La phrase assertive 1.0. La phrase assertive est basée sur un constituant obligatoire de phrase, par laquelle le
locuteur communique simplement une information. C’est le type le plus fréquemment employé et le moins marqué d’affectivité. L’assertion prend en charge le contenu positif ou négatif d’une phrase: Marie phrase: Marie parle l’italien. Marie ne parle pas l’italien. Voilà pourquoi on préfère d’habitude le terme de assertif à la place de affirmatif , justement pour le fait que normalement affirmatif s’oppose à négatif , or, la phrase assertive assertive peut revêtir les deux formes (affirmative ou négative). 2. Caractéristiques de la phrase assertive
Nous envisageons les caractéristiques de la phrase assertive assertive à trois niveaux. 2.1. Au niveau graphique
La phrase assertive, qu’elle soit affirmative ou ou négative, est délimitée par une pause longue ou définitive, marquée graphiquement dans le code écrit par un point (séparateur fort entre phrases), par des points de suspension (marquant une phrase sémantiquement ou syntaxiquement inachevée), le point virgule (variante faible du point, signalant deux phrases syntaxiquement indépendantes, mais nécessairement reliées par un lien textuel ou sémantique 1
fort) ou deux points (marquant un rapport essentiellement sémantique): La frontière était au bas de la rue Raynouard. (Green) Titus n’a pas vu autre chose que ce que tu vois… (Ibid) Il a accepté; moi, j’ai refusé. Marie est ravie: elle va enfin pouvoir réaliser son rêve. 2.2. Au niveau oral (suprasegmental) (suprasegmental) La phrase assertive, assertive, quelle que soit sa sa structure, se caractérise par un contour intonatoire neutre, d’habitude descendant en fin de phrase: a) la phrase assertive est affirmative et présente l’ordre: Sujet + Verbe + Circonstanciels: Nous partirons cette nuit. b) la phrase assertive est affirmative affirmative et présente l’ordre Circonst. + Sujet + Verbe: Demain, j’irai à Paris. c) la phrase assertive est négative: négative: Marie n’est pas venue. 2.3. Au niveau segmental La phrase française se caractérise par l’ordre progressif des constituants, c’est-à-dire c’ est-à-dire Sujet + Verbe + Dét. (Obligatoires + Facultatifs): Elle gagnait les quais, étouffant peu à peu les lumières. (Green) Déjà on ne voyait plus la rive opposée. opposée. (Id)
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Associés aux guillemets, les deux points servent à introduire des citations: Le ministre de l’extérieur a déclaré: “La situation internationale est très tendue”.
Une autre caractéristique du français est que le sujet (personnel ou impersonnel) s’exprime de règle, sauf quelques cas limités, fait qui le distingue du roumain où l’expression du sujet est ressentie comme une sorte d’emphase:
J ’ai lu tes poésies.
Ţi-am citit poeziile. (neutre) Eu ţi-am citit poeziile. (emphase) Il y a pourtant quelques situations où cet ordre est inversé, pour des raisons stylistiques, et l’on a un ordre régressif: Verbe + Sujet + Dét (Oblig + Fac.) / Dét (Oblig + Fac.) + Verbe + Sujet. On enregistre deux situations d’inversion stylistique: avec un sujet nominal, si le verbe est à un temps simple, jamais avec un temps composé: Au
coin de la rue s’élevait la vieille cathédrale. En sa peau mourra le renard. Arrive le printemps. avec un pronom sujet (personnel, impersonnel, indéfini) après certains adverbes ou locutions
adverbiales. L’inversion est pourtant obligatoire dans la langue littéraire. semblait-il entendre. (Vercors) En vain fit-il toutes ces démarches, qu’il A pein e n’obtint rien finalement. Peut-êtr e redoute-t-il mon contact. (Jouhandeau) Encore faut-il croire que ce fantôme a pris la perruque du partisan. Sans doute partira-t-elle à la maison demain matin. (Mérimée) Ainsi demeura-t-elle un très long moment. (Flaubert) Aussi faut-il pour leur répondre une certaine habitude de leur monde. Il y a aussi certains verbes tels que: arriver, être, paraître, rester, suivre, survenir, venir qui sont suivis du sujet, surtout dans les langues de spécialité (mathématiques, style administratif, juridique, indications scéniques, etc): Restent les témoignages des auteurs anciens. Soit le triangle ABC. Suivit une série de lois draconiennes. Entrent les figurants. A cela s’ajoutent les propositions intercalées ou incises, définies par M.Grevisse
(1986:138) comme des ”propositions généralement courtes, tantôt insérées dans le corps de la phrase, tantôt rejetées à la fin de la phrase, pour indiquer qu’on rapporte les paroles de quelqu’un ou pour exprimer une sorte de parenthèse“: Donne-lui tout de même à boire, di t mon pè . (Hugo) re J’ai heurté, savez-vous , d’incroyables Florides. (Rimbaud) 3. Classification des phrases assertives En appliquant le critère formel, on distingue deux types de phrases assertives, selon le fait que les deux constituants obligatoires sont explicités ou non dans la structure superficielle:
organisées: En fin d’après-midi, je suis entré à l’hôtel Biron pour voir l’exposition de sculpture italienne contemporaine. Dans l’affreuse petite chapelle néogothique, un évêque de Manzù fait un effet extraordinaire de simplicité majestueuse... (Green) inorganisées (= elliptiques):
Rue de Paradis ce matin pour acheter des verres. Un magasin après l’autre, tout étincelants de cristal. Baccarat, Saint-Louis, etc. La belle rue étroite, vivante, puis la rue de Trévise encore plus belle avec la place ornée d’une fontaine. (id) 4. Le mode du verbe régissant La phrase assertive ne se caractérise pas par l’emploi spécial d’un certain mode verbal. D’habitude, c’est l’indicatif, (1) le conditionnel (2) ou l’infinitif de narration (3) qui apparaissent, le plus souvent, comme verbes régissants dans les ph rases assertives affirmatives ou négatives: (1) Le Proviseur nous fit signe de nous rasseoir. (Flaubert) La ville, en effet , ne sourit qu’à ceux qui l’ approchent et flânent dans ses rues; à ceux-là, elle parle un langage rassurant et familier, mais l’âme de Paris ne se r é vè le que de loin et de haut. (Green) (2) Sur ces entrefaites, l’obstacle se dressa, mais si formidable que rien n ’y ré sister ai t . (P. de La Gorce) Les seuls traités qui compteraient sont ceux qui concluraient entre les arrière-pensées. (P.Valéry) L’infinitif de narration est un mode employé dans les récits, se rapportant au passé, pour exprimer une action se déclenchant vivement, conséquence d’une autre action qui précède: (3) Et bouquillons de perdre leur outil, / Et de cri er pour se faire rendre. (La Fontaine) 5. Valeurs de contenu de la phrase assertive La phrase assertive peut acquérir plusieurs valeurs de contenu, en fonction du contexte et de la façon dont la relation entre le locuteur et l’acte qu’il produit (=acte locutif) est envisagée. A part sa valeur propre (descriptive ou performative), la phrase assertive peut avoir aussi une valeur interrogative ou injonctive: J’ignore si Marie a pu prendre le train de 7 heures. Je me demande où elle a pu passer la nuit. Je vous ordonne de vous retirer tout de suite. Je vous prie de fermer la fenêtre.