Rafael del Moral
LANGAGE ET COMMUNICATION
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Sommaire Introduction 1. Langage et communication 1.1. Les principes 1.2. Indice et langage 1.3. Signe et langage 2. Systèmes de communication linguistique et non linguistique 2.1. La sémiotique. 2.2. Caractères spécifiques du langage humain 2.2.1. Fonctions du langage 2.2.2. Spécificité du langage 2.2.3. La double articulation 2.3. Communication humaine 2.4. Communication non humaine 2.4.1. Les signaux visuels 2.4.2. Les signaux acoustiques 2.4.3. Les signaux chimiques 2.4.4. Les signaux tactiles
Introduction Il s’agit dans ce thème de situer l’étude du langage dans une perspe ctive ample. Nous commençons par montrer comment le langage est relié avec d’autres moyens de communication sous le titre plus général de sémiotique. Nous revoyons les principales structures du langage humain et les comparons avec les propriétés que manifeste la communication animale. Il semble qu’il existe peu d’aspects communs: il n’est pas possible de trouver la créativité et la complexité structurelle du langage 2
dans la conduite conduite communicative naturelle d’autres espèces. Il existe aussi un contraste clair avec les divers domaines d’expression non ve rbale. Nous abordons des domaines comme l’expression faciale, les gestes corporels et la communication tactile, ainsi que quelques codes et substituts basés sur le langage utilisés dans le monde. Nous pouvons identifier plus facilement les frontières de la matière en voyant les ressemblances et les différences entre le langage et ces autres domaines. La perspective du développement de la linguistique est historique. Elle aborde l’apport d’idées systématiques sur la nature du langage prop osées par les spécialistes de l’antiquité en Grèce, à Rome et en Inde, et insiste sur l’intérêt du langage au Moyen Age et à la Ren aissance jusqu’aux temps modernes. La période la plus rapide du développement a été le XXè siècle, où nous trouvons un progrès sans précédent du savoir linguistique. .
Langage et communication 1.1. Les principes C’est dans le premier quart du XX e siècle siècle qu’on commence à élaborer la théorie du langage et de la communication. Avant que l’accent soit d éfinitivement mis sur le langage comme système de communication la théorie théorie expliquait en d’autres termes le pouvoir qu’ont les hommes d’inventer des systèmes de communication, d’utiliser certains phén omènes perceptibles (les ( les signifiants ) pour évoquer, dénoter, signifier d’autres phénomènes phénomènes non observables ici et maintenant (les ( les signifiés). Cette théorie, même si elle n’en découle pas intégralement, devait beaucoup à Saussure qui le premier avait insisté sur la nécessité de replacer la linguistique proprement dite –qui dite –qui n’en est qu’une province – province – dans le vaste domaine de l’ensemble de tous les systèmes de signes (l’écriture, l’alphabet des sourds-muets, sourds -muets, les rites symboliques, la politesse, les signaux signaux militaires, la mode, les signaux maritimes, etc.). C’est ce domaine qu’il nommait la sémiologie. sémiologie. Mais en définissant le langage comme tout système de signes (ou de 3
communication), communication), la tradition saussurienne rétablissait réta blissait l’indistinction entre langage proprement dit (systèmes de communication linguistiques) et sémiologie (systèmes de communication non linguistiques).
1.2. Indice et langage Un indice est un fait observable, qui renseigne l’observateur sur un autre fait non actuellement observable: observable: la forme, la couleur, l’altitude et la direction des nuages peuvent être un indice du temps qu’il va faire. Les signes sont une classe d’indices produits artificiellement par un émetteur pour communiquer à un récepteur des états non observables, les significations des énoncés qu’il émet. Pour un sémiologue, les traces du pied d’un gibier sur le sol détrempé ne sont pas des signes mais des indices, exactement comme la fièvre, qui n’a pas été produite par l’organisme pour pour communiquer avec le médecin, ni même avec le malade. Et, jusqu’à nouvel ordre, les rêves d’un patient sont des indices que le psychiatre doit interpréter par le moyen d’une analyse scient ifique très différente de l’analyse linguistique: le patient ne le s a pas produits pour communiquer avec le psychiatre, ni sans doute avec luimême (jusqu’à preuve scientifique du contraire). Par ces exemples mêmes, on s’aperçoit combien la limite entre indice et signe, au sens opératoire des termes, s’est trouvée oblitérée oblité rée par une très vieille synonymie. C’est ainsi qu’un bon linguiste, Giulio Bertoni, a pu dire ( Enciclo pedia Treccani , 1938) que le rire est un langage, que les larmes sont un langage, sans être cependant tenté de leur appliquer des méthodes d’analyse linguistique linguistique dans un traité de linguistique. John Dewey, antérieurement, allait même plus loin: pour lui, toute trace laissée par les hommes était un signe et tout fait anthropologique devenait langage, langage, non seulement les gestes, les rites, les cérémonies (qui sont peut-être des systèmes de communication autres que les langues), mais aussi les monuments, les produits des arts industriels, dont il est certain qu’une civilisation ne les a pas produits, d’abord et fondamentalement, pour communiquer avec les ethnologues ou les archéologues qui viendront peut-être un jour les exhumer et les interpréter du dehors. Toute une branche de la sémiologie naissante court le risque de confondre, sous le nom de sémiologie de la signification, signification , l’interprétation des indices avec la lecture des signes, qui serait la sémiologie de la communication communication proprement dite, pour laquelle le pre4
mier problème est toujours d’établir scientifiquement qu’il y a intention de communication au sens propre. Le risque épistémologique est ici de postuler à priori que les modèles qui ont été mis au point et vérifiés dans la communication – la – la plupart du temps linguistique – sont – sont applicables ipso facto à des domaines pour lesquels il n’y a pas communicacommunic ation, ou pour lesquels on n’a pas établi s’il y a comm unication ou non, ni le cas échéant si la nature de la communication est de même type qu’en linguistique.
1.3. Signe et langage Pour des linguistes de la première moitié du XXè siècle tous les signes produits par les humains sont des langages langages ( « tous les organes peuvent servir à créer un langage » Vendryes, « les gestes sont un langage » Bertoni,). Pourquoi la linguistique, qui est l’étude scientifique du langage, n’étudie-t-elle n’étudie-t-elle pas tous ces langages? Jespersen admet qu’il existe des « moyens de communication animaux », mais, tout en posant qu’ils diffèrent des langages humains, il ne fournit aucun critère scientifique pour l’analyse spécifique de ces divers « systèmes de signes ». Il se borne à déclarer que, que , « dans sa forme développée, le langage est à coup sûr une caractéristique humaine, et peut être considéré comme la principale marque de l’humanité ».
Lorsque Morris, en 1946, aborde le même problème, il ne le résout pas mieux. « Il est évident , écrit-il, que les processus signifiants chez les hommes présupposent des processus signifiants comme il en advient chez les animaux, et qu’ils se développent à partir de tels processus; mais il est évident aussi que la conduite humaine montre dans le langage une complication étonnante, un raffinement sans commune mesure avec ce qu’on observe chez les animaux. » animaux. » Colin Cherry, (1957), conclut sans autres critères que « l’homme a seul le don du langage » et que les animaux n’ont pas de langage parce qu’ils n’ont pas de « système « système de pensée organisée ». Le langage des abeilles n’est ni développable, ni flexible, ni universel. Si tout le monde postule, ou pressent, que le langage humain produit des systèmes de signes si spécifiquement différents de tous les autres qu’ils suffisent à distinguer l’espèce humaine de de toutes les autres espèces animales, il faut ici, de toute nécessité, fournir les critères scienti5
fiques de cette spécificité. 2. Systèmes de communication linguistique et non linguistique. 2.1. La sémiotique. La sémiotique reprend le projet de sémiol ogie de Saussure et s’assigne pour objet l’étude de la vie des signes au sein de la vie sociale. sociale . A la différence cependant de la sémiologie issue de l’enseignement de Sau ssure, elle refuse de privilégier le langage et la société. La sémiotique veut être une théorie générale des modes de signifier.
SÉMIOTIQUE
Auditif - vocal Gustatif
Visuel
Facile
O lfactif
Langage Reflets Effets Qualité Langage Écriture Cinétique Langage Code Proxénétique vocales musicaux de la voix des symboles des sourds secret physiologiques et aveugles Codes
-------------------------------------------------------« langage corporel » (communication non verbale)
2.2. Caractères spécifiques du langage humain C’est dans ce très vaste domaine que devrait être situé le langage tel qu’il est représenté en tant que système de communication au moyen des langues naturelles humaines. humaines. La tradition aristotélicienne, aussi 6
bien que la plupart des définitions du deuxième quart du XX e siècle, suggérait de définir le langage autant par son but (soit l’expression de la pensée, soit la communication) que par son moyen (un système de signes). 2.2.1. Fonctions du langage Cette suggestion a été exploitée par Roman Jakobson et ses fonctions du langage. Jakobson a postulé qu’il existait six fonctions du langage, dont chacune correspondrait à un des facteurs de l’acte de communic ation linguistique: émetteur ou personne qui parle, récepteur ou personne qui écoute, canal ou voie de transmission code ou règles connus par émetteur et récepteur message ou contenu de l’information référent ou réalité non linguistique à laquelle renvoie le message. * La fonction expressive ou expressive ou émotive y ajouterait tout ce que l’émetteur met de lui-même dans son message, à message, à travers son message, et en plus de la signification référentielle de ce message. * La fonction appellative ou conative conative viserait surtout à multiplier les moyens d’action de l’émetteur et du message sur message sur le récepteur. La fonction phatique aurait pour objet de s’assurer que le canal est libre (« Allô ! Vous m’entendez ? m’entendez ? »). * La fonction métalinguistique métalinguistique consisterait à utiliser le langage pour parler du code (« code (« Napoléon est un nom propre »). * Enfin, la fonction poétique poétique serait essentiellement centrée sur l’élaboration formelle du message en message en tant que tel. * La fonction référentielle serait référentielle serait donc centrée sur la mise en relief du référent. référent. Il n’est pas difficile d’apercevoir que cette admirable symétrie des fa c7
teurs et des fonctions risque d’être un artifice de présentation co mmode pour certains faits, car il est impossible de trouver des critères proprement linguistiques pour différencier ces diverses fonctions. Par exemple, « l’élément argon est argon est un gaz rare » et « le mot suzée suzée est un substantif archaïque » sont deux énoncés de structure linguistique rigoureusement semblables, bien que le premier puisse être assigné à la fonction référentielle et le second à la fonction métalinguistique. De plus, ces fonctions pourraient être retrouvées dans beaucoup de systèmes de communication non linguistiques et ne sont donc pas spécifiques des langues naturelles. On préférera, avec Denise et Frédéric François, parler d’une fonction centrale et primaire de communication toujours présente, dans tous les énoncés, opposée à des fonctions secondaires ou, mieux encore, à des usages et à des effets très divers de ces mêmes énoncés (tout ce que Ludwig Wittgenstein appelait des « jeux de langage »: appeler, commander, prier, crier, mentir, jouer une pièce, lire un texte à voix haute, convaincre, séduire, émouvoir, effrayer, décrire, raconter, supposer, interroger, nier, poser des devinettes, faire un calembour: il avait raison, il y a là autant de « fonctions » du langage).
2.2.2. Spécificité du langage C’est à Saussure qu’il faut remonter pour appréhender la bonne m éthode d’analyse de la spécificité du langage, bien qu’il ne l’ait pas pou ssée à son terme. En opposant la linguistique à la sémiologie, c’est-à-dire c’est -à-dire le langage à tous les autres systèmes de signes, il attirait l’attention sur ce fait que l’établissement de la communication n’est pas le trait spécispéc ifiquement distinctif du langage humain, humain, puisqu’il partage partage ce trait avec tous les autres moyens ou systèmes de communication. Par contre, il insistait sur un autre caractère des unités linguistiques, qu’il appelait l’arbitraire du signe (le fait qu’il n’y ait aucune obligation naturelle d’appeler une pomme « pomme « pomme »; il est, en effet, possible de l’appeler manzana, manzana, apple, Apfel, mela, jabloko, jabloko , etc.). Mais il n’en faisait pas le caractère propre du langage humain. humain. De fait, beaucoup d’autres syssystèmes de communication: communication: code de la route, cartes routières, codes ferroviaires ou maritimes, etc., utilisent des signes arbitraires. arbitraires. Le fait que les messages linguistiques soient linéaires, c’est-à-dire c’est -à-dire se déroulent sur la trame du temps, leur donne des propriétés importantes, qui les dis8
tinguent des systèmes où les unités unité s s’organisent dans l’espace (repré(repr ésentations graphiques, dessin, cartographie, peinture, etc.). Mais ce fait ne leur est pas propre: d’autres systèmes déroulent leurs messages de la même façon dans le temps (musique, cinéma au moins partiellement). Saussure avait aussi mis en évidence le caractère discret des signes linguistiques, le fait qu’ils signifient par oui ou non, tout ou rien; le signe mouton signifie mouton signifie « mouton » d’abord, par différence avec tous les autres signes qui pourraient figurer à sa place; il ne peut jamais (comme dans un système constitué par la représentation de grandeurs continues) signifier « plus ou moins mouton », selon l’intonation par exemple. Mais beaucoup d’autres systèmes fonctionnent au moyen d’unités discrètes, ainsi le code de la de la route, les feux de position, etc. Le fait que les unités linguistiques soient combinables selon des règles et forment système n’est pas spécifique non plus: tous les systèmes de communication présentent ce caractère.
2.2.3. La double articulation Grâce à une analyse de L. T. Hjelmslev, déjà suggérée par Ferdinand de Saussure et définitivement mise au point par André Martinet, le trait qui distingue spécifiquement le langage conçu comme l’ensemble des langues naturelles des hommes s’est révélé dans ce qu’on nomme sa double articulation . On entend par là que les langues naturelles humaines paraissent être les seuls codes construits sur une codification systématique à deux étages. étages. Les messages y sont construits par des suites d’unités minimales dites significatives (ou significatives (ou monèmes; ou morphèmes dans la terminologie anglosaxonne), unités à deux faces, une face signifiante et une face signifiée. signifiée. Le train file vite contient quatre de ces unités, quand on néglige quelques subtilités dans l’analyse de file de file.. Grâce à cette première articulation, le nombre des messages possibles est infiniment plus grand que si chaque message devait posséder un signifiant totalement distinct. Ces unités, à leur tour, sont construites au moyen d’unités plus petites, non signifiantes mais distinctives, les phonèmes. Le mot file en file en contient trois: [f, i, l]. Ces unités de deuxième articulation, toujours en petit nombre dans une langue – entre – entre vingt et cinquante –, –, permettent de construire des milliers de monèmes différents d’une faço n plus écono9
mique que si chaque monème (comme dans une écriture idéographique) devait disposer d’un signifiant totalement distinct de tous les autres. La double articulation rend certainement compte en grande partie, sinon en totalité, de cette propriété si mystérieuse des langues humaines, toujours aperçue, jamais techniquement expliquée: l’extraordinaire quantité de messages possibles, au moyen d’une double économie dans la structuration par rapport à ce que peuvent tous les autres systèmes de communication. Qu’on prenne le code des abeilles, ou celui de la route, ou celui des symboles des mathématiques, on trouve toujours des messages décomposables en unités significatives, qui ne sont pas décomposables à leur tour en unités minimales distinctives successives, successives, comparables, dans leur fonctionnement, aux phonèmes. Il serait antiscientifique de s’endormir sur cette sécurité que la double articulation rend définitivement compte de la spécificité du langage opposé à tous les autres systèmes de communication. communication. Toutefois, il n’est pas outrecuidant d’écarter la solution – qu’on n’oppose généralegénéral ement pas à la double articulation, mais qui s’y oppose en fait – qui – qui consiste à parler plutôt de niveaux d’analyse du langage: niveaux des traits pertinents (labialité, surdité, surdité, nasalité d’un phonème, etc.), niveau des phonèmes, niveau des monèmes, niveau des syntagmes (ou combinaisons plus ou moins dissociables de monèmes), niveau des propositions, niveau de la phrase. Cette description des structures du message aboutit à effacer la signification théorique fondamentale de la double économie réalisée par les deux articulations en unités non signifiantes et en unités signifiantes.
2.3. Communication humaine Une façon d’envisager le langage, utilisée par la plupart des ling uistes modernes, consiste à identifier les différentes propriétés considérées comme étant les caractéristiques essentielles. essentielles. Il s’agit de déterminer ce qui « compte » comme langage humain, en opposition avec un autre système de communication. On a eu recours à deux sortes d’investigation. L’une est centrée sur l’identification des propriétés structurelles universelles du langage. L’autre consiste à opposer le la ngage à des formes non humaines de communication et à d’autres 10
formes de communication humaine. Le point de vue comparatif qui a obtenu le plus de succès est celui qui a été proposé par le linguiste américain Charles Ohckett, Ohckett , qui employa un modèle d’investigation zoologique zoologique pour identifier les principaux points de liaison entre le langage et d’autres d’autre s systèmes de communication, spécialement chez les animaux. Son ensemble de treize structures de la communication qu’emploie le langage parlé est le suivant: - Canal auditif-vocal. auditif-vocal. On emploie le son pour combler la distance entre la bouche et l’oreille, en en opposition à un moyen visuel, du toucher ou d’un autre genre. - Transmission émise et réception directionnelle. directionnelle. N’importe quel syssystème auditif peut entendre un signal à sa portée et il est possible de localiser la source au moyen de la capacité auditive pour localiser des sons. - Evanouissement rapide. rapide. Les signaux auditifs sont transitoires et n’attendent pas que le récepteur soit disposé à les entendre (à la diff édiff érence des traces d’un animal ou de l’écriture). - Interchangeables. Interchangeables. Les utilisateurs d’une langue l angue peuvent reproduire n’importe quel message linguistique qu’il peuvent comprendre (à la différence des divers comportements de la cour de mâles et de femelles dans plusieurs espèces). - Rétroalimentation totale. totale. Les utilisateurs d’une langue entendent tout ce qu’ils disent et peuvent y réfléchir (à la différence des exhibitions visuelles que les animaux réalisent souvent pendant leur cour et qui ne sont pas visibles pour eux). - Spécialisation. Spécialisation. Les ondes sonores du langage parlé n’ont d’autre foncfon ction que de signaler le sens (à la différence du halètement audible des chiens qui n’a qu’un propos biologique). - Sémanticité. Sémanticité. Les éléments du signal transmettent le sens par leur association stable avec des situations du monde réel (à la différence du halètement des chiens, qui ne « signifie » pas qu’un chien ait chaud mais qu’il en « fait « fait partie »). - Procédé arbitraire. arbitraire. Les éléments du signal ne dépendent pas de la nature de la réalité à laquelle ils se réfèrent (à la différence de la vitesse de la « danse » de l’abeille, qui reflète directement la distance du nectar depuis la ruche). - Eléments discrets. discrets. Le langage parlé utilise un petit ensemble d’éléments de son qui contrastent clairement entre eux (à la différence 11
des grognements et autres bruits émotionnels dont la force varie selon des échelles continues). - Déplacements. Déplacements. Il est possible de parler d’événements lointains dans l’espace et dans le temps par rapport à la situation de celui qui parle (à la différence des cris de la plupart des animaux, qui reflètent les stimulations de l’entourage immédiat). - Productivité. Productivité. Il existe une capacité infinie pour exprimer et comprendre le sens en employant des éléments connus de phrases pour en produire de nouvelles (à la différence de l’ensemble limité et fixe d’appels employés par les animaux). - Transmission par tradition. tradition. Le langage se transmet d’une génération à la suivante fondamentalement au moyen d’un processus d’enseignement et d’apprentissage (à la différence de la capacité des abeilles pour communiquer le lieu où se trouve le nectar, qui se transmet de manière génétique). - Double organisation. organisation. Les sons du langage n’ont pas de sens intri nsèque, ils se combinent de manière différente pour former des éléments (comme des mots) qui transmettent un sens (à la différence des appels animaux, qui ne peuvent s’analyser à deux nivaux de structures similaires).
2.4. Communication non humaine Entre 1930 et 1960, les éthologistes objectivistes, sous l’influence pr édominante de K. Lorenz et de N. Tinbergen identifiaient, pour chaque espèce, un répertoire de stimulations qui, agissant comme des signaux, déclenchaient des modifications spécifiques du comportement des individus receveurs. receveurs. Le « releaser » (en allemand: « Auslöser ») était défini par K. Lorenz comme la stimulation qui déclenche chez les individus de la même espèce un comportement de forme invariable ou peu variable (« variable (« fixed action pattern »), au moins lorsque ces individus sont dans un état physiologique approprié. Le comportement déclenché peut lui-même constituer un « releaser » pour l’émetteur, et ainsi de suite, à l’exemple de la parade sexuelle (ou pariade) qui, chez les o iseaux, apparaît comme une alternance d’orientations corporelles, de postures, de déplacements, de vocalisations, parfois de touchers, entre le mâle et la femelle. Chaque stimulation de forme invariable ou peu variable fut considérée 12
comme un signal agissant électivement sur un mécanisme génétiquement programmé dans le système nerveux du receveur (l’I.R.M.: « In« Innate Releasing Mechanism »). L’échange d’informations entre deux individus de la même espèce, a utrement dit la communication, communication, a reposé pendant longtemps sur de tels concepts. Dans ce cadre déterministe, les chercheurs ont notamment pour objectif d’isoler des éléments de comportement comp ortement qui, ayant valeur de signaux spécifiques, permettent une reconnaissance spécifique entre mâle et femelle, et constituent ainsi des barrières de reproduction. Considérés comme génétiquement programmés, de tels signaux sont tenus comme des caractères taxinomiques, au même titre que les caractères de morphologie, morphologie, d’anatomie et de physiologie. Cela permet de préciser la position systématique de chaque espèce et le degré d’apparentement des espèces. Les signaux spécifiques peuvent être analysés sous cet angle, mais leur structure et leur organisation séquentielle doivent être précisées, en même temps que leurs fonctions doivent être nuancées et élargies à d’autres domaines que celui de la reproduction, à la lumière des études éthologiques plus récentes, comme le montrent bien les études sur les Primates.
2.4.1. Les signaux visuels Outre les études sur le rôle des couleurs couleurs (plumage, taches colorées, livrée nuptiale, etc.), des caractères morphologiques (bois morphologiques (bois du cerf, crête de la poule, etc.), des postures (tête et corps tendus, posture accroupie, etc.) et des mouvements mouvements (gonflement des plumes, mimiques faciales, etc.) dans la communication animale, les recherches sur les échanges lumineux des lumineux des lucioles permettront de cerner les caractéristiques et les fonctions des signaux visuels dans les comportements de reproduction. Chez les lucioles, la durée de chaque émission et/ou l’intervalle de temps entre l’émission mâle et l’émission femelle sont caractéristiques de chaque espèce. Ainsi, le mâle de Photinus pyralis émet-il pyralis émet-il toutes les 5,8 secondes un éclair auquel une femelle proche répond environ 2 secondes plus tard (de 1,6 à 2,4 secondes plus tard, selon la température ambiante). C’est cet intervalle de temps entre l’émission femelle et l’émission mâle qui est significatif: est significatif: le mâle répond par une émission lumineuse à tout éclair expérimental qui survient deux secondes environ 13
après sa dernière émission. La comparaison des émissions lumineuses produites par des espèces de lucioles sympatriques (habitant les l es mêmes lieux géographiques) a permis de montrer que la confusion entre espèces différentes, au moment de la reproduction, est évitée par le fait que chaque espèce possède son code temporel d’échanges lumineux. Un mode de communication aussi strict constitue une barrière de reproduction entre les différentes espèces qui ont colonisé le même milieu. Chez d’autres espèces, les mâles isolés augmentent la luminosités de leurs éclairs à mesure qu’ils se rapprochent d’un rassemblement de mâles et synchronisent leurs éclairs éc lairs avec ceux des autres mâles. C’est la synchronisation des éclairs qui attire électivement les femelles de la même espèce. Cet exemple montre que l’étude des systèmes de co mmunication doit aussi souvent prendre en compte les émissions de toute une population, population, et pas seulement d’un émetteur et d’un receveur particuliers. Les signaux visuels peuvent jouer un rôle dans d’autres comportecomport ements: ments: défense du territoire, comportements agonistiques (ensemble agonistiques (ensemble des comportements qui interviennent dans un conflit), comportements parentaux, reconnaissance individuelle… individuelle…
2.4.2. Les signaux acoustiques Tout comme pour les signaux visuels, on sait depuis longtemps que les signaux acoustiques (cris, (cris, chants, grognements, aboiements, tambourinements, frottements de zones corporelles sur le substrat, substrat, etc.) jouent un rôle essentiel dans l’attraction spécifique du partenaire sexuel, puis dans les comportements de cour et d’accouplement. Cependant, si les signaux acoustiques ont des caractéristiques propres à chaque espèce, ils peuvent aussi être influencés par les facteurs d’environnement. C’est le cas du chant d’appel sexuel sexuel de certaines espèces de grillons dans sa fréquence des « pulses », qui sont des unités sonores qui composent le chant, non reconnaissables par l’oreille humaine. l’oreille humaine. Ceux-ci sont synchronisés de telle façon que les femelles appartenant à l’une des espèces espèces sympatriques de grillons lorsqu’elles se trouvent à la même température ambiante ne peuvent être trompées par des chants d’appel sexuel de mâles d’une autre espèce. autre espèce. 14
Cependant, le paramètre qui rend le signal spécifique n’est pas toujours la fréquence des pulses. En effet, l’étude comparative et systématique des espèces de grillons, sauterelles et autres insectes qui stridulent ou chantent, montre que l’élément l’élément significatif du chant du mâle pour la femelle peut être, selon les espèces, le caractère discontinu du chant (bouffées sonores séparées par des pauses de durée plus ou moins longue), la durée des périodes chantées par rapport à la durée des périodes de silence, silence, l’intervalle entre la fin de l’émission mâle et le début de l’émission femelle, femelle, la fréquence des sons élémentaires élémentaires (les «pulses») qui composent les phrases sonores successives, etc. Chaque espèce apparaît ainsi comme unique. unique. En dehors des insectes chanteurs et des mammifères de quelques espèces de poissons et de batraciens, les études les plus précises et systématiques sur les communications acoustiques ont trait aux oiseaux. Les éthologistes ont ouvert la voie à des analyses très élaborées de la structure et des fonctions des signaux acoustiques. En plus du sonographe qui permet de visualiser le spectre de fréquences et l’intensité d’un cri ou d’un chant, et de quantifier la durée des éléments sonores, des motifs, des intervalles de temps entre les motifs, etc., les chercheurs disposent d’appareils qui leur permettent de découper, recomreco mbiner et/ou synthétiser les éléments sonores successifs. Ils peuvent ainsi identifier de plus en plus finement les paramètres qui permettent à un oiseau de reconnaître ceux de la même espèce (chant spécifique), et du même groupe géographique géographique (dialecte), l’identité et les motivations des autres individus du même groupe spécifique. L’un des chants les plus étudiés est le chant de proclamation territoriale . Les paramètres qui en assurent la reconnaissance spécifique varient d’une espèce à l’autre. Par exemple, J. C. Brémond montre que, chez le Pouillot siffleur ( Phylloscopus sibilatrix ), la forme des éléments du chant de proclamation territoriale paraît être le paramètre essentiel dans la reconnaissance spécifique de ce chant. C’est la gamme de fréquences qui assure la r econnaissance spécifique du chant de proclamation territoriale. Il peut y avoir aussi une modulation descendante, puis ascendante. L’expérience a été prouvée en observant la réaction vive lorsqu’on leur fait entendre le chant non modifié des oiseaux de la même même espèce en l’absence de 15
tout signal visuel. Par contre, la durée du chant et la gamme de fréquences ne jouent pas un rôle important. i mportant. Mais aucune règle générale ne se dégage quant aux capacités d’apprentissage des individus pour le chant d’une autre espèce ou le chant d’autres individus de la même espèce. espèce. Chez certaines espèces, comme le passereau « Swamp sparrow », le chant est peu variable d’un individu à l’autre; les prédispositions à l’apprentissage sont limitées à une gamme étroite de motifs: élevés dans l’isolement acoustique, ces oiseaux n’apprennent ensuite que les motifs de leur espèce, à l’exclusion de tout autre motif, même lorsque celui-ci celui-ci provient de l’une des espèces les plus proches, telles que le « Song sparrow » Il s’agit donc là apparemment d’un bon modèle génétique où le chant peut constituer un caractère taxinomique utile. utile. Une telle espèce peut aussi être précieuse pour le neurophysiologiste qui recherche les structures nerveuses et les mécanismes physiologiques impliqués dans l’émission d’un chant spécifique de structure invariable ou peu variable. Cependant d’autres modèles existent. Par exemple, W. H. Thorpe a montré que, chez le pinson Fringilla coelebs, le chant d’appel du mâle, à partir du printemps qui suit l’année de naissance, présente deux types de particularités: d’une part, des notes spécifiques, émises même lorsque l’oiseau a été élevé dans l’isolement acoustique par rapport à ses congénères; d’autre part, des phrases et arrangements de phrases qui reflètent à la fois un apprentissage du chant des congénères et un auto-apprentissage (pour que le pinson émette complètement le même type de chant que ses congénères élevés naturellement, au cours du printemps qui suit l’année de naissance, il est impo rtant qu’il se soit entendu chanter au cours de son premier a utomne, alors que son chant d’automne, « rambling « rambling song », ne paraît pas avoir de structure). Cependant, comme chez de nombreuses es pèces, es pèces, le pinson n’apprend pas n’importe quels chants mais seulement ceux de son espèce et ceux de quelques rares es pèces, phylogénétiquement phylogénétiquement proches de la sienne. L’un des objectifs des éthologistes est la recherche de phénomènes de reconnaissance acoustique, au sein d’une espèce donnée, des individus 16
appartenant à la même zone géographique (recherche des dialectes) et des individus en tant que tels. Prenons un exemple à partir des études de M. Kreutzer sur le Bruant zizi Emberiza circlus . Analysant 3.200 chants émis par 89 oiseaux dans quatre localités différentes. M. Kreutzer distingue au total 5 familles de motifs (chaque motif comporte le plus souvent un élément acoustique, ou note, parfois deux éléments). Lorsque, pour chaque localité, il étudie les différentes combinaisons possibles de familles de motifs, prises deux à deux dans les chants enregistrés, M. Kreutzer conclut que les familles de motifs se répartissent au hasard, quelle que soit l’origine gé ographique des individus. Il n’observe pas davantage de différences, d’une localité à l’autre, dans la gamme de fréquences et la durée des motifs. Au terme de son étude, M. Kreutzer conclut donc que la structure et la durée des motifs, ainsi que la gamme de fréquences sont des paramètres hautement spécifiques, qui ne changent pas avec la région habitée par les oiseaux. Une telle conclusion paraît exclure l’existence de dialectes chez le Bruant zizi. Mais une analyse quantitative plus précise permet de montrer que le nombre total de motifs et les types de motifs les plus utilisés dans un chant varient d’une localité à l’autre. Chaque localité se caractérise ainsi par des chants qui lui sont propres, en raison des combinaisons particulières qui particulières qui résultent des motifs les plus utilisés et du nombre total de motifs, et par des chants qu’elle a en commun avec les autres local ités, en raison des paramètres spécifiques du chant. En même temps, si les mêmes types de chant peuvent être entendus dans des localités différentes, c’est avec des fréquences différentes. C’est par conséquent parce que certains chants sont émis fréquemment par le plus grand nombre d’individus dans une localité donnée, alors qu’ils sont présentés plus rarement et seulement par un petit nombre d’individus dans les localités localités voisines, que les Bruants zizi de la localité pourraient reconnaître leur appartenance à la même zone géographique. La notion de dialecte apparaît ainsi comme subtile et nuancée chez les passereaux et, de façon plus générale, chez les oiseaux. Parallèlement, le problème de la reconnaissance individuelle reste posé, au moins chez les espèces qui ne vivent pas en groupe ou en colonie. 17
Les données sont plus claires chez les oiseaux coloniaux comme les mouettes ou les Sphéniscidés (ou Manchots). Prenons Prenons l’exemple des manchots étudiés notamment par P. Jouventin P. Jouventin dans l’Antarctique. Chez le Manchot Adélie, la r er econnaissance mutuelle entre conjoints, fidèles l’un à l’autre tout au long du cycle reproducteur, repose surtout sur le chant de parade émis par l ’individu ’individu qui revient au nid. Si les chants succe ssifs d’un mâle présentent une bonne constance dans leur structure, ils sont très différents d’un mâle à l’autre, ce qui permet év iév idemment une reconnaissance de chacun au sein de la colonie, notamment par le conjoint. Chez cette espèce qui construit un nid, le poussin ne s’émancipe que vers le 22 e jour après l’éclosion. Il émet alors des chants dont la structure ne se modifie ensuite que très peu. Quittant le nid et les parents, il possède une identité acoust ique ique qui lui permet d’être reconnu au sein de la c olonie, alors que son chant était auparavant très variable, notamment au cours des 10 premiers jours. Chez le Manchot Empereur aussi, le chant de cour constitue le principal support de la reconnaissance individuelle. individuelle. Le découpage temporel des motifs et des séries de motifs est remarquablement fixe chez le même oiseau d’une année à l’autre. Par suite, la variabilité du chant de chaque manchot empereur est faible, comparée à celle des différents individus d’une d’ une même communauté. En effet, ces oiseaux se groupent par milliers et forment des colonies très denses sur la banquise antarctique. Il est essentiel qu’en l’absence de « référent « référent » spatial particulier (l’espèce ne construit pas de nid), les conjoints pu issent s’identifier sans ama mbiguïté après qu’il se sont quittés, par exemple pour chercher de la nourriture pour la famille. Dans ces populations, le poussin conserve le même type de chant, de l’éclosion au départ en mer. Non protégé par un nid et pouvant quitter « accidentellement » les replis de la « fourrure » parentale, il peut ainsi être identifié à tout moment par ses parents. Le découpage temporel du chant en motifs, qui donne le rythme, est le paramètre essentiel qui permet la reconnaissance reconnaissance du poussin. 18
Outre les chants de proclamation territoriale et de parade, de reconnaissance du groupe géographique, de reconnaissance individuelle et de relations entre le jeune et son ou ses parents, les signaux acoustiques jouent un rôle important dans les comportements agonistiques. Par exemple, chez le rouge-gorge Erithacus rubecula, le mâle modifie son chant de proclamation territoriale dès qu’un intrus pénètre dans la zone dont il est propriétaire: il chante de façon plus assourdie, augmente l’énergie acoustique acoustique dans les plus hautes fréquences ainsi que le nombre de notes par unité de temps et la durée totale du chant. Le rouge-gorge peut graduer ces modifications et informer ainsi l’intrus de son niveau d’agressivité. Dans la même situation, la grive Turdus philomelos alterne des fragments de chant assourdi et le chant normal. normal . Le taux de chant modifié indique « l’humeur » de l’oiseau: l’oiseau: plus le taux est augmenté, plus la tendance à passer à l’agression augmente. Chez le Troglodytes troglodytes, troglodytes , le propriétaire propriétaire d’un territoire diminue diminue l’intervalle de temps entre les chants lorsque sa tendance à passer pa sser à l’agression augmente. augmente. De façon plus générale, les oiseaux peuvent transmettre par des signaux acoustiques des informations précises sur leur état émotionnel. émotionnel. Comme l’ont montré les éthologistes objectivistes les signaux v isuels (crête de poule plus ou moins érigée; plumes de dindon plus ou moins gonflées; etc.) peuvent alors renforcer, compenser ou remplacer les signaux acoustiques. Parmi les autres signaux acoustiques des oiseaux, citons les cris de détresse, tresse, notamment ceux des jeunes poussins de la poule domestique, les gazouillis de sécurité ou de confort de confort de ces mêmes poussins, les cris de contact des oiseaux de basse-cour, basse-cour , les cris d’alarme... d’alarme... Cependant, on ne connaît pas précisément les paramètres qui, dans chacun des cris ou chants, véhiculent l’information de détresse, de sécurité ou de confort, de maintien du contact avec les jeunes lorsqu’ils sont émis par les parents, etc. Des études plus profondes vi sant à synthétiser les sons spécifiques et à les émettre à des individus de l’espèce étudiée dans des conditions contrôlée doivent servir pour ce rner la part qui revient à l’intensité acoustique, à la gamme de fr équences, au rythme d’émission de tel ou tel motif dans la transmission des informations informations au cours des diverses situations vécues par l’oiseau, 19
que celui-ci soit émetteur ou receveur.
2.4.3. Les signaux chimiques C’est probablement l’étude des communications chimiques qui a le plus progressé au cours des dernières décennies. Quatre types de recherches lui ont donné une impulsion décisive: – Les – Les recherches sur l’appel sexuel de la femelle du Bombyx du mûrier et l’isolement de la molécule qui véhicule l’information: il s’agit d’un alcool sécrété par les glandes abdominales, logiquement appelé le bombykol. Ainsi se trouvait identifiée la première phéromone . phéromone . On peut la définir comme une stimulation chimique qui, véhiculant une information sur l’état physiologique et/ou psychologique d’un individu, entraîne entr aîne des modifications significatives et prévisibles du comportement et parfois de la physiologie du receveur. – Les – Les recherches sur l’influence des sécrétions des glandes mandibumandibulaires de la reine d’abeilles sur d’abeilles sur le comportement et la physiologie des ouvrières. ouvrières. La phéromone royale entraîne la formation d’une cour d’ouvrières autour de la reine, l’inhibition de la construction d’alvéoles royaux par les ouvrières (c’est dans ces alvéoles que sont élevées les larves qui se développent en reine après avoir reçu une nourriture particulière), l’attraction des mâles au cours du vol nuptial de la reine, penpe ndant lequel elle est fécondée, l’attraction des ouvrières au cours de l’essaimage et l’inhibition du développement ovarien des ouvrières. Le cadavre d’une reine suffit su ffit le plus souvent à provoquer la plupart de ces effets. – – Les recherches sur les caractéristiques et les fonctions de la piste déposée par les fourmis Solenopsis saevissima qui ont découvert une source de nourriture. La piste est formée à partir des séc rétions d’une glande abdominale. Utilisant la théorie de l’information on a pu calculer la quantité d’informations contenues dans une telle piste. – Les recherches qui ont montré que, chez les mammifères, la recherche du partenaire sexuel et l’ensemble des phénomènes des phénomènes de la reproduction sont étroitement liés à des stimulations chimiques spécifiques. fiques. Ainsi, l’effet Lee-Boot Lee -Boot (Van der Lee et L. M. Boot) se produit entre femelles de souris: mises ensemble, celles-ci présentent un arrêt de leur cycle estrien en allongeant a llongeant leur phase d’anoestrus (phase penpe ndant laquelle les ovulations ne se produisent pas et les femelles ne sont 20
pas sexuellement réceptives); ce sont des stimulations olfactives spécifiques qui sont à l’origine l’ori gine de cet effet. * L’effet Whitten (W. K. (W. K. Whitten) rend compte de l’influence des souris mâles sur le déclenchement de l’œstrus des femelles et, par suite, de la synchronisation des cycles estriens de cellesci; la seule odeur de l’urine de mâle suffit à provoquer cet effet chez les femelles vierges (H. M. Marsden et F. H. Bronson). * L’effet Bruce (H. M. (H. M. Bruce): l’odeur d’une souris mâle, prépr ésente par exemple dans la litière souillée par un mâle, provoque un blocage de gestation chez une femelle fécondée par un autre mâle; la femelle revient en œstrus 3 à 4 jours après avoir été e xposée à l’odeur du 2 e mâle. On trouve dans ces recherches de pionnier les deux fonctions essentielles des phéromones: la transmission d’un signal et l’induction de phénomènes neuro-endocriniens et endocriniens. Depuis les années 1960, les recherches ont donné de nombreux exemples de ces deux fonctions, souvent indissociables, surtout chez les insectes et les mammifères. Elles ont fait faire des progrès importants à de nombreux secteurs de la biologie, sur le plan fondamental comme sur celui des applications.
2.4.4. Les signaux tactiles Les communications tactiles sont, le plus souvent, étudiées de façon anecdotique, même lorsqu’on leur reconnaît un rôle important dans les comportements sociaux, comme chez les primates. Pourtant, on sait que, chez les guêpes sociales d’Europe et chez l’abeille domestique, les domestique, les échanges de nourriture « bouche à bouche » ou échanges trophallactiques, sont réglés par des signaux tactiles précis. L’ouvrière de guêpe ou d’abeille qui sollicite sa nourriture d’un congénère , porte des stimulations tactiles précises au moyen de
l’une ou l’autre de ses antennes, parfois des deux, au contact des pièces buccales situées entre les mandibules entrouvertes de l’ouvrière sollicitée. Ces zones sont riches ric hes en mécanorécepteurs. Leur stimulation entraîne une régurgitation de nourriture chez 21
l’ouvrière sollicitée, en même temps que des mouvements d’antennes particuliers qui ont valeurs de signaux d’acceptation du contact. Peu avant, ou au moment de rompre le contact, l’ouvrière sollicitée émet d’autres mouvements d’antennes caraccara ctéristiques: détentes appuyées en direction de la tête de la solliciteuse chez l’abeille, rabattements appuyés entre les deux i ni nsectes chez les guêpes sociales. L’apparition de ces m ouvements coïncide avec la fin des régurgitations de l’ouvrière sollicitée. Tout montre donc que ces mouvements ont valeur de signaux de rupture du contact et d’arrêt de la régurgitation. Certaines fourmis, comme les Camponotus, ont aussi des mouvement s d’antennes de même forme que chez les guêpes et les
abeilles pour solliciter leur nourriture. Cependant, contrairement aux guêpes et aux abeilles, les fourmis ne paraissent pas avoir des signaux antennaires qui règlent la dynamique des échanges entre la solliciteuse et la donneuse de nourriture, notamment l’arrêt des régurgitations et la rupture du contact. On peut pe nser que cela a pu, au cours de l’évolution, faciliter la pénétration d’un nombre relativement élevé de commensaux et de parasites dans les sociétés de fourmis. En revanche, la plus grande com plexité des communications antennaires chez les guêpes et les abeilles a pu constituer un obstacle à la pénétration de leurs sociétés par des espèces étrangères (hypothèse de A. Bonavita). L’expérience avec les macaques est intéressante aussi. Lorsque de jeunes macaques sont élevés de façon telle qu’ils ne peuvent toucher un congénère, ou être touché par lui, pendant six mois, tous leurs comportements sociaux apparaissent ensuite profondément altérés, même lorsqu’ils ont pu voir et entendre d’autres macaques pendant la période d’isolement: – les individus restent souvent prostrés dans des attitudes évoquant l’autisme chez les êtres humains; – leurs systèmes de communication sexuels (recherche et ap proche du partenaire partenaire sexuel) sont inexistants; inexistants; – leurs leurs systèmes de communication agonistiques sont déplacés vers le repli sur soi-même soi- même et les bouffées d’agression « non « non réfrénées » à l’approche d’un congénère; 22
– leur – leur comportement maternel, quant il s’agit d e d e femelles inséminées expérimentalement, est aberrant (rejet du jeune et agressions). Lorsque l’isolement tactile dure trois mois, les comportements sont également modifiés, mais ils deviennent progressivement comparables à ceux de macaques élevés naturellement par leur mère, à la condition que les individus élevés isolément soient mis en présence d’autres individus du même âge, que ceux -ci ceux -ci aient été élevés dans l’isolement social ou non. Les activités ludiques, en particulier les touchers corporels, paraissent alors compenser le déficit des stimulations tactiles spéci fiques des trois premiers premiers mois. L’insuffisance des études sur les signaux tactiles peut s’expliquer par des difficultés méthodologiques: il est en effet difficile de quantifier les touchers.
Aide mémoire 1. Langage et communication 1.1. Les principes. - Avant que l’accent soit définitivement mis sur le langage comme sy stème de communication la théorie expliquait en d’autres termes le pouvoir qu’ont les hommes d’inventer des systèmes de co mmunication, (les signifiants, signifiants, les signifiés). signifiés). - Saussure avait insisté sur la nécessité de replacer la linguistique proprement dite dans le vaste domaine de l’ensemble de tous les systèmes de signes. La sémiologie. 1.2. Indice et langage - Un indice est est un fait observable, qui renseigne l’observateur sur un autre fait non actuellement observable. - John Dewey : toute trace laissée par les hommes était un signe et tout fait anthropologique devenait langage. 1.3. Signe et langage - Pour des linguistes de la première moitié du XXè siècle tous les signes 23
produits par les humains sont des langages. - Jespersen : « dans sa forme développée, le langage est à coup sûr une caractéristique humaine, et peut être considéré comme la principale marque de l’humanit é ». - Colin Cherry, (1957) : « l’homme a seul le don du langage ». Les animaux n’ont pas de langage parce qu’ils n’ont pas de « système de pensée organisée ».
2. Systèmes de communication linguistique et non linguistique. 2.1. La sémiotique: sémiotique: théorie générale des modes de signifier. 2.2. Caractères spécifiques du langage humain: système de communication au moyen des langues naturelles humaines. 2.2.1. Fonctions du langage Jakobson : * La fonction expressive : tout ce que l’émetteur met de lui -même dans son message. * La fonction appellative ou conative : multiplier les moyens d’action de l’émetteur et du message sur le récepteur. * La fonction phatique : s’assurer que le canal est libre. * La fonction métalinguistique : utiliser le langage pour parler du code. * La fonction poétique : centrée sur l’élaboration formelle du message.. * La fonction référentielle : centrée sur la mise en relief du référent. 2.2.2. Spécificité du langage L’établissement de la communication n’est pas le trait spécifiquement spécifique ment distinctif du langage humain. L’arbitraire du signe : il n’en faisait pas le caractère propre du langage humain. De fait, beaucoup d’autres sy stèmes de communication utilisent des signes arbitraires. 2.2.3. La double articulation Extraordinaire quantité quantité de messages possibles au moyen d’une double économie dans la structuration par rapport à ce que peuvent tous les autres systèmes de communication. 2.3. Communication humaine propriétés considérées comme étant les caractéristiques essentielles. Structures Structures de la communication qu’emploie le langage parlé parl é : Canal auditif-vocal, transmission émise et réception directionnelle, evanouissement rapide, interchangeables, rétroalimentation totale, totale, spécialisation, sémanticité, procédé arbitraire, éléments discrets, déplacements, productivité, transmission par tradition, double organisation. 2.4. Communication non humaine 24
2.4.1. Les signaux visuels - Mouvements et échanges lumineux dans les comportements de reproduction. - Défense Défense du territoire, comportements agonistiques, comportements parentaux, reconnaissance individuelle… 2.4.2. Les signaux acoustiques : - Cris, chants, grognements… jouent un rôle essentiel dans l’attraction spécifique du partenaire sexuel. - Chaque espèce apparaît ainsi comme unique. - Aucune règle générale ne se dégage quant aux capacités d’apprentissage des individus. - Chaque localité se caractérise ainsi par des chants qui lui sont propres, en raison des combinaisons particulières. - cris de détresse, les gazouillis de sécurité ou de confort, cris de contact des oiseaux de basse-cour, basse-cour, cris d’alarme... - On ne connaît pas les paramètres par amètres qui véhiculent l’information. 2.4.3. Les signaux chimiques : Quatre types de recherches : l’appel sexuel, glandes mandibulaires de la reine d’abeilles, d’abeilles , piste déposée par les fourmis, recherche du partenaire sexuel chez les l es mammifères. 2.4.4. Les signaux tactiles : anecdotique. Insuffisance des études.
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Le processus de communication Sommaire 1. Le processus de communication: situation de communication 1.1. Les éléments de la communication 1.2. Les fonctions du langage 2. Les actes de langage 2.1. Définition 2.2. Les principaux types d’actes de langage 2.2.1. Les modalités d’énonciation 2.2.2. Les performatifs 2.2.3. Les comportements 2.2.4. Actes indirects et sous– sous – entendus. entendus.
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2.2.5. L’ironie 2.3. Les registres de langue 2.3.1. Le registre soutenu 2.3.2. Le registre familier 2.3.3. Le registre courant, commun. 2.3.4. Emplois dans les textes 3. La négociation du sens 3.1. La signification structurelle ou grammaticale 3.2. La signification lexicale 3.3. La flexibilité sémantique
Introduction La langue n’est qu’une variété de code, soit un ensemble préarrangé de signaux. Les Les linguistes ont souvent exploité la ressemblance qu’il y avait entre tout processus de communication (y compris lorsque émetteur et/ou récepteur sont des machines) et le langage. C’est du code que partent les instructions transmises physiologiqu ement à l’appareil l’appareil moteur qui les réalisera (la phonation, les mimiques et le comportement gestuel). C’est de façon inverse, mais non symétrique, que se passe le décodage chez le récepteur, processus également appelé reconnaissance: les ondes transmises et transformées en signaux sont probablement confrontées avec ce qui existe de plus proche dans la mémoire et au besoin y prennent place. Il est bien évident que ce schéma n’est jamais réalisé de façon optimale, mais qu’il faut accorder une certaine importance au bruit, qui vient perturber la communication. C’est pourquoi le code est souvent invoqué à l’intérieur même du me ssage, notamment dans les énoncés tautologiques, ce qui définit la fonction métalinguistique du langage. Comme le message est avant tout destiné à véhiculer une information, il est inimaginable qu’un discours soit purement axé sur le code: il faut se rappeler du reste que chacun de ces deux concepts n’a d’existence que par rapport à l’autre, et que le code ne peut se concevoir que comme l’ensemble des des conventions auxquelles se réfèrent les partenaires lors de la communication effectuée par le message. Saussure et Jakobson ont eu recours à cette opposition structurale, le premier en la dénommant langue/parole et pour souligner le caractère 28
social, transindividuel transindividuel de l’institution langagière (personne ne peut par sa volonté modifier les lois de fonctionnement de la communication, qui, pourtant, évoluent dans le temps), le second, d’une façon bien plus axée sur la théorie de la communication, pour mettre au jour les principes d’une « poétique « poétique » au sens large et même d’une grammaire.
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1. Le processus de communication: situation de communication La communication est l’échange verbal entre verbal entre un sujet parlant, qui produit un énoncé destiné à un autre sujet parlant, et un interlocuteur dont il sollicite l’écoute et une réponse explicite ou implicite (selon le type d’énoncé). Observé du point de vue psychologique la signification qu’un locuteur associe aux sons est la même que celle que l’auditeur associe à ces mêmes sons, sons, bien que cela ne soit pas toujours vrai. Les participants à la communication, ou acteurs de la communication, sont les « personnes » entre lesquelles cette communication s’établit: s’établit: le sujet parlant qui produit l’énoncé, l’interlocuteur ou allocutaire, et enfin ce dont on parle, les êtres ou objets du monde. monde. Des éléments spatio-temporels doivent être ajoutés: objets présents ou absents, proches ou éloignés, relations sociales entre les participants à la communication… Ce statut de la communication comm unication est défini par la distance sociale, ou intersubjective, instituée par le locuteur avec ses interlocuteurs (tutoyer, vouvoyer, sélectionner des mots respectueux… ) Tout cela se tr aduit par des modes et aspects du verbe, et par des adverbes comme peut-être, sans doute… doute … Du point de vue technique la communication est le fait qu’une inforinformation soit transmise d’un point à un autre (lieu ou personne). Le transfert de cette information se fait au moyen d’un message qui a reçu une certaine forme, que forme, que a été codé. La première condition, condition, en effet, pour que la communication puisse s’établir, est le codage de l’information, l’information, c’est-à-dire c’est-à-dire la transformation du message sensible et concret en un système de signes ou code, dont la caractéristique essentielle est d’être une convention préétablie, systématique et catégorique. Quand la communication s’établit, nous disons que les parties compocomp osantes de cette transmission forment un système de communication.
1.1. Les éléments de la communication 30
Le schéma de la communication suppose la transmission d’un message d’un message entre un émetteur et un récepteur possédant en commun, commun, au moins partiellement, le code nécessaire à la transcription du message. message. Un système comporte, d’après Jakobson, les élément suivants: CONTEXTE ou RÉFÉRENT DESTINATEUR ------------- MESSAGE----------------DESTINATAIRE CONTACT CODE Le code comprend code comprend des signaux spécifiques et un ensemble de règles règle s de combinaisons propres à ce système de signaux; dans les langues naturelles, le code est constitué par les phonèmes, les morphèmes et les règles de combinaison de ces éléments entre eux (par opposition à la parole, constituée par les énoncés réalisés, ou des messages). Le canal, canal, support physique de la transmission du transmission du message, moyen par lequel le code ou les signaux sont transmis: c’est l‘air pour le cas de la communication verbale, mais le canal peut avoir des formes très diverses: bandes de fréquence radio, lumières, systèmes mécaniques ou électroniques divers… Le destinateur destinateur est à la fois la source source du message, l’émetteur propreproprement dit, dit, comportant les mécanismes du codage et l’appareil émetteur lui-même. lui-même. On dit de l’émetteur qu’il est un encodeur, c’est à dire qu’il sélectionne à l’intérieur du code un certain nombre de signaux perme ttant de transmettre le message. Le destinataire est destinataire est à la fois l’appareil qui reçoit le message (oreille message (oreille ou récepteur-radio) et le destinataire proprement dit du message message (cerveau humain pour le langage parlé, auditeur pour la radio, etc.) Le processus du décodage se fait au niveau du récepteur-destinataire par la « recherche en mémoire » des éléments sélectionnés par l’émetteur et constituant le message. Dans une communication courante, destinateur et destinataire échangent leur rôles au fur et à mesure. 31
Le message est fait de traces et de signes. Dans le schéma de la traduction on peut voir la notion de recodage du message: message décodeur message destinataire source dans le encodeur message réencodeur dans le code A code B
règles du code A
règles du code B
Le recodage, ou réencodage, opération par laquelle le message codé, puis décodé, reçoit une nouvelle forme. Par exemple, on dicte un télégramme (forme acoustique), qui est transcrit sur une feuille de papier (forme graphique) puis tapé en morse (forme mécanique) et finalement transmis sous forme d’impulsions électriques. La notion du contexte ou référent peut référent peut être verbale, ou bien physique ou même psychologique. Le processus de communication communication est un circuit où le sujet parlant génère un concept. Celui-ci concept. Celui-ci est ensuite uni à une image acoustique (selon les compétences linguistiques de l’individu et dans sa langue propre) qui suit un canal (l’air, les ondes sonores) et qui arrive à l’oreille du récepréc epteur. Celui-ci Celui-ci reçoit une image acoustique qui doit s’unir avec le co ncept. Les deux concepts doivent coïncider. C’est donc au niveau du cerce rveau que se déroulent les opérations d’encodage et de décodage, Le cerveau cerveau joue le rôle à la fois d’émetteur et de récepteur de récepteur du message. message. C’est dans le cerveau également que sont déposés les éléments du code et que s’enchaînent les opérations de « recherche « recherche de mémoire ». Dans un dialogue, une conversation ou un débat, les interlocuteurs sont présents et ils peuvent s’interrompre s ’interrompre mutuellement, demander des prépr écisions, revenir sur des points antérieurs, dresser des bilans temporaires, etc. Ils construisent bien le sens des messages ensemble.
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La lecture est aussi un dialogue, un dialogue avec un texte. Certes, texte. Certes, que le texte écrit n’est qu’un simple texte informatif, on se trouve dans le modèle de communication du simple transfert d’une information. Mais un roman, un poème ou un essai n’est pas une information transmise. C’est un texte offert, un texte dont il faut s’emparer, qu’il faut a pprendre à connaître. Chaque lecteur est différent. différent. Chaque lecteur apporte avec lui sa propre connaissance de la langue, son histoire personnelle… Il y a souvent un grand écart entre le texte et le lecteur : le texte date d’une époque lointaine, lointaine, différente, une époque que le lecteur connaît mal, ou qu’il ne connaît pas du tout. La lecture n’est donc pas une simple réception pa ssive. C’est un dialogue avec le texte, une suite d’interrogations pour parvenir à la compréhension progressive de ses significations, à ce que « dit » le texte, à ce qu’il « nous « nous » dit.
1.2. Les fonctions du langage A chaque facteur de la communication, Jakobson fait correspondre une fonction du langage : FONCTION RÉFÉRENTIELLE (contexte, référents) FONCTION EXPRESSIVE- FONCTION POÉTIQUE- FONCTION CONATIVE (destinateur) ----------------- (message) -------------------- (destinataire) FONCTION PHATIQUE (canal) FONCTION MÉTALINGUISTIQUE (code) La fonction expressive est expressive est centrée sur le destinateur. destinateur. Elle correspond à son intervention directe dans le message. Elle peut être soutenue par des gestes dans lesquels le destinateur se désigne, occupe l’espace que est autour de lui.
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La fonction conative est conative est centrée sur le destinataire. destinataire. Elle correspond à son interpellation par le destinateur. Là aussi, les gestes divers peuvent participer à cette fonction, La fonction référentielle est référentielle est centrée sur le référent. référent. Les signes linguistiques acquièrent une signification complète grâce aux liens que les unissent à leur contexte et à leur référent. Ces liens permettent également de découvrir dans les textes deux sortes de relations : les associatives et les référentielles. - Les relations associatives résultent des liens que s’établissent entre les signes et les contacts présents ou absents. C’est donc un type de relation que est centré sur le texte lui-même, sur son organisation, sur son écriture. - Les relations référentielles résultent des liens que s’établissent entre les signes et leur référent. C’est donc un type de relation que « tourne » le texte vers l’extérieur, vers le monde, vers : « ce » dont parle le texte. La fonction phatique est phatique est centrée sur le canal. canal. Elle correspond à toutes les expressions ou attitudes que ont pour but d’ouvrir ce canal ( Allô ( Allô ?), de le maintenir ouvert (Patientez…) Patientez…) ou de le fermer ( Je ( Je raccroche…). raccroche…). Relèvent de cette même fonction tous les Euh…, Voyons voir…, bon.,.., Je disais… qui ont pour but de conserver l’attention de l’autre. La fonction métalinguistique retourne métalinguistique retourne le langage vers le code. code. Elle correspond aux précisions qu’on apporte sur le ou les sens de ce qu’on dit. La fonction poétique est poétique est centrée sur le message, message, elle ne concerne pas que les poésies, mais toutes les relations associatives des signifiants ou des signifiés qui peuvent intervenir dans le message.
2. Les actes de langage 2.1. Définition
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Quand on énonce un discours, on « dit » quelque chose et on « fait » quelque chose: Il va pleuvoir
L’énonciateur « dit « dit »: « la pluie arrive »
L’énonciateur « fait » quelque chose: - il constate simplement qu’il pleut; - il avertit qu’un parapluie serait utile; - il marque son dépit de ne pas pouvoir sortir.
On appelle acte de langage l’acte qu’on accomplit en disant quelque chose, oralement ou par écrit. L’acte de langage appartient donc au discours et à la situation de communication. C’est une manière particupartic ulière de se comporter. - Il y a des manières de se comporter, d’agir, qui passent par des gestes, des attitudes, des actions au sens banal du terme. - Les actes de langage sont des manières de se comporter qui passent par l’utilisation du langage: promettre, jurer, prier, ordonner, demander, avertir, insulter, se moquer de… On distingue généralement trois principaux registres de la langue: le registre familier, le registre courant ou commun, le registre soutenu, soutenu , qu’on verra plus tard.. Ce sont trois manières d’utiliser la langue, mais elles correspondent aussi à des manières de se comporter. Elles dépendent donc en partie des situations de communication.
2.2. Les principaux types d’actes de langage 2.2.1. Les modalités d’énonciation
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Un premier type d’actes de langage apparaît dans les modalités d’énonciation de la phrase : « déclarer », « demander », « ordonner » sont des actes du langage. En prononçant les phrases qui suivent, on accomplit chacun de ces actes: J’affirme que c’est impossible. impossible. Pourriez vous m’aider ? ? Viens vite ! Ces actes renvoient à des situations précises. - Pour déclarer déclarer quelque chose, il faut que j’aie la parole, qu’on m’écoute, qu’on me lise. - Les actes de « demander » demander » et d’ « ordonner » » sont encore plus strictement délimités. Par exemple : c’est l’examinateur qui pose les questions, pas celui qui passe l’examen, et on ne peut pas donner un ordre à n’importe qui.
2.2.2. Les performatifs Nous avons vu que ce terme désigne les verbes qu’on emploie pour « faire » quelque chose. chose. Les actes de langages accomplis sont alors très exactement ceux où « dire » c’est « faire « faire ». Exemples: jurer, Exemples: jurer, donner sa parole, promettre, parier, excuser, remercier, bénir, maudire, décréter, déclarer, léguer, baptiser, etc . Les verbes performatifs ne sont pas performatifs à tous les temps et à toutes les personnes. Ils ont cette valeur au a u présent de l’indicatif et à la première personne. Jurer, c’est dire « je « je le jure », pas « je jurerai », ou « il a juré ». Cette valeur n’est acquise que dans une situation donnée qui est parfois très codifiée. On ne jure pas dans n’importe quelle ci rconstance.
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2.2.3. Les comportements Ce sont des actes de langage où le langage intervient, mais de manière moins codifiée que dans le cas des performatifs. performatifs . Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de situation de communication précise. Il y a toujours une situation. - Estimer , c’est estimer la valeur de quelque chose - une opinion, par exemple- ou de quelqu’un. C’est avoir la compétence ou simplement le droit moral d’estimer. On peut contester ce droit. dr oit. - Renseigner, c’est renseigner quelqu’un qui nous a demandé explicitement ou implicitement quelque chose. - Autres exemples: défier, critiquer, flatter, prévenir, avertir, concéder, recommander, approuver, encourager, etc. etc . Le refus de dialogue. C’est une sorte d’ « acte « acte de non-langage ». Le destinataire indique qu’il qu’il refuse la communication: on fait semblant de lire le journal ou de dormir, on ne répond pas, on raccroche le téléphone, on retourne la lettre sans l’avoir ouverte, etc. Si le destinateur a vraiment cherché à entrer en communication avec le destinataire, lui opposer le contact est toujours impoli. Dans certains cas, c’est même un comportement de mépris insupportable: le destin ateur a l’impression de ne pas exister. 2.2.4. Actes indirects et sous– entendus. entendus.
Ce sont des actes de langage avec complicité du locuteur. Pour ordonner, prier, défier, etc., il faut une situation de communication, donc un destinataire. Mais, dans la plupart des cas, on ne demande pas l’avis du destinataire. Il obéit ou non à l’ordre, à la prière, au défi. D’autres actes de langage langa ge demandent la complicité du destinataire. - Les actes de langage indirects consistent à employer les modalités d’énonciation avec une autre valeur : valeur : déclarations qui sont des demandes, interrogations qui sont des menaces ou des ordres, interrogation rhétoriques. Pour montrer que la complicité des interlocuteurs est nécessaire dans ces actes de langage, on peut évoquer le cas où l’interlocuteur refuse la complicité, fait semblant de ne pas jouer le jeu: - Tu peux me passer l’eau, s’il te plaît ? ? 37
- Oui. Et celui qui vient de répondre en reste là ! - Les sous-entendus sous-entendus sont des actes de langage où l’on dit quelque chose sans le dire vraiment. vraiment. Ils sont très pratiques parce qu’ils permetperme ttent de donner une opinion sans risque. On laisse la responsabilité de comprendre au destinataire: - Paul a l’air fatigué ce matin. - Tu veux dire qu’il passe ses nuits à danser ? danser ? - Non ! je n’ai pas voulu dire ça. Le sous –entendu n’est possible que si les interlocuteurs se comprencompre nnent à demi –mots, –mots, s’ils sont au courant des mêmes événements, s’ils partagent une communauté de compréhension. Dans l’exemple donné ci-dessus, il faut que les deux interlocuteurs connaissent le Paul dont il est question. 2.2.5. L’ironie L’ironie est un acte de langage langage avec complicité du locuteur. Du point de vue de l’expression, les principaux procédés de l’ironie sont: - l’antiphrase et la litote; - la prétérition: Je ne dis pas que tu es stupide On le dit ! - l’ajout d’un commentaire inattendu, absurde: absurd e: Panglosse fut pendu, quoique ce ne soit pas la coutume . (Voltaire) - le ton « ironique ». Mais l’ironie n’est pas un simple problème d’expression. d’expression. On ne peut pas définir l’ironie par le ton « « ironique ». Ou alors on définit le ton « ironique » par.... par.... l’ironie, et on tourne en rond ! rond ! L’ironie est un acte qui justifie et éclaire l’emploi de ces procédés. Cet acte de langage implique trois facteurs: - un énonciateur qui « fait » de l’ironie; - une cible qui est visée par l’ironie; - des témoins complices complices qui comprennent ce que dit l’énonciateur.
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Comprendre que dans un discours il y a de l’ironie, c’est saisir un écart entre ce qui est dit et la situation: «Beau temps, n’est -ce -ce pas ? » »
Un jour de soleil, c’est une constatation.
Un jour de pluie, c’est un antiphrase ironique.
Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armée. (Voltaire)
Si Voltaire est un écrivain connu Si Voltaire est....Voltaire pour « admirer »la guerre, le texte est une antiphrase le texte n’est pas ironique. ironique. Comme tous les sous-entendus, sous- entendus, l’ironie court toujours le risque de ne pas être comprise. comprise. Si on fait lire cette phrase ci-dessus à un lecteur qui ignore tout sur Voltaire, il ne peut pas apprécier l’ironie. S’il a lu « Can« Candide » depuis le début, quand il arrive á cette phrase, il ne peut pas se tromper d’interprétation: - Voltaire « fait » de l’ironie; - la cible visée est la guerre et son exaltation; - le lecteur est complice de l’ironie puisqu’il la comprend. L’humour repose sur les mêmes données que l’ironie mais la cible n’est pas visée avec autant de force. On rencontre pourtant une force identique dans l’humour noir qui est parfois une forme d’ironie. 2.3. Les registres de langue Ce sont des manières d’utiliser le langage, mais ils correspondent aussi à des situations de communication, à des manières de se comporter.
2.3.1. Le registre soutenu Le seul registre que l’on puisse définir de manière assez claire est le r egistre soutenu. Il y a dans la langue des tours, des pratiques que per39
sonne n’utilise spontanément. spontanément. Pour employer le registre soutenu, il faut « faire attention » à ce qu’on dit ou à ce qu’on écrit. Le registre soutenu n’est jamais spontané. - Il est donc associé assoc ié à des situations de communications où l’on prête attention à son comportement. - Il demande une bonne connaissance des ressources de la langue. - Le registre soutenu se rencontre à l’oral et à l’écrit, mais son modèle est un modèle écrit: concordance classique des temps, emploi du sub jonctif, tours des anciens usages, emploi fréquent des phrases complexes, vocabulaires vocabulaires recherché… Le registre soutenu s’explique aussi par opposition au registre familier et au registre courant.
2.3.2. Le registre familier Le registre familier est celui d’une parole spontanée, spontanée, employée avec ses proches, ses amis, dans des situations de communication sans contraintes. traintes. - Le modèle du registre familier est un modèle oral et il comporte souvent des « fautes » au regard de l’usage l’usage correct. correct. C’est un registre ou les effets de style de l’oral sont souvent présents: ton, accents, emphase syntaxique, hyperbole, redondances… On emploie facilement des termes d’argot ou de patois, des mots « grossiers ». Cela dit, il y a sans doute autant de registres familiers que de locuteurs. teurs. Tout dépend pour chacun de sa connaissance de la langue, de son milieu, de l’importance qu’il attache au langage, de son souci de respe cter des normes de « bon usage », de la qualité de sa prononciation, etc.
2.3.3. Le registre courant, commun. Ce registre est moins spontané que le registre familier, mais il est plus spontané que le registre soutenu. - Il s’emploie dans les situations de la vie quotidienne, quotidienne, quand nous sommes au contact de gens que nous ne connaissons pas ou peu.
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- Il fonctionne à l’oral et à l’écrit. l’écrit. On y trouve les cadres les plus généraux de la langue, ceux d’un usage correct sans recherche d’effets partipart iculiers. - Au fond, c’est le registre qui passe inaperçu. 2.3.4. Emplois dans les textes Les registres de la langue peuvent être considérés de deux manières. - Le point de vue normatif les classe en registres corrects et incorrects. incorrects. De ce point de vue, il y a donc des registres qu’on doit éviter d’employer dans la mesure du possible. - Le point de vue descriptif les analyse comme des ressources de la langue. langue. Maîtriser sa langue, c’est pouvoir employer les différents rer egistres selon les situations de communication. Dans les textes, on peut rencontrer l’influence de deux points de vue. - L’auteur s’en tient à la norme et s’interdit d’employer des registres incorrects ou registres « bas ». - L’auteur joue sur toute la gamme des registres, en fonction de ses pe rsonnages et des situations où ils se trouvent. Cela le conduit donc souvent à jouer jouer sur les registres marqués, ceux qu’on peut distinguer: les registres familiers et les registres soutenus. Le lecteur doit repérer les passages où ces registres sont employés, apprécier comment ils conviennent aux situations de communication. c ommunication.
3. La négociation du sens L'objet et but du langage est de se revêtir de sens. Les sens. Les langues ont développé des formes pour satisfaire les besoins de communication dans tout leurs aspects. C'est parce que les besoins de communication humaine sont si nombreux et si variés que l'étude du sens est probablement la plus difficile partie de l'étude sérieuse de la langue. langue. Traditionnellement la langue a été définie comme l'expression de la pensée, mais, comme on a pu le voir, cela implique une interprétation trop étroite de la langue. L'expression de la pensée est juste un aspect
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parmi les multiples fonctions exécutées par la langue dans certains contextes. Nous allons voir dans ce troisième point du thème la négociation du sens dans l’expression à trois niveaux : niveaux : structurel, lexical et sémantique. 3.1. La signification structurelle ou grammaticale La signification de toute phrase comprend deux parties : parties : la signification des mots qu’elle contient, et la signification structurelle ou grammat icale portée par la phrase elle-même. Le chien a chassé le chat et le garçon a chassé le chat sont deux phrases différentes dans leur signification parce que chien et garçon garçon sont des mots différents avec des significations du mot différentes. La même équivalence peut être appliquée aux phrases dans les autres langues. Les deux phrases : le chien a chassé le chat et le chat a chassé le chien contiennent les mêmes mots exactement, mais le sens est différent parce que l’ordre des mots distingue ce qui est appelé sujet et objet conventionnellement. En latin les deux phrases correspondantes ne seraient pas distinguées par l’ordre des mots qui est grammaticalement indifférent et pour une grande part une manière de style, mais par des formes différentes dans les équivalents lexicaux de chien et chien et chat . En japonais, la distinction grammaticale de sujet et objet, normalement marquée par l’ordre des mots (sujet-objet-verbe), (sujet -objet-verbe), peut être renforcée par une particule placée après le premier mot et une particule d’objet après le second mot. Les ressources formelles de toute langue pour faire des distinctions dans les significations structurelles des phrases sont limitées par : - le linéaire (temps), dimension de parler de parler , 42
- la durée de la mémoire limitée du cerveau humain. Les écrivains s’inspirent s’inspirent des lectures nombreuses et diverses faites tout au long de leur vie. L’écriture est libre des restrictions de la durée de la mémoire par mémoire par la permanence de marques visuelles. Étant donné que les textes écrits sont presque tout à fait divorcés de la prononciation orale, la longueur et la complexité de la phrase peuvent être portées aux extrêmes, comme on peut l’observer dans quelques documents légaux et législatifs qui sont pratiquement inintelligibles à la lecture à haute voix. Toutes les langues peuvent employer des structures de la phrase différentes pour rentes pour affirmer des faits (explicatifs), poser des questions (interrogatives), et enjoindre ou défendre quelques cours d'action (impératifs). Des moyens plus délicats existent pour adoucir ou modifier ces distinctions de base: Il fait froid aujourd'hui, n’est pas? Il ne pleut pas encore? Fermez la porte, s’il vous plait. Voudriez-vous ne pas trop prolonger...? Les langues utilisent leurs propres ressources ressources pour ces buts différemment, mais, en général, chacune paraît être également flexible structurellement. Les ressources principales sont l’ordre des mots, la forme du mot, la structure syntaxique et, dans la parole, le ton et la place de l’intonation. Un mot ou une expression peuvent être mis en valeur en valeur en étant placés dans la phrase en premier lieu alors qu’ils ne se placeraient pas là norno rmalement. On peut, par exemple, mettre la phrase à la forme passive. On peut affirmer des faits, poser des questions, et donner des directives avec une variété d'intonations; et aussi indiquer, avec des gestes visibles, des attitudes différentes, des sensations et des relations sociales et personnelles entre orateur et auditeur. L’emphase est associée su rtout avec l’intonation, et celle-ci celle -ci possède une signification structurelle dans la parole. Les possibilités d'exprimer des significations structurelles sont une des plus importantes possibilités de toutes les langues. langues . Ces dons sont acquis dès l’enfance et sont appris plus lentement et avec plus de difficu lté quand il s’agit s ’agit de maîtriser une seconde langue apprise plus tardivetardiv e43
ment. Les spécialistes en sont encore aux premiers pas d'une analyse rigoureuse et pleine de ressources. La plupart des langues sont concernées par cette étude, loin encore d’une compréhension adéquate adéq uate de toutes les fonctions sémantiques.
3.2. 3.2. La signification lexicale L'autre composant du sens de la phrase est la signification du mot, mot , les significations individuelles des mots dans une phrase, comme éléments du lexique. D’une façon ou d’une autre a utre les dictionnaires sont une grande liste des mots d’une lange et de leurs significations. Dans toutes les langues on demande « Qu’est-ce Qu’est-ce que cela veut dire ? » Cette question est plus facile à poser qu’à répondre. C'est à travers les ressources lexicales que les langues maintiennent la flexibilité. Chaque langue a un vocabulaire de quelques milliers de mots ; pourtant ces mots ne sont pas tous en usage, et quelques-uns sont au seuil de fréquences minimales ou utilisés par un nombre restreint d’orateurs. d’orateurs. Les mots doivent assumer les différents besoins présentés par la réalité. té. Les noms, les verbes et les adjectifs doivent répertorier les choses, les actions et les qualités existant dans le monde, et chaque langue s’organise à sa façon. Si tous les mots mot s représentaient les mêmes réalités, la traduction serait facile, ou tout au moins plus facile qu’elle ne l’est maintenant. Les langues créent en partie le monde que les hommes habitent. habitent . Bien sûr, beaucoup de mots nomment des parties existantes et des parties du monde et du ciel: pierre, ciel: pierre, arbre, chien, femme, étoile, nuage… et ainsi de suite. Cependant, beaucoup d’autres mots ne correspondent pas à ces réalités si évidentes. Pensons aux noms d’animaux, aux plantes et légumes et aux mauvaises herbes et aux façons de les percevoir par les différentes cultures. Pensons aussi à la manière de distribuer le temps: année, mois, jour, heure, minute, hier, demain… ces mots ne font pas référence à des sections directes de la réalité mais permettent d’imposer une sorte sorte d'ordre, en accord avec les autres, sur les processus de changement observés dans le monde. 44
Les pronoms personnels choisissent les personnes (celle personnes (celle qui parle, celle qui écoute et toutes les autres) mais quelques langues font des distinctions différentes dans leurs pronoms, soit en s’incluant soi-même soi -même dans le nous de la personne qui parle, soit en ajoutant d’autres pronoms dans des situations diverses, ou bien, comme fait le japonais et plusieurs autres langues, en ajoutant une variété de formes qui dénotent les rapports sociaux observés. D’autres significations des mots sont plus bornés à la culture même du peuple, peuple, et donc plus difficiles à traduire. Ce sont des mots qui règlent la conduite et les relations d’une culture particulière. La traduction devient progressivement plus difficile quand on se déplace vers des langues de cultures plus éloignées, et il a été dit qu’une tradu ction exige une unification de contexte culturel. C’est ainsi qu’une perpe rsonne comprend l'univers et les relations entre elle-même elle-même et les autres. A ce phénomène s’ajoute la façon dont l’enfant commence à co mprendre progressivement le monde avec la langue dont il a hérité. La grande majorité des formes du mot ne gardent aucune relation directe avec leurs significations lexicales. Ce qui est appelé appelé des mots onomatopéiques est plutôt semblable dans la forme à travers les langues différentes: coucou coucou Français, coucou coucou Anglais et Kuckuck Allemand est directement imitateur de l'appel de l'oiseau. le ding-dong anglais ding-dong anglais et bim-bam allemand bim-bam allemand partagent plusieurs sons des traits en commun qui partiellement ressemblent au retentir des cloches. En tout, c'est une très petite partie du vocabulaire. Le plus grand nombre de mots dans une langue n’a aucune association directe entre le son et la signification : . caballo - espagnol horse horse - anglais pferd - allemand cheval - français equus equus - latin hippopotames hippopotames - grec sont des formes de mots sans rapport avec l'animal qui est nommé. C'est la condition arbitraire du signe linguistique. Le Le vocabulaire vocabulaire doit 45
être en grande partie arbitraire, parce que la plus grande partie du monde et de l'expérience de l'homme n'est pas associée directement avec un bruit. Les relations entre structure de la phrase et significations structurelles sont aussi en grande partie arbitraires et tacitement conventionnelles.
3.3. La flexibilité sémantique Non seulement les mots ont des sens différents dans les différentes langues, mais nous pouvons dire qu’il n’y a de signification fixe dans aucune langue. langue. Les changements sémantiques ont lieu continuellement et à n’importe quel moment, et parfois seulement dans une partie de leur espace sémantique. C'est un aspect supplémentaire et une condition de la flexibilité inhérente et nécessaire à la langue. En général, les mots sont assez imprécis; imprécis ; cependant, dans des conditions particulières, leurs significations peuvent être précises ou adaptées, habituellement en ajoutant plus de mots ou expressions pour diviser un champ donné en plus de détails. Bon contraste Bon contraste généralement avec mauvais; mauvais; mais on peut, par exemple, établir des niveaux comme : phénoménal, : phénoménal, excellent, très bon, bon, mauvais… vais… Les noms de couleurs obtiennent leurs significations de leurs contrastes mutuels. Le mutuels. Le champ qui distingue les visions des teintes des couleurs est très grand et va au-delà des ressources de tout vocabulaire. Les enfants apprennent les couleurs de base dans leur langue assez tôt et en même temps; une telle est appelée rouge rouge et elle est normalement apprise avant avant les subdivisions telles que cramoisi, pourpre, écarlate ou vermeil . Les langues font leurs divisions fondamentales de la panoplie des couleurs dans des espaces sémantiques différents. Alors que le vocabulaire des couleurs employé dans les langues est différent, des recherches faites par Brent Berlin et Paul Kay ont essayé de montrer qu’il y a pour les êtres humains onze catégories de couleur pe rceptives de base qui servent comme points de référence pour les mots de couleur d'une langue universellement, indépendamment du nom qui
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peut
être
employé
régulièrement.
Le vocabulaire des termes de la parenté varie d’une langue à l’autre et dépend des différences culturelles. culturelles. L’anglais distingue la famille proche par sexe: mère, père ; père ; sœur, frère; tante, oncle et autres. D’autres langues, telles que le malais, font une distinction lexicale d'âge fondamentalement, avec des mots séparés pour frère aîné ou soeur aîné soeur aîné,, et plus jeune frère ou plus ou plus jeune sœur . D’autres encore, comme celle des indiens américains, utilisent des mots différents pour la sœur d'un homme et homme et pour la sœur d'une femme. femme . Mais tout cela mis à part, toute langue peut être aussi précise que le demande la situation dans la désignation de la parenté. Quand cela est nécessaire, les anglophones peuvent spécifier soeur aînée et cousin de la femme, femme , et dans la catégorie totale il est possible de distinguer entre les cousins cousins proches et les lointains. Le meilleur exemple de précision d'une réserve lexicale se trouve dans le champ de l'arithmétique. l'arithmétique. Dans ce domaine nous pouvons aller jusqu’à l’infini. Entre deux nombres entiers un nombre fractionnaire ou décimal supplémentaire peut toujours être inséré, et cela peut aller indéfiniment: entre 10 et 11, 10 1/2 (10.5), 10 1/4 (10.25), 10 1/8 (10.125), et ainsi de suite. Donc, le mathématicien ou le scientifique est capable d'accomplir à volonté les degrés de précision quantitative appropriés à ses objectifs; d'où l'importance de déclarations quantitatives dans les sciences. Toute échelle thermométrique contient beaucoup plus de distinctions de températures disponibles que dans le vocabulaire d'une langue, qui est de toutes les façons limité : brûlant, chaud, tiède, froid … Pour beaucoup d’objectifs de la vie ordinaire l'imprécision même des langues est la source de leur force. Dans le domaine des mathématiques apparaît l’usage idéal des différents besoins. Mais la capacité d’adaptation qu’ont les langues à tout besoin réel est énorme. énorme .
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Aide Mémoire 1. Le processus de communication: situation de communication - La communication est un échange verbal. - Les participants à la communication sont les « personnes » entre lesquelles cette communication s’établit: le sujet parlant, l’interlocuteur ,les êtres ou objets du monde. - Le transfert de cette information se fait au moyen d’un message qu i a reçu une certaine forme, qui a été codé. La première condition est donc le codage de l’information. 1.1. Les éléments de la communication Le schéma de la communication suppose la transmission d’un message entre un émetteur et un récepteur possédant en commun le code nécessaire à la transcription du message. Le code comprend des signaux spécifiques et un ensemble de règles Le canal est le support physique de la transmission du message. Le destinateur est à la fois la source du message et l’émetteur pro prement dit. Le destinataire est à la fois l’appareil qui reçoit le message (oreille ou récepteur-radio) et le destinataire proprement dit du message (cerveau humain pour le langage parlé, auditeur pour la radio, etc.) Le processus du décodage se fait au niveau du récepteur-destinataire par la « recherche en mémoire » des éléments sélectionnés par l’émetteur et constituant le message. Le message est fait de traces et de signes. Le processus de communication est un circuit où le sujet parlant génère un concept. C’est donc au niveau du cerveau que se déroulent les op érations d’encodage et de décodage, Le cerveau joue le rôle à la fois d’émetteur et de récepteur du message. La lecture est aussi un dialogue, un dialogue avec un texte. Il y a souvent un grand écart entre le texte et le lecteur 1.2. Les fonctions du langage A chaque facteur de la communication, Jakobson fait correspondre une fonction du langage : La fonction expressive est centrée sur le destinateur. La fonction conative est centrée sur le destinataire. 48
La fonction référentielle est centré sur le référent r éférent On peut découvrir dans les textes deux sortes de relations : les associatives et les référentielles. La fonction poétique est centrée sur le canal La fonction métalinguistique retourne le langage vers le l e code. La fonction poétique est centrée sur le message.
2. Les actes de langage 2.1. Définition : Définition : On appelle acte de langage l’acte qu’on acco mplit en disant quelque chose, oralement ou par écrit. On distingue généralement trois principaux registres de la langue: le registre familier, le registre courant ou commun, le registre soutenu. 2.2. Les principaux types d’actes de langage 2.2.1. Les modalités d’énonciation : d’énonciation : Un premier type d’actes de langage apparaît dans les modalités d’énonc iation de la phrase : « déclarer », « demander », « ordonner » sont des actes du langage. Ces actes renvoient à des situations précises. 2.2.2. Les performatifs : Ce terme désigne les verbes qu’on emploie pour « faire « faire » quelque chose. 2.2.3. Les comportements : Ce sont des actes de langage, où le langage intervient, mais de manière moins codifiée. 2.2.4. Actes indirects et sous– entendus : Ce sont des actes de langage avec complicité du locuteur. 2.2.5. L’ironie : L’ironie : L’ironie est un acte de langage avec comco mplicité du locuteur. Les principaux procédés de l’ironie sont: l’antiphrase et la litote; - la prétérition: prétérition: - l’ajout d’un commentaire inattendu, absurde. - le ton « ironique ». 2.3. Les registres de langue. Ce sont des manières d’utiliser le langage. langage. 2.3.1. Le registre soutenu : soutenu : n’est jamais spontané. spontané. 2.3.2. Le registre familier : familier : parole spontanée, employée dans des situations de communication sans contraintes. 2.3.3. Le registre courant, commun : commun : moins spontané que le registre familier, mais il est plus spontané que le registre soutenu.
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2.3.4. Emplois dans les textes - Le point de vue normatif les classe en registres corrects et incorrects. - Le point de vue descriptif descriptif les analyse comme des ressources de la langue. 3. La négociation du sens. L'objet et but du langage est de se revêtir de sens. L'étude du sens est probablement la plus difficile partie de l'étude sérieuse de la langue. 3.1. La signification structurelle ou grammaticale : La signification de toute phrase comprend deux parties. L’écriture L’écr iture est libre des restrictions de la durée de la mémoire. Toutes les langues peuvent employer des structures de la phrase différentes. Les langues utilisent leurs propres ressources. Un mot ou une expression peuvent être mis en valeur. Les possibilités d'exprimer des significations structurelles sont une des plus importantes possibilités de toutes les langues. l angues. 3.2. La signification lexicale : L'autre composant du sens de la phrase est la signification du mot. C'est à travers les ressources lexicales que les langues maintiennent la flexibilité. Les mots doivent assumer les différents besoins présentés par la réalité. Les langues créent en partie le monde que les hommes habitent. Les pronoms personnels choisissent les personnes. D’autres significations des des mots sont plus bornés à la culture même du peuple. 3.3. La flexibilité sémantique :Non : Non seulement les mots ont des sens différents dans les différentes langues, mais nous pouvons dire qu’il n’y a de signification fixe dans aucune langue. - Les noms de couleurs obtiennent leurs significations de leurs contrastes mutuels. - Le vocabulaire des termes de la parenté varie d’une langue à l’autre et dépend des différences culturelles. - Le meilleur exemple de précision d'une réserve lexicale se trouve dans le champ de l'arithmétique. - La capacité d’adaptation qu’ont les langues à tout besoin réel est énorme.
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3 La compétence communicative
Sommaire 1. La compétence communicative 1.1. Le discours dans la situation de communication 1.2. La communication comme transmission d’une information 1.3. La communication comme compréhension et expérimentations d’une situation 1.4. Les connaissances communes préalables 1.5. Le dialogue et la lecture
2. Analyse de ses composants. 2.1. Les principes de la communication linguistique: la théorie de l’information. 2.2. Les compétences articulatoires: la phonétique. 2.2.1. Genèse des sons 2.2.2. Unités fonctionnelles de l’expression 2.2.3. Principales applications 2.3. Les compétences du vocabulaire: le lexicologie et la sémantique.
2.3.1. Le champ lexicologique 2.3.2. La sémantique 2.3.2.1. La sémantique structurale 2.3.2.2. L’analyse « componentielle « componentielle » 2.3.3. Le vocabulaire du français 2.3.3.1. Le latin dans le lexique du français. 2.3.3.2. Les emprunts 52
2.4. Les compétences morphologiques et syntaxiques 2.4.1. La morphologie 2.4.2. La syntaxe
Introduction Le comportement linguistique d’un locuteur est défini par un couple de concepts: compétence, ou savoir linguistique du locuteur, et perforperfor mance, ou réalisation concrète de ce savoir linguistique l inguistique dans des actes de communication, qu’il s’agisse d’émission (le sujet fait des phrases) ou de réception (le sujet comprend des phrases). Si la compétence permet de produire des phrases selon un modèle de grammaticalité et de déceler dans les phrases émises par les autres les phrases agrammaticales, la performance consiste précisément à émettre ces phrases et à les recevoir. C’est dire que, comme la comme la parole dans la terminologie saussurienne (par opposition à la langue), la performance constitue les données observables du comportement linguistique. La tâche du linguiste est alors d’élaborer un modèle de la performance linguistique, ce qui suppose qu’on q u’on cerne avec suffisamment de précision la notion d’acceptabilité, qui est du domaine de la performance: qu’estqu’est ce qui fait qu’une phrase syntaxiquement bien formée est jugée accepacce ptable ou non acceptable par un locuteur? sa longueur?, le nombre trop élevé élevé d’enchâssements? Les réponses sont ici encore floues, car on ne peut se contenter de critères internes à la phrase elle-même: ils peuvent également jouer des considérations extrinsèques, comme la nature du message (oral, écrit), son support (journal, affiche publicitaire), etc., qui modifient la performance linguistique où sont en jeu à la fois locuteur et auditeur. La prise en compte de la performance définit peut-être deux domaines spécifiques de l’analyse linguistique: la psycholinguistique et la sociolinsoci olinguistique. En ce sens, le parallèle parall èle entre performance et parole ne peut être mené très loin car, si la parole permet de décrire la langue dans la linguistique saussurienne, la grammaire générative essaie d’élaborer pour compétence et performance deux modèles m odèles distincts. S’il est vrai que l’une est déterminée par l’autre, elle l’est également par le conco ntexte et par le locuteur, toutes choses qui, sans être niées, ne sont pas aussi nettement spécifiées chez Saussure. 53
1. La compétence communicative Le terme compétence communicative a été introduit par Hymes ver les années 1960 et il a eu un grand succès parmi les professeurs, les investigateurs et autres personnes intéressées par la linguistique. Dans le le domaine domaine de l’enseignement d’une langue étrangère cet c et intérêt général est vu comme un principe fondamental et un point de départ pour d’autres études. 1.1. Le discours dans la situation de communication La communication humaine se réalise dans une langue concrète et exige des connaissances préalables communes. c ommunes. D’une façon ou d’une autre la langue est mise en œuvre. Cette mise en œuvre œ uvre de la langue est app elée le discours. Il n’y a pas de discours sans situation de communication. communication . Qu’on comcommunique avec soi-même (monologue intérieur), avec une autre personne (dans un dialogue), ou avec des millions de personnes (par un média), le discours est toujours associé à une situation de communication. La place de chaque discours dans sa situation de communication met évidemment en jeu tous les facteurs de la communication. Il est donc utile de suivre une démarche qui permette d’examiner les points essenesse ntiels. 1.2. La communication comme transmission d’une information Au cours de l’acte de communication une information est transmise d’un destinateur vers un destinataire destinataire.. Cette description est valable pour plusieurs sortes de communications: la verbale d’abord, certes, mais aussi il y a un acte de communication qui s’établit dès qu’un boubo uton sur lequel on appuie déclenche la mise en marche d’une machine. Présenté ainsi, ainsi, la transmission d’une information a l’apparence d’un acte très primaire. En fait, ce type de communication n’a rien de pr imaire ou de frustré car au lieu d’un simple bouton, on peur avoir un circuit très complexe. Et c’est cela qui se passe dans le l angage humain 54
qui permet d’avoir des communications du même modèle dans toutes les activités. 1.3. La communication comme compréhension et expérimentations d’une situation Dans une situation de communication (dialogue, lecture, représentation théâtral, monologue interne…. ) quelque chose de plus est ajouté. Il ne s’agit pas simplement de transmettre des informations. Dans une co mmunication il faut considérer les intentions des interlocuteurs, la manière dont ils sont présents (ou absents) dans la communication, la manière dont ils la vivent, la manière dont ils se comprennent. Le destinataire n’est pas un simple récepteur. Il participe à la comprécompréhension du message. message. Le sens du message est construit par les interlocuteurs ensemble. Dans tous les cas, le destinataire détient la clef de la communication. Elle dépend de son refus de communiquer ou de son acceptation. La langue n’est pas un code neutre placé entre les interlocuteurs. Ce interlocuteurs. Ce n’est pas une sorte de boîte pleine de mots dans laquelle il suffirait de « piocher ». La langue est une donnée commune mais que chacun connaît et comprend en fonction de son histoire personnelle, de ses opinions, de sa culture, etc. Cela devrait en principe rendre la communication presque impossible. A la limite, on pourrait presque dire que si les histoires sont très différentes, les gens ne parlent pas exactement la même langue. C’est quand même la même langue, et c’est en la connaissant aussi bien que possible qu’on peut communiquer avec le pus grand nombre de gens sans abdiquer sa personnalité, sans disparaître dans une langue fade et banale. 1.4. Les connaissances communes préalables Toute communication s’appuie sur des connaissances communes qui ne sont pas précisées: elles vont de soi. soi . Quand on commande un café au restaurant, on peut préciser double parce double parce que généralement les cafés sont servis dans une tasse à café normale ou dans une tasse plus grande. Mais on ne dira pas: Je pas: Je le veux dans une une tasse, pas dans dans un seau, ni dans une bouteille, ni dans un chapeau… En ef fet, fet, il n’est pas 55
besoin de préciser ces derniers points parce que le café n’est habitue habituelllement pas servi dans un seau, une bouteille ou un chapeau… C’est donc une connaissance préalable dans toutes nos communications: elles concernent l’espace, le temps, le monde, la vie quotidienne, etc. Ces connaissances communes ne sont pas avant le langage. l angage. Si nous devons les expliciter, c’est dans la langue que nous le ferons. Les connaissances communes préalables concernent aussi l’usage qu’on peut faire de la langue.
1.5. Le dialogue et la lecture Du point de vue des données de la communication, il n’y a pas de difdifférence réelle entre le dialogue et la lecture. Dans un dialogue, une conversation ou un débat, les interlocuteurs sont présents et ils peuvent s’interrompre s’int errompre mutuellement, demander des précisions, revenir sur des points antérieurs, dresser des bilans temporaires, … ils construisent le sens des messages ensemble. La lecture est aussi un dialogue: un dialogue avec un texte. texte . Certes, quand le texte écrit n’est qu’un simple texte informatif, on se trouve dans le modèle de communication du simple transfert d’une informainform ation. Mais un roman, un poème ou un essai n’est pas une information transtran smise, c’est un texte offert, un texte dont il faut s’emparer, qu’il faut apprendre à connaître. Chaque lecteur est différent. Chaque lecteur apporte avec lui sa propre connaissance de la langue, son histoire personnelle… Il y a souvent un grand écart entre le texte et le lecteur: le texte date d’une époque lointaine, différente, diffé rente, une époque que le lecteur connaît mal, ou qu’il ne connaît pas du tout. La lecture n’est donc pas une simple réception passive. C’est un dialogue avec le texte, une suite d’interrogations pour parvenir à la compréhension progressive de ses significations, à ce que «dit » le texte, à ce qu’il «nous» dit. 2. Analyse de ses composants. 2.1. 56
Les principes de la communication linguistique: la théorie de l’information. Très liée à la statistique par son orientation probabiliste, la théorie de l’information offre à la linguistique un outil d’analyse d’une très grande richesse. Cette théorie est née, après la Seconde Guerre mondiale, des travaux de C. Shannon, ingénieur des téléphones, dont le projet était de réduire au minimum le coût du transport de l’information l ’information le long d’une ligne téléphonique. La théorie de l’information offre tout d’abord au linguiste un modèle général de la communication qui peut être décrit ainsi: la communication est le transfert d’information entre un émetteur (locuteur, émetteur (locuteur, appareil de radio, téléphone, etc.) et un récepteur (auditeur, disque, etc.) joint par un canal (air, canal (air, ligne téléphonique, lettre, journal, etc.) grâce à des messages . messages . Ces messages sont mis en forme par l’émetteur grâce à une opération de codage et sont identifiés par le récepteur grâce au décodage, ces deux opérations ne pouvant s’effectuer que par rapport rapport à un code qui leur soit commun. Le canal de transmission est soumis au bruit, bruit, terme qui désigne l’ensemble des facteurs qui peuvent perturber une communication communication (bruit proprement dit, vent, distance élevée, inattention, déchirures dans le cas de journaux, lettres, livres, etc.). Ce concept, extrêmement général, permet de définir le phénomène de redondance qui sera abordé ultérieurement. Avant d’aller plus avant, avant , il convient de souligner que, même à un niveau aussi général, ce schéma peut être de quelque utilité pour la description des faits linguistiques. Roman Jakobson, par exemple, utilise ce modèle pour définir les différentes fonctions du langage; il distingue ainsi six fonctions diversifiées selon le facteur du processus de communication pris en compte (émetteur, récepteur, canal, message, code, référent). La théorie de l’information s’intéresse à l’émission, au transfert et à la réception des messages, et se propose de minimiser le coût de ces opérations. opérations. Celles-ci Celles-ci s’accomplissent par l’identification des éléments constitutifs du message (lettres d’alphabet, sons, éclairs lumineux, i mpulsions électriques, etc.). Cette identification, à son tour, consiste à comparer chacun de ces éléments à chaque élément du code jusqu’à la reconnaissance de l’identité des deux. Le problème qui se pose donc en télécommunication est d’effectuer le plus petit nombre possible de comparaisons entre les éléments du message et ceux de code. Il est clair que ce nombre est fonction du nombre d’unités différentes du code et 57
de la probabilité d’apparition de chaque unité dans un message. On est sûr en effet de réduire le nombre de comparaisons si l’on commence par rechercher rechercher si l’unité à identifier n’est pas la plus fréquente (c’est-à(c’est -àdire celle qu’on a le plus de chances de rencontrer), ou, plus généralegénéral ement, si l’on procède à l’identification par ordre de fréquences décroisdécroi ssantes des unités dans les messages; cela suppose que l’on l ’on puisse puis se évaluer la fréquence d’apparition des unités du code dans les messages, ce qui est toujours possible, ne serait-ce serait- ce qu’en approximation, y compris, comme on l’a vu, dans le cas de messages linguistiques. À partir du calcul des fréquences, on peut définir l’information apporapportée par une unité dans un message: celle-ci est inversement proportionnelle à sa probabilité. probabilité. Cette définition correspond très bien à l’intuition que l’on peut avoir du fait: moins une unité (par exemple, un mot dans une phrase) est attendue, att endue, plus elle apporte d’information. d’information. On peut ainsi aborder le phénomène de la redondance: redondance: un signe est redondant lorsqu’il n’apporte pas d’information – d’information – ou, si l’on veut, lorslorsque sa probabilité est égale à 1. Dans un système non redondant, tous les signes sont également imprévisibles, et chacun apporte donc le maximum d’information. C’est, par exemple, le cas de la graphie du syssy stème numérique où chaque chiffre, à chaque rang d’un nombre, est significatif. significatif. En revanche, dans le système alphabétique d’une d’un e langue comme le français, seules certaines combinaisons de lettres sont pospo ssibles, la situation étant la même dans le domaine phonique avec la combinaison des sons. La redondance des codes linguistiques augmente indéniablement le coût des messages; messages; mais sa fonction est de lutter contre le bruit, et à ce titre elle participe de l’économie de l’exercice du langage. Le bruit, qui recouvre tout ce qui peut troubler un acte de communication, représente une perte d’information; d’information; mais dans la mesure où, dans des circonstances données, la redondance est supérieure au bruit, on peut reconstituer un message altéré. Ainsi peut-on restituer les lettres manquantes dans l’énoncé: J. l’énoncé: J. pr.nds l. tra.n à la g.re, g.re , alors qu’on ne peut reconstituer le nombre « 62.8 ». De même les diverses abréviations et élisions que l’on fait subir aux messages télégraphiés attestent de la redondance des signes que l’on ne juge pas indispensables au sens: Impossible arriver cinq heures. Viendrons soirée. soirée. Le phénomène de redondance est extrêmement important et se mani58
feste à tous les niveaux du langage: langage : sons, morphèmes, lexèmes, structures syntaxiques, écriture, etc. Défini comme un superflu d’information, d’information, il semble s’opposer au principe de moindre effort; effort; mais on vient de voir que sa fonction est fondamentale dans l’économie gég énérale de la communication. Un simple exemple, en conclusion, montrera l’utilité de ce concept. On connaît la tendance, avouée ou non, de maints auteurs, particulièrement les poètes, à réduire la redondance naturelle et indispensable du langage quotidien par un choix approprié des unités linguistiques. linguistiques. Ce souci d’élever le contenu informatif aboutit à solliciter un effort d’attention d’autant plus grand du lecteur. L’« obscurité L’« obscurité » et l’« hermétisme l’« hermétisme », quand ils ne sont pas recherchés pour eux-mêmes eux-mêmes en fonction d’une poétique á priori, ne sont, à vrai dire, rien d’autre que la conséquence d’une recherche de la réduction de la redondance, ou bien celle d’une élévation importante de la quantiquant ité d’information transmise, à cause de l’« ineffabilité l’« ineffabilité » ou de l’unicité de l’expérience vécue qui est poétiquement décrite.
2.2. Les compétences articulatoires: la phonétique. L’apparition de l’écriture alphabétique, notamment la création de l’alphabet grec, qui note les voyelles et les l es consonnes, révèle une connaissance de la composante sonore qui atteste que la réflexion théorique menée sur cet aspect du langage est très ancienne, même si elle semble fondée alors essentiellement sur l’audition. Plus encore, les descriptions phonétiques de grammairiens indiens, comme Panini, (vers 500 av. J.C.) et autres postérieures, qui n’ont été connues qu’au XXe siècle, révèlent à la fois les bases d’une phonétique articul atoire et d’une analyse phonologique. La phonétique est généralement définie définie comme l’étude des sons du langage. langage. C’est donc une branche de la linguistique, comme la morphomorph ologie, la syntaxe et la sémantique. Elle étudie plus particulièrement la composante phonique du langage, langage, en privilégiant soit l’aspect physique (émission, transmission transmission et réception) soit l’aspect fonctionnel, c’est-àc’est -àdire le rôle que jouent les sons dans une langue donnée (phonologie) Néanmoins, il ne faut pas masquer les dissensions profondes qui se manifestent lorsqu’il s’agit de préciser l’objet, les méthodes, en somme le statut scientifique de cette discipline et, par là même, les rapports 59
qu’elle entretient avec les sciences connexes: fait-elle fait -elle partie des sciences humaines ou des sciences naturelles? Est-elle, partiellement, une science abstraite (de la forme linguistique), l inguistique), ou, exclusivement, une science concrète (de la substance sonore) ? L’existence d’un aspect théorique (surtout linguistique) et d’un aspect expérimental (utilisant des moyens techniques perfectionnés et des méthodes méthodes d’investigation empruntées empruntées aux sciences physiques) remetelle en question l’unité de cette discipline et son intégration dans le domaine linguistique ?
2.2.1. Genèse des sons La classification du matériel sonore et la terminologie phonétique la plus courante (celle de l’alphabet l’alph abet phonétique international) sont fondées en grande partie sur des données anatomiques et physiologiques: les organes de la parole et les conditions dans lesquelles ils produisent les sons du langage. Ces conditions de production, observées d’abord empiriquement, ont été mieux connues, depuis la fin du XIXe siècle, grâce aux progrès de la physiologie expérimentale dus eux-mêmes à l’emploi de techniques instrumentales perfectionnées. Trois groupes d’organes assument les fonctions essentielles dans l’acte de parole: l’appareil respiratoire, respiratoire, qui fournit la quantité d’air nécesnéce ssaire; le larynx, larynx, organe vibrant; les cavités supra-laryngées (pharynx, supra-laryngées (pharynx, bouche) où s’effectue l’articulation proprement dite par les chang ements de forme du tractus vocal. Ceux-ci Ceux -ci résultent surtout des mouvements des lèvres, de la langue, du voile du palais (dont l’abaissement fait intervenir une cavité supplémentaire, les fosses nasales) et de la mâchoire inférieure. Les réalisations ainsi produites sont réparties en deux catégories, les voyelles et les consonnes, consonnes , en tenant compte de l’aperture et de la présence éventuelle d’un obstacle sur le passage de l’air. À l’intérieur de la catégorie des voyelles, le classement se fait selon l’aperture qui dépend de l’élévation de la langue par rapport ra pport à la voûte palatine: voyelles fermées ou ouvertes; la zone d’articulation détermidéterm inée par la position du dôme de la langue dans la cavité buccale: voyelles antérieures ou postérieures; la forme des lèvres: voyelles arrondies ou non arrondies.
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2.2.2. Unités fonctionnelles de l’expression La hiérarchie dans le rôle des éléments phoniques n’est pleinement mise en évidence qu’à partir d’hypothèses sur leur fonctionnement dans une langue donnée. En effet, le phonéticien n’exerce pas ses didiverses activités sur des unités qui lui seraient fournies par une observation directe de la substance sonore, mais sur des formes linguistiques qui découpent préalablement cette substance. substance. Les unités phoniques sont isolées, dans le continuum de la chaîne parlée, par leur fonction linguistique, linguistique, qui est de se grouper d’une certaine façon pour constituer ensuite des unités d’un rang supérieur ayant une significasignific ation et permettre ainsi l’expression ou la communication d’un contenu notionnel. Cet aspect fonctionnel ne fait pas p as que s’ajouter aux autres aspects déjà envisagés (production, transmission, intégration auditive), il fonde vraiment la phonétique en tant que discipline linguistique. Un va-etvient se produit alors entre, d’une part, les différentes théories linguislingui stiques qui fournissent des hypothèses sur la nature des unités et, d’autre part, l’étude de la manifestation physique puis du comportecomport ement de ces unités qui valident ou infirment ces hypothèses. À l’appui de cette façon d’envisager les rapports r apports entre la linguistique lingu istique et la phonétique, les faits prosodiques fournissent un argument exemplaire. Si les recherches sur l’intonation ont progressé si lentement, c’est que certains phonéticiens ont voulu partir directement d’une connaissance aussi étroite que possible de la substance intonative, alors que les théories linguistiques existantes, défaillantes sur ce point, ne pouvaient rendre compte ni de la nature ni du fonctionnement des phénomènes intonatifs.
2.2.3. Principales applications Les applications de la phonétique ne peuvent être dissociées de celles de la linguistique dans son ensemble. Appliquée à l’enseignement des langues, langues, sous le nom d’orthoépie, la phonétique favorise l’acquisition d’une prononciation correcte. L’orthophonie vise à la rééducation des troubles de la communication verbale, verbale, au niveau de la production (dyslalie), de la perception (surdité) et de l’intégration l ’intégration profonde (aphasie). (aph asie). 61
La technologie des télécommunications a suscité de nombreuses études de phonétique acoustique. En particulier, la mise au point du téléphone a posé le problème de la transmission de l’information linli nguistique dans la zone de fréquences limitées du réseau téléphonique. De nouvelles recherches portent sur les conditions dans lesquelles on pourra utiliser sur un ordinateur des entrées et des sorties vocales (reconnaissance automatique de la parole). Enfin, la phonostylistique s’intéresse aux différentes formes d’expressivité utilisées par le loc uteur dans l’acte de parole et destinées à produire une impression déd éterminée sur l’auditeur. On oppose fréquemment « le point de vue des phonéticiens » à celui des linguistes en considérant comme acquise la séparation entre les deux domaines. Seule la phonétique fonctionnelle (appelée alors phonologie) reste intégrée de plein droit dans la linguistique, les autres aspects de la phonétique en étant exclus. Cette attitude laisse entier le problème d’une science phonétique, qui se réduirait alors à une vaste confrontation interdisciplinaire.
2.3. Les compétences du vocabulaire: la lexicologie et la sémantique. La lexicologie est l’étude scientifique du vocabulaire considéré sous le double aspect du signifiant et du signifié. signifié. Elle constitue donc une discipline linguistique qui doit être placée sur le même plan que la phonétique, la morphologie, la syntaxe et – et – peut peut être- la stylistique. La sémantique est l´étude scientifique du signifié car signifié car le mot ou signe linguistique est, d’après P. Guiraud, «une « une association de deux images mentales, une forme acoustique signifiante ou nom et un concept signi fié ou sens sens ». La lexicologie est l’étude de la signification des mots. Par mots, mots, il faut entendre les lexèmes et les morphèmes d’une langue donnée, c’est -àdire les unités lexicales dépouillées de leur marquage flexionnel éventuel. Ces unités correspondent en gros à l’ensemble des entrées figurant à la nomenclature nomenclature d’un dictionnaire de langue. La lexicologie ne doit pas être confondue avec la lexicographie, qui est l’art de confectionner les dictionnaires. Plus précisément, la lexicologie est la partie de la linguistique qui s’occupe de la sémantique lexicale, par opposition à la sémanséma ntique de la phrase ou du discours.
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2.3.1. Le champ lexicologique Comment s’organise la sémantique des unités lexicales ? lexicales ? Quelle structuration sémantique offre offre le lexique d’une langue ? langue ? La réponse à ces questions varie selon qu’on conçoit le lexique comme une composante de la grammaire ou comme un simple domaine d’étude indépendant. L’étude du sens lexical a existé bien avant que la lexicologie ne fût conscon stituée tituée comme domaine d’étude autonome. La problématique du sens lexical est posée en termes référentiels et extensionnels. Il s’agit de définir correctement les concepts sous leslesquels seront rangés les objets du monde. monde . La signification d’un item lexilex ical donne les conditions nécessaires et suffisantes qu’un objet ou qu’une situation doit satisfaire pour pouvoir être proprement identifié par cet item. Cette conception implique trois thèses: d’abord, les conco ncepts – cepts – ou ou catégories – catégories – présentent présentent des frontières nettes; ensuite, l’appartenance d’une entité à une catégorie se fait sur le mode du vrai ou du faux; enfin, tous les membres d’une catégorie ont un statut égal, chacun possédant les propriétés requises par la définition. Les conditions sont exprimées sous forme de conjonctions de traits sémantiques, parfois dénommés sèmes. Du fait du parti pris extensionnel, le contenu de ces traits est tiré des caractéristiques c aractéristiques du référent.
2.3.2. La sémantique La sémantique est la discipline ayant pour objet la description du sens des mots, des phrases et des discours produits en langue naturelle. naturelle. Le signifié n’est pas seulement la moitié du signe, mais c’est ce qui justifie l’existence du signifiant (cependant que le signifiant ne fait que perpe rmettre l’actualisation du signifié): sign ifié): dans le langage, nous dit André Martinet, les formes et les structures ne sont qu’un moyen, tandis que la transmission des significations est une fin; et Benveniste déclare semblablement: « Que la langue signifie, cela veut dire que la l a signification n’est pas quelque chose qui lui est donné par surcroît: c’est son être même . » . » Le sens existe donc. Mais il y a loin de l’évidence intuitive à la reconnaisreconnai ssance théorique. La méfiance des linguistes envers l’étude du sens a p63
paraît d’abord dans le fait que l’acte de naissance officiel de la sémanséma ntique est relativement tardif: c’est à la fin seulement du XIXe siècle, grâce à Michel Bréal, précédé il est vrai par les philologues allemands pratiquant la « sémasiologie » au sein de la linguistique comparée, que se trouve affirmée clairement l’idée que la signification est une compocomp osante linguistique au même titre que les formes sonores et syntaxiques, et du même coup baptisée l’étude de cette composante: « Comme cette étude, aussi bien que la phonétique et la morphologie, mérite d’avoir son nom, nous l’appellerons la sémantique (du verbe scmaiscma inein), c’est-à-dire c’est-à-dire la science des significations » (Essai (Essai de sémantique , sémantique , 1897). La sémantique selon Bréal possède les deux caractéristiques suivantes: – Son – Son approche est essentiellement historique: la sémantique a pour but de décrire l’évolution des significations dans les langues, et les lois qui régissent cette évolution (rétrécissement, élargissement, glissement de sens). – Son – Son orientation est à la fois psychologique et sociologique: le langage exprime la pensée, en même temps qu’il reflète l’organisation sociale; les changements de signification sont le résultat de processus psychologiques, en même temps qu’ils sont soumis à des causes sociales (co ntacts entre populations, transformation des institutions, etc.) Sur ces deux points, la sémantique structurale qui se développera dans les années 1960 s’opposera à la conception de Bréal, puisqu’elle se voudra synchronique (décrivant des états de langue, et non des évolutions) et immanente (concevant le sens comme une instance autonome, susceptible susceptible d’être envisagée « en « en soi et pour soi »).
2.3.2.1. La sémantique structurale Il faut remonter jusqu’à Ferdinand de Saussure pour trouver l’explicitation la plus claire des fondements fond ements théoriques de la sémantique structurale moderne, même si les principes énoncés dans le Cours de linguistique générale (paru en 1916) durent attendre quelques décennies leur mise en pratique. Ces principes sont les suivants: – Priorité – Priorité doit être accordée (pour accordée (pour la linguistique en général, et la sémantique en particulier) à la perspective synchronique, synchronique, en vertu du fait que « la langue se constitue diachroniquement, mais *qu’+elle foncfon ctionne synchroniquement ». Ainsi, lorsque je choisis d’utiliser le signisig ni64
fiant « cheval », c’est en fonction du sens qu’il possède aujourd’hui (en relation relation avec d’autres mots apparentés dans un même état de langue), et nullement par rapport à la valeur de son étymon latin caballus (désignation argotique et péjorative du cheval). – Le sens d’un mot n’existe qu’en tant que composante de ce mot, ou signe linguistique, lequel, pour Saussure, se constitue de l’association indissoluble d’un signifiant et d’un signifié. Ajoutons que le mot a pour fonction de représenter une « chose » (ou plutôt un ensemble de choses, regroupées sous le même concept), et que tout signe vaut pour un segment particulier d’univers, que l’on appelle son référent (ou ded enotatum ). Et voici que se constitue le fameux triangle sémiotique , qui dans la version d’Ogden et Richards, revue et corrigée par Ullmann, se présente comme suit: Le signifié peut ainsi se définir, au moins négativement. Ce n’est: – ni – ni le signifiant (support du signe, actualisable phonétiquement ou graphiquement), avec lequel il ne se confond pas, comme le montrent les deux phénomènes opposés de la synonymie (« éloge »/« » /« louange »: deux signifiant pour un même signifiant) et de l’homonymie (« louer1 »/« louer2 »: deux signifié pour un même signifiant ); – ni le référent (objet ou classe d’ob jets d’ob jets extralinguistiques, réels ou imaginaires, auxquels renvoie le signe bifacial), avec lequel il ne se confond pas non plus, puisqu’un même objet peut être désigné par plupl usieurs expressions non équivalentes sémantiquement (exemple de Frege: « l’étoile du soir du soir » et « l’étoile du matin »; matin »; exemple de Husserl: « le vainqueur d’Iéna » d’Iéna » et « le vaincu de Waterloo »). Le signifié d’un signe s’attache à un signifiant et renvoie à un réf érent, érent, tous deux déterminés, permettant du même coup l’établissement entre eux d’une relation indirecte. indirecte. Si l’on admet que parler, c’est d’abord dénommer, et que dénommer, c’est faire corre spondre à une chose particulière une suite de sons particulière, cette opération ne peut se faire que grâce à la médiation du signifié. Dans le fonctionnement réel du signe, ces éléments sont totalement solidaires: solidaires: le signifiant et signifiant et le signifié, signifié, nous dit Saussure, sont comme le recto et le verso d’une feuille de papier, dans laquelle ils sont découpés d’un seul et même coup de ciseaux; et le signifié n’est que l’image linlinguistique abstraite (« abstraite (« le concept de chien ne mord pas ») de la classe des objets auxquels renvoie le signe. Pour l’utilisateur l ’utilisateur de la langue, les relations qu’entretiennent ces trois ingrédients sont « nécessaires « nécessaires ». Mais, pour l’analyste qui décrit le signe de l’extérieur, ces mêmes relarel ations sont en grande partie arbitraires . 65
– Arbitraire du signifiant dans sa relation au signifié: signifié: autant de langues, autant de signifiants différents pour un même signifié – signifié – l’arbitraire du signe est ici évident, et massif, n’étant que faiblement limité par l’existence de la motivation « phonétique « phonétique » (cas des onomatopées, qui sont du reste rares dans toutes les langues, et mâtinées de convention) et de la motivation « morphologique » (cas beaucoup mieux représenté, mais où la motivation est interne au système de la langue, reposant sur l’existence de morphèmes eux-mêmes eux -mêmes arbitraires). – Arbitraire du signifié dans sa relation à l’univers référentiel: référentiel: une conception naïve des rapports entre langues et réalité r éalité voudrait que celle-ci se présente à celles-là comme préalablement découpée en classes d’objets, chaque langue n’ayant plus qu’à coller des étiquettes signisign ifiantes particulières sur des signifiés en attente. Une telle conception implique que les langues disposent toutes du même stock de signifiés – signifiés – or il n’en est rien: ce sont d’une langue à l’autre non seulement les sis ignifiant qui diffèrent, mais aussi les signifié, dans une proportion moindre il est vrai. On dit que les langues ne sont pas « isomorphes » sémantiquement, sémantiquement, chacune découpant à sa manière l’univers référentiel, et le catégorisant catégorisant de façon partiellement arbitraire, ainsi que l’illustre l’exemple souvent souvent allégué des noms de couleur (mais on pourrait en mentionner bien d’autres). Arbitraire partiel pa rtiel toutefois: si le français dispose du seul mot « mouton » là où l’anglais oppose « sheep « sheep » (animal sur pied) à « mutton » (viande de boucherie), on peut difficilement concevoir une langue qui use du même signifiant pour désigner l’animall’animal mouton, et la viande de bœuf... D’autre part, il va de soi que, si les EsE squimaux (pour prendre un autre exemple connu) possèdent plus de cent mots pour désigner la neige, c’est à cause de l’importance extrême que revêt cet élément dans leur environnement physique et socioéconomique. On le voit, certaines différences de structuration lexicale d’une langue à l’autre sont bien motivées, quand d’autres s’expliquent beaucoup plus difficilement (ainsi, « river » anglais valant pour le couple français « fleuve »/« rivière »). L’organisation sémantique des langues est en partie arbitraire, tout comme l’est leur organisation phonologique, mais elle est aussi, à la différence de celle-ci, en partie motivée. Les motivée. Les débats sont d’ailleurs encore vifs aujourd’hui entre partisans et adveradv ersaires de ce que l’on appelle « l’hypothèse Sapir-Whorf Sapir-Whorf » (du nom des deux linguistes américains Edward Sapir et Benjamin Lee Whorf), affirmant que, loin de refléter et d’enregistrer passivement une organisation préalable de l’univers, les langues sont au a u moins en partie responsables, 66
par leurs découpages lexicaux, de cette organisation, imposant corrélativement à leurs utilisateurs une certaine « vision du monde ». Quoi qu’il en soit de l’issue de ce débat, il a le mérite de mettre en évidence le fait que que les langues construisent le monde en même temps qu’elles le décrivent; et que les signifiés ne sauraient être décrits indépendamment du système dont ils font partie, telles les mailles de cet immense filet que chaque langue projette sur le monde. Un lexique, nous dit Saussure, n’est pas une nomenclature, mais une structure; le sens d’un mot est une valeur différentielle, entièrement déterminée par la place que ce mot occupe occupe au sein d’un réseau de relations mutuelles. Voilà pour le principe, tel que l’énoncent l’énon cent Saussure et, plus tard, Louis Hjelmslev (« Pour une sémantique structurale », 1957). Envisageons maintenant le modèle qui se charge de son application.
2.3.2.2. L’analyse « componentielle « componentielle » Dans sa version américaine, l’analyse « componentielle « componentielle » ou « sémique » fut proposée d’abord par des anthropologues cherchant à déd écrire et à comparer dans différentes langues le vocabulaire de la parenté, puis reprise par des linguistes comme Lamb, Nida, Weinreich, ou Katz et Fodor; dans sa version européenne, l’analyse l ’analyse « sémique « sémique » est d’emblée préconisée préconisée et pratiquée par des linguistes (Pottier, Greimas, Coseriu, Prieto, Mounin). Mais son objectif est toujours le même: il s’agit de rendre compte de l’organisation structurale des contenus lexicaux. lexicaux. Or, si l’on veut veut faire une description structurale du lexique (envisagé du point de vue du contenu), il faut comparer (du point de vue du contenu) ses éléments constitutifs; et si l’on veut comparer les différents signifiés lexicaux, il faut dégager entre eux des relations d’identité et de diff érence, c’est-à-dire c’est-à-dire des traits communs et des traits spécifiques; il faut donc décomposer chaque signifié en éléments plus petits. Toute structuration implique une comparaison, et toute comparaison implique une décomposition: l’analyse l’analyse componentielle consiste donc dans la « factorisation » de chaque signifié lexical en « parties de sens », que l’on appelle selon les terminologies « sèmes « sèmes » ou « components », « traits » ou « marqueurs sémantiques ». La ». La méthode est, on le voit, directement inspirée de la phonologie structurale: dans les deux cas, il s’agit de décrire un ensemble d’éléments (pho(ph onèmes/signifiés lexicaux) en lui associant un ensemble de valeurs (traits 67
distinctifs d’expression/de contenu) dégagées par comparaison et rer egroupées en axes (phonologiques/sémantiques) subsumant un certain nombre (deux ou plus, selon que l’axe est ou non binaire) de valeurs incompatibles. Mais l’application du modèle structural à la description des contenus lexicaux pose un certain nombre de problèmes problèmes qu’ignore la phonolophonologie. Un problème d’ordre quantitatif d’abord: il n’y a aucune commune mem esure entre le nombre des phonèmes d’une langue donnée et le nombre de ses lexèmes (unités significatives minimales). Faute de pouvoir comparer deux à deux tous les contenus lexicaux, le sémanticien doit donc commencer par découper dans la masse du lexique certains sousensembles relativement homogènes que l’on appelle « champs « champs sémantiques », ou « lexicaux » (par exemple, celui des noms de sièges, de véhicules ou d’habitations; celui des adjectifs dimensionnels, ou des verbes de parole...). L’organisation de ces sous-ensembles sous -ensembles ne se présente pas exactement, exactement, malheureusement, comme l’envisageait dans les années 1930 le linguiste allemand J. Trier: le lexique n’est pas n’est pas en tous points assimilable à une « mosaïque »; les champs sémantiques sont inclus et imbriqués les uns dans les autres, et leur découpage implique toujours un certain arbitraire arbitraire de la part de l’analyste. Cette opération constitue toutefois un préalable préalabl e indispensable à l’analyse sémique. Par ailleurs, l’existence généralisée du phénomène de polysémie (pl usieurs sens, liés entre eux, pour un même signifiant) oblige à considérer le signifié global d’un mot comme un ensemble de sémèmes , sémèmes , ou de sens différents, correspondant aux « divisions » de l’article de dictiondictio nnaire; par exemple, le signifié de « canard », ce sera l’ensemble des sés émèmes /oiseau palmipède/, /morceau de sucre trempé dans une lil iqueur/, /fausse note/, /fausse nouvelle/, /journal de peu de valeur/, et /journal/. Or ces différents sens ne s’inscrivent pas tous dans le même champ sémantique: ils devront donc être analysés séparément, dans leur champ respectif. Pour pouvoir mener à bien l’analyse componencompone ntielle, il faut commencer par découper un champ lexical manipulable et, pour les unités unités retenues, par éliminer les sens qu’elles possèdent éventuellement en plus de celui qui relève du champ considéré. Une fois ces deux opérations accomplies, on peut procéder à l’analyse elle-même, que nous illustrerons rapidement en nous inspirant librement de la célèbre analyse du champ sémantique des « sièges », proposée par Bernard Pottier en 1963, et qui eut en quelque sorte pour l’analyse sémique sémique valeur de manifeste: 68
– Tous – Tous les termes qui composent ce champ doivent avoir un noyau sémique commun (correspondant au sens de l’hypéronyme « siège « siège »): ce sera quelque chose comme l’ensemble des traits: *objet matériel+, *fonctionnel+, *pour s’asseoir+. – Si l’on ne retient que les quatre items « banc « banc », « fauteuil », « chaise » et « tabouret », on sera amené en les comparant deux à deux à dégager les sèmes suivants (regroupés en axes): [collectif] vs [individuel], axe opposant « banc » aux autres items; [avec accoudoir] vs [sans accoudoirs], axe opposant « fauteuil » à « chaise »; et [avec dossier] vs [sans dossier], axe opposant « chaise » à « tabouret ». Au terme de cette analyse comparative, le contenu d’un mot tel que « chaise » apparaîtra comme étant, et n’étant que (en plus du noyau sémique), sémique), l’ensemble des traits qui l’opposent aux autres éléments du champ, à savoir: [individuel], [sans accoudoirs], a ccoudoirs], [avec dossier]. Telle est l’« équation l’« équation sémique » qui définit le sens structural du mot « chaise », l’organisation globale du champ pouvant être représentée par un tat ableau à double entrée mettant en évidence la constitution en traits de chaque item, en même temps qu’il formalise leurs relations r elations mutuelles. Notons enfin que ce modèle permet de calculer cal culer la « distance sémantique » qui existe entre deux unités lexicales, et de préciser le statut de certaines relations sémantiques spécifiques – spécifiques – synonymie, synonymie, contraste, antonymie, domination, etc. Cette dernière relation (avec ses deux variantes: hyponymie et hypéronymie – hypéronymie – « « chaise » étant l’hyponyme de « siège », lui-même hypéronyme de « chaise ») met en évidence le fait suivant: c’est que, à la différence des systèmes phonologiques, les sy stèmes lexicaux sont partiellement hiérarchisés , et l’on peut être tenté de représenter leur structure formelle sous la forme for me d’un schéma arboarb orescent. Mais ils ne le sont que partiellement: si certaines dimensions sémiques sont effectivement subordonnées les unes aux autres (ainsi l’axe *avec/sans dosssier+ est-il est -il subordonné au trait [(objet) pour s’asseoir+), il arrive en revanche bien souvent que souvent que les axes dégagés soient en relation de « classification croisée ». Et l’un des problèmes majeurs que pose au sémanticien la description des structurations lexicales réside dans le fait qu’elles tiennent à la fois des systèmes « diacritiques » (non hiérarchiques) et des systèmes « taxinomiques » (hiérarchiques).
2.3.3. 69
Le vocabulaire du français 2.3.3.1. Le latin dans le lexique du français. a) Les très nombreux mots français d’origine latine peuvent être réparrépa rtis en deux groupes. groupes. Les uns ont eu une vie continue depuis l’introduction du latin sur le territoire. Ce sont fréquemment des mots courants, qui font partie du fond usuel de la langue; ainsi, pour les initiales AB- à AD- du lexique latin, on trouve dans le lexique francais les mots suivants: avant (abante), avancer (*abantiare), abattre (*aabbatere), abréger (abbreviere), avorter (abortare), acheter (*accaptare ou accapitare), accorder (accordare), aiguille (acucula), ( adbiberare), abreuver ( adbiberare), aissance (adjacentia), aider (adjutare), arrière (*ard retro), arriver (adripare), assez (*adsatisd), aventure (adventura). (adventura). Seuls, dans cette liste, abréger, avorter, abreuver et et aisance ne aisance ne prennent pas place dans les listes de mots du « français fondamental » b) Les autres ont été empruntés au latin à des époques diverses; ce mouvement de relatinisation du vocabulaire, amorcé dès la renaissance carolingienne, carolingienne, s’est poursuivi jusqu’au XXè siècle, plus ou moins moi ns rapide suivant les époques. Les mots ainsi empruntés au latin appartiennent principalement à certains vocabulaires techniques: termes propres à la vie de l’Église, à la philosophie, aux sciences, etc. Mais beaucoup d’entre eux se sont répandus dans l’usage courant: cour ant: Fréquemment aussi, des mots héréditaires ont été éliminés au profit d’un emprunt: adorer s’est adorer s’est substitué à aurer , avare à avare à aver , etc. Certains mots latins ont subi les deux traitements qui viennent d‘être décrits: décrits: aussi sont-ils présents en français sous deux formes et, le plus souvent, avec deux sens différents. Citons, par exemple: frêle exemple: frêle /fragile (fragilem), grêle / gracile (gracilem), mâcher / mastiquer (masticare) naïf / natif (nativum), nager / nafiguer (navigare), poison (potion (potionem), rançon / rédemption (redemptionen). 2.3.3.2. Les emprunts Lorsque deux langues sont en contact, même par intermédiaire de milieux sociaux limités, elle s’empruntent réciproquement des mots plus 70
ou moins nombreux. Parmi les innombrables emprunts qui ont laissé leur trace dans le vocabulaire d’aujourd’hui, on notera à titre d’exemples, et sans prétendre à l’exhaustivité: a) Quelques éléments gaulois. gaulois. Les uns ont été, à date ancienne, empruntés au Galois par le latin, et se retrouvent dans les autres langues l angues romanes: braie, saie, char, lieue, savon… Les autres n’ont subsisté qu’en Gaule (et, parfois, en Italie du Nord): benne, charrue, chêne, claie, dartre, grève, jante, lande, marne, ruche, vautre, etc . On remarquera l’abondance des termes de la vie rurale et de la technique de la voiture. b) Des mots d’origine germanique. germanique. Après s’être infiltrés infiltrés en Gaule par le canal des soldats auxiliaires des armées romaines, ils s’introduisirent brutalement, à la faveur des invasions. On reconnaît facilement plusieurs groupes sémantiques particulièrement caractéristiques: - des mots du vocabulaire militaire: bannière, brandir, éperon, épier, épieu, étrier, fourbir, fourreau, garde, gonfanon, guerre, guetter… - des mots relatifs aux institutions sociales: bannir, bedeau, gagner, honnir, … - des mos de la technique de l’agriculture et de la vie rurale: cresson, freux, gazon, gerbe, grappe, groseille, gruau, gruau, haie, hallier, hameau, hameau, jardin, roseau - des adjectifs de couleur: blanc, bleu, brun, fauve, gris… - Les dialectes germaniques ont aussi fourni au français les adverbes de quantité guère et guère et trop, trop, et les suffixes – suffixes –ard ard et et -aud -aud (richard (richard , noiraud ). ). Mais les emprunts fait aux autres langues sont très nombreux aussi: De l’anglais, l’anglais, les mots de la vie politique et économique (budget, ( budget, chèque, comité, importer, meeting), meeting ), du sport (boxe, (boxe, catch, football, golf, tennis avec tennis avec le lexique interne à ces sports), et le vocabulaire de techniques industrielles (macadam, (macadam, rail, wagon, jumbo, tramping), tramping ), de techniques agricoles (corn-picker, (corn-picker, pick up baler ), ), de l’habillement (carrick, ( carrick, châle, franelle, macfarlane, redingote, pull-over, short, slip ) ou de photographie ou cinéma ( film, ( film, flash, script-girl, script-girl, star, travelling…). travelling… ). De l’allemand: l’allemand: bière, cible, coche (voiture), coche (voiture), halte, képi, sabre, vampire, vasistas, zigzag…
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Les mots de l’Italien appartiennent l’Italien appartiennent surtout aux vocabulaires de la musique (allégro, (allégro, andante, arpege, cantate…), cantate… ), de l’architecture (anti(antichambre, appartement, arcade, balcon, balustrade, corniche… ) de la vie militaire (bastion, (bastion, bataillon, caporal, colonel, embuscade, escadre, escadron). dron). De l’espagnol, l’espagnol, adjudant, bandoulière, camarade, castagnette, cédille, duègne, cadère… et aussi par l’intermédiaire de l’espagnol le français a reçu des mots arabes comme alcade, alcôve, alfange, algarade, mosquée… ou quée… ou importé a des langues l angues américaines: cacao De l’arabe, l’arabe, alambic, alcali, alchimie, algèbre, azimut , et aussi des mots argotiques: bézef, bled, clébard, maboul, sidi, toubib. Il y a aussi des mots empruntés d’autres langues comme le néerlandais, néerlandais, le russe, russe, le basque, basque, le breton, breton, etc.
2.4. Les compétences morphologiques et syntaxiques La description grammaticale de nombreuses langues est divisée en deux sections complémentaires: morphologie et syntaxe. syntaxe . Le rapport entre elles, généralement énoncé, est comme suit: la morphologie explique la structure interne des mots, et la syntaxe explique comment les mots sont combinés pour former des expressions, des modalités et des phrases. 2.4.1. La morphologie Au sens étroit, la morphologie est la partie de la grammaire qui s’occupe de la formation des mots par adjonction d’affixes à des thèmes. thèmes. En ce sens, morphologie s’oppose essentiellement à syntaxe, ce dernier champ étant l’étude des rapports entre les éléments de la phrase. Ainsi, l’étude des cas en latin se prête aux deux points de vue: l’un, descriptif, celui des paradigmes des différentes diffé rentes déclinaisons, est l’aspect morphologique; l’autre, syntaxique, qui met en lumière les difdi fférents emplois positionnels des formes voulues par les fonctions. 72
En linguistique, l’étude des unités de première articulation (tout ce qui ne concerne pas le matériau sonore) rend parfois caduques les subdivisions entre morphologie, lexique et syntaxe. Si l’on admet, en effet, que le morphème est la plus petite unité douée de sens et que, d’autre part, son identification n’est possible que dans le contexte où elle e lle apparaît, on se rendra compte de l’intrication l’i ntrication où se trouvent les domaines énuén umérés ci-dessus. Soit, par exemple, le mot «bonté»: il est obtenu par dérivation à partir de l’adjectif bon avec l’adjonction du suffixe té. té. Il peut être commode de poser une procédure générale qui permette de passer de la catégorie adjectivale à la catégorie nominale par adjonction de suffixes ayant le même effet sémantique: mais ce qui autorise autori se à dire que « platitude» platitude» est à « plat » dans le même rapport que «bonté «bonté» »à «bon», bon», c’est c’est que les schémas syntaxiques se répètent de «ce développement est plat / la platitude de ce développement» à «ce vieillard est bon / la bonté de ce vieillard»; il faudra rendre compte de la nature d’un morphème au moyen de procédures uniformes tendant à donner pour chacun d’eux un contenu lexical, ici i ci «le fait d’être adjectif.»
2.4.2. La syntaxe Traditionnellement, les grammairiens occidentaux envisagent l’étude de toute langue sous trois grands aspects: aspects : sémantique (ou sémantique (ou lexical), morphologique (formation morphologique (formation des mots et variations de leur forme), syntaxique (rapport taxique (rapport entre les mots). Dans ce cadre, la syntaxe est essentiellement conçue comme l’étude de la combinaison des mots dans la phrase, la « construction des mots ensemble » (Port-Royal). On y traite de l’ordre des mots, de leur accord, en nombre et en genre, du régime qu’ils exercent les uns sur les autres, soit au moyen des cas comme en latin, soit au moyen de préposition (à, de). La syntaxe étudie aussi la construction des propositions et les rapports qu’elles entretiennent (subordination, coordination). La syntaxe peut être historique (étude historique (étude des langues mortes ou des états antérieurs des langues vivantes), comparée (entre comparée (entre deux langues vivantes) ou normative (elle normative (elle définit le bon usage, la correction grammaticale). À cette tripartition de l’étude des langues l’essor de la linguistique moderne a opposé de nombreuses critiques et a, par conséquent, proposé d’autres définitions de la syntaxe. 73
Ainsi, pour A. Martinet ( Martinet (Éléments Éléments de linguistique générale , générale , 1960; La Linguistique synchronique , synchronique , 1965), la notion de choix dont dispose tout sujet parlant amène à distinguer une double articulation dans le langage. gage. La première articulation permet au locuteur de communiquer un message en choisissant et en combinant diverses unités douées de sens: les monèmes. Ces unités elles-mêmes ont une forme vocale et ne sauraient être analysées en unités plus petites douées de sens, mais peuvent l’être en unités permettant de distinguer les monèmes entre eux. Ces unités qui constituent la deuxième articulation du langage sont des phonèmes . Ainsi le locuteur choisit le phonème [t] pour distinguer le monème « tête » du monème « bête ». Dans ce cadre, la syntaxe se consacre à la première articulation, fait la liste des monèmes et les classe selon les fonctions qu’ils peuvent remplir dans la phrase. Cette syntaxe est dite « fonctionnelle » dans la mesure où, comme pour nombre de grammairiens classiques (Beauzée, par exemple), la notion de fonction en constitue la base. Une telle syntaxe est complétée par une étude phonologique qui s’attache à la deuxième articulation, établit la liste des phonèmes et en indique i ndique les traits pertinents. Pour Chomsky et Chomsky et ses disciples, cette théorie, comme toutes celles qui l’ont précédée, est très insuffisante insuffis ante et ne rend que partiellement compte des faits linguistiques. Selon Chomsky, la grammaire d’une langue, c’est-à-dire c’est-à-dire la totalité de sa description, doit associer une interprétation sémantique à des signaux sonores. Toute sonores. Toute phrase doit pouvoir être représentée représentée dans les termes d’une théorie phonétique universelle et d’une théorie sémantique universelle. Mais, si de grands progrès ont été faits dans la l a constitution d’une phonétique universelle, il n’en va pas de même pour la sémantique. En outre, le rapport entre ces deux représentations, qui constitue l’objet propre de la grammaire, est très indirect et nécessite un appareil théorique plus puissant et raffiné que les modèles structuraux. structu raux. D’où la place centrale accordée ici à la syntaxe. La syntaxe est la partie générative de la grammaire en ce qu’elle engendre, selon des mécanismes purement formels, toutes les suites de morphèmes considérées comme grammaticales (cette notion n’est pas normative, mais repose sur l’intuition d’une communauté linli nguistique qui reconnaît tel énoncé comme recevable ou non), et uniquement ces suites. La syntaxe peut être conçue comme un mécanisme fini engendrant un nombre infini de phrases grammaticales, cela grâce aux processus récursifs qu’elle comprend.
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Aide mémoire 1. La compétence communicative 1.1. Le discours dans la situation de communication: pas de discours sans situation de communication. 1.2. La communication comme transmission d’une information: destinateur vers destinataire. 1.3. La communication comme compréhension et expérimentations d’une situation Le destinataire n’est pas un simple récepteur. Il participe partici pe à la comprécompr éhension du message. La langue n’est pas un code neutre placé entre les interlocuteurs. 1.4. Les connaissances communes préalables. Toute communication s’appuie sur des connaissances communes qui ne sont pas précipréc isées: elles vont de soi. Les connaissances communes préalables concerconcer nent aussi l’usage qu’on peut faire de la langue. 1.5. Le dialogue et la lecture: La lecture est aussi un dialogue: un dialogue avec un texte.
2. Analyse de ses composants. 2.1. Les principes de la communication linguistique: la théorie de l’information. - Transfert d’information entre émetteur et récepteur joints par un c anal grâce à des messages . - Codage et décodage. Le code. Le canal. - Bruit: ensemble des facteurs qui peuvent perturber une communication.. - Théorie de l’information: émission - transfert et réception des messages. Se propose de minimiser le coût de ces opérations. - Moins une unité est attendue, attendu e, plus elle apporte d’information. - Le bruit représente une perte d’information. - Un signe est redondant lorsqu’il n’apporte pas d’information. AugAu gmente le coût des messages. Il semble s’opposer au principe de moindre effort. 75
2.2. Les compétences articulatoires: la phonétique ou l’étude des sons du langage - Composante phonique du langage. 2.2.1. Genèse des sons: l’appareil respiratoire, le larynx, cavités cavités supra-laryngées. 2.2.2. Unités fonctionnelles de l’expression: Le phonéticien n’exerce pas ses diverses d iverses activités sur des unités qui lui seraient fournies par une observation directe de la substance sonore, mais sur des formes linguistiques qui découpent préalablement cette substance. 2.2.3. Principales applications: favorise l’acquisition d’une propr ononciation correcte. L’orthophonie vise à la rééducation des troubles de la communication verbale. 2.3. Les compétences du vocabulaire: la lexicologie et la sémantique. La lexicologie est l’étude scientifique du vocabulaire considéré sous le double aspect aspect du signifiant et du signifié. La sémantique est l’étude scientifique du signifié.
2.3.1. Le champ lexicologique:Il lexicologique:Il s’agit de définir correctecorrectement les concepts sous lesquels seront rangés les objets du monde. 2.3.2. La sémantique: est la discipline ayant pour objet la description du sens des mots, des phrases et des discours produits en langue naturelle. 2.3.2.1. La sémantique structurale: priorité accordée à la perspective synchronique. – Le sens d’un mot n’existe qu’en tant que composante de ce mot, ou signe linguistique. - Le signifié d’un signe s’attache à un signifiant et renvoie à un référent, r éférent, tous deux déterminés, permettant du même coup l’établissement entre eux d’une relation indirecte. - Solidarité du signifiant et signifié. - L’organisation sémantique L’organisation sémantique des langues est en partie arbitraire, mais partie motivée. 2.3.2.2. L’analyse « componentielle « componentielle »: rendre compte de l’organisation structurale des contenus lexicaux. - Toute structuration implique une comparaison, et toute comparaison implique une décomposition: l’analyse componentielle consiste donc dans la « factorisation » de chaque signifié lexical en « parties de sens », que l’on appelle selon les terminologies « sèmes « sèmes » ou « components », « traits » ou « marqueurs sémantiques ». 76
- L’application L’application du modèle structural à la description des contenus lexicaux pose un certain nombre de problèmes qu’ignore la phonologie. - Pour pouvoir mener à bien l’analyse componentielle, il faut commencomme ncer par découper un champ lexical manipulable et, pour les unités retenues, par éliminer les sens qu’elles possèdent éventuellement en plus de celui qui relève du champ considéré. 2.3.3. Le vocabulaire du français: 2.3.3.1. Le latin dans le lexique du français: mots anciens et mots d’autres époques. 2.3.3.2. Les emprunts: gaulois, germanique, anglais, allemand, italien, espagnol, arabe… 2.4. Les compétences morphologiques et syntaxiques 2.4.1. La morphologie: s’occupe de la formation des mots par adjoncadjon ction d’affixes à des thèmes. 2.4.2. La syntaxe: l’étude des rapports des rapports entre les éléments de la phrase. - Les grammairiens occidentaux envisagent l’étude de toute langue sous trois grands aspects: sémantique, morphologique, syntaxique. - La syntaxe est essentiellement conçue comme l’étude de la combina ison des mots dans la phrase, la « construction des mots ensemble » ensemble » - Syntaxe historique, comparée, normative…. - La double articulation de A. Martinet. Martinet . - Chomsky: associer une interprétation sémantique à des signaux sonores. - La syntaxe est la partie générative de d e la grammaire en ce qu’elle ene ngendre, selon des mécanismes purement formels, toutes les suites de morphèmes considérées comme grammaticales.
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4 LA COMMUNICATION ORALE
Sommaire 1. La communication orale 1.1. Les principes 1.2. Les étapes du décodage 1.3. L'écoute compréhensive: 1.2. L’oral et l’écrit. 2. Éléments et normes qui déterminent le discours oral. 2.1. Caractéristiques du langage oral. 2.2. Formes de l’expression orale 2.3. Identification et interprétation des aspects suprasegmentaux dans la compréhension du sens global. 3. Routines et formules habituelles 3.1. La cohérence et la cohésion du texte 3.2. Les liaisons tonales 3.3. Les liaisons lexiques et sémantiques: 4. Stratégies propres à la communication orale 4.1. Stratégies et situations 4.1.1. La conversation 4.1.2. Le dialogue 4.1.3. Le débat, la discussion. 4.1.4. L’exposé L’exposé suivi de questions 80
4.1.5. L’entretien 4.1.6. L’interview 4.1.7. L’interrogation orale 4.1.8. L’exposé oral 4.2. Stratégies et expressivité du corps. Introduction Le langage oral occupe presque toute l’histoire de l’homme sur la terre; l’écrit n’est qu’un reflet relativement moderne (bien qu’il existe depuis des milliers d’années), dont seulement quelques langues disposent. L’écriture contribue à la stabilité des langues et langues et permet la diffusion de la culture. Mais la langue orale possède une force vive dans vive dans son usage de tous les jours, de telle sorte qu’on peut parler d’un langage quotidien qui est fondé sur des principes parfaitement organisés et ordonnés, et il y a aussi un langage écrit qui correspond à différents besoins: langage administratif, langage commercial, langage scientifique... La langue orale est communication d'informations, de volontés, de goûts, de sentiments, d'intérêts et d'idées, et fondement préalable de toute société. Les études grammaticales, conscientes de l’importance du te xte écrit, illustrent la théorie grammaticale par des exemples d’écrivains clascla ssiques, alors qu’elles oublient comment on parle « dans la rue », avec de constants changements d’expressions. Une grande distance s’est établie entre le langage oral et le langage écrit, ce qui est habituel dans les langues. La langue orale avance tellement vite que souvent les règles r ègles d’orthographe s’éloignent de la phonétique, et dans certaines langues comme l’anglais et le français les différences sont très accentuées. Elle a tellement évolué en Chine, par exemple, que l’on compte aujourd’hui environ 70 variétés de langues parlées, alors que la langue écrite se maintient stable grâce à une tradition millénaire mill énaire et elle est un véhicule de communication commune malgré la complexité de son écriture.
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1. La communication orale 1.1. Les principes L’homme est une être social: il a besoin de communiquer, voire simsi mplement de s’exprimer. Mais l’expression des individus n’aboutit pas systématiquement à la communication. Pour Po ur qu’il y ait communication entre deux ou plusieurs personnes, certaines conditions doivent être remplies. Il est nécessaire de faire d’abord la différence entre ces deux termes: expression et communication. S’exprimer, S’exprimer, c’est utiliser consciemment utiliser consciemment ou non un élément de sa personne, sonne, directement, avec sa voix, son corps, sa peau... ou, indirectement, à l’aide d’un support intermédiaire (disque, photo, etc.), pour signifier quelque chose. Si je dis à Jacques: Veux-tu Veux-tu fermer la porte, j’ai froid , je lui signifie que mon corps a froid; mon intention explicite est de l’informer que la temte mpérature est basse et que j’y suis sensible. Si je frissonne, mon corps exprime, exprime, lui aussi, qu’il a froid. Je pourrais encore chercher du regard un vêtement pour me couvrir, me protéger: ce serait un autre signe (indicateur) puisqu’il renseigne sur ce que je cherche à exprimer. L’hypothèse aurait pu être simplement que j’ai la chaire de poule et qu’inconsciemment j’exprime la sensation de froid. Dans les deux cas, Jacques a compris et il ferme la porte. Il a interprété ce que je signifie et il réagit: il est entré en communication avec moi. Peindre, écrire, jouer de la musique,... constituent aussi des formes d’expression. Mais il y a entre celui qui s’exprime et l’autre un support suppo rt intermédiaire. Une sensation, une émotion, une connaissance, etc., sont exprimées; le lecteur, l’auditeur, le spectateur (immédiatement ou en différé) vont sentir, comprendre quelque chose, peut-être la même chose que le créateur. Cependant, pour que l’autre l’ autre perçoive un indicateur, encore faut-il faut- il qu’il soit attentif, disponible. Il faut être présent pour que celui qui s’exprime devienne présent, qu’il existe... 82
C’est seulement quand l’autre a perçu ce que je souhaitais qu’il perpe rçoive ou ce que j’ai inconsciemment indiqué et qu’il tient compte de mon information qu’il y a communication. communication. La communication suppose qu’il y ait compréhension entre celui qui s’exprime et celui qui reçoit l’information. Celui-ci Celui-ci manifeste, par un changement d’attitude, que le message est bien passé. Si le récepteur utilise, pour reformuler le message, la même formulation que celle de l’émetteur, cela ne signifie pas forcément qu’il ait bien compris: il peut s’agir d’une simple mémorisation. Ainsi, les élèves d’une classe montrent montrent bien qu’ils sont capables de répéter r épéter textuellement ce que le professeur vient de dire, cela ne signifie pas pour autant qu’ils aient compris ou même écouté. Comprendre n’est pas systématiquement être en accord: la communic ation peut passer entre des adversaires qui vont négocier. La communication peut s’illustrer par un schéma:
schéma du guide d’expression orale
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E est l’émetteur l’émetteur : il émet une attitude, un mot, une phrase, un geste, etc. Il s’exprime par un message, message, qui est une addition de signes organisés ou inorganisés, normalisés ou non, en direction d’un récepteur R récepteur R, qui reçoit donc le message. Le récepteur déchiffre le message et se l’approprie. R réagit en fonction de cette appropriation et lui-même lui- même s’exprime par une nouvelle expression: le retour ( ( feed-back feed-back ). ). Il est possible que la façon de répondre de R laisse supposer à E que R n’a pas tout à fait compris le message; alors E tente de rectifier. Le retour témoigne, en infirmant ou en confirmant, confir mant, la compréhension de R. Lorsqu’il Lorsqu’il y a changement chez chez R, puis chez E, le schéma est bouclé: la communication existe puisqu’il y a eu interaction entre interaction entre E et R.
1.2. Les étapes du décodage On sait peu du processus auditif. On sait ce qui devrait être perçu et ce qui est perçu et compris, mais on ne sait ce qui se passe dans le cerveau et l'esprit. Il semblerait que le message passe à travers une série de filtres; qu'on garde dans la mémoire immédiate ce qu'il faut pour pouvoir prévoir ce qui va suivre. De plus, nous avons la capacité d'interpréter le message bien au-delà du sens superficiel. La signification du discours se voit modifiée par certaines données externes: qui parle, où, quand, comment. C'est en tenant compte de tout cela qu'on déduit le sens. Donc, dans l'apprentissage de la saisie d'un sens global, il ne faut pas oublier qu'outre les aspects linguistiques, il existe des aspects contextuels et paralinguistiques fondamentaux, dont la prise de conscience peut faciliter la compréhension de la langue en elle-même. On voit que que le rôle d’auditeur est plus actif qu’il ne le paraît de prime abord et qu’il faut faire attention aux étapes du décodage, décodage, puisqu’elles requièrent des habilités secondes: - L’identification: L'auditeur perçoit les sons et les mots qu'il connaît préalablement: fondamentalement, il reconnaît, plutôt qu'il ne découvre (autrement dit, 84
on entend plus avec la tête qu'avec les oreilles) et c'est en écoutant une langue étrangère qu'on en prend le plus conscience: les mots reconnus émergent du discours entendu.. - La sélection: On n'écoute pas indistinctement, mais on sélectionne sons ou mots qui servent notre dessein d'écoute et construisent notre hypothèse de sens. - La mémoire à court terme: On retient une information nécessaire pour comprendre le discours présent et le discours immédiatement à venir. Cette information nous sert à interpréter ce que nous entendons, ou ce que nous savons déjà, et nous aide à interpréter ce qui va venir. - L'inférence: Nous pouvons induire ou déduire une information qui n'est pas dite (implicite); des informations sur ceux qui parlent et leur contexte (origines, intentions, intérêts).
1.3. L'écoute compréhensive: Pour développer l’écoute compréhensive, il faut prendre conscience des obstacles matériels et référentiels, et des capacités à fomenter. La capacité de bien parler est unie au développement d'une écoute efficace et de l'art de la communication orale dépend une écoute plus ou moins active. Mais bien écouter est une tâche complexe qui requiert, outre des compétences linguistiques, certaines conditions matérielles, physiques et psychologiques, et une connaissance des référents culturels et exige donc qu’on fixe quelques principes. Il existe bien des obstacles à une bonne audition qui rendent impossible une bonne écoute: a) Il y a d'abord les conditions acoustiques souvent acoustiques souvent déficientes dans presque toutes les circonstances: il y a une attitude physique de l'écoute attentive. b) Il y a la place de la personne qui parle, parle, qui compte: suivant qu'elle est proche ou non, qu'on peut voir son visage et surtout sa bouche 85
( car on n'entend pas seulement avec les oreilles mais on lit aussi sur la bouche ...) C'est pourquoi l'audition de bandes enregistrées présente la difficulté d'offrir des voix désincarnées, quand la gestuelle et les regards sont si importants. c) Il y a, enfin, le manque de motivation motivation et d'effort: d'effort: ceux qui ne sont pas habitués à l'écoute consciemment active et attentive, interrompent et dérangent... Mais il existe aussi un obstacle référentiel, culturel: l'ignorance de l'autre culture et des référents que manie celui qui pratique cette langue, "étrangère" pour les auditeurs. Et d’autre part, dans une écoute attentive, il y a différents niveaux: une première discrimination des sons, auxquels on associe petit à petit un signifié, jusqu’à une écoute sélective et active. Donc, en vue d’une écoute attentive, on se fixera quelques objectifs: a) Aider à reconnaître et surmonter les obstacles qui rendent l’écoute difficile. b) Créer des attitudes de respect et tolérance vis à vis de celui qui parle. c) Développer l’écoute compréhensive dans l’audition de différents types de messages. Les capacités à développer, dans la captation du sens global, les attitudes intellectuelles “actives” fondamentales dans l’éc oute sont: a) Reconnaître le thème de la communication, b) Prédire le Prédire le thème. Il y a donc une préparation à l'écoute: 1. Familiariser l’ouïe D'abord, il faut s’exposer à la langue naturelle pour familiariser l'oreille et faire remarquer les sons étrangers à la langue maternelle. (Les séquences cinématographiques, les chansons, la radio même, les bandes enregistrées, les interventions de naturels du pays, et le discours du professeur). Si l'on utilise des textes supports, ce seront plutôt des textes authentiques. 2. Typologie et structures pour la perception du sens global 86
Il faut entraîner à l’identification et à la sélection des aspects importants du discours ( quel type de discours, comment est-il structuré?) les préparer ainsi à des situations qu'ils ne comprendront pas intégralement. Il est plus fécond de partir d'une hypothèse de sens global que du mot à mot qui peut créer des blocages. S'il s'agit d'un texte lu oralement, pour en tirer une information, il faut qu'il remplisse correctement ce dessein; il doit être court et en rapport avec le concret. On peut aussi choisir de fournir quelques mots de vocabulaire jugés indispensables et qui peuvent, dans la mesure où ils recouvrent un champ lexical, donner des clefs pour le sens global. Une première lecture expressive doit permettre de demander ce qui est compris et qui sera mis en commun. Les questions sur le sujet, sur l’objet, sur les circonstances, permettent de vérifier l’hypothèse. 3. Entraîner à la “prédiction” Puis, l'effort le plus important que peut faire l'auditeur, c'est de pré de prédir diree ce qui est probable que le locuteur dise. Cette habitude de construire des hypothèses fomente la concentration de l'écoute et la compréhension globale. Aussi, avant la confrontation avec la langue orale, il vaut mieux avoir des pistes sur le type de discours et ses caractéristiques, connaître le thème abordé pour faciliter la mise en commun des connaissances préalables. Dans l’apprentissage d’une langue, il faut renoncer à la notion de réponse juste juste ou ou correct correctee et et admet admettre tre toute toute répons réponsee qui qui ait ait du du sens sens afin d'évite d'éviterr les blocages: l’objectif de l’enseignement de la compréhension auditive est de créer un comportement réceptif et actif, plutôt que d’exiger des réponses justes et correctes.
1.2. L’oral et l’écrit. l’écrit. De nos jours, chez les spécialistes, on parle de plus en plus de prédominance de l'oral sur l'écrit: l'écrit: c'est que la communication, dans l'ordre naturel des choses est d'abord orale, ensuite écrite. D'ailleurs, dans l'apprentissage du langage, c'est la première expérimentée par l'enfant: d'abord, on parle, ensuite, à l'école, on apprend à écrire. Et enfin, la vie
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moderne, ses urgences, sa technologie, tendent à déplacer l’écrit, dont l'acquisition s'appuierait sur le préalable de l'oral. On prétend donc dans l'enseignement redonner une primauté à l'oral, l’objectif étant de rendre capable de s'exprimer dans la langue étrangère, aussi bien que dans la langue maternelle, dans diverses situations de communication. La première étape commence à l'école. L'expression orale est un objectif aujourd'hui prioritaire, qui a été longtemps négligé. Bien des gens ont étudié jadis une langue à l'école et ne savent pas s'en servir à l'oral. Or, le développement de la mobilité des travailleurs, le développement des communications, communications, l’Europe, la “mondialisation” impliquent le besoin accru des langues étrangères, besoin heureusement servi aujourd’hui par la technique: bandes enregistrées, audition de radio-télévision, cinéma, laboratoires de langues et sites de communication sur Internet. Le but de l 'enseignement de l’oral, c'est l’aisance de l'expression, que l'on puisse s'exprimer sans trop d’hésitations, que le message soit valide, adéquat et compréhensible. On parle donc maintenant de compétence communicative face au terme de compétence linguistique.
2. Éléments et normes qui déterminent le discours oral. Les textes oraux sont oraux sont réalisés au moyen des sons articulés du langage. On considère qu’ils sont la manière la plus naturelle d’expression et, par conséquent, la plus habituelle. L’expression orale est directe et directe et périssable; périssable; bien que parfois elle puisse être enregistrée et conservée, elle dépend des variantes locales et individuelles du langage oral et oral et elle permet d’apporter des éclaircissements aux éclaircissements aux messages communiqués.
2.1. Caractéristiques du langage oral. - Son agressivité. agressivité . Il possède les avantages que lui confèrent les ressources phoniques (intonation, variétés dialectales et locales, etc.) et les gestes. 88
- Son articulation variée, variée, avec de nombreuses interrogations et exclamations. Parfois on emphatise les mots que l’on considère spécialement importants. - L’ordre L’ordre subjectif des des éléments de la phrase et la suppression de certains d’entre eux; de là l’importance des déictiques. - Un vocabulaire, vocabulaire, généralement plus simple et familier – familier –suffixes suffixes augmentatifs et diminutifs qui ajoutent des nuances subjectives et affectives, des phrases toutes faites, des répétitions d’expressions et d’idées. - La présence abondante d’interjections d’interjections,, de vocatifs et d’expressions qui qui servent à introduire le dialogue. - De fréquentes imprécisions lexicales comme lexicales comme conséquence de doutes dans l’expression. Tant l’expression que la compréhension orales exigent: une adéquation de la compétence linguistique de l’émetteur à celle du récept eur, et du texte aux circonstances qui déterminent la situation et le contenu du message; une cohérence dans cohérence dans le développement des concepts exprimés qui confèrent une unité au message; et une cohésion entre cohésion entre les différents éléments de la phrase qui rendent possible la cohérence textuelle et permette des relations logiques dans la structure du texte.
2.2. Formes de l’expression orale On fait normalement une distinction entre expression orale spontanée et spontanée et non spontanée. spontanée. La première reçoit le nom de conversation, conversation, ou deux interlocuteurs ou plus émettent et reçoivent des messages, alternativement, sans ordre établi ni une élaboration préalable des messages. Pensée et acte de parler sont des processus pratiquement simultanés; pour cette raison, on trouve fréquemment:
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- La familiarité entre familiarité entre les interlocuteurs. - La répétition d’idées et l’emploi d’expressions d’ expressions familières. familières. - La thématique ouverte, ouverte, qui permet un changement fréquent des questions traitées. - L’utilisation des pronoms pour pronoms pour leur valeur anaphorique et référentielle de situations sous-entendues. - La recherche de l’expressivité au moyen de l’intonation et de l’appui gestuel. L’expression orale non spontanée, appelée aussi technique, technique, exige une plus grande préparation, un langage plus spécialisé et des mécanismes de réalisation spécifiques.
2.3. Identification et interprétation des aspects suprasegmentaux dans la compréhension du sens global. L'étude de la langue étrangère doit être une étude globale structurée de tous les faits linguistiques. Il serait préférable de ne pas présenter de son ou de structure isolés. Tout devrait être intégré dans une structure globale, en situation. Ce principe implique qu’on respecte la prosodie, le schéma mélodique, les accents d'intensité, les pauses, la quantité des syllabes, le rythme et l'intonation: L'intonation est L'intonation est liée essentiellement à la variation de hauteur du ton laryngé. Elle dépend du système respiratoire qui détermine le groupe normal de souffle et le contour mélodique caractéristique. La relation entre les facteurs prosodiques et les aspects affectifs de la communication est étroite. Par exemple, la colère modifie la hauteur moyenne de l’intonation, accélère le tempo, multiplie et allonge les groupes de souffle, modifiant le rythme et l’ampleur de la respiration. respi ration. Donc, nous pouvons dire que l'intonation informe du sens global. Aussi, l'expression "affective", sentie, doit occuper une place privilégiée dans le cours de langue. (Elle doit aussi être imitée par l'élève: elle peut en effet délivrer du blocage causé par exemple par la peur d'une mauvaise prononciation, et elle aidera à donner et trouver le ton juste et la bonne prononciation justement, en sensibilisant l’ élève aux aspects suprasegmentaux du langage.) 90
Le rythme conditionne rythme conditionne la structuration temporelle sans laquelle il n'y a pas de maîtrise de la communication orale. Il consiste en l’organisation dans le temps des pauses et divers accents. Il ne saurait être séparé de l'intonation, puisqu'il informe (clarté du message). Enfin, le maître doit obtenir obtenir de l'élève l’imitation des éléments prosodiques qui contribuent au sens global, et donc autant à la compréhension qu'à la communication ultérieure. Quant au point de vue phonétique, on peut dire que les éléments prosodiques sont en quelque sorte la forme globale dans laquelle s'intègrent les phonèmes. Une correction fondée sur l'intonation et le rythme, favorise l' audition en situation réelle de chacun des phonèmes: l’audition est intimement liée à la saisie du sens. L'élève qui concentre son esprit sur les l es facteurs prosodiques ne fixe pas son attention sur les sons difficiles et donc ne s'y bloquera pas.( De là l'intérêt dans la didactique des langues d'utiliser les poèmes, les chansons et surtout les comptines, où le maître exige une imitation fidèle du schéma mélodique et rythmique. Il chantonne les phrases modèles et doit faire sentir le rythme - sans parler des avantages mnémotechniques... Tout ceci nous amène à la prise de parole...) Enfin, la gestuelle, la mise en scène, la dramatisation du discours ou texte oralisé favorisent non seulement la compréhension et la concentration motivée, mais encore l’imitation postérieure...Il s’agit de “vivre” la langue. Nous savons qu’il y a des mots et des expressions qui ne fréquentent que le langage écrit, écrit, et d’autres que l’oral. l’oral . Il en est ainsi pour la syntaxe. L’orale est simple, l’écrite tente d’être harmonieuse et originale. Nous nous trouvons face à deux types de langage dans la même langue. Le premier est l’instrument transmetteur de la culture, des livres, statique, réticent aux aux changements, réglé et contrôlé par les écrivains. Le second est plus naturel et libre, récepteur et innovateur, ouvert à toutes les influences et vital comme le groupe social qui l’alimente. Ce dynadyn amisme facilite les changements et la perméabilité. Les dictionnaires ont recours à ce qu’ils appellent langage familier pour pour expliquer quelques termes et quelques sens qui concernent des groupes déterminés de personnes, ce qui est une manière de refléter la dimen91
sion orale du langage. Nous voulons parler de ces expressions libres de toute affectation ou situation culturelle spécifique, au langage de la conversation qui utilise des formules de respect, des expressions affectives, des phrases entrecoupées, des comparaisons communes et une syntaxe pauvre, entre des personnes semblables et qui reflètent la réaliréal ité quotidienne. Face au langage oral en monologue utilisé dans les conférences ou les expositions, ce qui définit le langage oral, et non pas l’écrit, c’est la conco nversation qui s’établit entre plusieurs personnes. L’une d’elles commence le dialogue et signale les contenus des mesme ssages. La courtoisie, l’affection, les négligences, l’économie linguistique, la facilité sont des caractéristiques du langage familier..
3. Routines et formules habituelles Le langage oral est soumis à des routines et formules qui organisent le discours. Celles- ci sont beaucoup plus variées dans le langage écrit. 3.1. La cohérence et la cohésion du texte La cohérence est la connexion des différentes différentes parties d’un tout. tout. C’estC’està-dire à-dire qu’un texte est cohérent quand les éléments qui le composent se relient entre eux sans contradiction et contribuent à créer un message de signification supérieure qui les englobe tous. La cohérence est en relation étroite avec l’adéquation, car on l’obtient à travers la connaissance de la réalité réali té extralinguistique – extralinguistique –la la situation -, la conformité avec les normes universelles du savoir élocutionnel –les –les pensées logiques, la clarté, la non répétition, la suppression du redondant et évident, ne pas dire l’impossible, etc.etc. - et le contexte de l’action proprement dite de parler. Pour obtenir la cohésion il existe de nombreux procédés, procédés, dont les plus importants sont: les connecteurs lexiques et sémantiques – sémantiques –les les champs sémantiques, les synonymes et antonymes, la paraphrase, les phrases
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toutes faites, le résumé final et l’isotopiel’isotopie - les liaisons tonales et les signes de ponctuation, l’anaphore, la deixis et les marqueurs textuels.
3.2. Les liaisons tonales Le type d’intonation d’intonation des différentes phrases indique le genre de relation qui existe entre elles. Dans elles. Dans ce cas, le développement du texte à travers des interruptions continues provoquées par l’utilisation de la virgule et, surtout, par la structure de questions et réponses, est notable. Dans les questions on formule l’hypothèse, l ’hypothèse, et dans les réponses on la résout. 3.3. Les liaisons lexiques et sémantiques: sémantiques : Il s’agit des éléments en relation avec le l e vocabulaire, avec le sens et avec le contenu thématique du texte. Voici les plus importantes La liaison la plus caractéristique est la récurrence, récurrence, qui consiste à revenir sur des concepts et des sens semblables. Mais nous comptons aussi avec: - La réitération lexique, lexique, qui renforce les mots clés dans un texte. Ce principe est fondé sur la redondance. Le langage oral exige la répétition de mots pour ne pas se perdre dans la conversation. - La synonymie évite la répétition excessive d’un terme. Elle est irrégulièrement maîtrisée par les interlocuteurs. - La paraphrase est un énoncé et son explication postérieure, parfois sans ajouter grand chose par rapport à l’idée originale. - Le champ sémantique, ce sont les mots qui partagent un sème commun. - L’antonymie, qui développe des concepts par opposition.
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- L’isotopie, qui consiste à introduire des mots dont les concepts sont impliqués entre eux. - La synthèse, qui est un résumé ou conclusion finale. - L’ellipse, qui consiste à omettre des éléments linguistiques qui se comprennent car ils apparaissent déjà dans le texte. - L’anaphore L’anaphore,, ce sont des pronoms qui reproduisent ce qui a déjà été dit ou qui anticipent quelque chose qui va se dire. - La deixis, deixis, qui consiste à inclure des éléments qui situent dans l’espace et dans le temps. - La substitution, substitution, ce sont les mots qui servent serv ent à remplacer d’autres mots. - Les marqueurs textuels, textuels, ce sont les mots, les particules ou les locutions qui indiquent les relations logiques qui s’établissent dans un texte. Les principaux marqueurs textuels sont : Addition: Addition: et, de plus, de même, même, en outre. Affirmation: Affirmation: oui, bien sûr, sans doute. Assentiment: Assentiment: en effet, évidemment. Atténuation: Atténuation: en tout cas, d’une certaine manière. Correction: Correction: plutôt, autrement dit. Causalité: Causalité: donc, parce que, ainsi. Clôture d’un discours: discours: enfin, finalement. Concession: Concession: bien que, malgré. Conclusion: Conclusion: en conclusion, enfin. Condition: Condition: si, à condition de. Conséquence: Conséquence: par conséquent, alors, alors, pour cette raison. Continuation: Continuation: alors, ainsi donc, donc. Doute: Doute: peut-être, probablement. probablement. Exemple: Exemple: par exemple, ainsi. Énumération: Énumération: en premier lieu, d’abord, à la fin. Explication: Explication: c’est -à-dire, -à-dire, autrement dit. Intensification: Intensification: et encore plus, je dirais plus, en plus. 94
Fonction phatique: phatique: n’est -ce -ce pas ?, non ?, allô ? Négation: Négation: non, non plus. Opposition: Opposition: par contre, cependant, cependant, nonobstant. Résumé: Résumé: Pour résumer, en résumant. Rapport: Rapport: Quant à, pour ce qui est de.
4. Stratégies propres à la communication orale
4.1. Stratégies et situations La communication orale permet une communication immédiate entre les interlocuteurs. Elle assure des conditions idéales pour que la communication humaine soit une communication d’échanges. Aujourd’hui, l’influence des médias rattache la communication orale à la transmission de l’information. 4.1.1. La conversation conversation La conversation est conversation est une communication orale qui réunit de deux à une dizaine de personnes. Elle est une attitude humaine fondamentale: on reconnaît l’autre comme un interlocuteur avec qui on peut échanger des idées, même banales. La conversation doit être totalement spontanée. spontanée. Elle n’a pas de fil directeur, on parle de tout et de rien, on saute du coq à l’âne. Selon le degré d’intimité des interlocuteurs, la langue utilisée est celle du registre familier ou du registre courant. Tous ces points ne signifient pas qu’il n’y ait pas un « art de la conversation »: conversation »: savoir écouter, parler à propos, pouvoir aborder des sujets variés, en rapport avec les goûts des autres interlocuteurs. 4.1.2. Le dialogue
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Le dialogue est très certainement le type fondamental de la communication humaine. Etymologiquement (du grec, dialogos), dialogos), le dialogue est une parole « entre », une parole qui n’appartient à aucun des interlocuteurs, mais qu’ils possèdent ensemble. Le dialogue est une conversation où les échanges sont complètement libres, mais c’est une conversation suivie. suivie. Le dialogue a un sens. Toute situation de dialogue oblige les interlocuteurs à user au mieux de leurs compétences linguistiques respectives. Le dialogue dépend d’abord de la capacité d’écoute des interlocuteurs interlocuteurs.. Cela signifie que chacun accepte la parole de l’autre. Le dialogue peut être « vif », très vif même. Un bon dialogue n’est jamais mou: on défend son point de vue, on argumente, on essaie de convaincre... Mais on ne cesse jamais jamais d’accep d’accepter ter le point point de vue de l’autre l’autre,, de de mesur mesurer er en quoi il peut il peut modifier utilement le nôtre.
4.1.3. Le débat, la discussion. Le débat, la discussion sont des formes de communication orale qui combinent liberté et directivité. Les échanges doivent être libres. Mais le débat porte sur un ou plusieurs sujets précis. Le débat ou la discussion demande donc un animateur. animateur. Les conditions matérielles d’un débat tiennent essentiellement à un critère: tous les participants doivent pouvoir intervenir dans des conditions identiques. Chaque participant doit pouvoir être vu de tous les participants. Le problème qui se pose est celui de la « table » du débat. La table ronde est le dispositif idéal pour faciliter la communication sans placer l’un des participants dans une position dominante ou inférieure. Chaque participant doit pouvoir être entendu de tous les participants. Ce problème, lié au précédent, est très souvent une affaire de micro.
4.1.4. L’exposé suivi de questions Ce sont des formes mixtes qui combinent l’exposé, l’exposé, mode de communication sans échanges, et le débat. débat. Dans l’exposé avec questions,
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le temps de la réunion est généralement partagé en deux: exposé puis questions. Dans la leçon la leçon et le cours, le cours, l’alternance n’est pas réglée. Elle intervient en fonction du moment et des nécessités. Quand le débat ou l’exposé concernent co ncernent des participants ou des auditeurs de nationalités différentes, il faut prévoir un système de traduction simultanée. C’est le prix à payer pour que les sociétés et les cultures ne soient pas uniformisées et qu’elles continuent à s’enrichir de leurs différences et de leurs échanges.
4.1.5. L’entretien L’entretien est une sorte de dialogue à deux personnes au personnes au cours duquel l’un des participants cherche à mieux connaître l’autre. Dans un entretien, il y a donc toujours une orientation des échanges. C’est C ’est pour cela que l’entretien n’est pas un véritable dialogue.
4.1.6. L’interview L’interview est L’interview est un mot anglais qui vient du français « entrevue ». Il est appliqué essentiellement aux domaines des médias. médias. Dans une interview, le journaliste pose les questions, qu estions, mais il doit savoir s’effacer pour laisser la place à l’interviewé et à ses réponses.
4.1.7. L’interrogation orale L’interrogation orale ressemble à un entretien puisque l’échange est dirigé par celui qui pose les questions. La différence avec l’entretien tient à deux facteurs qui définissent la portée exacte des questions: Les questions ont pour but de contrôler des connaissances et des compétences. Ces connaissances et ces compétences ont dû être acquises selon un programme connu de l’interrogateur et de l’élève. 97
On prépare donc une interrogation orale en travaillant dans deux domaines: En premier lieu, dans le domaine des connaissances et des compétences à acquérir: ceux qui « communiquent » bien, mais qui n’ont rien à dire, ne font pas longtemps illusion. En second lieu, dans le domaine de la communication. Dans ce domaine, tous les « bons conseils » ne remplacent pas un bon entraînement. Il faut donc faire beaucoup d’interrogations orales pour bien les pratiquer. Le professeur n’est pas le seul qui puisse faire pratiquer cet entraînement: parents, camarades, amis sont de parfaits « entraîneurs ». Certes, ils ne poseront pas les questions de la même manière qu’un professeur, mais ce n’est pas une différence très importante. L’essentiel est de s’entraîner à répondre clairement, à parler clairement sur un sujet précis.
4.1.8. L’exposé oral Il y a plusieurs formes de communication orale sans échanges: les discours de toutes sortes, le cours « magistral », c’est-à-dire c’est-à-dire un cours où les élèves et les étudiants sont simplement auditeurs, les émissions de radio et de télévision. Il en va de l’exposé l’exposé oral comme de l’interrogation orale: tous les bons conseils ne valent pas un bon entraînement. On peut cependant rappeler quelques-uns de ces bons conseils. - Ne pas lire ses notes, le « nez sur le papier ». Il faut regarder les auditeurs. Les notes servent de guide, l’exposé doit être avant tout oral. oral. - Un ton monotone est un somnifère parfait ! - Le registre de la langue peut être le registre courant, mais il est plus proche de l’écrit que de l’oral, en particulier pour la construction des phrases et l’enchaînement des arguments. - Ne pas oublier la durée prévue. La montre posée sur la table permet de vérifier discrètement le temps qui passe. - On doit doit aussi savoir que l’attention des auditeurs va croissant pendant la première demi-heure, demi-heure, mais qu’ensuite elle décroît. Bien entendu, ce sont des données générales. Si l’exposé est passionnant, « on « on ne voit pas le temps passer ». Mais celui qui parle doit tenir compte du cas général et organiser son propos en conséquence. 98
4.2. Stratégies et expressivité du corps. Comment les observateurs découvriront-ils ce langage du corps? Y a-t-il langage? Les gestes parlent-ils? Le corps et les gestes peuvent-ils être étudiés comme un langage? La difficulté est celle de repérer les gestes dans la globalité de la situation de communication et de les analyser isolément du contexte verbal et de leur environnement. environnement. Il faut d’abord voir par quels codes et suivant quels axes les gestes et les mouvements sont lus, et après quelles significations ils peuvent prendre chez le récepteur. Nous devrons rechercher si les gestes sont dénotatifs ou dénotatifs ou connotatifs et connotatifs et à quelles fonctions du langage ils renvoient, mais toujours en tenant compte du référent. L’expression dénotative appliquée dénotative appliquée aux gestes correspond à leur fonction symbolique, à l’intérieur d’un rite par exemple. La lecture de ces gestes est claire pour les récepteurs initiés. La connotation des gestes est l’ensemble des valeurs v aleurs affectives, des émotions qu’ils expriment. La dimension connotative ne doit pas se dissocier de la dimension de la connaissance. Il existe pour le langage du corps une pluralité de codes variant suivant les groupes et, pour un même individu, d’un groupe à l’autre. Un étudiant emploiera le geste de serrer la main avec distance s’il a à saluer des personnes de rang hiérarchique élevé ou simplement celles que ne font pas partie de son cercle habituel. Avec ses camarades, il lèvera le bras droit en disant salut . Ensuite ce salut se normalise même en des gestes réglés et précis lorsqu’il fait son service militaire, quand il rencontre un chef. Le langage permet de mettre en relation l’homme et le monde et les hommes entre eux. En eux. En cela, il est unique, car il assure le passage de la réflexion à la communication par la symbolisation: la capacité de symboliser est propre à l’homme.
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Chaque groupe, depuis la petite cellule familiale jusqu’à la nation, possède ses règles, ses habitudes, ses conventions gestuelles qui accompagnent, précèdent ou remplacent le langage verbal. Ces gestes sont parfois ritualisés, c’est-àc’est-à-dire dire qu’ils correspondent à une répétition automatique d’un modèle antérieur socialement déterminé. Il en résulte qu’au sein d’un même groupe beaucoup bea ucoup de gestes peuvent êtres interprétés par rapport à un code social. Toutes les personnes émettent des messages non verbaux par leurs gestes, leurs attitudes, leurs postures, leurs façons de se maquiller, de s’habiller. Ces indicateurs renseignent les autres sur leur âge, leur statut, leur rôle. La lecture de ces indicateurs est conditionnée par les habitudes, les normes, les modes de vie des sociétés. Ce sont des stratégies d’expressivité du corps, les gestes réalisés avec les mains ou avec le visage. Le visage et les mains sont les parties de notre corps les plus mobiles et les plus expressives: tendre le poing signifie l’agression; mettre les doigts sur les lèvres exprime la gêne, la honte; laisser pendre la main entre les jambes indique la frustration. Le sourire est l’expression d’un état de plaisir, de joie. son expression est mécanique, mais de nombreux facteurs socioculturels le déclenchent et il est même soumis à un code social. En ce qui concernes les yeux, rappelons que l’enfant est d’abord sensible d’abord sensible aux yeux avant de l’être au reste du visage. Les yeux transmettent des messages nombreux et diversifiés. Mais, attention ! les yeux sont un organe visuel dont nous ne sommes pas maîtres et, en fait, seul le regard conduit nos expressions : degré d’ouverture des paupières, jeu des muscles oculaires, durée du regard, yeux baissés… L’expressivité du corps appuie le message oral de façon extraordinaire. Un message répété peut modifier sa signification par la maîtrise des gestes. Dans le langage écrit ces messages si expressifs doivent être exprimés pas d’autres moyens.
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Aide mémoire 1. La communication orale 1.1. Les Les principes : expression et communication. S’exprimer, c’est utiliser un élément de sa personne. C’est seulement quand l’autre a perçu ce que je souhaitais qu’il perçoive ou ce que j’ai inconsciemment indiqué et qu’il tient compte de mon information information qu’il y a communication. La communication suppose qu’il y ait compréhension entre celui qui s’exprime et celui qui reçoit l’information. l’inform ation. Celui-ci manifeste, par un changement d’attitude, que le message est bien passé. 1.2. Les étapes du décodage Nous avons la capacité d'interpréter le message bien au-delà du sens superficiel. - L’identification: - La sélection: - La mémoire à court terme: - L'inférence: 1.3. L'écoute compréhensive Il faut prendre conscience des obstacles matériels et référentiels, et des capacités à fomenter. a) les conditions acoustiques. b) la place de la personne qui parle. c) le manque de motivation et d'effort. En vue d’une écoute attentive, on se fixera quelques objectifs. Il y a une préparation à l'écoute: 1. Familiariser l’ouïe 2. Typologie et structures pour la perception du sens global 3. Entraîner à la “prédiction” 1.2. L’oral et l’écrit. Prédominance de l'oral sur l'écrit. L'expression orale est un objectif aujourd'hui prioritaire, qui a été longtemps négligé. Bien des gens ont étudié jadis une langue à l'école et ne savent pas s'en servir à l'oral. 2. Eléments et normes qui déterminent le discours oral.
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Les textes oraux sont réalisés au moyen des sons articulés du langage. On considère qu’ils sont la manière la plus naturelle d’expression et, par conséquent, la plus habituelle. L’expression orale est directe et périssable; elle dépend des variantes locales et individuelles du langage oral et elle permet d’apporter des éclaircissements aux messages communiqués. 2.1. Caractéristiques du langage oral. - Son agressivité. - Son articulation variée. - L’ordre subjectif des éléments. - Un vocabulaire. - La La présence abondante d’interjections, de vocatifs et d’expressions. - De fréquentes imprécisions lexicales. Tant l’expression que la compréhension orales exigent: une adéquation, une cohérence et une cohésion. 2.2. Formes de l’expression orale On fait normalement une distinction entre expression orale spontanée et non spontanée. La première reçoit le nom de conversation. - La familiarité entre les interlocuteurs. - La répétition d’idées et l’emploi d’expressions familières. - La thématique ouverte. - L’utilisation L’utilisation des pronoms. - La recherche de l’expressivité. L’expression orale non spontanée, appelée aussi technique.. 2.3. Identification et interprétation des aspects suprasegmentaux dans la compréhension du sens global. L'intonation informe du sens global. Le rythme consiste en l’organisation dans le temps des pauses et divers accents. Quant au point de vue phonétique, l’audition est intimement liée à la saisie du sens. Nous savons qu’il y a des mots et des expressions qui ne fréquentent que le langage écrit, et d’autres que l’oral. 3. Routines et formules habituelles 3.1. La cohérence et la cohésion du texte : connexion : connexion des différentes parties d’un tout. Pour obtenir la cohésion il existe de nombreux procédés. 3.2. Les liaisons tonales
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Le type d’intonation d’intonation des différentes phrases indique le genre de relation qui existe entre elles. 3.3. Les liaisons lexiques et sémantiques: réitération lexique, synonymie, paraphrase, champ sémantique, antonymie, isotopie, synthèse, ellipse, anaphore, deixis, substitution, marqueurs textuels textuels (addition, (addition, affirmation, assentiment… assentiment… ) 4. Stratégies propres à la communication orale 4.1. Stratégies et situations La communication orale permet une communication immédiate entre les interlocuteurs. 4.1.1. La conversation est une communication orale qui réunit de deux à une dizaine de personnes. Elle est une attitude humaine fondamentale: on reconnaît l’autre comme un interlocuteur avec qui on peut échanger des idées, même banales. 4.1.2. Le dialogue est très certainement le type fondamental de la communication humaine. Le dialogue a un sens. Le dialogue dépend d’abord de la capacité d’écoute des interlocuteurs. 4.1.3. Le débat, la discussion sont des formes de communication orale qui combinent liberté et directivité. 4.1.4. L’exposé suivi de questions. Ce sont des formes mixtes qui combinent l’exposé et le débat. 4.1.5. L’entretien est une sorte de dialogue à deux personnes. 4.1.6. L’interview est appliqué essentiellement aux domaines des médias. 4.1.7. L’interrogation orale orale ressemble à un entretien.. 4.1.8. L’exposé oral Il y a plusieurs formes de communication orale sans échanges. 4.2. Stratégies et expressivité du corps. La difficulté est celle de repérer les gestes dans la globalité de la situation de communication et de les analyser isolément du contexte verbal et de leur environnement. Le langage permet de mettre en relation l’homme et le monde et les hommes entre eux.
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Tema 5 LA COMMUNICATION ECRITE
Sommaire Introduction 1. La communication écrite 2. Les différents types de textes écrits 2.1. Textes scientifiques 2.2. Manuels scolaires 2.3. Textes politiques 2.4. Textes publicitaires 2.5. Récits littéraires 3. Structures et éléments formels 3.1. Le registre soutenu 3.2. Le registre familier 3.3. Le registre courant, commun 3.4. Emploi dans les textes 4. Règles normatives qui gouvernent le texte écrit. 4.1. La cohésion du texte. 4.1.1. Les facteurs de la cohésion. 4.1.2. Les ruptures de la cohésion. 4.2. La cohérence du texte. 4.2.1. Les types de cohérence. 4.2.2. La cohérence informative. 4.2.3. La cohérence d’exposition. 4.2.4. La cohérence de narration. 4.2.5. La cohérence d’évocation. 4.2.6. Le début et la fin du texte.
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4.2.7. Le titre. 4.2.8. Les ruptures de la cohérence. 4.2.9. Les « détournements » de texte. 5. Routines et formules. 5.1. Les principes 5.2. Ponctuation et clarté. 5.3. Ponctuation et expressivité.
Introduction Qu’il s’agisse du code écrit ou du code parlé, les utilisateurs de la langue ont à leur disposition une gamme de procédés différents pour exprimer des messages ayant sensiblement même contenu : on appelle niveau de langue le registre dans lequel, du quadruple point de vue de la phonétique, du lexique, de la syntaxe et de la stylistique, le message est encodé. Les problèmes liés à l’expression sont généralement pris en compte par la seule stylistique, dont l’un des buts avérés est d’étudier les variantes et les écarts que manifeste chaque emploi marqué par rapport à un niveau-origine, supposé neutre et purement informatif. Mais là où le grammairien classique imposait une norme et énonçait un jugement, le linguiste relève un fait qu’il analyse en le reliant aux formes psycholopsychol ogiques et sociales dans lesquelles lesquell es il s’insère. L’ enseignement de la langue écrite a changé au cours des dernières décades. Si les méthodes traditionnelles étaient centrées sur la grammaire et la traduction, des textes écrits qui référent la vie quotidienne ont été ajoutés ajoutés dans l’enseignement des langues car l’apprentissage de la langue écrite requiert des capacités semblables à celles nécessaires à la compréhension de la langue orale. La compétence dans l’usage de la langue écrite, tant du côté de la pr oduction comme de l’interprétation, l’interprétat ion, a ses techniques et ses objectifs propres. La tendance actuelle vise à une approche supérieure au quotidien : correspondance privée, correspondance administrative officielle, correspondance commerciale, publicité, presse écrite…
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Puis, on a développé des méthodologies pour l’enseignement des langues; entre autres, du point de vue de la compétence communicative . C’est qu’on s’est aperçu que la l a capacité d’élaborer des phrases ne su ffit pas à la communication., qui a lieu seulement lorsque les phrases sont utilisées pour réaliser une série de conduites sociales, comme décrire, raconter, demander, donner des ordres, expliquer... Ce point de vue a un grand intérêt didactique car il se centre sur les besoins et les intérêts des élèves et favorise la pratique de la langue à travers la prise en compte de la situation de communication.
1. La communication écrite L’information écrite peut prendre de multiples formes : formes : affiche, avis, circulaire, note de service, rapport, documents de toutes sortes, journal, hebdomadaire, magazine, petites annonces, brochure, ouvrage… ouvrage… Chacune de ces formes dépend de la quantité d’information à transtran smettre, de la diffusion souhaitée, du caractère éphémère ou durable de l’information. L’écriture est influencée par la nature du texte du texte écrit. Un livre laisse à son auteur la possibilité d’employer toutes les ressources de la langue. Les petites annonces demandent des phrases brèves (presque toujours des phrases sans verbe) et des abréviations. Les exercices écrits pratiqués en classe (dissertation ou composition française, compte rendu,. résumé) portent souvent sur des sujets à dod ominante littéraire. Rares sont évidemment les professions où l’on doit traiter de semblables sujets. Mais la technique de ces exposés écrits est à peut près indépendante du sujet traité. La lecture des textes est une lecture que comporte deux étapes : Une lecture exploratoire, exploratoire, qui sert pour le parcourt du texte avec les yeux en cherchant les mots ou les passages qui concernent le sujet en
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question. Dans certaines textes écrits, cette exploration est facilitée par des titres, des sous-titres, sous- titres, des caractères gras… Une lecture attentive exige attentive exige la lecture et relecture de passages que intéressent. On utilise les renvois, on vérifie dans un dictionnaires le sens des mots difficiles. La lecture la plus efficace est celle qui est capable de séparer la lecture exploratoire de la lecture attentive.
2. Les différents types de textes écrits Tous les faits de communications sont ritualisés. ritualisés. Lorsque des personnes communiquent, elles se trouvent toujours placées dans une situation qui impose un certain nombre de contraintes. A chaque situation correspondent des comportements langagiers particuliers : particuliers : on ne parle pas de la même façon dans une situation de conversation ou de conférence ; on n’écrit pas de la même manière un essai, essai, un texte administratif , ou une lettre. lettre. Les situations et les comportements langagiers qui s’y attachent se caractérisent donc par un certain nombre de régularités qui permettent de construire et donc de reconnaître r econnaître des types de textes. Les types de textes sont plus ou moins normalisés quant à l’utilisation des marques de la personne. personne. En effet, d’une part les formes for mes de prépr ésence des sujets de l’énonciation sont déterminées par les données de la situation, mais d’autre part le locuteur a toujours la possibilité poss ibilité de jouer avec les contraintes du genre ; il peut les respecter, respecter, les subvertir ou les transgresser partiellement selon ce qu’il considère être l’enjeu de son acte de communication. Du même coup, tout texte est le résultat d’une confrontation entre les contraintes du genre et les stratégies mises en place par le locuteur. locuteur. Les marques de la personne constituent des traces de cette confrontation. Certains types de texte seront passés en revue ci-dessous, pour mettre en évidence quelques-unes quelques- unes des caractéristiques de l’emploi de la PerPe r
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sonne. On se gardera cependant de conclure que tel emploi de la Personne devrait devrait entraîner obligatoirement l’existence d’un type de texte.
2.1. Textes scientifiques Il en est de plusieurs sortes selon les disciplines (chimie, disciplines (chimie, mathématiques, biologie, sociologie, histoire, linguistique, etc.) et les situations dans lesquelles ils sont produits (conférence, revue spécialisée, revue de vulgarisation, ouvrage spécialisé, etc.) D’une façon générale, on remarquera : remarquera : - prédominance du il impersonnel, impersonnel, à travers des formules de présentation (il (il y a, il est, etc.), des modalités (il ( il faut, il est nécessaire, il suffit de etc.), des constructions qui impersonnalisent une opération mentale ( il ( il résulte que, il se produit, il est concluant de, il se vérifie que, etc.) - prédominance du il anaphorique ou anaphorique ou de constructions nominales qui effacent la présence du sujet qui est censé faire une opération mentale : ...l’examen ...l’examen du plan des grottes.... grottes .... ( au lieu de : si on examine les plans…) plans …) - prédominance du on qui renvoie : renvoie : - tantôt à un tiers pensant (ou sachant) qui appartient à la communauté scientifique : On pose par convention que le courant circule de la borne positive à la borne négative. On sait qu’en se formant, la glace se dilate légèrement et au gmente son volume d’environ 10%. - tantôt au locuteur qui se fond dans la communauté scientifique et à laquelle l’interlocuteur peut être associé : associé : Entre ces deux coups de sonde isolés, on o n en est réduit è suivre l’évolution... Si l’on compare 1937 1937 à 1935...
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(on peut on peut penser que, on ne peut manquer d’observer, on voit donc que si, on supposera que, etc.) ; - apparition de l’énonciateur sous la forme de nous : supposons que la molécule de pétrole exerce un effet disons que si… ad mettons mettons que… bornons-nous bornons-nous à souligner que… nous touchons ici l’essentiel Et parfois sous la forme de je de je,, lorsque le locuteur explicite le déroulement de sa pensée ou sa propre position : Je n’aurai certes pas pas la hardiesse d’appliquer d’appliquer ces d ifférentes ifférentes méthodes d’analyse à... Je ne suivrai pas mes confrères sur ce ce terrain… Contrairement à la tradition, je fait ici l’hypothèse... Il semblerait que la crédibilité du discours scientifique passe par l’effacement du sujet parlant. Du parlant. Du même coup, une présence trop importante du je du je pourrait faire penser que le discours d’apparence scientiscient ifique devient polémique (à moins que ce ne soit l’inverse). Mais cela dépend autant de la discipline scientifique que de la situation de communication. Cela peut également éga lement dépendre des représentations qu’une communauté culturelle se construit sur ce que doit être le discours scientifique. Dans la communauté scientifique britannique et anglo-américaine, par exemple, le locuteur peut s’exprimer en je en je sans risquer de paraître polémique (ou peu scientifique).
2.2. Manuels scolaires Forme particulière qui consiste à présenter un savoir scientifique dans une situation d’apprentissage. d’apprentissage. Il s’agit là de l’une des formes du disdi scours didactique qui résulte lui-même lui-même d’un processus processus de vulgarisation.
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D’une façon générale, on remarquera : remarquera : - présence du il anaphorique chaque fois qu’il s‘agit de décrire des faits, des concepts, une expérience : La vie du seigneur. Il doit assurer la sécurité sur ses terres (Histoire) L’influence de l’homme n’est pas négligeable non plus car il peut débo iser ou au contraire planter (Géographie)
ou du il impersonnel : il faut signaler, il faut être attentif à… - présence du on lorsqu’il s’agit de désigner un tiers qui tiers qui représente la communauté scientifique ( on dit que, on sait que, etc.) et qui se livre à certaines opérations mentales (ou expérimentales) auxquelles, on peut le supposer, l’élève - destinataire est associé : Si on fait fondre cette glace…; On scie une ro che...., on colle ce fragment.... (Géologie). ment.... (Géologie). - présence du nous qui désigne le locuteur représentant locuteur représentant le savoir auquel est associé l’élève–destinataire l’élève– destinataire appelé à : - suivre le raisonnement, raisonnement, ou les opérations de la démonstration : Nous venons de définir plusieurs distances..., Nous appellerons l’une quelconque de ces distances, Nous poserons..., Nous admettons le résultat suivant… (Mathématiques). suivant… (Mathématiques). - faire des exercices, et dans ce cas le rapport entre les interlocuteurs est inversé par rapport à précédemment. En effet, le locuteur possède possède le savoir, et n’a donc pas besoin de faire les exercices. Tout se passe comme si c’était lui qui s’associait à l’activité des élèves destinadestin ataires : Comprenons, expliquons, recherchons, observons (Histoire observons (Histoire géographie).
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Même procédé au moment de résumer ou de faire le point sur les explications d’une leçon : leçon : Retenons, Dégageons l’essentiel, Résum Résu mons (Physique). ons (Physique). - présence du nous qui désigne l’élève destinataire (unique, destinataire (unique, multiple), dans les consignes d’exercices : d’exercices : « cherchez cherchez / vous chercherez » : Vous trouvez dans les cinq cas... Dans quel cas trouvez-vous aussi ? (Mathématiques) Mesurez sur la carte... Remarquez qu’il se rapproche...Compa rez la forme de l’Amérique du Nord et celle de l’Amérique du Sud... Comparez leur position...Voyez sur la page de droite ces divers as pects (Géographie) pects (Géographie)
2.3. Textes politiques Il existe également plusieurs formes de discours politique selon la situation de tuation de communication : rassemblement ra ssemblement de militants, campagne électorale, analyse dans un journal ou une revue, tracts, etc. D’une manière générale, on remarquera : remarquera : - prédominance du nous, lorsqu’il s’agit pour le locuteur de décrire les actions ou les qualifications qualifications positives des agents d’une quête d’amélioration sociale. Ce nous peut nous peut représenter : - le chef de l’État et les citoyens qui sont appelés à partager un même idéal national : Si nous voulons pouvoir défendre nos intérêts et sauvegarder notre indépendance, si nous voulons jouer un rôle moteur dans la création de l’indépendance européenne...
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- le gouvernement qui explique sa politique à travers l’un de ses porteporte parole : Nous avons proposé ce projet de loi, parce qu’il nous semble le plus propre à réduire la délinquance dans notre pays. - un groupe politique :
Notre devoir est maintenant d’expliquer au pays ce qui ne va pas. - un groupe de militants qui appelle les siens et tous les autres à se solidariser, comme dans les tracts : Tous et toutes luttons ensemble pour le droit au travail, à la promotion et à l’égalité pour les femmes femmes (...). Le 8 mars mars participons massivement à la manifestation. Il s’agit de l’établissement d’un pacte d’alliance qui institue les sujets participant à l’action en héros collectif. - la présence du vous dans ce discours laisse entendre que le destinataire n’est pas déjà acquis à la cause commune et ne fait pas partie du héros collectif. Il apparaît cependant, quant il est clair que le locuteur s’adresse à ceux qui ne sont pas encore acquis à la cause : cause : ...il faut que ceux qui vous vo us représentent soient assurés de votre con fiance (...). Parce que vous voulez un pays fort, prospère et libre... vous répondrez en masse à mon appel » - l’adversaire, l’adversaire, dont la présence dans le discours politique est nécessaire, joue le rôle d’un opposant qui opposant qui doit être vaincu pour que soit assuré le triomphe de la cause que défend le l e locuteur. Cet adversaire est : - tantôt désigné par il , comme par un tiers absent malfaisant : Il en est d’autres qui qui n’hésitent pas pas à vous conseiller l’abstention. l’abstention. Est -ce Est -ce qu’ils n’auraient pas d’avis sur l’Europe ? Ou bien est-ce est- ce qu’ils auraient
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peur de reconnaître reconnaître qu’un gouvernement gouvernement dont don t ils ne font font pas partie réalise réalise ce qu’ils prétendent avoir toujours souhaité ? souhaité ? - tantôt par on, comme un tiers flou, mythique et donc d’autant plus malfaisant : Que fait-on de la démocratie ? Quelle opinion se fait-on de vous ? S’imagine-t-on S’imagine-t-on que vous allez renoncer à vos devoirs... ? - tantôt par vous, lorsque, en situation oratoire, l’orateur l ’orateur simule une situation de dialogue polémique avec son ennemi et interpelle son interlocuteur fictif pour le critiquer, lui lancer des défis, etc. : Et moi je pose la question : qu’avez-vous qu’avez-vous fait, messieurs les x, de notre pays !
2.4. Textes publicitaires Il s’agit d’un type de textes où tout est permis, puisqu’il est destiné à faire agir le destinataire en le séduisant, séduisant, en atteignant son désir. Il utilise pour ce faire toutes les formes discursives possibles, possibles, même celles qui correspondent à d’autres situations qui s’y trouvent simulées. Si on ne regarde que les slogans, on remarquera : - Le locuteur (agence locuteur (agence ou entreprise) est effacé. effacé. Seul le produit (avec sa marque) est mis en scène avec ses qualifications et son pouvoir de faire: 104 Peugeot, des qualités confirmées et le prix d’une 5 chevaux. Le champagne, rien ne peut le remplacer Gilette, une caresse amoureuse. Avec la carte bleue, signer, signer, c’est payer. Le produit est présenté sur le mode l’évidence.
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- Le locuteur (entreprise, locuteur (entreprise, société) se révèle sous la forme de nous : Nous sommes là pour que l’efficacité de vos employés n’augmente pas seulement quand vous leur dites bonjour. Nous n’osons pas vous dire son prix. Brandt. Antar. Nous essayons de rendre la route route plus sûre. Un dialogue est simulé qui donne l’occasion au locuteur de proposer à l’interlocuteur fictif une sorte de contrat de confiance. - Le locuteur est un personnage de la mise en scène qui apparaît et s’adresse au consommateur destinataire sous forme de je (moi) : Froid ? Moi ? Jamais ! Je porte Thermolactyl. N’ayez pas peur de me déranger. J’aime bien parler ar gent ar gent » (BNP). Moi, je fais où on me dit de faire. (Mairie de Paris.) Je suis Well. Le locuteur – locuteur – personnage personnage est proposé comme un modèle d’identification. - Le destinataire est présent sous la forme d’un vous (tu) : Quand vous êtes en Prénatal, on voit que vous êtes jolie avant de voir que vous êtes enceinte. » Faites croire que vous ne portez rien (Scandale). Avec Ortho-Rapide, apprenez, apprenez, vous aussi, à écrire sans faute. faute. Lexis, et vous apprivoiserez les mots. Tu sais que le nouveau Dim est paru ? - Simulation d’une situation de dialogue (intimité) dialogue (intimité) qui, à la fois, interpelle le destinataire (il doit se sentir concerné), et le met à place du bénéficiaire de l’action du produit (le désir est satisfait). Parfois même, locuteur et destinataire sont tous deux impliqués dans une relation de bienfaiteur à bénéficiaire : N’ayez pas peur de me déranger, j’aime bien parler argent... (BNP) Franchement, trouvez-vous que nous avons des têtes d’industriels…(L’Armagnac) d’industriels…(L’Armagnac)
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- Locuteur, personne et destinataire peuvent, destinataire peuvent, dans certains cas, se retrouver tous les trois englobés par un on qui joue le rôle de tiers dans lequel tout le monde peut se projeter : On n’est pas belle par hasard (Charles of the Ritz). La laine, plus on la porte, plus plu s on l’aime. l’aime. On trouve plus facilement un emploi quand on débute avec 10 ans d’expérience. d’expérience. (Apple).
2.5. Récits littéraires Il en existe de plusieurs sortes, mais on peut considérer que tout récit littéraire s’inscrit dans un cadre d’énonciation qui d’énonciation qui sera diversement explicité (révélé ou caché) selon des règles d’écriture, d’écriture, lesquelles dépendent autant des époques de l’histoire de la littérature que des strastr atégies propres aux écrivains. a) Tantôt le narrateur peut manifester sa présence comme un sujet qu’il qu’il raconte, raconte, en brisant par instants le fil de son récit, avec des marques de la Personne qui renvoient à lui même et/ou au lecteur : Il me semble qu’on a parlé de cette poussée du temps qui vous frappe quelques fois alors qu’on traverse les âges les plus jeunes, les plus célébrés de la vie.(...) Que je vous dise encore, j’ai quinze ans et demi. M. Duras, L’Amant , Éd. de minuit, 1984. Attendons que paraissent paraissent les jours que nous voulons dans l’enceinte du Passé. L’aube d’abord... L. F. Céline, Semmelweiss, Semmelweiss, Gallimard, 1952 b) Tantôt la narrateur peut faire savoir (faire croire) qu’il a été lui même le témoin vivant témoin vivant (auteur - individu) et direct des faits qu’il rapproche dans son récit. Il incite ainsi la lecteur à entrer dans le monde du réel. Cela se produit lorsque, dans de fausses autobiographies, autobiographies, le narrateur donne sur lui même des informations i nformations qui sont censées renvoyer à sa propre biographie.
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Par exemple le narrateur du Petit Prince commence Prince commence le récit avec des informations sur lui même qui renvoient à la biographie d’un SaintSaint Exupéry aviateur : J’ai ainsi vécu seul, sans sans personne avec avec qui parler véritablement véritablement jusqu’à une panne dans dans le désert du Sahara, Sahara, il y a six ans. ans. Quelque chose s’était cassé dans mon moteur. Et comme je n’avais avec avec moi aucun mécanimécan icien, ni passagers, je me préparais difficilement à essayer de réussir, tout seul, une réparation difficile. Saint-Exupéry, Le Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Prince , Gallimard, 1943. c) Un exemple : l’autobiographie Les je du texte renvoient successivement, et parfois simultanément, aux différents sujets du dispositif d’énonciation. On verra à travers ces extraits de J’avoue de J’avoue que j’ai vécu de vécu de Pablo Neruda (Gallimard, 1975) que : - je renvoie à un narrateur qui est en même temps personnage et témoin de son activité d’écrivain (auteur - écrivain ) : J’avais presque presque fini d’écrire le premier volume volume de Résidence sur la terre. Cependant, mon travail avait avancé avec lenteur. - je renvoie successivement à un narrateur – narrateur – conteur conteur et à un personnage – nage – témoin témoin de son vécu (auteur – (auteur – individu) individu) : Je me souviens qu’un qu’un soir je reçu de Federico Federico une aide inattendue inattendue au cours d’une aventure érotico – céleste. céleste.
3. Structures et éléments formels Le fonctionnement Le fonctionnement d’une langue repose sur des régularités qu’on apappelle les règles des structures de la langue. langue . Ces règles de structure sont des règles indispensables à la communication. Si l’énoncé n’est pas oro rganisé selon ces règles, on le comprend mal ou on ne le comprend pas du tout.
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Il pleut depuis hier soir ...................... ...................... Phrase compréhensive. Depuis pleut soir il hier ...................... ...................... Simple suite de mots. L’usage quotidien et ordinaire d’une langue met en jeu des manières de s’exprimer qu’on appelle les l es registres de la langue. langue. Les règles qui gouvernent ces registres dépendent de la situation de communication, des interlocuteurs, etc. L’étude des registres de la langue ne se réduit r éduit pas à distinguer des r egistres prétentieux, soutenu, courant, familier et vulgaire. Les registres sont plus variés et bien connaître sa langue, c’est choisir le registre qui convient en fonction de la situation de communication. On distingue généralement trois principaux registres de langue : langue : le registre familier, familier, le registre courant ou commun, commun, le registre soutenu. soutenu. Ce sont trois manières d’utiliser la langue, mais elles correspondent aussi à des manières de se comporter. Elles dépendent donc en partie par tie des situations de communication.
3.1. Le registre soutenu Le seul registre registre qu’on puisse définir de manière assez claire est le rer egistre soutenu. Il y a dans la langue des tours, des pratiques que personne n’utilise spontanément. Pour employer le registre soutenu, il faut « faire attention » à ce qu’on dit ou à ce qu’on écrit. Le registre soutenu n’est jamais spontané. - Il est donc associé à des situations de communication où l’on prête attention à son comportement. - Il demande une bonne connaissance des ressources de la langue. langue . - Le registre soutenu se rencontre à l’oral et à l’écrit, mais son modèle est un modèle écrit : écrit : concordance classique des temps, emploi du sub jonctif, tours des anciens usages, usages, emploi fréquent de phrases phrases complexes, vocabulaire recherché. etc.
3.2. Le registre familier
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Le registre familier est celui d’une parole spontanée, spontanée, employée avec ses proches, ses amis, dans des situations de communication sans contraintes. Le modèle du registre familier est un modèle oral et oral et il comporte souvent des « fautes » au regard de l’usage correct. C’est un registre où o ù les effets de style de l’oral sont souvent présents : présents : ton, accent, emphase syntaxique, hyperbole, redondances… redondances… On emploie facilement des termes d’argot ou de patois, des mots « grossiers ». Cela dit, il y a sans doute autant de registres familiers que de locuteurs. locuteurs. Tout dépend pour chacun de sa connaissance de la langue, de son milieu, de l’importance qu’il attache au langage, de son souci de respecter respe cter des normes de « bon usage », de la qualité de sa prononciation, etc.
3.3. Le registre courant, commun Ce registre est moins spontané que le registre familier, mais il est plus spontané que le registre soutenu. - Il s’emploie dans des situations de la vie quotidienne, quand nous sommes au contact de gens que nous ne connaissons pas ou peu. - Il fonctionne fonctionne à l’oral ou à l’écrit. On y trouve les cadres les plus généraux de la langue, ceux d’un usage correct sans recherche d’effets part iculiers. - Au fond, fond, c’est le c’est le registre qui passe inaperçu.
3.4. Emploi dans les textes Les registres de langue peuvent être considérés de deux manières. - Le point de vue normatif les les classe en registres corrects et incorrects. De ce point de vue, il y a donc des registres qu’on doit éviter d’employer dans la mesure du possible.
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- Le point de vue descriptif les les analyse comme des ressources de la langue. Maîtriser sa langue, c’est pouvoir employer les différents rer egistres selon les situations de communication. Dans les textes, on peut rencontrer l’influence de deux points de vue. - L’auteur s’en tient à la norme et s’interdit d’employer des registres incorrects ou registres « bas ». - L’auteur joue sur toute la gamme des registres, registres , en fonction de ses personnages et des situations où ils se trouvent. Cela le conduit donc souvent à jouer sur les registres marqués, ceux qu’on peut p eut distinguer : les registres familiers et les registres soutenus. Le lecteur doit repérer les passages où ces registres sont employés , apprécier comment ils conviennent aux situations de communication.
4. Règles normatives qui gouvernent le texte écrit. La lecture est un dialogue entre le lecteur et le texte, texte, dialogue particulièrement fructueux dans le cas du texte littéraire. L’une des étapes de ce dialogue est l’analyse de la cohérence et de la cohésion du texte. L’analyse comparée des textes montre mon tre que leurs formes de cohérence et de cohésion comportent des régularités. L’étude de ces régularités s’appelle la grammaire de texte. Un texte forme un tout à cause de sa cohésion et de sa cohérence. - La cohésion concerne cohésion concerne le détail des enchaînements linguistiques, la manière dont sont liés les éléments phonétiques, grammaticaux, sémantiques et discursifs du texte. - La cohérence concerne l’organisation globale du texte, sa construction générale.
4.1. La cohésion du texte.
4.1.1.
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Les facteurs de la cohésion. Les facteurs de la cohésion d’un texte sont tous des facteurs qui rel èvent de la langue et langue et du discours. discours. La liste qui suit retient les facteurs essentiels. a. La cohésion de la forme orale tient orale tient au rôle des mélodies de types de phrases, des accents et des pauses. Elle est évidemment liée à la ponctuation. b. La cohésion morpho-syntaxique tient morpho-syntaxique tient à quelques relations fondamentales. - Emploi anaphorique de l’article défini. - Emploi anaphorique, cataphorique ou déictique des adjectifs possessifs. - Pronoms représentants et pronoms déictiques. - La distinction aspect accompli / aspect non accompli, les valeurs des voix. - Les emplois des modes : qu’estqu’est-ce qui demande l’emploi du subjoncsubjon ctif ? Quels sont les mots supports du gérondif, du participe, de la forme adjective du verbe, de l’infinitif ? ? - Les constructions par coordination ou par subordination. - L’insertion du discours rapporté dans le texte d’accueil. - Mises en position détachée, présentatifs. Dans ces analyses, il ne faut pas oublier le rôle de la ponctuation. c. La cohésion lexicale et sémantique repose sémantique repose sur les ensembles de vocabulaire répartis dans le texte.
4.1.2. Les ruptures de la cohésion. a. Elles peuvent être volontaires. volontaires. - Incises de commentaire, apostrophe, intervention de d e l’auteur ou du narrateur. - L’anacoluthe L’anacoluthe est est une rupture de la cohésion syntaxique. Dans la plupart des cas, elle correspond à une interruption de l’oral dans l’écrit.
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L’oral procède en effet souvent par ruptures et phrases inachevées, parce que le ton ou la mimique assurent la liaison. - La notion d’ellipse d’ellipse syntaxique ne syntaxique ne doit pas être employée à chaque fois qu’une proposition semble incomplète. Par exemple, les phrases sans verbe ne sont pas des ellipses de phrases avec verbe. Ce sont des constructions différentes. différentes. Il n’y a ellipse que si la place du mot est clairement dessinée par les mots présents : C’est une sphère dont le centre est partout, partout, la circonférence nulle part. (Pascal) part. (Pascal) - Les procédés d’inachèvement volontaire sont très fréquents : fréquents : Des sauvages... Des sauvages... disait-elle . (Colette) b. Les ruptures de la cohésion peuvent aussi être tout simplement des fautes - phrase inachevée (ne pas confondre avec une anacoluthe !) ; - ambiguïté du nom support d’un gérondif, d’un participe ou d’un infiniinfin itif ; - ambiguïté de l’antécédent d’un pronom ; pronom ; - faute d’orthographe d’accord ; d’accord ; - métaphore mal filée ; etc.
4.2. La cohérence du texte. 4.2.1. Les types de cohérence. La cohérence d’un texte dépend de plusieurs facteurs : facteurs : - la différence entre communiquer au sens de transmettre une information et communiquer au sens de comprendre. - la différence entre textes informatifs à dominante référentielle et textes littéraires à dominante associative. On peut donc distinguer quatre principaux types de cohérence : cohérence : - la cohérence informative, informative,
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- la cohérence d’exposition, d’exposition, - la cohérence de narration, narration, - la cohérence d’évocation. d’évocation. Ce sont des cadres généraux. Un texte n’appartient pas obligatoirement à un seul type de cohérence.
4.2.2. La cohérence informative. On pourrait l’appeler cohérence d’application ou cohérence pratique. pratique. Elle parle du « monde ». On lit le texte, mais on « regarde r egarde » hors du texte. C’est une cohérence à dominante référentielle. référentielle. Elle concerne des textes informatifs : informatifs : guide, mode d’emploi, catalogue, convocation, etc. La cohésion est assurée de la manière la plus simple, la plus neutre : peu de phrases complexes, temps verbaux courants, énonciation-récit. Un défaut fréquent est l’abondance des adjectifs et des pronoms d émonstratifs. L’élégance consiste dans la précision et la clarté : clarté : L’important massif de la forêt de Larbois domine la ville et occupe toute la rive gauche de la boucle du fleuve. Les routes forestières offrent de beaux aperçus sur les futaies de feuillus (principalement des hêtres) et sur les pinèdes.
4.2.3. La cohérence d’exposition. Elle demande une grande unité thématique. thématique. Une simple lettre commerciale doit présenter cette cohérence et ne comporter qu’un seul objet. Les textes sont de trois sortes : - Textes législatifs et juridiques obéissant à des critères d’exposition spécifiques. - Textes scientifiques et techniques où la cohérence démonstrative repose sur l’expérimentation et les preuves scientifiques, calculs à l’appui.
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- Textes d’opinion, d’idées, ou la démonstration et les preuves sont obtenues en partie par les ressources de la rhétorique. On parle ici de cohérence délibérative. délibérative. La cohésion de ces textes peut être assurée par toutes les ressources de la langue et du discours : Les lois de la démocratie tendent, en général, au bien du plus grand nombre, car elles émanent de la majorité de tous les citoyens, laquelle peut se tromper, mais mais ne saurait avoir avoir un intérêt contraire contraire à elle-même. (Tocqueville)
4.2.4. La cohérence de narration. La cohérence de narration intervient dans tous les textes qui « racontent » une histoire, histoire, que ce récit soit leur premier objectif ou qu’il soit un objectif parmi d’autres. - Bien entendu, des données particulières interviennent pour organiser la narration d’un d’un texte historique, d’un roman ou de l’intrigue d’une pièce de théâtre. Mais tous ces types de textes ont en commun une cohérence narrative qui organise les rapports entre les épisodes de la narration, les moments et les lieux où elle se déroule, les personnes ou les personnages qui interviennent... - Si la narration a un caractère historique (histoire, autobiographie), les référents sont évidemment importants. Mais même dans ce cas, et à plus forte raison si la narration rapporte une fiction, la dominante est associative. associative. Le plus « réaliste » des romans est d’abord un roman. Toutes les possibilités de la langue et du discours servent à la cohésion de ces textes : Le vieux Bélus, roi de Babylone, se croyait le premier homme de la terre : car tous ses courtisans le lui disaient, et ses historiographes le lui prouvaient. (Voltaire) vaient. (Voltaire) Il neigeait. On était vaincu par sa conquête. Pour la première fois l’aigle baissait la tête. Sombres jours ! l’empereur revenait lentement, Laissant derrière lui brûler Moscou fumant. (Hugo) fumant. (Hugo)
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Le poème combine cohérence poétique (dominante), cohérence de narration et cohérence délibérative (par sa place dans Les Châtiments). Châtiments ).
4.2.5. La cohérence d’évocation. On pourrait aussi l’appeler cohérence poétique. poétique. Mais cette cohérence ne concerne pas que des textes poétiques. poétiques. Elle joue aussi sur les sons du discours, les associations d’idées et les métaphores, tout ce qu’un texte peut suggérer... Le passage d’une cohérence narrative à une cohérence d’évocation s’observe bien dans ces lignes d’Aragon : d’Aragon : Dès que la petite Jeanne put dire trois mots, put marcher, elle cessa d’intéresser son frère. Et, en général, elle cessa d’être intéressante. C’est ainsi que, bien que n’étant pas fils unique, Pascal eut entre des parents divisés une enfance solitaire. Une enfance solitaire, et puis pas si solisol itaire que ça. Une enfance pourtant dont il lui restera une couleur de feuillages sombres entremêlés, entremêlés, un parfum de noisetier et de chèvres, chèvres, une lumière d’avant l’orage, quand on se met à courir en sachant qu’il est trop tard pour gagner un abri. (Aragon).
4.2.6. Le début et la fin du texte. Le texte est un tout. tout . Il forme un ensemble clos. Il est donc utile d’analyser d’ analyser les frontières de ce tout. tout. Dans les textes de cohérence informative et de cohérence d’exposition, le début et la fin ne sont pas libres. libres. Il convient de se poser plusieurs questions. - Est-ce bien le début ? début ? Commence-t-on Commence-t-on bien par l’énoncé des hypohyp othèses et des objectifs? - Est-ce bien la fin, la fin, la conclusion, le résultat de la démonstration, les conséquences ? Rien n’a-t-il n’a-t-il été oublié ?
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Dans les textes de cohérence narrative ou poétique, début et fin sont entièrement libres. libres. Les questions à se poser sont différentes. - En quoi est-ce un début ? une fin ? Qu’estQu’est-ce qui donne l’effet de début ? de fin ? - Pourquoi ce début-là ? cette fin-là ? fin-là ? Si on imagine un autre début, une autre fin, qu’est-ce qu’est-ce que cela change à la cohérence du texte ? Début et fin reçoivent des noms divers. - Préface (avertissement, Préface (avertissement, avant-propos, introduction) et postface (conpostface (conclusion) sont en dehors du texte. Sauf dans les romans qui jouent sur ces deux parties : le début des Lettres persanes, persanes , des Liaisons dangereuses, reuses, la fin de Jacques de Jacques le fataliste, fataliste, d’ Adolphe... Adolphe... - Prologue et et épilogue épilogue font partie du texte. Leur origine origi ne est théâtrale, mais ils sont employés pour d’autres genres de textes. - Exorde et et péroraison péroraison s’appliquent à un discours. - Attaque et et chute, chute, ou pointe, ou pointe, s’appliquent à des textes brefs, satiriques ou polémiques. - On appelle incipit appelle incipit (latin (latin « il commence ») les premiers mots d’un texte. Beaucoup d’auteurs ont souligné l’importance de l’incipit, de cette sorte de plongée dans le texte.
4.2.7. Le titre. Le titre et, titre et, le cas échéant, le soussous-titre, titre, font partie du texte global. - Dans les textes informatifs, le titre doit annoncer le contenu du texte : Théorie de la gestion des entreprises Guide des chemins de randonnée de la région parisienne - Dans les textes littéraires, le titre est moins contraint mais il participe pleinement au sens général du texte : Le Malade imaginaire – Candide Candide – Le Le Rouge et le Noir – Alcools Alcools
4.2.8. Les ruptures de la cohérence. Comme les ruptures de la cohésion, les ruptures de la cohérence peuvent être des fautes, fautes, par exemple un coup de théâtre invraisemblable.
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Mais ces ruptures peuvent ruptures peuvent aussi être volontaires : volontaires : - La digression rompt la continuité d’un raisonnement. En principe, on recommande de l’éviter, ou de la faire aussi brève que possible. - Beaucoup d’effets comiques ou dramatiques reposent sur une rupture de cohérence : quiproquo, quiproquo, accélération des conséquences d’un fait, coup de théâtre, péripéties... péripéties... - Quant aux métaphores, métaphores, ce sont de parfaits exemples d’incohérence, une incohérence qui ouvre sur une autre cohérence.
4.2.9. Les « détournements » de texte. - Plagier un texte, c’est le copier et s’en présenter comme l’auteur. C’est un délit. Il ne faut pas confondre le plagiat avec la citation, citation, qui est une forme légitime de discours emprunté. - Le pastiche Le pastiche est une imitation aussi fidèle que possible p ossible du style d’un auteur. C’est un authentique travail de lecture et d’écriture. Pasticher convenablement un auteur exige qu’on connaisse bien ses manières d’écrire. - La parodie imite parodie imite un texte en le caricaturant et en le détournant de ses intentions initiales. Elle recherche toujours un effet comique. Le style burlesque (première moitié du XVIIè siècle) offre de bons exemples de parodie.
5. Routines et formules. 5.1. les principes Les textes écrits sont écrits sont ceux qui se réalisent au moyen de signes graphiques de caractère visuel. Jusqu’à l’arrivée des moyens audiovisuels, l’écriture a été la seule manière de permettre que les messages durent dans le temps et la manière la plus adéquate pour le rapprochement
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culturel entre des lieux différents, surtout surtou t depuis l’apparition de l’imprimerie au XVè siècle. En principe, l’expression écrite constitue une sorte de substitution de la communication orale. orale. Cependant, elle ne possède pas un caractère car actère universel. Elle permet à l’émetteur et au récepteur de ne pas être en contact direct et, principalement, que les messages durent dans le temps. temps. Face aux variétés locales et sociales que présente l’expression orale, l’expression écrite se caractérise par son caractère normatif et social, social, car elle tend à employer un niveau culte de culte de la langue, entre autres parce qu’elle permet la réflexion conceptuelle et grammaticale et les interruptions ne sont pas possibles p ossibles (structure fermée). fermée). Elle ne s’accompagne pas d’appuis expressifs ; expressifs ; le seul recours sur lequel elle compte sont les signes de ponctuation, qui ne peuvent en aucun cas refléter les nuances expressives dont bénéficie l’expression orale. Quant aux recours linguistiques qui caractérisent les textes écrits, le plus important est l’emploi d’une syntaxe ordonnée, cohérente et logique. gique. De là l’abondance des phrases complexes, unies par des liens ou grâce aux signes de ponctuation. De plus, le lexique est plus précis et varié, varié, et il évite les phrases toutes faites. Les textes écrits exigent que la situation soit décrite par décrite par l’émetteur, puisqu’elle n’est pas perceptible directement par le récepteur. Un me ssage du type Donne-moi cela a besoin d’une référence à l’objet que ded emande l’émetteur pour pouvoir être compris. En conséquence, l’usage pronominal dans les textes écrits joue surtout un rôle de remplacement et non déictique ; la déixis dans les textes écrits est marquée par les l es adverbes ou les syntagmes qui remplissent une fonction adverbiale. Quel que soit le texte que nous ayons à rédiger, il s’agit de respecter avant tout : - L’orthographe, L’orthographe, orthographe d’usage et orthographe grammaticale. Ne pas hésiter à consulter son dictionnaire ou sa grammaire (se rapporter au thème 11). - L’accentuation, L’accentuation, trop souvent négligée et anarchique (thème 11 également).
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- L’emploi correct de la de la majuscule et majuscule et de la minuscule. minuscule. - La ponctuation enfin, ponctuation enfin, si importante pour éclairer le lecteur et que nous voyons à continuation. - Finalement, méfions-nous du vocabulaire employé. vocabulaire employé. On est sans cesse à la merci d’un faux sens, d’un contresens, d’un non-sens, non -sens, sans parler du barbarisme et du néologisme (thèmes 12 et 13). L’usage de la ponctuation s’est développé dès la fin de l’Antiquité afin de compenser, par des signes graphiques, l’absence des indications fournies à l’oral par le ton, les pauses, les variations. var iations. Les dix principaux signes actuellement utilisés ont chacun leurs emplois spécifiques et coc odifiés. La ponctuation rend plus explicite la logique d’un texte, elle conco ntribue à son expressivité.
5.2. Ponctuation et clarté. Pour marquer les limites d’une phrase : phrase : - Le point, le point d’exclamation, le point d’interrogation, d’interrogation , suivis d’une majuscule, indiquent la fin d’une phrase. - Le point virgule, virgule, suivi d’une minuscule, sépare deux propositions grammaticalement indépendantes, liées par le sens. - Les trois points de suspension indiquent qu’une énumération n’est pas exhaustive, ou que la pensée n’est pas entièrement formulée. Ils se mettent mettent après un éventuel point d’exclamation ou d’interrogation si la phrase est grammaticalement complète ( !... ou ?...). Pour marquer la structure interne d’une phrase : phrase : - La virgule sépare obligatoirement les termes d’une énumération, et les propositions juxtaposées (on parle dans ce cas d’asyndète). Elle marque aussi le détachement d’un mot ou d’un groupe. Enfin, deux virgules deux virgules encadrent facultativement un terme ou un groupe pouvant être retranché r etranché (quand ce groupe est long, cela permet d’être plus clair). - Les deux points introduisent points introduisent un développement explicatif (notamment après une explication) ou une énumération finale. On peut leur substituer divers liens logiques. - Les parenthèses encadrent parenthèses encadrent un mot ou une proposition sans lien syntaxique avec le reste de la phrase (références, commentaire digressif...).
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Les tirets ont tirets ont le même usage ; on ne met que le premier tiret lorsque cette incidente termine la phrase (Il a réussi r éussi – – qui qui en aurait douté ?). - Les points de suspension (marquant l’hésitation), d’exclamation (oblid’exclamation (obligatoirement après une interjection) peuvent apparaître à l’intérieur d’une phrase. Si cellecelle-ci n’est pas achevée pas achevée ensuite, on fera éventuellement suivre ces points de suspension par un autre signe (... ! ou ... ?). Pour rapporter un discours : - On introduit par deux points et points et on encadre de guillemets un guillemets un discours rapporté (citation, discours direct). Chacune des répliques d’un dialogue est normalement précédée d’un tiret. - Les points de suspension signalent qu’une citation est tronquée ; tronquée ; on les met entre parenthèses lorsque la coupure est intermédiaire.
5.3. Ponctuation et expressivité. Le point de vue du locuteur peut être suggéré. suggéré. Un point d’exclamation (voire plusieurs) peut marquer l’exaspération, la surprise, etc. Une exe xpression peut être mise en relief (avec emphase ou ironie) i ronie) par des virgules qui l’encadrent, des guillemets ou une majuscule. Insérés Inséré s entre parenthèses, les points d’interrogation et d’exclamation suggèrent re spectivement pectivement le doute ou la surprise, l’indignation... Le rythme du texte, sa musicalité dépendent, surtout dans le cas de la prose, de la ponctuation adoptée. adoptée. Ainsi la pause, obligatoire, entre deux propositions indépendantes peut être plus ou moins marquée (par une virgule, un point virgule ou un point). Mettre des virgules là où la syntaxe syntaxe ne l’impose pas donne au texte un rythme plus heurté (on parle de style coupé).
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Aide mémoire 1. La communication écrite affiche, avis, circulaire, note de service, rapport, documents,, journal, hebdomadaire, magazine, petites annonces, brochure, ouvrage… Lecture exploratoire et lecture attentive. 2. Les différents types de textes écrits Les faits de communications sont ritualisés. A chaque situation correspondent des comportements langagiers particuliers. Les types de textes sont plus ou moins normalisés quant à l’utilisation des marques de la personne. Tout texte est le résultat résulta t d’une confrontaconfrontation entre les contraintes du genre et les stratégies mises en place par le locuteur. 2.1. Textes scientifiques : scientifiques : selon les disciplines et les situations - prédominance du il impersonnel, - prédominance du il anaphorique, prédominance du on, - apparition de l’énonciateur sous la forme de nous. 2.2. Manuels scolaires : scolaires : savoir scientifique dans une situation d’apprentissage. - présence du il anaphorique, - ou du il impersonnel, - présence du on lorsqu’il s’agit de désigner un tiers, - présence du nous qui nous qui désigne le locuteur, - présence du nous qui désigne l’élève destinataire. 2.3. Textes politiques : politiques : situation de communication. - prédominance du nous, nous, - la présence du vous. vous. - l’adversaire : l’adversaire : tantôt désigné par il , - tantôt par on, on, - tantôt par vous. 2.4. Textes publicitaires : faire : faire agir le destinataire en le séduisant - le locuteur est effacé, le locuteur l ocuteur (entreprise, société) se révèle sous la forme de nous, 2.5. Récits littéraires : selon des règles d’écriture. le narrateur peut manifester manifester sa présence comme un sujet qu’il raconte ou le narrateur peut faire savoir (faire croire) qu’il a été lui même le témoin. Cela se produit lorsque, dans de fausses autobiographies. 3. Structures et éléments formels
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Le fonctionnement d’une langue repose sur des régularités qu’on a ppelle les règles des structures de la langue. L’usage quotidien et ordinaire d’une langue met en jeu des manières de s’exprimer qu’on appelle les registres de la langue. 3.1. Le registre soutenu : des tours, des pratiques que personne n’utilise spontanément. N’est jamais spontané. - Demande une bonne connaissance des ressources de la langue. Modèle écrit. 3.2. Le registre familier : parole spontanée. Modèle oral, où les effets de style de l’oral sont souvent so uvent présents : présents : ton, accent, emphase syntaxique, hyperbole, redondances 3.3. Le registre courant, commun : moins spontané que le registre familier, mais plus spontané que le registre soutenu. Dituations de la vie quotidienne. Il fonctionne à l’oral ou à l’écrit. Passe inaperçu. inape rçu. 3.4. Emploi dans les textes point de vue normatif, point de vue descriptif, l’auteur s’en tient à la norme, l’auteur joue sur toute la gamme des registres, le lecteur doit repérer les passages où ces registres sont employés. 4. Règles normatives qui gouvernent le texte écrit. Un texte forme un tout à cause de sa cohésion et de sa cohérence. 4.1. La cohésion du texte. 4.1.1. Les facteurs de la cohésion : forme orale, morpho-syntaxique, lexicale et sémantique 4.1.2. Les ruptures de la cohésion : incises, anacoluthe, ellipse 4.2. La cohérence du texte : - informative, - d’exposition, - de narration, - d’évocation, d’évocation, - de début et fin du texte, - le titre. * Les ruptures de la cohérence : la digression, les « détournements » de texte. 5. Routines et formules. 5.1. les principes - caractère normatif et social, - pas d’appuis expressifs. - l’emploi d’une syntaxe ordonnée, cohérente et logique.
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- lexique plus précis et varié - évite les phrases toutes faites. - orthographe. (accentuation, emploi correct de la majuscule et de la minuscule, ponctuation) - Finalement, méfions-nous du vocabulaire employé. 5.2. Ponctuation et clarté. 5.3. Ponctuation et expressivité.
Bibliographie ARRIVÉ, MICHEL, GADET, FRANÇOISE ET GALMICHE, MICHEL, La grammaire d’aujourd’hui , Paris, Flammarion, 1986. BERRENDONNER, ALAIN, Éléments de pragmatique linguistique, linguistique , Paris, Éd. de Minuit, 1981. CALLAMAND, Monique, Grammaire vivante du français, français , Paris, Larousse, 1996. CHARAUDEAU, PATRICK, Grammaire du sens et de l’expression l’express ion,, Paris, Hachette, 1992. CHEVALIER, JEAN CLAUDE ; BLANCHE-BENVENISTE, CAIRE ; ARRIVÉ, MICHEL ; PAYTAR, JEAN, Grammaire Larousse du français contemporain, rain, Paris, 1988. DARDER y otros, Expresión escrita, escrita, Madrid, Alhambra 1987 ÉLUERD, ROLAND, Langue et littérature (Grammaire, communication, techniques littéraires), littéraires) , Paris, Nathan, 1992. MAINGUENAU, DOMINIQUE, l’Analyse du discours, discours , Paris, Hachette, 1991. REICHLER, CLAUDE et coll., l’Interprétation des textes, textes , Paris, Éd. de Minuit, 1989. SAUSSURE, FERDINAND DE, Français écrit, français parlé, parlé , Paris, Larousse, 1962. WAGNER, R. L. et PINCHON, J., Grammaire du français, français , Paris, Hachette, 1991. WEINRICH, HARALD, Grammaire textuelle du français, français , Paris, Didier, 1989.
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6 STRATEGIES DE COMMUNICATION
Sommaire Introduction 1. Stratégies de communication : définition 1.1. Les composantes de la communication 1.2. Le discours dans la situation de communication 2. Les stratégies de communication : typologie. 2.1. Situation et contexte 2.2. Locuteur et interlocuteur 2.2.1. Caractéristiques de la relation 2.2.2. Situation interlocutive et situation monolocutive 2.3. Les modes d’organisation du discours 2.4. La mise en scène et les types de textes 2.4.1. La mise en scène 2.4.2. Les sujets de la communication 2.4.3. Texte et types de textes
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Introduction La recherche sur l’acquisition d’une langue vivante est relativement rér écente. Les grammaires traditionnelles n’entrent pas dans ce domaine. En r evanche, certaines branches de la linguistique et de la sémiotique ont beaucoup exploré celui-ci depuis quelques années, et ont proposé différents points de vue sous des dénominations diverses. Il en résulte une extraordinaire richesse de pensée, de théories et de méthodes concernant le discours et le texte, mais aussi, malheureusemal heureusement, une certaine difficulté à voir clair dans un domaine qui, il faut le reconnaître, est relativement complexe. Un phénomène de mode vient se surajouter à cette situation : dans l’enseignement des langues on ne parle pas de communication, d’actes d’act es de paroles, de méthodes communicatives, de grammaires textuelles, etc., ce qui ajoute à la confusion. Des termes sont empruntés ici et là, sans toujours une parfaite rigueur conceptuelle, et mis en avant comme s’ils représentaient une panacée. Il s’agit donc d’être prudent pr udent lorsque l’on veut décrire les phénomènes de discours et discours et de communication. communication. Mais en même temps on ne peut échapper à la nécessité de présenter des instruments de réflexion et de description qui permettent de mieux comprendre et analyser les stratégies et composant de ces phénomènes. Dans ce thème vont être présentés un certain nombre de concepts et de catégories de base que participent à la mise en oeuvre de ce qu’est la communication. communication.
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1. Stratégies de communication : définition Qu’est-ce Qu’est-ce que communiquer ? ? Il faut se représenter l’acte de communication comme un dispositif au coeur duquel se trouve le sujet parlant : le locuteur, locuteur, qu’il parle ou écrive, en relation avec un autre partenaire, l’interlocuteur. l’interlocuteur.
1.1. Les composantes de la communication Les éléments ou composantes de la communication sont : - La situation de communication qui communication qui constitue le cadre à la fois physique et mental dans lequel se trouvent les partenaires de l’échange langagier, lesquels sont déterminés par une identité (psychologique et sociale), et reliés par un contrat de communication. - Les modes d’organisation du d’organisation du discours qui constituent les principes d’organisation de la matière linguistique, li nguistique, principes qui dépendent de la finalité communicative que se donne le sujet parlant : - Énoncer - Décrire - Raconter - Argumenter - La langue, langue, qui constitue le matériau verbal structuré en catégories linguistiques qui ont à la fois, et de façon consubstantielle, une forme une forme et et en sens. sens. - Le texte, qui texte, qui représente le l e résultat matériel de l’acte de communicacommunic ation. Il témoigne des choix conscients (ou inconscients) que le sujet parlant a faits dans les catégories de langue et les modes d’organisation du discours, en fonction de contraintes imposées par la Situation.
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Comme on le voit, communiquer est un phénomène plus complexe que ne le laissent supposer certains ouvrages spécialisés sur la communication. Ce phénomène ne consiste pas uniquement à transmettre une information. Communiquer c’est procéder à une mise en scène. scèn e. De De même qu’un metteur en scène de théâtre utilise l’espace scénique, les décors, la lumière, la sonorisation, les comédiens, un texte, pour produire des effets de sens à l’adresse d’un public qu’il imagine, de même le locuteur – locuteur – qu’il veuille parler ou écrire - utilise les composantes du dispositif de la communication en fonction des effets qu’il veut propr oduire sur son interlocuteur. Il convient donc de ne pas confondre entre elles les composantes de ce dispositif : - La situation de communication est communication est d’ordre d’ordre psychosocial, externe au langage tout en y participant. Elle est le lieu où se construit un contrat d’échange langagier, en fonction de l’identité des partenaires, et des intentions communicatives du sujet parlant. Cette composante ne se confond pas avec le discours. - Les modes d’organisation du discours sont d’ordre langagier. Ils rasra ssemblent les procédés de mise en scène de l’acte de communication qui correspondent à certaines finalités (décrire, raconter, argumenter). Cette composante faite de catégories de discours ne se confond ni avec la précédente, plus externe au langage, ni avec les catégories de la langue. Les catégories de la langue sont d’ordre d’or dre strictement linguistique en ce qu’elles organisent les signes en systèmes formels signifian ts. Cette composante ne peut être confondue avec la précédente. Elle constitue le matériau à partir duquel sera fabriqué un texte, à travers des mises en discours. Le texte est le produit-résultat produit- résultat de l’acte de communication. Il est fabrifabr iqué avec de la langue l angue et du discours, mais n’est pas de même nature que ces deux autres composantes.
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Le texte dépend directement du contrat de la situation de communication et du projet de parole du sujet parlant. Ainsi, les textes peuvent faire l’objet d’une catégorisation catégorisation en types de textes (publicitaires, scientifiques, d’information, d’instruction, etc.) que l’on ne confondra pas avec des types de discours, puisqu’un même type de texte peur résulter de un ou plusieurs modes d’organisation de disdi scours et de l’emploi de l’emploi de plusieurs catégories de langue.
Exemples : a) Les annonces d’offres d’emploi constituent d’emploi constituent un type de textes qui utilise en majorité un mode d’organisation descriptif et narratif : : Chaîne de magasin cherche directrice de magasin de 30 ans minimum, ayant une expérience de gestion, sachant animer une équipe, possédant une bonne maîtrise de l’anglais. Mais il peut utiliser parfois l ‘argumentatif : : Si vous êtes excellent vendeur vous pouvez, en un an, vous créer une situation indépendante. i ndépendante. Dans une mise en scène énonciative, qui, soit interpelle le destinataire de l’annonce : l’annonce : Souhaitez-vous Souhaitez-vous travailler avec une large autonomie d’action ? d’action ? Alors, cette annonce vous vous intéresse * soit présente les partenaires de cet acte de communication comme les protagonistes protagonistes d’un récit : récit :
Important laboratoire de cosmétiques recherche Directeur de laboratoire utilisant pour ce faire des catégories de langue qui modélisent l’énoncé de façon allocutive ou délocutive.
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b) Une intention de communication telle que la demande peut être configurée dans divers types de textes : textes : lettre administrative, lettre personnelle, sonnelle, interpellation de rue (demander l’heure), entrevue (enquête), et peut être mise en scène à l’aide d’un mode d’organisation tantôt descriptif , tantôt argumentatif . c) Un mode d’organisation du discours tel que l’argumentatif peut peut se trouver, à dose variable, dans divers types de textes : textes : article ou ouvrage scientifique, manuel scolaire, éditorial ou commentaire de presse, publicité, discussions-débats et même discussions-conversations. d) Quant aux catégories de langue , elles ne peuvent pas constituer un principe de classement des discours ni des textes, car elles peuvent se trouver dans toutes sortes de textes.
1.2. Le discours dans la situation de communication La communication humaine présente deux deux aspects. Ces deux aspects sont complémentaires, complémentaires, ils correspondent correspondent à deux manières de communiquer. Dans chacune de ces manières, la langue est mise en oeuvre. Cette mise en en oeuvre de la langue est est appelée le discours. Il n’y a pas de discours sans situation de communication. Qu’on communique avec soi-même soi -même (monologue intérieur), avec une autre personne personne (dans (dans un dialogue) ou des millions millions de personnes (par (par un média), le discours est toujours associé à une situation de communication. La place de chaque discours dans sa situation de communication met évidemment en jeu tous les facteurs de la communication. Il communication. Il est donc utile de suivre une démarche qui permette d’examiner quelques points essentiels : - Les liens qui existent entre le l e discours et sa situation de communication permettent de définir deux types d’énonciation.
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- L’énonciation peut avoir une valeur d’acte de langage. Le discours « dit » quelque chose mais il « fait » aussi quelque chose. - La situation situation de communication impose souvent le choix d’un certain registre de langue.
2. Les stratégies de communication : typologie.
2.1. Situation et contexte Ces deux notions sont souvent confondues. Ainsi, selon les ouvrages de linguistique ou de didactique, on voit apparaître les expressions « contextes linguistiques », contexte discursif », « situation linguistique » et « situation discursive » qui toutes semblent désigner, d’une manière générale, « tout ce qui entoure l’énoncé étudié ». étudié ». Parfois une distinction est proposée entre contexte linguistique, qui se réfère à l’environnement immédiat d’un mot ou d’une séquence cons idérés, et contexte discursif , qui se réfère à l’ensemble du texte qui ene ncadre le mot ou la phrase considérés. Parfois encore, il est proposé de distinguer la « situation » qui se réfère à l’environnement physique de l’acte de communication, et le « contexte » qui se réfère à l’environnement textuel d’un mot ou d’une sés équence de mots. C’est cette dernière distinction qui nous semble nous semble la plus opératoire et nous poserons dès le départ que le contexte est interne à l’acte de lanla ngage et toujours configuré d’une certaine façon (texte verbal, image, graphisme, etc..) alors que la situation est externe à l’acte de langage tout en constituant ses conditions de réalisation. réalisation. De plus, il est toujours possible de distinguer, si cela semble utile, un contexte linguistique et un contexte discursif.
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Le contexte linguistique désignerait linguistique désignerait alors l’environnement verbal d’un mot considéré, considéré, quelle qu’en soit la dimension. Le contexte discursif désignerait désignerait les actes langagiers qui existent (qui existent (qui on déjà été produits) dans une société donnée et qui interviennent pour la production /compréhension du texte à interpréter. Par exemple, pour comprendre (dans les années 90) le titre de journal Au pied du mur , il faut faire appel aux actes langagiers qui concernent la chute du mur de Berlin. Berlin.
2.2. Locuteur et interlocuteur Tout sujet parlant ou locuteur se trouve au coeur d’une situation de communication qui constitue un espace d’échange dans lequel il se trouve en relation avec un partenaire ou interlocuteur. interlocuteur.
2.2.1. Caractéristiques de la relation a) Caractéristiques physiques : Les partenaires - sont-ils présents physiquement l’un et l’autre, ou non non ? - sont-ils uniques ou multiples ? multiples ? - sont-ils proches ou lointains l’un de l’autre, et comment sont-ils sont -ils disposés l’un par rapport à l’autre ? l’autre ? b) Le canal de transmission - est-il oral ou graphique ? graphique ? - est-il direct ou indirect (téléphone, indirect (téléphone, médias) - quel autre code sémiologique est utilisé (image, utilisé (image, graphisme, signaux, gestuel...)
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c) Caractéristiques identitaires des partenaires. - sociales (âge, sociales (âge, sexe, race, classe... ) - socio-professionnelles (profession, socio-professionnelles (profession, métier, occupation artistique..) - psychologiques (inquiet, psychologiques (inquiet, nerveux, serein, froid, spontané, aimable, agressif, naïf...) - relationnelles (les relationnelles (les partenaires entrent en contact pour la première fois ou non ; ils se connaissent ou non ; ils ont des rapports de familiarité ou non) d) Caractéristiques contractuelles Elles sont fondées sur la relation échange / non échange. Le contrat admet un échange interlocutif (comme dans les conversations et dialogues du quotidien) ou au contraire n’admet pas l’échange (comme dans une conférence, du moins dans la partie exposé du conférencier ). ). Les débats et réunions de travail sont souvent structurés autour de moments d’échange et d’échange et de non-échange. Généralement, le contrat d’échange entraîne une situation de comm unication interlocutive, interlocutive, et le contrat de non échange une situation monolocutive. locutive.
e) Les rituels d’abordage. Ceux-ci constituent les contraintes, obligations, ou simplement conditions d’entrée en contact avec l’interlocuteur. l’interlocuteur. Dans une situation d’interlocution, il s’agit des salutations, échanges de politesse, demandes d’excuses etc., et dans une situation monolocutive écrite, des ouvertures/clôtures ouvertures/clôtures des lettres, des titres de journaux ou d’ouvrages, slogans des publicités, préfaces, avertissements, etc.
f)
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Les rôles de communication. Il s’agit des comportements discursifs que doivent réaliser les partenaires de l’échange, du fait du contrat qui les relie. relie. Exemples : Dans une situation de classe, on o n attend du professeur qu’il tienne un certain nombre de rôles : qu’il questionne, qu’il explique, qu’il donne des consignes de travail, qu’il anime la classe, qu’il évalue, etc.; de même que l’on attend de l’élève qu’il réponde aux que stions, qu’il exécute un certain travail, etc. Dans un débat de télévision on attend de l’animateur qu’il pr éésente ses invités, qu’il pose des questions, qu’il distribue la p arole, etc. Évidemment, il ne s’agit que de rôles attendus, qui dépendent strictement d’un type de situation considérée, et auxquels les partenaires peuvent peuvent ne pas se se conformer.
2.2.2. Situation interlocutive et situation monolocutive Il n’existe pas une opposition simple et tranchée entre langue parlée et langue écrite. Les distinctions résultent de la combinaison particulière particuli ère des composantes pour chaque situation de communication. Il faut d’abord d’abord considérer si : - les partenaires sont présents l’un et l’autre. - le canal de transmission est oral ou graphique. - l’échange est permis ou non. Ensuite, il sera possible de constater quelles sont les conséquences de telle ou telle combinaison sur le comportement langagier des interlocuteurs, et donc sur l’organisation de la configuration verbale.
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Il convient donc de parler plutôt de situation interlocutive et de situation monolocutive. a) En situation interlocutive Lorsque les partenaires de la communication sont présents physiquement l’un et l’autre, que le contrat permet l’échange, l’échange, que le canal de transmission est oral, et que l’environnement physique est perceptible par les partenaires, le locuteur se trouve dans une situation ou il peut percevoir immédiatement les réactions de son interlocuteur. Il est donc, dans une certaine mesure, à la merci de celui-ci, celui- ci, ce qui l’amène à anticiantic iper sur ce qu’il veut dire, à hésiter, à rectifier ou à se compléter. En revanche, il peut d’une part s’appuyer sur l’environnement physique pour se contenter d’en désigner les objets, d’autre par utiliser intonainton ation, gestes et mimiques pour renforcer son expression. Ces caractéristiques expliquent que la configuration verbale comporte des particularités : particularités : - un ordre des mots dit affectif , avec mise en tête des éléments d’information jugés (ou sentis) les plus importants par le locuteur. - une construction segmentée de séquences de mots en accumulation, accumulation , sans presque de liens logiques. - une alternance de termes qui ont tantôt un sens générique, tantôt un sens spécifique, spécifique, ce qui correspond à une démarche de la pensée qui se développe en temps faible et temps fort du point de vue de l’information. Ces particularités concourent à construire une configuration verbale dite en redondance progressive, comme on peut le voir dans cet exemple (il s’agit bien évidement de la transcription d’un échange interinte rlocutif) : Il l’a rangée (la voiture / papa papa / au garage) ? garage) ? Il (=papa), l’ (=voiture), a rangée (=action rangée (=action sur quoi porte la question)
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b) En situation monolocutive Lorsque les partenaires ne sont pas présents physiquement l’un et l’autre, l’autre, que le contrat ne permet pas l’échange, l’échange, que le canal de transmission est oral ou graphique, le locuteur se trouve dans une situation ou il ne peur percevoir immédiatement les réactions de l’interlocuteur (il ne peut que les imaginer). Il n’est donc pas à la merci de de celui-ci et peut organiser ce qu’il veut dire de manière logique et progressive. Cela explique que la configuration verbale correspondant à cette situation comporte des particularités opposées à la situation précédente : - ordre des mots dits progressifs. - construction continue et hiérarchisée. - une succession de termes dont le sens est hiérarchisé. - une explication nécessaire nécessaire de ce que pourrait signifier l’intonation et les mimiques, dans le cas où le canal de transmission serait graphique.
INTERLOCUTIVE Composantes Conséquences pour le locuteur situationnelles présence de par- Perception immédiate par le tenaires locuteur des réactions de l’interlocuteur Locuteur à la merci de contrat l’interlocuteur : l’interlocuteur : anticipation d’échange hésitation, rectification, complémentation environnement Utilisation des éléments perçus physique compar les deux partenaires mun
canal oral
Configuration verbale * Ordres des mots affectifs * Construction segmentée * Alternance de termes * Économie de mots et utilisation de déictiques
Utilisation d’intonations, gestes et mimiques * Superposition des signes
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MONOLOCUTIVE Composantes Conséquences pour le locuteur situationnelles non-présence de Non-perception immédiate partenaires Locuteur pas à la merci de l’interlocuteur : l’interlocuteur : réflexion et contrat de non organisation logique échange
Configuration verbale * Ordres des mots progressifs * Construction continue et hiérarchisée
Utilisation ou non des éléments * Succession de l’environnement termes à valeur environnement de l’environnement sémantique procommun ou non Utilisation ou non de gressive l’intonation, gestes et mim imiques * Éxplication ou non canal oral ou de l’environnement graphique * Éxplication ou non de l’intonation l’intonation et des gestes
2.3. Les modes d’organisation du discours Les procédés qui consistent à utiliser certaines catégories de langue pour les ordonner en fonction fonc tion des finalités discursives de l’acte de communication peuvent être regroupés en quatre modes d’organisation : d’organisation : Énonciatif Descriptif Narratif Argumentatif Chacun de ces modes d’organisation possède une fonction de base et un principe d’organisation
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La fonction de base correspond à la finalité discursive du projet de parole du locuteur, à savoir : Qu’est-ce Qu’est-ce que énoncer ? Qu’est-ce Qu’est-ce que décrire ? Qu’est-ce Qu’est-ce que raconter ? Qu’est-ce Qu’est-ce que argumenter ? Le principe d’organisation est double pour le Descriptif, Descriptif, le Narratif et l’Argumentatif. En effet, chacun de ces modes propose, à la fois, une organisation du mode référentiel, ce qui donne lieu à des logiques de construction de ces modes (descriptif, narratif, argumentatif) et une organisation de leur mise en scène, ce qui donne lieu à des mise en description, mise en narration et mise en argumentation. Le mode énonciatif a, énonciatif a, lui, un statut particulier dans l’organisation du discours. D’une part, il a pour vocation essentielle de rendre compte de la position position du locuteur par rapport à l’interlocuteur, à lui même et aux autres autres - –ce –ce qui donne lieu à la construction d’un d’un appareil énonciatif énonciatif ; d’autre par, et au nom de cette même vocation, il intervient dans la mise en scène de chacun des trois autres modes d’organisation. C’est pourquoi l’on peut dire que ce mode commande les autres. Voici les principales fonctions de modes d’organisation du discours : discours : Mode d’organisation Énonciatif
Fonction de base
Principe d’organisation Rapport d’influence - Position par rapport à (JE – (JE – TU) TU) l’interlocuteur Point de vue situation- - Position par rapport nel au dit (JE – (JE – IL) IL) - Position par rapport Témoignage sur le aux autres discours monde (IL)
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Descriptif
Narratif
Argumentatif
Identifier la succession des êtres du monde de manière objective / subjective
Construire la succession des actions d’une histoire dans le temps autour d’une quête pour en faire en récit, avec ses actants.
- Organisation de la construction descriptive (Nombre – (Nombre – Localiser Localiser – – Qualifier) * La mise en description (effets et procédés) * Organisation de la logique narrative (actants et processus) * La mise en narration (identité et statut du narrateur) * Organisation de la logique argumentative
Expliquer une vérité dans une visée rationalisante pour influencer l’interlocuteur * La mise en argumentation (procédés sémantiques et discursifs)
2.4. La mise en scène et les types de textes 2.4.1. La mise en scène Le locuteur, plus locuteur, plus ou moins conscient des contraintes et de la marge de manoeuvre que lui propose la situation de communication, utilise certaines catégories de la langue qu’il ordonne dans des modes d’organisation du discours pour produire du sens, à travers la mise en forme d’un texte. Pour le locuteur, parler est donc affaire de stratégie, stratégie, tout comme comme s’il se demandait :
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« Comment vais-je /dois-je parler (ou écrire), étant donné ce que je perçois de l’interlocuteur, l’interlocuteur, ce que j’imagine j’imagine qu’il perçoit et ata ttend de moi, du savoir que lui et moi avons en commun, et des rôles que lui et moi devons jouer ? » Autrement dit, on parle ou écrit en organisant son discours en fonction de sa propre identité, de l’image que l’on a de son interlocuteur, et de ce qui a été déjà dit. Ainsi, pour obtenir que son interlocuteur exécute une certaine action, on pourra, en fonction de toutes ces circonstances, lui donner un ordre : Apportez-moi un stylo pour signer, lui faire une demande, en lui posant une question : Est-ce Est-ce que vous pourriez m’apporter un stylo pour signer... ? Voire, raconter une histoire ou une anecdote anecdote pour l’inciter à faire : faire : Il était une fois un chef d’entreprise qui n’avait pas de stylo pour s igner...
2.4.2. Les sujets de la communication La situation de communication détermine l’identité sociale et psychopsychologique des personnes qui communiquent. Mais lorsqu’elles communiquent, ces personnes se donnent en plus une identité proprement langagière qui n’est pas de même nature que l’identité psychosociale. Certes, ces deux types d’identité se confondent dans l’instance de p arole du locuteur. Il est cependant nécessaire de les distinguer si l’on veut comprendre comment sont mis en place les enjeux de l’acte de communication. Quelle que ce soit la façon dont on les nomme, on distinguera:
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a) Les partenaires de l’acte de langage, langage , Ce sont des êtres sociaux s ociaux et psychologiques, externes à l’acte mais s’y inscrivant, et qui sont définis par un certain nombre de traits identitaires dont la pertinence dépend de l’acte de communication considéré. L’un de ces partenaires est le locuteur - émetteur qui produit l’acte de communication (on peut l’appeler « sujet « sujet communiquant », l’autre est l’interlocuteur - récepteur qui reçoit le discours du locuteur, l’interprète et réagit à son tour (on peut l’appeler « sujet « sujet interprétant » ). b) Les protagonistes de l’énonciation l’énonci ation,, Ce sont des êtres de paroles, internes à l’acte de langage, langage , et qui se définissent à travers leurs comportements discursifs. L’un de ces protagonistes est le locuteur-énonciateur locuteur -énonciateur (ou énonciateur) qui met en scène les intention discursives du locuteur, locut eur, l’autre est l’interlocuteur-destinataire l’interlocuteur-destinataire (ou destinataire) à qui le locuteur assigne une certaine place, à l’intérieur de son discours. Il n’existe donc pas le même type de rapport entre destinataire et r écepteur d’un côté, et énonciateur et émetteur de l’autre. Le destinataire dépend du locuteur (c’est par la place que lui accorde celuicelui -ci qu’il existe), alors que le récepteur qui interprète ne dépend que de luimême. On voit nettement cette différence si l’on compare la situation de comco mmunication interlocutive (émetteur, énonciateur / destinataire et récepteur se trouvent dans la même instance de parole) avec la situation de communication monolocutive écrite (émetteur et énonciateur / destinataire se trouvent dans une même instance de parole, alors que le récepteur se trouve dans un instance de parole postérieure). On représentera le dispositif de mise en scène du langage de la façon suivante :
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Fotocopia de la pag. 644 de la Grammaire du sens et de l’expression
Un acte de communication ironique, par exemple, ne peut s’expliquer que si l’on admet l’existence de ces quatre sujets. En effet, pour que Je que Je te félicite lancé à quelqu’un qui vient de faire une bêtise soit compris comme une critique ou un reproche, il faut que : - le locuteur-émetteur pense : « jugement négatif ». - l’énonciateur dise : dise : « jugement positif ». - le destinataire perçoive, grâce à un indice fourni par le locuteur, que derrière « le dit » il y a un « jugement inverse ». - l’interlocuteur-récepteur l’interlocuteur-récepteur soit en mesure de percevoir cet indice.
2.4.3. Texte et types de textes
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Le texte est la manifestation matérielle (verbale, matérielle (verbale, gestuelle, iconique... ) de la mise en scène d’un acte de communication, dans une situation donnée, pour servir de projet de parole d’un locuteur donné. Or, donné. Or, comme Situation de communication et Projets de parole relèvent r elèvent de finalités répertoriables, les Textes que en résultent présentent donc des constantes qui permettent de les classer en types de textes. Tantôt ce type de texte scientifique (évidement, il varie selon la discipline et le support qui le véhicule) est essentiellement organisé selon un mode argumentatif, en revanche, le type de texte publicitaire combine plusieurs de ces modes d’organisation, avec une tendance plus marquée marqué e pour le descriptif et le narratif, lorsqu’il s’agit de publicité de rue (affiches) ou de mam agazines populaires, et a recours au mode argumentatif, lorsqu’il s’agit de publicités que se trouvent dans des revues r evues techniques spécialisées. De même, dans la presse pre sse d’information, on trouvera des types de textes à tendance descriptive et narrative (comptes rendus, reportages, faits divers) et d’autres à tendance argumentative (commentaires et an alyses). Il est prématuré, en l’état actuel des études en analyse du discours, de proposer une typologie des textes. On se contentera de proposer quelques correspondances entre des modes de discours dominants et certains types de textes. textes .
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Aide mémoire 1. Stratégies de communication : définition L’acte de communication communicati on comme un dispositif (le locuteur, l’interlocuteur). 1.1. Les composantes de la communication - La situation de communication. - Les modes d’organisation du discours. - La langue. - Le texte. Communiquer c’est procéder à une mise en scène. Il convient de ne pas confondre entre elles les composantes de ce dispositif : - La situation de communication. - Les modes d’organisation du discours. Les textes peuvent faire l’objet d’une catégorisation en types de textes. a) Les annonces d’offres d’emploi. b) Une intention de communication telle communication telle que la demande. c) Un mode d’organisation du discours tel que l’argumentatif. d) Les catégories de langue. 1.2. Le discours dans la situation de communication Il n’y a pas de discours sans situation de communication. communication . La place de chaque discours dans sa situation de communication met évidemment en jeu tous les facteurs de la communication.
2. Les stratégies de communication : typologie. 2.1. Situation et contexte Le contexte est interne à l’acte de langage alors alor s que q ue la situation est externe à l’acte de langage tout en constituant ses conditions de réalisaréalis ation. Le contexte linguistique désignerait l’environnement verbal d’un mot considéré.
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Le contexte discursif désignerait les actes langagiers qui existent. 2.2. Locuteur et interlocuteur Tout sujet parlant ou locuteur se trouve au coeur d’une situation de communication qui constitue un espace d’échange dans lequel il se trouve en relation avec un partenaire ou interlocuteur. 2.2.1. Caractéristiques de la relation a) Caractéristiques physiques. b) Le canal de transmission. c) Caractéristiques identitaires des partenaires. d) Caractéristiques contractuelles. e) Les rituels d’abordage. f) Les rôles de communication. 2.2.2. Situation interlocutive et situation monolocutive Il n’existe pas une opposition simple et tranchée entre langue parlée et langue écrite. a) En situation interlocutive. Lorsque les partenaires de la communication sont présents physiquement l’un et l’autre, que le contrat permet l’échange. La configuration verbale comporte des particularités : - un ordre des mots dit affectif. - une construction segmentée de séquences de mots en accumulation. - une alternance de termes qui ont tantôt un sens générique, tantôt un sens spécifique. b) En situation monolocutive Lorsque les partenaires ne sont pas présents physiquement l’un et l’autre, que le contrat ne permet pas l’échange. 2.3. Les modes d’organisation du discours : discours : Énonciatif Descriptif Narratif Argumentatif 2.4. La mise en scène et les types de textes 2.4.1. La mise en scène Le locuteur utilise certaines catégories de la langue qu’il ordonne dans des modes d’organisation du discours pour produire du sens, à travers la mise en forme d’un texte. Pour le locuteur, parler est donc affaire de stratégie.
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On parle ou écrit en organisant son discours en fonction de sa propre identité, de l’image que l’on a de son interlocuteur, et de ce qui a été déjà dit. 2.4.2. Les sujets de la communication La situation de communication détermine l’identité sociale et psychologique des personnes qui communiquent. a) Les partenaires de l’acte de langage, Ce sont des êtres sociaux et psychologiques, externes à l’acte. b) Les protagonistes de l’énonciation, Ce sont des êtres de paroles, internes à l’acte de langage. 2.4.3. Texte et types de textes Le texte est la manifestation matérielle de la mise en scène d’un acte de communication, dans une situation donnée, pour servir de projet de projet de parole d’un locuteur donné.
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