement entre les pays. Si de nombreux pays d’Europe centrale ou orientale dépendent entièrement de la Russie pour leur approvisionnement en gaz, comme la Slovaquie ou les Pays Baltes, la part du gaz russe est de 80 % en Pologne, 65 % en Autriche, 37 % en Allemagne et en Italie et 24 % en France. Cette dépendance énergétique de l’Union européenne vis-à-vis de la Russie devrait fortement s’accroître dans les prochaines années. La Commission européenne estime que, d’ici vingt ou trente ans, 70 % des besoins énergétiques de l’Union européenne devront être assurés par les importations, contre 50 % aujourd’hui.
Doc. 2 L’extraction pétrolière, source de richesses, peut aussi entraîner dans des États fragiles ou instables, des tensions locales voire le développement d’actions violentes et/ou terroristes. Le Nigéria connaît ces problèmes avec de surcroît le détournement d’une partie de la production Chapitre 4 ● L’enjeu énergétique 41
par la population locale qui revend ensuite le pétrole sur des marchés parallèles. Les réserves et les perspectives économiques persistent à attirer les compagnies pétrolières occidentales en dépit de ces risques.
Doc. 3
Cette caricature est à relier directement à la guerre en Irak de 2003. Le président américain George W. Bush a été accusé de la mener « pour le pétrole » en cherchant par l’attaque et l’occupation du pays, à contrôler ses réserves et leur exploitation. Face à l’augmentation des cours, la caricature ironise ainsi en indiquant qu’un choix se pose pour les ÉtatsUnis, premiers consommateurs de pétrole au monde, entre la réduction de leur consommation ou une nouvelle guerre pour s’emparer de nouvelles ressources.
COURS 3
Énergie et environnement ●
p. 150-151
Présentation des documents
Repère
Les deux graphiques illustrent la progression de l’émission de CO2 liée directement à la consommation énergétique. À noter surtout l’augmentation des émissions du gaz et charbon, à relier au second graphique évoquant la croissance de la pollution émise par les pays en voie de développement utilisant beaucoup ce type d’énergie (la Chine, par exemple, utilise énormément le charbon).
Doc. 1
Cette carte permet de faire un lien direct entre niveau de développement et pollution liée à l’énergie. Les pays les plus pollueurs à cause de leur consommation énergétique sont ainsi clairement des pays du Nord (Amérique du Nord et Australie). Dans un deuxième groupe, se trouvent l’Europe, les pays d’ex-URSS, l’Afrique du Nord et le MoyenOrient, la Chine et l’Inde. Enfin, les pays moins développés émettent logiquement moins de CO2 liés à l’énergie. L’écart de développement et l’accès limité à l’énergie affectent les émissions du continent africain, en décalage par rapport au reste du monde, avec une émission de seulement 0,9 tonne de CO2 par habitant. En Chine, malgré une augmentation des émissions dues à la croissance économique, les émissions par habitant demeurent faibles (4,3 tonnes de CO2) notamment en comparaison à celle d’un habitant de l’UE (8,1 tonnes de CO2). Avec 6,2 tonnes de CO2, un Français émet trois fois moins de CO2 qu’un habitant des États- Unis (19,6 t) et 25 % en moins que la moyenne européenne.
Doc. 2
La photographie met en évidence trois plans que l’on peut faire distinguer aux élèves : A : à l’arrière-plan, la forêt tropicale menacée par les cultures. La plantation de palmiers à huile a été responsable de 87 % de la déforestation en Malaisie ; B : les plantations de palmiers à huile destinés à fournir la raffinerie ; C : la raffinerie d’huile de palme qui dégage des fumées montrant la pollution générée par cette activité, une pollution qui a également d’autres origines : – pour préparer les sols, les propriétaires des plantations ont recours au brûlis à très grande échelle d’où l’émission d’une très grande quan-
42
tité de CO2. Cela accroît la pollution de l’air et contribue au réchauffement climatique. 50 à 80 % des feux de forêt de 1997-1998 et en 2006 également peuvent être imputés à l’expansion des plantations. – le palmier est cultivé en très vastes monocultures ce qui engendre deux problèmes : le lessivage des sols tropicaux, très fragiles qui deviennent ensuite stériles et le problème de la réduction de la biodiversité au sein de ces monocultures.
COURS 4
Quelles énergies pour le xxie siècle ?
p. 152-153
Repère A
Il peut être intéressant de faire distinguer aux élèves les différentes catégories de production, montrant que le pétrole en production est appelé à se tarir, plus ou moins remplacé par un pétrole plus difficile d’accès et de moins bonne qualité (sables bitumeux).
Repère B
Les pays du Nord (Suède, Finlande) se montrent les plus avancés dans la consommation d’énergies renouvelables. À noter surtout la moyenne de l’Union européenne à 27 qui permet d’établir des proportions (la France est ainsi un peu au-dessus de la moyenne européenne quand la Belgique consomme quatre fois moins d’énergies renouvelables).
Doc. 1
À partir des remarques précédentes, il serait intéressant de faire constater aux élèves qu’un pays aussi énergivore que les États-Unis, peut aussi se montrer localement à la pointe de l’économie d’énergie. La Californie, un État particulièrement sensibilisé aux enjeux environnementaux et très investi dans l’économie verte, développe ainsi largement les panneaux solaires et photovoltaïques.
Doc. 2
Les énergies renouvelables peuvent être des facteurs de développement pour les pays du Sud comme le montre ici l’exemple indien. La transition énergétique reste cependant coûteuse et nécessite une formation de cadres, d’ingénieurs et de techniciens.
Doc. 3
La Suède est le pays d’Europe le plus avancé en matière d’énergies renouvelables (le document peut être relié au repère B de la page 152), mais ces énergies sont parfois importées (importation d’éthanol brésilien, vu dans l’étude de cas sur les agrocarburants). Une réflexion globale doit donc s’organiser pour utiliser les ressources locales (la forêt).
MÉTHODE 1 Analyser un dessin de presse
p. 154
Sujet : Les agrocarburants en débat 1. Identifier Un dessin de presse est une illustration satirique sur un thème d’actualité. 2. Décrire • La scène montre un épi de maïs convoité par un Africain affamé à gauche et un véhicule qui veut aussi le manger à droite.
© Hachette Livre
• Caractéristiques
Élément de gauche
Élément central
Élément de droite
Identité, nature et action
Un Africain (peau noire) à peine vêtu.
L’épi de maïs convoité à gauche et à droite.
Plus qu’une simple voiture, elle représente l’industrie pétrolière et les transports. De la fumée (pollution) sort du pot d’échappement.
Expression, attitude, apparence
Il cherche à manger l’épi de maïs. Il semble affamé et ouvre de grands yeux (expression de la surprise) face à la voiture qui dévore aussi le maïs.
Il est tiraillé entre les deux côtés.
La voiture cherche à dévorer l’épi de maïs.
Dimension, taille, déformation, exagération
Son corps est très maigre. Il est grand par rapport à la voiture.
L’épi est d’une taille gigantesque.
Le radiateur de la voiture a été transformé en mâchoires et les phares ont la forme d’yeux.
3. Interpréter • Les deux protagonistes se disputent l’épi de maïs car cette production peut être utilisée de deux façons : pour l’alimentation humaine et pour la transformation en agrocarburants. Dans cette opposition, la compétition est déséquilibrée car l’objectif alimentaire est moins rentable que l’alimentation en carburants des véhicules. • Le personnage de gauche symbolise l’Afrique et, par extension, les pays du Sud, confrontés souvent à des problèmes de disponibilité alimentaire tandis que la voiture illustre plutôt les pays du Nord qui cherchent à trouver de nouveaux carburants pour remplacer le pétrole et qui sont prêts à transformer des productions agricoles en énergie. • L’auteur veut dénoncer ce paradoxe selon lequel un aliment est détourné pour servir de carburant à des véhicules, niant les besoins alimentaires de nombreux pays du Sud. Le dessin, qui utilise la caricature et l’émotion, est souvent plus parlant qu’une longue démonstration : trois personnages (l’Africain, l’épi de maïs, la voiture) mis en scène suffisent à expliquer une situation complexe. 4. Rédiger un texte organisé Les agrocarburants entraînent la transformation de productions destinées auparavant à l’alimentation (maïs, colza, canne à sucre) en carburant. Ils limitent donc les surfaces agricoles destinées à un usage vital, nourrir les hommes, pour une utilisation purement commerciale et dispensable comme le transport. Le déséquilibre est aussi géographique, les agrocarburants sont surtout consommés par les pays du Nord tandis que les problèmes d’accès à la nourriture se trouvent surtout dans les pays du Sud.
MÉTHODE 2 Analyser un article de presse
p. 155
Sujet : Les énergies renouvelables dans les États du golfe Persique 1. Identifier • L’article est paru dans le New York Times en 2009. Il s’agit donc d’un article récent et toujours d’actualité car la situation qu’il décrit est toujours valable. • Il a été traduit et publié ensuite dans Courrier International, un hebdomadaire qui publie une sélection d’articles issus de la presse mondiale. 2. Comprendre • L’espace concerné par cet article est le Moyen-Orient et notamment les émirats pétroliers du golfe Persique. Il s’agit d’un espace très riche grâce à ses ressources pétrolières. Certains États de la zone ont diversifié leur économie en développant un puissant secteur tertiaire (médias, banques, commerce). • Le litre d’essence vaut moins de 10 centimes d’euro (soit un dixième du prix pratiqué en Europe). L’auteur indique ce chiffre pour montrer que l’essence y est un produit très peu coûteux et donc largement consommé, sans souci d’économie. © Hachette Livre
• Les réserves pétrolières déclinent pourtant et les pays de la zone, dont l’économie dépend encore largement du pétrole, cherchent à diversifier leur économie alors que les pays du monde qui leur achètent des hydrocarbures, pourraient être tentés par de nouvelles énergies. • Les énergies alternatives (qui ne sont pas basées sur le pétrole) et les énergies renouvelables (qui ne sont pas épuisables comme les énergies fossiles) font ainsi l’objet d’un grand intérêt par les États du Golfe. Elles pourraient leur permettre de passer le cap de la fin du pétrole en continuant de dominer par les brevets, le secteur de l’énergie. 3. Analyser • L’article est composé de trois paragraphes : – dans le 1er paragraphe, le pétrole est abondant, bon marché et peu économisé. Titre proposé : Des pays du golfe riches en pétrole et qui ne l’économisent pas. – dans le 2e paragraphe, pour maintenir les pays du Nord dans la dépendance énergétique, les émirats du Golfe opèrent des investissements majeurs dans les énergies alternatives. Titre proposé : Des investissements dans les énergies nouvelles pour rester des puissances énergétiques. – enfin, dans le 3e paragraphe, les pays du Golfe misent sur des expériences novatrices pour limiter la consommation du pétrole. Titre proposé : Des projets innovants comme Masdar. 4. Critiquer • Le soleil, très abondant dans cette région du monde, est un atout majeur pour développer l’énergie solaire et photovoltaïque. • Le Moyen-Orient reste cependant une région fragile aux tensions importantes (dans la frange Nord avec Israël et ses voisins arabes ou à l’Est avec l’Iran). La recherche, l’innovation nécessitent des États stabilisés et une projection sur du long terme, ce que ne permet pas forcément un contexte géopolitique troublé. 5. Conclure Les pays du golfe Persique se sont enrichis grâce au pétrole. Cette ressource, toujours très importante pour leur économie, devient plus rare et plus difficile d’accès. Ces pays ont donc choisi d’investir massivement dans d’autres énergies alternatives afin de rester des puissances énergétiques et maintenir les pays du Nord dans leur dépendance économique, basée non plus sur l’accès aux ressources mais sur le contrôle par les émirats pétroliers des brevets et de l’innovation.
MÉTHODE 3 - Croquis de synthèse Analyser le sujet et construire la légende p. 156-157 Sujet : Les énergies dans l’organisation de l’espace brésilien 2. Relever des informations à cartographier • Les régions productrices de canne à sucre sont situées à proximité du littoral (influence de la colonisation portugaise) au Nord-Est et au Sud-Est (près des grandes zones de population). Chapitre 4 ● L’enjeu énergétique 43
• Le développement de la culture de la canne à sucre entraîne le déplacement des autres cultures (soja, maïs) vers le nord et notamment la forêt amazonienne qui subit un déboisement.
• – Les régions exploitant les énergies fossiles sont aussi situées près des littoraux (Nord-Est et Sud-Est) tandis que les régions exploitant les énergies renouvelables sont plus dans les terres, au Sud-Est près des grands pôles de population. – Le Brésil est importateur de pétrole (surtout depuis le Venezuela) et exporte massivement son éthanol vers les marchés consommateurs européens et nord-américains.
3. Élaborer la légende – 4. Choisir des figurés – 5. Réaliser le croquis
Les énergies dans l’organisation de l’espace brésilien VENEZUELA Équateur
Manaus PA R A
AMAZONIE
NORDESTE Recife RONDONIA M AT O G R O S S O Brasília Océan Atlantique
CENTRE Rio de Janeiro SUDESTE
Tropique du Capricor ne
São Paulo
N
Porto Alegre
0
500
1 000 km
1. Une exploitation et une importation d’énergies fossiles principal gisement de charbon principal gisement d’hydrocarbures importations d’hydrocarbures
2. Une politique de diversification énergétique équipement hydroélectrique, éolien et solaire
exportation d’agrocarburants
3. Un impact négatif sur l’organisation de l’espace extension de la culture de la canne à sucre déplacement des cultures commerciales (maïs, soja)
MÉTHODE 4 - Étude d’un dossier de documents Rédiger une réponse structurée
p. 158-159
Sujet : La gestion des ressources énergétiques en Chine Questions 1. Sous l’effet du développement, la consommation d’énergie en Chine s’est accrue de façon régulière en augmentant d’environ 50 % tous les 10 ans depuis 1980. Une accélération s’est opérée au cours des années 2000 avec un quasi-doublement entre 2000 et 2008. 2. La Chine consomme surtout les énergies qu’elle produit sur son territoire : le charbon dont elle est, avec plus de 1414 millions de tonnes, le premier producteur mondial, mais également des hydrocarbures et de l’électricité grâce en partie au barrage des Trois-Gorges, le plus grand du monde. 44
front pionnier et défrichement forêt amazonienne, une grande réserve de terres
3. La Chine a choisi d’intensifier sa production d’énergie en valorisant ses propres ressources énergétiques fossiles et en développant l’hydroélectricité. 4. Le pays se trouve dans une situation de dépendance croissante visà-vis de l’étranger, ce qui peut être perçu comme un signe de faiblesse pour un pays qui veut s’affirmer comme une grande puissance mondiale. D’autant plus que l’énergie provient de pays éloignés et parfois politiquement instables et que la sécurité des routes maritimes n’est pas totalement assurée. 5. La Chine diversifie ses choix énergétiques vers davantage d’énergies renouvelables qui doivent couvrir en 2020, 15 % des besoins du pays. L’hydroélectricité, l’éolien mais aussi le solaire connaissent un développement spectaculaire. 6. Les espaces concernés par ces choix énergétiques sont surtout les régions Est du pays où se concentre plus de 90 % de la population et où les besoins énergétiques pour le développement sont considérables. La croissance de l’énergie solaire dans les villes chinoises peut © Hachette Livre
apparaître comme une solution, mais elle ne suffit pas à répondre à la consommation croissante d’énergie pour l’éclairage, le fonctionnement des appareils électriques et des climatiseurs.
À vous maintenant ! 1. Analyser le sujet • L’espace concerné est la Chine, une puissance émergente. • La gestion des ressources correspond à la capacité à répondre aux besoins croissants du pays tout en réduisant sa dépendance par rapport aux pays étrangers en mettant en valeur les ressources naturelles souvent fossiles dont il dispose et en développant les énergies nouvelles. 2. Structurer les réponses A. Relever au brouillon les informations Le doc. 1 montre que la Chine possède un potentiel énergétique important tant en énergies non renouvelables qu’en énergies renouvelables. Elle possède de très nombreux gisements de charbon et d’hydrocarbures, très vastes mais souvent éloignés des centres de consommation, tous situés à l’est du pays. Le doc. 3 montre l’évolution, ces trente dernières années, de la composition du panel énergétique du pays. Il nous renseigne sur l’importance du charbon qui représente la moitié de l’énergie utilisée. On observe également la montée en puissance de l’électricité souvent d’origine hydraulique et la part croissante des hydrocarbures de plus en plus importés. B. Rédiger la réponse à la question La Chine bénéficie d’un potentiel énergétique important tant en énergies non renouvelables qu’en énergies renouvelables. Elle possède de très nombreux gisements de charbon et de d’hydrocarbures, au nord et à l’ouest du pays, très vastes mais discontinus et souvent éloignés des centres de consommation situés à l’est du pays. C’est pour cette raison qu’elle développe actuellement, plutôt dans cet espace, ses parcs éoliens et ses grands barrages. La Chine utilise d’abord ses propres ressources pour répondre à ses besoins croissants, multipliés par cinq depuis 1980, et limiter sa dépendance vis-à-vis des pays étrangers. Le charbon, avec plus de 1 414 millions de tonnes, représente près de la moitié de l’énergie utilisée. On observe également la montée en puissance de l’électricité souvent d’origine hydraulique et la part croissante des hydrocarbures, de plus en plus importés qui représentent désormais plus de 20 % de la consommation totale de l’énergie en Chine.
PROLONGEMENT
p. 161
Passerelle SVT Le soleil, la source d’énergie du futur ? ● Présentation
Le modèle de consommation énergétique actuel ne sera pas viable sur le long terme. L’homme consomme énormément d’énergie chaque année pour ses différentes activités. Les réserves d’énergies fossiles n’étant pas infinies, le problème de la transition énergétique va se poser dans un futur proche. L’humanité doit développer l’utilisation d’énergies renouvelables et apprendre aussi à limiter ou gérer intelligemment ses besoins. ● Réponses
aux questions
1. Part d’énergies renouvelables en France : 10,3 % en janvier 2010 (objectif en 2020 : plus de 20 %).
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2. Activité humaine consommant le plus d’énergie : le logement et les activités tertiaires suivis par les transports. 3. Comment réduire notre consommation d’énergie ? – Pour le logement, l’isolation permet des économies importantes de chauffage tout comme la gestion de la ventilation, l’utilisation de systèmes de chauffage très performants mais aussi le contrôle de l’éclairage. – Pour le transport, des progrès ont été faits sur la consommation des véhicules mais le modèle actuel de développement (plusieurs véhicules par famille, travail éloigné du domicile, transports en commun limités dans les zones à faible densité…) masque les efforts réalisés.
B2i L’espace jeunes du CEA
p. 161
www.cea.fr/jeunes/themes/l_energie ● Présentation
Le site présenté est la partie pédagogique du site du Commissariat de l’Énergie atomique (CEA). Il s’adresse clairement aux jeunes et explique de nombreux enjeux énergétiques par le biais d’animations. 1. • L’uranium se trouve surtout au Canada et en Australie. • La géothermie utilise l’énergie du sous-sol. • Le charbon est exploité dans des veines. • La biomasse est l’énergie la plus ancienne et la plus utilisée dans le monde. • Les gisements de pétrole se découvrent en envoyant des ondes dans le sous-sol. 2. À noter pour cette animation que seul un investissement massif dans le nucléaire permet d’assurer une production suffisante d’énergie sans trop alourdir les coûts économiques et environnementaux. 3. Le CEA étant à l’origine de ce site Internet, cela permet de nuancer l’activité précédente qui met en avant le rôle et l’intérêt du nucléaire dans la production énergétique sans poser les termes du débat de cette énergie.
BIBLIOGRAPHIE B. BARRÉ, Atlas des énergies, éditions Autrement, 2007. A. CIATTONI et Y. VEYRET (dir.), Géographie et géopolitique des énergies, éditions Hatier, 2007. ■ B. MERENNE-SCHOUMAKER, Géographie de l’énergie, éditions Nathan, 1997. ■ B. MERENNE-SCHOUMAKER, Géographie de l’énergie. Acteurs, lieux, enjeux, éditions Belin, 2007. ■ L. MONS, Les enjeux de l’énergie, éditions Larousse, 2006. ■ B. WIESENFELD, L’énergie en 2050, EDP Sciences, 2006. ■ J.-M. JANCOVICI et A. GRANDJEAN, Le plein s’il vous plait, éditions du Seuil, 2006. ■ J.-C. LHOMME, Les énergies renouvelables, éditions Delachaux et Niestlé, 2004. ■ H. NIFNECKER et J.-L. BOBIN, Les énergies de demain, EDP Sciences, 2005. ■ ■
SITOGRAPHIE Agence Internationale de l’Énergie : www.iea.org. BP Statistical review 2009 : www.bp.com. ■ Un site sur l’énergie éolienne : www.thewindpower.net. ■ ■
Chapitre 4 ● L’enjeu énergétique 45
THÈME 3 Aménager la ville Chapitre 5 Villes et développement durable Introduction
ÉTUDE DE CAS 1
L’objectif de ce chapitre est de mettre en exergue trois des principales dimensions posées par la problématique du développement durable : la thématique des inégalités socio-spatiales, celle des transports urbains et celle de l’aménagement des villes. Ces trois dimensions sont systématiquement abordées dans chaque étude de cas (Le Caire, Los Angeles, Buenos Aires) mais peuvent aussi être appréhendées de façon transversale. Aussi est-il possible, par exemple, d’extraire la question des transports et de proposer une mise en perspective autour d’elle à partir des trois cas d’étude. Les trois études de cas ont été choisies en raison de leur représentativité : grande ville du Sud pour Le Caire, grande métropole moderne du Nord pour Los Angeles, ville en situation d’interface Nord-Sud pour Buenos Aires. Pour chaque étude, les modalités et formes de la croissance urbaine en lien avec la croissance démographique, les réseaux de transport, les politiques d’aménagement constituent un préalable commun, abordé à partir de la cartographie notamment, qui permet de mieux saisir les effets qui en découlent en termes de développement durable. Les cours reprennent la logique des études de cas : à la suite d’un premier cours qui explicite le passage de la « ville » à l’« urbain », prenant en compte les processus mondiaux de la périurbanisation et de l’étalement des villes contemporaines, sont analysées les inégalités socio-spatiales (cours 2), la question des transports et des mobilités (cours 3) ainsi que celle de l’aménagement de la ville durable (cours 4). Ces cours puisent leurs exemples dans de nombreuses villes de taille diverse, au Nord et au Sud. L’accent est enfin mis sur la dimension politique du développement durable, en particulier sur la question de la gouvernance urbaine.
La ville du Caire peut-elle être aménagée p. 166-171 plus durablement ?
OUVERTURE
Doc. 3
p. 164-165
Ixtapaluca : une extension de l’agglomération de Mexico (Mexique) La photographie d’ouverture du chapitre présente une périphérie de la ville de Mexico qui s’étend sur un site de plaine, sans autre obstacle visible que celui des montagnes, en arrière-plan. C’est la redondance de la forme bâtie qui prédomine ici, par le biais de la répétition – qui semble pouvoir être reproduite à l’infini – de pavillons en bandes, au pied desquels de petits espaces verts servent de parking. L’uniformité, voire la monotonie de ce paysage suburbain quasi exclusivement résidentiel n’est rompue que par la présence du marché dans l’avenue principale et d’une activité sous forme de hangar (centre droit de la photo). La physionomie de l’ensemble de cette banlieue laisse penser que l’on est dans un espace plutôt habité par des classes moyennes, peut-être moyennes-supérieures, qui se déplacent en automobile. S’ajoutent à ceci l’étalement et l’absence de densité qui caractérisent ces formes urbaines qui se multiplient, de façon quasi interchangeable, dans les grandes et moyennes villes du monde entier.
L’étude de cas sur Le Caire permet de mettre en exergue les principales thématiques du développement durable : les inégalités urbaines avec, en particulier, le rôle joué par l’essor de l’habitat informel dans des quartiers défaillants au niveau des infrastructures et équipements ; la question du transport marquée par le développement très rapide du transport individuel au détriment des transports collectifs ; les politiques urbaines qui, en dépit d’une ambition affichée, ont des effets de renforcement des inégalités sociales et spatiales. La question transversale d’une « ville à deux vitesses » peut ici être posée : celle qui oppose la ville-centre, dense, polluée, populaire, mal irriguée par les transports, aux extensions du désert destinées aux catégories moyennes et supérieures bénéficiant de véhicules particuliers et de quartiers au « climat sain » et qui, de façon plus générale, marquent un rejet de la ville-mère.
1. Comment évolue la surface urbanisée du Caire ? p. 166-167 ● Présentation des documents Doc. 1 et 4
À partir de la vieille ville d’avant 1870 (doc. 1), la ville rejoint, dans un premier temps, la rive droite du Nil (1870-1947) dont le cours a été stabilisé et dont les crues sont maîtrisées, ce qui permet l’urbanisation des berges. L’extension se produit aussi autour des petits villages de la rive gauche et au nord, où le baron Empain, riche industriel belge des chemins de fer et des tramways investit dans une « ville nouvelle » appelée Héliopolis, la ville du Soleil, aujourd’hui banlieue du Caire. Sur les toits des immeubles du centre-ville, il y avait à l’origine les « services », les séchoirs à linge, parfois les logements du bawwab (de bab, la porte), le concierge ou du personnel domestique. Dès les années 1950, les nouveaux venus en ville, démunis, négocient pour s’y installer, parfois même avec les propriétaires qui bénéficient des loyers versés. Certains « habitants des toits » sont ainsi les petits-enfants des premiers arrivés et peuvent, parfois, être assez bien intégrés à l’économie urbaine. Il est possible ici de faire référence au film de Marwan Hamed tiré du livre éponyme L’immeuble Yacoubian (paru chez Actes Sud) qui raconte l’histoire des habitants, très différents par leurs statuts sociaux, d’un immeuble du centre-ville tout à fait ressemblant à la photographie, proposant une excellente illustration de géographie humaine et des relations sociales cairotes où notamment un aristocrate d’un bel appartement du 2e étage tombe amoureux d’une pauvre jeune fille des toits.
Doc. 5
On pourra préciser ici que la construction sur les terres agricoles est illégale depuis les années 1950, afin de les préserver, mais que les pots de vin versés aux autorités font perdurer le phénomène. ● Réponses
aux questions
1. La croissance urbaine de l’agglomération s’effectue majoritairement au xxe siècle, liée à une croissance démographique et à un exode rural 46
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important jusqu’aux années 1960, en net ralentissement depuis. Sous forme de quartiers informels, l’extension se fait d’abord le long des grands axes (avenue des Pyramides, par exemple), puis les interstices vacants se remplissent. Cette urbanisation informelle s’effectue sur les terres agricoles, mais aussi sur les terres désertiques qui appartiennent à l’État et à l’armée. Plus récemment, ce sont ces terres désertiques qui sont investies : elles présentent des opportunités foncières intéressantes autant pour le secteur public (construction des villes nouvelles) que pour les promoteurs immobiliers privés (lotissements, quartiers fermés). On considère généralement que la superficie de ces nouvelles formes urbaines dans le désert (public et privé confondu) équivaut à la superficie de l’agglomération continue. 2. La croissance spatiale du Caire est indubitablement liée à sa croissance démographique, notamment du fait de l’extension au xxe siècle des quartiers irréguliers ou non réglementaires qui ont très souvent été un lieu d’accueil pour les populations venant des campagnes (même si ces dernières ont pu temporairement transiter par la vieille ville avant de s’y installer). Cependant, il faut préciser que, historiquement, Le Caire est une ville qui comporte des habitations verticales collectives (y compris dans la vieille ville). Ceci explique les hautes densités que l’on y trouve (à la différence des médinas maghrébines, par exemple, où la maison à patio est majoritaire). Cette tradition d’immeubles collectifs s’est perpétuée lors de la construction du centre-ville avec les immeubles de rapport (même si quelques villas et palais y avaient aussi été construits) comme le montre le doc. 3. Cette caractéristique explique que, en dépit de sa population importante et de son extension spatiale évidemment très rapide, brutale et difficilement contrôlable, Le Caire ne soit pas dans les premières en termes de superficie : la « tache urbaine » du Caire est relativement réduite par rapport à d’autres villes comparables en termes de nombre d’habitants. Aujourd’hui, les périphéries récentes sont constituées des deux types d’habitat : immeubles de type HLM, appelés blocs, dans les villes nouvelles du secteur public, maisons de lotissement, ou villas individuelles qui contribuent pour une grande part à l’extension spatiale. 3. La ville s’est densifiée verticalement : les habitations précaires sur les toits (doc. 3), mais aussi la construction en dur par les propriétaires d’un, deux, voire cinq étages supplémentaires sont assez fréquents. La densité de la ville-mère (vieille ville et quartiers centraux) est caractérisée par une grande mixité sociale, favorisant les interactions sociales, à la différence des nouveaux quartiers du désert où le cloisonnement est de mise. 4. On considère qu’environ 40 % des Égyptiens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Celle-ci s’observe dans les quartiers irréguliers, construits avec des matériaux trouvés sur place pour les plus démunis (pierres, branches d’arbre pour le toit), ou briques non crépies (doc. 5). Elle se constate aussi sur le doc. 3 où l’habitat du toit est de type bidonville (matériaux légers, précaires, de récupération). 5. Les acteurs de la croissance sont les habitants eux-mêmes qui autoconstruisent leur habitation, mais les quartiers irréguliers sont aussi le fait de petits promoteurs illégaux qui louent les appartements (spéculation immobilière). Enfin, les promoteurs légaux participent aussi au boum de la construction – le secteur du bâtiment étant plus que florissant. Bilan 1. Plus de la moitié de la surface urbanisée du Caire s’est constituée de façon informelle, émanation de petits promoteurs (illégaux) ou de l’autoconstruction familiale. Cette croissance urbaine incontrôlée s’effectue le long des grands axes de transport (avenue des Pyramides et lignes de tramway qui aujourd’hui n’existent plus) ou autour des bourgs ou villages (notamment rive gauche du Nil et partie nord ouvrant sur le delta). La question de la maîtrise de la croissance spatiale informelle est complexe : elle oscille entre le laisser-faire des autorités qui n’ont pas les moyens financiers de répondre à la demande en logement (la crise du logement est aiguë notamment pour les jeunes couples) et la collusion entre ces mêmes autorités et les promoteurs, légaux ou illégaux, qui participent au processus. Enfin, il faut prendre en compte les conseils des institutions internationales comme la Banque mondiale, qui ont un impact indéniable sur les politiques urbaines égyptiennes (voir les travaux de Marion Séjourné) : les déguerpisse© Hachette Livre
ments (expulsion et démolition des quartiers informels et bidonvilles) qui étaient fréquents dans les années 1960 et 1970 n’ont plus lieu et sont remplacés par une politique de régularisation de l’occupation au cas par cas (sans qu’il y ait nécessairement légalisation foncière) qui peut éventuellement être suivie par une amélioration des équipements (écoles, mosquées, dispensaires).
2. Comment les habitants se déplacent-ils p. 168-169 dans l’immensité urbaine ? ● Présentation
des documents
Doc. 6, 7 et 10 Les autorités refusent de desservir, par des équipements publics de type bus, les implantations illégales qu’elles contestent : la desserte en transports en commun signifierait une reconnaissance du squat pour les habitants.
Doc. 8 et 9 En dépit de la construction des autoroutes urbaines et de nombreux auto-ponts, certains secteurs de la ville restent quasi inaccessibles et les rares voies sont engorgées (vieille ville, quartiers illégaux). Noter que l’essence est peu coûteuse. ● Réponses
aux questions
1. Les principaux moyens de transport utilisés au Caire sont : – les bus publics, les moins chers, mais souvent bondés et en très mauvais état ; – les minibus du secteur privé, un peu plus chers que les précédents, mais qui permettent d’avoir une place assise, ce qui est notamment important pour les femmes. Ils présentent l’avantage d’une dépose à la demande ; – les voitures particulières dont le parc est ancien (voitures de marques Fiat, Peugeot, Renault datant des années 1960), et en très mauvais état ; – les taxis individuels ou collectifs, peu chers et souples d’utilisation. La course se négocie avec le chauffeur ; – le métro : construit sur le modèle du métro parisien, c’est un mode de transport apprécié, parce que peu cher, rapide et efficace. Deux compartiments sont réservés exclusivement aux femmes et aux enfants afin de préserver leur tranquillité ; – le tramway : la dernière ligne fonctionne de façon assez aléatoire et les voitures sont en assez mauvais état ; – les bateaux-bus sont vétustes et peu fréquents, même s’ils sont peu chers. Ils permettent par contre d’échapper aux embouteillages ; – les vélos et scooters : moyens de locomotion considérés comme populaires, ils sont très utilisés. Le parc de véhicules à deux roues est le plus souvent ancien (scooters datant des années 1950), mais un scooter peut transporter deux adultes et trois enfants ; – la marche : elle est moins importante que dans d’autres pays du monde arabe, sans doute à cause des longues distances à effectuer. 2. Les embouteillages sont plus que fréquents et la circulation peutêtre dangereuse la nuit, en particulier dans les périphéries et sur les grands axes et voies rapides. Il est possible de voir quatre rangées de voitures sur une 3 voies, d’où les « accrochages » assez fréquents. 3. Le développement des transports publics collectifs date des années 1960 dans le cadre des grands projets de développement mis en place par Nasser. De ce fait, le centre-ville et les quartiers péricentraux sont relativement bien desservis en termes de lignes de bus. Cependant, la flotte a été peu renouvelée et les extensions de lignes restent en retard sur l’extension urbaine, ce qui explique que les quartiers périphériques ne soient pas toujours desservis. Par contre, les lignes de minibus (aussi appelées microbus) sont très souples, s’arrêtent et déposent à la demande. La taille réduite des véhicules leur permet aussi d’emprunter des rues plus étroites, inaccessibles aux bus publics. Ce mode de transport par minibus a pris son essor dans les années 1990 et représente un grand nombre d’emplois aujourd’hui. Enfin, le métro est très performant, rapide, peu cher et semble apprécié des Cairotes. 4. Les quartiers formels sont bien desservis par tous les types de transports, publics ou privés, ce qui est moins le cas des quartiers périphériques les plus éloignés, aux rues pas toujours carrossables ou encore de Chapitre 5 ● Villes et développement durable 47
la vieille ville qui du fait de l’étroitesse des voies est très enclavée. Précisons enfin que les villes nouvelles manquent de desserte en transports publics efficaces, ce qui impose aux habitants de posséder une voiture. Un projet de métro vers la ville nouvelle de Six Octobre est à l’étude. 5. Les projets d’aménagement paraissent ambitieux en matière de transport : au niveau de la Ring Road (2 x 4 voies), qui a nettement désengorgé Le Caire du trafic poids lourds, s’ajouteraient des parcs-relais et lignes de bus en site propre, le réseau de tramway se densifierait et complèterait le réseau de métro dont les travaux de prolongation des lignes existantes continuent. Toutes ces mesures favorisent l’essor du transport en commun et tentent de limiter la part de l’automobile. Cependant, il semble nécessaire de remettre ces projets dans le contexte d’une ville du Sud, où les problèmes d’équipement au sens large sont nombreux (accès à l’eau, à l’assainissement par exemple) et parfois prioritaires. Enfin, la possession d’une automobile reste, pour la classe moyenne émergente, un mode de locomotion qui semble plus sûr, plus confortable et plus valorisant que les transports en commun. Cette donnée psychologique est aussi à prendre en compte dans un pays où l’idéologie du développement durable est souvent secondaire. Bilan 2. Les inégalités, en termes de transport, se calquent sur les formes qui caractérisent la croissance urbaine, celles-ci renvoyant aussi à des compositions sociales différentes. Hormis pour le centre-ville, où la mixité sociale est prédominante et qui est bien desservi par toutes les formes de transport, les quartiers pauvres, légaux ou illégaux, des périphéries sont peu accessibles, excepté pour ceux qui se situent à proximité des lignes de métro et ceux desservis par les minibus privés (mais ces minibus ne pénètrent pas nécessairement à l’intérieur des quartiers). Il serait possible de donner ici l’exemple des immenses cités de logements sociaux construites en plein désert (dans les années 1980 et 1990) très mal desservies par les transports collectifs publics, ce qui a provoqué l’essor rapide d’une flottille de minibus du secteur privé aux tarifs plus élevés qui répondent à la demande. À l’inverse, vivre dans les périphéries aisées n’est possible que pour les détenteurs de véhicules personnels.
3. Comment agir pour mieux maîtriser l’immensité p. 170-171 urbaine ? ● Présentation
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Doc. 12 et 13 La privatisation concerne tous les domaines de la gestion urbaine. Sous l’injonction des bailleurs internationaux, la question du développement durable est posée et est, effectivement, inscrite dans les plans. Reste posée la question des moyens financiers.
Doc. 14 La collecte des déchets était traditionnellement effectuée par les chiffonniers appartenant au secteur informel, non reconnu par les autorités publiques. Les ordures sont ramenées dans le quartier du Muqattam, où les déchets imputrescibles sont triés avant d’être recyclés (sacs sur les toits), les déchets organiques (40 % de la collecte) étaient donnés aux cochons des chiffonniers (chrétiens coptes) jusqu’à mai 2009, date de leur abattage par le gouvernement égyptien à cause de la grippe H1N1, dite « porcine ».
Doc. 15 Pour approfondir, il est intéressant d’aller voir, par exemple, le site internet de Dreamland, l’un des plus célèbres quartiers privés de l’ouest du Caire http://www.dreamlandegypt.com/en/about/location.aspx. ● Réponses
aux questions
1. La question des déchets est cruciale dans une ville dont la moitié de la surface est constituée de quartiers informels où vivent plus de la moitié de ses habitants. Si le centre-ville et les quartiers aisés sont relativement bien nettoyés, dans les quartiers périphériques, la situation est très inégale. 2. Ce quartier fermé n’est évidemment pas accessible à tout le monde en raison du prix des villas et du type de produit immobilier qu’il propose. L’allure de la jeune femme et l’architecture des villas renvoient
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davantage à un quartier de pays riche qu’à un quartier classique du Caire. La calligraphie arabe donne toutefois un indice. Le quartier n’est pas écologique : situé dans le désert comme toutes les gated communities, il est verdi par des pompages très importants dans la nappe phréatique. Les services qu’il offre aux résidents sont consommateurs d’une énergie considérable. Sa localisation très périphérique et le mode de vie qu’il suggère imposent la possession d’au moins une voiture. 3. Si l’on peut dire qu’en centre-ville, la mixité sociale est relativement importante, en raison notamment de la proximité spatiale de populations socialement différentes (voir le doc. 3 p. 167) ce qui explique le brassage urbain, les inégalités socio-spatiales s’accentuent néanmoins. La formation d’enclaves résidentielles (gated communities) en dehors de la ville est un phénomène datant des années 1990 qui marque une rupture. Certes, des quartiers aisés dans l’agglomération peuvent comporter en leur sein des « poches » d’habitat insalubre ou, plus simplement, des quartiers de classes moyennes, ce qui explique aussi le relatif brassage urbain et la mixité sociale intra-urbaine. Le départ des catégories aisées vers les périphéries fermées dénote un refus de cette mixité urbaine qui s’ajoute au refus des conditions de vie en ville (pollution, embouteillages, bruit, densité humaine, etc.). 4. Depuis les années 1980, l’extension dans le désert est le fer de lance des politiques urbaines : sous forme de villes nouvelles publiques, puis sous forme de quartiers fermés privés qui ont d’abord été destinés aux classes les plus aisées, puis aux classes moyennes. L’État cède des km2 de désert aux promoteurs immobiliers privés (souvent proches du régime). 5. Si certaines opérations se veulent novatrices (parc al-Azhar), elles restent très localisées, ponctuelles et limitées quant à leurs bénéficiaires. Il semble que l’on se dirige vers un modèle de ville à deux vitesses : la ville-centre, dense, populeuse et populaire et la ville périphérique du désert pour les classes moyennes et aisées, très minoritaires. Bilan 3. À première vue, les extensions urbaines, sous forme de villes nouvelles dans le désert, peuvent paraître aller dans le sens de la durabilité puisqu’elles préservent les espaces agricoles du delta ou de la vallée du Nil. Or, cette urbanisation du désert est très consommatrice de l’eau des nappes phréatiques, notamment pour les quartiers comportant des jardins et golfs. Par ailleurs, l’on peut s’interroger sur la faisabilité, financière en particulier, des très ambitieux projets de transport en commun pour 2050. Enfin, la réduction des inégalités sociales et spatiales, en dépit d’actions ponctuelles de régularisation et d’amélioration des conditions de vie et d’habitat pour certains quartiers, ne semble pas être le fer de lance des politiques urbaines municipales et nationales : certes, la préservation de la paix sociale passe par un minimum d’attention aux quartiers pauvres – équipements de base, par exemple, et présence de l’État dans ces quartiers par le biais des écoles ou mosquées – mais il n’y a pas de politique globale de résorption de l’habitat très précaire ou de nouveaux projets d’envergure de logements sociaux.
ÉTUDE DE CAS 2 Peut-on maîtriser durablement une ville p. 172-177 aussi étalée que Los Angeles ? Los Angeles est une ville souvent présentée dans la littérature scientifique comme un modèle urbain (ou archétype) dont l’influence se diffuse dans d’autres parties du monde : gated communities, rôle et place de l’automobile et des infrastructures de transport, architecture californienne, devenue internationale, etc. Les problématiques en termes de développement durable qui s’y posent sont particulièrement aiguës en raison de l’étalement urbain, de la faible densité et de la question des transports individuels. En définitive, le cas choisi a sans doute plutôt valeur de « contre-exemple » ou de « contre-modèle », surtout si l’on observe la ville par le prisme de la durabilité. Ouvert par Mike Davis, les interrogations sur le modèle de Los Angeles se retrouvent dans les travaux d’autres spécialistes de la ville.
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1. Comment évolue la surface urbanisée ? p. 172-173 ● Présentation
des documents
Doc. 1 et 2 Les deux documents peuvent être étudiés de concert. La carte met en évidence l’extension spatiale de Los Angeles de 1781 à aujourd’hui. L’étalement urbain est limité au nord par les massifs montagneux mais s’étend d’est en ouest sur le littoral. Le texte met en lumière les facteurs de cette croissance urbaine depuis deux siècles.
Doc. 3 La photographie aérienne oblique permet de visualiser cet étalement s’illustrant par les suburbs qui semblent aller jusqu’aux montagnes de l’arrière-plan.
Doc. 4 La carte met en exergue la ségrégation socio-spatiale à Los Angeles, en fonction de l’origine ethnique et du niveau de vie. Les quartiers noirs les plus défavorisés se situent au centre, dans les vieux quartiers délabrés ou abandonnés, alors que les quartiers blancs privilégiés s’étendent à plusieurs dizaines de kilomètre du centre. ● Réponses
aux questions
1. La ville s’étale vers le nord-ouest et l’est dans les comtés de Riverside et San Bernardino. Elle couvre aujourd’hui cinq comtés sur plus de 150 km et une superficie de 87 000 km2. Jusqu’en 1950, la ville était contenue dans les limites de son comté et s’étalait surtout du nord au sud de l’ancien pueblo jusqu’au Pacifique, mais dès les années 1920, d’autres villes grandissaient à proximité dans les comtés de Riverside, San Bernardino et Orange. Finalement, ces cinquante dernières années, ces espaces différenciés se sont rejoints pour former cette énorme flaque urbaine que seuls les reliefs au nord à l’ouest et au sudest contiennent. 2. Los Angeles est une ville récente dont l’essor commence à la fin du xixe siècle (100 000 habitants à cette date). Sa croissance a été multipliée par 17 en un siècle, d’abord grâce à son intégration au territoire des États-Unis qui permet le développement d’une agriculture commerciale, du tourisme (la ville est d’abord un lieu de cure), puis celui du cinéma (Hollywood, 1908). Dans les années 1920 et 1930, ce sont l’automobile et l’aéronautique qui prennent le relais, avant que la Seconde Guerre mondiale ne donne un coup d’accélérateur à la croissance économique et démographique. Chacune de ces phases s’accompagne d’une forte immigration, en particulier mexicaine, les hispaniques constituant aujourd’hui la plus grande partie des 17,8 millions d’habitants de l’aire urbaine. 3. La croissance se concentre depuis les années 1950 dans les banlieues, ce qui a entraîné la coalescence des villes et l’émergence d’une énorme agglomération étalée sur cinq comtés. Aujourd’hui, l’espace est saturé et les montagnes (Santa Ana, San Gabriel, Santa Monica, San Bernardino) limitent l’extension. Les suburbs se développent donc de plus en plus loin du centre, en particulier dans les deux comtés de Riverside et San Bernardino qui devraient voir leur population doubler en 2050 (3,7 et 4,7 millions d’habitants). En effet, l’étalement se fait vers l’est en direction du désert, mais au prix d’un accroissement des distances par rapport à la ville-centre. 4. Le plan en damier hérité de l’urbanisation espagnole du xviiie siècle et renforcé par la grille quadrillant l’ensemble du territoire des ÉtatsUnis au xixe siècle a permis l’essor d’une immense banlieue formée d’autoroutes et de routes desservant les zones pavillonnaires et les magasins entrepôts aux vastes parkings. Ces éléments sont naturellement très dévoreurs d’espace. 5. La ville est également fragmentée, c’est-à-dire contrastée socialement. L’agglomération est découpée en quartiers très homogènes en termes de revenus et d’origine culturelle. Au centre, se trouvent les grands ghettos noirs et hispaniques comme South Central et Watts (émeutes de 1992). Directement à leur contact, les quartiers asiatiques plus diversifiés socialement s’étalent vers l’est et le sud jusqu’à Orange et Long Beach en formant une sorte de cordon de séparation pour les quartiers blancs. Enfin, en périphérie de ces deux comtés, les immenses suburbs des classes moyennes et supérieures blanches occupent les zones littorales (surfurbia), les collines et les piémonts (Beverly Hills, Santa Monica). Dans les comtés voisins de Riverside, San Bernardino © Hachette Livre
et Ventura, où se fait l’essentiel de la croissance actuelle, on peut voir des quartiers plus mélangés où se côtoient les classes moyennes, mais c’est là également que prospèrent les gated communities (Canyon Lake, par exemple). Bilan 1. Los Angeles est donc bien une ville de suburbs. Elle s’étale en une immense agglomération sur cinq comtés et plus de 87 000 km2. Le paysage se caractérise par un plan à damier qui guide l’étalement le long des axes autoroutiers et un habitat essentiellement pavillonnaire à l’exception du centre-ville où se concentrent les tours de bureau et les ghettos pauvres. En conséquence, la ville est extrêmement fragmentée, les distances sont longues et les quartiers physiquement séparés par les axes, les échangeurs. Cela accroît la fragmentation sociale qui est une caractéristique forte de la société américaine en général.
2. Comment les habitants se déplacent-ils p. 174-175 dans l’immensité urbaine ? ● Présentation
des documents
Doc. 5 et 8 La carte 5 révèle l’extrême densité du réseau routier et autoroutier nécessaire aux migrations pendulaires journalières du domicile vers le travail. La photographie aérienne oblique d’un gigantesque échangeur autoroutier permet d’illustrer ce que peut être « la culture de l’automobile » et les caractéristiques paysagères qu’elle prend. On voit clairement que les autoroutes s’enfoncent dans les banlieues pavillonnaires afin d’écourter au maximum le temps de transports des travailleurs.
Doc. 7 Sur plus de 7 millions de déplacements, la durée moyenne de trajet est d’environ 29 minutes, ce qui atteste de l’extrême efficacité et de la fluidité du réseau routier de Los Angeles. ● Réponses
aux questions
1. Dans les cinq comtés, c’est l’automobile qui domine à plus de 80 %, voire 90 % dans les comtés périphériques. Le navetteur voyage presque toujours seul et, mis à part la commune de Los Angeles qui compte une proportion non négligeable d’usagers des transports collectifs, pauvres, partout ailleurs, vélo, marche et transports collectifs sont négligeables. En 2008, les navetteurs représentaient 4,2 millions de personnes dans le comté de Los Angeles, 1,3 pour Orange et près de 2 millions dans chacun des trois autres comtés. Au total donc, près de 8 millions de personnes se déplacent tous les jours entre leur domicile et leur lieu de travail, presque toujours seules dans une voiture. 2. Le triomphe de l’automobile et la disparition des transports collectifs pourtant très développés à Los Angeles s’expliquent par des choix politiques effectués dans les années 1950 (voir C Ghorra Gobin, LA, le mythe inachevé, ou bien Qui veut la peau de Roger Rabbit ?). Les gouvernements sous la pression des lobbies automobiles ont subventionné les citoyens pour qu’ils s’installent dans les banlieues et soient contraints d’utiliser la voiture. En conséquence, une culture du drive-in est née, faisant de l’autoroute et de la voiture l’un des symboles de la culture américaine, comme peut en témoigner la chanson des Doors, groupe de Los Angeles, Queen of the Highway. 3. L’agglomération est irriguée par un gigantesque réseau autoroutier de plusieurs milliers de km. Nombre d’axes, en particulier au centre et est-ouest (Orange, San Bernardino vers Los Angeles) sont à 5 voies, la plupart à 4 et une petite quantité est à 2 ou 3 voies surtout dans le sens nord-sud et entre San Bernardino et Riverside, car ils sont moins fréquentés. Dans les espaces stratégiques, sont aménagés (au pourtour du centre et sur les axes Orange-Los Angeles, Los Angeles-Long Beach et Los Angeles-San Bernardino) d’énormes échangeurs autoroutiers qui redistribuent les flux et permettent l’accès aux différents quartiers. 4. L’impact de l’automobile sur l’organisation de la ville est considérable. Les quartiers sont desservis par ces autoroutes et les nœuds qui les y connectent. L’emprise spatiale de ces infrastructures est considérable, puisque toute personne doit pouvoir accéder en quelques minutes à une autoroute pour le moindre déplacement. Les paysages urbains sont également en grande partie le produit de l’automobile qui détermine les formes de la croissance urbaine (étalement, faible Chapitre 5 ● Villes et développement durable 49
densité, architecture et paysages uniformisés) et contraint la plus grande partie des commerces à s’installer le long de ces axes : c’est la naissance du mall, du drive-in, accessibles seulement par la voiture. 5. Il donne naissance à la culture du drive-in que symbolisent à la fois le cinéma en plein air apparu dès les années 1930 et le Mc Drive né en 1940 à San Bernardino. L’automobiliste vit une grande partie de la journée dans sa voiture pour aller travailler, mais également pour d’autres déplacements. Il doit donc pouvoir faire de sa voiture un nouvel espace de vie, pour manger, se distraire, faire ses courses, qui renforcera son attachement à l’objet, mais aussi l’en rendra dépendant et favorisera l’isolement social de l’individu, pour les adultes comme pour les enfants. Bilan 2. Dans une ville aussi étalée et aussi peu dense, l’automobile est le seul moyen de déplacement efficace. Depuis les années 1950, cette ville est devenue le symbole de la civilisation automobile aux États-Unis et dans le monde. Dès les années 1930, s’y est développée la « drive-in culture » (mall, drive-in, freeways), que les mesures prises à l’échelle nationale n’ont fait que renforcer. Aujourd’hui, la ville est entièrement organisée pour et par l’automobile dont les habitants sont totalement dépendants. Les autres moyens de transport sont négligeables et les navetteurs se déplacent presque uniquement en voiture et seuls.
3. Comment gérer durablement la ville ? p. 176-177 ● Présentation
des documents
Doc. 10 La carte met en exergue trois problèmes majeurs qui touchent Los Angeles et qui doivent la conduire à réagir : – le risque sismique à prendre en compte à cause de la faille de San Andreas ; – les incendies de forêt en périodes estivales qui ravagent les collines de Los Angeles ; – l’extrême pollution atmosphérique due à l’automobile.
Doc. 13 Un autre problème de Los Angeles : l’insécurité, qui conditionne les installations des nouveaux propriétaires ou locataires. Les quartiers centraux en rouge et marron apparaissent comme les moins sûrs.
Doc. 11, 12 et 14 Les solutions envisagées à ces divers problèmes sont : l’abandon de l’automobile au profit du vélo ou des transports en commun, la mise en place d’un éco-village avec une gestion raisonnée des ressources et la mise en place de campagne pour promouvoir un environnement de qualité et sensibiliser les citadins. ● Réponses
aux questions
1. Des problèmes majeurs existent : incendies et pollution atmosphérique. Dans les deux cas, une seule et même cause, l’étalement urbain et donc l’automobile. Les zones les plus touchées sont les comtés de Riverside et de San Bernardino où les déplacements en auto sont très importants et la pression de l’urbanisation sur les pentes boisées très forte (montagnes de Santa Ana et San Bernardino). De plus, les vents venus du Pacifique aggravent la pollution, car le smog se retrouve piégé dans la cuvette de San Bernardino du fait des barrières montagneuses qui culminent à 2 500 et 3 000 mètres. Cependant, le comté de Los Angeles n’est pas épargné non plus car la circulation vers San Bernardino est très dense. Seul le comté d’Orange pourtant très peuplé et fortement connecté à Los Angeles est épargné par le smog, du fait des vents océaniques et de la faible altitude de la barrière formée par les Santa Ana Mountains (1 700 mètres). 2. Les séismes sont un autre problème majeur qui menace l’agglomération. Ceux-ci ont accompagné toute la croissance de la ville, mais compte tenu de l’importance des infrastructures routières et de la domination sans partage de la voiture dans le mode de vie, ils pourraient avoir des conséquences très graves sur l’économie et la société californiennes. D’autre part, la ville souffre aussi d’une grave insécurité et de contrastes sociaux extrêmement importants. Les quartiers pauvres du centre de Los Angeles comme le ghetto de Watts sont le territoire de puissants gangs qui contrôlent les flux et les lieux. La dépendance automobile tout comme l’organisation de la ville, accrois50
sent aussi le sentiment d’insécurité pour les habitants (voir l’article de Stéphanie Degoutin, « Los Angeles sans lumière » sur : http://www. nogoland.com/texts/los-angeles-sans-lumiere-2002/). Cependant, la situation est très contrastée selon les lieux. La carte de l’insécurité trace ainsi une géographie de l’évitement : les riches et les classes moyennes blanches occupent les quartiers sûrs et agréables de Beverly ou Malibu (l’ouest et le sud-ouest du Comté), souvent véritables ghettos dorés pour milliardaires (Hidden Hills) et certaines parties du littoral (surfurbia comme Venice) tandis que les pauvres sont confinés au centre de Los Angeles (downtown) où la violence des gangs se concentre et où ils sont dépendants des moyens de transports publics. À plus grande échelle, on trouve aussi des zones plus contrastées comme à l’est du downtown (East Los Angeles, Monterey Park), où sont localisés les Asiatiques. 3. L’agglomération dispose de réseaux de transports en commun très limités : une ligne de bus entre Los Angeles et Long Beach, quelques lignes ferroviaires vers les principales directions à l’est et 3 lignes de métro limitées au centre-ville et sa périphérie immédiate (2 lignes sont en construction par ailleurs). Sur ces lignes, de nombreux parkings ont été aménagés, certains multimodaux. La mairie veut également promouvoir les transports en commun et l’on voit sur sa plaquette des espaces piétons. Le vélo apparaît comme un moyen selon le doc. 12, mais également comme un « gros sacrifice ». 4. Les solutions mises en œuvre par la mairie paraissent bien limitées. La politique de développement de Los Angeles est bien loin d’être durable. Le maire, Antonio Villaraigosa communique sur le thème « Green LA » et montre des bus et des placettes à l’italienne qui n’existent pas. Quant à la politique des transports, elle n’investit que bien peu dans les transports en commun (doc. 11) et le vélo reste un sport dangereux à Los Angeles, peu praticable sur de longues distances. La plaquette montre que la municipalité promeut les énergies renouvelables, mais au total ce n’est pas une politique de développement durable. 5. Des habitants viennent des initiatives plus radicales et directement inspirées des mouvements écologistes et altermondialistes de la gauche américaine. Bimini Place en est un exemple, au cœur des quartiers pauvres du centre. Là, la réflexion est globale : logement, transport, économie, démocratie, écologie, mais, il ne s’agit que d’une petite communauté de 35 personnes dans un petit immeuble perdu au cœur de la mégapole. Une expérience sans aucun doute durable, mais absolument pas représentative de la réalité actuelle de Los Angeles. Bilan 3. Devant la forte dégradation de l’environnement urbain causé par le choix du tout automobile et de l’étalement, la municipalité développe une politique essentiellement axée autour de la qualité de vie (Green LA). Il s’agit de promouvoir un cadre de vie plus agréable : espaces piétons, espaces verts, énergies renouvelables et transports en commun. De nouvelles lignes de métro sont également en projet, ainsi que des pôles multimodaux. Cependant, la fragmentation sociale reste un problème sans solution et les expériences comme Bimini Place, exceptionnelles et aucunement encouragées par les autorités locales. La ville est donc bien loin de s’orienter vers la durabilité et l’on peut même se demander si les projets ne relèvent pas plutôt de la simple politique de communication.
éTUDE DE CAS 3 Buenos Aires peut-elle réduire durablement p. 178-183 ses inégalités croissantes ? Buenos Aires peut être considérée comme une ville des Suds comportant de nombreuses caractéristiques des villes de pays développés : les inégalités sociales et spatiales marquées coexistent avec un développement moderne hérité d’expériences urbanistiques et architecturales européennes, notamment pour le centre-ville. Cette position à l’interface des Suds et des Nords permet de relier les trois études de cas : on retrouve à Buenos Aires des formes urbaines déjà appréhendées lors de l’étude de cas sur Le Caire (habitat irrégulier, autoconstruction, bidonvilles), mais aussi lors de l’étude de cas sur Los Angeles (plan en damier, étalement urbain, gated communities). De la même façon, la question des transports à Buenos Aires peut être © Hachette Livre
« poches » d’habitat insalubre ou de squats dans ces espaces. Les périphéries sont marquées par les contrastes et les inégalités en termes d’habitat, de desserte, de services et équipements, mais ici aussi l’hétérogénéité socio-spatiale est la règle et des quartiers de composition sociale éloignée peuvent se côtoyer.
mise en perspective avec les cas précédents : délitement du système de transports en commun pourtant performant, progression du transport individuel et des infrastructures routières. Pour autant, la question du développement durable s’y pose de façon spécifique et cruciale du fait du site particulier qu’offre le delta : c’est en effet dans cet écosystème que les quartiers récents se développent et que les inégalités socio-spatiales se creusent.
2. Vers la fin des transports en commun ? p. 180-181
1. Comment évolue la surface urbanisée ? p. 178-179
● Présentation
● Présentation
des documents
Doc. 1, 2 et 5 Les trois documents permettent de visualiser l’étalement du bâti de Buenos Aires ainsi que sa densité et d’en comprendre la structure et l’organisation.
Doc. 3 et 4 Les photographies montrent que pour maîtriser l’étalement urbain, celui-ci doit être organisé selon une logique voulue par les autorités, c’est-à-dire une structure en damier qui limite au maximum les paysages anarchiques des villes du Sud quand des millions d’habitants construisent des bidonvilles. ● Réponses
aux questions
1. Autour d’un centre-ville dense et caractérisé par un plan en damier, la ville s’étend en doigts de gant le long des axes de transport, routiers et ferroviaires : l’absence d’obstacle majeur qu’offre la pampa fait de celle-ci un espace propice à l’urbanisation, ce qui est moins le cas des zones littorales, facilement inondables, qui seront urbanisées durablement plus tardivement (voir, par exemple, au sud-est du centre-ville). On remarquera également que l’extension est récente et s’est majoritairement constituée à partir de 1947. À la ville-centre, comportant à la fois des immeubles de grande hauteur et des quartiers péricentraux au bâti moins dense, se juxtaposent les périphéries associant les cités de logements sociaux de l’ère péroniste, les bidonvilles et quartiers informels. Ces espaces se distinguent nettement des quartiers aisés hérités des country-clubs. 2. La croissance démographique rapide entre 1975 et 2010 explique en grande partie la croissance spatiale. À l’échelle de l’Argentine, Buenos Aires est aussi une ville macrocéphale qui est toujours attractive. Le rapport entre les densités et l’extension urbaine montre que les espaces les plus excentrés sont très peu denses, hormis quelques « poches » plus denses qui correspondent à des quartiers très populaires auto-construits ou bidonvilles ou villas miserias. 3. Le paysage du centre-ville est mixte, composé de hauts immeubles parfois joyaux d’architecture des xviiie et xixe siècles (Buenos Aires est surnommée « le Petit Paris ») et de buildings modernes (voir le projet Puerto Madero p. 182), mais aussi de quartiers péri-centraux, autrefois populaires, souvent devenus du fait de la spéculation foncière et immobilière plus aisés ou touristiques : le quartier de La Boca, avec ses façades de tôles repeintes était ainsi un village de pêcheurs, populaire et mal famé, avant de devenir un haut-lieu du tourisme. En périphérie, la mixité laisse plutôt place à une dualité des formes bâties et des compositions sociales : les quartiers fermés aisés s’opposeraient ainsi aux espaces pauvres des bidonvilles. Ceci dit, il existe une gamme intermédiaire d’espaces, assez hétérogènes, constitués par les quartiers auto-construits, les barrios. Enfin, si les deux paysages urbains (centre-ville vs périphéries) se distinguent par leurs formes bâties et compositions sociales, parfois la proximité de ces formes (doc. 4) montre que la distinction n’est pas toujours évidente. 5. En effet, en dépit de la proximité évoquée ci-dessous, la fragmentation spatiale est assez nette : les quartiers forment des espaces relativement bien délimités (bâti différent, hauteur différente, équipements et services visiblement inégaux, etc.). La fragmentation spatiale est encore plus évidente dans les périphéries où se juxtaposent les gated communities et les autres types d’espace : se calque sur ces différenciations paysagères une fragmentation sociale de plus en plus marquée (voir la partie 3., p. 182-183) Bilan 1. La croissance spatiale est en effet partiellement maîtrisée dans le centre-ville et les quartiers péri-centraux, hormis pour des © Hachette Livre
des documents
Doc. 6 Cette carte met en avant l’inégalité des populations de Buenos Aires face à l’accès aux transports en commun : les réseaux de transport sont denses dans le centre-ville et relâchés en périphérie, alors que la population peut habiter à plus de 50 km du centre. Les bidonvilles sont tous installés à proximité d’un axe de transport en commun. Cette dernière constatation peut être un élément explicatif de l’abandon progressif de l’entretien des transports en commun et du désengagement de l’État à les promouvoir.
Doc. 8 La photographie du Train Blanc illustre ce phénomène. Les habitants pauvres des bidonvilles empruntant les trains sont considérés comme « indésirables », or ce sont ces personnes qui ont le moins la possibilité d’utiliser la voiture personnelle comme mode de transport.
Doc. 7, 9 et 10 Les documents attestent de l’essor de l’usage de la voiture lors des déplacements quotidiens. La diminution des transports publics (doc. 10) a pour objectif de maintenir les pauvres dans des îlots urbains de moins en moins accessibles et d’accentuer, de fait, la ségrégation socio-spatiale. ● Réponses
aux questions
1. Les transports collectifs les plus anciens et importants (en nombre de lignes et voyageurs transportés) sont les bus, que complétait efficacement le transport ferroviaire. Le métro reste insuffisant en terme de desserte pour une ville de la taille de Buenos Aires alors que l’automobile est de plus en plus importante tant en nombre de véhicules (accroissement du parc) qu’en infrastructures qui lui sont consacrées. On peut ajouter l’importance des deux roues (type moto) et la rareté du vélo. 2. L’essor de la voiture individuelle supplante (en termes d’investissements en infrastructures de transport, ou en entretien) les deux moyens « traditionnels » que sont les autobus et les trains. Ceci est à relier au désengagement de l’État et au fait qu’une partie des lignes ferrées n’est plus rentable. Le système original et performant de bus, mis en place depuis longtemps par de nombreuses petites sociétés privées qui fonctionnaient de façon complémentaire tend à devenir de plus en plus sélectif pour la desserte, ce qui exclut notamment les habitants des quartiers les plus éloignés et les plus pauvres (voir les articles en ligne d’A. Gutierrez). Enfin, la présence de l’automobile est de plus en plus évidente dans le paysage urbain : gigantesques échangeurs, autoroutes et périphériques intra-urbains, auto-ponts, etc. 3. et 4. La fermeture des lignes ferrées est catastrophique pour les habitants des quartiers périphériques qui n’ont pas de véhicule personnel, d’autant qu’il s’agit d’une population en pleine croissance démographique : « L’absence de transports publics est devenue l’expression spatiale de la pauvreté » (doc. 7). Prenons l’exemple des cartoneros et du Train Blanc : l’essor de cette communauté de chiffonniers-collecteurs-recycleurs est lié à la crise économique touchant l’Argentine dans les années 2000. Les cartoneros, de façon très organisée, ramassent les cartons et autres déchets recyclables (plastiques, canettes). Leur recyclage, plutôt performant, ou la revente à des entreprises rendent la collecte rentable pour une partie d’entre eux. Mais l’accès aux quartiers centraux est la condition indispensable à leur survie. Bilan 2. Du fait de la taille et de l’étalement urbain qui caractérisent Buenos Aires, la question des transports est complexe : sans véhicule particulier, certains quartiers sont quasiment inaccessibles et parfois les chauffeurs de taxi refusent de desservir des espaces qu’ils considèrent comme dangereux. La maîtrise des transports collectifs permet aussi de réguler les circulations, voire de refuser l’entrée en ville de populations jugées indésirables comme les cartoneros du Train Blanc. Chapitre 5 ● Villes et développement durable 51
Si la construction de nouvelles lignes de métro ne semble pas être à l’ordre du jour, la réhabilitation d’anciennes voies ferrées et le soutien au secteur privé des autobus, auparavant performant, pourraient constituer des options possibles et positives dans le domaine des transports.
3. Quand la ville se ferme : un frein à la ville équitable ? ● Présentation
p. 182-183
des documents
Doc. 1
La carte met en exergue l’augmentation des disparités socio-spatiales. On perçoit clairement un centre-ville sur le littoral occupé par des populations à haut niveau de vie et en périphérie des quartiers fermés uniquement destinés aux riches. Entre les deux, s’étalent les habitations pauvres traversées par des autoroutes qui relient les quartiers aisés du centre aux gated communities.
Doc. 12 et 14
Les photographies illustrent ces enclaves protégées réservées aux populations aisées.
Doc. 11 et 15
Satisfaire et pourvoir aux demandes et besoins des plus riches nécessitent des infrastructures d’envergure comme en témoigne l’aménagement du delta pour les clubs nautiques, les restaurants, universités qui n’intègrent pas une gestion durable de l’environnement. ● Réponses
aux questions
1. La carte montre assez nettement la fragmentation socio-spatiale de la ville : le centre-ville, très peu mixte (contrairement au Caire, par exemple), est l’espace des catégories aisées et de la classe moyenne-supérieure qui a encore les moyens de résider dans les quartiers péri-centraux en cours de gentrification. S’il reste quelques « poches » résiduelles d’habitat populaire dans ces quartiers, il apparaît que progressivement leurs habitants sont repoussés vers les quartiers plus périphériques (par exemple, La Boca, quartier très touristique, comporte encore une petite zone d’habitat pauvre). Le quartier central de Palermo, anciennement habité par la petite classe moyenne et constitué de maisons ou petits immeubles, est en cours de gentrification : ses maisons, de style colonial, et sa position centrale sont fort prisées par un type de commerces et de restauration plutôt luxueux, se voulant branchés et destinés à une clientèle nécessairement aisée. Dans les périphéries, les enclaves résidentielles montrent également la fragmentation socio-spatiale, d’autant que ces quartiers sont parfois séparés par de larges autoroutes, bras d’eau, etc. 2. À partir de 1999, Nordelta s’est édifié sur les terres marécageuses du Tigre et a nécessité de gros travaux d’aménagement du site en remblaiements, lacs artificiels, infrastructures routières auxquels se sont ajoutés la construction des villas et des services et équipements collectifs (université, mall, grand hôtel, clubs, etc.). Il s’agit de quartiers fermés de type gated communities dont les entrées sont contrôlées (barrières à l’entrée des quartiers) et ici clairement réservés à une population très aisée qui, s’excluant volontairement, aspire à l’entresoi social et à la sécurité – d’autres quartiers fermés ou semi-fermés étant destinés à la classe moyenne. 3. Les projets urbains de type Nordelta sont très consommateurs d’espaces naturels : peu denses, coûteux en énergie, ils bouleversent totalement les écosystèmes du delta. Quant aux problèmes sociaux, V. Riwilis écrit dans sa thèse : « une ville privée de riches, localisée dans la périphérie défavorisée de Buenos Aires (municipalité de Tigre), illustre avec acuité de nouvelles formes de ségrégation urbaine en raison d’un accès extrêmement différencié aux services publics et aux équipements urbains. Les résultats montrent que l‘implantation de Nordelta a contribué à augmenter sensiblement les ressources locales (par les taxes foncières ou sur les revenus). Toutefois, la redistribution de cette richesse sociale à travers l’amélioration de l’accessibilité aux ressources de la ville est moins évidente. » (V. Riwilis, « Chronique d’une ségrégation annoncée, Le cas de Nordelta, une ville privée dans la municipalité de Tigre, Buenos Aires », www.ucs.inrs.ca/Theses/RiwilisVivianaPhD2010.pdf ). 4. Les projets durables de Buenos Aires sont réduits au parc de Puerto Madero, réserve écologique de 400 ha, ouvrant sur le Río de la Plata. 52
Ce vaste parc est un lieu public prisé et fort fréquenté par les citadins. Dans le centre-ville, le zoo et jardin botanique ainsi que de nombreux squares offrent des écrins de verdure plus réduits et de proximité aux habitants. Les politiques urbaines à l’horizon 2050 restent assez floues quant aux préoccupations environnementales : un appel à idées est initié (voir doc. 13), mais on ne peut dire qu’une ligne conductrice forte, émanant des pouvoirs publics étatiques ou municipaux, sur la ville durable. Bilan 3. Ici, le parallèle avec la croissance urbaine récente au Caire peut être établi. Ce que l’on peut observer dans ces deux capitales, c’est le désengagement du secteur public dans les domaines du logement et des transports collectifs et la part de plus en plus grande qu’occupe en matière de croissance urbaine la promotion immobilière privée. Dans un contexte de crise économique et financière qui doit être pris en compte, seul le secteur privé, ou les groupes de type Nordelta, semblent à même de produire l’urbain et les destinataires de leurs projets sont majoritairement les classes aisées et moyennes supérieures.
PLANISPHÈRE 1 Un monde de plus en plus urbain
p. 184-185
Faire un bilan Le Caire, Los Angeles et Buenos Aires sont trois très grandes villes de 13, 16 et 18 millions d’habitants. Leur croissance s’est faite pour l’essentiel depuis les années 1900, sur un rythme très élevé. Aujourd’hui, la croissance s’est ralentie en particulier à Los Angeles et à Buenos Aires, mais elle se poursuit encore assez fortement au Caire. La croissance de Buenos Aires sera assez faible dans l’avenir, celle de Los Angeles est un peu plus forte. Le Caire par contre fait partie de ces énormes villes en train d’émerger.
Comparer et changer d’échelle D’autres villes de cette taille existent ailleurs sur la planète comme São Paulo, Mexico, Moscou ou Istanbul. Il en existe même de beaucoup plus grandes encore comme Tokyo (37 millions d’habitants), New York (20 millions d’habitants). Les villes d’Europe et du Japon ont une croissance relativement faible. Istanbul, Bogotá ou des villes des États-Unis comme Washington ont une croissance plus importante. Les villes du Sud qui devraient avoir une forte croissance dans les années à venir se trouvent en Afrique ou en Inde. C’est surtout l’Asie qui concentre ces grandes villes, en particulier l’Inde et la Chine qui, à elles seules, en comptent 25 de plus de 5 millions d’habitants. L’Europe et l’Afrique sont beaucoup moins représentées avec seulement 14 villes pour l’Afrique et 6 pour l’Europe. Les Amériques comptent également de nombreuses grandes villes compte tenu de leur population assez limitée (22 dont plus de la moitié pour les seuls États-Unis). Enfin, ce sont surtout les villes du Sud, en particulier africaine, qui devraient le plus croître dans les années à venir (Kinshasa, Luanda, Nairobi), mais aussi certaines villes chinoises (Shenzhen) ou indiennes (Delhi).
Passer au cours Quelles sont les régions du monde les plus urbanisées actuellement ? Correspondent-elles à celles comportant le plus de villes multimillionnaires ? Où se localisent les aires urbaines qui vont le plus s’accroître d’ici 2030 ? Quels types de population vont venir grossir ces zones urbaines ? Avec quelles conséquences sur leur organisation ?
PLANISPHÈRE 2 Les transports urbains dans le monde
p. 186-187
Faire un bilan Au Caire dominent les transports collectifs : minibus privés et bus publics, ainsi que les transports à vélo et en motocyclette. La voiture particulière est encore peu présente dans cette société relativement pauvre. Cependant, l’automobile a tendance à se développer et surtout la mauvaise qualité du parc automobile et de bus ainsi que la faiblesse du réseau routier provoquent congestion et pollution très © Hachette Livre
fortes. Les habitants sont donc très dépendants des services de minibus privés souvent plus efficaces que les bus publics. À Los Angeles, la voiture domine sans partage, les autres moyens de transport sont quasiment inexistants. De plus, la voiture est dans cette société associée à la liberté et à un mode de vie (drive-in culture) extrêmement valorisé. La ville est donc tout entière organisée pour et par la voiture. En conséquence, la pollution est forte et la congestion des autoroutes, pourtant très nombreuses, constante. À Buenos Aires, la voiture est en train de s’imposer comme le mode de transport dominant et les transports publics collectifs disparaissent progressivement. Cela a des conséquences graves sur les populations modestes qui, rejetées en périphérie, ont de plus en plus de difficultés à rejoindre le centre-ville. Elles se retrouvent donc comme piégées loin des lieux où se concentrent richesse et emplois.
Comparer et changer d’échelle La situation de ces villes est loin d’être unique. Ainsi Los Angeles est comparable à New York en termes de densité. De même, Buenos Aires est très comparable aux villes voisines (São Paulo ou Rio). Même chose pour Le Caire dont les fortes densités se retrouvent à Lagos ou Shanghai. La pollution très forte de cette ville existe également à Pékin, Delhi ou Bombay. À une autre échelle, on voit apparaître différents modèles urbains en matière de transport : le modèle américain avec une très forte dépendance automobile qui a tendance à s’étendre vers le Sud et les villes riches d’Asie. Le modèle européen où les mobilités sont plus diverses et moins tributaires de l’automobile et enfin un modèle que l’on retrouve dans toutes les villes pauvres du Sud où le trafic est saturé et la pollution très forte (Chine, Afrique). Là, les transports non motorisés sont encore très répandus, mais comme au Caire, la mauvaise qualité des infrastructures et des véhicules circulant provoquent congestion et pollution massive.
Passer au cours Quels modes de déplacement urbain se sont imposés dans les pays du Nord ? Pourquoi ? Quelles conséquences cela peut avoir sur la qualité de vie ? Quelles sont les solutions alternatives mises en place en Europe ? Quels sont les territoires où le trafic est saturé ? Quels modes de déplacements urbains dominent dans ces pays ? Quels liens faites-vous entre étalement urbain et dépendance automobile ?
PLANISPHÈRE 3 Vers des villes durables ?
p. 188-189
Faire un bilan Au Caire, les politiques urbaines visent à développer des villes nouvelles en périphérie et à contrôler l’urbanisation dans la vallée du Nil. L’État cherche aussi à aménager de nouvelles infrastructures routières, mais les réseaux de transport publics restent déficients. Enfin, il privilégie le recours au secteur privé pour le ramassage des ordures ou certains projets immobiliers. Il n’y a pas vraiment de politique de développement durable. À Los Angeles, l’autorité métropolitaine souhaite développer une politique du transport plus écologique et favoriser les énergies renouvelables. Elle communique sur une ville plus verte, où piétons et cyclistes auraient leur place d’ici 2030, mais la réalité de la ville reste celle d’une ville automobile extrêmement fragmentée où l’étalement se poursuit de plus en plus loin vers le désert à l’Est et vers le Nord-Ouest. À Buenos Aires également, une réflexion sur la ville durable est engagée à l’horizon 2050, mais la politique en matière de transport va plutôt dans le sens du tout automobile, tandis que la fragmentation s’accroît et que la côte nord est de plus en plus bétonnée. Là également, le développement durable s’inscrit dans une politique de communication.
Comparer et changer d’échelle On peut retrouver des situations comparables dans de très nombreuses villes. Ainsi, Los Angeles a diffusé son modèle de gated community vers Buenos Aires, les villes du Proche-Orient ou Jakarta. Les bidonvilles du Caire se retrouvent partout dans les grandes agglomérations © Hachette Livre
d’Afrique et d’Amérique. À Bogota, ils atteignent des tailles considérables (4 millions d’habitants). Si l’on change d’échelle, on peut voir des villes marquées par de très fortes inégalités dans tout le Sud, et en particulier en Afrique. Les bidonvilles sont un phénomène récurrent (Mike Davis parle de « bidonvillisation » du monde). Seule l’Europe semble véritablement s’orienter vers une ville durable à travers la multiplication des villes appartenant au réseau de la charte d’Aalborg et surtout aux réalisations d’écoquartiers comme Vauban à Fribourg ou Bedzed à Londres. C’est la Scandinavie et l’Europe du Nord-Ouest qui constituent le cœur de ce modèle.
Passer au cours Quels sont les territoires où plus de 50 % des populations urbaines vivent dans des bidonvilles ? Où se développent les gated communities ? Dans quels pays développe-t-on des villes durables ? Vers où se diffuse ce modèle ? Dans quelles régions du monde est-il inexistant ?
COURS 1 De la ville à l’urbain ● Présentation
p. 190-191
des documents
Doc. 1 La carte montre l’extension de la surface urbaine depuis la fin du xixe siècle à São Paulo, la grande métropole sud-américaine en 2008. La source est l’autorité métropolitaine de planification de l’urbanisation. On peut voir une urbanisation qui s’est effectuée d’abord à partir du centre jusque dans les années 1960 en continu, puis à partir des années 1970 et surtout 1980 qui est devenue plus diffuse et beaucoup plus éloignée du centre. Ainsi, une bonne partie de l’urbanisation actuelle se fait en dehors des limites de la municipalité le long des axes de communication.
Doc. 3
Le tableau de statistiques proposé par l’ONU en 2010 montre la population des grandes agglomérations aujourd’hui et ce qu’elle devrait être en 2010. On voit qu’il y a 21 villes de plus 10 millions d’habitants dont 6 seulement au nord en 2010 (Tokyo, New York, Moscou, Paris, Los Angeles, Osaka). Il devrait y en avoir une trentaine dans 15 ans et pour l’essentiel des villes du Sud. Certaines de ces villes connaîtront d’ailleurs une croissance spectaculaire : Delhi, Dhaka et d’autres apparaîtront dans le classement comme Kinshasa, Shenzhen ou Chongqin. Ce sont en particulier des villes d’Afrique, de Chine et d’Inde. ● Proposition
d’activité pédagogique
Comment évolue l’urbanisation du monde depuis les années 1950 ? Quelles sont les caractéristiques de l’étalement urbain de São Paulo ? Comptez les villes du Nord et du Sud dans le tableau. Quelles sont les villes qui apparaissent dans le classement en 2050 ?
COURS 2 Des contrastes urbains croissants ● Présentation
p. 192-193
des documents
Doc. 1 La photographie aérienne montre la fragmentation socio-spatiale dans la mégapole de São Paulo. Sur la droite de l’image, on peut voir une partie de la résidence de Morumbi. C’est un immeuble de type condominium fechado avec son jardin, ses cours de tennis et sa piscine. Les appartements probablement de grande taille comportent tous une terrasse avec jacuzzi qui donne sur le jardin. Enfin, la résidence est séparée de la favela en contre-bas, par un mur et un bouquet d’arbres. Cette favela de Paraisopolis est sans doute assez ancienne, puisqu’une bonne partie des bâtiments sont en dur et qu’on y voit même des véhicules stationnés dans des garages. Cela montre une certaine diversité sociale dans ce quartier pourtant modeste. D’autre part, il y a un réseau d’électricité comme le montrent les poteaux sur l’axe principal qui longe le mur de l’immeuble. On voit aussi le long de ce mur de petites baraques qui sont sans doute des commerces inforChapitre 5 ● Villes et développement durable 53
mels. L’architecture et le paysage de ce quartier sont typiques d’une urbanisation illégale et spontanée : pas de plan apparent, impression d’entassement, construction de faible qualité, absence de voirie. Enfin, c’est la juxtaposition de ces deux mondes qui est le plus frappant, dans une ville connue pour sa violence et ses grandes inégalités sociales. ● Proposition
d’activité pédagogique
Comment sont répartis riches et pauvres dans les villes de Nairobi et New York ? Quelle est la proportion des types de quartiers dans les deux villes ? Montrer les contrastes entre les deux quartiers de São Paulo ? Quelle est la situation du logement dans la ville de Calcutta ?
COURS 3 Des mobilités croissantes ● Présentation
p. 194-195
des documents
Repère A
Le document mesure le rapport entre l’étalement urbain et la consommation d’énergie dans quelques villes du monde. Trois ensembles apparaissent : – Le premier est constitué des villes nord-américaines et de Sydney. Très peu denses, elles sont les villes où la consommation d’énergie est la plus forte, en particulier dans les villes de l’ouest des États-Unis (Houston, Los Angeles). On notera que New York, pourtant moins dense que Los Angeles, est situé plus bas en terme de consommation d’énergie par habitant, ce qui s’explique par la présence d’un véritable réseau de transport public (métro, bus). – En situation intermédiaire se trouve le deuxième ensemble constitué par les villes d’Europe. Elles ne dépassent pas une consommation par habitant de 25 000 MJ/an, malgré des densités assez variables et parfois proches de celles des villes américaines (Stockholm). Cela s’explique par la taille bien plus réduite de ces villes et l’existence de très bons réseaux de transport collectifs. Ainsi, Copenhague aux densités pourtant assez faibles (30 hab./ha) consomme moins de 20 000 kJ grâce à une politique qui favorise les transports doux (doc. 2). – Enfin, le dernier ensemble est celui des villes asiatiques très denses et peu énergivores (Tokyo, Singapour). Il y a donc une corrélation nette entre densité et consommation d’énergie, mais d’autres facteurs, socio-culturels, tailles des villes, entrent également en ligne de compte. ● Proposition
d’activité pédagogique
Montrer qu’il y a un lien entre densité et consommation d’énergie, mais que d’autres facteurs peuvent aussi jouer un rôle. Quels types de transport semblent dominer à Lagos ? Pourquoi ?
COURS 4 Aménager la ville durable : une utopie ? p. 196-197 ● Présentation
Doc. 1
des documents
La carte de l’Europe montre le niveau d’implication des différents États dans le développement de villes durables. Construite à partir des travaux d’Y. Veyret et P. Arnoult publiés en 2008, elle montre une grande diversité d’implication des différents États européens. Tout d’abord, l’Union européenne à elle seule comprend 81 % des agendas 21 mis en place dans le monde. C’est donc l’espace pionnier pour un développement urbain durable. Si c’est l’Europe du Sud qui semble dominer en nombre de collectivités adhérentes à la charte d’Aalborg (plus de 2 000 pour les seules Italie et Espagne), ce sont en réalité les États du Nord de l’Europe qui sont à la tête du mouvement. Ainsi, c’est en Suède, en Allemagne, au Danemark, en Finlande, en Suisse, Autriche et Pays-Bas que l’on trouve les écoquartiers manifestes comme le célèbre écoquartier Vauban de Fribourg-en-Brisgau. C’est là aussi que sont les projets les plus nombreux. Enfin, seules quatre villes peuvent se targuer d’avoir réussi à diminuer leurs émissions de CO2 : Växjö, Fribourg, Stockholm et Güssing. Le mouvement fait pourtant tache d’huile puisque des projets existent en France (Grenoble) et en Angleterre (Bedzed). 54
● Proposition
d’activité pédagogique
Quel est le poids de l’Europe dans la réflexion sur le développement urbain durable ? Quels sont les États leaders dans ce domaine ?
MéTHODE 1 Analyser une carte topographique
p. 198-199
Sujet : Les problèmes d’une ville du Sud, Phnom Penh (Cambodge) Situer La carte est au 1/100 000 soit 1 cm sur la carte représente 1 km en réalité. Ici, la reproduction est au 1/140 000 soit 1 cm pour 1,4 km (manuel petit format) ou au 1/70 000 soit 1 cm pour 1,7 km (manuel grand format). Analyser le site • Il s’agit d’un site de confluence dans une plaine inondable. La ville est située sur la rive droite du fleuve Mékong sur environ 4 km, mais sur le bras de l’affluent. La confluence forme une assez longue péninsule de terre qui sépare ainsi Phnom Penh du cours principal du Mékong, très large à cet endroit-ci (2,5 à 3 km). Mais les limites entre le fleuve et la terre sont floues : une multitude de lacs dont certains assez grands, de marécages et surtout de rizières occupent l’espace, en particulier sur la rive gauche du fleuve peu peuplée et au sud de la ville. • Les contraintes sont liées au fleuve et au site inondable (nécessité de protéger les terres par des digues, difficultés d’aménagement liées à la nature des sols), mais aussi à la concurrence entre riches espaces agricoles (vergers, rizières, maraîchages) et espace urbain. Mesurer l’étalement urbain • Deux signes sont utilisés pour l’espace bâti pour différencier les espaces urbains très denses et bâtis en continu, des zones de villages ou de quartiers en cours d’urbanisation sur l’espace de contacts ville-campagne, moins dense. • D’est en ouest, la ville s’étire sur 5 km et presque 7 km du nord au sud. • L’agglomération s’étend donc principalement le long du fleuve dans le sens nord-sud. Repérer les infrastructures de transport • Le réseau routier joue un rôle important. Il guide et oriente l’urbanisation selon des axes principalement orientés nord-sud. Il y a deux grands axes parallèles au fleuve qui se rejoignent au nord et au sud à partir desquels rayonne vers l’ouest 3 ou 4 grandes routes goudronnées. Ces axes en fait se prolongent et guident le peuplement le long des rives. • La ville manque totalement d’autoroutes et les routes goudronnées sont peu nombreuses (à part au cœur de la ville). • Ces axes sont tous situés en rive droite du fleuve, l’autre rive étant plus faiblement peuplée, mais pas vide (nombreux villages-vergers et champs cultivés). Le fleuve est très large à cet endroit-là et constitue un obstacle majeur à l’urbanisation de cette rive. • Le réseau ferré est limité à sa plus simple expression : une gare centrale et un axe unique nord-sud. Conclure • Installée dans un site contraignant (risques d’inondation, présence de l’eau, espaces agricoles, marécages, mangroves), la ville s’étend dans une direction plutôt nord-sud, même si quelques axes transversaux goudronnés guident également l’urbanisation vers l’ouest. • Sa compacité et sa densité sont également dues à sa pauvreté puisque 79 % des urbains vivent dans un bidonville au Cambodge. • Cela explique également la faiblesse des infrastructures de transport (pas d’autoroutes), puisque peu de personnes disposent d’une voiture particulière (voir planisphère 2 p. 186-187). Cependant, comme les axes goudronnés sont très peu nombreux, ils sont fortement saturés par le trafic des véhicules publics et privés (de plus en plus). Le train n’est guère une alternative puisque cette ville d’1,5 million d’habitants ne dispose que d’une petite gare et d’une seule ligne.
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Sujet : L’étalement d’une ville du Nord, Berlin (Allemagne)
Décrypter
1. Situer • La carte est au 1/100 000 (reproduite ici au 1/170 000). • Il s’agit d’un extrait de l’agglomération. 2. Décrypter A. Analyser le site Les forêts, parcs, jardins familiaux, et au total plus de 2 500 espaces verts publics et zones de récréation font de Berlin une ville verte. B. Mesurer l’étalement urbain • Le centre de l’agglomération de Berlin a une forme circulaire autour d’un cours d’eau. Les axes routiers partent en étoile de cet espace. 11 cm sur la carte séparent le centre de la limite la plus éloignée de l’agglomération soit 18,7 km dans la réalité. • L’agglomération ne s’étend pas de la même façon dans toutes les directions, elle suit les grands axes routiers et autoroutiers. • L’aéroport de Berlin-Tempelhof se trouve aujourd’hui en plein centre de Berlin, mais à l’origine il devait être en périphérie, l’extension des banlieues l’inclut maintenant dans la continuité du bâti. • La diminution de la densité du bâti à mesure que l’on s’éloigne du centre-ville est perceptible grâce à la multiplication des forêts, bois, jardins, prairies qui remplissent les interstices non construits en périphérie. C. Repérer les infrastructures de transport • Les deux principaux moyens de transport utilisés à Berlin sont la voiture et le train. • Le réseau ferré part du centre-ville et dessert les banlieues de l’agglomération. • On peut dire que l’agglomération de Berlin a une croissance en doigts de gant, car l’étalement urbain se fait le long des axes de transport pour faciliter les migrations pendulaires des travailleurs. 3. Conclure À partir du centre historique de Berlin, s’est développée l’agglomération qui s’étend maintenant sur un rayon de plus de 20 km. Les Berlinois ont densifié le bâti le long des axes ferroviaires, routiers et autoroutiers, ce qui leur permet de se rendre rapidement sur leur lieu de travail, dans les zones commerciales ou dans les espaces de loisirs. Parmi ces derniers, on trouve de nombreux espaces verts, des bois et forêts en périphérie de la ville, des parcs et jardins insérés entre les quartiers.
MéTHODE 2 Analyser la publication d’une association
p. 200
Sujet : L’agenda 21, un outil local de développement durable Présenter • Le document est un guide d’information publié en août 2008 par le Comité 21, une association des principaux acteurs, surtout institutionnels, du développement durable. La couverture se compose d’une illustration sur les deux tiers de la page et d’un titre : « Agir ensemble pour des territoires durables ou comment réussir son agenda 21. » • L’agenda 21 fixe au début des années 1990 les principaux objectifs du développement durable au xxie siècle. Les villes peuvent y adhérer depuis la conférence d’Aalborg qui s’est tenue en 1994, pour définir la notion de ville durable. Ce guide est donc destiné aux décideurs locaux, acteurs institutionnels et privés qui souhaiteraient s’orienter vers un développement durable (écovilles, écoquartiers). • L’illustration présente ce que pourrait être cette écoville dans un avenir proche : une ville verte où les gens se déplacent à pied et en vélo. Cette ville est pour le moment imaginaire, l’illustration en fait en quelque sorte la promotion, montre un objectif à atteindre.
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Énergie
Installation d’éoliennes Panneaux solaires
Déchets
Action 3 : collecte sélective des déchets, le conteneur jaune a disparu
Mixité sociale
Immeubles et maisons sont mélangés dans les quartiers
Pollution
Tramways, vélos et piétons sont privilégiés en ville Action 4 : pédibus Agriculture raisonnée ou bio
Transport
Action 2 : parc à vélos à proximité du tramway
« Nature en ville »
Espaces verts en ville : parcs et jardins
Loisirs
Vélo, promenade, aires de jeux
Relation villecampagne
Produits de la campagne vendus en ville
Démocratie
Action 1 : les citoyens sont consultés et mobilisés
Pilier environnement Pilier social Pilier économie
Le pilier environnement est celui sur lequel l’attention s’est essentiellement portée puisqu’il intègre des enjeux chers aux populations comme la protection de l’environnement, l’amélioration du bien-être, la préservation des ressources. Analyser • L’image donne de la ville une vision quasi paradisiaque : une ville saine, sans conflit, sans inégalités, intégrée harmonieusement dans son environnement. • Mais les actions environnementales ne suffisent pas à instaurer une ville durable, c’est pourquoi l’image montre aussi en son centre le pilier démocratie, puisque l’on voit le maire entouré des citoyens débattant directement dans la rue. Ce type de gouvernance favorisant les acteurs locaux et la démocratie directe est un des piliers majeurs de la ville durable, mais il est surtout aujourd’hui de l’ordre du rêve, car les municipalités ne fonctionnent pas comme cela. • D’autre part, cette illustration peut être utilisée par les municipalités comme des outils de propagande pour capter l’air du temps sans rien changer fondamentalement des systèmes d’administration locaux (voir les budgets participatifs dans de nombreuses villes de France ou les conseils de quartiers). Rédiger une synthèse L’agenda 21 local doit permettre un développement équitable et durable dans le futur. Pour y parvenir, les acteurs locaux doivent diagnostiquer les problèmes et élaborer des programmes d’actions sur plusieurs années. La mise en place de tramways, le développement des transports en commun, la multiplication des parcs à vélos et la collecte sélective des déchets sont en passe de devenir largement répandus en France. Ce qui est, en soi, déjà un progrès et la preuve de la prise de conscience de la part de citadins et des élus locaux de la nécessité de préserver leur environnement. Toutefois, il apparaît que le « pilier environnement » soit le seul à être vraiment compris ou du moins le seul à réellement canaliser les efforts des autorités et des particuliers. En effet, le pilier social, qui rappelons-le, doit servir à améliorer le sort des populations en réduisant par exemple la pauvreté n’est pas au cœur des programmes électoraux (contrairement à la mise en place de tramway). Le pilier économie qui implique la modification des modes de production et de consommation afin que la croissance économique ne se fasse pas au détriment de l’environnement et du social a du mal à trouver sa place dans les actions des collectivités territoriales.
Chapitre 5 ● Villes et développement durable 55
MéTHODE 3 - Croquis de synthèse Construire le croquis
p. 201
Sujet : Le développement durable du Caire est-il une utopie ? Analyser le sujet Le développement durable nécessite, dans ses principes fondateurs de réduire les inégalités entre espaces et groupes qui y vivent pour atteindre, à terme, un objectif de solidarité (voir cours 4, p. 196). Le Caire, ville du Sud, héberge un grand nombre d’habitants vivant en dessous du seuil minimum de pauvreté dans des logements précaires qui s’apparentent à des bidonvilles, même s’ils sont majoritairement construits en dur avec des matériaux basiques. Le développement durable implique donc de réduire considérablement la pauvreté dans une ville marquée par de profondes inégalités sociales. Élaborer le plan de la légende Thème 1 : le plan et le croquis doivent faire ressortir la dualité entre espaces formels (centre-ville, extensions périphériques de type villes
nouvelles) et informels (hachures du croquis). Il est possible de reprendre, en les simplifiant, les grandes étapes de l’évolution de la ville proposées dans le doc. 1 de la page 166. Thème 2 : associer les grandes catégories d’espace et les compositions sociales. Si la ville-mère se caractérise par sa mixité sociale, les villes nouvelles et new settlements du désert sont majoritairement réservés aux classes moyennes et supérieures (gated communities) situés au niveau des nouveaux pôles commerciaux et d’affaires (carte du doc. 11, p. 170) qui sont accessibles en voiture ou minibus du secteur privé (« transports privés abondants », infrastructures telles que la Ring Road). Les quartiers périphériques de l’agglomération continue sont desservis par des lignes de bus vétustes et bondés, voire inaccessibles pour les quartiers les plus pauvres (par exemple, ceux de la falaise du Muqattam). Thème 3 : ce thème fait référence aux projets d’aménagement passés et futurs et il faut y distinguer les politiques publiques d’extension dans le désert (villes nouvelles) afin de dédensifier la ville-mère, de l’essor des quartiers privés, peu denses et réservés à une clientèle moyenne-supérieure ou supérieure. Les projets d’extension des transports publics en cours ou à venir peuvent également faire l’objet d’une différenciation.
Classer les informations à cartographier et choisir les figurés Partie 1 : l’organisation actuelle de la ville, un espace dual Figurés de surface
Quartiers résidentiels Urbanisation illégale Terres agricoles Désert
Figurés ponctuels
Villes nouvelles
Partie 2 : vers une ségrégation socio-spatiale ?
E xtension urbaine désordonnée
★ ★ ★
★
Axes de communication
Extension urbaine programmée
★
Transports collectifs publics
déficients ★
T ransports collectifs publics abondants Figurés linéaires
Partie 3 : des grands projets
★ ★ ★ publics Transports collectifs déficients
★ ★
Projet Grand Caire Protection de l’environnement
P rojet d’extension du réseau des transports publics
T ransports collectifs publics abondants
56
© Hachette Livre
Réaliser le croquis
Le Caire : des inégalités à la ville durable ?
★ N
0
10
20 km
1. L’organisation actuelle de la ville : un espace dual
2. Vers une ségrégation sociospatiale ?
L’espace informel :
transports collectifs publics déficients
Un espace formel : le bâti légal
new settlements réservés aux classes moyennes et gated communities réservées aux classes supérieures
centre-ville et extensions périphériques villes nouvelles
nouveaux pôles commerciaux et d'affaires transports collectifs publics abondants (Ring Road)
axes de communication terres agricoles désert
MÉTHODE 4 - Étude d’un dossier de documents p. 202-203
Sujet : Le quartier Vauban à Fribourg-en-Brisgau (Allemagne), un modèle pour une ville durable ? Questions : 1. Les modes de transport alternatifs sont favorisés par l’absence ou la réduction de routes pour les voitures, la multiplication des rues piétonnes, la diminution des places de parking. L’automobile individuelle est remplacée par la marche, l’utilisation du tramway le « car-sharing ». 2. L’électricité vient de panneaux solaires sur les toits, ce qui en fait un mode durable de production. 3. La photographie 4 montre que l’automobile est remplacée par le tramway, ce que confirme le document 2 : l’objectif du quartier, c’est « zéro voiture » par la réduction des espaces destinés à l’usage de l’automobile. © Hachette Livre
extension urbaine programmée projet grand Caire
extension urbaine désordonnée
urbanisation illégale
Rédiger une réponse organisée
3. De grands projets
★
protection de l’environnement
Projet d’extension du réseau des transports publics ligne de métro ligne de supertram
4. On remarque que les habitants du quartier utilisent le tramway. Le document 2 nous informe que les rues ouvertes à tout véhicule se trouvent en périphérie du quartier et qu’en son sein, on a privilégié les zones piétonnes et les pistes cyclables. Les habitants du quartier Vauban ont dû modifier leur rapport à l’automobile du fait de la diminution du nombre d’espaces où celle-ci est autorisée. Ils choisissent ainsi de s’en dispenser totalement ou de louer des voitures en libre service s’ils en ont véritablement besoin. La proximité des lieux de travail et des activités commerciales doit leur faciliter cet « abandon ». Toutefois le document 5 montre quelques failles à ce système : habiter un écoquartier nécessite de faire des concessions, or certains les oublient et se garent à proximité de leur domicile sans autorisation. 5. Techniquement, il est possible de mettre en place une ville durable mais pour qu’elle soit vraiment écologique, les habitants doivent fournir des efforts, or le document 5 montre qu’au quotidien, cela peut être difficile. D’autre part, il faut des entreprises et des commerces de proximité pour répondre aux besoins des « éco-habitants ». Chapitre 5 ● Villes et développement durable 57
À vous maintenant ! 1. Analyser le sujet • L’espace concerné est le quartier Vauban à Fribourg-en-Brisgau en Allemagne. • Ville durable : ville appliquant les objectifs du développement durable, c’est-à-dire viable économiquement, équitable socialement et respectueuse de l’environnement. 2. Structurer les réponses A. Relever au brouillon les informations répondant au sujet • Le quartier s’efforce de limiter son empreinte écologique : il y a moins de voitures, des panneaux solaires, des commerces de proximité, des transports en commun développés (tramway) et une multiplication des espaces verts. • Le grand objectif qui organise l’espace du quartier est la disparition de l’automobile. • Les contraintes que cela pose aux habitants du quartiers sont : un accès plus difficile aux commerces, aux lieux de loisirs et de travail. • Pour compenser les contraintes, on multiplie les arrêts de bus et de tramways. • La voiture permet une liberté que ne donnent pas les transports en commun, du coup il faut radicalement changer de mode de vie pour se passer définitivement de l’automobile. B. Rédiger la réponse à la question Le quartier Vauban à Fribourg-en-Brisgau en Allemagne est un modèle de « quartier durable ». On a réduit le nombre de voitures privées dans le quartier, notamment en favorisant la construction d’habitations sans places de stationnement ou en les remplaçant par des garages collectifs au bord du quartier. On favorise les économies d’énergies par des constructions bioclimatiques et l’utilisation des énergies renouvelables (panneaux solaires sur les toits). Vauban est aussi un quartier où les habitants peuvent facilement aller à pied pour rejoindre les magasins, jardins d’enfants, écoles, services divers, arrêts de tramway... Toutefois, se déplacer à pied sur de courtes distances peut être agréable mais pour un habitant du quartier cela peut apparaître comme contraignant s’il veut se rendre dans des commerces lointains, travailler en dehors de la ville, s’il a plusieurs enfants en bas âge… Du coup, des incivilités liées à la mobilité sont épisodiquement relevées. Les nouveaux arrivants du quartier peuvent ne pas avoir réellement mesuré le sacrifice qu’on leur demande et s’octroient quelques manquements aux règlements, notamment en ce qui concerne le stationnement.
PROLONGEMENT Passerelle SVT
p. 205
Quel est l’impact de la croissance urbaine sur l’environnement ? ● Présentation
En France, 75 % de la population est urbaine et l’artificialisation des sols est quatre fois plus rapide que la démographie. Un sol est un milieu particulier qui est méconnu. Un sol est constitué d’éléments minéraux mais aussi de matière organique, d’une microfaune et une microflore (champignons, bactéries, lombrics, insectes,…). Ce monde est en équilibre fragile et le recouvrement d’un sol par des structures artificielles modifie celui-ci. Les zones industrielles et commerciales en développement sont de grandes consommatrices de sols « neufs ». ● Réponses
aux questions
1. La part du territoire français artificialisé en 2008 : environ 5 % des sols sont artificialisés et 60 % sont utilisés pour l’agriculture. 2. Un sol imperméabilisé est recouvert en permanence par des structures artificielles empêchant l’infiltration de l’eau dans le sol. L’illustration la plus parlante est représentée par les situations de fortes précipitations : les sols artificiels sont très rapidement débarrassés des eaux tombées et celles-ci se retrouvent très vite dans les réseaux souterrains 58
mais aussi les cours d’eaux qui peuvent alors déborder. Par comparaison, des sols agricoles ou forestiers peuvent très bien être inondés temporairement puis assimiler les eaux (rôle de réservoir tampon).
B2i
Une visite virtuelle du quartier Vauban à Fribourg-en-Brisgau ● Réponses
p. 205
aux questions
1. L’auteur du site Internet est la fondation Braillard Architectes, une association suisse, basée à Genève qui s’est fixée comme objectif de faire connaître l’architecture et l’urbanisme à travers des réalisations et des exemples d’aménagement urbain. À l’origine, le quartier Vauban était une caserne occupée par l’armée française depuis les années 1950, qui, une fois évacuée en 1992, fut squattée par des populations diverses. Il s’agit d’un site de 40 ha en périphérie de la ville de Fribourg-en-Brisgau à la frontière entre l’Allemagne, la France et la Suisse. 2. Les trois entrées sont : Mobilité-Carsharing ; École-mobilité douce ; Circulation dans le quartier. Les habitants se déplacent surtout en vélo (les enfants), en tramway (pour aller en centre-ville) ou à pied à l’intérieur du quartier. L’automobile est utilisée, mais sa place est limitée par la taille des rues (4 m de largeur), la vitesse réduite dans de nombreuses rues résidentielles (5 à 7 km/h) et le coût du stationnement. Par contre, il existe un système de carsharing ou auto-partage qui permet aux habitants de disposer d’une voiture en cas de besoin. Celles-ci (90 véhicules à Fribourg) sont disponibles aisément et rapidement à tout moment. Pour cette habitante, la qualité de vie est meilleure parce que le quartier est beaucoup plus silencieux du fait de l’absence des voitures. Cela permet aussi aux enfants d’avoir une plus grande liberté pour jouer dans la rue et enfin aux gens du voisinage de se connaître et de se rencontrer. Elle insiste donc fortement sur l’impact social de la limitation de la circulation : la population se réapproprie la rue. Selon l’expert interrogé, le problème majeur des écoquartiers est la faiblesse des dimensions sociale et économique. Autrement dit, l’écoquartier est d’abord un quartier vert destiné aux familles des classes moyennes : il n’y a pas de mixité sociale et générationnelle. 3. On peut donc considérer que les écoquartiers sont d’abord des quartiers écologiques : réduction de la place de la voiture, énergie renouvelable, maisons passives, espaces verts, mobilités douces, voirie réappropriée. Cependant, ces quartiers souffrent de l’absence de véritable mixité sociale et économique. Ils sont destinés avant tout aux habitants des classes moyennes, instruits et sensibilisés aux problématiques environnementales, aux familles qui souhaitent élever leurs enfants dans un lieu plus sain et disposant de moyens importants. Ils manquent beaucoup d’activités économiques telles que les commerces de proximité, d’emplois divers et surtout de mixité générationnelle qui pourraient en faire de véritables quartiers durables.
BIBLIOGRAPHIE et SITOGRAPHIE Sur Le Caire : ■ A. RAYMOND, Le Caire. Éditions Fayard, 1993. ■ P.-A. BARTHEL, « Pour vivre heureux, vivons serrés ? Vus du Caire, nos petits problèmes… », http://www.revue-placepublique.fr/Sommaires/Articles/cairebarthel.html. ■ B. FLORIN et P.-A. BARTHEL, « Le Caire, centres versus périphéries ? Une mégapole en morceaux ? », Moyen-Orient, n° 5, avril-mai 2010. ■ G. GILLOT, « Du paradis à Dream Park, les jardins dans le monde arabe : Damas, Le Caire, Rabat », Annales de Géographie, nº 650, 2006, ou http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00259684/en/. ■ G. GILLOT, « Faire sans le dire. Les rencontres amoureuses au Caire », Géographie et cultures, n° 54, 2005, ou http://halshs.archives-ouvertes. fr/halshs-00259685/en/. ■ B. FLORIN, « Vivre en parallèle ou à l’écart ? L’évolution des villes nouvelles du Grand Caire », Les Annales de la Recherche Urbaine, nº 98, 2005, ou http://www.annalesdelarechercheurbaine.fr/article. php3?id_article=464. © Hachette Livre
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Sur Los Angeles : ■ J.-L. COHEN, Los Angeles, collection Portrait de ville, Institut français d’Architecture, 2005. ■ C. GHORRA-GOBIN, Los Angeles, Le mythe américain inachevé, éditions du CNRS, 1997. ■ M. DAVIS, City of Quartz, L.A., capitale du futur, éditions La Découverte, 1997. ■ R. LE GOIX, Les gated communities à Los Angeles, place et enjeux d’un produit immobilier pas tout à fait comme les autres, L’espace géographique 2002-4. ■ R. LE GOIX, « Les mots de l’urbaphobie dans les métropoles des ÉtatsUnis : L’exemple des gated communities » Ville Mal Aimée, Ville à Aimer, Cerisy-la-Salle, France, 2007 ou http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00204703/en/ ■ R. LE GOIX, « La dimension territoriale de la séparation sociale dans les «gated communities» en Californie du Sud », L’information géographique nº 69, décembre 2005, ou http://halshs.archives-ouvertes.fr/ halshs-00110078/en/. ■ J.-A. BOUDREAU, S. DIDIER, C. HANCOCK, « Homogénéisation résidentielle et indépendance politique : de la sécession urbaine et autres incorporations à Los Angeles », L’espace Géographique, 2004-2, ou http ://www.cairn.info/revue-espace-geographique-2004-2.htm. ■ G. CAPRON, « Les ensembles résidentiels fermés : Caracas, Los Angeles, Buenos Aires », L’Espace géographique, t. 33, n° 2, 2004. ■ C. GHORRA-GOBIN, « Los Angeles et les approches nord-américaines », http://www.megapole.org/Los-Angeles-et-les-approches-nord. html. ■ S. DEGOUTIN, « Los Angeles sans lumière », Parpaings, juin 2002, ou http://www.nogoland.com/urban/publications/parpaings.htm. Sur Buenos Aires : ■ Site de la ville de Buenos Aires : www.atlasdebuenosaires.gov.ar. ■ G. CAPRON, « Les ensembles résidentiels fermés : Caracas, Los Angeles, Buenos Aires », L’Espace géographique, t. 33, n° 2, 2004. ■ C. DOURLENS et P. VIDAL-NAQUET, « Des quartiers hors-sol ». Quartiers fermés et rapport de proximité dans la banlieue de Buenos Aires », Les Annales de la recherche urbaine, n° 90, 2001 ou http://www. annalesdelarechercheurbaine.fr/article.php3id_article=127&var_ recherche=vidal+naquet.
© Hachette Livre
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Sur les villes : ■ J. LEVY (dir.), « La mondialisation de l’urbain », dans L’invention du monde, une géographie de la mondialisation, Presses de Sciences politiques, 2008. ■ E. ROUX et M. Vanier, « La périurbanisation : problématiques et perspectives », Délégation interministérielle à l’aménagement et à la compétitivité des territoires, nº 8, La Documentation Française, 2008 ou http://www.ladocumentationfrancaise.fr/catalogue/9782110072603. ■ F. NAVEZ-BOUCHANINE, La fragmentation en question : des villes entre fragmentation spatiale et fragmentation sociale ?, éditions L’Harmattan, 2002. ■ D. MANGIN, La ville franchisée, éditions La Villette, 2004. ■ E. DORIER-APPRILL, Ville et environnement, éditions SEDES, 2006. ■ Y. BONARD et L. MATTHEY, « Les éco-quartiers : laboratoires de la ville durable », http://cybergeo.revues.org/index23202.html. ■ J.-P. ORFEUIL, « Mobilités urbaines : les enjeux de la recherche en France et à l’étranger, Institut pour la ville en mouvement », 2001, www.ville-en-mouvement.com.
Chapitre 5 ● Villes et développement durable 59
THÈME 4 Gérer les espaces terrestres Chapitre 6 Les mondes arctiques,
une « nouvelle frontière » sur la planète
Introduction Les dynamiques du peuplement des mondes arctiques sont envisagées à la lumière de la multiplicité de leurs facteurs physiques, historiques, politiques, économiques… La mise en valeur des différentes potentialités (énergétiques, minérales, touristiques, halieutiques), génératrice de menaces environnementales autant que de tensions entre les acteurs en présence (États, peuples autochtones, entreprises, touristes…) est replacée dans le contexte du réchauffement climatique global. Enfin, l’étude du rôle de l’Arctique dans les équilibres mondiaux en fait aussi bien un marqueur des évolutions du climat global que le symbole des conséquences de l’anthropisation sur les mécanismes terrestres.
Ouverture
p. 208-209
Le port de Tasiilaq (Groenland) Le petit nombre d’habitants (2000) et l’emprise spatiale réduite du bâti témoignent de la faiblesse du peuplement, très littoralisé, notamment en raison du relief escarpé qui fait obstacle aux communications terrestres et implique le recours aux transports maritimes ou aériens. La banquise côtière, de plus en plus morcelée à l’approche de l’été, renvoie aussi aux contraintes du milieu et à la saisonnalité des activités, en particulier pour la navigation. Celle-ci est pourtant au cœur de l’économie locale et du mode de vie fondés sur l’exploitation des ressources halieutiques. Si les produits de la mer représentent 95 % des exportations du Groenland, la petite taille des embarcations semble indiquer qu’elles sont plutôt destinées ici à une pêche artisanale. Le porte-conteneur et le réservoir suggèrent la dépendance du village vis-à-vis des approvisionnements extérieurs, le plus souvent en provenance du Danemark. Loin des stéréotypes sur les Inuits, Tassilaq présente d’ailleurs tous les signes de la modernité occidentale : voitures, hélicoptère, bateaux à moteur, poteaux électriques, matériaux utilisés… Au-delà du pittoresque, l’église luthérienne, probablement importée en kit du Danemark pour pallier le manque de bois sur place, témoigne de l’ancienneté de la christianisation du territoire. Le caractère tardif de son intégration à l’œkoumène est donc à relativiser.
Étude de cas 1
p. 210-215
La relance de l’intégration de l’Arctique russe peut-elle impulser un développement durable ? Le choix d’une étude de cas sur la Russie arctique donne toute la mesure de l’immensité arctique et permet d’aborder les conséquences territoriales et socio-économiques de la transition post-soviétique dans le Grand Nord russe.
1. Quelles particularités du peuplement ? Quelles dynamiques ? ●
p. 210-211
Présentation des documents
Doc. 1 et 4 Globalement plus densément peuplé que le Groenland ou le Grand Nord canadien, l’Arctique russe n’en demeure pas moins un désert froid. Les documents insistent surtout sur l’immensité de ce territoire et ses rigueurs climatiques. Ils ne doivent pas faire oublier la contrainte de la 60
nuit polaire : le soleil ne se lève pas durant 45 jours lorsqu’on franchit le Cercle polaire et la pénombre règne la moitié de l’année. Cela influe sur le moral de la population autant que cela ralentit la vie économique.
Doc. 2 et 5
Les dynamiques du peuplement de l’Arctique russe peuvent être envisagées à la lumière de l’histoire récente du pays. Si le facteur historique constitue la principale explication au fait que le Grand Nord russe apparaisse relativement plus peuplé que le reste des mondes arctiques, il permet aussi d’expliquer l’hémorragie à laquelle il se trouve actuellement confronté.
Doc. 3
Le tableau met en lumière le caractère ambivalent des conséquences du réchauffement climatique. Cependant, les informations présentées ici émanant d’un membre de Greenpeace Russie, on ne s’étonnera pas que les inconvénients du réchauffement climatique mis en évidence soient plus nombreux que les avantages. ● Réponses
aux questions
1. L’Arctique russe présente des densités de population extrêmement faibles, généralement inférieures à 1 hab./km2. Désert froid par excellence, les températures peuvent y descendre à des niveaux records (texte 8 p. 212). Difficilement supportable pour l’organisme humain, le froid polaire – accompagné de neige et de vents tempétueux – entrave considérablement les communications que ce soit par voies terrestre, aérienne, fluviale ou maritime. Le sol, gelé en profondeur (pergélisol), rend impossible l’agriculture créant une dépendance visà-vis des approvisionnements extérieurs ou nécessitant le recours à la serriculture. L’immensité russe révèle ici toute sa mesure et la distance vis-à-vis du cœur du territoire place les habitants du Grand Nord dans une situation d’enclavement. 2. La littoralisation du peuplement est assez nette, mais les littoraux de la mer de Barents (en particulier la péninsule de Kola) sont toutefois plus peuplés que ceux de Sibérie. Ils concentrent les principaux pôles urbains de l’Arctique russe (Mourmansk, Arkhangelsk…), beaucoup plus rares sur les côtes sibériennes où le peuplement se présente sous la forme de petites communautés composées de quelques centaines d’individus (à l’instar d’Ouelen), généralement des autochtones sédentarisés alors que les Russes sont largement majoritaires dans les plus grandes villes. Dans l’intérieur, le peuplement est plus diffus, bien que les grands fleuves, en particulier l’Ob et l’Ienisseï, contribuent à fixer des densités un peu plus élevées que la moyenne de l’Arctique russe. Après avoir vu sa population augmenter de façon continue, parfois à un rythme soutenu, l’Arctique russe est confronté au déclin démographique depuis le début des années 1990. Ainsi, Mourmansk, principale ville de l’Arctique russe, a vu sa population multipliée par deux entre 1959 et 1989, avant de perdre plus du tiers de sa population depuis la chute de l’URSS. 3. Durant l’époque tsariste, le peuplement de l’Arctique russe demeure très sporadique et c’est avec l’arrivée au pouvoir des bolcheviks qu’émerge un projet de domestication du monde polaire et de la Sibérie. Dès les années 1930, des villes sont créées ex nihilo, non pas par les « enthousiastes et les komsomols » (Jeunesses communistes), contrairement au discours véhiculé par la propagande, mais en recourant à une main-d’œuvre carcérale, les prisonniers du Goulag. Dans le contexte de la guerre froide, la logique pionnière se trouve doublée d’un objectif stratégique. L’explosion démographique de Mourmansk, qui abrite la flotte soviétique du Nord depuis 1933, s’en trouve alors accélérée du fait de l’afflux de nombreux militaires. Le port sur la mer © Hachette Livre
de Barents permet à la fois la sécurisation des confins frontaliers (la Norvège est toute proche) et l’approvisionnement du centre de la Russie en matières premières (halieutiques, notamment). Si la déstalinisation impulsée par Khrouchtchev en 1956 met un terme au Goulag, le peuplement se poursuit grâce au maintien d’une politique de peuplement volontariste liée à la mise en exploitation des ressources de l’Arctique russe. Les avantages matériels concédés en contrepartie de conditions de vie difficiles attirent des milliers de Russes de l’Ouest vers cette nouvelle frontière. La chute de l’URSS puis l’abandon de ces mesures incitatives dans les années 1990 constituent donc un tournant majeur qui explique le récent processus de dépeuplement du Grand Nord russe. En outre, la démilitarisation (le départ des militaires mais aussi l’effondrement du complexe militaro-industriel) ainsi que les difficultés du port de pêche ont plongé Mourmansk dans une situation de grave crise économique et sociale. Certains avantages de l’époque soviétique ont toutefois été redirigés vers les champs pétroliers et gaziers de la plaine de Sibérie occidentale où des villes champignons ont émergé (doc. 8 p. 212). La mise en valeur de ces nouvelles ressources explique donc l’anomalie incarnée par Novy Ourengoï dans le doc. 2 p. 210, ville créée en 1973 et dont la population a dépassé les 100 000 habitants au début des années 2000. 4. La réduction des contraintes liées au froid et ses implications socioéconomiques figurent parmi les conséquences positives les plus évidentes. Les impacts négatifs correspondent, fréquemment, à l’émergence de nouveaux risques (naturels, sanitaires, technologiques) dont l’ampleur a été montrée par la canicule et les incendies de l’été 2010 en Russie, bien qu’ils n’aient pas directement affecté la zone arctique. Leur analyse peut d’ailleurs utilement constituer une première approche du chapitre 8. Le caractère systémique et ambivalent des relations entre le réchauffement climatique, les populations arctiques, leurs milieux et les aménagements qu’elles y réalisent, peuvent faire l’objet d’un schéma fléché mettant en évidence les interactions – et rétroactions – qui façonnent tout espace géographique. BILAN 1. Le peuplement de l’Arctique russe, très lâche, présente un gradient décroissant de l’ouest vers l’est. Il est plutôt littoralisé même si les grands fleuves sibériens contribuent à fixer des densités plus élevées. Toutefois, l’absence d’infrastructures entre de petits isolats coupe totalement bon nombre de communautés sibériennes du reste de la Russie durant la longue période hivernale. L’Arctique russe apparaît, malgré tout, plus peuplé que les autres territoires des mondes arctiques. La population y est majoritairement urbaine et slave tandis que les peuples autochtones, majoritairement sédentarisés, se trouvent relégués au rang de minorités. Le climat constitue un facteur majeur pour expliquer la faiblesse du peuplement. Toutefois, le Grand Nord russe représente la moitié du littoral de l’Arctique qui, dans sa partie occidentale bénéficie d’une régulation thermique due au Gulf Stream propice à l’atténuation des contraintes propres aux milieux polaires. À l’inverse, l’Est sibérien représente un immense domaine continental qui ne fait que les exacerber. Le facteur historique est fondamental pour comprendre la précocité des logiques pionnières à l’œuvre dans cet espace : la géographie urbaine de l’Arctique russe recoupe, bien souvent, celle de l’archipel du Goulag héritée de l’époque soviétique. Les dynamiques actuelles du peuplement tendent, cependant, à relativiser le poids de cet héritage. Les villes construites par les zeks autour de leurs camps (Norilsk, Vorkouta, Arkhangelsk) traversent une crise démographique liée aux difficultés de la transition post-communiste. Un rééquilibrage se fait jour en faveur de nouvelles villes créées ex nihilo (Novy Ourengoi), à la faveur de la mise en exploitation des ressources énergétiques.
2. Quels potentiels de mise en valeur ? Quelles menaces environnementales ? ● Présentation
Doc. 6
p 212-213
des documents
La carte fait apparaître le caractère varié et massif des différentes ressources de l’Arctique russe, à la fois énergétiques, minières, halieutiques et hydriques. Leur mise en exploitation entraîne une forte altération de l’environnement qui vient s’ajouter aux manifestations locales du réchauffement global. © Hachette Livre
Doc. 7 et 8 La confrontation des deux documents met en évidence la transition récente qui a marqué l’Arctique russe : Norilsk incarne l’héritage industriel soviétique fondé sur les ressources minières tandis que la villechampignon de Novy Ourengoï renvoie aux perspectives nouvelles liées à l’exploitation des hydrocarbures.
Doc. 9 et 10 La mise en valeur du potentiel énergétique arctique est à l’origine d’une modification des équilibres sociaux et environnementaux, tout particulièrement en Sibérie. ● Réponses
aux questions
1. Compte tenu de leur volume et de leur valeur, les hydrocarbures et certains minerais suscitent un grand intérêt. Au sein des mondes arctiques, la Russie est le premier producteur de pétrole (80 % de la production arctique) et de gaz (plus de 90 % de la production arctique). Elle figure, en outre, au premier rang pour l’extraction des diamants, dont elle fournit près du quart de la production mondiale, principalement à partir des mines à ciel ouvert de Yakoutie. Il faut y ajouter les ressources hydriques et halieutiques, mais aussi le bois. En s’appuyant sur les connaissances acquises dans la première partie de l’étude de cas, il convient d’insister sur les difficultés auxquelles se trouve confrontée leur exploitation (neige, sol gelé, banquise et profondeur pour les gisements offshore, éloignement des régions de consommation). 2. Premier producteur et premier exportateur de gaz au monde, Gazprom, conglomérat détenu à 50 % par l’État russe, se trouve au cœur de l’exploitation du gaz de l’Arctique russe. À elle seule, l’entreprise génère 8 % du PIB russe. L’exploitation du pétrole est, en revanche, moins monopolistique : Rosneft, entreprise publique, ainsi que Lukoil et Roussneft, aux mains d’oligarques milliardaires, en sont les principaux acteurs. Cependant, l’exploitation des hydrocarbures se fait parfois en partenariat avec de grandes compagnies pétrolières ou gazières occidentales (la française Total, l’allemand Eon Ruhrgas ou l’américaine ConocoPhillips) sous la forme de joint ventures. La compagnie minière et métallurgique, Norilsk Nickel constitue le numéro un mondial de la production de nickel et de palladium et une des toutes premières entreprises d’extraction et de transformation de platine, de cuivre et de cobalt. L’exploitation des hydrocarbures a renoué avec les mesures incitatives destinées à attirer les travailleurs dans un milieu aux conditions extrêmes, et qui avaient été abandonnées au moment de la chute de l’URSS. Celles-ci confortent la russification de l’Arctique, délibérément engagée à l’époque soviétique (et même dès l’ère tsariste), tout en accentuant le caractère minoritaire des peuples autochtones, à la fois numériquement et du point de vue de leur place dans l’exploitation des ressources. En effet, ceux-ci demeurent peu voire pas associés à l’exploitation de cette manne. Cette exclusion de la gestion des ressources naturelles signifie aussi leur mise à l’écart des retombées économiques et donc du processus de développement. Bien qu’une loi du 7 mai 2001 concède aux autochtones la priorité concernant l’exploitation des ressources du territoire sur lequel ils vivent, les décrets d’application n’ont jamais été adoptés. Dès lors, ces peuples se trouvent dépossédés de leurs terres et même parfois accusés de braconnage lorsqu’ils pêchent ou chassent sur des terres qui, du point de vue de la législation fédérale, ne leur appartiennent pas. À l’occasion de prétendues réunions de consultation (sur le tracé des pipelines, par exemple), les promesses d’indemnités compensatoires et d’offres d’emploi ne sont souvent que des manœuvres stratégiques pour s’assurer le soutien des peuples autochtones aux projets des grandes compagnies pétrolières ou gazières. La plupart du temps celles-ci ne leur offrent que quelques motoneiges et des bidons d’essence en guise de compensation à la spoliation de leurs terres. Or, les obstacles économiques, logistiques et culturels empêchent les peuples autochtones de porter haut et fort leurs revendications. Le soutien des ONG et la présence de représentants élus dans les assemblées législatives des républiques autonomes (République des Nénets de Yamal, République des Khantes et Mansis), contribuent peu à faire évoluer la situation des peuples autochtones du Grand Nord russe. Il en va de même de la création, dès 1990, du RAIPON (Russian Association of Indigenous Peoples of the North) qui milite pour leur protection et la défense de leurs intérêts, en leur
Chapitre 6 ● Les mondes arctiques, une « nouvelle frontière » sur la planète 61
assurant une lisibilité à l’échelle internationale grâce à l’instauration de relations avec les autres peuples arctiques. Toutefois, sa capacité d’action demeure beaucoup plus limitée sur la scène nationale. 3. La pollution de l’eau et des sols liée aux épanchements accidentels de pétrole constitue l’aspect le plus spectaculaire, de par son impact paysager, des atteintes environnementales liées à l’exploitation des ressources de l’Arctique russe. Celle-ci n’est pas récente et peut s’avérer massive comme en 1994, à Usinsk (République des Komis), lorsque 65 000 tonnes de pétrole se déversèrent dans la taïga suite à la rupture d’une digue elle-même destinée à colmater une fuite sur un oléoduc. Outre l’impact sur la flore et la faune, la formation de véritables lacs de pétrole occasionne des pertes dans les troupeaux de rennes qui peuvent s’y noyer lorsque les activités industrielles ne sont pas clôturées. De même, les oléoducs et les gazoducs constituent des entraves aux migrations des troupeaux de rennes domestiques aussi bien que du gibier. La pratique du torchage (combustion volontaire du gaz s’échappant des puits de pétrole) contribue, en outre, à augmenter la température et donc à modifier les écosystèmes locaux. La pollution atmosphérique résulte surtout, quant à elle, des industries lourdes, notamment autour de Norilsk où les rejets d’oxyde de soufre liés aux usines de transformation du nickel sont à l’origine d’une espérance de vie largement inférieure à la moyenne nationale (la prévalence de cancers du poumon y est particulièrement marquée). Outre l’aspect sanitaire, des conflits d’usage apparaissent au sein de la toundra, les peuples autochtones se trouvant confrontés à l’aliénation de leurs terres traditionnelles au profit des firmes gazières ou pétrolières, ainsi qu’à la désacralisation de leurs sites cultuels. Ceux d’entre eux qui mènent une existence fondée sur l’autosubsistance entrent aussi en compétition avec les ouvriers du pétrole pour l’accès au gibier et au poisson. 4. Si la rigueur des conditions climatiques explique en partie la fragilité des installations industrielles, les modes de gestion de l’Arctique russe ne prennent pas plus en considération ses particularités et ses équilibres fragiles aujourd’hui qu’à l’époque soviétique. Une grande partie du complexe industriel russe, particulièrement délabré, est d’ailleurs hérité de cette période où les normes environnementales n’existaient pas. Ainsi, l’abandon de déchets industriels non traités dans la toundra, le délitement des usines et des sites miniers de Norilsk aux ressources en voie d’épuisement, ou encore l’état d’abandon de l’arsenal nucléaire soviétique sur le littoral de la mer de Barents, témoignent de l’absence d’entretien des infrastructures de production depuis des décennies. De la même façon, le non-respect des droits des peuples autochtones n’est pas un fait récent. La déstabilisation des « Petits peuples du Nord » (leur dénomination officielle durant l’époque soviétique) remonte à l’instauration du régime stalinien. Celui-ci les a souvent intégrés de force à l’administration du Goulag, tout en contraignant les nomades à la sédentarisation, en contribuant à la disparition du chamanisme ou encore en imposant la collectivisation des terres et des troupeaux de rennes à des peuples pour lesquels la notion de propriété – privée ou collective – n’existait pas. BILAN 2. Les ressources de l’Arctique russe sont exceptionnelles tant par leur diversité que par leur volume. Les ressources minérales, halieutiques ainsi que le bois de la taïga ont été mises à profit dès l’époque soviétique. Longtemps demeurés à l’état de potentiel, les hydrocarbures sont désormais largement valorisés en dépit des contraintes. Une nouvelle frontière s’ouvre aux marges de l’œkoumène puisque l’exploitation offshore du gaz et du pétrole connaît une grande expansion, bien qu’elle se fasse dans des conditions extrêmes. Les revenus liés à l’exploitation de ces ressources énergétiques représentent une contribution majeure au PIB de la Russie. Cependant, cette nouvelle donne n’est pas créatrice d’un développement durable. Les inégalités sociales et économiques s’accroissent depuis la chute du régime communiste. Les peuples autochtones, tenus à l’écart de la répartition des fruits de cette croissance, en sont les premières victimes, d’autant que l’exploitation des hydrocarbures répond souvent à une logique prédatrice, facteur d’une dégradation de leur environnement. Dans le même temps, de Norilsk, une des villes les plus polluées au monde, aux champs pétroliers sibériens les plus anciens, la gestion des impacts environnementaux et sanitaires de l’héritage industriel de la période soviétique (pluies acides, déchets nucléaires) s’avère toujours extrêmement problématique. 62
3. Vers une intégration mondiale ou seulement nationale ? ●
p. 214-215
Présentation des documents
Doc. 11 La carte illustre l’intérêt de la Russie pour l’Arctique : l’intérêt croissant pour les ressources du sous-sol se double d’un intérêt stratégique renouvelé.
Doc. 12, 13 et 14 Dans un contexte de réchauffement climatique, de maritimisation du commerce mondial et de course aux ressources énergétiques, la dimension stratégique du littoral de la Russie arctique se trouve réactivée et ouvre différentes perspectives.
Doc. 15 La ville de Mourmansk, en pleine crise, pourrait être la principale bénéficiaire de ces nouvelles opportunités. ●
Réponses aux questions
1. Sur le plan militaire, le littoral arctique russe a commencé à être utilisé à partir des deux Guerres Mondiales. Mais c’est surtout durant la guerre froide que se révèle son intérêt stratégique. Les deux Grands se font alors face de part et d’autre de l’océan Arctique, dans une logique d’intimidation plutôt que d’affrontement. Autour de ce glacis, l’URSS déploie son arsenal militaire (stations de surveillance radar, bases aériennes et navales, centres d’expérimentation pour les essais nucléaires). À la chute de l’Union soviétique, une grande partie de ses installations se trouve au mieux démantelée, au pire laissée à l’abandon, notamment en Nouvelle-Zemble et dans la péninsule de Kola. On assiste actuellement à un renouveau de l’intérêt de la Russie pour l’Arctique. Tout d’abord, la fonte de la banquise, si elle devait se confirmer, permettrait une fréquentation accrue du Sevmorput, la route maritime du Nord, en raccourcissant les trajets entre l’Europe du Nord et l’Extrême-Orient. Ensuite, une navigation facilitée pourrait jouer un rôle majeur dans la mise en exploitation des ressources énergétiques de la mer de Barents à la mer de Kara. Elle permet d’ores et déjà aux bateaux d’acheminer les équipements nécessaires à l’exploitation des hydrocarbures et au ravitaillement du personnel sur les plates-formes offshore, tout en transportant les matières premières vers les centres de transformation, au retour. Enfin, l’ouverture de cette route permettrait l’approvisionnement des métropoles de l’Arctique, habituellement dépendantes de la voie aérienne. 2. Libre de glace toute l’année, grâce à la dérive nord-atlantique, et profonde d’une soixantaine de kilomètres, la baie de Kola est choisie en 1915 pour héberger une base stratégique, visant à offrir un débouché maritime à la Russie, privée des accès baltique et méditerranéen par le blocus de la Triple Alliance. La ville de Mourmansk est fondée au fond du fjord (la profondeur de l’eau y atteint encore une dizaine de mètres) en 1916 et, en 1933, elle est choisie pour héberger la Flotte soviétique du Nord. À partir des années 1950, la région connaît une militarisation accélérée reposant notamment sur le déploiement d’un complexe militaro-industriel (construction de brise-glaces et de sousmarins nucléaires, création de bases aériennes et navales) au sein de villes nouvelles (Gadjiavo, Snejnogorsk) autour de Poliarny, dont l’accès est alors rigoureusement contrôlé. Cette hyperspécialisation de Mourmansk a été un des facteurs décisifs de la crise qui a touché la ville au moment de l’effondrement du bloc soviétique. Si cinq des sept fjords situés entre la baie de Kola et la frontière norvégienne sont encore occupés par des bases navales, des cimetières de bateaux, des sites de démantèlement des sous-marins ou encore de stockage du combustible nucléaire, la démilitarisation de la région de Mourmansk est engagée. Le port de pêche est lui aussi en crise. Le renouveau économique de la ville pourrait donc reposer sur la réorganisation des flux d’acheminement du pétrole et du gaz en provenance de la mer de Barents mais aussi des gisements de la région de Timan-Petchora, qui en ferait un pivot dans l’exportation des hydrocarbures russes. Or, pour l’instant, cette activité apparue à Mourmansk au début des années 2000, manque cruellement d’organisation : une partie du port de pêche et un supertanker stationné dans le fjord ont été improvisés terminaux pétroliers. La reconversion du port passerait donc par le projet d’aménagement de la rive gauche du © Hachette Livre
fjord où devraient être installés de nouveaux terminaux à charbon, à conteneurs et à pétrole. Dès lors, Mourmansk pourrait véritablement acquérir un statut de nœud de transports à l’articulation entre la route maritime du Nord, le pont Arctique et les axes terrestres (routiers et ferroviaires) en direction de la Russie d’Europe, en particulier de SaintPétersbourg et Moscou. 3. Le renforcement de l’intégration de l’Arctique russe à l’échelle nationale repose sur l’existence d’un foreland riche en ressources dont l’exploitation devrait être facilitée du fait de la possible amélioration des conditions de navigation. Pour l’instant, à l’exception de Mourmansk, Arkhangelsk et Doudinka, les ports de l’Arctique russe sont peu actifs d’un point de vue commercial, en dehors du cabotage lié à l’approvisionnement des villages arctiques dépendants des combustibles, produits alimentaires et gros matériel acheminés par la mer. Le déclin démographique de l’Arctique russe (Tiksi a, par exemple, perdu la moitié de sa population entre 1989 et 2005) a, en outre, fait baisser cette demande et donc les flux qu’elle générait. Toutefois, l’intégration des principaux ports au reste du territoire russe pourrait se trouver facilitée par la situation de ces ports à l’embouchure de grands fleuves navigables (Ob, Ienisseï, Léna) qui les mettent en relation avec de vastes hinterlands. Certains ports, comme Mourmansk, sont, en outre, bien reliés au réseau ferré national. De même, les pipelines qui se déploient en direction de l’ouest de la Russie contribuent à davantage arrimer ces périphéries isolées au centre du territoire russe. Bien qu’il soit outrancier de parler de façade maritime au sens strict du terme, le littoral de l’Arctique russe constitue une interface potentiellement active à l’échelle mondiale de par le réseau des ports hérités de l’époque soviétique qui pourrait se trouver redynamisé si les prévisions d’amélioration de la navigabilité de la route du Nord devaient se confirmer. Certains d’entre eux assurent d’ores et déjà l’exportation des matières premières de l’Arctique russe : le charbon, les apatites et le pétrole pour Mourmansk, le bois pour Arkhangelsk, et les produits industriels et miniers (nickel) de Norilsk pour Doudinka. Mais, pour l’instant, l’essentiel des hydrocarbures se trouve exporté par voie terrestre, ce dont témoigne la densité du réseau des oléoducs et des gazoducs en direction de l’Europe. Néanmoins, la perspective que la route du Nord devienne dans les prochaines années une voie internationale au rôle majeur dans la mondialisation des flux maritimes, attire de plus en plus d’investisseurs privés pour l’exploitation des terminaux portuaires et des flottes de brise-glace. Le regain d’intérêt des chargeurs étrangers est illustré par l’entreprise norvégienne Yara qui projette d’exporter des engrais vers la Chine de même qu’on envisage de transporter des déchets radioactifs entre le Japon et l’Europe via la route du Nord. Toutefois, l’augmentation des flux y demeure très ténue et on est loin de l’émergence d’une nouvelle Méditerranée arctique. 4. Tout d’abord, il faut garder à l’esprit que l’ouverture de la route maritime du Nord est au moins autant le fruit du réchauffement climatique que de la volonté politique d’en autoriser l’accès aux navires étrangers. En effet, la Russie serait bien évidemment le premier bénéficiaire de l’ouverture de cette nouvelle voie dans la mesure où cet axe permettrait une exportation commode des hydrocarbures et des minerais arctiques. En outre, la navigation dans la zone demeurant dangereuse, elle se verrait rétribuer son expertise en la matière, notamment l’assistance de ses brise-glaces. Enfin, les bateaux pénétrant dans les eaux territoriales russes pourraient être soumis à des droits de péage élevés ce qui permettrait aux autorités russes de rénover les infrastructures du Grand Nord. Le principal inconvénient de la navigation dans les eaux arctiques tient à son caractère aléatoire et dangereux. La glace, les vents violents, la brume et les forts courants (notamment au niveau des détroits) rendent les conditions nautiques très délicates le long des côtes de l’Arctique russe et les navires ne peuvent excéder une vitesse de 2 à 5 nœuds. La navigation dans ces eaux requiert donc des équipages particulièrement aguerris, des équipements adaptés (coques fortement renforcées, projecteurs nocturnes, radars puissants…) et l’assistance de brise-glaces. La navigation s’y révèle donc extrêmement coûteuse, ce qui peine à contrebalancer les avantages en termes de distance, qui ne sont d’ailleurs pas forcément synonymes de gain de temps, étant donné la lenteur de la navigation. Surtout, elle est soumise à une incertitude majeure : celle des fluctuations de la banquise, © Hachette Livre
difficilement prévisibles. En effet, si, à l’ouest de l’Ienisseï, elle se retire durant quatre à six mois par an, à plusieurs dizaines de milles vers le nord, la situation est plus variable le long des côtes orientales. La présence d’eaux libres de glace dure, en moyenne, un mois de l’année et celle-ci ne se forme pas toujours aux mêmes lieux, notamment en mer de Sibérie orientale. Certaines années, la banquise reste même collée le long de la côte, rendant tout passage impossible. Il convient donc d’insister sur le manque de fiabilité de cet itinéraire et donc sur la dimension prospective de l’intensification du trafic sur la route du Nord en veillant à ne pas l’ériger trop tôt en autoroute maritime du futur. 5. S’appuyant sur leurs compétences en matière de navigation dans les milieux polaires, la Russie et le Canada souhaitent exercer un monopole sur le contrôle du trafic maritime arctique, ce à quoi s’opposent les États-Unis et l’Union européenne. Par ailleurs, les ressources que recèle l’océan Arctique attisent les convoitises des pays riverains, réactivant certains différends frontaliers. Ainsi, la zone du Loop Hole en mer de Barents est revendiquée par la Norvège et la Russie. Située entre les gisements gaziers de Chtokman (Russie) et de Snohvit (Norvège), elle recèle potentiellement d’importants gisements de pétrole et de gaz même si la prospection n’a été que peu engagée jusqu’à présent. Il s’agit aussi d’un secteur riche en ressources halieutiques, notamment en morue, mais une zone commune de pêche a été définie par un accord entre les deux pays dès 1975. Enfin, la Dorsale de Lomonossov fait l’objet d’un contentieux entre la Russie et le Danemark. Cette chaîne de montagnes sous-marines, qui s’étire de la Sibérie au Groenland, à travers l’océan Arctique a été le théâtre, en août 2007, d’une spectaculaire expédition russe visant à y planter le drapeau national à la verticale du Pôle Nord et à affirmer qu’il s’agit d’une extension du plateau eurasiatique. La dorsale est potentiellement riche en hydrocarbures mais les conditions d’exploitation y seront particulièrement difficiles. BILAN 3. L’Arctique a suscité un intérêt militaire et stratégique dès l’époque communiste avant de trouver son acmé durant la guerre froide. Dans un contexte de mondialisation et de maritimisation des échanges, l’atténuation des contraintes polaires en lien avec le réchauffement climatique contribue à renouveler cet intérêt pour la zone polaire. La perspective de l’ouverture de la route maritime du Nord, gage de désenclavement pour les régions isolées du Grand Nord, est érigée en symbole des mutations de cette nouvelle frontière de la planète. Or, il est parfois difficile de faire la part des choses entre la prospective et les potentialités actuelles. De nombreux scientifiques émettent des doutes sur la fiabilité réelle de ces prévisions ou bien s’attachent à rappeler les difficultés de la navigation dans l’océan Glacial arctique, y compris malgré la fonte de la banquise. D’ailleurs, le faible rayonnement des ports de l’Arctique ne permet pas actuellement de parler de façade maritime le long du littoral océanique de la Russie. Ainsi, l’intégration de la partie septentrionale de son territoire, aux échelles nationale et mondiale, passe davantage par des infrastructures terrestres (réseaux de transport, oléoducs et gazoducs) en direction de l’Europe, de l’Asie orientale et du Moyen-Orient, que par les liaisons maritimes. Malgré ces difficultés, les États riverains de l’Arctique préfèrent anticiper ces changements, ce qui donne lieu à une compétition pour l’appropriation des ressources dont regorgeraient les profondeurs de l’océan. Au nom du prolongement de son plateau continental, la Russie a déjà fait état de ses revendications, se confrontant aux ambitions du Danemark et de la Norvège. Des arbitrages internationaux semblent de plus en plus s’imposer pour régler ces litiges.
Étude de cas 2
p. 216-221
La protection de l’Arctique nord-américain estelle menacée par le développement économique ? Le choix d’une étude de cas sur l’Arctique nord-américain met en exergue, de l’Alaska au Canada, les contradictions entre une tradition de sanctuarisation doublée d’une reconnaissance du statut des peuples autochtones et l’affirmation croissante de logiques d’exploitation parfois prédatrices.
Chapitre 6 ● Les mondes arctiques, une « nouvelle frontière » sur la planète 63
1. Quel peuplement ? Quelles adaptations ? p. 216-217 ●
Présentation des documents
Doc. 1
L’Arctique nord-américain possède toutes les caractéristiques d’un désert froid : fortes contraintes climatiques et faiblesse de la densité de population.
Doc. 2 et 4
Les documents évoquent la rigueur climatique, le poids de la saisonnalité (dans les activités notamment) et les formes du peuplement.
Doc. 3
Contrairement aux idées reçues, cette population à fort caractère autochtone (ce qui la différencie de l’Arctique russe par exemple), est aujourd’hui sédentaire et assez bien intégrée.
Doc. 5
Tous les habitants ne perçoivent pas négativement les mutations climatiques qui commencent à s’opérer, les risques étant contrebalancés par de nouvelles perspectives de développement et d’intégration. ●
Réponses aux questions
1. Ces régions sont faiblement peuplées à l’exception du sud de l’Alaska, dans la région d’Anchorage, considérée comme la capitale économique de l’Alaska et regroupant 260 000 habitants (doc. 1). De plus, les villes sont peu nombreuses et de petite taille (doc 1), comme nous le confirme le doc. 2 : Iqaluit, pourtant capitale territoriale du Nunavut n’accueille que 7 200 habitants dans des maisons et de petits immeubles collectifs. La ville a pourtant connu la plus forte croissance démographique de cette région depuis l’autonomie renforcée du Nunavut en 1999 (4 420 habitants en 1996). Le peuplement est constitué dans l’ensemble d’une nébuleuse de petits villages entre 300 et 2000 habitants, peu denses, constitués de quelques routes et quelques maisons individuelles (doc. 4). Ces villages sont souvent d’anciens postes de traite (rôle important de la Compagnie de la baie d’Hudson) ou de mission. Mais après le déclin de la traite, le village de Kaktovic (doc. 4), par exemple, est devenu pendant la guerre froide une des bases du système de défense américain (la DEW Line). Il a alors attiré des Inuits qui ont choisi de s’y sédentariser dans l’espoir d’y trouver du secours. Le déclin de l’économie de trappe et des épidémies de tuberculose les avaient rendus particulièrement vulnérables. La guerre froide est donc responsable en partie de la sédentarisation des Inuits dans l’Arctique américain. La même histoire s’est jouée à Iqaluit. En hiver aujourd’hui, seuls les Inuits et Inupiats vivent à Kaktovic mais ils sont rejoints par les touristes explorant l’ANWR (Arctic National Wildlife Refuge : Réserve faunistique nationale de l’Arctique). Globalement, il reste des Inuits semi-nomades, pêcheurs ou chasseurs. Les Gwinchins, peuple du Caribou, en font partie, mais 80 % de cette communauté s’est sédentarisé depuis les années 1950 (doc. 1). Les autochtones sont largement majoritaires au Nunavik, au Nunavut et au nord de l’Alaska. 2. Les contraintes sont nombreuses. L’immensité (1 000 km du nord au sud de l’Alaska, 5 500 km d’est en ouest au Canada) et l’éloignement des grands centres de décision créent une situation d’enclavement. Cette région est marquée par la rigueur du froid mais aussi par sa durée (en moyenne – 32,6 °C pour les mois les plus froids à Churchill et 11,1 °C pour les mois les plus chauds). À cela, il faut ajouter le sol gelé en permanence (permafrost) qui empêche la mise en culture du sol et les effets de la saisonnalité (alternance de côte englacée et de côte libre de glace, banquise hivernale). 3. La sédentarisation qui s’est déroulée entre les années 1950 et la fin des années 1960 est devenue aujourd’hui la règle. Ce peuplement est aussi marqué par la dispersion, surtout dans l’intérieur (doc. 1). Sur les littoraux, la concentration est plus nette : les principales villes et de nombreux villages sont disséminés le long des lagunes (ex : Kaktovic est située sur la minuscule île de Bater). Iqaluit s’est développée sur la baie de Forbisher, au sud de l’île de Baffin : les barques de pêche prises dans la glace nous indiquent la présence de trait de côte (doc. 2). La distance a été surmontée par la modernisation des modes de transport et de communication (doc. 3). L’isolement des peuples inuits relève aujourd’hui de l’imaginaire des sociétés occidentales. Le télé64
phone, la télévision et maintenant Internet permettent de véhiculer les informations (poteaux électriques d’Iqaluit, doc. 2), tandis que les hommes se déplacent par motoneige localement, et par avion sur les longues distances. Seuls les plus gros villages sont desservis, mais dans cette région, la régularité est aussi importante que la fréquence. En tant que centre administratif du Nunavut, Iqaluit (doc. 2) est reliée quotidiennement par voie aérienne au sud du Canada, à Yellowknife et au reste du Nunavut grâce à son aéroport moderne. En été, la ville devient également un port pour le transport maritime annuel de marchandises lourdes. Elle présente des signes de modernisation : multiplication du nombre de véhicules, des noms de rues et un système de transport en commun. La ville est donc un bon exemple du processus de dénordification, comme le montre E. Canobbio. 4. Même si nous ne connaissons pas exactement les causes et l’ampleur du réchauffement climatique, les conséquences sur le mode de vie des populations se font déjà sentir. Sur le continent, la fonte du pergélisol laisse place à une boue qui gêne les déplacements mais qui offre un nouveau potentiel cultivable. La forêt devrait s’étendre également plus au nord, offrant de nouvelles ressources. Les conséquences maritimes sont aussi nombreuses : outre l’allongement de la durée de navigation, la fonte de la banquise permettra l’ouverture de nouvelles routes maritimes, entravées cependant par l’augmentation du nombre d’icebergs (surtout à l’ouest). Les côtes seront plus vulnérables à l’érosion littorale n’étant plus protégées par la glace, en cas de tempête par exemple. Les villages médiatisés de Shishmaref (film documentaire de Jan Louter, Les derniers jours de Shishmaref, 2008) et de Kivalina en Alaska sont emblématiques de ces changements climatiques. Le premier, posé sur petite île large de moins d’1 kilomètre et longue de 4,5 a dû déménager à cause de la fonte du pergélisol qui atteint ses fondations, de l’élévation du niveau de la mer et de la multiplication des violentes tempêtes. Selon les climatologues, Shishmaref est « le canari dans la mine de charbon » : le village dont l’engloutissement alertera le monde. Quand à Kivalina, les sacs de sable et les murs ne peuvent empêcher le recul de ce village installé sur une flèche de sable. Les habitants ont d’ailleurs intenté un procès contre les grandes compagnies pétrolières. (doc. 13 p. 220). En tout, plus d’une dizaine de villages seraient déjà menacés en Alaska. BILAN 1. L’Amérique du Nord arctique est caractérisée par la faiblesse du peuplement et par la dispersion visible à l’échelle régionale (à l’exception de quelques grandes villes : Anchorage, Yellowknife) et à l’échelle locale (nombreux villages disséminés comme Kaktovic). Ces populations, aujourd’hui majoritairement sédentaires se partagent entre les non-autochtones, plus nombreux au sud et les Inuits, plus nombreux au nord. Les habitants se regroupent le plus souvent dans des villes ou villages, sur les littoraux (la voie maritime étant la voie essentielle du ravitaillement en été) ou le long des fleuves (Yukon, Mackenzie). Ils ont dû s’adapter aux contraintes du froid, de la saisonnalité, de la nuit polaire et de l’immensité. Les déplacements ne se font plus seulement en barque l’été et avec des traîneaux l’hiver, mais à l’aide de motoneiges et d’avions pour les échanges régionaux et nationaux. Iqaluit, capitale territoriale du Nunavut est desservie par des vols quotidiens. Les moyens de communication moderne (Internet) ont contribué également au désenclavement et à l’intégration nationale de ces territoires. Pour les autochtones, la sédentarisation a été un grand bouleversement, mais le réchauffement climatique est un nouveau défi pour l’ensemble de la population. Les modes de vie seront bouleversés par la fonte du pergélisol (nouvelles perspectives de mise en culture) et l’extension de la forêt. Les déplacements sur la banquise ou sur un sol en partie dégelé seront de plus en plus difficiles mais la fonte des glaces de mer ouvre de nouvelles voies maritimes qui pourraient contribuer à l’intégration de ces populations.
2. Exploiter ou protéger ? Quelle place pour les autochtones ? ●
p. 218-219
Présentation des documents
Doc. 6 et 8 La carte et le doc. 8 font apparaître à la fois la variété des ressources et la politique précoce de préservation de la région. © Hachette Livre
Doc. 9 Le Canada est un cas paradoxal. Il a mené de front depuis 30 ans une politique de préservation de l’environnement (doc. 6) et une économie minière localement prédatrice (doc. 9).
Doc. 7 et 10 Avec le réchauffement climatique et l’accès à de nouvelles ressources, l’Arctique nord-américain apparaît comme un nouvel eldorado dont la valeur économique semble l’emporter sur la valeur écologique. Mais les États et les acteurs économiques doivent de plus en plus composer avec les peuples autochtones dans la quête d’une nouvelle stratégie de modernisation. ●
Réponses aux questions
1. Dans l’Arctique nord-américain, les territoires arctiques ont fait l’objet d’une politique de préservation grâce à la mise en place de parcs nationaux et de réserve. Cette politique a été précoce dès 1917 avec le parc national du mont Denali en Alaska mais elle s’est véritablement accélérée à partir des années 1980 (11 parcs nationaux ou réserves dans l’Arctique canadien). Ainsi les migrations des caribous sont protégées entre le parc national Ivvavik (Yukon, Canada) et l’ANWR (Arctic National Wildlife Refuge : Réserve faunistique national de l’Arctique, Alaska) surnommée le « Serengeti américain ». Mais certains espaces protégés sont aussi riches en hydrocarbures, comme au nord de l’Alaska (North Slope) où la plaine littorale nommée « 1002 », propriété de l’ANWR fait l’objet d’une polémique persistante. Cet espace de 7 500 km2, c’est-à-dire 10 % de la réserve, est convoité par les compagnies pétrolières et gazières depuis plus d’une vingtaine d’années. Cependant, la polémique semble aujourd’hui retomber avec les perspectives de prospection de la mer de Beaufort. En outre, le Canada a mis en place un contrôle renforcé du transport des hydrocarbures près de ses côtes dès les années 1970 grâce à une surveillance aérienne qui opère un effet dissuasif sur les pollueurs potentiels en mer. Tout déversement d’hydrocarbures est donc contrôlé. 2. L’Arctique nord-américain est riche en eau (avec des fleuves et rivières inexploités), en hydrocarbures et en ressources minières (cuivre, diamants, nickel et zinc). Le Canada se situe aujourd’hui au 2e rang mondial pour la production d’uranium et au 3e rang pour la production de gaz et de diamant. L’Alaska produit déjà 17 % du pétrole des États-Unis et ses réserves représenteraient 7 années de la consommation mondiale actuelle de pétrole et 30 années de consommation mondiale de gaz. Les gisements d’hydrocarbures sont difficiles d’accès, il faut percer la glace ou le sol gelé pour les atteindre (doc. 6). Pour les gisements offshore, les moyens techniques doivent donc être plus nombreux et perfectionnés en Arctique comme en témoigne le doc. 8 : le navire de forage doit être lui-même remorqué par un brise-glace. Le recul de la banquise facilitera donc l’exploitation des hydrocarbures mais aussi leur transport car ces gisements sont éloignés des centres de consommation. En Alaska, c’est la mer de Beaufort qui retient aujourd’hui l’attention des compagnies pétrolières face à l’épuisement prévisible du gisement de Prudhoe Bay. Début 2010, l’EPA (Agence américaine pour la protection de l’environnement) a autorisé la compagnie pétrolière Shell à forer la région de la mer de Beaufort au large de l’Alaska, malgré les craintes des écologistes et des communautés locales concernant la pollution atmosphérique générée par ces navires et les risques de marée noire. Mais après l’explosion de la plate-forme Deepwater Horizon, le projet Shell a été suspendu jusqu’en 2011. Pour l’administration Obama, il n’est pour le moment pas question d’exposer l’Alaska au même risque, en tout cas pas avant que les pétroliers puissent démontrer leur capacité à boucher un forage en cas de problème, 3. Ces nouvelles ressources sont une véritable richesse mais leur exploitation peut représenter une menace sociale (doc. 7) en modifiant les modes de vie des peuples autochtones. Par exemple, au nord de l’Alaska, la recherche des gisements chassent les baleines qui jouent encore un rôle important chez les Inupiats (une chasse de subsistance limitée et bien gérée a été récemment réintroduite dans l’océan Arctique). Les grandes entreprises s’installent et avec elles des salariés allochtones, avec leur mode de vie et leur culture. La menace est également environnementale. Les sites miniers abandonnés sont encore nuisibles. Cette mine d’or de Yellowknife (doc. 9), © Hachette Livre
à l’origine du développement de la ville apparaît aujourd’hui comme une cicatrice dans le paysage sur la rive gauche du Lac des Esclaves. Les résidus d’arsenic polluent les sols et les eaux souterraines. Des politiques de réhabilitation sont cependant mises en place. Le pétrole constitue la menace la plus visible. Des fuites et des explosions de pipeline surviennent régulièrement (la principale en 2006, la dernière en 2009) près de Prudhoe Bay en Alaska. Principal gisement pétrolier des États-Unis dont il fournit 8 % de la production, le site de Prudhoe Bay est exploité depuis 1977. Les réserves de pétrole arriveront prochainement à épuisement, mais les réserves de gaz naturel restent à valoriser. Un projet de gazoduc en direction du sud est actuellement à l’étude. Or de nombreux troupeaux de caribous utilisent cette région comme pâturage et les fuites de pétrole peuvent se transformer en marées noires à cause de la proximité de la mer de Beaufort. Elles sont bien sûr moins importantes que celle de l’Exxon Valdez survenu en 1989 (plus de 7 000 km² de nappes polluèrent 800 km de côtes) mais elles sont plus fréquentes. 4. Les autochtones sont très partagés. D’une part, ils bénéficient des retombées réelles du développement industriel. Il faut cependant nuancer la création d’emplois car les peuples autochtones sont peu qualifiés et la main-d’œuvre vient souvent de l’extérieur. Par contre, les investissements sont réels dans les écoles, les dispensaires, et même les routes. Certaines communautés autochtones craignent que ce développement économique ne se fasse au détriment de leur cohésion socioculturelle et de leur environnement. En effet, les intérêts entre communautés divergent. Le projet d’ouverture de l’ANWR en Alaska est soutenu par les Inupiats (notamment ceux de Kaktovic qui vivent dans la réserve) qui y voient une occasion d’être acteur de leur développement en « monnayant » leurs connaissances de ce territoire. Par contre, les 9 000 Gwichins s’y opposent, arguant que cette ouverture de la Réserve à l’exploitation pétrolière ne pourra que perturber la reproduction des caribous de la rivière Porcupine. Or, ces mammifères comblent aujourd’hui l’essentiel des besoins alimentaires, culturels et spirituels de cette communauté. 5. Les autochtones du Nunavut, majoritaires sur leur territoire, ont acquis une plus grande autonomie politique depuis 1999 dans le but de contrôler la propriété d’une partie des ressources (ils ont acquis des terres en propriété et des droits miniers). Ils sont suivis par ceux du Nunavik. Ils cherchent ainsi à mener une politique d’exploitation compatible avec leur mode de vie, avec les liens tissés avec leurs terres, et tentent de devenir des partenaires de l’État canadien. Ils restent cependant dépendants des flux financiers provenant d’Ottawa. Plus globalement, les intérêts des Inuits s’affirment aujourd’hui au sein d’associations autochtones, comme l’ICC (Inuit Circumpolar Conference) qui regroupent les Inuits du Groenland, du Canada, de l’Alaska et plus récemment de la Russie. En tant que membre du Conseil Arctique (avec le statut d’ONG), l’ICC offre une place politique croissante aux Inuits. BILAN 2. La politique de préservation de l’Arctique est ancienne dans l’Arctique nord américain (parcs et réserves naturels, zone maritime anti-pollution du Canada). Mais ces mesures de protection seront-elles suffisantes face à l’accélération de l’exploitation des nouvelles ressources ? L’eau, les ressources minières et énergétiques font la richesse (potentielle) de cette région. Mais la présence de la banquise a toujours été un obstacle à l’exploitation offshore des hydrocarbures. La fonte de la banquise laisse envisager aujourd’hui une exploitation plus rentable et un transport facilité par l’ouverture de nouvelles voies maritimes. Mais ces nouvelles perspectives font peser une menace à la fois sur les peuples autochtones (insertion dans le marché mondial, menace sur le mode de vie, les valeurs culturelles et la santé) et sur leur environnement (pollution terrestre et maritime, perturbations de la flore et de la faune). La plupart des peuples autochtones se trouvent donc partagés entre la volonté de développement économique et le désir de préservation de leur mode de vie et de leur environnement (qui sont intimement liés chez ces peuples). Certains peuples (majoritaires sur leur territoire) ont réussi à accompagner ce processus en obtenant l’autonomie de leur territoire : c’est le cas du Nunavut et du Nunavik au Canada. Mais cela ne règle pas tous les problèmes sociaux de ces régions (fort taux de chômage, alcoolisme, départ des jeunes).
Chapitre 6 ● Les mondes arctiques, une « nouvelle frontière » sur la planète 65
3. Quelles formes d’intégration ? Quelles tensions ? ●
p. 220-221
Présentation des documents
Doc. 11 La carte montre que l’Arctique redevient, comme au temps de la guerre froide mais pour des raisons différentes, un enjeu stratégique pour le Canada comme pour l’Alaska.
Doc. 12 et 14 Le recul des glaces, en permettant une intégration plus poussée de la région, pose en effet la question de la souveraineté des territoires et de la rentabilité de leur exploitation.
Doc. 13 et 15 Le réchauffement pose même la question de la survie de certains territoires et génère des tensions entre les acteurs.
Réponses aux questions 1. Avec la fonte de la banquise, de nouvelles voies maritimes vont s’ouvrir : le passage du Nord-Ouest (ouvert au moins 3 mois par an) et le pont Arctique entre Churchill (Canada) et Mourmansk (Russie). Il est impossible de prévoir l’ouverture de ces passages d’une année sur l’autre. Le contrôle de ces routes est donc un premier enjeu stratégique entre les États (Canada, Russie, Union européenne, Danemark) qui en jaugent la rentabilité économique à l’heure de la mondialisation des échanges. Mais le passage du Nord-Ouest soulève aussi des tensions entre le Canada et les Inuits qui dénoncent les effets du trafic maritime sur la faune et soulignent les risques accrus d’un naufrage dans ces secteurs soumis à de fortes tempêtes. De plus, le littoral libre de glace redevient une zone militaire stratégique à surveiller, comme au temps de la guerre froide (1947-1991) (doc. 11 et 12). À cette époque, le plus court chemin pour un missile entre l’URSS et les États-Unis était l’Arctique. Il n’a jamais été emprunté par un missile mais les sous-marins nucléaires des deux camps prirent l’habitude de circuler sous les glaces (il était impossible de faire circuler une flotte navale classique). Les États-Unis et leur allié canadien mirent donc en place une ligne de fortification (la DEW Line) constituée de radars qui surveillaient les fonds marins et les espaces aériens. Une grande partie de ces installations sont encore en cours de démantèlement. Mais comme l’enjeu principal pour la Confédération canadienne est redevenu le maintien de sa souveraineté sur ses marges septentrionales, l’armée canadienne a repris certains postes de cette ligne de radars et notamment celui d’Iqaluit. 2. Il serait possible de développer des ports sur la future route du NordOuest (qui sera la dernière à s’ouvrir) entre l’océan Pacifique et l’océan Atlantique qui multiplieraient les échanges entre ce littoral et le reste du monde. La route du Nord-Ouest fait figure de raccourci à l’échelle mondiale, avantage non négligeable dans le contexte de la mondialisation. Grâce à des investisseurs privés depuis 1997, Port Churchill (doc. 14) s’est modernisé. Situé sur la côte ouest de la baie d’Hudson, le port de Churchill permet de relier de nombreuses régions d’Europe, de Russie et de la Méditerranée en moins de temps en raison des courtes distances. Situé également près de l’Arctique central canadien, il permet d’expédier rapidement du carburant et du matériel de construction aux villages du Nunavut. En plus de ses cargaisons habituelles de céréales (silos sur la photographie), Port Churchill offre la possibilité unique d’exporter des produits fabriqués à partir des ressources naturelles et d’importer des produits manufacturés. Quand il sera ouvert toute l’année, le port pourrait accueillir entre 120 et 150 bateaux par année. Dans ce but, ce port s’est doté récemment d’un pôle multimodal capable d’accueillir conteneurs et hydrocarbures et d’évacuer les marchandises par voie ferrée. Cependant, cette liaison avec l’hinterland reste fragile, la voie ferrée étant assise sur un sol instable notamment entre Thompson et Churchill : elle attend de nouveaux investissements. À l’exception de Churchill, les ports semblent peu nombreux (par rapport à la Russie) et peu de voies de communication relient ces littoraux à l’arrière-pays (sauf le Trans-Alaska, oléoduc de 1 300 km joignant Prudhoe Bay à Valdez). Enfin, la navigation ne serait pas sans danger et nécessiterait des moyens techniques coûteux (achat de brise-glace à propulsion nucléaire notamment, réseau de surveillance renforcé, bulletins météorologiques plus précis). Cette route serait donc théori66
quement plus courte mais le surcoût financier pour les compagnies de transport maritime risque de la rendre moins attractive. Il est encore trop tôt pour parler d’une autoroute maritime potentielle. 3. Selon le droit international, aucun pays ne possède le pôle Nord ou la région de l’océan Arctique. La souveraineté des pays riverains est limitée par leur zone économique exclusive. C’est pourquoi les pays riverains (Canada, Russie) veulent établir un contrôle (et un péage) sur ces futures routes maritimes estimant qu’elles font partie de leur ZEE. Mais les États-Unis, l’Union européenne et le Danemark (doc. 12) s’y opposent, affirmant qu’il s’agit d’un passage international. En retour, le Canada pourrait réglementer les droits de pêche et la protection de l’environnement mais ne pourrait fermer le passage. La frontière maritime est encore contestée entre l’Alaska et le Canada dans la mer de Beaufort, riche en hydrocarbures. Ainsi, la petite île de Hans crée des tensions entre le Canada et le Groenland : chacun y revendique des droits de pêche, mais convoite en réalité le potentiel en hydrocarbures de cette zone maritime ainsi que la situation stratégique de l’île sur une voie maritime (doc. 11). 4. L’avenir de l’Arctique dépend des choix énergétiques des autres pays comme nous le montre le procès des habitants de Kivalina (Alaska) qui accusent les grandes compagnies pétrolières américaines d’émettre des gaz à effet de serre, de participer au réchauffement climatique et donc à la disparition progressive de leur village. Leur procès très médiatisé présente les habitants de Kivalina comme les premiers réfugiés climatiques de l’Arctique, à l’instar des habitants de Shishmaref. Mais même si les habitants semblent avoir obtenu gain de cause, les compensations financières visant leur réinstallation posent encore problème. Au-delà des acteurs économiques, nombreux sont les pays concernés par l’avenir de l’Arctique, c’est pourquoi le Canada a été critiqué en mars 2010 car il n’a réuni que les pays côtiers (doc. 15 : « les discussions significatives sur les questions de l’Arctique devraient inclure ceux qui ont des intérêts légitimes dans la région »). 5. Le Canada veut régler cette question de la souveraineté en Arctique en convoquant les pays riverains de l’océan Arctique. Mais il est accusé de ne servir les intérêts que des pays riverains alors que les autochtones sont aussi concernés. Ils siègent au Conseil de l’Arctique par le biais de l’ICC ou du Raipon. De plus, d’autres pays pourraient profiter de ces routes ou exploiter ces nouvelles ressources (Union européenne, Chine…). BILAN 3. La fonte de la banquise permettra-t-elle la naissance d’une façade arctique nord-américaine ? Il est certain qu’avec le réchauffement des océans et le recul de la banquise, le littoral arctique de l’Amérique du Nord redevient un enjeu stratégique. Il n’est plus totalement enclavé grâce au pont Arctique et à la future route du Nord-Ouest. Les échanges pourraient s’intensifier entre ce littoral et le reste du monde. Pour l’instant, il est trop tôt pour parler de façade : le passage s’opère surtout par le pont Arctique, le passage du Nord-Ouest n’étant pas ouvert tous les ans. Les ports sont peu nombreux (à l’exception de Port Churchill équipé récemment) et la navigation restera difficile et donc probablement coûteuse. Mais l’enjeu n’est pas seulement commercial, il est aussi géopolitique. La remilitarisation de la zone par le Canada montre les tensions internationales que soulèvent ces nouvelles opportunités. Des tensions émergent à propos du contrôle des routes, des litiges frontaliers maritimes persistent entre le Canada et les États-Unis et entre le Canada et le Groenland. Dans le même temps, on assiste à une véritable prise de conscience que l’avenir de cette région dépend des choix politiques et économiques de multiples acteurs. C’est ce que montre le procès des habitants de Kivalina, victimes du réchauffement climatique. C’est pourquoi, il semble nécessaire et urgent de réfléchir à une politique globale pour l’avenir de cette région qui ne concerne pas seulement les pays riverains.
Carte 1
Le peuplement de l’Arctique
p. 222-223
Faire un bilan Caractéristiques des mondes arctiques, la faiblesse et la dispersion du peuplement sont toutefois plus marquées en Amérique du Nord qu’en Russie. © Hachette Livre
Comparer et changer d’échelle La tendance à la littoralisation est assez générale mais particulièrement affirmée au Groenland, en Scandinavie, en Islande et en Russie. Ce pays se distingue aussi par une forte urbanisation de ses territoires arctiques, contrairement à l’Amérique du Nord et au Groenland. Enfin, si les autochtones représentent une part importante de la population totale de l’Arctique canadien et du Groenland, ils sont largement minoritaires ailleurs. Passer au cours Pourquoi peut-on dire que l’Arctique se trouve aux marges de l’œkoumène ? Quels sont les facteurs de l’inégale répartition du peuplement au sein des mondes arctiques ? Comment les sociétés arctiques ont-elles surmonté les contraintes du milieu polaire boréal ?
Carte 2
L’Arctique, un espace riche mais menacé
p. 224-225
Faire un bilan L’Arctique nord-américain et russe sont richement pourvus en matières premières et en ressources énergétiques mais leur exploitation prédatrice a souvent généré des dégradations environnementales surtout en Russie. Comparer et changer d’échelle L’inégale répartition des ressources est frappante. Alors que la Russie se trouve particulièrement bien pourvue, le Groenland et les pays scandinaves – Norvège exceptée – ne présentent pas une diversité de ressources aussi marquée. Alaska et Canada se trouvent dans une situation intermédiaire malgré un potentiel prometteur, tandis que les paysages exceptionnels des côtes du Groenland et du Svalbard génèrent un tourisme en expansion. Les menaces pesant sur l’environnement varient en fonction du volume de ces ressources mais aussi de l’intensivité de leur mise en valeur. On remarque que les plus fortes dégradations se concentrent en Russie alors que le Groenland, l’Islande et une grande partie de l’Arctique canadien ont subi une anthropisation plus discrète. Le facteur historique, la diversité des législations nationales et les inégalités en matière de développement expliquent de tels contrastes. Passer au cours Quel rôle joue le changement climatique dans la réactivation de l’intérêt des États riverains pour leur zone arctique ? Selon quelles modalités sont mises en valeur les ressources arctiques ? L’exploitation des ressources de l’Arctique donne-t-elle lieu à un développement durable ?
Carte 3
p. 226-227 L’Arctique, un espace géopolitique majeur Faire un bilan De l’Amérique du Nord à la Russie, la possibilité d’une prochaine ouverture à la navigation des grandes routes polaires symbolise l’accélération du processus d’intégration des mondes arctiques. Comparer et changer d’échelle Sur fond de course aux ressources, l’enjeu du partage des eaux de l’océan Glacial arctique acquiert une dimension inédite, y compris au plus fort des tensions de la guerre froide. Ces dynamiques d’appropriation donnent lieu à des différends sans que soit remise en question la suprématie des deux principales puissances régionales : la Russie et le Canada. La stratégie de négociation dans laquelle sont engagés les acteurs étatiques à ce sujet semble occulter le danger d’une fragilisation d’un monde polaire encore largement préservé. Une gouvernance mondiale s’avère donc nécessaire pour ménager ces mondes polaires, véritable baromètre des équilibres de la planète. Passer au cours Quelles sont les conséquences géopolitiques des impacts du changement climatique sur l’Arctique et de l’intégration accélérée de cet espace ? Quelles sont les interactions existant entre les mondes polaires et le reste de la planète ? Comment assurer une gestion durable des mondes arctiques ? © Hachette Livre
Cours 1
p. 228-229
Un milieu contraignant aux marges de l’œkoumène ●
Présentation des documents
La confrontation des trois documents met en évidence les caractéristiques des milieux polaires, leurs évolutions et leurs conséquences spatiales. Ils s’inscrivent dans une démarche qui permet d’envisager les mutations liées au réchauffement climatique (réduction de l’étendue et de l’épaisseur de la banquise, dynamiques biogéographiques) sans pour autant occulter la permanence des contraintes propres aux hautes latitudes (froid, gel, tempête, pergélisol).
Doc. 1 La carte est aussi l’occasion de s’interroger sur les limites de l’Arctique et leur caractère évolutif. Toutefois, le travail de définition de l’espace envisagé dans le chapitre implique le recours à d’autres paramètres que ceux de la géographie physique (latitude, climat, végétation, englacement), tels que l’indice de nordicité. Celui-ci est calculé à partir de données ne se limitant aux aspects physiques : densités de population, accessibilité, desserte aérienne, rayonnement des activités économiques, type de population. L’indice de nordicité peut fluctuer en fonction de l’évolution des contraintes de l’Arctique, notamment liée aux aménagements visant à les déjouer. ●
Proposition d’activité pédagogique
La confrontation des trois documents doit conduire les élèves à dépasser la simple mise en évidence des contraintes propres aux mondes arctiques. Elle doit leur permettre de montrer qu’ils sont constitués de milieux fragiles et évolutifs, surtout dans un contexte de réchauffement climatique.
Cours 2 p. 230-231 Un espace de plus en plus convoité et menacé ●
Présentation des documents
L’ensemble des documents met en valeur le caractère ambivalent de l’exploitation des ressources et peut permettre d’identifier les acteurs de la gestion de l’Arctique et les tensions qui les opposent.
Doc. 1 Le tourisme arctique est l’un des trois axes majeurs du développement au Groenland. Il s’agit pour l’essentiel d’un tourisme de croisière, les visiteurs partant à la découverte de la faune, de la flore ou comme ici des glaciers. Celui d’Ilulissat est particulièrement prisé, car il est actuellement le plus grand fournisseur d’icebergs de l’hémisphère nord et un observatoire privilégié de la fonte des glaciers. La taille de la vedette nous montre qu’il ne s’agit pas encore d’un tourisme de masse. L’angle de la photographie accentue l’immensité et la transformation saisonnière des paysages. Les touristes viennent y chercher une nature vierge, parfois vouée à la disparition, risquant d’accentuer le risque de « sanctuarisation » des lieux. Ce thème de la mise en place d’un tourisme durable pourra être approfondi grâce à la méthode 1.
Doc. 2 Un « pacte » semble possible entre peuples autochtones et grandes entreprises.
Doc. 3 Les intérêts divergent entre les grandes compagnies énergétiques et les touristes pour la préservation de l’environnement. ●
Proposition d’activité pédagogique
L’élève pourra être interrogé sur les acteurs qui n’apparaissent pas dans cette page mais qui ont été identifiés dans l’étude de cas (États, Conseil de l’Arctique…), pour aboutir à la prise de conscience de la multiplicité des acteurs et des enjeux ainsi que de la nécessité d’une gouvernance (doc. 3 p. 235).
Chapitre 6 ● Les mondes arctiques, une « nouvelle frontière » sur la planète 67
Cours 3
p. 232-233
Un espace disputé en voie d’intégration ●
Sujet : L’essor du tourisme arctique
Présentation des documents
Les trois documents mettent en évidence les évolutions actuelles du statut de l’Arctique. Il semble évident qu’on ne s’oriente pas vers une démarche de coopération scientifique internationale fondée sur une sanctuarisation des milieux, comme ce peut être le cas en Antarctique. Au contraire, le statut des eaux internationales boréales paraît de plus en plus remis en question. ●
Le doc. 3 peut être l’occasion de faire étudier aux élèves la Une d’un journal. L’inscription en alphabet cyrillique doit permettre aux élèves d’identifier assez facilement la nationalité du navire. La forme particulière de son étrave, ainsi que sa localisation au cœur d’une immensité glacée doivent les conduire à en identifier la fonction. La photographie, en légère contre-plongée, offre une vision saisissante de la proue du Yamal, brise-glace à propulsion nucléaire construit à l’époque communiste, érigé en symbole de la puissance soviétique et de la maîtrise d’une nature considérée comme « hostile ». Les personnages à droite témoignent de la reconversion du navire, qui n’est plus guère utilisé à des fins militaires ou d’assistance aux navires marchands mais a été reconverti dans le transport des touristes et des scientifiques. Le titre « Arctique. L’autre guerre froide » joue sur la polysémie de l’adjectif renvoyant aux spécificités climatiques du monde polaire boréal tout en faisant référence à des enjeux géopolitiques témoignant d’une réactivation des tensions de la période 1947-1991.
p. 234-235
Un espace à ménager pour préserver les équilibres mondiaux ●
Présentation des documents
L’ensemble des documents choisis vise à s’interroger sur l’avenir de l’Arctique.
Doc. 1 La carte présente les risques environnementaux liés à une forte croissance du trafic maritime.
Doc. 2 Le doc. 2 peut inviter à réfléchir sur le rôle des compagnies pétrolières dans l’exploitation de l’Arctique et le réchauffement climatique.
Doc. 3 Le texte évoque la recherche d’un mode de gouvernance propre à la région. ●
Proposition d’activité pédagogique
Le doc. 2 peut être l’occasion de faire étudier aux élèves une affiche publicitaire. Les campagnes de communication des grandes entreprises (ici Total) utilisent aujourd’hui l’image de l’Arctique en se positionnant (toujours à leur avantage) dans la lutte contre les mutations climatiques. Grâce à ce photomontage, deux icebergs se reflètent dans un ciel nuageux, formant un quartier urbain caractérisé par la densité de son éclairage et la verticalisation de son bâti. L’adéquation est simple : les besoins énergétiques sont indispensables mais ils doivent être satisfaits en contribuant le moins possible à la dégradation de l’Arctique. C’est pourquoi Total énumère son engagement dans les énergies alternatives et dans l’expérience d’enfouissement du CO2 à Lacq (que l’on retrouve dans le « CO » de « Communauté d’intérêts »). Cette entreprise participe également au perfectionnement des technologies d’imagerie souterraine pour réduire les coûts d’exploration, de production et l’impact sur l’environnement. Malgré cela, nombreux sont les sceptiques sur l’engagement environnemental de Total, ce qui pousse l’entreprise à mener ces campagnes publicitaires ou à financer des expéditions comme le Total Pole Airship qui avait pour objectif de mesurer l’épaisseur de la banquise en 2007. 68
Capacités - Nommer et localiser des lieux dans un espace géographique. - Exploiter et confronter des informations. - Organiser et synthétiser des informations. - Développer son expression personnelle et son sens critique. ●
Proposition d’activité pédagogique
Cours 4
Méthode 1 p. 236-237 Confronter une publicité et un article de presse
Correction
1. Présenter Les deux documents ont en commun de traiter du tourisme arctique et de ne pas émaner d’une source scientifique. La publicité est extraite d’une brochure d’un tour-opérateur français spécialiste des voyages dans les mondes polaires et faisant la promotion d’une croisière au Spitzberg. L’article est, quant à lui, tiré d’Écotourisme, une revue numérique spécialisée dans l’information sur le tourisme durable et destinée au grand public. Ces documents doivent être analysés avec le recul critique nécessaire, le premier présentant moins un objectif informatif sur le tourisme arctique qu’une visée commerciale et le second étant idéologiquement orienté puisque faisant, lui aussi, la promotion d’un certain type de tourisme, dimension qui apparaîtra peut-être moins évidemment aux élèves. 2. Situer Territoire norvégien, le Spitzberg constitue la plus grande île de l’archipel du Svalbard situé à l’extrême nord de la Scandinavie, au nord du 78e parallèle. 3. Décrire et analyser en confrontant les informations 1. Le nombre de touristes visitant l’Arctique chaque année a été multiplié par 1,5 en 15 ans. Le chiffre d’1,5 million de touristes (2006) peut sembler relativement faible, étant donnée l’immensité des territoires concernés. En fait, l’Islande, la Norvège, l’Alaska et le Canada constituent les destinations privilégiées et, au sein même de ces pays, le tourisme, généralement très littoralisé, se concentre sur un nombre limité de pôles. Il ne s’agit donc en rien d’un tourisme de masse, plusieurs facteurs contribuant à limiter la fréquentation touristique de l’Arctique. Le climat constitue une première contrainte, de par son caractère aléatoire qui nécessite une bonne préparation et une certaine capacité d’adaptation, mais aussi parce qu’il est à l’origine de la brièveté de la saison touristique et peut rendre difficile la navigation. Le coût des voyages constitue aussi un facteur limitant : le nombre réduit des vols directs entre les principaux foyers émetteurs de touristes et la zone arctique, la faiblesse de l’offre (notamment en matière de capacités d’accueil) et le coût de la vie sur place (consommation de produits importés) font de l’Arctique une destination élitiste. Enfin, il faut souligner le caractère très encadré du tourisme arctique en raison de la présence de nombreuses zones à l’accès limité (parcs naturels, centres de recherche scientifique). Ces caractéristiques font donc de l’Arctique un espace adapté à l’écotourisme, pratique touristique qui se veut respectueuse de l’environnement et repose en principe sur des effectifs limités. 2. L’extrait de la brochure fait référence, à plusieurs reprises, aux premiers explorateurs du pôle Nord, inscrivant les touristes dans le sillage des grands découvreurs (« les marques des précédentes explorations à la conquête du pôle Nord »), d’autant que leur périple s’effectue aussi par bateau. Bien que l’Arctique ne constitue pas vraiment un des derniers bastions de l’exploration des espaces vierges de la planète (pensons à l’Antarctique, aux sommets himalayens, aux océans ou à certaines contrées amazoniennes), les arguments visent à susciter la fascination et la soif d’aventure. Il met l’accent sur le fait que le Spitzberg constitue un territoire des latitudes extrêmes (« navigation cap au nord »), dernière terre habitée avant d’atteindre le pôle Nord, encore peu parcourue par les touristes. L’iconographie fait d’ailleurs le choix de ne montrer que des paysages vierges de tout aménagement humain, univers de pierre et de glace, confortant cette représentation d’un désert froid aux marges de l’œkoumène, peu fréquenté par les occidentaux – scientifiques exceptés, et censé offrir une nature primitive. © Hachette Livre
3. Les activités proposées par le voyagiste tournent principalement autour de l’observation de la faune et de la flore, de la visite de sites glaciaires et d’une station scientifique ou encore de la pratique de la randonnée. Sans exclure les visites culturelles (patrimoine historique lié à l’activité baleinière et à la recherche scientifique), le programme accorde une place centrale au contact avec une nature qui se veut préservée. L’utilisation de petites embarcations (goélette de 20 passagers, zodiac) vise d’ailleurs à limiter les impacts de ce tourisme sur l’environnement. Toutefois, ce tourisme n’est pas sans conséquences environnementales et pose la question des pressions anthropiques sur ces milieux hautement vulnérables : piétinement de la végétation et érosion des sols liées au passage des visiteurs, dérangement des animaux, pollution liée aux navires, problème de la gestion des déchets (les centres de recyclage sont rares), introduction involontaire de virus et de bactéries. Ses conséquences sociales peuvent s’avérer plus positives dans la mesure où le tourisme agit comme un facteur d’intégration aux circuits économiques pour les populations résidentes. D’un point de vue économique, c’est une source de revenu pour les habitants, notamment les peuples autochtones, à condition que les retombées de l’activité touristique soient réparties équitablement. Or, le tourisme arctique est surtout le fait de croisières ou de circuits organisés par les voyagistes des pôles urbains des pays du pourtour arctique ou bien des pays émetteurs de touristes. Les populations locales sont, finalement, peu partie prenante de ce type d’activités. En outre, la brièveté de la saison touristique ne peut en faire une source de revenu régulière. 4. Un tourisme durable en Arctique contribuerait au développement économique local tout en minimisant son empreinte écologique sur ces milieux fragiles et en contribuant au bien-être de ses habitants. En premier lieu, une gestion et une régulation des flux de touristes s’imposent. D’autant que la massification de la fréquentation touristique risque d’annihiler toute sensation d’expérience sauvage dont la quête constitue souvent la motivation première de ce type de voyage. Or, les juridictions en la matière sont très variables d’un État à l’autre : alors que le Svalbard a mis en place une régulation très stricte de sa fréquentation touristique, le Groenland fait tout pour multiplier les effectifs d’un tourisme en plein développement. Concrètement, un tourisme durable pourrait recourir à de petits bateaux plutôt qu’à de grands paquebots (plus polluants et synonymes d’une massification des flux touristiques) dont le nombre est pourtant en constante augmentation. On pourrait interdire le débarquement des touristes des yachts privés dont le contrôle à terre est impossible ou promouvoir une utilisation raisonnée des motoneiges. Il semble aussi indispensable d’informer le public sur les bonnes pratiques à adopter, notamment sous forme de conférences éducatives à bord des navires. Un tourisme éthique et équitable doit veiller au partage des bénéfices avec les communautés nordiques. Les recettes touristiques pourraient être mises au service du développement local (éducation, équipements sanitaires, logement) ou bien, sur le modèle de ce qui se passe aux Îles Galápagos (Équateur), financer des projets de conservation des milieux polaires. Une question reste, malgré tout, en suspens : le fait qu’il soit aujourd’hui techniquement possible de voyager jusqu’aux « confins » du monde donne-t-il aux hommes le droit de voyager partout ? 4. Synthèse L’accroissement du nombre annuel de visiteurs au sein des mondes arctiques témoigne d’une accélération de la mise en tourisme sans qu’on puisse toutefois parler d’un tourisme de masse. La majorité des touristes, en provenance d’Amérique du Nord et d’Europe, pratique un écotourisme, témoignant de son attrait pour des déserts froids aux marges de l’œkoumène, qui présentent autant de paysages fragiles peut-être voués à disparaître. Ce processus d’intégration lié au développement du tourisme concerne inégalement les territoires de l’Arctique. Ainsi, l’Islande a connu un boom de sa fréquentation ces dernières années. Dans le même temps, les croisières se développent le long des côtes du Groenland et du Spitzberg. De même le potentiel touristique du Canada, de l’Alaska et de la Norvège a fait l’objet d’une valorisation précoce parallèlement à une logique de sanctuarisation permettant la préservation de paysages d’exception. L’Arctique russe demeure, en revanche, largement à l’écart de ces flux touristiques. © Hachette Livre
Les conséquences de cette mise en tourisme semblent très contrastées. Les retombées économiques ne sont pas négligeables, d’autant que le profil socio-économique des touristes montre qu’il s’agit d’une fréquentation élitiste. Toutefois, l’essentiel des bénéfices économiques revient aux tours operators des grandes métropoles nord-américaines ou européennes, plutôt qu’aux résidants, et encore moins aux peuples autochtones. D’un point de vue environnemental, la fréquentation touristique vient s’ajouter aux pressions anthropiques déjà existantes. Les voyages en Arctique étant principalement centrés sur la découverte d’une faune et d’une flore particulièrement originales, celles-ci pâtissent de la massification du tourisme. La durabilité en matière de tourisme semble donc encore à conquérir. Un tourisme durable garantirait un développement économique des territoires respectueux des équilibres environnementaux et assurant une juste répartition des revenus de cette activité.
Méthode 2
Confronter deux images satellites
p. 238
Sujet : L’évolution de la banquise arctique entre 2005 et 2007
Capacités - Nommer et localiser des lieux dans un espace géographique. - Repérer des lieux sur des systèmes de projection différents. - Mettre en relation des lieux entre eux. ●
Correction
1. Présenter • Les deux documents présentés sont des images satellites. • L’intérêt de la comparaison entre ces deux documents est de montrer une évolution sur une courte période de deux ans. 2. Situer a. Russie b. Norvège c. Alaska (États-Unis) d. Canada e. Groenland (Danemark) f. Islande g. Spitzberg 3. Décrire Les espaces englacés en 2005 sont : 1. Groenland 2. Terre de Baffin 3. Nord de l’Alaska 4. Sibérie orientale 5. Nouvelle-Zemble 6. Mer de Baffin 7. Océan Arctique Les espaces libres de glace en 2007 sont : 1. dégel de la mer de Baffin : ouverture possible de la route du NordOuest ; 2. rétraction de la banquise du coté sibérien ; 3. détroit de Vilkitski englacé : fermeture partielle de la route du NordOuest. L’ouverture de cette route n’est donc pas permanente. 4. Analyser • Les routes maritimes partiellement ou complètement libres de glace en 2005 sont surtout le pont Arctique et la route du Nord-Est. • En 2007, - on peut observer une rétraction de la banquise d’été ; - le réchauffement des océans qui entraînerait un réchauffement climatique en serait la cause ; - les conséquences sur la navigation seraient l’ouverture de nouvelles routes maritimes et notamment du passage du Nord-Ouest ; - les losanges orange représentent les principaux gisements d’hydrocarbures. L’apparition des nouvelles routes faciliterait le transport du pétrole et du gaz vers les grands centres de consommation. 5. Rédigez une synthèse Les principales mutations de la banquise entre 2005 et 2007 sont une rétraction globale de la banquise et l’ouverture de nouvelles routes
Chapitre 6 ● Les mondes arctiques, une « nouvelle frontière » sur la planète 69
maritimes mais certaines zones nécessitent encore un brise-glace (route du Nord-Est). La fonte de la banquise serait un facteur d’intégration à l’économie mondiale parce que les échanges, notamment d’hydrocarbures pourraient s’intensifier entre ce littoral et le reste du monde. Mais le passage s’opère surtout par le pont Arctique, le passage du Nord-Ouest n’étant pas ouvert tous les ans. Les ports ne sont pas toujours suffisamment équipés et la navigation restera difficile et coûteuse, ce qui est pour le moment un handicap pour les porte-conteneurs.
Méthode 3
p. 239
Construire un croquis d’interprétation
Sujet : A rkhangelsk (Russie), une ville industrielle au cœur de la taïga Capacités - Nommer et localiser des lieux dans un espace géographique. - Lire une image satellite. - Réaliser un croquis d’interprétation. - Organiser des informations. ●
Correction
1. Repérer et localiser • Arkhangelsk (348 000 habitants en 2008) occupe un site de tête de delta, à l’embouchure de la Dvina septentrionale, fleuve navigable de mai à novembre que deux canaux relient à la Volga et au golfe de Finlande. S’étendant principalement en rive droite du fleuve, la ville se trouve en lisière de la taïga, en amont des marécages infestés de moustiques de la zone deltaïque. Sa situation au sud du cercle polaire, par 64 de latitude nord, la rattache au domaine subarctique
mais sa fonction de port sur la mer Blanche, elle-même ouverte sur l’océan Arctique, en fait un pôle résolument tourné vers les mondes arctiques. • Bien reliée à l’ouest de la Russie et bénéficiant, de par sa latitude, d’un climat moins extrême que les territoires situés au nord du cercle polaire, Arkhangelsk ne connaît pas les difficultés d’approvisionnement des isolats sibériens. Les liaisons par voies terrestres et navigables en font la tête de pont d’un vaste hinterland. Sa situation littorale la place en concurrence avec Mourmansk mais, contrairement à la mer de Barents, libre de glace toute l’année, la mer Blanche présente l’inconvénient d’être prise par les glaces de décembre à mai, ce qui complique la navigation. 2. Organiser la légende Au contact entre la taïga et de l’océan Arctique, Arkhangelsk constitue le principal pôle industrialo-portuaire de traitement et d’exportation du bois de l’Arctique russe. L’oblast d’Arkhangelsk représente à lui seul 8 % de la production annuelle de bois en Russie (Mission économique de Saint-Pétersbourg, 2006). Une fois le bois débité en grumes – majoritairement des résineux – dans les centres de coupe itinérants de la forêt boréale, les eaux de la Dvina sont utilisées pour son transport, par flottage, de l’amont du fleuve vers la ville. Là, il alimente les scieries et les industries de la cellulose, du papier et du carton. L’emprise spatiale des infrastructures portuaires (quais, entrepôts, darses, formes de radoub) s’étendant sur les deux rives du fleuve confirme son statut de port d’exportation majeur de bois en grume, scié ou sous forme de contreplaqué ainsi que, dans une moindre mesure, de papier journal et de pâte à papier. L’essentiel de la production est destiné à l’Europe, via les ports de la Northern Range. 3. Choisir les figurés et 4. Réaliser le croquis
N
1 km
Dvina
quartier résidentiel
zone industrielle
route et pont
flottage du bois
a) une agriculture adaptée aux contraintes climatiques culture sous serre
fleuve et canal
zone portuaire
lopin cultivable en été b) forêt boréale taïga préservée taïga déboisée ou en friches
Méthode 4 - Étude d’un dossier de documents Organiser une réponse rédigée
p. 240-241
Sujet : Le Groenland au cœur des enjeux de l’Arctique, en finir avec la dépendance ? Capacités - Identifier des documents. - Prélever, hiérarchiser et confronter des informations. 70
- Cerner le sens général d’un corpus documentaire. - Organiser et synthétiser des informations en rédigeant un texte. ●
Correction
Questions 1. Le Groenland est actuellement dans une situation de dépendance. C’est un territoire qui appartient au Danemark, les principales liaisons aériennes se dirigent vers cet État. Il dépend aussi de cet État pour la plupart de son ravitaillement (hydrocarbures, bois) et pour une grande © Hachette Livre
partie de ses ressources financières (« 500 millions d’euros » sont évoqués dans le doc. 3) servant à financer retraites, aides à la formation, aide sociale au chômage et allocations familiales, logements sociaux (doc. 2). Enfin, le territoire accueille une base militaire américaine, ce qui le rend dépendant militairement, d’autant que cette base est un enjeu crucial pour le Danemark qui entend conserver son allié américain. 2. Les activités traditionnelles du Groenland sont : - la chasse en déclin (phoques) ; - la pêche artisanale et industrielle (crevettes, flétan, morue) qui représente 85 % de ses exportations aujourd’hui (activités de transformation : conserverie) - le tourisme essentiellement sur le littoral occidental (notamment le fjord glacé d’Ilulissat, classé au patrimoine mondial de l’Unesco). Le Groenland est aujourd’hui le témoin du changement climatique comme en témoigne la fonte du glacier Petermann, au nord du territoire qui a perdu en août 2010, l’équivalent de deux fois et demie la superficie de Paris. À cela s’ajoute le recul de la banquise qui pourrait faire du Groenland une étape importante sur la future route du NordOuest, intégrant le territoire groenlandais au reste du monde. D’ailleurs, les transports des marchandises entre le Groenland et l’Islande et le Canada par exemple sont en hausse aujourd’hui. Dans ce contexte, il deviendrait plus rentable d’exploiter les ressources énergétiques (50 % des réserves d’hydrocarbures de la mer du Nord) et minières de la région qui connaissent une forte demande mondiale. Enfin, le tourisme pourrait s’intensifier (multiplication des routes maritimes et des liaisons aériennes, prolongement de la saison touristique). 3. Pour que le tourisme devienne un tourisme de masse, le pays doit disposer de structures d’accueil et de voies de communications suffisantes (notamment aériennes), ce qui ne semble pas être le cas (doc. 1). Ce tourisme de découverte est coûteux (transport, produits de consommation courantes sur place, équipement), il reste donc un tourisme de luxe, réservé à une élite. Il ne peut vraiment se faire qu’en été : la période touristique est donc assez courte (doc. 4) faisant craindre les effets néfastes d’une forte concentration touristique. Il peut être source de pollution terrestre et maritime (problèmes de l’évacuation des déchets et des rejets des bateaux de croisière). De plus, sera-t-il compatible avec
l’exploitation énergétique et minière (doc. 3) ? Un tourisme de masse sera peu compatible avec un développement durable du Groenland. 4. L’île de Hans est aujourd’hui l’objet d’un litige entre le Groenland et le Canada au sujet des droits de pêche. Avec le réchauffement climatique, cette île pourrait servir d’étape sur la nouvelle route maritime et de point d’appui à l’exploitation pétrolière. Le Groenland est convoité également par les grandes compagnies pétrolières et minières qui souhaitent exploiter ces richesses et surtout par les États-Unis. Ils y possèdent déjà une base militaire (Thulé), qui pourrait devenir une « place centrale pour le transport de marchandises » (doc. 5), sur la route du Nord-Ouest. 5. Le peuple groenlandais a obtenu après referendum une autonomie renforcée vis-à-vis du Danemark depuis 2009. Les Groenlandais obtiennent, outre l’usage de leur langue et les compétences de police et de justice, une maîtrise de leurs ressources économiques. Certains visent maintenant une indépendance politique. Cependant, les perspectives d’indépendance économique sont encore floues. Le Groenland est trop peu peuplé pour relever seul le défi de l’indépendance et de sa croissance économique. La population, peu qualifiée, pourra-t-elle bénéficier des retombées de l’exploitation des ressources énergétiques et minières et de celles du tourisme ? Comment se passer de l’aide sociale danoise ? En intégrant l’Union européenne quittée en 1985 ? Enfin, le Groenland aura besoin de nouer des alliances pour que l’indépendance soit viable. Il a d’ailleurs repris les négociations avec les États-Unis pour développer l’accord de coopération avec ce pays signé en 2004 au sujet de la modernisation de la base américaine de Thulé, au nord-ouest de l’île. 1. Comprendre le sujet Bien que géographiquement rattaché à l’Amérique du Nord, le Groenland, territoire de 2 millions de km2 et de 56 700 personnes (dont environ 50 000 sont natifs du pays) est une province autonome du Danemark. En 1985, le Groenland est sorti de l’Union européenne (seul cas à ce jour) afin de se doter d’une plus grande liberté économique, ceci ne représentant qu’une étape sur la voie de l’autonomie. 3. Rédiger la réponse organisée Problématique b : En quoi le changement climatique représente-t-il une opportunité pour l’indépendance du Groenland ?
Réponses aux questions (arguments + exemples) 1. Un territoire dépendant
Connaissances personnelles
* Dépendance politique (appartient au Danemark). *D épendance économique (ravitaillement, dont énergie et bois des maisons).
* Importations importantes de produits de première nécessité.
* Dépendance financière (principales ressources financières et aides sociales viennent du Danemark).
* Aides financières importantes des États-Unis et de l’Union européenne.
* Dépendance militaire : base américaine de Thulé. * Dépendance logistique : liaisons aériennes et maritimes avec le Danemark. 2. Réchauffement climatique et nouvelles ressources
3. E ntre désir d’indépendance et convoitises extérieures
* Activités traditionnelles (pêche, chasse, tourisme).
* Développement de la pêche avec l’arrivée de nouvelles espèces.
* Nouvelles opportunités : - exploitation pétrolière et minière ; - intensification du tourisme ; - fonction commerciale avec l’ouverture de nouvelles routes maritimes.
* Développement de la route du Nord-Ouest et du pont Arctique mais quelques limites.
* Vers un développement durable ? - risque de déséquilibre écologique dû à l’exploitation minière et pétrolière ; - dangers d’un tourisme de masse.
* Risques environnementaux liés à l’exploitation minière et pétrolière.
* Volonté d’autonomie décidée par référendum.
* Modèle du Nunavut (étude de cas Amérique du Nord).
* Mais un territoire convoité et menacé par : - les grandes compagnies pétrolières et minières ; - le Danemark et les États-Unis ; - le Canada (pour l’île de Hans) ; - les consommateurs fortunés (touristes).
Conclusion : un lien fort entre autonomie financière et autonomie politique se crée-t-il aux dépens de la préservation environnementale ? © Hachette Livre
Chapitre 6 ● Les mondes arctiques, une « nouvelle frontière » sur la planète 71
Prolongement
p. 243
Passerelle SVT Comment expliquer la présence de glace aux pôles ? ● Présentation
Les températures négatives au niveau polaire entraînent l’accumulation de masses glacées. Sur le schéma de la page 243, l’inclinaison de la Terre n’a pas été représentée pour simplifier la compréhension mais il faut noter qu’avec cette inclinaison de l’axe de rotation, le pôle Nord peut être orienté vers le Soleil (en été) ou au contraire être en position où la lumière est très rasante voire même absente (c’est l’hiver polaire). Bien sûr, lorsque c’est l’été au pôle Nord, c’est l’hiver au pôle Sud ! C’est en hiver que les températures sont les plus basses. ● Réponses
aux questions
1. L’Arctique a une faune particulière : présence d’ours polaires, de rennes, de lemmings, de phoques, morses et belugas. L’Antarctique est célèbre pour ses manchots (différents des pingouins qui eux, volent). 2. Température minimale enregistrée à Vostock : -89,3 °C. Les précipitations y sont inférieures à 5 cm par an. 3. Le volume des glaces aux pôles est en diminution du fait de l’élévation des températures qui est plus importante aux pôles que partout ailleurs sur Terre. La baisse du volume des glaces entraîne une baisse de l’albédo (rapport entre l’énergie solaire réfléchie et l’énergie solaire reçue) ce qui amplifie le phénomène de réchauffement et donc de fonte des glaces.
B2i
p. 243
Une enquête aux pôles, un documentaire animé du CNRS ● Présentation
Ce site Internet, proposé par le CNRS, est un site de vulgarisation sur les pôles. Il a été élaboré à l’occasion de l’Année Polaire Internationale. Les courtes vidéos, la diversité des documents, le vocabulaire employé et le système de navigation sont tout à fait adaptés à des élèves de seconde. Il faudra cependant insister sur la nécessité de réactualiser certaines données statistiques. ● Réponses
aux questions
1. Les pôles sont des témoins privilégiés du réchauffement climatique. S’y rendre permet de comprendre le rôle de l’homme dans ce réchauffement, en étudiant l’augmentation des gaz à effet de serre et la destruction de l’ozone stratosphérique (entrée : Impacts de l’homme sur les pôles). Grâce aux prélèvements de calottes glaciaires, il est possible d’étudier l’histoire du climat et de placer ce réchauffement dans une histoire longue (entrée : la paléoclimatologie). Enfin, l’observation de la circulation océanique et atmosphérique révèle que les pôles sont des composants essentiels de la machine climatique (entrée : circulation générale et climat). La banquise fonctionne comme un bouclier thermique avec un albédo de 80 %. Sa fonte accélère le réchauffement et provoque la fonte des glaces car l’océan a un albédo entre 10 et 20 %. Ainsi, nous constatons que le réchauffement aux pôles est deux fois supérieur au réchauffement moyen de la planète. 2. Dans « Quel futur pour les pôles ? », l’item « Conséquences sur les populations humaines » permet de répondre à la question. Les populations ont adapté leur mode de vie aux conditions extrêmes des pôles. Le réchauffement climatique est donc néfaste pour les peuples qui vivent encore en symbiose avec cet environnement comme les
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peuples nomades ou semi-nomades. Les modifications climatiques menacent ainsi la pérennité des troupeaux de rennes et par là même le mode de vie des Evènes de Sibérie ou des Sâmes de Norvège. Des villages sont menacés par l’accentuation de l’érosion littorale alors que les territoires de vie sont de plus en plus étroits et discontinus avec la rétractation de la banquise. Enfin, la multiplication des contacts et l’intégration de ces territoires à leur État font craindre une acculturation, surtout en Russie (perte de la langue et des savoir-faire traditionnels).
Bibliographie ■ M.-F. ANDRÉ, Le monde polaire. Mutations et transitions, éditions Ellipses, 2005. ■ C. BAYOU et É. LE BOURHIS, « Portrait du Nord de la Russie européenne », Regards sur l’Est, nº 54, avril 2010. ■ É. CANOBBIO, Atlas des pôles - Régions polaires : questions sur un avenir incertain, éditions Autrement, 2007. ■ B. COLLIGNON, Les Inuits. Ce qu’ils savent du territoire, éditions L’Harmattan, 1996. ■ COURRIER INTERNATIONAL, Arctique. L’autre Guerre Froide, n° 935, 2-8/10/2008. ■ DOCUMENTATION FRANÇAISE, Le Courrier des Pays de l’Est, nº 1066, mars-avril 2008. ■ M. FOUCHER, Les nouveaux (des)équilibres mondiaux, Documentation photographique, n° 8072, 2009. ■ GITPA (Groupe International de Travail pour les Peuples Autochtones), Gaz, pétrole de l’Arctique et peuples autochtones, éditions L’Harmattan, 2008. ■ LE JOURNAL DU CNRS, « Pleins feux sur les pôles. Année polaire internationale », nº 205-206, mars 2007. ■ NATIONAL GEOGRAPHIC, Retour au Groenland, 70 ans après Paul-Émile Victor, nº 90, mars 2007. ■ NORDIQUES, Quel avenir pour le Groenland ? Éditions Choiseul, hiver 2008-2009. ■ REVUE DES PÔLES Nord et Sud, nº 1, 2008, et nº 2, 2009. ■ J. THOREZ, La Russie, éditions SEDES, 2007.
Sitographie ■ Atlas du Canada en ligne : http://atlas.nrcan.gc.ca/auth/francais/ index.html ■ CNRS, Une enquête aux pôles : http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/ dospoles/index.html ■ F. COSTADAU, Les pôles : nouveaux eldorados pour le trafic maritime ?, Nouvelle Europe, 28/01/2010 ; http://www.nouvelle-europe.eu/ geographie/au-nord/les-poles-nouveaux-eldorados-pour-le-traficmaritime.html ■ CRDP, Site pédagogique sur l’expédition Tara et le programme Damoclès : http://crdp.ac-paris.fr/tara/ ■ CRDP, Dossier pédagogique sur les régions polaires : http://crdp.acamiens.fr/edd/index.php/dossiers-thematiques/regions-polaires ■ GRID-ARENDAL, Cartes et graphiques sur les mondes arctiques : http://maps.grida.no/region/geoarctic/page/1 ■ Institut Polaire Français Paul Émile Victor (IPEV) : http://www. institut-polaire.fr/ ■ F. LASSERRE, Vers une autoroute maritime ? Passages arctiques et trafic maritime international, Actes du festival de Saint-Dié 2009 sur le thème « Mers et Océans : les géographes prennent le large » ; http://fig-st-die.education.fr/ ■ S. TABARLY, Dossier Océan Arctique : Des frontières maritimes à l’épreuve d’une nouvelle donne climatique, DGESCO/ENS-LSH Geoconfluences ; http://geoconfluences.ens-lsh.fr/doc/typespace/ frontier/FrontDoc5.htm ■ UARTIC, Atlas sur les mondes arctiques : http://uarctic.org/ AtlasFront.aspx?M=637
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Chapitre 7 Les littoraux,
des espaces convoités
Introduction Le littoral, lieu de rencontre entre la terre et la mer est caractérisé par une très grande variété de formes et de paysages qui ont été modelés tout au long des millénaires de l’histoire géologique par les effets combinés de conditions climatiques et du travail d’érosion effectué par les fleuves et glaciers. Aujourd’hui, les deux tiers de la population mondiale habitent dans cet espace d’interface à moins de 100 km de la mer. Les littoraux sont donc largement caractérisés par la concentration des hommes et des activités sur un espace restreint. Il est donc nécessaire de s’interroger sur les facteurs d’attractivité et de répulsivité des côtes. Même si l’attraction des littoraux est ancienne, elle s’est accrue considérablement au cours du xixe siècle avec la multiplication des échanges intercontinentaux et ensuite au milieu de xxe siècle avec la mondialisation, le développement de l’agriculture intensive et l’arrivée du tourisme de masse. Les littoraux sont devenus, dès lors, des espaces convoités par des agents qui sont concurrents dans l’accès à l’espace et aux ressources. Les hommes qui profitent des atouts naturels des littoraux pour développer une activité agricole (riziculture, aquaculture, conchyliculture…) entrent en concurrence pour l’usage de cet espace avec au moins deux autres acteurs : les zones industrialo-portuaires et les professionnels du tourisme. Des conflits d’usage peuvent alors survenir. D’autre part, les impacts des aménagements réalisés par les différents secteurs économiques provoquent, à des degrés divers l’appauvrissement des écosystèmes, l’artificialisation des milieux, l’augmentation des risques, mais ils suscitent aussi des démarches de protection inscrites dans une recherche de durabilité. En ce début de xxie siècle, les États ont pris conscience qu’il fallait donc protéger et gérer durablement l’espace littoral. Les concertations globales doivent permettre la mise en place d’actions locales capables de concilier développement économique et préservation des ressources biologiques et du paysage.
Ouverture La baie de Guanabara à Rio de Janeiro
p. 245
La photographie aérienne oblique de la baie de Guanabara à Rio de Janeiro au Brésil permet d’introduire les trois problématiques du chapitre : – Comment expliquer l’attractivité des littoraux ? En regardant cette photographie les élèves pourront aisément répondre que les populations attirées, ici, sont les touristes, du fait du paysage (la montagne et la mer). L’une des motivations est donc de se divertir dans les centres de vacances, les hôtels, de pratiquer des activités nautiques, de profiter de la plage. La légende indique que Rio accueille des activités pétrolières et industrielles. Cela permet de voir avec les élèves que le littoral n’est pas simplement synonyme de vacances ou de tourisme mais que la littoralisation des activités a un objectif économique avant tout : il s’agit de se rapprocher des ports afin de faciliter le commerce et d’être à proximité des portes d’entrée de la mondialisation. Même si cela n’est pas évoqué on attend des élèves qu’ils pensent également que la littoralisation répond aussi au besoin de se nourrir en se rapprochant des ressources halieutiques. – Étudier les immeubles visibles sur la photographie permettra de s’interroger sur les conséquences économiques, sociales et environnementales de la littoralisation mondiale. Les zones littorales qui allient industrie, économie, transports, tourisme et logements sont des lieux où toutes les activités humaines se concentrent. Elles sont les premières zones des conflits d’usage. L’environnement qui est à l’origine de l’attrait de toutes ces activités se dégrade rapidement mettant en péril les équilibres sociaux, économiques et environnementaux. L’une des premières conséquences de l’accroissement de la population sur le littoral est son urbanisation visible à travers les constructions de maisons, de bâtiments de travail, de routes et autres voies de transport, d’aménagements urbains, de ports, etc. © Hachette Livre
– Sur le littoral, l’homme doit faire face à des défis de la plus grande importance : la démographie augmente, il faut loger et donner du travail à cette population, les espaces naturels diminuent, l’urbanisation des espaces s’accélère, les transports se développent et avec eux leur cortège de nuisances directes ou indirectes. La question se pose dès lors : comment les sociétés envisagent-elles un développement durable des littoraux ?
Étude de cas 1 L’évolution du port de Shanghai est-elle conciliable avec une gestion durable du littoral ? p. 246-251 1. Quelle concentration des hommes et des activités ? ●
p. 246-247
Présentation des documents
Doc. 1 La carte met en évidence : – la présence d’une zone économique spéciale : même si Shanghai n’a pas eu accès directement au statut de Zone Économique Spéciale (ZES) en 1980 (statut qui ne concernait que Zhuhai, Shenzhen, Shantou et Xiamen), la ville en profita vers 1985 avec le delta du Jiulongjang, au moment où se définit aussi le statut de « Zone de développement », sorte d’interface contribuant à redistribuer la modernité et la croissance dans la Chine de l’intérieur. – la présence d’équipements portuaires et leur migration de l’intérieur des terres vers le littoral afin de recevoir des bateaux en eaux plus profondes. D’après T. Sanjuan, « la vocation première de Shanghai est d’être une métropole portuaire. Elle a mis très tôt en contact la région du Jiangnan avec les autres provinces chinoises et les ports de l’Asie orientale. L’implantation étrangère a considérablement renforcé cette vocation, avec une mondialisation de son trafic passagers et marchandises, en lien avec le Japon et les pays d’Europe et d’Amérique du Nord. Shanghai devient une destination majeure sur la route maritime qui part de l’Europe méditerranéenne, emprunte le canal de Suez et fait successivement escale à Aden, Pointe de Galles, Singapour, Saigon, Hong Kong, pour terminer à Kobe et Yokohama. Shanghai est ensuite un port de transbordement, relayé par des navires qui remontent le Yangzi jusqu’au Sichuan et irriguent les ports secondaires de la côte. Les équipements portuaires sont alors concentrés au cœur de la ville. La municipalité de Shanghai a décidé de redévelopper largement ses installations portuaires à l’occasion du projet de la Nouvelle Zone de Pudong en 1990. Il ne s’agit plus ici d’un port de rivière mais d’un port maritime, directement situé sur l’estuaire du Yangzi, protégé ainsi des envasements du cours aval du Huangpu et à même de recevoir des navires de gros tonnage. Shanghai s’adapte alors aux besoins des trafics maritimes modernes et conserve un emplacement stratégique, au centre de la façade maritime chinoise sur l’océan Pacifique, en concurrent direct avec le port plus méridional de Hong Kong. ». T. Sanjuan, Atlas de Shanghai, 2009. – la présence du quartier d’affaires et de nombreuses activités industrielles attirées par la position stratégique de Shanghai et par ses avantages économiques. – des réseaux de transport denses avec les voies ferrées, le fleuve, les routes et aéroports. Le nouvel aéroport international de Pudong, dont le premier terminal a été inauguré en 1999 et le second en 2008, est devenu le nœud aérien essentiel de Shanghai, notamment pour les liaisons extérieures. Son trafic aérien de passagers place Shanghai en troisième position en Chine, après Pékin et Hong Kong.
Chapitre 7 ● Les littoraux, des espaces convoités 73
Doc. 2 « Aujourd’hui, le port de Shanghai est le premier dans le monde pour le volume global et le troisième pour le volume de conteneurs. Il dispose de trois sites principaux pour les conteneurs : – le port intérieur de Wusongkou est arrivé à saturation ; – Waigaoqiao se donne pour un port international d’exportation. Il a représenté un investissement de plus d’un milliard de dollars. Sa capacité prévue était de 8 millions EVP et son trafic a atteint 12,7 millions en 2005. Il ne peut plus suffire au développement shanghaien ; – le port de Yangshan est destiné à des fonctions de transbordement et permettra à Shanghai d’assurer sa suprématie portuaire dans les années à venir. » T. Sanjuan, Atlas de Shanghai, 2009.
Doc. 4 Cette carte met en avant les très fortes densités de population notamment dans la ville nouvelle centrée sur Pudong et Puxi, et atteste de l’émergence d’autres villes nouvelles pour désengorger l’ancien centre de Shanghai. On remarquera également l’afflux massif de travailleurs ruraux. « L’internationalisation de Shanghai trouve sa principale visibilité dans le projet d’aménagement des terres de Pudong après 1990. La Nouvelle Zone devient rapidement la vitrine de la modernisation urbaine, de l’émergence économique et de l’ouverture de la Chine. Désenclavée par des ponts et des tunnels, elle comporte : Lujiazui, un centre financier où se concentrent les plus imposantes réalisations architecturales, cinq zones industrielles accueillant des industries non polluantes relevant de firmes multinationales, un aéroport international, qui réalise plus des trois quarts du trafic passagers de Shanghai ; et le port Waigaoqiao, l’un des plus importants au monde. ». « Shanghai attire aujourd’hui de nombreux migrants chinois, des périphéries municipales vers la ville-centre, des provinces voisines (Jiangsu, Zhejiang) et de toutes les provinces du pays. ». « Shanghai tend aussi aujourd’hui à se structurer sur un principe polycentrique et une distribution spatiale en cercles concentriques. Le projet « One city, nine towns », lancé en 2000, englobe tout le territoire municipal. S’appuyant souvent sur les anciennes villes-satellites, il entend favoriser une politique de villes nouvelles. ». T. Sanjuan, Atlas de Shanghai, 2009. ●
Réponses aux questions
1. Grande ville sur le littoral de la mer de Chine orientale, située à l’embouchure du Yangsi Jiang, Shanghai s’est étendue ces trente dernières années autour du Bund, son centre historique. Aujourd’hui, la ville-centre s’étale sur 40 km, depuis Lujiazui, le nouveau quartier des affaires situé dans l’arrondissement de Pudong. Les densités peuvent dépasser 40 000 hab. /km2. Shanghai compte, aujourd’hui 18,4 millions d’habitants et est devenue la capitale économique de la Chine. 2. Capitale économique du pays, Shanghai a son quartier d’affaires dans l’arrondissement de Pudong. Il est reconnaissable par ses gratte-ciel où se concentrent les sièges de grandes entreprises chinoises et étrangères, les grandes banques et les grands hôtels. Shanghai est une place financière et accueille des universités et centres de recherche. Les équipements portuaires se sont multipliés et modernisés afin de s’adapter à la mondialisation des échanges. La métropole compte quatre espaces portuaires, le plus impressionnant en terme de trafic étant le terminal à conteneurs de Yangshan, port en eau profonde en cours de construction et ouvert sur le système-monde. L’industrie est rattachée à ces zones portuaires, elle a contribué également au développement et à l’extension de la ville. 3. Le quartier d’affaires est situé dans le centre historique de Shanghai, sur la rive droite de la rivière Huang Pu, à 20 km à l’ouest du littoral. Les activités portuaires se sont déplacées ces vingt dernières années vers le littoral à l’embouchure du Yangsi Jiang (nord-est) et dans la baie de Huangzhou avec les ports de Jinshan et de Yangshan, en eau profonde. Les zones industrielles sont réparties dans l’ensemble de la municipalité de Shanghai, le long des principaux axes de communication ainsi que les villes nouvelles dont les principales, comme Songjiang, sont situées à 30 km au sud-ouest du quartier d’affaires de Pudong. La répartition de ces activités s’accompagne de l’étalement urbain de la métropole chinoise. 4. Capitale économique du pays avec un PIB/hab. six fois supérieur à la moyenne de la Chine, Shanghai s’accapare plus de 30 % du PIB 74
national. Ses ambitions portuaires ne cessent de s’affirmer. Avec le port de Yangshan, Shanghai dans les années qui viennent dépassera Singapour en trafic de conteneurs pour devenir le premier port mondial dans ce secteur. À l’échelle du pays, Shanghai absorbe 38 % du commerce extérieur et est devenue le premier aéroport chinois en fret, le second en transport de passagers. Les activités de la métropole chinoise sont diversifiées, dominées par le nouveau quartier d’affaires de Pudong. 5. Depuis vingt ans, les activités portuaires se déplacent vers le littoral. Le port de Waigaoqiao est devenu une zone franche en 1990, celui en eau profonde de Yangshan symbolise la grande ouverture de Shanghai sur le monde. Les zones de chargement et de déchargement des conteneurs s’étendent depuis dix ans. Les 29 postes d’amarrage prévus en 2012 feront de Yangshan le premier port au monde en trafic de conteneurs. Cette ambition portuaire s’accompagne du nouvel aéroport international de Pudong dont le premier terminal a été inauguré en 1999, le second en 2008. Il est devenu le nœud aérien essentiel de Shanghai et contribue à l’ambition de la mégapole de devenir une ville globale (définition p. 23 du manuel). Bilan 1. Le développement de Shanghai bénéficie de sa position exceptionnelle à l’embouchure du Yangzi qui en fait l’une des principales plateformes mondiales pour le commerce. Compte tenu de la population migrante, particulièrement nombreuse à Shanghai, le nombre d’habitants dépasse 18 millions, ce qui en fait la seconde agglomération chinoise. Les densités sont d’ailleurs très fortes dans les quartiers de Pudong et Puxi. Le port de Shanghai constitue un atout majeur à l’origine de la richesse de la ville : il est actuellement le premier du monde pour le vrac (582 millions de tonnes en 2008) et le deuxième pour le trafic de conteneurs (28 millions d’EVP en 2008, soit 25 % du trafic chinois) devant Hong Kong et à quelques encablures de Singapour. Shanghai dispose également de la plateforme aéroportuaire la plus active de Chine continentale : en 2008, 3,1 millions de tonnes pour le fret aérien et 51 millions de passagers répartis sur deux aéroports.
2. Quelles pressions sur le littoral ? ●
p. 248-249
Présentation des documents
Doc. 1 La carte permet de répertorier les conséquences environnementales de la littoralisation des hommes et des activités et surtout d’en mesurer l’étendue.
Doc. 6 et 7 Les textes développent certains points précis comme la pollution de l’eau et l’affaissement des sols ainsi que les risques à long terme. D’après T. Sanjuan, « Shanghai se donnait déjà pour modèle New York dons les années 1930. Aujourd’hui, une verticalisation du bâti non seulement répond aux standards de la ville moderne et internationale, mais reprend aussi à son compte en matière urbaine le défi d’un miroir sinoaméricain dans la mondialisation contemporaine. La multiplication des tours, par centaines et milliers, depuis la fin des années 1980, s’accompagne, pour les plus importantes, d’une constante surenchère architecturale en termes de hauteur et de forme. Tours d’affaires, de grands hôtels, d’habitations se concurrencent les unes les autres, et donnent une nouvelle dimension à la ville. Pour autant, aucune logique paysagère n’émerge vraiment. Au total, une haute forêt de tours écrase un sous-bois hérité, fait de courées pour l’essentiel, et perturbe une visibilité du dessin urbain. » T. Sanjuan, Atlas de Shanghai, 2009. ●
Réponses aux questions
1. Le paysage urbain est marqué par la verticalisation du bâti qui s’est accompagnée de la création de voies surélevées au sein de la ville. La croissance exceptionnelle de Shanghai depuis trente ans est à l’origine de cet aménagement urbain qui est relié aux investissements et à l’implantation de nombreux sièges d’entreprises nationales et étrangères. 2. Les fortes densités dans certains quartiers comme celui de Pudong entraînent un affaissement du sol : « Mais, avec environ 1 000 grandes tours de plus de 100 m, le tassement du sol de la métropole (…) s’accentue. » (doc. 7, lignes 13-15). Le sol sédimentaire de la capitale économique de la Chine, à l’embouchure du fleuve Yangsi Jiang, s’enfonce sous le poids des gratte© Hachette Livre
ciel. Certains d’entre eux, comme la tour Huanqiu Jinrong, dépassent 400 m de hauteur. 3. La pollution liée aux activités industrielles et agricoles intensives menace le littoral de Shanghai. Ces activités sont très étalées dans la métropole et se font concurrence. L’environnement est de plus en plus menacé par le rejet des eaux usées et le volume des déchets industriels et domestiques que charient le Yangsi Jiang et les nombreux cours d’eau et canalisations de rivières. Shanghai compte aujourd’hui 18,4 millions d’habitants dont les usages sont une menace dans cet espace sous pression. Les typhons dans cette zone tropicale sont également une menace pour le littoral et ses habitants. Les zones exposées à une possible élévation du niveau de la mer sont nombreuses et marquées par de fortes densités : plus de 5 000 hab. /km2. Des aménagements sont à prévoir pour atténuer les risques. Le trait de côte artificialisé est insuffisant. 4. La pollution de Yangsi Jiang provient surtout de rejets industriels et domestiques. La quantité déversée en 2006 équivalait à près de 40 fois la totalité des déchets produits en France en une année. La situation est alarmante pour la santé des hommes et la biodiversité. 5. La pollution du Yangsi Jiang contribue au recul de la biodiversité. Dans l’estuaire, les concentrations de polluants sont élevées : « L’azote va nourrir les algues bleues qui prolifèrent et abaissent le niveau d’oxygène dans les couches d’eau profonde de la mer. » (doc. 6, lignes 18-21). La faune est contaminée par la présence de métaux lourds dans l’eau et par le biais de l’irrigation, ce sont les produits agricoles que consomment des millions de personnes qui se retrouvent touchés. Une protection du littoral (population, environnement) est nécessaire aujourd’hui malgré l’ambition de la métropole d’accentuer son développement (nouvel aéroport international de Pudong, nouvelle zone portuaire gigantesque de Yangshan) et de rayonner à l’échelle mondiale. Bilan 2. La croissance économique de Shanghai s’accompagne d’une multiplication du nombre des entreprises et usines sur le littoral, elle motive l’exode rural et l’urbanisation galopante ; elle fait de Shanghai une porte d’entrée de la mondialisation et de ce fait engendre un accroissement des échanges par bateaux, routes ou voies aériennes. Tout ceci n’est pas sans conséquence sur l’environnement urbain et littoral. Tout d’abord, l’augmentation de la population et du nombre d’entreprises a pour corollaire une pollution atmosphérique plus importante et un accroissement du volume de déchets produits et rejetés. Ces derniers polluent terre et mer et conduisent à une réduction des ressources halieutiques et à un recul de la biodiversité. La multiplication des gratte-ciel résultant, en partie, de l’installation d’entreprises toujours plus nombreuses provoque un affaissement des sols de Shanghai. La littoralisation des activités a amené l’homme à artificialiser les côtes avec la construction de polders.
3. Quelle protection du littoral ? Quel développement durable ? ●
p. 250-251
Présentation des documents
Doc. 10 et 11 La carte et le texte 11 ont pour vocation de montrer le souci de Shanghai de se présenter comme une ville durable ; si elle veut jouer le rôle de ville globale, et devenir une vitrine de la Chine, elle doit contrôler son développement économique et urbanistique afin de devenir un modèle vers lequel les yeux du monde entier seront tournés. L’occasion lui en fut donnée lors de l’Exposition universelle de 2010. D’après T. Sanjuan, « Shanghai s’était déjà beaucoup modernisée depuis le début des années 1990 mais elle a accéléré les mutations des quartiers au sud du centre-ville, et sur la rive méridionale de Pudong. Elle a surtout accentué une réorganisation plus nettement nord-sud du cœur de l’agglomération. Les populations sont aujourd’hui plus sensibles à l’environnement et elles se plaignent des problèmes croissants de pollution en ville et des incidences dangereuses de certaines réalisations pour les secteurs alentour. » T. Sanjuan, Atlas de Shanghai, 2009.
Doc. 13 « Le port de Yangshan a été construit sur deux îles au sud-est de la municipalité. Il est relié au continent par un pont de 32 km. Sa capacité est de 3 millions d’EVP. » T. Sanjuan, Atlas de Shanghai, 2009. © Hachette Livre
Doc. 14 « Chongming est la plus grande des îles à l’embouchure du Yangzi de la municipalité de Shanghai. Elle est relativement peu peuplée (voir doc. 4 p. 247). Les projets actuels d’aménagement municipal entendent profiter des terres locales disponibles. Mais l’atout majeur de Chongming tient surtout à ses espaces naturels, ses zones humides et ses écosystèmes. Chongming est devenue une destination des citadins, qui y viennent vivre et manger suivant les habitudes rurales d’hier. » T. Sanjuan, Atlas de Shanghai, 2009. ●
Réponses aux questions
1. À l’heure de l’Exposition universelle, la ville de Shanghai se tourne véritablement vers le développement durable : « L’Exposition universelle a permis à Shanghai d’entreprendre des travaux qui ont amélioré la qualité environnementale de la décennie qui vient de s’achever. » (doc. 11, lignes 6-10). Ainsi, des espaces métropolitains sont peu à peu protégés. C’est le cas de l’île de Chongming qui présente une vaste réserve naturelle dans laquelle les présences de l’homme et de ses activités sont limitées. 2. Les autorités chinoises souhaitent se donner une belle image en impulsant une dynamique écologique aux différents pavillons de l’Exposition universelle : « L’Exposition universelle, qui se veut l’une des plus écologiques de l’Histoire, est l’occasion pour Shanghai de redessiner son visage de cité moderne et responsable. » (doc. 11, lignes 1-5). L’Exposition universelle accompagne le projet de la ville écologique à Dongtan, sur l’île de Chongming, qui « a eu et a toujours un écho international extraordinaire ». (doc. 12, lignes 1-2). 3. Dongtan est devenue célèbre pour incarner le premier projet de ville écologique en Chine. Cependant, ce projet ne s’est pas concrétisé et le nom de la ville a disparu du site de l’Exposition universelle. Problèmes de corruption ? Lourdeurs administrative et législative du système chinois ? s’interroge le chercheur F. Obringer. Selon lui, le montage financier et médiatique semble insuffisant et beaucoup d’acteurs n’avaient pas vraiment intérêt à la réalisation « incertaine » de l’éco-ville de Dongtan. 4. Le port de Waigaoqiao, à l’embouchure du Yangsi Jiang, ouvert en 1990 avec sa zone franche est un port international d’exportation. Malgré ses capacités, ses 26 postes d’amarrage et une profondeur d’eau entre 10,5 et 13 m, il ne peut plus suffire au développement shanghaien. En conséquence, la municipalité de Shanghai a fait jouer son poids économique auprès de l’État central pour construire le nouveau port de Yangshan depuis le début des années 2000. Ce port est destiné à des fonctions de transbordement et permettra à Shanghai d’assurer sa suprématie portuaire dans les années à venir. Avec une profondeur de 16 m, il s’est développé en 4 phases. 29 postes d’amarrage et une capacité de 13,8 millions d’EVP sont prévus en 2012. Sa situation sur deux îles en eau profonde, au sud-est de la municipalité, doit réduire le trafic maritime déjà saturé le long du littoral et en limiter les pressions. En ce sens, ce vaste chantier est compatible à une démarche de développement durable car il réduira les flux et les risques de pollution sur un espace côtier dense et largement fragilisé. Bilan 3. L’Exposition universelle de 2010 à Shanghai devait être celle de la promotion des innovations environnementales et souligner le désir des pays participants de prendre le virage du développement durable. La ville devait montrer l’exemple et s’est parée de technologies vertes. Afin de contrebalancer les conséquences de son industrialisation, catastrophiques pour l’environnement, la Chine veut donc se présenter en vitrine de l’écologie. Et l’écoville de Dongtan devait être le clou de l’Exposition universelle. Dongtan, district de l’île de Chongming, près de Shanghai, avait été pensé pour devenir une ville écologique modèle : les véhicules auraient roulé à l’électricité, les habitants se seraient nourris aux légumes bio, chaque bâtiment aurait consommé 70 % d’énergie en moins que les tours du centre-ville. Ambitieux et innovant sur le papier, le projet a, au départ, enthousiasmé la presse internationale mais s’est heurté à partir de 2007-2008 à une certaine facette des réalités chinoises et aux difficultés que cela peut engendrer. Surdimensionnement, imbroglio politique, désertion d’investisseurs et promoteurs orientés sur du projet à court terme, Dongtan a connu de nombreux revers et est aujourd’hui mis en veille à durée indétermiChapitre 7 ● Les littoraux, des espaces convoités 75
née. Cet exemple de ville durable inachevé montre que les ambitions de Shanghai d’allier développement économique et développement durable reste encore pour une grande part une utopie.
Étude de cas 2 Le littoral du Queensland en Australie peut-il maintenir ses activités tout en préservant durablement ses ressources ? p. 252-257 1. Quelle concentration des hommes et des activités ? ●
p. 252-253
Présentation des documents
Doc. 1, 3, 4 et 5 Les cartes 1 et 4 permettent de visualiser les fortes concentrations humaines et des activités sur le littoral du Queensland, les textes 2 et 5 en expliquent les raisons. On remarque en effet sur le document 1 que les densités sont supérieures à 250 hab. /km² entre Brisbane et Gold Coast. Le nombre de visiteurs annuel est compris entre 3 et 5 millions, ce sont majoritairement des Australiens. L’ensoleillement, les températures douces (climat tropical avec 287 jours de soleil par an) toute l’année et les championnats de surf sont des atouts indéniables. La Gold Coast s’étale le long de 57 kilomètres de côtes avec quelques-unes des plus célèbres plages d’Australie comme Main Beach, Surfers Paradise (le paradis des surfers, doc. 3). La carte 4 met en évidence que le tourisme est la principale industrie de la Gold Coast, avec 13 000 chambres allant des auberges de jeunesse aux hôtels cinq étoiles. Plus de 500 cafés et restaurants offrent une cuisine internationale. Les principales attractions touristiques sont les plages, les grands centres commerciaux, les terrains de golf, les parcs nationaux de l’intérieur et les parcs d’attraction à thèmes comme Dreamworld ou Sea World. ●
Réponses aux questions
1. Au centre-est de l’Australie et au sud de la province du Queensland, s’étend la Gold Coast, une conurbation qui comptera 600 000 habitants en 2011. La Grande Barrière de corail est le plus grand récif corallien du monde. Elle est située au large de la province du Queensland, au nord-ouest de la Gold Coast. 2. Le littoral du Queensland est ouvert sur l’océan Pacifique et la Grande Barrière de corail. Le climat tropical de la région (au sud du Tropique du Capricorne) avec ses températures estivales élevées (en décembre, janvier et février), les belles plages le long de la Mer de Corail sont de réels atouts touristiques. Dès la fin du XIXe siècle, ce littoral est convoité : « le gouverneur du Queensland fait de Southport sa résidence d’été. » (doc. 2, lignes 1-3). L’urbanisation s’étend au début du XXe siècle : « Au sud, Coolangatta est créée en 1914 et voit rapidement la construction de nombreux hôtels. » (doc. 2, lignes 3-5). Mais c’est surtout dans les années 1930 que le tourisme se développe sur le littoral après que la Grande Barrière de corail ait été reconnue scientifiquement. Jusqu’à présent, elle était un obstacle à la navigation. Les croisières hivernales, désormais, s’affirment et le nom de « Gold Coast » apparaît dans la presse de Brisbane dans les années qui viennent. Les voies de communication se développent : « Elston prend le nom de Surfers Paradise en 1933. Une route bitumée la relie à Brisbane en 1935. » (doc. 2, lignes 5-8). Cette littoralisation s’est accentuée dans la seconde moitié du XXe siècle. Les Australiens de l’arrière-pays se tournent véritablement vers le littoral : « Le souhait de millions d’Australiens de quitter le cadre contraignant du bush et le surmenage de la ville pour la sérénité et la chaleur de la côte, est en train de redéfinir l’identité nationale. » (doc. 5, lignes 1-4). Le tourisme international, quant à lui, s’impose, initié par de grands groupes japonais dans la région de Cairns, au nord. Aujourd’hui, dans la Gold Coast et le long de la Grande Barrière de corail, il représente en moyenne un quart du nombre des visiteurs. 3. Sept aéroports sont situés sur le littoral du Queensland. Ils sont reliés à l’activité touristique de la Gold Coast, au sud, à Cairns, au nord. Le tourisme balnéaire est présent surtout au sud de la province du 76
Queensland. Les infrastructures qui accompagnent cette littoralisation touristique sont diversifiées. Les marinas se sont imposées, comme à Surfers Paradise, et ont contribué à l’étalement urbain. Ports de plaisance et plages sont directement ouverts sur la Mer de Corail. Les touristes dans la conurbation de la Gold Coast profitent de tous les aménagements et équipements qui leur sont proposés : terrains de golf, autres équipements sportifs, champ de course, centres commerciaux… Aménagé pour le tourisme, ce littoral s’est densifié sur le front de mer. Une architecture verticale (hôtels, appartements) marque et transforme désormais le paysage, comme à Surfers Paradise où les densités sont parmi les plus importantes de la Gold Coast et du littoral du Queensland dans son ensemble avec plus de 250 hab. /km2. 4. Beaucoup de communes côtières ne sont pas suffisamment équipées face à l’exode littoral qui, ces dernières années, a conduit à une pression touristique. Elles manquent d’argent, de financement pour s’équiper et développer les infrastructures nécessaires : « Les municipalités concernées, dont les rentrées d’argent ne sont pas proportionnelles à cette explosion démographique, vont devoir trouver 5 milliards de dollars australiens (3,1 milliards d’euros) dans les quinze prochaines années pour développer les infrastructures et les services. » (doc. 5, lignes 11-16). Bilan 1. Les densités de population sont plus fortes sur le littoral du Queensland qu’à l’intérieur des terres. Cela s’explique par l’afflux de millions de touristes chaque année et par l’arrivée d’Australiens qui rêvent de s’y installer et contribuent à l’exode littoral. Pour permettre le déplacement de ces populations, les réseaux de transport ont été densifiés, notamment les voies aériennes grâce aux nombreux aéroports. D’autre part, pour répondre à cet afflux de touristes, il a fallu aménager le littoral et multiplier les infrastructures d’accueil comme les hôtels, les marinas, les centres commerciaux, les équipements sportifs et de loisirs en tout genre.
2. Quelles pressions sur le littoral ? Quels enjeux ? p. 254-255 ●
Présentation des documents
Doc. 6 La carte est centrale car elle met en évidence les facteurs à l’origine de la détérioration du littoral et de la Grande Barrière de corail. La Grande Barrière de corail doit en effet faire face à de nombreuses menaces. Parmi celles-ci, beaucoup relèvent d’un problème à l’échelle mondiale comme le blanchissement des coraux lié au réchauffement de la planète, la pollution, la surpêche et les techniques de pêche destructives, le tourisme intensif. – La pêche intensive a considérablement diminué l’abondance de nombreux organismes marins, le nombre de tortues le long de la côte est du Queensland a par exemple chuté dramatiquement. Le chalutage est également une pratique destructive, surtout dans une zone classée au patrimoine mondial à cause de la prise accidentelle d’autres espèces marines dans les filets de chalutage. La plupart sont ensuite rejetées mortes. Le chalutage provoque également des dégâts irréparables sur l’habitat des coraux ou des éponges. – Le réchauffement climatique provoque un stress des coraux et leur blanchissement. Durant le XXe siècle, les eaux de la Grande Barrière se sont réchauffées de 0,3-0,4 °C. Et l’on s’attend à ce qu’elles continuent de se réchauffer à un rythme croissant au cours du XXIe siècle. Le premier épisode de blanchissement massif a eu lieu en 1998, et c’est en 2002 qu’a eu lieu l’épisode le plus grave jamais observé pour la Grande Barrière avec 60 à 95 % des récifs surveillés atteints par le phénomène. Environ 5 % des récifs ont été sérieusement endommagés avec entre 50 et 90 % de mortalité des coraux. – Le vraquier Shen Neng 1 battant pavillon de la République populaire de Chine, s’est échoué le samedi 3 avril 2010 sur le haut fond corallien de Douglas. Il transportait une cargaison de 65 000 tonnes de charbon et faisait route de Gladstone (Australie) à Bayuquan (Liaoning, Chine). Une fuite de fuel lourd a été observée et a pollué le littoral. – Les grandes villes rejettent des déchets, des eaux usées, remplacent le milieu naturel par des grandes constructions. – Le niveau de la mer autour du Queensland a augmenté de 7 à 10 mm par an depuis 20 ans. © Hachette Livre
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Réponses aux questions
1. Le réchauffement climatique accentue les pressions sur le littoral. Il contribuera, à l’avenir, à l’élévation du niveau de la mer. Des aménagements sont à prévoir pour atténuer les risques, notamment dans les régions marquées par de fortes densités : Goald Coast, Brisbane… Ici, le littoral et son front de mer largement urbanisé seront envahis par les eaux. Le réchauffement climatique est à l’origine de tempêtes et de cyclones qui menacent également les hommes, les infrastructures et l’économie du littoral : « La Grande Barrière est à l’origine de quelques 63 000 emplois à temps plein dans la région. » (doc. 7, lignes 11-13). La faune et la flore marines sont également touchées par ces tempêtes tropicales qui perturbent les écosystèmes. Enfin, le réchauffement climatique a un impact direct sur la température des eaux. Celles-ci s’acidifient ce qui menace les coraux : « Il faut au moins dix ans pour que les coraux se reconstituent mais, avec la hausse prévue de trois degrés de la température de la mer, ils ne pourront pas se renouveler. » (doc. 7, lignes 6-7). 2. La surfréquentation touristique menace de nombreux secteurs de la Grande Barrière de corail qui, pourtant, est protégée. Depuis 1975, elle est devenue un parc marin divisé en quatre zones, six ans plus tard elle était inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Cependant, dans l’archipel des Whitsunday, au large de Townsville, de Cairns et autour des Flinders Reefs (doc. 6), les touristes sont toujours plus nombreux et perturbent un écosystème fragile : « La Grande Barrière de corail a beau avoir été inscrite au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, les autorités ont décidé d’en sacrifier quelques portions, concédées à des sociétés privées, pour permettre au capitalisme le plus pragmatique de s’épanouir sans complexe. » (doc. 8, lignes 3-10). Des plateformes facilitent la plongée dans les eaux cristallines de l’océan toujours plus près des récifs coralliens. Mais le rejet de produits toxiques contribue au blanchissement des coraux. Cette maladie se retrouve le long du littoral du Queensland (doc. 6) mais également dans presque tous les récifs coralliens de la planète, ceux qui sont surtout exposés à la pression touristique (Mer des Caraïbes, archipels des Maldives et indonésien par exemple comme le montre le doc. 9). 3. À l’échelle internationale, dans les eaux tropicales, l’Australie bénéficie d’un écosystème d’une très grande richesse. La surface de ses récifs coralliens dépasse 27 000 km2 ce qui la place derrière l’Asie du SudEst. Cependant, plus de 75 % de ses récifs sont très dégradés ! C’est la situation la plus critique de la planète… 4. Une véritable dégradation de l’environnement littoral aurait de lourdes conséquences économiques sur la Goald Coast qui s’est développée, depuis un siècle, grâce à l’activité touristique : « La Grande Barrière de corail rapporte en effet chaque année près de 6 milliards de dollars australiens (soit 3,5 milliards d’euros) » (doc. 7, lignes 11-13). Une reconversion dans d’autres secteurs que le tourisme serait inévitable. Un déplacement de la population s’opèrerait également vers les centres urbains méridionaux du pays. Bilan 2. L’afflux annuel de 20 millions de touristes qui viennent profiter du littoral du Queensland n’est pas sans conséquence sur l’environnement. La Grande Barrière de corail constitue la principale ressource économique du Queensland. Les activités induites par l’exploration du patrimoine maritime comme la plongée, la navigation de plaisance, les séjours sur site génèrent donc un revenu très important. Le tourisme est une source d’emploi primordiale pour la région. Or, le réchauffement climatique, le tourisme, la pêche excessive ainsi que la pollution menacent sérieusement la Grande Barrière de corail. Le réchauffement climatique, entraînant une hausse de la température de l’eau de mer, peut causer la mort de ce récif, d’où il ne subsisterait que les squelettes blanchâtres des coraux. La dégradation et la perte des écosystèmes coralliens auront vraisemblablement une large répercussion sur le monde économique.
3. Quelle protection du littoral ? Quel développement durable ? ●
p. 256-257
Réponses aux questions
1. Depuis 1975, la Grande Barrière de corail est devenue un parc marin délimité en quatre zones. Townsville, ville située au centre du littoral © Hachette Livre
du Queensland, est le siège de ce parc qui dépend de l’État fédéral. En 1981, la Grande Barrière de corail était inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité établie par l’Unesco. C’est le plus grand récif corallien du monde qui s’étend sur près de 1 500 km. La richesse de sa faune et de sa flore est unique. Le parc marin et ce classement de 1981 sur la liste des sites culturels et naturels d’importance pour l’héritage commun de l’humanité font de la Grande Barrière de corail un espace protégé. 2. L’archipel Whitsunday se situe au sud-est de Townsville, au cœur de la Grande Barrière de corail. Dans la délimitation du parc marin de 1975, il est intégré à la troisième zone depuis le nord. La protection de la biodiversité s’appuie sur un zonage du parc marin. Certaines portions limitées de la Grande Barrière de corail sont ouvertes à la fréquentation touristique dont fait partie l’archipel Whitsunday. Mais seuls quelques récifs de cet archipel sont véritablement réservés à des usages touristiques et scientifiques : au nord de l’île d’Hook et l’est de l’île d’Haslewood, par exemple. La pêche dans l’archipel, quant à elle, est limitée. Elle est autorisée au large des îlots et des récifs mais contrôlée. Cependant, plus de 600 000 touristes ont fréquenté les îles Whitsunday en 2009, dont plus d’un tiers était étranger. Cette présence de visiteurs sur un site insulaire et corallien dont le zonage est très limité semble importante. Elle peut perturber et menacer la biodiversité dans cette aire marine protégée et donc fragile. 3. Le 3 avril 2010, le cargo chinois Sheng Neng 1 transportant 68 000 tonnes de charbon s’est échoué sur un banc de sable près de la Grande Barrière de corail, au large de la ville de Gladstone (doc. 6 p. 254). Cet accident a entraîné une marée noire dans le parc marin. Trois tonnes de fuel se sont échappées dans la mer. Heureusement, le cargo ne s’est pas cassé et a été remis à flot tandis que les équipes australiennes ont continué de pomper les 1 000 tonnes de fioul que contenait son réservoir. Longeant la côte, le Sheng Neng 1 s’est écarté de 12 km de la route prévue pour gagner du temps : « Chaque mois, des dizaines de navires prennent ces raccourcis légaux mais plus risqués. Ils ne sont pas tenus d’avoir un pilote pour les guider, ni soumis à une surveillance et à une orientation attentives, comme c’est le cas dans une zone située plus au nord. » (doc. 12, lignes 4-7). Le gouvernement fédéral et les autorités du Queensland ont vivement réagi et souhaitent revoir le système de surveillance dans ces eaux protégées à l’écosystème unique : « Ils se sont déclarés favorables à l’élargissement du système de surveillance qui permette de contacter les bateaux dès qu’ils s’écartent de leur route. » (doc. 12, lignes 12-14). La tâche s’annonce difficile, car elle nécessite un accord international qui contrarierait les intérêts des compagnies maritimes internationales. 4. Les communes du littoral travaillent en collaboration avec l’État du Queensland qui a mis en place un plan de gestion du littoral depuis 2002. Il s’agit de favoriser un développement durable de la province qui accompagne, dès lors, les mesures de protection de la Grande Barrière de corail initiées dès 1975. Les opérations ponctuelles se sont multipliées : dépollution, aménagements écologiques… Sur l’île de Fraser, au sud-est de la Grande Barrière de corail, des observatoires, des sentiers en bois guident la progression des touristes et leur permettent d’apprécier les beautés de la Mer de Corail alliées aux plages de sable fin et aux forêts tropicales de la région. Ainsi, tout l’espace n’est pas pratiqué (doc. 14). Face aux menaces du réchauffement climatique et à l’élévation du niveau de la mer, les communes littorales devront réagir et s’organiser pour réduire les risques et protéger les populations. Pour cela, elles devront tenir compte des recommandations publiées dans les rapports parlementaires et scientifiques : interdire le développement immobilier dans les zones les plus vulnérables, protéger les terres agricoles, les écosystèmes côtiers de l’invasion de l’eau de mer… Certains rapports de spécialistes se veulent rassurants, cependant : « si les dangers écologiques sont réels, le pays est suffisamment développé pour y faire face… » (doc. 13, lignes 27-29). Les mesures prises ces dernières années autour du développement durable du littoral permettent de mieux protéger le patrimoine naturel côtier et marin de la province du Queensland mais il faut les intensifier face à la pression démographique, touristique qui pèse depuis quelques décennies et face aux grands enjeux qui concernent l’avenir de Chapitre 7 ● Les littoraux, des espaces convoités 77
la planète, ceux du réchauffement climatique et de ses conséquences sur les littoraux par exemple. Bilan 3. Pour protéger ce patrimoine exceptionnel qu’est la Grande Barrière de corail, inscrite au patrimoine mondial de l’humanité, et pour sauvegarder les emplois qui y sont liés, de nombreux programmes gouvernementaux se sont mis en place. Depuis le 1er juillet 2004, les aires marines protégées représentent 33 % de la superficie de la Grande Barrière contre 4,6 % avant. Un réseau cohérent de « zones vertes » où toutes formes de pêche sont bannies et où seule la plongée est autorisée a été défini. Le gouvernement de l’État du Queensland a aussi créé un parc national couvrant une large partie du lieu. Les compagnies touristiques permettant de se rendre sur la Grande Barrière de corail sont strictement surveillées et doivent obtenir des permis, respecter des zones délimitées ainsi que de nombreuses lois anti-pollution. Toutes ces mesures tendent à laisser penser que l’on s’engage vers une gestion durable de ce littoral australien.
Planisphère 1 La concentration des hommes et des activités sur les littoraux
p. 258-259
Comparer et changer d’échelle Les Caraïbes offrent une situation comparable à celle du Queensland, celle d’un très grand bassin de croisière, qui utilise son climat, ses paysages, ses plages, ses récifs coralliens pour attirer chaque année des millions de touristes et développer ainsi son économie locale. La différence principale réside dans le fait qu’il s’agit, en plus, d’une des principales routes maritimes où se trouvent des exploitations offshore de ressources naturelles. Les deux mégalopoles du Nord-Est des États-Unis et du Nord-Ouest de l’Europe sont dans une situation analogue au littoral shanghaien, ce sont deux grandes façades industrialo-portuaires, où l’on compte les plus grands ports mondiaux, leur développement est directement lié à la mondialisation. Passer au cours • Où se localisent les plus grandes agglomérations de la planète ? • Quels sont les différents facteurs explicatifs à cette forte concentration humaine ?
Planisphère 2 p. 260-261
Faire un bilan Le littoral shanghaien est dégradé du fait de la concentration des activités économiques : la multiplication des industries conduit à une pollution conséquente, l’urbanisation galopante amène le rejet des effluents urbains et l’accroissement des échanges et la diversification des modes de transport font pression sur l’environnement. La pêche intensive provoque en outre une réduction des ressources halieutiques. Shanghai est également menacée par l’élévation du niveau marin. Le littoral du Queensland subit quant à lui la pression du tourisme de masse, la Grande Barrière de corail étant un espace surfréquenté.
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Comparer et changer d’échelle La façade Est de l’Amérique du Nord est également confrontée à une détérioration considérable de son littoral. Celui-ci est pollué par les effluents urbains et industriels (de nombreuses zones sont mortes du fait du manque d’oxygène). Il est également pollué par le dégazage, subit des marées noires, le tourisme de masse y exerce une forte pression et de surcroît il doit faire face au risque d’élévation du niveau de la mer. La façade Nord-Ouest de l’Europe vit une situation analogue. Passer au cours • Quels aménagements réalisés à des fins économiques sont à l’origine d’une dégradation de l’environnement littoral ? • Quels sont les secteurs qui exercent les plus fortes pressions sur les littoraux ? • Quelles en sont les conséquences ?
Planisphère 3
Faire un bilan Si l’on regarde ce planisphère, on peut se rendre compte que Shanghai se situe sur un littoral très peuplé à l’échelle mondiale, dans une façade industrialo-portuaire importante, le long d’une des principales routes maritimes et dans une zone de pêche très étendue. Sa très forte concentration d’hommes et d’activités sur le littoral est directement liée à la mondialisation des échanges de produits, de capitaux, d’investissement. Elle est devenue une métropole de rang mondial, une porte d’entrée de la mondialisation. La Gold Coast, quant à elle, se localise au sein d’un vaste bassin de croisière et de plaisance, sur un littoral très touristique mais finalement peu peuplé à l’échelle du globe. Sa forte attractivité découle ici du patrimoine naturel, potentiel exploité pour attirer les visiteurs du monde entier.
Les pressions sur les littoraux
Plus au Sud, la biodiversité est menacée par le manque d’oxygène et cette zone littorale du Sud-Ouest de l’Australie est considérée comme « morte ».
Les pressions sur les littoraux
p. 262-263
Faire un bilan Shanghai et le Queensland se situent sur des littoraux où des mesures de protection ont été prises pour protéger des aires marines. La Grande Barrière de corail du littoral australien a même été classée au patrimoine mondial de l’Unesco et la Gold Coast fait l’objet d’opérations importantes d’aménagement durable. Comparer et changer d’échelle
Le planisphère montre bien que les mesures de protection du littoral ont été étendues à l’ensemble du globe. Toutefois il existe des différences dans la mise en place des stratégies de préservation, des États apparaissent comme des « modèles », c’est le cas notamment de la France ou des États-Unis et d’autres s’initient seulement car la prise de conscience de l’intérêt de préserver le patrimoine littoral a été plus tardive. Passer au cours • Quels littoraux font l’objet d’une préservation accrue ? • Quels sont les différents acteurs qui interviennent pour une gestion durable des littoraux ? • Quelles actions concrètes sont engagées ?
Cours 1 Des espaces attractifs ●
p. 264-265
Présentation des documents
Doc. 1 et 2 Ils sont à étudier de concert avec les élèves, la photographie permet de visualiser ce que le texte entend par « forêt de 600 gratte-ciel ». L’exemple de Dubaï a déjà été étudié dans des chapitres précédents (doc. 6 p. 94, photographie p. 13), les élèves pourront donc mettre à profit leurs connaissances pour expliquer les causes d’une telle concentration littorale dans cette région aride et aussi les conséquences en termes de mobilisation et de gestion des ressources.
Doc. 3 Cette carte met en lumière ce qu’on entend par « concentration des hommes sur le littoral », en effet les fortes densités brésiliennes sont visibles sur la façade atlantique du Brésil avec de surcroît la présence de nombreuses villes multimillionnaires. Les connaissances acquises par les élèves lors des études de cas sur les agrocarburants p. 128 à 133, ou sur Buenos Aires p. 178 à 183 leur permettront d’élaborer des pistes de réflexion sur les raisons de cette attractivité. ●
Proposition d’activité pédagogique
1) Dans ces documents, où se localise la majorité de la population ? 2) Pourquoi une telle attractivité ? 3) Quels aménagements cela nécessite-t-il ?
© Hachette Livre
Doc. 3
Cours 2 Des espaces aménagés ●
p. 266-267
Présentation des documents
Doc. 1
L’Inner Harbor de Baltimore constitue l’une des premières expériences de réaménagement d’un front de mer aux États-Unis et dans le monde. Il a donc souvent servi de modèle pour de nombreux réaménagements. Ce modèle est basé sur le développement du tourisme de loisirs et d’affaires largement développé grâce à l’investissement des groupes d’affaires locaux et subventionné par l’État fédéral. Le programme consiste à implanter, sur le front d’eau portuaire un centre commercial flambant neuf, aux toitures multicolores, aux lampadaires aux couleurs tendres, l’ensemble animé par des néons étoilés, plantes vertes et fontaines assorties. L’intérieur qui garde une large place à l’espace public, est divisé en petites boutiques rivalisant d’originalité dont le but est de vendre en s’amusant. Les pavillons dédiés aux activités culturelles contribuent à assurer une atmosphère festive. Ce type de projet s’adresse d’une part aux touristes (aquarium, stands de souvenirs, musée, espaces de restauration), d’autre part aux hommes d’affaires (World Trade Center, hôtels de standing…). De plus, ces projets de redéveloppement sont l’expression d’un tourisme ludique qui tend à transformer le front de mer en un immense parc d’attraction.
Doc. 2
Chaque année, plus de 14 millions de touristes arrivent sur des bateaux de croisière, attirés par les barrières de corail, les côtes, l’extraordinaire beauté des plages des Caraïbes. La pression exercée par ces touristes sur ces espaces est inégalement répartie, certaines îles comme SaintBarthélemy ou les Îles Vierges américaines ont des densités de touristes supérieures à 200/km2.
Doc. 3
Ce texte évoque le rôle de la Camorra : association criminelle qui devient une multinationale du crime. Le port de Naples est la porte de l’Orient, tout ce qui se produit en Chine se déverse ici. Par exemple 70 % du volume des exportations de textile chinois transitent par le seul port de Naples. ●
Proposition d’activité pédagogique
1) Quels sont les différents types d’activités qui se développent sur les littoraux ? 2) Pourquoi ? Quels sont les atouts du littoral ? 3) Quels sont les aménagements nécessaires réalisés pour attirer touristes et activités économiques ?
Cours 3 Des espaces menacés ●
p. 268-269
Présentation des documents
Doc. 1
La ville de New York compte des centaines de kilomètres de littoral vulnérables à l’augmentation du niveau de la mer. Au XXe siècle, le niveau des mers autour du globe a augmenté progressivement de 1,7 à 1,8 mm par an, mais a atteint presque 3 mm par an pour la dernière décennie. En grande partie, cette augmentation est due au réchauffement des océans et à la fonte des glaciers. Ce document montre que des zones de très fortes densités humaines risquent d’être submergées. Mais l’existence même de ce type d’étude atteste de la prise de conscience des risques à venir et de l’intérêt de les étudier sérieusement pour les prévenir.
Doc. 2
Comme le Canada possède un littoral de plus de 240 000 kilomètres de long, une élévation éventuelle du niveau de la mer constitue une question importante. On s’attend à ce que le réchauffement planétaire entraîne une expansion thermique des océans et la fonte d’une partie des glaciers, et, par conséquent, une hausse globale du niveau de la mer. Du coup pour prévenir les inondations, on construit des maisons flottantes, on en dénombre 500 à Vancouver. © Hachette Livre
La plateforme pétrolière, exploitée par British Petroleum a explosé le 20 avril 2010, puis coulé par 1 500 mètres de fond. Une nappe de 2,6 millions de litres de pétrole et de près de 1 000 km de circonférence a menacé les côtes. Les risques sont immenses pour la Louisiane. La région concentre 40 % des marais côtiers américains avec notamment le delta du Mississippi et le secteur florissant de la pêche. Poissons, crustacés, huîtres y sont présents en masse, sans parler des mammifères marins (tortues, dauphins et baleines) et des oiseaux qui s’y reproduisent en nombre. Le texte met en évidence les conséquences écologiques, économiques et humaines d’un tel désastre et surtout les difficultés techniques à surmonter pour résoudre les catastrophes qui y sont liées. ●
Proposition d’activité pédagogique
1) À quels risques sont confrontés les littoraux ? 2) Quelles sont les solutions envisagées ? Comment sont gérés les risques ?
Cours 4 Des espaces sous contrôle ? ●
p. 270-271
Présentation des documents
Doc. 1 Cette carte met en avant le désir du Maroc de développer un tourisme durable sur son littoral. Il a pour lui deux atouts de poids, sa proximité de la réserve animalière Souss Massa et sa localisation près de l’édifice aéroportuaire de grande renommée qu’est l’aéroport Agadir Almassira. L’objectif économique est d’attirer 10 millions de touristes, intéressés par la protection de l’environnement. Pour cela, le Plan Azur encadre l’occupation des sols et le limite à 10 % des 200 hectares de ce site exceptionnel. Pour protéger l’environnement, dans le site de Tifnit, l’énergie solaire, éolienne et hydraulique sont privilégiées, un système d’épuration, de récupération des eaux de pluie mis en place, des matériaux recyclables ont été utilisés dans la construction. Les structures d’accueil ne doivent pas défigurer le paysage et doivent s’y insérer et s’y intégrer parfaitement. D’autre part, la dernière population mondiale libre d’Ibis chauves est établie au Maroc, le long de la côte Atlantique, au sud d’Agadir. C’est une espèce très menacée, or l’écostation de Tifnit prévoit un éco-musée et un observatoire de cette espèce.
Doc. 2 On remarque avec cette carte que la baie de la Somme a réussi le compromis entre activités économique, touristique, urbanisation et protection du littoral. Dans les années 1980, le Conservatoire du littoral a commencé à acquérir des territoires en vue de protéger des espaces de nature. Les principaux enjeux et objectifs étaient la restauration des sites naturels, la préservation de la biodiversité, le développement écotouristique basé sur la préservation et la mise en valeur du patrimoine naturel. Sur cette carte, diverses actions témoignent de cette volonté de gestion durable du littoral : – « l’écostation de Belle-Dune » : c’est un éco-village protégé et entièrement piétonnier qui restitue l’ambiance de la côte Picarde du début du siècle. Une architecture respectueuse de l’environnement s’inspirant du style balnéaire picard avec ses maisons en bois, ardoise et brique enchâssées. Entièrement piétonnier et cycliste, Belle-Dune vit à l’heure écologique : récupérateur d’eau de pluie et arrosage sélectif des greens, produits d’entretien bio, panneaux solaires. Afin de favoriser l’apprentissage d’éco-gestes quotidiens, des activités ludiques sont organisées en famille. Élaboré avec le WWF, un parcours en dix étapes valorisant la faune et la flore locales permet de s’instruire en s’amusant. – « le parc ornithologique du Marquenterre » : ouvert en 1973 et d’une superficie de 250 hectares, il appartient au Conservatoire du littoral. Le parc est un territoire important de reproduction (spatules blanches, avocettes élégantes, cigognes blanches, aigrettes garzettes…) et d’hivernage pour de nombreux oiseaux (sarcelles d’hiver, canards pilets, canards souchets…). Des circuits touristiques sont organisés et balisés pour observer la vie sauvage. Chapitre 7 ● Les littoraux, des espaces convoités 79
– « renclôture du Mollenel » : une zone gagnée sur l’estuaire par poldérisation en 1861. En 1984, une brèche a été ouverte dans la digue. Depuis, les terrains sont régulièrement recouverts par les eaux. Par cette dépoldérisation partielle, cet espace étant temporairement submergé, la flore et les habitats se sont progressivement transformés en prés salés. Au même titre que la baie de Somme dans son ensemble, cet espace est également devenu un territoire de nidification. Le site fait partie du réseau Natura 2000. (http://www.eau-artois-picardie.fr/ IMG/pdf/Recueil_d_operations_en_zones_humides_fiches_acquisition.pdf ) – « la vallée du Penthe et de l’Authie » : les prairies et les marais tourbeux de la basse vallée de l’Authie présentent un intérêt écologique important (inscrits dans le périmètre du site Natura 2000). Ils abritent des habitats, une flore et une faune d’intérêt européen, qui sont répartis de manière relativement homogène sur tout le site. Ils se composent d’une mosaïque de marais, parfois boisés, et de prairies humides traversées par un réseau hydrographique complexe (fossés, canaux, ruisseaux, mares de chasse, étangs…). La qualité et l’étendue des milieux, l’originalité et l’état actuel des populations animales font que ce site fait partie des sites européens majeurs de tourbières.
Doc. 3
La gestion intégrée des zones côtières (GIZC) est une démarche et un outil de gouvernance des territoires littoraux visant un développement durable. Elle promeut une gestion intégrée de l’espace et des ressources prenant simultanément en compte les enjeux terrestres et marins, naturels, économiques et sociaux d’une zone littorale définie comme territoire cohérent de réflexion et d’action. Elle est née des suites du Sommet de Rio (1992) et de l’Agenda 21. ●
Proposition d’activité pédagogique
1) Quelles actions concrètes sont mises en place en vue d’une gestion durable du littoral ? 2) Quels en sont les différents acteurs ?
Méthode 1 Confronter deux cartes topographiques Sujet : L ’aménagement pour le tourisme sur le littoral de Gruissan (France) p. 272-273 1. Confronter des informations 1. Le Languedoc est une région située au sud-ouest de la France, qui comprend cinq départements dont l’Aude. Certains critères statistiques la désignent parfois comme la 3e région touristique française. Gruissan est situé au nord du département de l’Aude, sur le littoral méditerranéen. La carte 1 présente le village de Gruissan et son arrière-pays en 1955. La carte 2 présente le même ensemble en 1997, soit quarante ans plus tard. Les deux cartes ont sensiblement la même échelle : 1/50 000 et 1/55 000. Le travail de comparaison est facilité. 2. C’est un lido sableux de qualité qui domine en 1955. Ce cadre naturel, entouré d’un arrière-pays collinaire et souvent boisé, présente de faibles densités : 1 200 habitants à Gruissan. L’homme a transformé le paysage. Marais salants et vignes sont des activités anciennes. Mais les étangs naturels et zones marécageuses, nombreux sur le littoral du Languedoc à cette époque, sont étendus. Quelques habitations en bois sont le témoin d’une sédentarisation progressive, celle d’un tourisme d’habitués jusqu’au tournant du XXe siècle et un peu plus tard. 3. Le cadre naturel était très favorable au développement touristique avec la présence d’une longue plage, d’une mer à la température agréable, d’un climat favorable marqué par un été chaud et de très faibles précipitations (la Tramontane adoucit les températures), de plusieurs lagunes aux surfaces calmes et favorables à la pratique d’activités nautiques (voile…), d’un arrière-pays attrayant et diversifié : patrimoine naturel (salines, panoramas), propriétés viticoles, abbayes… 4. Les conditions physiques étaient favorables à l’aménagement d’un port. La présence des étangs de Gruissan et du Grazel sur une partie du littoral, où l’estran est peu étendu, a facilité les travaux d’aménagement du port. La lagune a été creusée, l’étang du Grazel s’est étiré vers 80
le nord. Ce dernier est directement relié à la mer Méditerranée, et non plus uniquement par un canal. Ces aménagements permettent une fluidité dans la navigation et les manœuvres et font de Gruissan un véritable port de plaisance ouvert sur la mer Méditerranée. Des quais ont été construits ainsi que des immeubles formant une marina (voir définition p. 252 du manuel). Dans le projet national, dès 1963, de développer l’activité touristique dans le Languedoc-Roussillon et d’aménager cet espace français encore libre, Gruissan devient un modèle de station adaptée au tourisme de masse. 5. L’étang de Mateille a été transformé et aménagé pour les activités touristiques. Son étendue naturelle a disparu. Les zones marécageuses ont été drainées, asséchées. Entre cet étang artificialisé et la mer, s’étendent aujourd’hui des campings et des villages vacances. L’emplacement est idéal pour les activités de loisir qui marquent désormais le paysage au nord-est de Gruissan. 6. Depuis les années 1960, le bâti s’est densifié autour du port de plaisance et devant l’étang du Grazel, face à la mer. Les villages vacances se sont développés, notamment au nord de l’étang de Mateille. La loi Littoral de 1986 a eu, cependant, des incidences sur la croissance immobilière de Gruissan. Les surfaces bâties, de moins en moins importantes, sont en retrait du littoral. Les constructions tendent vers l’individualité au-delà de 100 m de la mer. Certains logements collectifs vieillissent d’ailleurs prématurément. Les séjours courts sont en progression par rapport aux longs séjours estivaux. L’offre s’est diversifiée pour « dé-saisonnaliser ». 7. Les atouts de Gruissan sont dans la diversification des loisirs offerts. De la plaisance unique, il y a eu ce passage vers les pratiques de la glisse utilisant l’atout du vent : char à voile, planche à voile, kite-surf… Les plages sont adaptées à ces activités, le lido a été aménagé, asséché. Les logements pour le tourisme sont proches de la mer et les étangs (de Gruissan, de l’Ayrolle…) sont d’autres espaces adaptés à la détente et aux sports de glisse. Les logements sont diversifiés, également, et s’adaptent aux revenus : des appartements plutôt spacieux dans les villages vacances aux campings, en passant par des studios dans la marina. 8. Certaines activités traditionnelles ont été maintenues. Elles mettent en valeur l’arrière-pays et diversifient les activités de détente et de découverte. Elles sont rattachées à un tourisme vert, soucieux de l’environnement et des produits du terroir. Les salines et les caves dans cette région viticole sont des atouts. En faisant intervenir l’arrière-pays, cette découverte des activités traditionnelles permet de réduire les densités du littoral et intègre un espace plus large, autrefois répulsif, dans l’économie touristique. 2. Exploiter des documents 9. « L’or bleu » a transformé le littoral de Gruissan car l’activité touristique est consommatrice d’espaces. Pour la construction immobilière et celle du port de plaisance, le milieu naturel a été touché voire détruit : le lido dans un premier temps, puis tout l’espace péri-lagunaire qui est artificialisé. Certains milieux sont modifiés totalement comme l’étang de Mateille. Cette lagune est désormais fixée, ce qui a entraîné des répercussions sur l’environnement aquatique et les comportements de la faune. Au niveau des paysages urbains, les « murs de béton » se sont imposés sur le littoral de Gruissan et l’insertion d’immeubles de 5 à 6 étages ne s’est pas faite sans incidence sur un paysage réputé pour son relief plat. La législation environnementale (loi Littoral de janvier 1986) a ralenti la croissance immobilière de Gruissan. La station balnéaire reste adaptée à un tourisme de masse dont les activités s’étendent aujourd’hui vers l’arrière-pays.
Méthode 2 Compléter un organigramme à partir d’un texte Sujet : Faut-il rendre les estrans à la nature ? p. 274 1. Comprendre le sujet • Les Flandres sont une région située au nord de la France et de la Belgique, ouverte sur la mer du Nord, à l’ouest des Pays-Bas. La baie de © Hachette Livre
Somme et son littoral sur la Manche sont situés en Picardie, au nord de la France. La Gironde est un fleuve qui traverse le nord de l’Aquitaine, au sud-ouest de la France, et qui se jette dans l’océan Atlantique. Ces littoraux présentent des estrans vaseux sur lesquels se développe une végétation halophile. Ces vasières salées attirent une faune diversifiée, en particulier des oiseaux qui viennent nicher. Le climat tempéré océanique marqué par des températures douces et des précipitations régulières toute l’année est favorable à l’installation des hommes et au développement de la faune et de la flore. 2. Comprendre le texte • Les premiers endiguements apparaissent en Flandre à partir de l’an mille. L’augmentation de la population et les progrès techniques favorisent l’extension des surfaces cultivées sur les vasières du littoral. La poldérisation s’accentue véritablement en Europe occidentale au XVIIIe siècle. Elle se poursuit entre 1850 et 1940, en pleine révolution industrielle. L’accroissement de la population et la mécanisation expliquent ces conquêtes sur la mer de nouvelles terres. • L’agriculture et l’élevage sont les principales activités qui se développent sur les polders : « Les premiers polders, de petites dimensions, occupent des prés salés favorables à l’élevage. » (lignes 4-6). • À partir du milieu des années 1960, la poldérisation fait place à un désir de conservation et de mise en valeur de ces zones humides. La Convention de Ramsar, en 1971, insiste sur la protection de ce milieu naturel unique. C’est l’époque de la conférence de Stockholm en 1972 qui met en valeur le concept d’écodéveloppement. La nature doit être protégée face au développement industriel. • Placés au cœur des débats lors de conférences internationales (Ramsar, en Iran), revendiqués par des mouvements écologistes qui se multiplient dans les années 1970, les estrans humides tendent à être protégés. Ils sont peu à peu rendus à la nature afin de favoriser la biodiversité. • Rendus à la nature, les estrans vaseux sont cependant convoités par de nombreux acteurs. Ainsi, ils continuent à être menacés par l’homme et certaines activités. Ils deviennent des terrains d’exercice pour des militaires (Pays-Bas). Ils sont parcourus par des chasseurs (France) et surtout par des touristes passionnés d’ornithologie, avides d’espaces et de paysages naturels.
Méthode 3 Réaliser un croquis d’interprétation Sujet : Les pressions sur l’estran du Zuiderzee p. 275 (Pays-Bas) 1. Organiser la légende Mer du Nord Mer des Wadden îles Frisonnes
digue Afsluitdijk
lac d’IJssel polder
digue Houtribdijk
lac de Marker
surface urbanisée
principaux canaux
principaux axes routiers
3. Compléter l’organigramme origines économiques et humaines Croissance démographique ............................................ Croissance économique ............................................
contrainte du milieu Façade maritime humide ............................................ (vasières littorales) ............................................
acteurs Politiques ........................... Écologistes ...........................
© Hachette Livre
lac d’IJssel, lac de Marker, mer du Nord, mer des Wadden
Conservation d’un milieu naturel unique .................................................... Protection des zones d’habitat de la .................................................... faune (oiseaux) ....................................................
conséquences pour le milieu naturel Protection ........................... Mise en valeur ........................... du milieu et de ........................... la biodiversité ...........................
Figurés de surface polder
poldérisation et ses conséquences Extension des surfaces cultivées ............................................... Développement de l’élevage ...............................................
Pourquoi rendre l’estan à l’état naturel ?
2. Choisir les figurés
surface urbanisée
Figurés linéaires digue Afsluitdijk digue Houtribdijk principaux axes routiers principaux canaux
îles Frisonnes
conflits d’utilisateurs Militaires ........................... Chasseurs ........................... Touristes ...........................
Chapitre 7 ● Les littoraux, des espaces convoités 81
3. Réaliser le croquis
devenus des espaces incontournables pour les activités économiques et sociales. B. On peut s’appuyer sur la problématique proposée.
L’estran du Zuiderzee au Pays-Bas, un espace littoral aménagé par des polders
digue Afsluitdijk
lac d’IJssel
digue Houtribdijk
lac de Marker
10 km 1. Un littoral confronté à un niveau de la mer élevé
2. Des aménagements pour émerger des terres
lac d’IJssel, lac de Marker, mer du Nord, mer des Wadden
digue Afsluitdijk
îles Frisonnes
principaux canaux
polder digue Houtribdijk
N
3. Un territoire de vie
principaux axes routiers surface urbanisée
Méthode 4 Construire le croquis Sujet : L es littoraux, des espaces attractifs à l’échelle mondiale
p. 276
1. Analyser le sujet A. Littoral : définition page 278 dans le manuel. Le mot « littoral » est au pluriel, car les littoraux dans le monde présentent des densités et des activités diverses. Leur attractivité dépend de leur situation (ouverts ou pas sur le monde et un arrière-pays puissant et peuplé), de leur histoire. Certains littoraux sont sous pression et directement menacés par des activités ou de probables accidents maritimes (proximité d’une route maritime principale). Le pluriel met en valeur ces espaces de contact distincts convoités par les hommes depuis la plus haute Antiquité. Ces derniers y ont développé des activités multiples dont les plus importantes, encore aujourd’hui, leur permettent de vivre, de se déplacer et d’intensifier les échanges. Avec l’accélération de la mondialisation, les littoraux sont
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2. Rechercher les informations à cartographier dans les leçons 1. Aujourd’hui, les littoraux les plus densément peuplés sont des carrefours entre le monde et un arrière-pays riche et peuplé. Ils sont intégrés notamment aux mégalopoles américaine, japonaise et européenne. La littoralisation dans ces trois espaces se traduit par une transformation importante des rivages naturels, notamment par l’urbanisation. Le littoral chinois et certains littoraux au sud et au sud-est de l’Asie (sud de l’Inde, île de Java en Indonésie) sont également très peuplés. Ces régions sont de très grands foyers de population à l’échelle mondiale. 2. La plupart des dix principales agglomérations côtières sont présentes sur ces littoraux densément peuplés : Tokyo, Osaka, Canton, Shanghai ou New York. Mais les mégapoles s’imposent dans les pays du Sud et la localisation de certaines d’entre elles, macrocéphales, reste à l’écart des littoraux les plus densément peuplés : Manille aux Philippines, par exemple. 3. Les littoraux sont des espaces nourriciers. L’agriculture développée sur l’estran ou l’arrière-pays, l’élevage intégré également à la poldérisation, l’aquaculture et la pêche sont des activités traditionnelles. Le commerce maritime, également, est une activité ancienne pratiquée par exemple par les Phéniciens et les Grecs dès l’Antiquité le long de la mer Méditerranée. Aujourd’hui, les deux tiers du commerce mondial s’effectuent par voie maritime. Certains ports comme celui de Yangshan, en eau profonde, à Shanghai sont des chantiers gigantesques et permettent à leur métropole d’assurer leur suprématie dans ce domaine. Les littoraux sont devenus des espaces stratégiques sur le plan économique. La spécialisation de certains ports a favorisé la création de zones industrialo-portuaires comme à Rotterdam aux Pays-Bas. Aujourd’hui, les grandes façades maritimes sont rattachées aux trois mégalopoles littorales (nord-est des États-Unis, Europe occidentale, Japon). L’exploitation de ressources (pétrole, gaz) est une activité qui transforme certains littoraux comme dans le golfe du Mexique. Le développement du tourisme balnéaire dans les années 1960 s’est accompagné d’une urbanisation rapide de certains littoraux (côte espagnole, Gold Coast australienne…) et de la création d’équipements spécialisés (hôtels, marinas…). 4. Les plus grands ports de conteneurs en 2008 se situent en Asie de l’est (Pusan, Shanghai) et du sud-est (Singapour, Hong Kong, Shenzhen). L’Asie domine ce secteur même si le poids de Rotterdam, aux Pays-Bas, s’affirme de plus en plus. Les principales exploitations offshore se situent, aujourd’hui, dans les golfes du Mexique et de Guinée, en mer du Nord, en mer Caspienne et en mer de Chine méridionale. 5. La mer Méditerranée est la première destination touristique mondiale recevant près de 200 millions de touristes chaque année. Le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes sont des pôles touristiques importants et constituent le premier bassin de croisière au monde avec 11 millions de visiteurs en 2008. Le littoral du Queensland, à l’est de l’Australie, est un espace touristique en développement qui reçoit 20 millions de visiteurs chaque année. L’une des grandes attractions est la Grande Barrière de corail, récif corallien le plus étendu au monde. 6. Les principales zones de pêche dans le monde se situent dans l’océan Pacifique, au large de l’Asie de l’est et de l’Amérique latine. La Chine, l’Indonésie, le Pérou et le Chili dominent le secteur. L’océan Pacifique fournit aujourd’hui 60 % des captures mondiales ! Le nord de l’océan Atlantique et de l’océan Indien sont deux autres zones de pêche importantes dans le monde et animées, en particulier, par les États-Unis et l’Inde.
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3. Élaborer une légende
4. Choisir les figurés
5. Réaliser le croquis
Les littoraux, des espaces attractifs à l’échelle mondiale
Londres Los Angeles
New York
Séoul Tokyo-Yokohama
Istanbul Kolkata Karachi Mumbai
Osaka-Kobe-Kyoto Shanghai Guangzhou Manille
Lagos Jakarta Rio de Janeiro São Paulo Buenos Aires
N
0
4 000 km Échelle à l’équateur
1. Des espaces densément peuplés
3. Des espaces transformés par l’activité touristique
plus de 30 % de la population nationale vit à moins de 100 km des côtes
littoral touristique
littoral très peuplé
bassin de croisière et de plaisance
agglomération de plus de 10 millions d’habitants mégalopole littorale
4. Des espaces riches en ressources naturelles
2. Des espaces tournés vers le commerce et l’industrie
principale zone de pêche
grand port maritime
exploitation offshore de ressources naturelles
façade industrialo-portuaire
– Leur attractivité dépend de leur situation (ouverts ou pas sur le monde et un arrière-pays puissant et peuplé) et de leur histoire.
Méthode 5 Rédiger une réponse construite Sujet : L es littoraux, des espaces attractifs à l’échelle mondiale
p. 277
1. Analyser le sujet A. Identifier les mots-clés B. Délimiter l’espace concerné – Le mot « littoral » est au pluriel, car les littoraux dans le monde présentent des densités et des activités diverses. 3. Argumenter et illustrer
C. Dégager une problématique En quoi les littoraux sont-ils indissociables de la présence des hommes et de leurs activités diversifiées ? 2. Élaborer un plan 1. Des espaces convoités à fortes densités 2. Des espaces aménagés propices aux activités économiques et aux échanges 3. Des ressources riches et variées exploitées
Arguments
Exemples
Partie 1 : Des espaces convoités à fortes densités
– installation ancienne – fortes densités – présence des plus grandes métropoles mondiales
– civilisations rizicoles d’Asie
Partie 2 : Des espaces aménagés propices aux activités économiques et aux échanges
– activités industrielles – tourisme
– zones industrialo-portuaires de Shanghai – Queensland
Partie 3 : Des ressources riches et variées exploitées
– ressources halieutiques – patrimoine naturel
– pêches intensives en Asie – Grande Barrière de corail
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– exemple de Shanghai
Chapitre 7 ● Les littoraux, des espaces convoités 83
4. Rédiger l’introduction 5. Rédiger la réponse structurée et 6. Conclure Aujourd’hui, les deux tiers de la population mondiale vivent à moins de 100 kilomètres du rivage, le xxe siècle a vu s’opérer un glissement de la population et des activités des régions de l’intérieur vers le littoral. Cette littoralisation est un phénomène ancien mais accéléré depuis plus d’un siècle. Il est, de ce fait, légitime de s’interroger sur le pouvoir d’attractivité qu’exercent les littoraux sur l’installation des hommes et des activités. Une première partie mettra en exergue que les littoraux jouent un rôle indéniable dans la répartition des hommes. Étudier, dans une deuxième partie, les différentes activités qui s’y concentrent sera nécessaire afin de comprendre les raisons de cette littoralisation. Enfin, s’intéresser au milieu naturel de cet espace permettra de mettre en avant toutes les ressources qui y sont exploitées par l’homme. Depuis l’Antiquité, les hommes se sont installés sur les côtes afin de pourvoir à leurs besoins alimentaires grâce aux ressources halieutiques, et pour faciliter les échanges commerciaux ou leurs liaisons avec leurs colonies. Même si les populations du Moyen Âge et de l’époque moderne percevaient la mer comme un danger, nombreuses sont celles qui s’en approchaient afin de mettre en culture les territoires littoraux. Ce fut le cas aussi bien des civilisations rizicoles d’Asie, que celles qui vivaient de l’exploitation des marais salants en Europe. C’est au XIXe qu’un tournant s’opère, quand l’industrialisation et la colonisation conduisent les hommes à multiplier les échanges intercontinentaux par voies maritimes. Les littoraux deviennent des façades maritimes desservant l’arrière-pays avec des produits importés du monde entier. Le XXe siècle et la mondialisation décuplent ce processus et l’étendent à l’ensemble de la planète. En 1950, 28 % de l’humanité vivaient à moins de 50 km des côtes, aujourd’hui c’est 50 %, et s’il on prend une frange littorale de 100 km, on englobe 80 % de la population mondiale. Les densités côtières sont cinq fois plus élevées que celles de l’intérieur. En Asie, avec 600 hab. / km2, elles sont six fois plus élevées que la moyenne du continent. Au Bangladesh, elles atteignent 1 000 hab. /km2. La plupart des grandes agglomérations dans le monde sont situées à proximité des côtes. Tokyo ou São Paulo dépassent 20 millions d’habitants, Shanghai est une métropole de 18 millions d’habitants. Pour comprendre les raisons de cette répartition de la population, il est nécessaire d’identifier les différentes activités qui se concentrent sur le littoral. L’attractivité des littoraux s’explique par des conditions naturelles favorables (douceur du climat, richesse des ressources), par leur qualité d’interface renforcée par la présence de ports (échanges économiques) et par des facteurs sociaux et culturels (paysages jugés esthétiques depuis seulement deux siècles). Les littoraux sont des espaces stratégiques au plan économique car plus des deux tiers du commerce mondial s’effectuent, aujourd’hui, par voie maritime. Ils sont reliés par des ports qui commandent et organisent l’espace. La révolution des transports maritimes s’est produite il y a trois décennies et s’est appuyée sur le gigantisme des navires, puis leur spécialisation. Les aménagements portuaires répondent sans cesse à l’évolution des types de trafic. Des ports comme Rotterdam, sur le Northern Range, s’étendent depuis un siècle des fonds d’estuaire jusqu’à la mer du Nord. Ils accueillent aujourd’hui des aires de stockage de conteneurs et d’hydrocarbures, des raffineries de pétrole, des industries chimiques. La spécialisation de ces ports, la course à la concurrence et la recherche en efficacité ont favorisé la création de zones industrialo-portuaires et de zones franches. L’extension spatiale des zones portuaires est à l’origine de grandes façades maritimes comme en Asie de l’Est. Les ports s’appuient sur des réseaux de transport denses et performants vers l’intérieur des terres pour desservir leurs arrière-pays, comme le fait Shanghai avec le Yangzi et ses affluents. Les littoraux sont également des espaces touristiques incontournables. Le tourisme littoral s’est développé dès le XIXe siècle à l’initiative de l’aristocratie et de la grande bourgeoisie. Une fois reliées par le chemin de fer, des régions comme la Côte d’Azur ou la Floride voient fleurir palaces, casinos et villas dans des stations mondaines (Nice, Palm Beach). Le tourisme de masse s’est développé après 1960, profitant de la modernisation des transports (autoroutes, aéroports) et de la hausse du niveau de vie. Des aménagements se multiplient le long de fronts de 84
mer ou sont planifiés par l’État ou de grandes entreprises, inventant des marinas (mission d’aménagement du Languedoc-Roussillon dès 1963). Le développement du tourisme balnéaire s’est accompagné d’une urbanisation rapide et de la création d’équipements spécialisés (ports de plaisance, hôtels, golfs). Les littoraux sont la première destination touristique mondiale, la Méditerranée recevant près de 200 millions de touristes chaque année. Des pays du Sud font du tourisme un facteur de développement, multipliant les infrastructures balnéaires (Plan Azur au Maroc, Tunisie). Si les littoraux ont su capter ces activités, c’est qu’ils possèdent de nombreux atouts tant du point de vue des ressources que du patrimoine naturel qu’ils offrent. Les rivages et la mer ont longtemps servi et continuent aujourd’hui à pourvoir aux besoins alimentaires de millions de personnes. Certains littoraux offrent des conditions favorables à l’agriculture. Développée sur l’estran ou en mer, l’aquaculture joue un rôle croissant dans l’alimentation humaine. D’autre part, la pêche nourrit des millions de personnes sur le littoral pacifique. L’océan Pacifique fournit, en effet, aujourd’hui 60 % des captures mondiales. Le littoral offre également des merveilles naturelles visitées par des millions de touristes chaque année, comme les barrières de corail (Australie ou Caraïbes). Le climat doux et ensoleillé, les plages, la beauté du paysage sont autant de ressources inhérentes à ces territoires côtiers. La littoralisation est un processus qui s’est étendu à l’ensemble de la planète. Les littoraux sont aujourd’hui les espaces les plus peuplés qui regroupent les plus grands foyers mondiaux de peuplement. Ils sont devenus des interfaces industrialo-portuaires majeures dans le cadre de la mondialisation ainsi que les premiers espaces touristiques. Il est indéniable que le potentiel de développement économique qu’ils favorisent est à l’origine de la répartition des hommes sur Terre. Les littoraux sont des territoires restreints, mais exceptionnellement convoités, il est donc légitime de s’interroger sur les risques encourus par ces territoires du fait d’une trop grande pression et de leur exploitation à des fins économiques.
B2i Le Conservatoire du littoral ●
p. 279
Réponses aux questions
1. Le Conservatoire du littoral est une agence d’État créée en 1975. Il mène une politique foncière qui vise à la protection définitive des espaces naturels et des paysages sur les rivages maritimes et lacustres. Il intervient sur tout le littoral français, en métropole, mais également dans les départements d’outre-mer, à Mayotte, ainsi que dans les communes riveraines des estuaires, des deltas et des lacs de plus de 1 000 hectares. Il acquiert des terrains fragiles ou menacés. Des biens peuvent également lui être donnés ou légués. 2. Les terrains acquis par le Conservatoire du littoral sont souvent remis en état. Leur gestion est ensuite confiée aux communes, à d’autres collectivités locales ou à des associations. Ces dernières mettent en valeur les portions du littoral acquises dans le respect des aménagements choisis. La nature et la biodiversité sont protégées. 580 gardes, recrutés par les collectivités locales et les organismes gestionnaires, assurent le long des côtes la surveillance et l’entretien des sites du Conservatoire. 3. En 2010, le Conservatoire du littoral était propriétaire de 135 000 hectares, soit plus de 10 % du linéaire côtier.
Bibliographie J.-J. Bavoux, D. Bavoux, Géographie humaine des littoraux maritimes, éditions Armand Colin, 1998. ■ J.-M. Cousteau, P. Vallette, Atlas de l’océan mondial, éditions Autrement, 2007. ■ A. Frémont, M. Soppé, « Transport maritime conteneurisé et mondialisation », Annales de géographie, nº 642, mars-avril 2005. ■ A. Gamblin (dir.), Les littoraux espaces de vie, éditions SEDES, 1998. ■ A. M iossec, Les littoraux entre nature et aménagement, éditions Armand Colin, 2004. ■
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A. Miossec (dir.), Géographie humaine des littoraux maritimes, éditions SEDES, 1998. ■ A. M iossec, « Les littoraux face au développement durable », Historiens et géographes, nº 387, juillet 2004. ■ J.-P. Paulet, Les villes et la mer, éditions Ellipses, 2007. ■ G. Wackermann, Façades maritimes en mutation, une géographie socioéconomique des littoraux, éditions Ellipses, 1998. ■ « Littoral, frontières marines », Hérodote, nº 93, 1999. ■ Datar, Construire ensemble un développement équilibré du littoral, La documentation française, 2004. ■
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Sitographie http://www.littoral.ifen.fr/ http://www.aapa-ports.org/Industry/content. cfm?ItemNumber=900 ■ http://geoconfluences.ens-lsh.fr/doc/typespace/littoral1/Littor.htm ■ ■
Chapitre 7 ● Les littoraux, des espaces convoités 85
Chapitre 8 Les espaces exposés
aux risques majeurs
Ouverture
p. 280-281
Inondation après le passage d’un typhon à Cainta, à l’est de Manille (Philippines) en 2009 La photographie d’ouverture du chapitre doit amener les élèves à faire le lien avec l’actualité (catastrophes récurrentes en Asie en 2009-2010). Elle montre les conséquences d’un typhon (dans un pays qui n’est pas le plus pauvre d’Asie) qui entraîne de graves inondations sur un espace urbain informel (bâti peu organisé), et les dangers auxquels sont exposées des populations nombreuses : enchevêtrement des lignes électriques qui sont transformées en « ponts de singe » de fortune, une évacuation anarchique des populations (masculines ici, les élèves peuvent être amenés à se demander où sont les femmes). Cette photographie peut ici poser la question de la reconstruction : que s’est-il passé quand l’eau s’est retirée ? Que sont devenues ces personnes ? Données socio-économiques sur les Philippines : – IDH : 0,771 (74e rang mondial) ; – 88,5 millions d’hab. ; – 293 hab./km2 ; – PIB = 1 590 dollars ; – croissance économique de 7,3 % en 2007 mais insécurité alimentaire : plus d’1 foyer sur 5 souffre de la faim.
ÉTUDE DE CAS 1 Haïti, exposée au risque majeur, peut-elle se développer durablement ? p. 282-287 Le choix d’Haïti pour cette étude de cas s’explique par le séisme qui a touché la capitale de ce pays, Port-au-Prince, le 12 janvier 2010. Cela permet d’aborder un sujet connu des élèves car fortement médiatisé, mais aussi une zone de la planète soumise à de nombreux aléas, dont les catastrophes ces dernières années sont récurrentes et de types variés (Katrina à La Nouvelle-Orléans en 2005). L’étude permet aussi de varier les échelles entre la zone Caraïbe, Haïti et la ville de Port-auPrince. Enfin, elle permet de voir les conséquences et la gestion de ce type de crise dans un pays qui est l’un des plus pauvres du monde, ce qui permet de dresser un contraste par rapport à la seconde étude de cas qui concerne un pays riche.
1. Quels risques majeurs en Haïti ? Quelles catastrophes en ont résulté ? ● Présentation
p. 282-283
des documents
Doc. 1 et 4 Ces documents sont centraux pour cette étude. Le premier présente une carte des risques en Haïti qui permet d’en saisir la diversité, mais aussi une partie des facteurs explicatifs. Une seconde carte permet de changer d’échelle et de localiser les risques dans les Caraïbes. Elle place aussi la catastrophe d’Haïti dans un contexte régional où les aléas sont très nombreux. Enfin, un plan de la ville de Port-au-Prince présente l’ampleur des dégâts et des destructions de la capitale haïtienne.
Doc. 2 Ce tableau indique les trois dernières catastrophes subies par Haïti et en précise les dégâts humains et matériels. Il permet d’appréhender l’ampleur et la récurrence des désastres auxquels ce pays est confronté.
Doc. 3 Une photographie qui fera réagir les élèves sur l’étendue des dégâts du séisme de janvier 2010, mais aussi leur permettra de réfléchir sur les conséquences pour la vie quotidienne des habitants. 86
● Réponses
aux questions
1. Les principaux aléas naturels de l’espace Caraïbe sont d’origine tectonique : séismes et éruptions volcaniques, et d’origine climatique : cyclones, inondations, glissements de terrain. Haïti est exposé à tous ces aléas sauf le volcanisme. 2. Les fortes densités de population de l’espace Caraïbe sont situées pour la plupart dans les zones à risques. Ainsi, au Mexique, les régions les plus peuplées, dont la capitale, doivent cohabiter avec les aléas sismiques et volcaniques (trois volcans actifs). Les îles des Caraïbes doivent aussi affronter nombre d’aléas : séismes, cyclones et glissements de terrain. 3. Haïti a été confrontée en 2004 à la tempête Jeanne et à ses inondations, en 2008, l’île affronte plusieurs cyclones qui provoquent de nombreuses inondations, enfin en 2010, c’est le séisme de magnitude 7,3 sur l’échelle de Richter qui dévaste la capitale haïtienne. L’origine du tremblement de terre du 12 janvier 2010 est liée à la localisation de Port-au-Prince sur une faille de la plaque nord-américaine. 4. Ces dernières années, les catastrophes naturelles qui ont touché Haïti ont provoqué de nombreux morts et de multiples sinistrés. Les tempêtes et les cyclones ont ravagé des hectares de terres agricoles. Le séisme de 2010 fut terrible, provoquant des dégâts considérables dont la destruction de nombreux bâtiments publics et l’endommagement d’infrastructures majeures pour l’économie du pays (port, routes, réseau électrique…). BILAN 1. La localisation d’Haïti dans une zone où les aléas sont nombreux et les catastrophes récurrentes la rende particulièrement vulnérable. En l’espace de six ans, la population de ce petit pays a subi trois catastrophes qui ont provoqué un nombre important de morts et des dégâts considérables. Parmi ces catastrophes, le séisme du 12 janvier 2010 fut la plus terrible puisqu’elle toucha la capitale, Port-au-Prince, zone la plus densément peuplée. Elle provoqua la destruction d’une grande partie des infrastructures économiques, mais aussi publiques du pays dont le Parlement et le palais présidentiel, sièges du pouvoir politique.
2. Quels sont les facteurs de la vulnérabilité d’Haïti ? p. 284-285 ● Présentation des documents Doc. 1 Ce plan met en évidence les disparités socio-spatiales de Port-auPrince. Il doit être mis en relation avec le document 4 p. 283 pour associer le type de quartier et les zones les plus touchées par le séisme. Ainsi, on constate que le centre-ville et les zones défavorisées sont celles qui ont subi le plus de dégâts.
Doc. 6 Les inégalités à Haïti sont fortes, la catastrophe de janvier 2010 démontre que les conséquences n’ont pas été les mêmes pour les riches que le reste de la population. Ainsi, la localisation sur les hauteurs a permis de minimiser les destructions, celles-ci ayant aussi étaient limitées par la meilleure qualité des constructions.
Doc. 7 Le document présente les multiples problèmes d’Haïti. Ceux-ci sont souvent à l’origine de sa grande vulnérabilité. L’extrême pauvreté de la population et la faiblesse économique du pays n’ont pas permis d’avoir les moyens de prévenir les risques. De plus, les catastrophes sont récurrentes, amplifiées par la déforestation et la dégradation des sols, néfastes aux pratiques agricoles.
Doc. 8 Cette photographie présente un bidonville avant la catastrophe, elle permet aux élèves de comprendre la précarité des conditions de vie des Haïtiens et les raisons pour lesquelles la catastrophe sera terrible pour ces gens qui vont perdre le peu qu’ils avaient. © Hachette Livre
Doc. 9 Les deux tableaux permettent de comparer la situation d’Haïti avec celle d’autres pays. Le premier donne des indicateurs généraux et le second un bilan des catastrophes de 2008 pour les deux pays qui se partagent l’île. Cette comparaison souligne la différence de développement qui influence l’impact des catastrophes. ● Réponses
aux questions
1. La population haïtienne est plus vulnérable aux aléas à cause de sa forte précarité. Les logements informels construits à partir de matériaux de récupération ne résistent pas lors des catastrophes. 2. Le fait que l’État haïtien ait connu une forte instabilité politique depuis ces vingt dernières années renforce les facteurs de vulnérabilité du pays puisque son économie n’a pu se développer et s’adapter face aux aléas. Ainsi, les normes de construction ou de protection du cadre naturel, qui pourraient limiter les impacts des aléas, n’ont pas été mises en place ou appliquées. 3. En comparant la situation socio-économique d’Haïti avec celle de ses voisins, on remarque la différence de richesse et de développement, le pays apparaissant comme pauvre et peu développé. L’IDH en est un révélateur flagrant, puisque, entre Haïti et la République dominicaine, on trouve un écart de 59 rangs. Le PIB est également un indicateur intéressant puisque l’on constate que celui de Saint-Domingue est 6 fois supérieur à celui d’Haïti. 4. Les différentes catégories d’habitants d’Haïti ne sont pas toutes touchées de la même façon par les risques. La position des quartiers et le niveau de vie des habitants ont une influence importante sur l’impact ressenti sur les biens et les personnes. Ainsi, les quartiers riches situés à l’écart du centre-ville bénéficient de logements plus robustes, qui ont mieux résisté au séisme de 2010. En revanche, les quartiers dégradés et les bidonvilles ont subi d’importants dégâts, notamment à cause de la précarité du bâti. BILAN 2. Le retard de développement d’Haïti rend ce pays particulièrement vulnérable aux aléas naturels. En comparant la situation économique et les bilans des catastrophes de 2008 entre Haïti et la République dominicaine, on remarque que les inégalités de richesse vont de paire avec des bilans de catastrophes toujours plus lourds pour le plus pauvre. Il faut ajouter à cela la dégradation du milieu naturel qui amplifie la vulnérabilité de ce pays. Ainsi, la déforestation laisse la place à des espaces découverts qui sont plus sensibles aux vents, notamment cycloniques, la forêt ne servant plus alors de paravent. De plus, les pluies abondantes des tempêtes tropicales lessivent les sols qui ne sont plus protégés par le couvert végétal.
3. La reconstruction durable d’Haïti est-elle envisageable ? ● Présentation
p. 286-287
des documents
Doc. 10 La caricature de Peter Brooks fait réfléchir sur la situation bloquée d’Haïti qui demeure un pays pauvre et dont la reconstruction n’apporte pas de solutions durables à son développement économique, condamnant la situation à se reproduire en cas de nouvelle catastrophe.
Doc. 11 et 12 Ces deux documents permettent d’apprécier la répartition de l’aide internationale apportée à Haïti après le séisme destructeur de 2010. Le premier indique le montant des dons par pays, alors que le second, à travers un diagramme circulaire, montre la répartition des dons par donateur.
Doc. 13 et 14 Ces documents montrent les difficultés rencontrées pour la reconstruction d’Haïti, notamment les désaccords entre les acteurs pour savoir qui se charge de remettre le pays en état.
Doc. 15 Ce document précise le coût économique présumé de la catastrophe et certains des objectifs de la reconstruction. Parmi ces objectifs, on trouve la volonté de réduire le poids de Port-au-Prince, en évitant la domination sans partage de la ville sur le pays. Il s’agit donc de mieux © Hachette Livre
répartir la population et éviter la concentration de la pauvreté dans la capitale, mais aussi de développer des pôles économiques secondaires. D’autant que cela aurait comme vertu de limiter l’impact économique d’un aléa puisque la majorité de la capacité productive se trouve dans la capitale : le séisme a en effet détruit une bonne partie des entreprises et des infrastructures, paralysant l’ensemble de l’économie du pays. Un autre objectif est précisé par le texte, celui d’améliorer la prévention des risques tant pour la construction que pour l’environnement notamment par rapport à la déforestation. ● Réponses
aux questions
1. La reconstruction de Port-au-Prince et de ses environs ne peut se faire rapidement à cause de l’ampleur des dégâts, mais aussi de la pauvreté du pays. Haïti a donc besoin de l’aide et de la solidarité internationale pour se reconstruire. De plus, une grande partie des infrastructures a été touchée, ralentissant le déblaiement et la reconstruction. 2. L’aide apportée à Haïti est l’objet d’une controverse, car elle ne résout pas le problème du sous-développement du pays et met en opposition le gouvernement d’Haïti avec les instances internationales (Minustah) et les ONG. Plusieurs propositions sont évoquées pour savoir à qui on doit confier la reconstruction : à une instance internationale, aux Haïtiens eux-mêmes, à un organisme mixte ? Les avis divergent : les premiers doutent de la capacité des Haïtiens à reconstruire leur pays, les seconds estiment que c’est aux habitants de faire cette reconstruction, justifiant leur point de vue par le fait que jusqu’à présent, les interventions étrangères se sont montrées inefficaces pour le développement du pays, enfin, les derniers préfèrent une solution mixte estimant qu’une coopération entre les différents acteurs serait la meilleure solution. 3. Les principaux donateurs sont essentiellement les pays riches de la planète, on trouve également deux pays africains, le Nigeria et la République démocratique du Congo. La part la plus importante revient aux pays d’Amérique, sensibilisés par la proximité géographique. 4. Plusieurs propositions ont été faites pour limiter les risques dans l’avenir. Il s’agit de mieux répartir la population sur le territoire pour éviter une concentration trop forte sur un seul point du pays, et réduire ainsi le risque humain par une densité plus faible. Des normes de construction plus strictes auraient pu éviter un certain nombre de dégâts et de morts. Une révision totale de la politique environnementale du pays devrait permettre de faire marche arrière sur la déforestation et ainsi réduire l’impact de certains aléas. BILAN 3. La gestion du risque a montré les problèmes, nombreux, qui se sont posés lors de la catastrophe, mais aussi les éléments qui l’ont amplifié. Ainsi, pour prévenir un nouveau désastre, plusieurs solutions sont envisagées : une vigilance accrue vis-à-vis des normes de construction, mais aussi une gestion plus durable de l’environnement notamment de la couverture forestière qui a quasiment disparu à cause du déboisement. Il s’agit aussi de se poser des questions sur la manière de gérer la crise et la reconstruction. En effet, celle-ci doit se faire dans une optique de développement durable du pays.
ÉTUDE DE CAS 2 Le territoire japonais surexposé aux risques peut-il se protéger ?
p. 288-293
Cette étude de cas doit montrer que les pays riches et développés (ici un des trois pôles de la Triade) ne sont pas épargnés par les risques mais que les catastrophes y sont gérées et que la richesse permet une prévention efficace.
1. Quels sont les risques majeurs du Japon ? p. 288-289 ● Réponses aux questions 1. La réponse s’appuie ici sur une lecture raisonnée des deux cartes p. 288. Les aléas naturels sont les tremblements de terre, les tsunamis, les typhons et les éruptions volcaniques. Les principaux risques technologiques sont les pollutions de l’eau douce et de la mer, le risque nucléaire (les élèves peuvent proposer les pollutions du sol et de l’air qui ne sont pas cartographiées mais rendues implicites par la « concentration industrielle »). Chapitre 8 ● Les espaces exposés aux risques majeurs 87
2. La population japonaise est principalement concentrée le long de la mégalopole dans une partie du territoire appelé « Japon de l’endroit » par les Japonais eux-mêmes. Cette partie du territoire est particulièrement exposée aux risques naturels et technologiques, car c’est aussi là qu’on trouve les plus fortes densités de population du pays (plus de 700 hab. /km2 dans l’aire urbaine de Tokyo qui est aujourd’hui encore la ville la plus peuplée du monde avec ses 33 millions d’habitants). 3. Le Japon a été confronté à des séismes, des typhons et des accidents industriels et technologiques. Les conséquences ont été des morts, des dégâts pouvant atteindre plusieurs milliards, mais aussi des personnes affectées par les destructions matérielles ou bien blessées lors de ces événements. 4. Le risque est un élément culturel au Japon : la culture japonaise associe les séismes à des croyances ancestrales. BILAN 1. Le Japon, par sa position géographique est affecté par de nombreux risques naturels. Les côtes sont les lieux les plus sensibles, les risques y sont amplifiés par la concentration de la population et des activités économiques. Ainsi, aux séismes, typhons, tsunamis et glissements de terrain s’ajoutent les pollutions industrielles et les risques technologiques.
2. Quelle vulnérabilité ? L’exemple du risque nucléaire ● Réponses
p. 290-291
aux questions
1. Le séisme de Niigata a fait 7 morts et 700 blessés, 300 immeubles ont été détruits entièrement et 2 312 autres endommagés. Il y a eu des coupures de courant. Le gouvernement a donc décidé de mettre en place une « cellule de crise ». 2. Le gouvernement a réagi aussi en acceptant une aide de la communauté internationale : la centrale nucléaire qui a été touchée par le séisme a été inspectée suite à l’incendie afin de pouvoir communiquer en « toute transparence » sur la situation. 3. Le Japon est un des pays les plus riches et développés de la planète, 10e rang mondial pour l’IDH, 12e rang pour l’IPH (non indiqué sur le doc), 24,9 pour l’indice de Gini (qui mesure le degré d’inégalités des revenus, 0 étant l’égalité parfaite et 100 l’inégalité totale). Un niveau de richesse très élevé (51 fois plus riche qu’Haïti). Une population alphabétisée. 4. Comme le Japon est un pays riche, il peut réagir rapidement et efficacement lorsque la catastrophe arrive. Le gouvernement peut déclencher des procédures exceptionnelles (« cellule de crise »), et faire appel à des organismes internationaux rapidement (ici AIEA). 5. Le risque nucléaire est vécu de manière plus angoissante au Japon qu’ailleurs car c’est dans ce pays que les Américains ont décidé de larguer deux bombes atomiques (Hiroshima et Nagazaki les 6 et 9 août 1945) pour mettre fin à la Seconde Guerre mondiale (conséquences encore visibles aujourd’hui sur le nombre de cancers). BILAN 2. Le haut niveau de développement du Japon limite sa vulnérabilité aux risques majeurs. En effet, lorsqu’une catastrophe survient, le Japon réagit promptement. Ainsi, après le séisme de Niigata le gouvernement a mis en place rapidement une « cellule de crise ». La réaction de la Tokyo Electric Power, qui gère la centrale nucléaire de Kashiwazaki, montre aussi une certaine maîtrise de la catastrophe malgré des normes de construction qui n’avaient pas tenu compte d’un séisme d’une telle magnitude. Les quatre réacteurs se sont arrêtés automatiquement et l’incendie qui s’était déclaré a été rapidement maîtrisé.
3. Quelle prévision du risque ? Quelle prévention ? p. 292-293 ● Réponses
aux questions
1. Les Japonais ont les moyens technologiques et financiers de prévenir les risques : des installations pour se prémunir des tsunamis (doc. 12), des systèmes de communication et d’alerte (doc. 13), une éducation aux risques accessible à tous (aussi aux étrangers, ici guide de prévention traduit en anglais).
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2. Le principe de prévention repose sur celui de précaution (voir vocabulaire) qui vise à éviter ou réduire le risque. 3. La prévision du risque au Japon tient une place très importante dans les choix et les orientations politiques (rôle important du gouvernement). Cette prévision peut aussi servir les autres pays dans le cadre d’une coopération internationale. La création de l’ISSC le montre pour le risque nucléaire : tous les pays possédant des centrales nucléaires peuvent bénéficier des études menées par l’ISSC et donc mieux prévenir le risque dans leur propre pays. La coopération entre chercheurs privés et chercheurs publics au Japon peut aussi faire avancer rapidement les progrès en matière de dépollution de l’eau (doc. 16) par des moyens écologiques respectueux de l’environnement qui vont dans le sens d’une gestion durable. BILAN 3. Le Japon est très organisé pour prévenir les risques. Le principe de précaution y est très développé, comme le montrent les installations construites pour stopper ou limiter l’impact des tsunamis dans les secteurs à haut risque, les brochures distribuées pour informer sur les attitudes et les gestes à adopter en cas de catastrophe, la mise en place d’un système d’alerte efficace et des entraînements pour les populations. Ces actions visent aussi à gérer durablement les risques comme le démontrent les recherches pour lutter contre la pollution visant à réduire les impacts d’une catastrophe industrielle.
PLANISPHÈRE 1 Les risques naturels majeurs
p. 294-295
Faire un bilan Les risques naturels que l’on trouve à Haïti et au Japon sont les séismes, le volcanisme, les glissements de terrain, les inondations dues aux tempêtes, les cyclones ou les typhons, les tsunamis. Comparer et changer d’échelle On trouve des cas similaires en Amérique du Sud où séismes, tsunamis et volcans actifs affectent la côte orientale du continent. La Turquie est sujette aussi aux séismes, les Philippines et l’Indonésie sont aussi fortement exposées aux risques. Par contre, la côte est des États-Unis ou l’Europe occidentale sont des zones moins sensibles aux risques naturels. Passer au cours Quels sont les risques naturels ? Comment y faire face ? Les risques naturels ont-ils partout la même intensité ?
PLANISPHÈRE 2 Les risques technologiques majeurs
p. 296-297
Faire un bilan Les facteurs de vulnérabilité en Haïti sont la pauvreté de la population et la déforestation. Au Japon, la richesse du pays permet de réduire la vulnérabilité, même si les constructions ne sont pas toujours faites pour résister à des séismes de très forte magnitude. Comparer Des accidents nucléaires ont eu lieu dans d’autres pays qu’au Japon. Leurs causes sont souvent liées à des accidents techniques comme à Three Mile Island aux États-Unis ou Tchernobyl en Ukraine. À Kashiwazaki, l’origine de l’incident est un séisme de magnitude 6,8 qui a endommagé les structures de la centrale. Changer d’échelle Le cas du Japon ne permet d’appréhender qu’un des risques technologiques majeurs. La carte présente d’autres catastrophes comme les accidents chimiques. Parmi les plus célèbres, on trouve ceux de Minamata au Japon, Bhopal en Inde, Seveso en Italie. On y trouve également les pollutions et accidents pétroliers qui ont une influence négative sur l’environnement, notamment au niveau des ressources maritimes. Passer au cours Quels sont les différents types de risques technologiques ? Comment prévenir ce type de risques ?
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PLANISPHÈRE 3 Des espaces vulnérables à protéger
p. 298-299
Faire un bilan La vulnérabilité est très forte pour Haïti comme pour le Japon car ces deux pays se situent dans des zones où les aléas sont nombreux. Pour Haïti, des solutions sont préconisées pour prévenir les risques telles une meilleure protection de l’environnement et des normes de construction plus strictes. Pour le Japon, un certain nombre d’actions de prévention ont été mises en place comme des brochures d’information pour la population, des bulletins d’alerte en cas de risque avéré, des installations pour limiter l’impact des tsunamis. Le niveau de développement est ici un élément clé de la prévention contre les risques majeurs. Comparer La Californie présente aussi un niveau élevé de vulnérabilité. Comme le Japon, la prévention y est organisée afin de limiter au maximum les conséquences d’une catastrophe, notamment sismique. En Europe aussi, les États ont mis en place des politiques de prévention des risques exigeantes. Ce type d’action se retrouve donc plutôt dans les pays du Nord. Pour les pays du Sud, la prévention n’est pas une priorité, certainement pour des raisons économiques. Changer d’échelle Les cas étudiés, même s’ils restent particuliers, reflètent correctement les problèmes auxquels sont confrontés un certain nombre de pays, même si le degré de vulnérabilité varie. Ainsi la plupart des grandes villes de la planète sont soumises à une vulnérabilité aux risques plus ou moins forte. En effet, elles concentrent un grand nombre d’habitants et les principales activités industrielles, le risque technologique y est alors plus important. Passer au cours Quels sont les espaces les plus vulnérables aux risques ? Quels sont les moyens mis en œuvre pour prévenir les risques ?
COURS 1 Diversité et permanence des risques naturels p. 300-301 ● Présentation
des documents
Doc. 1 On remarque que ce sont essentiellement des pays du Sud qui sont touchés. La Chine, l’Union indienne, Taiwan, le Niger, le Mozambique et le Malawi sont les pays qui connaissent la part la plus importante de population touchée par des catastrophes naturelles avec plus de 5 %.
Doc. 2 Ces schémas sont très utiles pour faire comprendre les notions d’aléa, de risque et de catastrophe. Il s’agit ici de faire prendre conscience aux élèves que la présence humaine est essentielle pour parler d’un risque ou d’une catastrophe. Une inondation qui se produit n’est qu’un aléa s’il n’y a pas de présence humaine, elle devient un risque lorsqu’il y a une présence humaine mais qu’elle n’a pas eu lieu, et c’est une catastrophe lorsqu’elle se produit et provoque des dégâts.
Doc. 3 La Réunion est un bon exemple d’une île exposée aux risques naturels majeurs puisqu’elle cumule les risques volcaniques avec le Piton de la Fournaise, les cyclones qui passent à proximité de l’île et les inondations qui touchent une partie du littoral. ● Proposition
d’activité pédagogique
Quelques questions pour aborder le document 3 sur l’île de la Réunion permettant de mettre en relation les risques naturels et le peuplement de l’île : 1) Où se trouvent les fortes densités de population ? Elles se situent sur le littoral. 2) Quels sont les risques naturels majeurs de la Réunion ? Volcanisme, cyclones et inondations sont les risques majeurs que l’on trouve à la Réunion. © Hachette Livre
3) Quelles parties de l’île sont les plus touchées par les risques ? La côte orientale est frappée par les cyclones et les inondations, et la moitié sud-est par la présence du volcan. 4) Quel lien peut-on établir entre la localisation de la population et les risques ? On remarque qu’une partie de la population et des grandes agglomérations sont localisées dans la zone principale des risques climatiques. À l’inverse, la partie de l’île où se trouve le Piton de la Fournaise est moins peuplée dans la zone d’écoulement et de projection de la lave (ce qui est logique). Cependant, on peut remarquer que les densités augmentent autour de Saint-Pierre, Le Tampon et Saint-Benoît bien que le risque volcanique y soit fort. 5) Pour aller plus loin, proposez des raisons qui expliqueraient la forte présence humaine dans des zones à risques. La côte exposée aux cyclones est celle qui est tournée vers le reste du monde donc favorable au commerce, les zones volcaniques peuvent être des terres favorables pour l’agriculture.
COURS 2 Une multiplication des risques technologiques p. 302-303 ● Présentation des documents Doc. 1 Un paysage du sud de l’agglomération lyonnaise où se concentrent de nombreuses activités industrielles en lien avec la chimie. Cela permet aux élèves d’apprécier la vulnérabilité des habitants d’une grande ville française en constatant la proximité existante entre les sites industriels et les zones d’habitation, séparées seulement par l’autoroute.
Doc. 2 La catastrophe de Bhopal est révélatrice des risques et des catastrophes que représentent les industries chimiques. Plus grave, les pollutions ont des conséquences sur le long terme et les responsables refusent souvent de payer les dommages qu’ils ont causés, les pouvoirs publics étant alors divisés entre réparation pour satisfaire les populations et adoption d’une attitude conciliante pour ne pas compromettre les investissements de ces entreprises dans le pays.
Doc. 3 La carte permet de se rendre compte de l’étendue de la catastrophe écologique et économique provoquée par l’explosion d’une plateforme pétrolière du groupe BP dans le golfe du Mexique. ● Proposition
d’activité pédagogique
Le texte sur Bhopal permet de montrer l’ampleur d’une catastrophe chimique et ses conséquences à long terme. 1) Où se situe Bhopal ? 2) Quelle catastrophe s’est produite ? Quelles en furent les conséquences ? 3) Quels sont les éléments qui indiquent que la situation n’est pas réglée ?
COURS 3 L’inégale vulnérabilité des espaces face aux risques ● Présentation
p. 304-305
des documents
Doc. 1 Les élèves peuvent se rendre compte, en observant ce paysage, des ravages causés par un séisme sur un village d’Italie.
Doc. 2 Autre lieu sujet aux séismes, la Turquie, où la mauvaise qualité des constructions rend la vulnérabilité aux risques plus grande, surtout que les séismes y sont récurrents et que la prise de conscience du risque est lente.
Doc. 3 Cette carte du Bangladesh permet de présenter un pays où la vulnérabilité est très forte. Les inondations liées aux crues du Brahmapoutre Chapitre 8 ● Les espaces exposés aux risques majeurs 89
et du Gange ou causées par les cyclones peuvent atteindre la quasi totalité du pays, notamment les zones les plus fortement peuplées. ● Proposition
d’activité pédagogique
On peut proposer une activité à partir du document 3 mettant en évidence la forte vulnérabilité du Bangladesh. 1) Localisez le Bangladesh à l’aide d’un atlas. 2) À quels risques le Bangladesh est-il vulnérable ? 3) Quels aménagements ont été mis en place pour réduire cette vulnérabilité ? 4) Dans quelle proportion le pays est-il vulnérable ?
COURS 4 Quelles prévisions et quelle prévention p. 306-307 des risques ? ● Présentation
des documents
Doc. 1 Cette photographie montre la prévention face aux inondations au Bangladesh. Un homme montre aux hommes du village des images expliquant les solutions à mettre en œuvre pour s’adapter à l’élévation du niveau de la mer. Ainsi, les habitations doivent être construites en hauteur pour lutter contre la montée des eaux.
Doc. 2 La majeure partie des terres des Pays-Bas est située en dessous du niveau de la mer. Très tôt, un système de digues a été mis en place pour prévenir les inondations. Des aménagements sont en cours pour prévenir l’élévation du niveau de la mer.
Doc. 3 L’établissement des probabilités des risques sismiques en Californie doit permettre la mise en place des plans de prévention des risques, mais aussi de simuler l’action des secours en cas de catastrophe. ● Proposition
d’activité pédagogique
À partir des trois documents, on peut demander aux élèves de répondre aux questions suivantes : 1) Quels sont les risques présentés par les documents ? Deux types de risques sont présentés ici, les inondations dues à la montée du niveau de la mer et les séismes en Californie. 2) Quelles sont les solutions présentées pour prévenir ces risques ? Au Bangladesh, on explique aux populations qu’il faut construire les habitations en hauteur, aux Pays-Bas, cette prévention existe déjà, elle est renforcée par des digues de taille différente qui visent à ennoyer une partie des polders (ceux à fonction agricole) pour protéger les autres parties du territoire. Aux États-Unis, la Californie a réalisé une étude pour prévoir les probabilités de tremblement de terre de forte amplitude.
MÉTHODE 1 Confronter deux documents
p. 308
Sujet : L e rôle des médias dans les catastrophes 1. Identifier des documents Le document 1 est un dessin de presse algérien destiné au grand public. Le document 2 est une affiche de la Croix-Rouge. Ces deux documents sont parus en janvier 2010 après la catastrophe d’Haïti (séisme du 12 janvier – voir étude de cas 1).
90
2. Prélever des informations Le document 1 met l’accent sur le « voyeurisme » des médias du monde entier qui ont bombardé le public d’images souvent très violentes pendant les deux semaines qui ont suivi la catastrophe. Le document 2 s’adresse aux éventuels donateurs de la Croix-Rouge et utilise aussi une image assez « voyeuriste » pour toucher l’opinion publique en montrant une victime qui est prise en charge par deux sauveteurs. Cette image a pour objectif de nous émouvoir et déclencher les dons. 3. Confronter des informations Les deux documents insistent sur la vulnérabilité des populations haïtiennes face à la catastrophe. Le rôle des médias est contradictoire : ils alertent l’opinion internationale par des images-chocs et donc peuvent permettre de réfléchir aux inégalités et d’enclencher une réaction citoyenne basée sur l’aide et la solidarité… En même temps, ils insistent souvent sur le côté morbide des situations en utilisant des images violentes qui ne respectent pas toujours la dignité des personnes. Les médias et les ONG ne peuvent gérer à eux seuls la catastrophe, il s’agit aussi de mener une action politique locale et de permettre aux citoyens haïtiens de prendre en main leur destin. Le développement durable d’un pays ne peut pas se construire sans une appropriation locale et citoyenne : l’aide internationale est une réponse ponctuelle à la catastrophe, les choix de développement sont ceux des élus du pays en accord avec les citoyens. Il semble néanmoins que la solidarité internationale, qui se manifeste de plus en plus par le rôle croissant des ONG, reste un élément primordial pour amorcer un processus de développement durable. Il n’existe pas un modèle universel de développement durable et, en aucun cas, les pays riches ne peuvent imposer leur choix de développement. Chaque pays et chaque nation doivent construire leur propre modèle en tenant compte de leur culture, de leur histoire. Le bonheur des hommes n’a pas partout la même signification. Vivre bien a-t-il le même sens en France et en Haïti ?
MÉTHODE 2 Confronter deux images satellites
p. 309
Sujet : Les conséquences de la tempête Xynthia sur le littoral vendéen 1. Identifier et situer • La Faute-sur-Mer et l’Anse de l’Aiguillon se situent sur le littoral au sud de la Vendée. • Les deux documents sont des images satellites, la première date de 2006 et la seconde de 2010. 2. Analyser les documents • En mars 2010, une tempête inonde une partie de l’intérieur des terres. • Cette partie du littoral est particulièrement exposée au risque car elle se situe en dessous du niveau de la mer. • Les principales activités de ce littoral sont le tourisme et l’agriculture. • Les digues n’ont pas joué leur rôle puisque sur la deuxième image on voit bien l’étendue de l’inondation. • Les habitations situées dans la zone d’inondation ont subi des dégâts, les routes ont été coupées et étaient impraticables. • L’État a décidé d’établir une zone noire des habitations touchées par les inondations, celles-ci doivent être rachetées pour être détruites afin d’éviter que cette situation ne se reproduise.
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3. Compléter un schéma d’interprétation et organiser une légende
]
Les conséquences de la tempête Xynthia sur le littoral de la Faute-sur-Mer et l’Anse de l’Aiguillon surface urbanisée station balnéaire zone inondée après la tempête zone noire : ordre de destruction des habitations
La Faute-sur-Mer L’Aiguillon-sur-Mer
Réserve naturelle de l’Anse de l’Aiguillon
route .............................. digue .............................. polder
4. Conclure Cette zone du littoral est soumise aux risques majeurs, car elle se situe en dessous du niveau de la mer. Pour avoir une reconstruction durable, il faut faire en sorte qu’il n’y ait pas d’habitations de construites dans les zones inondables.
MÉTHODE 3 Compléter un organigramme à partir d’une carte et d’un article de presse p. 310 Sujet : L ’Italie, un pays exposé au risque sismique 1. Identifier et localiser • Le document 1 est une carte faite à partir d’informations trouvées sur le site italien de l’Institut de Vulcanologie en 2010 et du quotidien français Le Monde d’avril 2009. Le document 2 est un article du quotidien français Le Monde daté du 14 avril 2009. 3. Compléter l’organigramme
• L’Aquila est situé dans le centre de l’Italie. Cette ville est située à 70 km environ à l’est de Rome (ici, utilisation de l’échelle par les élèves pour trouver des distances) ; cette ville est construite sur une zone de rencontre de plaques lithosphériques. 2. Prélever, hiérarchiser, confronter • Le 6 avril 2009, un tremblement de terre a causé la mort de 294 personnes et détruit une partie de la ville. • Le risque vient à la fois d’un aléa naturel et d’une forte vulnérabilité car l’espace y est densément peuplé et les constructions pas aux normes. • Ce risque était prévisible, mais les alertes données n’ont pas été prises en compte et les défaillances politiques ont fait que la loi sur les constructions n’a pas été appliquée, ce qui a aggravé la vulnérabilité. Lien avec ECJS : à quoi servent les lois ? Comment faire pour qu’elles soient appliquées ?
provoquent
catastrophe ............................................
vulnérabillité ............................................
constituent
et
et
diminue
aléa
risque
prévention ............................................
augmente
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Chapitre 8 ● Les espaces exposés aux risques majeurs 91
4. Organiser et synthétiser La prévention des risques nécessite une volonté politique forte. En effet, sans une législation efficace et coercitive, les constructeurs ne respectent pas les normes parasismiques, car elles augmentent les coûts. Les défauts de construction n’apparaissent souvent qu’une fois la catastrophe arrivée, trop tard pour sauver ceux qui auraient pu l’être. On peut élargir la réflexion à d’autres catastrophes dont on ne prend conscience de l’ampleur qu’une fois qu’elles sont survenues, les pouvoirs publics réagissant eux aussi sur le moment.
Doc. 5 : des campagnes de dépistage sont organisées. • Les mots utiles sont sida, VIH et apartheid. • Les documents 2 et 4 peuvent être mis en relation pour confronter les informations du texte avec une carte de l’Afrique du Sud présentant à la fois les régions à majorité noire, souvent pauvres, et les données concernant le nombre d’individus atteints du sida.
MÉTHODE 4
4. Organiser et synthétiser Pourquoi le sida est-il un risque sanitaire majeur en Afrique du Sud ?
Rédiger une réponse organisée
p. 312
Sujet : Le sida, un risque sanitaire majeur en Afrique du Sud Réponses aux questions 1. L’Afrique du Sud est l’un des pays les plus touchés par le sida. Plus de cinq millions de personnes étaient atteintes par le virus en 2009, 43 % des décès étaient dus au sida. 2. Les catégories de la population les plus touchées sont les pauvres et, parmi eux, surtout les femmes. 3. Les facteurs à l’origine de cette situation sont un taux de chômage important, une malnutrition et un manque d’eau potable qui rendent les gens plus vulnérables aux maladies. 4. Pour lutter contre la diffusion du virus, une campagne de dépistage a été organisée.
3. Cerner le sens général du corpus Les deux premières questions portent plutôt sur l’espace et les deux dernières sur la maladie et sa diffusion.
1. Le constat de la situation L’Afrique du Sud est l’un des pays les plus touchés par la pandémie de sida, entre 15 et 25 % de sa population serait atteint par le virus. Le nombre de personnes séropositives est en constante augmentation d’après le tableau 3, elles étaient 4 190 000 en 2001 et sont 5 210 000 en 2009, soit une progression de plus de un million de personnes en l’espace de huit ans. La part de la population totale atteinte par le virus a elle aussi progressé, passant de 9,3 % à 10,6 % de la population. Le nombre de décès dus au sida a lui aussi augmenté, mais ce qui est plus préoccupant est la part des décès dus au sida qui a gagné 5 points, représentant 43 % des causes de décès. Les régions de l’est du pays, celles peuplées majoritairement par les noirs, sont les plus touchées. Cette inégalité spatiale de la maladie peut trouver un facteur d’explication dans le régime d’apartheid.
1. Comprendre et identifier • Un « risque sanitaire majeur », c’est une maladie infectieuse qui touche une part importante de la population d’un pays par contagion et qui peut entraîner des décès. • Le pays étudié est l’Afrique du Sud, c’est l’un des pays les plus touchés par le sida puisque entre 15 et 28 % de sa population vit avec le virus en 2007.
2. Les facteurs d’explication En effet, la pauvreté est une des principales raisons de l’extension de la pandémie. Les populations noires étant les plus pauvres, elles subissent à la fois un chômage de masse, mais sont aussi les catégories qui ont le moins accès à l’éducation et aux soins de santé. La situation est encore plus difficile pour les femmes, massivement touchées par le sida (60 %). Les femmes seules qui ont une charge de famille voient leur situation d’autant fragilisée. La situation s’aggrave avec la malnutrition et le manque d’eau potable qui rendent les individus plus sensibles aux maladies bénignes qui peuvent devenir fatales lorsqu’ils sont séropositifs.
2. Exploiter et confronter • Les informations clés de chaque document sont : Doc. 1 : l’Afrique du Sud est l’un des pays les plus touchés par le sida ; Doc. 2 : le sida touche beaucoup de personnes et représente une part importante des décès ; Doc. 3 : les inégalités sociales sont importantes en Afrique du Sud notamment par rapport à la santé ; Doc. 4 : la répartition du sida est inégale ;
3. Les perspectives d’avenir Les perspectives d’avenir sont plutôt sombres. L’espérance de vie est en recul, 49 ans aujourd’hui. L’économie du pays pourrait subir les conséquences de la perte d’une partie de sa main-d’œuvre, entraînant le déclin de la croissance de l’Afrique du Sud. Malgré les campagnes de dépistage visant à prévenir les contaminations et celles de prévention visant à sensibiliser la population à l’utilisation des préservatifs, la situation ne semble pas trouver d’issue.
À vous maintenant !
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