ENRON : LE TITANIC FINANCIER DU XXI
SOMMAIRE I. Contexte de la crise A. ENRON et le marché de l’énergie aux USA B. Arthur ANDERSEN et le marché de l’audit l’audit
II. Raisons de la crise
A. Du côté d’ENRON B. Du côté d’Arthur ANDERSEN
III. Déroulement de la crise
A. Les prémices : une crise « officieuse » B. Au cœur de la crise : la crise crise officielle
IV. Stratégies de communication de crise adoptées A. Par ENRON B. Par Arthur ANDERSEN
V. Conséquences de la crise
A. Pour ENRON B. Pour Arthur ANDERSEN
VI. Recommandations prodiguées
I. Contexte de la Crise A. ENRON et le marché de l’énergie aux USA
Géant texan du courtage en énergie
3 500 filiales dans le monde entier
Créée en 1985 de la fusion de 2 entreprises de distribution de gaz naturel : Houston Houston Natural Gas et InterNorth ENRON correspond à l’ anagramme de NERON , Empereur romain despotique qui, après avoir opprimé les Chrétiens, fût soupçonné d’avoir incendié Rome. Activités exercées: électricité, gaz naturel, produits énergétiques divers, pâte à papier, acier, métaux, bande passante de télécommunication, risques de crédit, vente de vidéo sur Internet…
Fin 1990: ENRON tire les 4/5èmes de ses revenus de son activité de trading
En 2000: ENRON enregistre un chiffre d’affaires de plus de 100 milliards de dollars. Recense 21 000 salariés dans plus de 40 pays du monde. Se classe 7ème selon l’indice Standart& Poors Poors 500. Réalise 63 milliards de capitalisation boursière.
ENRON paie également Arthur ANDERSEN pour son audit: 52 milliards de dollars. 25 milliards de dollars en honoraires d’audit légal 27 milliards de dollars dans diverses missions d’ordre financier et fiscal.
ENRON: réussite, faillite et scandales 1990
1985
Naissance d’ ENRON ENRON Fusion entre Houston Natural Gas et de InterNorth , société mère de Northern Natural Gas. Gas. •
Dérégulation du marché de l’énergie Le gouvernement exprime sa volonté volonté de déréguler le marché nergie marché de l’é l’énergie et de créer un marché libre ou les fonctions transport, production, distribution seraient séparé parées. • Un tel marché à besoin de courtiers, réels intermédiaires professionnels. •
1999
ENRON perçoit très vite l’avantage qu’il pourrait tirer à se positionner en leader sur ce marché encore éme rgeant et émergeant fonde sa croissance sur le courtage en énergie.
Consé Consécration d’ ENRON ENRON
2001
Faillite d’ ENRON d’ ENRON Le 2 dé décembre 2001, les actions érents chutent à près • Par les diff acteurs du marché marché de 1$ financier; • ENRON est mis en faillite • Elle compte 21 000 salarié salariés dans le • Des montages monde; financiers, destinés à • Son action se vend à prè près de 90$. cacher un endettement colossal, sont découverts.
B. Arthur ANDERSEN et le marché de l’audit
Société d’audit et de conseil fondée en 1913, à Chicago; Membre des « Big Five* » jusqu’ à l’affaire ENRON; 84 filiales dans le monde; 26 000 salariés jusqu ’en 2001; Jusqu’en 2001, 30 000 audits par an dans le monde, dont 2500 aux USA; En France, le réseau comptait 550 avocats et 4 000 salariés
Depuis 1991, ENRON sollicite les services d’audit d’Arthur ANDERSEN Entre 1997 et 2001, Arthur ANDERSEN était l’unique auditeur d ’ENRON
* 5 cabinets d’audit les plus performants dans le monde : KPMG, DELOITTE & TOUCHE, PRICEWATERHOUSECOOPERS, ERNST & YOUNG.
L ’auditeur d’ENRON: Arthur ANDERSEN 1913
Naissance d Arthur ’ Andersen
1993
Arthur Andersen devient l’ l’ auditeur auditeur • Entre 1913 et 1999 d’ Enron Enron Arthur Andersen s’ implante implante dans 137 • Création • Enron fait son pays à travers les d Arthur ’ entré entrée dans le Andersen en portefeuille client cinq continents, 1913. d Arthur ’ Andersen emploie 70.000 personnes et • Arthur en 1992. revendique un chiffre Andersen est • De plus, Enron d’ affaires affaires de 6 un cabinet confie à Arthur milliards de dollars. d’ audit audit qui se Andersen • En plus de sa charge de la l’ externalisation externalisation fonction d’ d’ audit, audit, le certification de sa fonction cabinet propose un de d’ audit audit interne conseil juridique et l’ information information une assistance comptable et fiscale. financiè financière de ses clients.
1999
Doutes sur la comptabilité d’ Enron Enron
2001
Chute de l’ une une des « Big Five »
• En décembre Les premiers 2001, Enron fait doutes sur les faillite à la suite méthodes de manipulations comptables utilisées par Enron comptables, nant dans apparaissent dé dé jà jà entra î nant son sillage celle en 1999. d Arthur ’ • En 2000, Arthur chargé Andersen décide de Andersen, chargé de vérifier ses conserver Enron comptes. comme client, malgré malgré un statut qualifié de « risque maximum ». •
II. Causes de la Crise A. Les faux pas d’ENRON
Aucune des activités d ’ENRON n ’était pas soumise à la réglementation fédérale: dès 1992, la société obtient d ’être exemptée de toute vérification par la « Commodity Futures Trading Commission », organe de contrôle boursier. Entre 1993 et 1998, ENRON a confié à Arthur ANDERSEN l’ externalisation externalisation de sa fonction d’audit interne: mission désormais prohibée par la loi car ne permet aucune objectivité. Preuves apportées qu ’ENRON créait volontairement une pénurie d’énergie , pour gonfler artificiellement le prix de l’électricité et du gaz en Californie.
ENRON possédait environ 3 500 « Special Purpose Entities », baptisées SPE ou entités non consolidées, qui n’apparaissaient pas dans ses comptes, mais qui enregistraient d’importants passifs; De nombreuses activités d’ ENRON étaient gérées par ces SPE , basées pour la plupart dans des paradis fiscaux; Pour maintenir les SPE en dehors de son périmètre de consolidation , ENRON s’ assurait que plus de 3% de leur capital n’était pas détenu par lui, mais par des investisseurs indépendants; ENRON a extrait , via ces SPE , de substantielles tranches de dettes de son bilan et conservait une bonne notation de crédit des agences de rating.
ENRON a enregistré, dans ses comptes, des ventes imaginaires qui relèvent du « window dressing »: Exemple de la société Global Crossing, qui a annoncé des ventes de 3,2 milliards d’euros alors qu’elle avait réellement encaissé 2,1 milliards d’euros!!!
De nombreuses banques (Barclays Bank , JP Morgan Chase, Deutsche Bank …) …) ont financé les SPE d’ENRON , en leur prêtant de l’argent, sous forme d’investissements directs en fonds propres ou par sollicitation de riches investisseurs. Face au courant des flux de trésorerie entre ENRON et les SPE, ces banques n’ont pas alerté les autorités compétentes !!! Pire , nombre d’entre elles ont contribué à maquiller les comptes d’ ENRON ENRON: gonfler les bénéfices, dissimuler les dettes, accorder des « prêts déguisés ». Les agences de notation (elles-mêmes leurrées) ont émis des recommandations positives sur l’action, mais celles-ci étaient ENRrONées!!! Le discours d’ ENRON ENRON était élaboré pour séduire la Bourse , mais pas forcément pour donner une direction stratégique à l’entreprise.
Le 12 octobre 2001, ENRON a ordonné la destruction de documents comptables compromettants: Arthur ANDERSEN s’est rendu complice de la destruction de 1,7 tonne d’e-mails et documents comptables!!!
B. Les imprudences d’Arthur ANDERSEN
Entre 1997 et 1999, ENRON a été l’unique client d’Arthur ANDERSEN Houston (société mère), ce qui traduit un manque d’objectivité. Arthur ANDERSEN a accepté d’être à la fois auditeur , mais aussi d’ assurer assurer des services supplémentaires (conseil stratégique, conseil fiscal…) pour le compte d’ ENRON. En août 2000, Arthur ANDERSEN avait qualifié le budget ENRON de « risque maximum », mais a toutefois décidé de le garder comme client!!! Arthur ANDERSEN avait des antécédents pour avoir commis des irrégularités ou authentifié des comptes falsifiés!!!
III. Déroulement de la Crise A. Les prémices: début de la crise officieuse
1993 à 1998 : ENRON confie à Arthur ANDERSEN l’ externalisation de sa fonction d’ audit interne 1997 : Début des intrigues financières d’ ENRON Début 1999 : Carl Bass, senior partner chez Arthur ANDERSEN, est remercié à la demande d’ ENRON ENRON , pour vouloir mettre à jour les incohérences comptables d’ ENRON ENRON. Septembre 1999 : ENRON est élue « société de l’ année » Début 2000 : ENRON se classe 7ème parmi les 500 meilleures firmes américaines. 18 août 2000 : Avec une notation « risque maximum », Arthur ANDERSEN décide de garder ENRON comme client.
2000 : Arthur ANDERSEN a été l’ un des cinq plus gros donateurs dans la campagne de Bush (146 000 dollars) 12 octobre 2001 : ENRON donne l’ ordre à Arthur ANDERSEN (Houston) de détruire certains documents comptables compromettants. 16 octobre 2001 : Des pertes de 618 millions de dollars et de multiples dettes sont découvertes. 8 novembre 2001 : La SEC, gendarme financier de Wall Street , exige d’ Arthur ANDERSEN (Houston) qu ’ils mettent à sa disposition tous les documents relatifs aux comptes de la firme ENRON. 28 novembre 2001 : L’ action ENRON chute brutalement de 90 dollars à 60 cents et ses actionnaires se trouvent ruinés.
B. Au cœur de la tourmente, début de la crise officielle
2 décembre 2001 : ENRON annonce sa faillite et entame une procédure pour se placer sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites (qui permet de solliciter de nouveaux prêts bancaires), alors qu’elle licencie 4 500 salariés . Les dettes bancaires et emprunts obligataires contractés par ENRON sont estimés à 17 milliards de dollars. 10 janvier 2002 : Arthur ANDERSEN (Houston) avoue avoir détruit des documents comptables compromettants pour ENRON. 14 février 2002 : « Grand messe » d’ Arthur ANDERSEN France, afin de mobiliser les salariés. 14 mars 2002 : Comparution d’ Arthur ANDERSEN US devant les tribunaux; son réseau mondial explose. 15 juin 2002 : Condamnation d’ Arthur ANDERSEN US pour entrave à la justice.
IV. Stratégies de communication de crise adoptées A. Communiquer pour contrer « l’ENRONite » aïgue
« Rappelez - -vous v ous qu’en plein cœur de la crise, il a été révélé qu’ ENRON était la source la plus importante du financement de la carrière politique de G.W.BUSH, à hauteur de 623 000 dollars versés depuis 1993… ».
Par conséquent, avec une stratégie de bouc émissaire, l’administration BUSH a sciemment placé le cabinet Arthur ANDERSEN en première ligne, ce qui permet d’ éviter, du moins dans un premier temps, de focaliser sur les dirigeants d’ ENRON ENRON. Volonté d’esquiver momentanément les interrogations sur les relations politiques entretenues par ENRON et le candidat à la présidence américaine. ENRON a donc subtilement déporté les débats vers Arthur ANDERSEN.
Dans une moindre mesure, ENRON a appliqué la stratégie de l’amalgame:« J’ai mal agi, certes, mais tout le monde m’y a aidé » !!! !!! ENRON a énormément joué sur le fait qu’il n’aurait pas pu réaliser tous ces montages financiers sans le soutien d’autres entités : les banques d’affaires, le cabinet Arthur ANDERSEN… Ce qui démontre bien qu’ENRON n’était pas décidé à assumer,…seule…, la gravité de ses actes; attitude perçue comme une preuve de lâcheté et un manque certain de maturité professionnelle.
B. Arthur ANDERSEN aux États-Unis
Très rapidement, le cabinet Arthur ANDERSEN (Houston) a opté pour une stratégie d’acceptation , avec la reconnaissance des erreurs d’appréciation commises et que certains de ses employés avaient effectivement détruit de grandes quantités de correspondances avec la firme ENRON. Toutefois, Arthur ANDERSEN a fait savoir que le top management d’ENRON lui avait caché des informations importantes et que ses avertissements répétés devant le comité d’audit de la firme n’avaient pas été pris en compte!!!
C. Arthur ANDERSEN en France
But de la communication : rassurer les salariés et conserver ses clients. Politique de communication : relativiser le rôle du réseau Arthur ANDERSEN Worldwide dans l’affaire ENRON. Après une stratégie du silence de deux semaines , exigée par la direction aux USA, Aldo CARDOSO, le PDG d’Arthur ANDERSEN France, fait la tournée des médias et multiplie les interviews: il va s’efforcer de transformer l’affaire ENRON/ANDERSEN en point d’accroche pour un débat plus large: « les auditeurs ont - -ils i ls les moyens de bien exercer leur activité professionnelle? »
En interne, le cabinet se trouve en alerte maximale: constitution d ’une cellule de crise animée par Michel Léger un associé de la branche audit. recours à un spécialiste de la communication de crise , Stéphane Fouks , PDG d’Euro RSCG Corporate. élaboration d ’un plan de campagne , avec identification de six cibles: - les salariés: pour eux, interdiction de parler à la presse…mais édition d’un « kit de communication » avec des fiches techniques, à l’attention de tous les consultants d’Arthur ANDERSEN. Recueil des interrogations: boîte SVP sur Intranet; Mobilisation afin de créer un fort sentiment d’appartenance: organisation d’un grand show de remobilisation (4 000 salariés) lors duquel nombre de clients se succèdent pour exprimer leur soutien à Arthur ANDERSEN.
- les clients: le Président Aldo Cardoso envoie aux quelques 3 000 clients du réseau français une lettre, signée de sa main, pour les rassurer…car, même si aucune défection de clients Français n’est remarquée, beaucoup commencent à s’interroger!!! - les médias: circonscrire les faits aux Etats-Unis en insistant sur les spécificités de réglementations comptables entre les USA et la France, où les auditeurs sont plus indépendants; - les institutions: Ministère de l’Économie, AMF…: annoncer une volonté de réfléchir activement à des réformes de la profession d’audit; - le réseau des anciens: envoi d’une lettre les conviant à une grande réunion d’information; - les grandes écoles: peu voire pas de communication, étant donné le succès (accru, même !) du cabinet Arthur ANDERSEN auprès des jeunes diplômés, toujours un grand nombre de candidatures déposé.
Les points forts dans la communication de crise d’Arthur ANDERSEN France:
Communiquer en permanence auprès des salariés et
privilégier le dialogue avec eux, de manière à dissiper les craintes éventuelles
S’appuyer sur des valeurs fortes: intégrité, respect, unité de la firme, volonté d’excellence, développement personnel et « stewardship »:léguer un plus grand potentiel de carrière à son personnel, au moment de quitter la société. Sauver sa réputation et l’image du cabinet Continuer de recruter activement
V. Les conséquences de la Crise A. Pour ENRON 1) La confiance des marchés financiers ébranlée
Depuis la faillite d’ ENRON, les investisseurs s’ inquiètent du manque de transparence des comptes de nombreux autres groupes. Ils deviennent désormais plus vigilants et témoignent de moins de « confiance aveugle » à l’égard des dirigeants. Les investisseurs américains hésitent à réinvestir en bourse et veulent se tourner vers des valeurs mobilières sûres . Dépôt d’ une plainte collective contre 29 dirigeants d’ ENRON et accusation portée à 9 banques d’affaires de délit d’init ié , après avoir vendu des actions de la firme pour 1,2 milliards de dollars…juste avant les révélations de malversations comptables.
2) Conséquences Economiques et sociales
Effondrement du cours de l’ action ENRON. Perte en valeur du plan de retraite des anciens salariés d’ ENRON ENRON car composé à 61% des titres de la firme. Nécessité de réviser le système américain des fonds de pension. Défaillance profonde du système de contrôle par les marchés financiers. Situation financière très délicate pour les banquiers et les compagnies d’ assurance face à une dette de 16,7 milliards car ENRON s’ est placé sous la protection du code des faillites!!! Pertes énormes pour les banques d’ affaires : ENRON leur dispensait plus de 250 millions de dollars annuels de commissions. Licenciement de 4 500 salariés. Des milliers de salariés , qui avaient investi une partie de leurs économies et la totalité de leur épargne retraite en actions ENRON, se trouvent virtuellement ruinés et ont perdu leur emploi .
3) Le monde politique « éclaBUSHé » par ENRON
Révélation sur les liens étroits entretenus entre ENRON et le Président BUSH , avec une généreuse participation au financement de sa campagne électorale; l’ Administration américaine se défend de la moindre intervention politique dans cet imbroglio comptable. La participation d’ ENRON au financement de la classe politique américaine amène le pays à réformer le financement des partis de gouvernement.
4) De nouvelles lois pour une éthique financières et comptables Aux Etats-Unis: vote de la « loi Sarbanes / /Oxley Oxley », en juillet 2002, qui interdit à un commissaire aux comptes d’être également le conseil, pour la même firme, et fixe l ’obligation d’ un « concurrent partner partner », cabinet nommé pour vérifier le travail réalisé par l’un de ses concurrents. La SEC veut imposer des lois contraignants les sociétés cotées en bourse à dévoiler davantage d’ informations sur la situation financière des filiales non-consolidées , « SPE » dans leur bilan comptable. En France : - en mai 2001, loi relative aux nouvelles régulations économiques sur la « corporate governance ». - en octobre 2002, loi relative à la sécurité financière avec création de l’Autorité des Marchés Financiers et augmentation du pouvoir de contrôle actionnarial.
B. Pour le Cabinet Arthur ANDERSEN 1) Conséquences économiques et sociales
Le réseau Arthur ANDERSEN implose et provoque le démembrement de ses activités à l’ international . Aux USA, les clients grands comptes ont déserté les uns après les autres. Ailleurs dans le monde, les cabinets membres d’Arthur ANDERSEN Worldwide cherchent concrétiser des alliances avec leurs concurrents. Perte des 2/3 des employés aux Etats-Unis. Plusieurs centaines de partenaires , sur un total de 1 700, sont partis à la concurrence emmenant avec eux une partie de leurs clients. Paul VOLKER , ancien Secrétaire d’Etat au Trésor , prône le remplacement de toute l ’équipe dirigeante d’Arthur ANDERSEN et propose un plan de reprise du Cabinet avec la suppression de 7 000 emplois.
2) Conséquences judiciaires
Arthur ANDERSEN est déclaré coupable d’ obstruction à la justice dans l’affaire ENRON et se trouve passible d’amendes dont le montant serait deux fois supérieur au préjudice estimé. Arthur ANDERSEN est réduit à plaider son incompétence pour éviter d’ admettre avoir violé la loi américaine. Plusieurs plaintes ont été déposées contre Arthur ANDERSEN , accusé d’ avoir certifié des comptes mensongers et visé également dans la plainte déposée pour délit d’ initié.
3) Refonte de la profession d’audit
Mise en application, en 2005, des normes comptables internationales « IAS » applicables aux sociétés cotées de l’ Union européenne avec: - indépendance du commissaire aux comptes; - remplacement des associés chargés d’ auditer la même firme tous les sept ans et responsabilisation des dirigeants dans l’ élaboration de l’ information financière.
Création du Comité de Supervision des Professions Comptables « PCAOB », chargé de l’élaboration de toutes les règles d’ audit.
VI. Les Recommandations 1) Pour la communication d’ENRON
Les stratégies de l’amalgame et du bouc émissaire , combinées à un comportement consistant à se servir du bouclier politique « BUSH », n’ont pas vraiment joué en sa faveur. ENRON aurait dû assumer davantage ses erreurs et opter pour la stratégie d’acceptation vis-à-vis de l’opinion publique. ENRON n’a pas cherché à dissocier sa faillite d’avec sa participation au financement de la campagne présidentielle américaine ; 1) les médias ont systématiquement fait l’amalgame des deux et l’Administration BUSH s’est donnée un droit de regard sur la communication de la société; 2) pour garder le contrôle de sa propre communication, ENRON aurait dû éclaircir la situation dès le début, gérer sa communication de crise , d’une part, et s’exprimer sur les fonds versés au Président américain , de l’autre!!!
2) Pour la communication d’Arthur ANDERSEN
S’il est judicieux de mobiliser les salariés autour de leur société en période de crise, le réseau Arthur ANDERSEN France n’aurait peut-être pas tant dû insister sur un sentiment d’appartenance , dans la mesure où il souhaitait en contre-partie se distinguer du réseau Arthur ANDERSEN américain, impliqué, lui, dans l’affaire ENRON. Face à la crise, Arthur ANDERSEN France aurait pu envisager un événement un peu moins fastueux, et surtout moins médiatisé , pour remobiliser ses troupes: son « grand show » a pu être perçu comme trop ostentatoire et le doute dans les esprits.
A vouloir éviter de reproduire les écueils de la communication d’ENRON, Arthur ANDERSEN France s’est enlisé dans les siens. Le réseau français , soucieux d’informer et de rassurer en permanence ses salariés, n’a pas toujours eu recours aux méthodes communicationnelles les plus adéquates . Une lettre interne hebdomadaire ou bi-mensuelle , apportant des témoignages de clients satisfaits et abordant des questions récurrentes parmi les salariés et diffusée dès le début de la crise officielle, aurait peutêtre suffit à rassurer le personnel et ce, sans le « show - - off » du rassemblement du 14 février 2001.
CONCLUSION
Deux Interrogations posées:
1) Manque de viabilité du système de retraite par capitalisation tel qu’il est conçu aux Etats-Unis. 2) Manque de viabilité du système de corporate governance américain: - Confusion des rôles, - Manque d’indépendance des acteurs financiers vis-à-vis de leurs clients, - Primauté des apparences boursières sur les critères éthiques de la conduite de management.
PRECONISATIONS
Plusieurs propositions apparaissent: - Claude Bébéar, ancien PDG d’AXA, préconise l’arrivée d’administrateurs indépendants, afin que les profils soient spécifiques au sein du conseil et des administrateurs: ne plus les choisir parmi les actionnaires ou dans les réseaux financiers et amicaux. - création d’un organe de contrôle des bonnes pratiques, publicité des votes et décisions. - séparer les fonctions de Président et de directeur général. - éviter l’envolée des rémunérations, faire attention à l’importance grandissante et dangereuse des fonds spéculatifs et encore plus des hedge funds.