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LA MAITRISE DU MENTAL OU LA CLE DE LA VICTOIRE Le mental est la clé qui ouvre ou ferme la porte du bonheur, de la réussite, de l'efficacité, que cette porte soit de nature matérielle ou spirituelle, qu'elle se rapporte aux arts martiaux ou à la vie quotidienne. De nos jours, il n'est par rare d'entendre parler de "bon" ou de "mauvais" mental, et ce mental fait l'objet de nombreuses spéculations et d'une riche littérature. Le sujet est immense. Nous allons le traiter le plus simplement possible et d'une manière théorique. J'aborderai l'aspect pratique dans un prochain article. Etudions tout d'abord brièvement les autres parties du mécanisme humain, sans lesquels il serait difficile de situer le rôle fondamental du mental. Tout homme est constitué d'une partie visible et mortelle, le corps physique et vital, d'un corps émotionnel (souvent perturbé) et d'un corps mental trop souvent distrait. Avec le premier, l'homme agit, avec le second il sent, avec le troisième il pense. Dans la pratique du Budo, la recherche fondamentale, quel que soit le degré où elle s'exprime, est l'efficacité. Pour certains, ce sera de parvenir à la maîtrise des autres, pour d'autres ce sera de se maîtriser soi-même. Au-delà de l'homme primitif, dont l'efficacité est purement physique, il faut reconnaître que l'efficacité de l'homme pensant va beaucoup plus loin et inclut une efficacité émotionnelle et mentale. Au-delà du mental se trouve un monde inconnu et inconscient sur lequel nous
n'avons pas de contrôle volontaire, qu'il s'agisse de la mémoire, du métabolisme du corps ou de la conscience spirituelle causale qui est censée nous donner la vie, le mouvement et l'être. On a, dans tous les pays du monde, appelé cette partie invisible, l'âme. Il s'agit du domaine de tout ce qui est spirituel, domaine que se sont accaparé les religions. En réalité, il s'agit tout simplement du domaine de l'homme réel qui n'appartient qu'à luimême, qui est son essence originelle, la source de sa vie matérielle et de sa conscience. On peut donc considérer que l'homme est double : CORPS-ESPRIT. L'intérêt du mental réside dans le fait qu'il se trouve au centre de ces deux opposés. Que les étudiants en Budo approfondissent cela, car ce centre se rapporte au cet autre centre tant prôné, le Seika Tanden et à sa faculté d'intégration. Le meilleur moyen de décrire le mental est, comme le firent les Orientaux, de le comparer à un miroir mobile. En lui-même, le mental n'est rien, la lumière de la conscience du Soi s'y reflète, mais elle se trouve au-delà du mental. Donc, tel un miroir, le mental reflète tout ce que perçoivent les sens. Il est comparable à la lentille grossissante d'une caméra : l'homme véritable (l'âme) est l'opérateur, la lumière est la force vitale (Ki), le film est l'existence. La lentille reflète et projette les images du film sur l'écran (le monde) et la conscience de l'opérateur s'identifie, le temps du film, avec les scènes projetées. Il se perd de vue et entre dans le jeu du film au point de s'identifier totalement avec les héros et d'en subir les réactions émotionnelles agréables et désagréables. Dans la vie d'un homme, le mental déforme la réalité et crée l'ego, le sens du "je suis", ce sens qui nous fait considérer
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les autres comme séparés de nous-mêmes. Cela ne doit pas être oublié car retrouver son véritable Soi (l'opérateur) au-delà du mental est le but de chaque individu. Cela s'appelle la REALISATION. Le Budo constitue un excellent moyen d'y parvenir. Le mental, à l'égal du miroir, reflète le monde perçu par les sens, mais il a en plus la faculté de conserver les impressions de ces images grâce à la mémoire. C'est ainsi que sont conservées les tendances bonnes ou mauvaises héritées d'une ancienne existence selon les spiritualistes, et de nos parents génétiques comme le disent les matérialistes. Dans toutes les traditions authentiques et les systèmes de pensée religieux orientaux, on considère que le mental est double, inférieur et supérieur. Il ne s'agit là que d'une image pour montrer que, selon l'orientation du miroir mental, celui-ci capte le meilleur ou au contraire le pire.
LE MAUVAIS MENTAL “Avoir un mauvais mental” est une expression couramment employée dans le jargon franco-japonais du Budo. C'est une expression qui signifie que l'individu à qui appartient ce mental a des idées et une attitude générale négatives et destructrices, incluant des défaut comme la critique, la jalousie ou la colère. Cela démontre un pratiquant faible et incapable de se maîtriser. Si nous reprenons la constitution de l'homme dans sa forme la plus basse, c'està-dire physique, nous voyons que l'individu est en conflit avec ses instincts. L'égoïsme (qui chez l'animal se traduit par le sens de la propriété du territoire), le sexe (dont le but est la procréation ou un moyen d'équilibre s'il est utilisé modérément et s'il engage non seulement le corps mais aussi les plus hauts sentiments d'amour ou d'affection), restent cependant insoumis pour la majorité des humains. User mais ne pas abuser, c'est là la bonne formule. Dans le cas contraire, la sexualité amène avec elle une vieillissement précoce, une défaillance de la vitalité, une faiblesse organique généralisée et finalement la maladie. La goinfrerie fait aussi partie des instincts du corps. Tout le monde sait qu'il est malsain de boire de l'alcool ou de fumer. Combien de budokas parviennent à s'en abstenir ? Si vous pensez être maître de votre corps, alors c'est simple, abstenezvous en pendant une période de six mois ou plus. Bien sûr, beaucoup y parviendront avec des efforts et des refoulements, mais ce n'est pas cela la maîtrise. La maîtrise consiste en fait à y parvenir mais sans effort
et le plus naturellement du monde. Et pour cela, ce n'est pas arrêter de fumer qui compte, mais couper le désir de fumer au point où le problème disparaîtra de luimême. Un budoka ne devrait jamais dire : "C'est plus fort que moi..." car alors il admet qu'il ne possède aucun ascendant sur ses véhicules et qu'il n'a pas une once de maîtrise personnelle. Nous avons parlé de désir. Le désir ne se rapporte pas au corps dense mais au corps émotionnel (corps régi par le centre du plexus solaire). Peu de personnes pensent avec puissance, concentration et clarté, car les pensées sont toutes imbibées de passions, de désirs et d'émotions diverses. Le mental ne peut être stable et concentré car la caractéristique des désirs est de vouloir un objet, de s'en lasser et d'en désirer un autre... Le corps émotionnel est donc en perpétuel flux et reflux d'énergie astrale et ce sont ces émotions qui vous mènent de droite à gauche. Cette dispersion débouche sur la souffrance, car l'émotion est la soeur du désir, et le désir cherche toujours à s'approprier ce que perçoivent les cinq sens. C’est malheureusement sur l'émotion que beaucoup édifient leurs idéaux et leur vie. On comprend dès lors la cause de leur souffrance, car le monde des formes est en perpétuel changement, toutes les formes naissent puis meurent. Le corps humain luimême, que trop de budokas vénèrent comme un but au lieu de le considérer comme un moyen, n'est pas permanent et est entièrement renouvelé tous les sept ans. Force nous est donc de constater que nous ne pouvons pas compter entièrement sur le monde matériel pour parvenir à la paix. Voici un exemple simple mais fréquent : Un homme épris de voitures en voit une. Il la désire, l'achète et est heureux. Que, par malchance celle-ci tombe en panne, soit volée ou accidentée, et notre homme est malheureux. Il en est ainsi, et je pèse mes mots, de tout ce qui se trouve à l'extérieur de soi-même (le corps physique lui-même n'est pas le Soi réel, l'âme). Pour résumer, nous dirons que le mental est inférieur lorsqu'il est dirigé vers le bas, et que tel un miroir il ne reflète que le monde évanescent de la manifestation matérielle, un monde de dualités constantes où il alterne, comme nous venons de le voir, entre heureux (positif-yin) et malheureux (négatif-yo) sans jamais pouvoir s'équilibrer. L'existence dans un corps de chair est le résultat de cette dualité. Preuve évidente de cette dualité : La vie (Ki) et la conscience (Ishiki) pénètrent par le souffle (inspir-expir). Le Ki, porteur de la
conscience divine et universelle, pénètre grâce aux poumons dans le sang qui est envoyé dans tout le corps par le rythme dualiste du coeur (contraction-dilatation). Pour conserver cette existence, le corps est mis au repos; il possède donc ses nuits et ses jours. En bref, quelle que soit la forme (système solaire, être humain ou atome), cette dernière est toujours dépendante d'une dualité et tant que celle-ci existe, un conflit entre les deux opposés reste présent. Dans l'homme, ce conflit est ressenti comme une souffrance. Qui dit rythme dit obligatoirement temps, et c'est grâce à ce temps que s'épanouit la conscience minérale, puis végétale, animale et humaine au point où cette conscience animale devient intelligente, s'organise et décide volontairement de s'élever au-dessus de ses instincts. C'est le moment où l'homme oriente consciemment le miroir de son mental vers le haut, le ciel où se trouve la lumière.
LE BON MENTAL Comme nous l'avons déjà expliqué dans l'exemple de l'opérateur et du film, de même que l'opérateur s'identifie aux actions qui se déroulent sur l'écran, le mental s'identifie à son propre corps et se prend pour lui. Ainsi, lorsque le corps vieillit, la conscience souffre. Lorsque le corps meurt, l'homme meurt avec lui. Reprenons l'exemple du chauffeur. On voit souvent un homme aimer sa voiture et s'identifier avec elle au point de prononcer des phrases telles que : "J'ai crevé", "Donnez-moi de l'essence", "Faites-moi le plein". Qu'une autre voiture vienne par accident lui enlever quelques centimètres de peinture et le chauffeur souffre comme s'il était lui-même la voiture. On parlera de mental supérieur, ou bon mental, lorsque l'on réussira à orienter la conscience vers d'autres valeurs moins temporaires. Sachant que le pouvoir du mental est de REFLETER, tachons de lui permettre d'entrer en relation avec ce qui est bien, bon et beau, avec ce qui est permanent et qui est UNITE, en un mot avec les qualités ou attributs de l'âme (AMOURV O L O N T E INTELLIGENCE), et de cette façon nous éliminerons tout ce qui dans notre vie est cause de souffrance. La meilleure attitude pour y parvenir,
s péc ialem ent en Budo, es t le DETACHEMENT. Miyamoto Musashi, pour réaliser la voie du sabre, savait si bien cela qu'il s'était interdit tout attachement sentimental ou politique.
En Zen, le LACHER-PRISE est à la base de toute pratique. Dans le judo de compétition les deux protagonistes sont littéralement soudés l'un à l'autre alors qu'en aïkido on n'attrape jamais l'autre mais on le dirige vers le vide techniquement crée. Pour que le mental soit purifié et qu'il se dirige vers le haut, il faut déjà qu'il cesse de subir l'attraction du monde d'en bas. Il y a là toute une rééducation du sens des valeurs, toute une étude des lois cosmiques qui opèrent dans l'homme et dans l'univers. Le mental inférieur, qui n'est pas inutile dans un premier temps, se reconnaît à son action concrète et intellectuelle. Grâce à cet intellect, l'homme peut comprendre les choses dont nous parlons en ce moment. Il peut acquérir des connaissances et finalement découvrir qu'il n'est que le reflet inférieur d'un autre univers, d'un autre réservoir de forces et de connaissances. Alors seulement il trouvera un nouveau point de focalisation mentale, et par là se détachera aisément du monde temporel pour devenir le mental supérieur spirituel. On dit quelquefois que le caractère de ce mental est abstrait, car en lui ont disparu toutes les modifications. Finie l'analyse, finie l'élaboration de plans futurs, finis les regrets des expériences passées, finis les comparaisons, les doutes, etc... car toutes ces choses relèvent du monde multiple où cette forme d'action mentale est nécessaire. Mais lorsque l'on entre dans le mental supérieur (MUNEN MUSHIN) on atteint le vide (inférieur) et l'on réalise, avec ce même mental purifié, la VACUITE. En un mot, notre miroir est vide de tout reflet d'en-bas et il est illuminé de la lumière d'en haut. C'est ce que l'on nomme l'INTUITION PURE ou la vraie connaissance (1).
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Ne croyez pas que nous nous soyons éloignés du Budo. Bien au contraire car c'est là que se trouve la clé de l'efficacité pour tous ceux qui cherchent la victoire en haute compétition, autant que pour ceux qui cherchent à refléter la lumière spirituelle. Pour les premiers la victoire sera la conséquence de la possibilité qu'ils auront de détourner leurs pensées de la peur de perdre et du "qu’en dira-t-on". De plus, c'est un point de pure stratégie. En effet, face à l'adversaire, si le mental n'est pas pur et qu'il reflète la diversité des pensées analytiques ou des émotions, le combattant est sûr de perdre car il ne sera pas suffisamment réceptif au mental adverse et ne trouvera pas l'entrée ou partira trop tard. ANTICIPER est la baguette magique pour gagner. Si le miroir du mental est pur, il est capable de refléter les intentions de l'adversaire avant même qu'elles ne soient exprimées physiquement. Cela vous étonne ? Tout le monde sait bien qu'une action cérébrale entraîne une puissante décharge électrique. C'est ce que l'adversaire vous envoi un millième de seconde avant d'attaquer, car l'action a besoin d'être conçue et formée. Cette forme-pensée (ou intention) véhiculant la charge électrique est perçue par le mental calme et non sujet aux modifications. C'est comme cela qu'il faut interpréter les exceptionnels randoris d'Aïkido de Maître Morihei Ueshiba qui lisait dans le mental de ses élèves, ou de tout autre personne, comme dans un livre ouvert. Lisez "AIKIDO - Nature et Harmonie" de Mitsugi Saotome Sensei (SEDIREP) et vous comprendrez la nécessité absolue d'élever l'oeil de son mental vers le soleil radieux de l'âme. Le détachement commence par la maîtrise des cinq sens. Définissez vous-même si vous êtes plus fort qu'eux. Pour cela, vous ne pouvez rien faire sans le mental. Longtemps, ce dernier a subi les caprices des sens, aujourd'hui c'est lui le maître qui impose sa loi. Commençons par le premier sens, celui de l'ouïe. Il est nécessaire d'apprendre à se détacher de certaines musiques modernes qui éveillent nos bas instincts (à chacun de les découvrir !). Une période intermédiaire pourra être l'écoute de musique classique ou religieuse, mais il faudra un jour sacrifier toutes les musiques au silence. Car le silence de l'oreille précède le silence du mental. Apprendre à supporter n'importe quel bruit sans être importuné, cela aussi est essentiel à la maîtrise mentale. Le second sens est le toucher. On le purifie par l'utilisation des mains comme transmetteurs de Ki. Cependant, c'est la peau toute entière qui doit devenir pure,
sensitive, et plus tard émettrice (de l'aura magnétique et vitale du Ki). En dehors de l'hygiène, la peau est rendue sensitive par la qualité du sang. Ce dernier est conditionné par le bon fonctionnement du système endocrinien qui est lui-même conditionné par les systèmes nerveux dont nous savons maintenant qu'ils répondent aux impacts de nos pensées et de nos émotions. L'une des méthodes pour maîtriser le mental par le biais du toucher est de s'exercer à supporter le chaud et le froid avec le même détachement. Le sens de la vue doit être habitué à voir ce qui est beau, car l'oeil conditionne en bien et en mal le mental. Les jardins Zen rendent paisible le mental par le biais de la vue. Le seul fait de savoir contrôler son regard ou décontracter ses yeux peut guérir de nombreuses maladies visuelles (la myopie par exemple). Pendant la pratique martiale, il faut apprendre à voir sans regarder et inversement. La langue est liée aux appétits grossiers qu'il faut raffiner et embellir avec goût et simplicité (à la japonaise !). Quant à l'odorat, on s'en sert pour connaître l'essence des choses. Là aussi, il faut apprendre à discerner en sentant les choses et dans la maîtrise mentale trouver les parfums qui élèvent (santal) et non ceux qui éveillent nos vieux instincts primitifs. Ce sont ces sensations qui engendrent dans le mental des ondes ou modifications. Ces ondes de pensée sont comme des vagues sur le miroir d'un océan. On ne peut avoir un juste reflet d'en-haut (les orientaux prennent souvent l'image de la lune) si la face du miroir est trouble. Les sages conseillent d'être l'éternel observateur des sens mais de ne pas s'investir (ou s'identifier) dans les objets perçus. Soyez comme le spectateur de théâtre qui, tout en appréciant la pièce, ne cesse pas de savoir que ce n'est qu'une pièce ! Regardez les événements sociaux, politiques ou religieux avec une parfaite indifférence (même si vous y participez), car en vérité ce monde n'est qu'un grand mirage, un grand film sur un écran, qui n'a qu'une réalité relative. Au lieu de vous projeter sans cesse, découvrez en vous-même l'auteur de ce film et alors vous deviendrez le Maître divin que vous n'avez jamais cessé d'être. Rien de ce qui est à l'extérieur ne vous donnera cet état (titres pompeux, dan, coupes, diplômes, honneurs, etc.,.). Centrez-vous en vousmême et pour cela apprenez à méditer car là est la voie royale pour parvenir au contrôle mental. Dans un prochain article, j'aborderai les techniques de concentration et de
méditation les plus efficaces pour les pratiquants de Budo. En attendant, je vous propose un petit exercice pour tester la maîtrise de votre mental : Dos bien droit, confortablement assis, fermez les yeux et concentrez-vous pendant cinq minutes sur l'inspiration et l'expiration, à l'exclusion de toute autre pensée. Notez ensuite combien de pensées parasites sont venues perturber votre concentration. Vous constaterez alors
qu'il n'est pas aisé de tenir le mental en laisse et qu'en définitive il peut bien être considéré comme notre pire ennemi, car comme le disent les orientaux, dans un premier temps "le mental est le destructeur du réel". MICHEL COQUET (1) Cette connaissance (non intellectuelle
consister à poser de solides fondations qui devront êtres jusqu'à la fin le support, le “corps” de toutes les techniques. Sur un plan plus symbolique, l'élément TERRE étant associé au corps physique, I'élève devra s'efforcer durant les premières années de pratique de mettre l'accent sur les notions de stabilité dans les attitudes, de puissance et de précision dans les techniques, ainsi que sur un travail précis des postures (kamae). De ce fait, une certaine lourdeur peut apparaître durant la pratique de ce premier kata, notamment lorsqu'il est pratiqué avec armure. Dans ce cas Ià, le travail de précision consistera à trouver les points faibles de cette armure.
L'ELEMENT TERRE. La progression au sein de notre école par le biais des quatre KATAS de base et des GOGYOS, est basée sur les cinq éléments qui sont le fondement même de l'univers, à savoir : La TERRE, L'EAU, Le FEU, L'AIR et L'ETHER. Celui qui nous intéresse aujourd’hui, la TERRE, appréhendé à travers le Kata de base «ITSUTSU NO TACHI», constitue le premier échelon à «gravir». D'un certain point de vue, c’est également la base, la fondation même de tous les autres Katas. Ainsi au niveau le plus concret, à partir de la pratique même du kata, le travail sur I'aspect TERRE va
Si nous essayons maintenant d'approf ondir le symbolisme rattaché à cet élément fondamental, il ressort que la TERRE, au sein des différentes traditions, est considérée comme le réceptacle de toutes choses, comme la Mère nourricière. Dans la tradition Chinoise, elle est rattachée à l'aspect YIN, d'où cette notion de lourdeur, de densité, d'inertie, mais aussi de support. La TERRE contient en elle toutes les potentialités. D'elle, vont pouvoir émerger toutes choses. Si I'on y regarde de plus près, en quoi consiste le travail des éternels débutants que nous sommes par rapport à notre élément TERRE CORPS PHYSIQUE ? Il semble, et les dures leçons de nos débuts sont encore vivantes pour
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nous le rappeler, que cette qualité d'inertie (TAMAS - inertie) que I'on retrouve dans I'élément TERRE (et donc au niveau du corps), est en fait une force contre laquelle nous devons lutter afin de développer en nous la volonté nécessaire dans la poursuite de la voie que nous avons choisie. Ceci est parfaitement expliqué par Annie Besant dans son livre «Le sentier du disciple», où cette force d'inertie est comparée aux altères de l'athlète qui ne sont là que pour opposer une résistance afin de développer des muscles puissants. Je précise quand même qu'Annie Besant ne fait pas le parallèle entre TAMAS (l’inertie) et la TERRE. Outre le travail sur les aspects de «lourdeur» et d'«inertie» de la forme physique, un autre travail plus important, et à mon avis incontournable pour celui qui veut dépasser un temps soit peu le niveau purement technique, va se dessiner. Citons à ce propos le Maître Tibétain dans le livre d'Alice A. BAILEY «Lettres sur la Méditation Occulte» : «... Il est impossible au MOI supérieur de transmettre la connaissance et la direction supérieure à travers un corps physique trop dense. II est impossible pour les hauts courants de pensées de contacter un cerveau physique peu évolué. C'est pourquoi l'épuration du corps physique est essentielle. Elle est effectuée de plusieurs façons raisonnables et utiles : Par une nourriture pure : Ceci implique une alimentation végétarienne choisie avec un sage discernement. Elle exige une alimentation composée de légumes et de fruits qui vitalisent. Une soigneuse discrimination dans le choix de I'alimentation, une sage abstention de repas trop lourds, et une petite quantité de bons aliments purs parfaitement assimilés, constituent tout ce qui est
indispensable à une discipline. Vous demandez quelle nourriture ? Du lait, du miel, du pain de blé complet, tous les légumes qui contactent le soleil, des oranges (par dessus tous), des bananes, des raisins, des noisettes, quelques pommes de terre, du riz non glacé et puis je le redis à nouveau, juste ce qu'il faut pour assurer l'activité. Par la propreté : Il est nécessairement demandé d'employer beaucoup d'eau, aussi bien intérieurement qu'extérieurement. Par le sommeil : Qui devra toujours s'effectuer entre 10 heures du soir et 5 heures du matin et autant que possible fenêtres ouvertes. Par la lumière du Soleil : Le contact avec le Soleil devra être très recherché ainsi que la vitalisation apportée par ses rayons. Le Soleil en libérant tous les germes libère de la maladie....». Ces quatre propositions appliquées avec sagesse et discernement constituent un travail intéressant parallèlement au travail effectué dans le Dojo lors de la pratique du kata ITSUTSU NO TACHI (et par extension des autres katas). D'ailleurs, le conseil de ne pas fumer au moins trois heures après l'entraînement s'inscrit parfaitement dans le cadre des conseils qui nous sont donnés plus haut. Cette vision des choses, nous ouvre tout un champs d'activités et de ce fait le monde même devient un immense terrain d'investigations, et notre vie quotidienne n'est autre que la prolongation de notre pratique martiale au Dojo. Si l'on accepte le fait que l'homme, unique dans son essence est triplement constitué, les deux éléments suivants, à savoir l'EAU CORPS EMOTIONNEL et le FEU CORPS MENTAL, seront les prochains échelons à gravir au travers de notre pratique martiale et
des Katas qui s'y rapportent. Mais en attendant, travaillons la TERRE afin que la récolte soit bonne ! Bien sûr durant cette période nous trouverons des mottes plus dures que les autres que nous devrons briser, et maintes fois le travail sera à reprendre, mais la patience et la régularité auront raison de toutes ces résistances. A ce sujet et pour finir, j'aimerais vous faire partager une partie de l'éditorial du numéro 3 de la revue YOGASARA éditer par l'association BKS IYENGAR et intitulé «Une ascèse joyeuse et un Divin défi... ». «...Plus tard, lorsque j'étudiais dans les ermitages de l'Himalaya, ce qui me frappa le plus chez les Maîtres fut une forme particulière de routine dans laquelle ils s'étaient établis depuis plusieurs décennies avec une simplicité étonnante ; je saisis alors le sens de la grande leçon reçu dans mon enfance. Depuis que je suis appelé à transmettre I'enseignement du yoga, ma propre expérience et l'observation de centaines de pratiquants sincères de cet Art m'ont convaincus que les deux grands ennemis du pratiquant sont l'excès de zèle et I'indiscipline. Si le premier n'est qu'un signe d'avidité et d'un enthousiasme exagéré de la part du néophyte, la deuxième n'est pas toujours, comme ont le croit, liée à la p a re s s e . L ' in d i s c i p l i n e d ' u n paresseux est la manifestation de la paresse même. Mais chez une personne courageuse, la source de I'indiscipline est souvent le fait d’entreprendre des tâches qui dépassent ses possibilités qualitatives et quantitatives. Il me semble que c'est un phénomène nouveau dû surtout au rythme accéléré de notre époque et à I'origine d'un stress permanent. Cette expérience m'a amené à m'interroger sur les éléments qui manquaient à la mise en place d'une routine stable. Quand Patañjali énumère les qualités requises pour la réalisation,
il place I'engagement total du pratiquant, un engagement héroïque, tout de suite après la foi réfléchie et la confiance. La force de cet engagement doit être utilisée pour créer une routine de pratique, assortie d'une certaine souplesse qui loin d'être rigide, machinale et abêtissante, est plutôt une prise de conscience profonde de chaque instant de la vie. Il ne s'agit alors plus de « routine » mais d'autodiscipline, considérée traditionnellement comme étant le grand bouclier de I'adepte. Pour me t t re en p la ce u ne t e lle autodiscipline, je vous conseille cordialement de toujours commencer par les choses les plus simples. Laissez I'autodiscipline s'insérer graduellement dans votre vie, plutôt que votre vie dans la routine. C'est seulement ainsi que vous saurez éviter d'entrer dans le cercle vicieux de la pratique, interruption de la pratique, échec, sentiment de culpabilité, désarroi ; puis espoir, reprise, interruption etc... La vie ne doit jamais être une triste mortification ou un ascétisme frustrant mais prendre tout son sens g râce à un e au tod is cip line consciente, une ascèse joyeuse et un Divin défi. » Patrick BEUGNON
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Avis de décès 8
Nous informons nos amis Budokas que le club « La voie du Budo » de l’Isle d’Abeau vient de perdre son Président fondateur Philippe GAUDIN (1953-1997). Après nous avoir accompagné un moment sur le sentier ardu de la pratique du Iaido et du Kenjutsu, il avait décidé, il y a 3 ans, d’arrêter la pratique par manque de temps, mais il était resté en contact avec nous. Nous nous souviendrons de lui et toutes nos pensées vont à sa famille. Jean-Claude PUJOL
Quelques dates importantes... ♦
Stage de week-end avec Michel COQUET à l’Isle d’Abeau le 14-15 Février 1998.
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Stages de week-end organisés par Jean-Louis MIGNOTET qui auront lieu au CREPS de Montry les 21-22 Février et 25-26 Avril 1998 (cf. description en annexe).
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(A confirmer) Stage d’été. Date : Première semaine d’Août 1998. Lieu : “Le Refuge” - Station du Bleymard - Mont Lozère (1421m). Hébergement sur place en gîte, camping ou hôtel.
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(A confirmer) Projet de voyage en INDE de 3 ou 4 semaines pour les élèves de l’E.T.I.K. organisé par Michel COQUET pour le début de l’année 1999 : Visite de hauts lieux de spiritualité et rencontre avec des sages...
Lecture Pour mieux comprendre l’esprit du Budo et le but de l’école Katori Shintô Ryu, il sera régulièrement conseillé quelques ouvrages de référence. Dans ce cadre, je suggère que chacun tente de se procurer un texte anonyme du XIXème siècle sur la doctrine de la nondualité intitulé : « Tout est Un » (ELLÂAM ONRU) - Edition NATARAJ – 06950 FALICON (à commander chez son libraire).
Petites annonces... Matériel de Kyudo A VENDRE : Arc – Flèches – Gants…etc… Pour tout renseignement téléphonez à Michel COQUET au 01 30 32 07 07.